En prévision du témoignage du professeur René Rémond président de l’Institut d’histoire du temps présent au procès de Philippe Costa (à Fontainebleau)
I. Identité de René Rémond d’après le Who’s who in France 1989-1990.
II. Sur chambres à gaz et génocide, correspondance, conversations téléphoniques et rencontres du professeur Robert Faurisson avec René Rémond (1977-1989).
III. Chambres à gaz et génocide dans les œuvres de René Rémond (1974-1988).
IV. Questions à René Rémond sur chambres à gaz et génocide.
– I –
Identité de René Rémond d’après le Who’s who in France 1989-1990
[recherche à faire]
– II –
Sur chambres à gaz et génocide, correspondance, conversations téléphoniques et rencontres du professeur Robert Faurisson avec René Rémond (1977-1989)
• Lyon, le 7 juillet 1977 : R. Faurisson à R. Rémond
« Vous exercez de hautes responsabilités au sein du “Comité d’histoire de la deuxième guerre mondiale”. C’est pour cette raison que je me permets de vous soumettre l’article ci-joint sur le « problème des chambres à gaz ». – Je vous demanderais de vouloir bien me dire si, pour vous, l’existence des chambres à gaz a des chances de constituer une imposture historique ou si, au contraire, elle est une réalité scientifiquement établie sur laquelle il n’y a pas lieu d’émettre le moindre doute […]. »
Dans un post-scriptum, R. Faurisson appelle l’attention de R. Rémond sur le fait que ledit comité se livre à de la « rétention de documents ».[1]
• Lyon, le 18 juillet 1977 : R. Faurisson à R. Rémond
Comme par hasard, le débat sur le « génocide » vient enfin, après trente-deux ans de silence, de s’ouvrir dans les colonnes du Monde avec un article de Viansson-Ponté. Par ailleurs, R. Faurisson mentionne Harwood, Irving, Butz et Stäglich.
• Lettre de R. Faurisson à R. Rémond du 8 septembre 1977 et conversation téléphonique du 18 novembre 1977
• Lyon, 28-30 janvier 1978
Colloque sur « Églises et chrétiens de France pendant la seconde guerre mondiale ». R. Faurisson expose brièvement la thèse révisionniste. Il est violemment pris à partie par François Bédarida et, en apparence, par l’unanimité des soixante présents. Cela se passe le dimanche 29 janvier. Le lendemain, R. Rémond fait son apparition au colloque. R. Faurisson, le voyant fatigué par une grippe et importuné, décide de ne pas l’importuner à son tour. R. Rémond sait désormais qu’il y a une sorte d’unanimité contre R. Faurisson. Acceptera-t-il de recevoir un jour l’hérétique ou de lui répondre?
• Lyon, le 9 février 1978 : R. Faurisson à R. Rémond
R. Faurisson rappelle ce qui s’est passé au colloque de Lyon et sollicite une réponse à sa correspondance.
• Paris, le 9 juin 1978 : R. Faurisson à R. Rémond
Une seconde conversation téléphonique a eu lieu entre-temps puisque dans sa lettre de ce jour R. Faurisson remercie R. Rémond de lui accorder une entrevue « pour la rentrée d’octobre ». La date précise n’est pas encore arrêtée. Il est à noter que R. Rémond accepte donc de recevoir et d’entendre l’hérétique.
• Vichy, le 10 septembre 1978 : R. Faurisson à R. Rémond
R. Faurisson envoie de la documentation révisionniste à R. Rémond et suggère que la rencontre pourrait se faire en présence d’une tierce personne choisie par R. Rémond pour ses connaissances particulières sur le sujet de la déportation. R. Faurisson suggère que cette personne pourrait être au choix Michel Borwicz, le colonel Tintant, Olga Wormser-Migot, Adam Rutkowski, Georges Wellers, Joseph Billig, Serge Klarsfeld, Charlotte Delbo, Louise Alcan ou Léon Poliakov.
• Nanterre, 18 septembre 1978 : R. Rémond à R. Faurisson
R. Rémond se voit obligé de repousser la date d’une rencontre à la seconde quinzaine de novembre. Il écrit à R. Faurisson :
Voulez-vous que nous remettions donc à un peu plus tard notre rencontre à laquelle je ne renonce pas ?
• Vichy, le 21 septembre 1978 : R. Faurisson à R. Rémond
R. Faurisson est d’accord pour ce report de date. Il demande qu’en tout état de cause R. Rémond relise attentivement la documentation qu’il lui a envoyée.
• Nanterre, le 27 septembre 1978 : R. Rémond à R. Faurisson
R. Rémond fixe la rencontre au 23 novembre. Il dit ne connaître « personnellement aucune des personnalités dont vous avancez les noms [dans votre lettre du 10 septembre 1978] ».
• Entrevue du 23 novembre 1978 à l’Institut d’études politiques de la rue Saint-Guillaume, de 15 h 30 à 17 h 15
D’emblée, R. Rémond déclare à R. Faurisson :
Pour ce qui est des chambres, je suis prêt à vous suivre
mais, ajoute-t-il, il a la conviction que les nazis ont été capables d’un « génocide ». R. Rémond déclare :
J’ai la conviction intime que le nazisme est en soi suffisamment pervers pour que le génocide ait été dans ses intentions et dans ses actes, mais je reconnais que je n’ai pas de preuves scientifiques de ce génocide.
Au début de l’entrevue, R. Rémond s’était levé pour aller prendre les numéros 205, 209 et 212 du Bulletin du CHDGM. Dans ces bulletins à usage interne, M. Henri Michel, directeur de ce comité rattaché au premier ministre, « juge inopportune une publication d’ensemble [des statistiques de la déportation] qui risquerait de susciter des réflexions désobligeantes pour les déportés ». R. Rémond qualifie d’« étranges » les arguments d’H. Michel et demande à R. Faurisson pourquoi, à son avis, H. Michel a pris cette décision. R. Faurisson lui répond qu’il connaît les vrais chiffres et que ces chiffres sont sensiblement plus bas que ne le prétendent les associations et certains documents officiels. R. Rémond admet sans difficultés que tel doit bien être le motif d’H. Michel.
À la fin de la rencontre, R. Rémond reproche à R. Faurisson d’avoir publié son article sur « Le Problème des chambres à gaz » dans le mensuel de Maurice Bardèche Défense de l’Occident. R. Faurisson lui demande alors s’il accepterait, lui R. Rémond, de publier dans le magazine L’Histoire un article de R. Faurisson sur la prétendue chambre à gaz du Struthof. Il ajoute – et la remarque fait sourire R. Rémond : « La chambre à gaz du Struthof, ce n’est pas bien méchant. » R. Rémond dit qu’il en parlera à Michel Winock, responsable du magazine.
