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Auschwitz: Technique and Operation of the Gas Chambers ou bricolage et “gazouillages” à Auschwitz et à Birkenau selon J.-C. Pressac (1989)

Préambule du 12 mars 2011

En 1986 le “chasseur de nazis” Serge Klarsfeld annonçait soudain dans VSD (livraison du 29 mai, p. 37) que des preuves scientifiques allaient enfin être publiées de l’existence et du fonctionnement à Auschwitz, durant la guerre, de ces “chambres à gaz” homicides (véritables abattoirs chimiques pour êtres humains) dont attestaient tant de “témoignages”, tous plus vagues ou plus ébouriffants les uns que les autres. Pour cela, il s’était tourné vers un certain Jean-Claude Pressac, pharmacien de banlieue parisienne. On allait voir ce qu’on allait voir. Effectivement, trois ans plus tard, la Beate Klarsfeld Foundation, sise à New York, publiait, sous la signature dudit pharmacien, un ouvrage en anglais intitulé Auschwitz : Technique and operation of the gas chambers ; comptant 564 pages de format 45cm x 30cm, il ne pesait pas moins de 2,4 kg.

Apparemment le professeur Faurisson, dans le compte rendu qu’on en lira ci-dessous, s’est délecté, dans sa dissection de l’énorme ouvrage, à nous en montrer les faiblesses, les aberrations, les malhonnêtetés et, pour tout dire, l’incroyable inanité. L’avenir allait lui donner raison. En 1993, J.-C. Pressac faisait une dernière et timide tentative en publiant aux Editions CNRS Les Crématoires d’Auschwitz / La Machinerie du meurtre de masse. En mai 1995, R. Faurisson, assigné en justice pour sa Réponse à Jean-Claude Pressac, infligeait alors au pharmacien, qu’il avait fait citer devant la XVIIe chambre du tribunal correctionnel de Paris, une telle humiliation publique que le malheureux, de retour dans sa villégiature de banlieue, rédigeait un long texte où, parlant de la version officielle de l’histoire de la déportation, il reconnaissait que le dossier en était “pourri” par trop de mensonges : désormais, selon ses propres mots, ce “dossier” était voué “aux poubelles de l’histoire”.

J.-C. Pressac est mort le 23 juillet 2003. La presse du monde entier, qui l’avait autrefois tant célébré, observait cette fois-ci un complet silence sur son héros. Le texte de sa capitulation avait été tenu caché depuis 1995. Il a fallu attendre l’an 2000 pour le trouver à la toute fin du livre de Valérie Igounet, Histoire du négationnisme en France, publié par les éditions du Seuil.

Une précision pour terminer : contrairement à certaines rumeurs, jamais J.-C. Pressac n’a été ni “un disciple” ni un “complice” du professeur Faurisson ! La vérité est qu’il a eu accès à des documents d’une exceptionnelle importance que le professeur avait été le premier au monde à découvrir, le 19 mars 1976, dans les archives du Musée d’Etat d’Auschwitz. J-C. Pressac s’est gardé de signaler au lecteur cette découverte du professeur et la dette qu’il a ainsi contractée à son égard.

N.B. Une version anglaise de cette étude du Professeur Faurisson se trouve ici.

***

L’énorme ouvrage que Jean-Claude Pressac consacre aux chambres à gaz homicides d’Auschwitz et de Birkenau est paru il y a plus d’un an. S’il avait réellement apporté la moindre preuve de l’existence de ces prétendues chambres à gaz, les médias du monde entier auraient retenti de la nouvelle. Or, au lieu du vacarme, c’est le silence. L’explication de ce silence tient au fait que l’auteur, loin d’apporter la preuve attendue, prouve involontairement que les révisionnistes avaient raison de conclure de leurs propres recherches que ces chambres à gaz n’étaient qu’un mythe. Ainsi qu’on va le voir, le livre de Pressac est une calamité pour les exterminationnistes, une aubaine pour les révisionnistes.

Depuis 1978, innombrables ont été les livres, les documents, les films censés nous prouver, enfin, la réalité des chambres à gaz hitlériennes. De leur côté, les professeurs ou les chercheurs, qui se portaient de conférences sur l'”Holocauste” en colloques sur la “Shoah”, nous promettaient que, sur ce chapitre, on allait voir ce qu’on allait voir. Mais rien en définitive n’est venu combler les espoirs ainsi créés. Rien. Jamais.

Pourtant, la parution de ces livres, de ces documents, de ces films ainsi que la tenue de ces conférences ou de ces colloques étaient généralement accompagnées d’un éphémère brouhaha médiatique ou d’une apparence d’agitation intellectuelle comme s’il se produisait vraiment du nouveau. La fièvre retombait vite mais au moins avait-on, pendant quelques jours, créé l’illusion d’un événement.

Rien de tel avec le livre de Pressac. Le silence, cette fois-ci, est écrasant. Un seul journaliste a commenté l’ouvrage. Il s’agit de l’Américain Richard Bernstein dont l’article est paru dans le New York Times [1]. Le titre de cet article et la photographie extraite du livre et choisie pour illustrer l’article sont significatifs de l’embarras du journaliste new-yorkais. Le titre porte :

Un nouveau livre réfute, dit-on, l’opinion révisionniste sur l’Holocauste (“A New Book Is Said to Refute Revisionist View of Holocaust“).

La photographie représente une porte de bois avec un encadrement métallique et, au centre, un judas ; on note, par ailleurs, des inscriptions à la craie en allemand et en russe. Voici la légende du New York Times :

Une photographie d’une porte de chambre à gaz provenant du livre Auschwitz: Technique and Operation of the Gas Chambers. Un avertissement écrit sur la porte après la libération du camp porte : “Attention ! Danger ! Entrée interdite !”