R. Rémond veut bien admettre que R. Faurisson travaille très sérieusement et sait analyser les textes.
Au moment de prendre congé, R. Faurisson ne cache pas qu’il craint d’être poursuivi en justice pour apologie de crimes de guerre ou apologie du nazisme, comme l’avait été Maurice Bardèche. R. Rémond lui répond qu’une telle poursuite n’est pas concevable et ajoute :
Ce que vous faites, c’est factuel.
Cette rencontre a eu lieu, on le notera, exactement une semaine après l’éclatement de l’affaire Faurisson dans Le Matin de Paris du 16 novembre 1978. R. Rémond n’avait pas vu là une raison de décommander son rendez-vous.
• 5 et 27 septembre 1979 : échange de correspondance R. Faurisson – R. Rémond pour une seconde entrevue (conversation téléphonique également)
• ENTREVUE du 11 décembre 1979 à l’Institut d’études politiques de 18 h 05 à 19 h 10
R. Rémond écoute attentivement R. Faurisson qui lui fait le point des événements survenus en un an sur le plan du révisionnisme historique. Il ouvre à peine la bouche comme s’il avait pris la décision de parler le moins possible. Il exprime tout de même son désaccord sur ce qu’on a fait à Lyon contre R. Faurisson.
Il ne peut cacher sa surprise à la vue des photos d’Auschwitz que R. Faurisson lui montre grâce à une visionneuse. Devant l’une des photos montrant des femmes et des enfants en très bon état de santé apparent et sortant du camp dit d’extermination de Birkenau, il dit : « Ces personnes entrent dans le camp ! » R. Faurisson rectifie : « Non, il s’agit de personnes qui ont été internées et qui sortent du camp le 27 janvier 1945. »
R. Rémond est manifestement conscient qu’il y a là matière à réflexion.
Il dit qu’il a refusé de signer la déclaration des trente-quatre historiens contre R. Faurisson et sur les chambres à gaz.
Il juge que R. Faurisson travaille « bien ». Il s’étonne que ce dernier soit poursuivi pour « dommage à autrui » et dit qu’il n’a « jamais vu cela ». R. Faurisson lui demande de l’aider dans son combat judiciaire. Il répond : « Je ne veux pas prendre une décision tout de suite. Écrivez-moi. »
Au moment de prendre congé, R. Faurisson lui rappelle le mot de « factuel ». Il en convient et ne paraît pas considérer qu’à ce jour ce que cherche à démontrer R. Faurisson est moins « factuel » qu’un an auparavant.
• Paris, le 19 février 1980 : R. Faurisson à R. Rémond
R. Faurisson, continuant à envoyer de la documentation à R. Rémond, rappelle à ce dernier la substance des deux entrevues de 1978 et de 1979 et lui demande d’intervenir en sa faveur. Pas de réponse.
• Vichy, le 12 mars 1980 : R. Faurisson à R. Rémond
R. Faurisson renouvelle sa demande d’une intervention. Pas de réponse.
• Paris, le 8 septembre 1980 : R. Faurisson à R. Rémond
R. Faurisson commente une déclaration de R. Rémond le 5 septembre, à l’émission radiophonique « Le téléphone sonne », au sujet du révisionnisme. Cette déclaration est hostile. R. Faurisson annonce que son rapport sur le Journal d’Anne Frank a conduit un tribunal allemand à ordonner une expertise du manuscrit. L’expertise confirme qu’il y a eu supercherie. R. Faurisson écrit :
Il faut croire que, comme vous avez bien voulu me le dire un jour, je travaille « BIEN ». Il reste à obtenir la même enquête matérielle pour les prétendues « chambres à gaz ».
• Vichy, le 16 novembre 1987 : R. Faurisson à R. Rémond
R. Faurisson commente des propos de R. Rémond parus dans le magazine La Vie du 25 septembre 1987. Ces propos sont hostiles au révisionnisme historique. R. Faurisson rappelle à R. Rémond son comportement passé et s’étonne d’un tel changement.
Au passage, il mentionne la parution du livre collectif Les Chambres à gaz, secret d’État et lui rapporte le jugement sévère du professeur Michel de Boüard sur cet ouvrage antirévisionniste. M. de Boüard a travaillé avec R. Rémond au sein du CHDGM. Dans Ouest-France, il avait exprimé publiquement son estime pour les travaux révisionnistes.
• Vichy, le 9 juin 1989 : R. Faurisson à R. Rémond
R. Faurisson envoie à R. Rémond sa recension du livre de l’historien Arno Mayer, professeur à Princeton, sur La « Solution finale » dans l’histoire. A. Mayer, qui est d’origine juive et ami de Pierre Vidal-Naquet, écrit notamment : « Les sources pour l’étude des chambres à gaz sont à la fois rares et douteuses[2] » et « De 1942 à 1945, certainement à Auschwitz mais probablement aussi partout ailleurs, plus de juifs ont été tués par des causes dites “naturelles” [faim, épidémies, maladie, excès de travail] que par des causes “non naturelles”.[3] »
• Vichy, le 14 juillet 1989 : R. Faurisson à R. Rémond
R. Faurisson envoie à R. Rémond une lettre circulaire pour lui demander son opinion sur ce qui deviendra, un an plus tard, la loi Fabius-Gayssot. Il n’obtiendra pas de réponse.
– III –
Chambres à gaz et génocide dans les œuvres de René Rémond (1974-1988).
Il est probable que l’expression de « chambre(s) à gaz » n’apparaît pas une seule fois dans les œuvres complètes de R. Rémond, qui constituent pourtant un ensemble de plusieurs milliers de pages. Quant au mot de « génocide » (des juifs), il est d’un emploi probablement rarissime ; en tout cas, aucun document, aucune référence, aucune analyse n’accompagnent l’emploi de ce mot ; chez l’historien R. Rémond, le mot de « génocide » paraît ainsi dépourvu de toute historicité.
• En 1974 R. Rémond publie un ouvrage de deux cent quatre-vingt-six pages : Le XXe siècle, de 1914 à nos jours. Voici les deux très brefs fragments où il utilise le mot de « génocide » ou son équivalent d’« extermination systématique » :
un dogme [le national-socialisme] […] qui conduit aux camps de concentration, à la solution dite définitive, à l’extermination de six millions de juifs, au génocide[4].
l’extermination systématique de millions de juifs.[5]
• En 1982 il est l’auteur d’une communication sur « Les Églises et la persécution des Juifs pendant la seconde guerre mondiale », au colloque de l’École des hautes études en sciences sociales (29 juin-2 juillet 1982) ; cette communication sera publiée dans L’Allemagne nazie et le génocide juif.
R. Rémond a participé à ce fameux colloque de la Sorbonne qui était annoncé à son de trompe comme devant donner la réplique à R. Faurisson sur le sujet des chambres à gaz. Une conférence de presse allait clore ce colloque. William Skyvington l’a enregistrée avec l’autorisation de François Furet et de Raymond Aron. L’expression de chambre à gaz n’y a pas même été prononcée ! On y a dit que, malgré « les recherches les plus érudites », on n’avait pu trouver un ordre de Hitler d’exterminer les juifs ; on s’y est déclaré hostile aux procès faits à R. Faurisson et on a qualifié ces procès de « procès de sorcellerie ». Est-ce aujourd’hui l’avis de R. Rémond, qui a été membre du Conseil supérieur de la magistrature de 1975 à 1979?
N’étant pas spécialiste de la question [Les Églises face à la persécution des juifs pendant la seconde guerre mondiale], j’ai travaillé de seconde main. Heureusement, les travaux originaux ne manquent pas et l’abondance même de cette littérature est une cause d’embarras et d’incertitude.[6]
Il faut amener R. Rémond à dire que, sur les chambres à gaz, il est encore moins un spécialiste et lui faire nommer des spécialistes (dont je possède les œuvres, que j’apporterai, pour les lui soumettre et pour lui demander où et à quelles pages on montre ce qu’était une chambre à gaz).
– R. Rémond parle à diverses reprises d’« extermination des juifs », de « solution finale », sans précision particulière.[7]
– il cite « les onze volumes parus entre 1965 et 1982 des Actes et documents du Saint-Siège relatifs à la seconde guerre mondiale ». Dans ces onze volumes, il n’y a rien sur les chambres à gaz ni sur l’extermination physique planifiée des juifs (pourtant le pape était bien renseigné sur ce qui se passait en Pologne, notamment). R. Rémond explique ce silence – comparable, dit-il, à celui du Comité international de la Croix-Rouge – par le fait que « la réalité était tellement incroyable ![8]»
[Au sujet du silence du Vatican] L’autre pôle de l’explication s’appelle impossibilité de croire à l’incroyable. L’esprit, surtout s’il a été éduqué dans une tradition de rationalité, répugne à admettre l’existence de l’irrationnel : comment concevoir l’inconcevable ? L’historien a aujourd’hui le plus grand mal à expliquer une politique dont la réalité n’est pourtant plus à prouver […]. On conçoit alors que les contemporains aient eu la plus grande difficulté à croire ce qui n’était encore que rumeur. Martin Gilbert fait observer que l’existence et le fonctionnement des camps de la mort ont été un des secrets les mieux gardés de la guerre.[9] C’est Walter Laqueur[10] qui met le doigt sur le hiatus entre l’information et la compréhension : on peut avoir connaissance de certaines pratiques sans y croire véritablement : l’imagination se refuse à faire siennes des représentations qui s’écartent par trop de l’idée que l’on se fait de la nature humaine.[11]
Si une chose est inconcevable, peut-on faire grief à P. Costa (accusé de révisionnisme) de ne pas la concevoir ? Comment faut-il accueillir une rumeur ? En quoi une rumeur peut-elle être appelée une information aussi longtemps qu’elle n’a pas été vérifiée ? Que vient faire ici l’imagination ?
R. Rémond a lu le livre de Walter Laqueur qu’il cite dans sa version anglaise. Que pense-t-il du passage suivant à propos du gazage des juifs en 1942 recyclé du gazage des Serbes en 1916 :
Le Daily Telegraph rapportait en mars 1916 que les Autrichiens et les Bulgares avaient tué sept cent mille Serbes à l’aide de gaz asphyxiants. – Certains lecteurs avaient probablement en mémoire ces histoires lorsqu’en juin 1942 le Daily Telegraph fut le premier à annoncer que sept cent mille Juifs avaient été envoyés à la chambre à gaz.[12]
Différence de qualité entre la rumeur de 1916 et celle de 1942 ? Pourquoi ne plus croire à l’une et continuer de croire à l’autre ?
– R. Rémond nomme « Mgr Piguet, de Clermont-Ferrand ».[13] Sait-il que Mgr Piguet a propagé la rumeur des gazages de Dachau ? « Je fis un court séjour au bloc 28, occupé par huit cents prêtres polonais […]. Plusieurs de leurs vieux prêtres, jugés inutilisables, étaient passés par la chambre à gaz ».[14] Le père dominicain M. G. Morelli a également parlé des « gazés misérables » de Dachau.[15] D’autres prêtres et pasteurs ont parlé des gazages de Dachau et de Buchenwald : le frère Birin, l’abbé Jean-Paul Renard, l’abbé Robert Ploton[16], l’abbé Georges Hénocque[17], le pasteur Charles Hauter.[18]
• En 1988 il publie un ouvrage de mille treize pages : Notre siècle, de 1918 à 1988. Voici les deux brefs fragments où il parle d’« extermination systématique », soit expressément, soit par sous-entendu :
Les Juifs qui ont survécu à l’extermination systématique […].[19]
Ce sont les premiers documents photographiques pris lors de la libération du camp de Buchenwald et, quelques jours plus tard, l’arrivée par avion des premiers rescapés, la découverte soudaine de ces squelettes ambulants aux yeux immenses, au regard halluciné, qui révéla d’un coup l’horreur du système concentrationnaire et la nature maléfique du national-socialisme.[20]
Commentaire : 1. Des juifs ont survécu. 2. Buchenwald ne possédait pas de chambre à gaz homicide (tous les historiens sont maintenant d’accord sur ce point). 3. Ces squelettes étaient ceux de typhiques ou de dysentériques. 4. Le système concentrationnaire et ses horreurs ne sont pas une spécificité du national-socialisme. 5. Les révisionnistes ont souvent fait remarquer qu’on s’est mis à croire aux chambres à gaz à partir du moment où on a découvert des camps… sans chambres à gaz (les camps de l’Ouest).