Le journaliste est assez honnête pour souligner que l’inscription est postérieure à la guerre mais, ce qu’il ne révèle pas à son lecteur, c’est que cette photographie est présentée par Pressac lui-même dans le chapitre des chambres à gaz… de désinfection (p. 50). La vérité oblige à dire que le malheureux journaliste ne pouvait trouver mieux : parmi les centaines de photographies et de documents du fastidieux pensum, il est impossible de découvrir une seule pièce qu’on puisse décemment présenter comme une preuve de l’existence d’une seule chambre à gaz homicide. Le même jour, dans une autre édition du New York Times [2], le même article paraissait sous un autre titre :

Auschwitz : un sceptique confirme l’horreur (“Auschwitz: A Doubter Verifies The Horror“).

Cette fois-ci, R. Bernstein prélevait une photographie qui présentait un plan-projet de crématoire et une photographie qui montrait un petit groupe d’hommes nus sortant d’une grande salle de douches.

La première photographie provient de la page 141 du livre où le plan-projet est dit concerner un crématoire sans chambre à gaz homicide. La seconde photographie est extraite de la page 80 où il est dit que ces hommes nus sont des prisonniers qui, les chaussures à la main, passent d’une salle de douches vers la “Salle de séchage ; Côté propre”, et cela dans un vaste ensemble de douches et de désinfection.

Le contenu de l’article mériterait d’être intégralement reproduit pour la circonspection de son auteur vis-à-vis de Pressac. Et, comme on le voit, aucune des trois photographies n’illustre la thèse d’une extermination en chambres à gaz.

En France, on note de-ci, de-là quelques brèves mentions du gros ouvrage. On y sent l’expression d’un dernier et fol espoir en une planche de salut. De ce point de vue, le cas de Pierre Vidal-Naquet est déchirant. Cet universitaire aura, durant ces dernières années, soutenu deux auteurs sur lesquels il comptait pour répliquer aux révisionnistes : Arno Mayer et Jean-Claude Pressac ou, comme il le dit lui-même, un historien juif américain “enseignant dans l’université très élitiste de Princeton” et un Français, “pharmacien de banlieue, connaissant et pratiquant la chimie [3]“. Son collègue et ami Arno Mayer vient de lui jouer un tour pendable en écrivant :

Les sources dont nous disposons pour étudier les chambres à gaz sont à la fois rares et peu sûres.

Ce qui fait écrire à P. Vidal-Naquet :

Personne en tout cas, désormais je veux dire : après le livre de Jean-Claude Pressac ne pourra plus parler à propos des chambres à gaz d’Auschwitz de sources “rares et peu sûres” comme le fait Mayer [4].

Mais ce que P. Vidal-Naquet préfère passer sous silence, c’est que Pressac, lui aussi, le tourne involontairement en ridicule [5] !

Ni Arno Mayer, ni Jean-Claude Pressac ne sont parvenus à découvrir la moindre preuve de l’existence de chambres à gaz homicides à Auschwitz ou à Birkenau.

Un auteur et un livre qu’on nous cache

J.-C. Pressac est donc pharmacien. Il exerce dans la banlieue parisienne à la Ville du Bois (Essonne). Vers 1979-1980, il avait d’abord offert ses services aux révisionnistes, qui avaient fini par le congédier ; vers 1981-1982, il avait ensuite assiégé Georges Wellers, directeur du Monde juif, qui, finalement, s’était débarrassé de lui ; enfin, il était allé présenter ses services au couple Klarsfeld qui l’emploie encore aujourd’hui, mais de façon curieuse.

Serge et Beate Klarsfeld n’ont pas publié l’ouvrage dans sa version française originale mais dans une traduction américaine. Celle-ci est introuvable à l’adresse indiquée. On dirait que ce curieux ouvrage est placé sous clé, en quelques tabernacles, et qu’il n’est accessible qu’à quelques élus. En janvier 1990, j’en obtenais, par chance, un exemplaire.

En octobre 1990, de passage à Washington, je me rendais dans ces deux sanctuaires de la recherche internationale que sont la Bibliothèque du Congrès et les Archives nationales et, par simple curiosité, je voulus m’y faire communiquer l’ouvrage. Impossible : il était, certes, répertorié dans le fichier général, mais curieusement absent des rayons, sans qu’on pût m’expliquer les raisons de cette absence.

Quand il arrive à Pressac, qui brûle de prendre la parole à la radio ou dans des colloques, d’y faire des apparitions, on a le sentiment que ses cornacs s’ingénient soit à lui couper la parole, soit à le maintenir dans le silence. C’est ainsi que, récemment, invité à un colloque antirévisionniste organisé à Lyon par l’Union des étudiants juifs de France et le Conseil représentatif des institutions juives de France, il a été interdit de parole ; un journaliste écrit :

[J.-C. Pressac], présent, n’a même pas pu présenter son travail, hier, et il l’a mal pris.

Ses amis ont de bonnes raisons pour le cantonner dans un rôle d’utilité ; ils savent que, dès que Pressac ouvre la bouche, ils ont à craindre le pire pour leur propre cause : tout le monde peut alors se rendre compte que le malheureux pharmacien éprouve de graves difficultés à s’exprimer, soutient une thèse horriblement confuse et manie la gaffe avec un réel bonheur.

Une aubaine pour les révisionnistes

Je parlerai longuement de son ouvrage pour les raisons suivantes :

   1° L’ouvrage est absurde jusqu’à la loufoquerie et, à ce titre, il constitue une curiosité historique et littéraire que l’historien n’a pas le droit d’ignorer ; la fragilité mentale de l’auteur, jointe à son goût pour la manipulation des données, pour les comptes d’apothicaire, pour la poudre aux yeux et pour les affirmations sans preuves constituent pour l’amateur d’insolite un régal en soi ;

   2° La thèse défendue par Pressac illustre l’état de décomposition où en est arrivée la théorie de l’extermination des juifs ; selon notre pharmacien, on ne peut plus soutenir, comme l’ont fait les juges de Nuremberg et les autorités du Musée d’Auschwitz, que les Allemands ont bâti dans ce camp, de propos délibéré, de vastes chambres à gaz, véritables usines à gazer qui, des années durant, auraient impeccablement fonctionné ; pour lui, les Allemands auraient bricolé des pièces inoffensives pour les transformer tant bien que mal en chambres à gaz homicides (c’est le cas de deux grands crématoires) et procédé à des gazages improvisés et épisodiques (c’est le cas de deux autres crématoires) ; en somme, pour reprendre des expressions que j’ai maintes fois entendues dans la bouche de notre homme, il se trouve qu’à Auschwitz et à Birkenau on aurait plutôt bricolé et “gazouillé” ; bricolage et “gazouillages” : tout Pressac est là ;