• R. Rémond en a-t-il dit plus sur le sujet dans des interviews ? Oui. Au moment de l’affaire du détail, dans La Vie du 23 septembre 1987, mais son embarras y est manifeste. Il déclare :
Y a-t-il eu ou non chambres à gaz ? Le Pen ne se prononce pas. Il estime que la question n’est pas tranchée. À la différence de ceux qu’on appelle les «révisionnistes», il ne dit pas qu’il n’y a pas eu de chambre à gaz. Mais il considère que ce n’est pas une vérité établie.[21]
R. Rémond ajoute alors un bref commentaire qui donne à entendre que, pour lui, ces chambres à gaz ont existé mais la raison qu’il donne n’en est pas une car, dans le choix de ses mots, il se produit un glissement de sens. Il dit :
Or le doute n’est pas possible. On ne peut pas nier le génocide.[22]
Le paralogisme est évident : un génocide ou une extermination physique systématique n’implique pas obligatoirement l’existence et l’emploi de vastes abattoirs chimiques appelés chambres à gaz. La preuve en est qu’un peu plus loin R. Rémond parle du « génocide » perpétré dans le Goulag et que le glissement de sens se confirme quand il déclare alors :
Je trouve déconcertant que Le Pen tienne ces propos après le procès Barbie. Car les débats de Lyon ont renforcé la conviction de tous ceux qui les ont suivis quant à la réalité du génocide nazi.
Le Pen ne parlait pas de génocide mais de chambres à gaz. À Paul-Jacques Truffaut qui lui demandait : « Six millions de morts, c’est un point de détail ? » il répondait : « La question qui a été posée est de savoir COMMENT ces gens ont été tués ou non.» Le Pen ne contestait pas l’existence d’un génocide (ni de rescapés dudit génocide), il se posait des questions sur l’existence d’une arme, d’un instrument du crime : « Je n’ai pas pu moi-même en voir. » Le tribunal du procès Barbie a présupposé l’existence des chambres à gaz et du génocide ; à l’exemple du Tribunal de Nuremberg, il a « tenu pour acquise » cette existence (article 21 du statut du TMI). Il faut demander à R. Rémond pourquoi, à son avis, La Vie a accompagné ses propos d’une photo représentant « Le four crématoire de Natzwiller »[23]; pourquoi pas la chambre à gaz du Struthof-Natzweiler, classée monument historique ?
Dans le reste de ses propos, R. Rémond dit des révisionnistes qu’ils « ne sont pas des historiens, mais des polémistes ou des pamphlétaires. »
Il convient de lui demander si R. Faurisson, avec qui il a correspondu et qu’il a reçu à deux reprises, est un polémiste, un pamphlétaire ou un auteur qui, selon Hilberg lui-même[24], a contribué à faire avancer le débat historique ; selon Michel de Boüard, R. Faurisson est l’auteur d’« études très serrées » dont il faudrait tenir compte pour écrire l’histoire de la déportation.[25]
R. Rémond admet que :
[…] personne ne peut trouver la trace écrite de la décision, qui semble avoir été prise à la conférence de Wannsee (en 1942, près de Berlin), de ce qu’on appelle « la solution finale ». Ça ne figure pas dans les archives. Mais les effets sont là.
Commentaire : R. Rémond met-il en doute l’authenticité de ce qu’on a pris l’habitude d’appeler «le procès-verbal de Wannsee» ? Sait-il que les révisionnistes ont été les premiers à mettre en doute l’authenticité de cet ensemble de quinze pages dépourvu d’en-tête et de référence, non daté et non signé ? Sait-il qu’on y parle d’«évacuation» et non d’extermination ? Sait-il qu’il y est prévu qu’après la guerre les juifs seront remis en liberté (Freilassung) et formeront la cellule germinative d’un renouveau juif (Keimzelle eines neuen jüdischen Aufbaues) ? Sait-il que la «solution finale» est une expression qui était souvent accompagnée de l’adjectif « territoriale » et que « le plan de Madagascar » entrait dans le cadre de cette solution définitive d’un problème aussi vieux que le peuple juif : le problème juif, qui se pose encore aujourd’hui au Proche-Orient ?
R. Rémond admet-il qu’il n’y a ni ordre, ni plan, ni instructions, ni mesures de contrôle, ni budget pour l’une des plus formidables entreprises militaro-industrielles qu’on ait jamais envisagée, mise au point, lancée et menée à bien ?
R. Rémond continue en parlant de témoignages :
Les témoignages aussi [sont là]. Et qu’on ne s’étonne pas du faible nombre de témoins : l’opération consistait précisément à les supprimer !
Quels sont ces témoignages ? Des noms ! M. Nyiszli, auteur présumé de Médecin à Auschwitz? Martin Gray, auteur d’Au nom de tous les miens ? Filip Müller, auteur de Trois ans dans une chambre à gaz d’Auschwitz ? R. Rémond sait-il qu’aucun de ces ouvrages n’est plus retenu par les historiographes: aucun, par exemple, n’est mentionné dans l’Encyclopaedia of the Holocaust. S’il n’y a pas de documents et pas ou peu de témoins, devant quoi l’historien se trouve-t-il ?
Comment peut-on écrire qu’une opération dont on ne sait ici à peu près rien consistait à supprimer les témoins ? Où sont les preuves ?
R. Rémond est tenté comme tous les exterminationnistes de dire : « chambre à gaz ou pas, quelle importance ? » C’est un raisonnement qu’il ne peut utiliser car il a déclaré dans La Vie :
Mais il n’y a pas [dans le génocide soviétique] l’équivalent du massacre systématique des femmes et des enfants, surtout si l’on tient compte du caractère atroce de moyens tels que les chambres à gaz.
Ce que nous soulignons ici est d’une grande importance.
Il faudra constamment rappeler cette phrase à R. Rémond pour éviter qu’il se dérobe au débat sur les chambres à gaz : ce sujet est au centre du procès Costa.
– IV –
Questions à René Rémond sur chambres à gaz et génocide
Il faudra tout faire pour enfermer R. Rémond dans la magique chambre à gaz hitlérienne. Il cherchera à en échapper. Il fera valoir qu’il n’est pas spécialiste ou bien encore que, «chambre à gaz ou pas», le résultat est le même.
Peu importent, pour l’instant, ces deux échappatoires auxquelles il est facile de parer[26]. Ce qui importe, c’est de l’amener à prendre la mesure de son ignorance sur ce point précis. Il faut qu’il soit conduit à accumuler des réponses du type : « Je ne sais pas », « Je ne connais pas ». Et, à la fin, il sera intéressant de récapituler ce qu’il ne sait pas et ce qu’il ne connaît pas, de son propre aveu. Il faudra lourdement souligner que cet éminent historien, membre autrefois du Comité d’histoire de la seconde guerre mondiale (absorbé par l’Institut d’histoire du temps présent) avec, je crois, une responsabilité particulière dans la commission de l’histoire de la déportation et président actuellement de l’Institut d’histoire du temps présent, dont François Bédarida est le directeur, NE SAIT RIEN sur l’arme spécifique du crime spécifique attribué par le Tribunal des vainqueurs au vaincu de la seconde guerre mondiale.
Je suggère un interrogatoire sur le fond en quatre temps : 1. La chambre à gaz : décrivez. 2. Les témoins : nommez. 3. La bibliographie spécialisée : citez. 4. Questions diverses.
1. La chambre à gaz : décrivez
– Quels camps avez-vous visités et examinés ? Dans lesquels avez-vous vu une chambre à gaz soit « à l’état d’origine », soit « reconstituée [à l’identique] », soit « en ruines » (des ruines sont parlantes).
– Décrivez ce que vous avez vu. Décrivez aussi le fonctionnement. Comment introduisait-on le Zyklon B ? Comment réalisait-on les conditions nécessaires à son expansion et à sa répartition dans tous les recoins (conditions de température assurées comment ?) ? Comment procédait-on à l’aération du lieu avant d’y pénétrer ? Comment pouvait-on faire l’effort physique nécessaire au transport de ces cadavres ? Comment pouvait-on toucher des centaines ou des milliers de cadavres cyanurés ?
[Ce gaz est « long et difficile à ventiler vu qu’il adhère fortement aux surfaces » : document de Nuremberg NI-9098. Il pénètre les corps et s’y installe.]
– Savez-vous ce qu’est le Zyklon B ?
[C’est un insecticide à base essentiellement de gaz ou d’acide cyanhydrique.]
– Savez-vous quand il a été utilisé pour la première fois ?
[1922]
– Savez-vous s’il est en usage aujourd’hui ?
[Oui]
– En quoi la présence d’une boîte d’insecticide prouve-t-elle une intention homicide ?
[Le livre Chambres à gaz, secret d’État comporte pour toute photo la photo de deux boîtes de Zyklon, en couverture.]
– Savez-vous comment on utilise le Zyklon :
– pour désinfecter un local ?
[Équipe masquée, filtre J, …]
– en chambre à gaz autoclave Degesch ?
[Système d’intromission, d’évacuation, chauffage, équipe masquée, …]
– Savez-vous comment on exécute un condamné aux États-Unis avec de l’acide cyanhydrique ?
[Habitacle de verre et d’acier, porte de sous-marin, pilier de soutènement, ventilateurs orientables, hotte d’aspiration, barboteur pour neutraliser, évacuation par très haute cheminée. Pas luxe américain mais nécessités vitales. Équipe masquée. Lavage très soigneux du cadavre : son extrême danger.]
– Vu l’extrême complication de la machinerie nécessitée pour l’exécution d’un seul homme, avez-vous une idée de la machinerie qu’il aurait fallu aux Allemands pour exécuter des foules humaines (huit cents à la fois au Krema-I d’Auschwitz I ou deux mille à la fois dans les Kremas d’Auschwitz-II ou Birkenau)? Comment expliquez-vous qu’il ne reste pas le moindre vestige d’une telle machinerie alors qu’il existe des milliers de vestiges des fours crématoires jouxtant les « chambres à gaz » ?
– Comment les Allemands auraient-ils pu employer un gaz explosible à proximité de fours à 800° ?
– Pourquoi ne peut-on plus visiter la chambre à gaz du Struthof, pourtant classée monument historique ?
– Connaissez-vous l’expertise du professeur René Fabre ?
[En décembre 1945, conclut négativement au sujet de la chambre à gaz et au sujet des cadavres entreposés à l’hôpital civil de Strasbourg et réputés être les cadavres de gazés.]
– Connaissez-vous une expertise de l’arme du crime concluant à chambre à gaz homicide ?
– Connaissez-vous un rapport d’autopsie concluant à meurtre par gaz-poison ?
[On a trouvé de nombreux cadavres ; les autopsies ont conclu à typhus, etc.]
– Connaissez-vous un rapport de gendarmerie militaire française ou alliée, PV de gendarmerie, examen in situ, scellés ? [Dans le cas de Dachau, l’enquête du capitaine Fribourg est restée inachevée.]
– En 1960 Martin Broszat dit : pas de gazages dans l’ancien Reich (frontières de 1937) et ne cite pas Majdanek-Lublin. En 1968, Olga Wormser-Migot dit : «Auschwitz-I […] sans chambre à gaz»[27] or il s’agit de « la » chambre à gaz que visitent tous les touristes d’Auschwitz ! En 1988 Arno Mayer écrit : « Les sources pour l’étude des chambres à gaz sont à la fois rares et douteuses»[28]. Qu’en pensez-vous ? Que pensez-vous des « témoignages », « documents », «aveux» en sens contraire ?
– Connaissez-vous les expertises suivantes : Leuchter (1988), de Cracovie (1990), Walter Lüftl, président de la chambre des ingénieurs autrichiens[29], Germar Rudolf ? Toutes vont dans le même sens : il n’y a pas de traces de ferri-ferro-cyanures dans les locaux baptisés chambres à gaz homicides, mais seulement dans les chambres à gaz de désinfection.
2. Les témoins : nommez
Dans vos propos recueillis par La Vie, vous dites : « Les témoignages aussi [sont là]. Et qu’on ne s’étonne pas du faible nombre de témoins : l’opération consistait précisément à les supprimer.[30]»
– Comment savez-vous que « l’opération consistait précisément à les supprimer » ?
– Quels sont les noms de ces témoins ?
– Qu’ont-ils écrit ?
– Qu’ont-ils dit précisément dans leurs écrits sur la chambre à gaz et son mode de fonctionnement ?
– Y a-t-il eu chez ces témoins des affirmations démenties par la simple disposition des lieux qu’ils prétendent décrire ?
[Chambre à gaz au niveau du sol et raccordée à la salle des fours par une ligne de wagonnets alors qu’en réalité la pièce baptisée après coup « chambre à gaz » est en sous-sol : affirmation de Rudolf Vrba à propos des Kremas-II et III de Birkenau ; dimensions totalement fantaisistes…]
Noter que nous ne parlons pas ici de contradictions dans les témoignages, ce qui est une constante des témoignages.
– Avez-vous lu les quatre principaux témoignages ? :
• Gerstein sur Belzec (sept à huit cents personnes dans 25 m2 = vingt-huit à trente-deux personnes au m2)
• Miklos Nyiszli dans Médecin à Auschwitz ;
• Martin Gray dans Au nom de tous les miens (Treblinka) ;
• Filip Müller dans Trois ans dans une chambre à gaz d’Auschwitz.
– Savez-vous ce qu’Henri Roques a découvert au sujet du premier ?
[Abondance de récits délirants et contradictoires.]