   3° Cette volumineuse compilation est comme une montagne qui aurait accouché d’une souris, et la souris est révisionniste ; en effet, le peu de substance qu’on retire de la lecture de Pressac confirme pleinement que les révisionnistes étaient et sont dans le vrai ;

   4° Pour la première fois, un exterminationniste accepte, du moins en apparence, un débat avec les révisionnistes sur le terrain qui leur est cher : celui de l’argumentation scientifique et technique ; l’occasion est trop belle de démontrer l’impuissance des exterminationnistes sur ce terrain-là, aussi.

Un titre trompeur

Pressac a choisi pour son ouvrage un titre trompeur. Il ne consacre en fait pas un seul chapitre aux chambres à gaz homicides et encore moins à la “technique” ou au “fonctionnement” desdites chambres. Il ne cesse d’affirmer que ces chambres ont existé mais nulle part il ne le démontre. Je me livre souvent à l’expérience suivante : je fais ouvrir l’ouvrage à une demi-douzaine de pages différentes et j’invite à constater qu’à chaque fois, immanquablement, ou bien il n’est pas du tout question de chambres à gaz homicides, ou bien il en est question en même temps que d’autre chose ou bien, enfin, il s’agit, d’après l’auteur lui-même, non pas de “preuves” mais d'”indices” ou de “traces” de chambres à gaz. Des chapitres sont dévolus au Zyklon B, aux installations de désinfection, au Zentral Sauna (grand complexe de douches et de désinfection situé à Birkenau), aux crématoires, aux témoignages, aux révisionnistes, à la ville d’Auschwitz, à la vie privée de J.C.Pressac. Des développements sont consacrés à des détails, toujours confus, de robinetterie, de plomberie, de ventilation, d’escalier, de maçonnerie, de chauffage ou encore à des confidences d’ordre plus ou moins intime, le tout dans le pire désordre et dans un langage constamment embarrassé. Mais, sur les chambres à gaz qualifiées d’homicides, on ne trouve aucun chapitre en tant que tel ni même aucun développement autonome qu’on puisse détacher un instant de cet ensemble pour l’examiner en lui-même.

Pressac veut nous faire prendre des vessies pour des lanternes ; ou encore des douches, des chambres à gaz de désinfection, des dépositoires pour des chambres à gaz homicides.

Méthode de gribouille :
chambres à gaz de désinfection
ou chambres à gaz homicides ?

Pressac ne respecte aucunement le plan de son ouvrage. Le désordre est général. Les redites pullulent. Les considérations techniques sont décousues. On était en droit d’attendre, vu le titre de l’ouvrage, un exposé technique, particulièrement documenté, sur “l’arme du crime”.

Puisque, selon l’auteur, il a existé à Auschwitz et à Birkenau un nombre considérable de chambres à gaz de désinfection [9] et que de telles chambres ne pouvaient pas, pour d’évidentes raisons matérielles, servir à un usage homicide, en quoi une chambre à gaz homicide se distinguait-elle d’une chambre à gaz de désinfection ?

Puisque, toujours selon l’auteur, dans tel document [10] les mots de “Gaskammer” (chambre à gaz), de “Gastür” ou de “gasdichte Tür” (porte étanche au gaz), de “Rahmen” (châssis), de “Spion” (judas) s’emploient communément pour un gazage de désinfection, comment les seuls mots de “gasdichte Tür” pourraient-ils soudain, dans tel autre document [11], apporter la preuve d’un gazage homicide ?

Ne risque-t-on pas, à chaque instant, de croire découvrir une chambre à gaz homicide là où, en réalité, il n’était question dans tel document allemand que d’une chambre à gaz de désinfection ?

Sans un critère, sans le moindre viatique, nous voici, dès les premières pages d’un livre où règne le désordre, condamnés au doute, à l’incertitude, aux pires méprises, et cela dans un dédale de considérations hétéroclites.

J’attendais avec curiosité la réponse de Pressac à ces questions élémentaires. Non seulement, il ne nous fournit aucune réponse mais il confesse son propre embarras et, comme on va le voir, il invente, pour se tirer d’affaire, une pitoyable explication technique. Voici ce qu’il écrit à ce sujet :

Comme les chambres à gaz homicides et de désinfection utilisant le Zyklon B avaient été installées et équipées selon le même principe, elles avaient des portes étanches au gaz de caractère identique, fabriquées dans les mêmes ateliers [d’Auschwitz]. La confusion [dont furent victimes les Soviétiques qui, en 1945, présentèrent comme preuves de gazages une chambre à gaz de désinfection] était inévitable vu qu’à cette époque on ne savait pas distinguer entre les deux types de chambres à gaz […]. La seule différence est dans les portes étanches : il y a à l’intérieur des portes des chambres à gaz homicides une grille hémisphérique protégeant le judas [12].

L’auteur reviendra sur ce sujet à la page 49 et surtout à la page 50, comme s’il détenait là une preuve technique, une preuve matérielle de l’existence de formidables chambres à gaz homicides à Auschwitz. Cette apparence de preuve tient en deux photographies de mauvaise qualité. A gauche, l’extérieur d’une porte étanche au gaz avec un judas et, à droite, l’intérieur de cette même porte avec un judas protégé par une grille hémisphérique. C’est cette grille qui ferait la différence entre une porte de chambre à gaz homicide et une porte de chambre à gaz de désinfection : elle protège le judas ; grâce à elle, les victimes n’auraient pu briser le verre par lequel les SS les observaient ! A la page 50, Pressac n’est pas trop affirmatif et il écrit que cette grille de protection permet de conclure “raisonnablement” à un usage homicide (“makes it reasonable to conclude a homicidal use“). Mais, cent-cinquante pages plus loin, il reproduira à nouveau ces deux photographies avec une légende différente ; cette fois-ci, s’enhardissant, il déclarera sans ambages qu’il s’agit (indiscutablement) d’une “porte étanche de chambre à gaz homicide ainsi qu’on peut le voir par la lourde grille hémi sphérique protégeant le judas à l’intérieur” [13]. On a là un exemple caractéristique, chez Pressac, de son incapacité à mettre de l’ordre dans ses remarques, de ses redites perpétuelles, de sa manie de passer de l’affirmation hypothétique à la pure affirmation sur un même sujet. La confusion du lecteur s’accroît quand, encore cent-vingt pages plus loin, celui-ci découvre la photographie d’une porte de bois avec la légende suivante :

Une porte étanche au gaz, presque intacte, dans les ruines de la partie ouest du Krema V […]. Cette porte n’a pas de judas bien qu’elle ait été utilisée pour des gazages homicides [14].

Comment Pressac sait-il alors que cette porte a été utilisée (sic) pour de tels gazages ?

Et la confusion pressacoise atteint probablement le comble quand, à la fin de l’ouvrage, la photographie d’un petit bâtiment de briques du Stutthof-Danzig nous est présentée en ces termes :

[…] Cette chambre, utilisée à l’origine pour la désinfection des effets, fut plus tard utilisée comme chambre à gaz homicide. Cet usage mixte est un exemple extrême de la confusion créée sur une période de trente années et, plus encore, par la difficulté de distinguer ou par le refus délibéré de distinguer entre des chambres à gaz de désinfection et des chambres à gaz homicides [15].

En fin de compte, le lecteur ne voit plus du tout quelles sont, pour Pressac, les caractéristiques physiques d’une chambre à gaz homicide d’Auschwitz, ni même d’une simple porte de chambre à gaz homicide dans ce camp. C’est notre homme qui, selon son caprice, décide de qualifier d’homicide telle chambre ou telle porte qui, en réalité, pouvaient être totalement inoffensives.

Mais, pour en revenir à cette grille qui le préoccupe si fort, notre pharmacien aurait dû consulter un spécialiste des chambres à gaz de désinfection et lui poser, par exemple, la question suivante : ces grilles ne protégeaient-elles pas tout simplement soit l’extrémité d’un dispositif prévu pour mesurer la température de la chambre, soit un cylindre pour tester chimiquement la densité du gaz dans le local ? [16]

La confusion entre gazages de désinfection et gazages homicides se poursuit avec l’affaire des camions partant d’Auschwitz pour aller chercher des boîtes de ZyklonB à l’usine de Dessau, ville située au sud de Berlin. Pressac cite cinq “autorisations de route”, parfaitement connues des révisionnistes [17]. Dans ma Réponse à Pierre Vidal-Naquet [18], je reproduisais le texte d’un message-radio en date du 22 juillet 1942 adressé sous la signature du général Glücks au camp d’Auschwitz :

Par le présent [message-radio] j’accorde l’autorisation d’effectuer le trajet aller/retour d’Auschwitz à Dessau pour un camion de 5 tonnes afin d’aller y chercher du gaz destiné au gazage du camp pour lutter contre l’épidémie qui s’est déclenchée.

Les mots allemands sont “Gas für Vergasung” : du gaz pour gazage. Ici, et dans deux autres documents du même genre, il est expressément question de gazage pour désinfection [19]. Entre-temps, les 26 août et 2 octobre 1942, deux autres documents du même genre parlent de “matériel pour traitement spécial” et de “matériel pour le transfert des juifs”. Pressac y voit la preuve qu’il s’agissait, ces deux fois-là, de gaz pour tuer les juifs ! Il n’en est rien. Il s’agit, comme le montre le contexte général (les trois autres textes de même nature), de gaz pour la désinfection des vêtements ou des locaux à cause de l’arrivée des juifs déportés. Le terme de “traitement spécial” (Sonderbehandlung) désignait ici le “transport” des juifs (Transportierung[20]. Plus il arrivait de monde à Auschwitz, plaque tournante pour la réexpédition d’un grand nombre de déportés vers d’autres camps après une période de quarantaine, et plus il fallait de Zyklon B.

Les six lieux de gazage selon l’histoire traditionnelle et selon Pressac

Ces six lieux sont, d’abord, le Krematorium I ou Krema I (également appelé Altes Krematorium ou vieux crématoire) situé dans le camp principal d’Auschwitz et visité par d’innombrables touristes (présenté comme en état d’origine) ; ensuite, situés à Birkenau, le Bunker 1 et le Bunker 2 (on ne sait trop où les situer), les Krematorium ou Krema II et III (à l’état de ruines permettant des investigations) et les Krematorium ou Kremas IV et V (à l’état de vestiges).

Selon Pressac, le Krema I aurait été conçu dans une intention criminelle et les gazages homicides dans ce crématoire constitueraient un “fait établi”. Mais il s’agit là de sa part d’affirmations qu’il n’étaye d’aucun argument, d’aucun document et, dans les trente-huit pages qu’il consacre à ce bâtiment, il se contente essentiellement de rapporter des témoignages de gazages et non des preuves [21]. Ces témoignages, sur lesquels je reviendrai, le laissent pourtant tout à fait insatisfait. Il rappelle, à la suite des révisionnistes, comment, après la libération du camp, les Polonais ont transformé et maquillé ce crématoire pour mieux convaincre les visiteurs de l’existence d’une chambre à gaz homicide. Les supercheries ont été nombreuses. C’est, par exemple, pour cacher certaines d’entre celles-ci que les Polonais, nous révèle-t-il, ont étendu sur le toit un carton bitumé [22]. La plus belle de ces supercheries, découverte par les révisionnistes et reprise par Pressac [23], est celle de la prétendue porte d’entrée des victimes dans la chambre à gaz ; en réalité, cette porte avait été ouverte très tardivement par les Allemands comme un accès à l’abri anti-aérien qu’était devenu l’endroit. Bref, pour Pressac, ce que les touristes visitent aujourd’hui est à considérer comme un “authentique symbole des gazages homicides d’Auschwitz” (p. 133), c’est-à-dire comme une représentation imaginaire puisque, ici, un symbole n’est pas une réalité et qu’un “authentique symbole” est encore plus loin de la réalité.