– Savez-vous qu’aucun des trois ouvrages n’est plus mentionné dans les encyclopédies juives et, en particulier, dans l’Encyclopædia of the Holocaust publiée par Yad Vashem en 1990 ?
– Comment réagissez-vous quand vous lisez dans le périodique Le Déporté, mensuel de l’UNADIF et de trois autres associations, « En pages centrales de ce numéro [d’octobre 1991] Première partie du poignant témoignage de Henri Bily, l’un des rares rescapés d’un Sonderkommando » ?
[La seconde partie est parue dans la livraison, suivante, de novembre 1991. Dans la livraison de décembre est parue une « Mise au point après l’insertion dans nos colonnes du texte d’Henry Bily» se terminant par les mots suivants : « Il résulte de cette analyse qu’il n’est possible, en aucune manière, de considérer le texte d’Henry Bily comme un témoignage original et personnel».]
– Comment réagissez-vous au fait que ce déporté racial, originaire de Nice et Cannes, a vu toute une presse à grand tirage diffuser son faux témoignage ? Comment se fait-il qu’aucune «mise au point» ne soit parue dans cette presse ? Que pensez-vous du fait que ce faux témoin se soit fait une spécialité d’aller de lycées en collèges pour y raconter une histoire mensongère ?
– Que pensez-vous de l’attitude de MM. Costa et Faurisson qui dénoncent ces faux témoins et mettent Le Déporté au défi de publier un meilleur témoignage que celui d’Henry Bily ?
3. La bibliographie spécialisée : citez des ouvrages sur les chambres à gaz
– Où trouverait-on une photo, un dessin, une maquette d’ensemble qui donnerait une idée de ce que pouvait être une chambre à gaz hitlérienne ?
Voici quatre ouvrages :
1) Georges Wellers, Les chambres à gaz ont existé. Des documents, des témoignages, des chiffres.
[Photos de plans de crématoires d’Auschwitz, découverts par R. Faurisson ; photos aériennes prises par les Alliés au-dessus d’Auschwitz : elles montrent avec grande précision un camp, ses annexes, ses crématoires avec jardinets bien tracés, non piétinés par foules humaines ; aucune vue de foules humaines près des crématoires ; une photo avant p. 99 abusivement présentée ainsi : «Incinération des corps de victimes gazées, dans des fosses ouvertes.»]
2) Eugen Kogon, Hermann Langbein, Adalbert Rückerl et vingt et un autres auteurs, Les Chambres à gaz, secret d’État.
[Rien sinon, en couverture, la photo de deux boîtes de Zyklon.]
3) Raul Hilberg, La Destruction des juifs d’Europe.[31]
[Rien]
4) Jean-Claude Pressac, Auschwitz: Technique and Operation of the Gas Chambers.
[Un paradoxe : énormément sur désinfestation, Zyklon, incinération, crématoires, etc. ; pas une seule photo, un seul dessin, une seule maquette d’ensemble. Si Pressac avait découvert une seule preuve, un seul document, la presse du monde entier aurait reproduit cette preuve ou ce document ; or, le silence sur ce livre paru il y a trois ans est à peu près total ; il n’est pas même traduit en français.]
– Comment expliquez-vous cette absence ? Comment expliquez-vous titres prometteurs et fallacieux ?
4. Questions diverses
1/ Questions sur Olga Wormser-Migot, Léon Poliakov et Raul Hilberg.
2/ Questions sur le procès de Nuremberg.
3/ Questions sur le révisionnisme historique et R. Faurisson.
4/ Questions sur les magistrats juges de l’histoire et sur la loi Fabius-Gayssot.
1/ Questions sur Olga Wormser-Migot, Léon Poliakov et Raul Hilberg
(a) Olga Wormser-Migot, dans sa thèse sur Le Système concentrationnaire nazi (1933-1945), dit qu’à Auschwitz-I il n’y avait pas de chambre à gaz.[32]
– Qu’en pensez-vous, compte tenu du fait que c’est la chambre à gaz que visitent des millions de touristes ? Et compte tenu du fait qu’au procès de Francfort (1963-1965) des accusés allemands ont été condamnés pour l’avoir, dit-on, utilisée ? O. Wormser-Migot ne tomberait-elle pas aujourd’hui sous le coup de la loi Fabius-Gayssot ?
– Dans la section intitulée « Le Problème des chambres à gaz »[33], elle montre qu’il existe un problème sur le point de savoir s’il a vraiment existé des chambres à gaz là où, selon témoignages et même aveux, il y en aurait eu. Pour vous, existe-t-il un tel problème ? Pourquoi ne faut-il plus croire aux gazages de Dachau malgré «preuves» et « témoins » (dont de nombreux ecclésiastiques) et pour-quoi faudrait-il continuer à croire aux gazages d’Auschwitz ? [Au procès de Nuremberg, la seule chambre à gaz qu’on ait un peu montrée dans un film est celle de Dachau].
– Elle ne croit pas aux chambres à gaz de Mauthausen, de Ravensbrück (en dépit du «témoignage» de Germaine Tillion) et de Sachsenhausen. Qu’en pensez-vous ? Quel est votre critère pour dire qu’il y a eu ou qu’il n’y a pas eu gazage homicide en tel ou tel camp? Votre liste de camps avec gazages ?
(b) À propos du génocide des juifs, Léon Poliakov a écrit dans son Bréviaire de la haine :
Les archives éventrées du IIIe Reich, les dépositions et récits de ses chefs, nous permettent de reconstituer dans leurs moindres détails la naissance et le développement de ses plans d’agression, de ses campagnes militaires et de toute la gamme des procédés par lesquels les Nazis entendaient recréer le monde à leur façon. Seule, la campagne d’extermination des Juifs reste, en ce qui concerne sa conception, ainsi que sous bien d’autres aspects essentiels, plongée dans le brouillard. Des inférences et considérations psychologiques, des récits de troisième ou de quatrième main, nous permettent d’en reconstituer le développement avec une vraisemblance considérable. Certains détails, cependant, resteront inconnus à tout jamais. En ce qui concerne la conception proprement dite du plan d’une extermination totale, les trois ou quatre principaux acteurs se sont suicidés en mai 1945. Aucun document n’est resté, n’a peut-être jamais existé. Tel est le secret dont les maîtres du IIIe Reich, aussi vantards et cyniques qu’ils aient été à d’autres occasions, ont entouré leur crime majeur.[34]
Quarante ans plus tard, le même L. Poliakov a écrit :
Quant aux intentionnalistes, dont je suis, on peut élever à leur égard d’autres suspicions, en premier lieu une sorte de passion dénonciatrice : n’ai-je pas écrit pour ma part, sur la foi de quelques témoignages de deuxième ou troisième main, que l’ordre du génocide fut donné par Hitler à Himmler «au début de 1941»?[35]
– Comment peut-on parler d’une quelconque destruction physique des juifs, concertée, programmée, systématique (et, en cela, différente des massacres inhérents à toute guerre) ?