Dans sa conclusion, il réalise un véritable tour de bonneteau. Il en appelle au rapport Leuchter comme à la preuve matérielle la seule de la réalité de gazages homicides en cet endroit. Il dit que Fred Leuchter, dont il décline les qualifications, a prélevé sept échantillons de briques et de ciment et qu’à l’analyse six d’entre eux ont révélé la présence de cyanure ; puis il écrit en caractères gras :

Ces résultats, virtuellement tous (6 sur 7) positifs, prouvent l’usage d’acide cyanhydrique dans la Leichenhalle du Krematorium I, d’où son usage en tant que chambre à gaz homicide [24].

Pressac s’abstient de dire que Leuchter :

– a abouti exactement à la conclusion inverse : pour ce dernier, il  n’a existé, ni pu exister de chambre à gaz homicide en cet endroit ;
– a fondé sa démonstration sur une série de constatations physiques ;
– a renforcé cette démonstration par des analyses chimiques confiées à un laboratoire américain ; ces analyses ont révélé que, dans la prétendue chambre à gaz homicide, les quantités de ferrocyanures étaient, soit nulles, soit infinitésimales par comparaison avec l’échantillon prélevé dans une chambre à gaz de désinfection, reconnue comme telle par les autorités du musée, et qui révélait une quantité de ferrocyanures égale à 1050 mg par kilo, c’est-à-dire, en moyenne, 133 fois plus que les quantités trouvées dans les prétendues chambres à gaz homicides.

Je reviendrai plus loin sur le rapport Leuchter et l’usage qu’en fait Pressac [25]. Notons, pour l’instant, que notre homme utilise à son profit ce rapport et les analyses chimiques qu’il contient. Georges Wellers agit de même, qui estime que “les résultats des analyses chimiques sont obtenus par un spécialiste très compétent et consciencieux [Fred Leuchter]” mais que “sa compréhension du problème posé est au-dessous de tout [26]“. P. Vidal-Naquet abusait donc de la crédulité générale quand, devant un parterre d’élèves du lycée Henri IV, à Paris, il déclarait, le 24 septembre 1990, à propos du rapport Leuchter :

C’est un document grotesque qui ne démontre rien. Wellers et Pressac ont dit ce qu’il faut en penser.

Ajoutons que Pressac dit que Leuchter a été “commissionné” par les révisionnistes, laissant ainsi entendre que ceux-ci ont été pris à leur propre jeu et que l’ingénieur américain a cruellement déçu ses “commanditaires”. Or, Leuchter a bel et bien démontré que les révisionnistes avaient raison et il a agi en toute indépendance d’esprit, comme un homme qui jusqu’alors croyait à la réalité des chambres à gaz homicides allemandes.

Puisque Pressac admet que les Polonais ont fortement maquillé les lieux, il lui appartenait d’examiner la question des gazages dans la prétendue chambre à gaz telle qu’elle était à l’origine avant tout maquillage, d’après les plans qu’il nous en présente, des plans que j’avais découverts en 1976, publiés en 1979, et dont il m’est redevable. Or, il n’en fait rien parce qu’il lui aurait fallu admettre l’évidence : de vastes opérations de gazage, tout près de la salle des fours et à vingt mètres de l’hôpital SS, auraient tourné à la catastrophe générale.

Le local a pu être désinfecté au Zyklon B, comme il convient pour un dépositoire où l’on entassait, notamment, des cadavres de typhiques ; d’où, sans doute, ces infinitésimales traces de ferrocyanures.

Ni Gerald Reitlinger, ni Raul Hilberg, ni Pierre Vidal-Naquet ne paraissent croire qu’il a existé là une chambre à gaz homicide ; quant à Olga Wormser-Migot, elle dit expressément dans sa thèse qu’Auschwitz-I était sans chambre à gaz (homicide) [27].

Pressac est donc peut-être le dernier tenant de la “chambre à gaz homicide du Krema I”. Du moins officiellement, car, en privé, devant Pierre Guillaume et moi-même, je me souviens qu’il en faisait des gorges chaudes.

Pour ce qui est du Bunker 1, il admet qu’en fin de compte même l’emplacement matériel nous en est inconnu [28]. Il ajoute qu’on ne possède ni traces matérielles, ni plan d’origine [29]. Quant aux charniers qui auraient été proches de ce Bunker et dont l’odeur aurait été insupportable, il estime qu’ils sont un produit de l’imagination des “témoins” et que l’odeur en question était celle de bassins de décantation (p. 51, 161).

Pour le Bunker 2, on n’aurait pas non plus de preuves. Pressac pense avoir retrouvé les vestiges de cette maison et il ne fournit que des “témoignages” qu’il juge lui-même peu plausibles ; ces témoignages sont parfois accompagnés de dessins ; s’y ajoutent de vagues plans de situation dus à une commission soviétique [30].

Le bilan jusqu’ici établi par Pressac est effrayant si l’on songe qu’une bonne partie de l’histoire des gazages homicides d’Auschwitz est fondée sur la certitude que des Allemands ont procédé en ces trois points (Krema I, Bunker 1, Bunker 2) à des gazages massifs. Cette certitude, dont on voit aujourd’hui qu’elle n’était fondée sur aucune preuve, a envahi les livres d’histoire et les rôles des prétoires : des Allemands ont été condamnés en grand nombre pour ces prétendus gazages dans le Krema I, dans le Bunker 1 et dans le Bunker 2.

Le Krema II aurait été conçu sans chambre à gaz homicide [31]. C’est là que la thèse pressacoise diffère totalement de la thèse traditionnelle. Les Allemands, selon lui, auraient transformé une inoffensive chambre froide semi-enterrée (Leichenkeller 1) en une chambre à gaz homicide. Ils auraient procédé, pour cela, à des bricolages mais sans modifier la ventilation ; celle-ci serait restée conforme à celle d’une chambre froide avec évacuation de l’air vicié par le bas ; elle aurait donc été contraire à celle d’une chambre à gaz à l’acide cyanhydrique, où l’air chaud et le gaz auraient exigé une évacuation de l’air vicié par le haut.

Le Krema II aurait fonctionné comme chambre à gaz homicide et comme installation de crémation du 15 mars 1943, avant son entrée en service officielle le 31 mars [1943], jusqu’au 27 novembre 1944, “anéantissant un total d’approximativement 400.000 personnes, la plupart d’entre elles étant des femmes, des enfants et des vieillards juifs [32]“.

Pressac n’offre pas de preuves à l’appui de telles affirmations. Il affirme même que l’extermination “industrielle” des juifs à Auschwitz-Birkenau fut “planifiée entre juin et août 1942 et effectivement réalisée entre mars et juin 1943 par l’entrée en service des quatre crématoires [33]“. Ces dates sont connues pour être celles où les Allemands, alarmés par les ravages du typhus, ont décidé de bâtir ces crématoires, puis ont fini de les bâtir, mais on ne voit pas ce qui permet à Pressac d’affirmer, en plus, que ces dates coincident avec une décision de gazer et la mise en œuvre de gazages ! Nulle part il ne nous révèle qui a pris une pareille décision, quand, comment, pourquoi, quels auraient été les autorisations, les instructions, les crédits financiers et, aussi, quels sont les gens qui, sur place, auraient été réquisitionnés pour une telle entreprise et qu’il aurait bien fallu mettre au courant des modalités de ce gigantesque assassinat. Il dit qu’on manque de document pour préciser à quelle date la décision a été prise d’une transformation “criminelle” [34] !

Le Krema III aurait été, lui aussi, conçu sans chambre à gaz homicide [35]. Les Allemands auraient procédé aux mêmes travaux de bricolage que dans le Krema II. Le Krema III, lui, aurait fonctionné du 25 juin 1943 au 27 novembre 1944, “tuant environ trois cent cinquante mille victimes [36]“.

Les Krema IV et V auraient été conçus avec chambres à gaz homicides [37]. Ils auraient fonctionné, l’un à partir du 22 mars et l’autre à partir du 4 avril 1943 [38] mais ils auraient à peine été utilisés. “Après deux mois, le Krema IV fut complètement hors service. Le Krema V n’entra en service que plus tard mais ne valut guère mieux” [39]. La procédure de gazage aurait été “illogique jusqu’à l’absurdité” [40] et aurait constitué un vrai “numéro de cirque” pour le SS gazeur [41].

Il importe de rappeler ici qu’en 1982 Pressac soutenait que les Krema IV et V avaient été conçus sans chambres à gaz homicides ; les Allemands y avaient, selon lui, transformé des pièces inoffensives en chambres à gaz homicides [42]. Il ne nous confie jamais pourquoi il a renoncé à cette thèse pour adopter ici une thèse diamétralement contraire.

En résumé, si l’on en croit notre guide, on obtiendrait, pour les crématoires conçus avec ou sans chambres à gaz homicides, la séquence suivante selon l’ordre chronologique d’entrée en fonction :

Krema I : conçu avec chambre à gaz homicide
Krema IV : conçu avec (thèse Pressac en 1982 : avec)
Krema II : conçu sans
Krema V : conçu avec (thèse Pressac en 1982 : avec)
Krema III : conçu sans.La logique et la chronologie ne sauraient se satisfaire de tant de caprices et de tant d’incohérences.

Selon Pressac, presque pas de Zyklon B pour tuer les hommes

Selon notre homme, le Zyklon B aurait été utilisé à plus de 95% pour exterminer la vermine, qui est longue à tuer, et à moins de 5% pour exterminer les gens, faciles à tuer [43]. Il ne nous révèle pas comment il est parvenu à déterminer ces quantités. On est loin de l’affirmation des exterminationnistes en général, et de Raul Hilberg en particulier qui assure que :

La presque totalité des approvisionnements d’Auschwitz [en Zyklon B] servait au gazage des gens ; très peu servaient à la désinfection [44].

On imagine la consternation des exterminationnistes sur ce point comme sur bien d’autres si, au lieu de vanter le livre sans l’avoir lu, ils se mettaient à le lire.

Il ne peut expliquer l’absence de taches bleues

Il est vrai que, selon notre pharmacien, si les Allemands ont utilisé si peu de Zyklon à des fins homicides, c’est que, pour gazer un million d’hommes (sept cent cinquante mille dans les Kremas II et III et deux cent cinquante mille ailleurs, p. 475), il n’en aurait fallu que d’infimes quantités tandis que, pour tuer des insectes, il en fallait beaucoup plus. Pressac tient à ce qu’on le croie sur ce chapitre car c’est pour lui le seul moyen d’expliquer une stupéfiante anomalie physico-chimique : la complète absence de taches bleues dans les locaux d’Auschwitz ou de Birkenau où, paraît-il, on aurait fait usage de Zyklon B pour tuer des êtres humains dans des proportions industrielles tandis qu’on note la présence, aujourd’hui, de grosses taches bleues dans les murs des chambres à gaz de désinfection au Zyklon B, que ce soit à Auschwitz, à Birkenau ou dans d’autres camps de concentration. Ces taches bleues des chambres à gaz de désinfection sont dues à la présence, autrefois, d’acide cyanhydrique ou prussique ; cet acide est resté dans les murs où, se combinant avec le fer contenu dans les briques, il a donné des ferrocyanures.