– Connaissez-vous un ordre d’exterminer les juifs ?
un plan ?
des instructions ?
des mesures de contrôle ?
un budget ?
(c) Raul Hilberg est considéré par les historiens officiels (= ceux qui ne risquent pas de tomber sous le coup de la loi Fabius-Gayssot publiée au Journal officiel de la république française le 14 juillet 1990) comme la plus haute autorité en matière d’histoire du génocide des juifs. Il a publié son ouvrage en 1961. Il l’a profondément révisé en 1985. Il a résumé sa position dans une conférence où il a dit :
Mais ce qui commença en 1941 consista en une procédure de destruction non planifiée à l’avance, non organisée ni centralisée par aucune agence. Il n’y eut pas de projet et il n’y eut pas de budget pour les mesures de destruction, lesquelles furent prises étape par étape, une à une. Ainsi se réalisa-t-il moins un plan qu’une incroyable rencontre des esprits, une transmission de pensée, par consensus, au sein d’une vaste bureaucratie.[36]
– Que signifie pour vous ce jargon ? Comment expliquez-vous ces querelles théologiques entre intentionnalistes et fonctionnalistes et que le premier des historiens du génocide des juifs en soit réduit à tout expliquer par un phénomène de transmission de pensée au sein de la bureaucratie qui était peut-être la plus bureaucratique du monde?
– S’il n’y a ni documents, ni preuves, ni témoignages, comment un historien peut-il affirmer quoi que ce soit ?
2/ Questions sur le procès de Nuremberg
– Connaissez-vous la teneur des articles 19 et 21 du statut ? :
Art. 19 :
Le Tribunal ne sera pas lié par les règles techniques relatives à l’administration des preuves. Il adoptera et appliquera autant que possible une procédure rapide [en anglais : « expeditious », dont le véritable sens est : « expéditive »] et non formaliste et admettra tout moyen qu’il estimera avoir une valeur probante.
Art. 21 :
Le Tribunal n’exigera pas que soit rapportée la preuve de faits de notoriété publique, mais les tiendra pour acquis. Il considérera également comme preuves authentiques les documents et rapports officiels des Gouvernements des Nations Unies, y compris ceux dressés par les Commissions établies dans les divers pays alliés pour les enquêtes sur les crimes de guerre ainsi que les procès-verbaux des audiences et les décisions des tribunaux militaires ou autres tribunaux de l’une quelconque des Nations Unies.
– Savez-vous que, dans les cent quatre-vingt-sept pages du jugement, seul l’équivalent d’une page est consacré aux chambres à gaz, au génocide et aux six millions (fragments des pages 264-266) ?
– Aucune source n’est indiquée pour les chambres à gaz sinon un « aveu » de l’ex-commandant d’Auschwitz Rudolf Höss. Nous savons depuis 1983 dans quelles conditions Höss a signé, le 15 mars 1946 à 2 h 30 du matin, le texte en anglais de sa confession. Il avait été torturé pendant près de trois jours par des membres de la sécurité militaire britannique. Connaissez-vous le récit de ses tortionnaires, tel que reproduit par l’auteur antinazi Rupert Butler dans Legions of Death ?[37]
[Dans cette confession Höss dit qu’à Auschwitz « du 1er mai 1940 au 1er décembre 1943 » [le camp ne fut libéré qu’en janvier 1945] deux millions et demi de personnes ont été exterminées et cinq cent mille ont péri de maladie ou de faim. Le tribunal cite ce passage. Or, aujourd’hui le chiffre – d’ailleurs non prouvé – retenu par les historiens est d’environ un million :
[…] un million de morts à Auschwitz [de mai 1940 à janvier 1945]. Un total corroboré par l’ensemble des spécialistes, puisque aujourd’hui ceux-ci s’accordent sur un nombre de victimes oscillant entre neuf cent cinquante mille au minimum et un million deux cent mille au maximum.[38]
– Comment expliquez-vous que le tribunal de Nuremberg ait ainsi retenu le chiffre de trois millions pour cette période et le chiffre de quatre millions de morts pour toute la durée d’existence du camp (doc. URSS-008 à valeur de preuve authentique en vertu de l’article 21 du statut) ?
– Comment expliquez-vous que, dans le même jugement, le total des victimes juives soit évalué à six millions alors qu’en 1979, Martin Broszat, directeur de l’Institut d’histoire contemporaine de Munich, reconnaîtra que ce chiffre n’avait qu’une valeur « symbolique » ?
– Savez-vous l’origine de ce chiffre faux, que vous citez comme vrai ?
[Un Allemand, collaborateur des Américains, Wilhelm Höttl, avait écrit qu’en août 1944, à Budapest, c’est-à-dire alors que la guerre allait encore durer neuf mois, Eichmann lui avait dit ce chiffre. La déposition de Höttl date du 26 novembre 1945. Elle est lue le 14 décembre 1945 devant le tribunal par un procureur. Un avocat allemand demande la comparution de Höttl, qui se trouve à Nuremberg même. Cette comparution ne lui sera jamais accordée. Mieux : le tribunal ose, dans son jugement[39], dire que c’est Eichmann lui-même qui a fait cette estimation, alors que c’est, tout au plus, Eichmann selon une affirmation non prouvée de W. Höttl.]
– Savez-vous qu’Eichmann a nié avoir jamais tenu tel propos et que Höttl, qui vit toujours, a révélé en 1987, dans un journal allemand, qu’il convenait de se méfier des propos tenus par Eichmann ce jour d’août 1944 à Budapest car… il était ivre.[40]
– Si vous avez visité Auschwitz-Birkenau, vous avez dû voir le monument sis à Birkenau où il est indiqué en dix-neuf langues qu’il est mort dans ce camp quatre millions de victimes. Les plaques devant lesquelles se sont inclinés Jean-Paul II et bien des puissants de ce monde ont été retirées en avril 1990 sur décision des autorités du musée d’Auschwitz parce que le chiffre de quatre millions n’était plus soutenable. On a généralement admis que 90 % des victimes étaient juives. Comment dans ce cas maintenir le total de six millions de juifs morts à Auschwitz et ailleurs ?
– Savez-vous que, dans son jugement, le tribunal dit que les Allemands firent des essais en vue de se servir de la graisse des victimes pour la production industrielle du savon ?[41]
[Ce mythe est dénoncé aujourd’hui par tous les historiens officiels, en particulier par G. Wellers dans les termes les plus sévères.]
Quelle confiance peut-on accorder aux juges de Nuremberg pour dire l’histoire ?
3/ Questions sur le révisionnisme historique et R. Faurisson
R. Hilberg a rendu hommage à « Faurisson et d’autres» dans l’entretien qu’il a accordé en 1982 au Nouvel Observateur dans les termes suivants :
Je dirai que, d’une certaine manière, Faurisson et d’autres, sans l’avoir voulu, nous ont rendu service. Ils ont soulevé des questions qui ont eu pour effet d’engager les historiens dans de nouvelles recherches. Ils ont obligé à rassembler davantage d’informations, à réexaminer les documents et à aller plus loin dans la compréhension de ce qui s’est passé.[42]
Le professeur Michel de Boüard a rendu hommage aux « études très serrées » des révisionnistes.[43] Des hommes comme Paul Rassinier ont eu raison bien avant les historiens officiels sur l’absence de chambres à gaz dans une série de camps, sur la non-valeur des prétendus témoignages de Gerstein ou de Nyiszli, sur les formidables exagérations de chiffres, sur le vrai sens de certains documents (lettre de Göring à Heydrich, procès-verbal de Wannsee…), sur les responsabilités de la seconde guerre mondiale, sur le procès de Nuremberg etc. Comment expliquez-vous le retard des historiens officiels à admettre ces vérités ? David Irving a été violemment attaqué pour avoir dit qu’il n’existait pas d’ordre de Hitler d’exterminer les juifs ; aujourd’hui, c’est chose admise. Pourquoi ce retard ? Les révisionnistes n’ont-ils pas découvert de nombreux documents essentiels, à commencer par les plans des crématoires d’Auschwitz censés contenir des chambres à gaz ? Pourquoi n’avait-on pas publié ces plans découverts et publiés par R. Faurisson ? Pourquoi est-ce aux révisionnistes que nous sommes redevables d’expertises qui auraient dû être exigées dès 1945 par les historiens officiels ?
R. Faurisson a été accablé de procès. Le 26 avril 1983 la cour d’appel de Paris a déclaré n’avoir découvert chez lui ni légèreté, ni négligence, ni ignorance délibérée, ni mensonge, et cela pour des recherches étendues sur quatorze ans. Pensez-vous que beaucoup d’historiens pourraient avoir droit à un tel hommage si on passait au crible leurs recherches sur quatorze années ? La cour a conclu :
La valeur des conclusions défendues par M. Faurisson [sur le problème des chambres à gaz] relève donc de la seule appréciation des experts, des historiens et du public.
Qu’en pensez-vous ?
P. Vidal-Naquet a écrit :
Le procès intenté en 197[9] à Faurisson par diverses associations antiracistes a abouti à un arrêt de la cour d’appel de Paris en date du 26 avril 1983, qui a reconnu le sérieux du travail de Faurisson, ce qui est un comble, et ne l’a, en somme, condamné que pour avoir agi avec malveillance en résumant ses thèses en slogans.[44]
Qu’en pensez-vous ?
Le 16 décembre 1987 le tribunal de grande instance de Paris a jugé que les Annales d’histoire révisionniste développaient sur les chambres à gaz et le génocide des thèses relevant « de la libre expression des idées et des opinions et d’un débat public entre historiens » et le tribunal a ajouté qu’il n’avait pas, « en l’état, à exercer un contrôle sur une discussion de cette nature ». Qu’en pensez-vous? Et que pensez-vous du fait qu’en appel les magistrats en aient jugé autrement?
P. Vidal-Naquet a écrit :
Il y a dans la façon dont a été traitée, dans l’Université et hors de l’Université, l’affaire Faurisson quelque chose de mesquin et de bas. Que l’Université ait prétendu qu’il n’a rien publié – si elle a vraiment prétendu cela et a été suivie par le Conseil d’État – me paraît lamentable.[45]
Qu’en pensez-vous ?
Qu’avez-vous fait pour venir en aide à votre collègue persécuté ? Pourquoi n’avez-vous pas répondu aux lettres où il vous lançait, à plusieurs reprises, un appel en ce sens ? Lui avez-vous manifesté votre sympathie ou avez-vous élevé une protestation publique lors des graves agressions physiques dont il a été la victime à l’Université et hors de l’Université ?
4/ Questions sur les magistrats juges de l’histoire et sur la loi Fabius-Gayssot
– Les magistrats peuvent-ils se faire ou être faits juges de l’histoire ? Ont-ils compétence, par exemple, pour dire si les chambres à gaz ont existé ou non ? Ce procès contre P. Costa ne repose-t-il pas, au fond, sur un présupposé non formulé qui est que les chambres à gaz ont existé car, s’il en était autrement et si, par exemple, il était admis que celles-ci n’ont pas existé, ce procès deviendrait ipso facto inconcevable ?
– Au fait, à supposer que les chambres à gaz n’aient pas existé, faut-il le dire ou le cacher ? [Question qu’il faut, à tout prix, empêcher R. Rémond d’esquiver.]
– Le tribunal correctionnel de Paris a déclaré :
Des critiques peuvent, à juste titre, être développées concernant l’organisation, la structure et le fonctionnement du Tribunal Militaire International de Nuremberg, tant sur le plan juridique qu’historique ou philosophique.[46]
Êtes-vous d’accord ?
Comme P. Costa ne critique ce tribunal que sur une infime partie de sa décision (les quelques lignes, dans un jugement de cent quatre-vingt-sept pages, portant sur les chambres à gaz et, éventuellement, le génocide), comment pourrait-on lui en faire grief ?
– A-t-il existé, pour l’historien que vous êtes, dans la législation française, des lois républicaines absurdes, scandaleuses ou désuètes ? S’il en a existé autrefois, pourquoi n’en existerait-il pas aussi aujourd’hui ? Ne serait-ce pas le cas de la loi Fabius-Gayssot dénoncée par la Ligue des droits de l’homme, Simone Veil et Jacques Toubon ? Si oui, quel peut être le comportement d’un Français, magistrat ou non, à l’égard d’une telle loi ?
– Admettez-vous qu’on puisse être envoyé en prison ou mis à l’amende parce qu’on ne croit pas aux chambres à gaz, des chambres à gaz que vous, personnellement, vous êtes dans l’incapacité de décrire (forme et fonctionnement) ?
– Connaissez-vous un seul autre point d’histoire (de l’histoire mondiale, depuis quatre mille ans) qui ne puisse pas être contesté sous peine de prison ou d’amende ?
30 avril 1992
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Notes
[8] Id., p. 38.