Pressac ose affirmer que, dans le cas des gazages homicides, l’acide cyanhydrique allait directement dans les bouches des victimes sans avoir le temps de se répandre ailleurs et d’imprégner le plancher, le plafond et les murs [45]. Le gaz ne se serait pas même déposé sur les corps des victimes pour aller ensuite se répandre, par émanation, dans tout le local. Cette naïve explication revient à supposer que le gaz cyanhydrique serait, dans ce cas et dans ce cas seulement, constitué de molécules à têtes chercheuses, organisées au point de se répartir la besogne d’aller se perdre directement dans la bouche de chaque personne, et seulement dans cette bouche.

De l’aveu même de ses fabricants, le Zyklon B (employé dès le début des années 20 et encore en usage aujourd’hui dans le monde entier quoique sous d’autres dénominations) présente l’inconvénient d’être d’une “ventilabilité difficile et longue, vu la forte capacité d’adhérence de ce gaz aux surfaces” (doc. NI-9098). Pressac oublie que, selon sa propre théorie, on aurait gazé dans le seul Leichenkeller 1 (moins de 210 m2 ) du Krema II quatre cent mille personnes en 621 jours [46], ce qui implique que les gazages d’êtres humains se seraient relayés à grande vitesse et de façon quasi continue. Il sait que l’acide cyanhydrique s’absorbe par la peau [47]. Tant de cadavres, représentant une surface de peau beaucoup plus vaste que le corps des insectes et imprégnés, qu’on le veuille ou non, du poison cyanhydrique, auraient constitué comme autant de sources d’émanations du redoutable gaz qui serait allé se fixer partout dans le local. Ces cadavres auraient été, de plus, impossibles à manipuler comme on nous le raconte et je ne reviendrai pas ici sur les précautions extrêmes qu’il faut aujourd’hui, dans les pénitenciers américains, au médecin et à ses deux aides, pour extraire de la chambre à gaz à acide cyanhydrique un seul cadavre cyanuré.

Les ruines du Krema II sont parlantes : elles ne comportent pas la moindre tache bleue de ferrocyanure. Les Allemands n’y ont donc certainement jamais utilisé de Zyklon B dans les quantités nécessaires pour gazer quatre cent mille personnes  personnes.

Il admet que le langage codé des Allemands est un mythe

Pressac ouvre une énorme brèche dans l’édifice des historiens traditionnels et notamment dans celui de Georges Wellers quand il récuse la thèse selon laquelle, pour camoufler leur crime, les Allemands auraient utilisé un langage secret ou un “code”. Il dit à deux reprises qu’il s’agit là d’un “mythe” et s’en explique longuement [48]. Il voit bien que le secret d’un tel massacre aurait été impossible à garder. Il apporte, à la suite des révisionnistes, des documents qui prouvent que les camps d’Auschwitz et de Birkenau étaient en quelque sorte transparents. Des milliers de travailleurs civils se mêlaient chaque jour aux prisonniers [49]. De nombreuses firmes civiles, situées en différents points d’Allemagne ou de Pologne, recevaient des commandes, par exemple, pour la construction des crématoires, des chambres à gaz de désinfection ou des portes étanches au gaz. La seule Direction de la construction (Bauleitung) comprenait environ cent employés ; des photos montrent des ingénieurs, des architectes, des dessinateurs dans leurs bureaux [50] où on le savait bien avant Pressac les plans des crématoires étaient affichés à la vue de tous. Les photos aériennes prises par les Alliés montrent pour Auschwitz, comme d’ailleurs pour Treblinka, que les paysans cultivaient leurs champs tout contre les clôtures des camps. En revanche, il est sûr que les Allemands cherchaient à cacher jalousement leurs activités industrielles à Auschwitz, en vain d’ailleurs. Le paradoxe serait donc le suivant : à Auschwitz, les Allemands se seraient efforcés de dissimuler les activités de toutes leurs usines (armements, pétrole synthétique, caoutchouc synthétique, …) sauf… de leurs “usines de mort”, censées se trouver à l’emplacement des crématoires.

Affirmations sans preuves et manipulations

Tout au long de l’ouvrage abondent les affirmations sans preuves et les manipulations.

Quelle preuve l’auteur a-t-il pour reprendre à son compte les affirmations, jamais prouvées jusqu’ici, selon lesquelles le 3 septembre 1941 on a, pour la première fois, utilisé le Zyklon B dans les caves du Block 11 à Auschwitz-I pour y tuer huit cent cinquante personnes [51] ? Il affirme que, peu après (?), des prisonniers russes ont été gazés dans la chambre froide (Leichenhalle) du Krema I. Il ne fournit aucune preuve. Il dit que, selon la “confession” de Höss, ces prisonniers ont été au nombre de 900, puis il glisse les mots suivants : “en fait entre 500 et 700”. Le système est caractéristique de Pressac : constatant sans doute que le chiffre de neuf cents est impossible vu la dimension du local, il le “corrige” et, au lieu de dire clairement que c’est à titre d’hypothèse qu’il propose un chiffre moindre, il affirme qu'”en fait” il y a eu de cinq cents à sept cents victimes. Je pense que je pourrais citer une cinquantaine d’exemples de ce procédé qui consiste à invoquer un témoignage incroyable, à le transformer pour le rendre croyable et, finalement, à accorder un peu plus loin au résultat de cette transformation le statut de “fait établi”, sans rappeler qu’il y a eu transformation d’un texte à partir d’une hypothèse.

Pressac change les mots, les chiffres, les dates, parfois en prévenant son lecteur de ces changements laborieusement justifiés, parfois sans crier gare. La page 18 offre un exemple de ces procédés. L’auteur y énumère les différentes caractéristiques de l’acide cyanhydrique (HCN, principale composante du Zyklon B) : poids moléculaire, etc. Soudain, dans une liste de quinze caractéristiques il glisse la caractéristique suivante : “Concentration utilisée à Birkenau dans gazage homicide : 12g/m3 (1%) ou 40 fois la dose létale (ou mortelle)”. Ce faisant, il donne à croire, dès le début de son livre, que les gazages homicides de Birkenau seraient un fait établi par la science au même titre que le poids moléculaire dudit gaz ; et il veut nous faire croire que la science a pu établir au gramme près combien on utilisait de Zyklon à Birkenau pour y tuer un homme ! Ce procédé, où se combinent rouerie et aplomb, est d’usage courant chez Pressac. La page 227 contient de surprenantes affirmations. Sans fournir la moindre justification, l’auteur déclare que le Krema II a servi à gazer des juifs avant même son achèvement (le vestiaire n’était pas achevé) et avant sa livraison à l’administration du camp le 31 mars 1943. Il assène comme des vérités d’évidence qu’environ six mille neuf cents juifs ont été gazés en douze jours. Et il indique avec précision les dates et les quantités respectives : mille cinq cents juifs du ghetto de Cracovie le soir du dimanche 14 mars, deux mille deux cents juifs de Salonique le 20 mars, près de deux mille autres juifs de Salonique le 24 mars et mille deux cents autres le lendemain. Aucune de ces précisions n’est accompagnée d’une indication de source autre que le “calendrier d’Auschwitz” établi par les communistes polonais. Si ces juifs sont bien arrivés au camp à ces dates, de quel droit nous affirme-t-on qu’ils ont été gazés ? L’accusation portée ici contre l’Allemagne est d’une gravité exceptionnelle et nécessiterait un faisceau de preuves d’une extrême précision.

A maintes reprises, Pressac mentionne “l’ordre donné par Himmler le 26 novembre 1944 de détruire les Kremas II et III de Birkenau”, “mettant ainsi fin aux gazages” [52] mais notre autodidacte ne fait ici que reprendre, sans le vérifier, ce qu’affirment d’éminents auteurs juifs (avec des variations sur les dates). Cet ordre n’a jamais existé mais on comprend qu’il ait fallu l’inventer, d’abord en vue d’expliquer pourquoi, à la libération du camp, on n’a trouvé aucune trace du crime et ensuite pour suppléer de cette manière à l’absence de tout ordre de commencer les gazages.

De quel droit affirme-t-il que Himmler a assisté en personne à un gazage homicide dans le Bunker 2, et cela le 17 juillet 1942 [53] ? Comment peut-il accuser le Dr Grawitz, “responsable de la Croix-Rouge allemande”, d’avoir vu de ses propres yeux l’extermination des juifs (en chambres à gaz, indique le contexte) [54] ?

Pour commencer, où a-t-il puisé son esquisse de description de la procédure de gazage homicide à Auschwitz telle qu’elle apparaît, par fragments, à la page 16 ? Cette esquisse est surprenante.

Ce que le lecteur d’un ouvrage intitule Auschwitz , technique et fonctionnement des chambres à gaz attendait, c’était une étude approfondie portant sur la technique et le fonctionnement de ces extraordinaires abattoirs chimiques sans précédent dans l’histoire, puis une description complète de la procédure de gazage d’un million de victimes. Or, l’auteur escamote le sujet. Il ne fournit que des indications vagues, fragmentaires et dont on ne voit pas si elles reposent sur des “témoignages”, sur des documents ou si elles ne sont pas simplement le résultat d’extrapolations. Nulle part dans son livre il ne reviendra sur ce sujet central de la procédure de gazage. Tout juste mentionnera-t-il, mais seulement à propos des Kremas IV et V, la procédure particulière aux gazages dans ces deux endroits, une procédure si absurde qu’il en parlera comme d’un “numéro de cirque” [55].

Comment peut-il écrire : “En mai 1942, le gazage à grande échelle des arrivées de juifs par le train commença dans les Bunkers 1 et 2 de Birkenau” [56], surtout étant donné que, comme on l’a vu ci-dessus, il reconnaît ne rien savoir du Bunker 1 (forme, constitution et même emplacement) ?

Comment sait-il que, lorsqu’on versait du Zyklon B par les orifices de la terrasse du Krema I, les SS qui étaient dans l’hôpital situé tout à côté s’abstenaient de regarder l’opération car “il était alors interdit de regarder par les fenêtres” [57] ?

En quoi un amoncellement de chaussures constitue-t-il une preuve qu’il existait des chambres à gaz homicides [58] ?

Comment peut-il soutenir que les SS auraient envisagé la possibilité d’utiliser alternativement le Leichenkeller 1 et le Leichenkeller 2 comme chambres à gaz [59] ?

Comment peut-on proférer l’énormité qui trône au sommet de la page 188 (deuxième colonne) ? Pressac y affirme que les “terribles conditions hygiéniques du camp” exigeaient d’énormes livraisons de Zyklon B et que les SS, pour cacher ces conditions, affectaient de demander du Zyklon B… pour l’extermination des juifs ; ces demandes étaient adressées à des supérieurs qui auraient eu “une connaissance générale” de cette extermination “sans être informés des détails pratiques” !

Le “numéro de cirque” des Kremas IV et V

S’il avait été honnête, l’auteur aurait dû commencer le développement qu’il consacre aux Kremas IV et V par un rappel de son interprétation de 1982. A cette époque, il avait soutenu dans Le Monde juif [60] que ces deux Krema avaient été conçus dans une intention non criminelle comme de simples stations de crémation ; puis, ultérieurement, les Allemands auraient procédé à des bricolages pour transformer certaines salles de ces stations en chambres à gaz homicides. Encore en 1985, l’auteur soutenait cette thèse [61].

Mais voici que, dans le présent ouvrage, il opère un retournement à 180°, et cela sans en prévenir son lecteur sinon après coup et en termes obscurs (p. 379, 448). Comme Pressac est toujours confus, les lecteurs ne peuvent savoir ni les raisons qu’il avait de soutenir son ancienne thèse (ces Kremas ont été conçus sans intention criminelle), ni les raisons qui le conduisent à adopter une nouvelle thèse, diamétralement contraire à l’ancienne (ces Kremas ont été conçus dans une intention criminelle) [62].

La gêne de l’auteur est considérable. On se demande s’il ne serait pas heureux d’envoyer au diable l’histoire de ces deux Kremas IV et V qui il insiste sur ce point n’auraient, pour ainsi dire, pas fonctionné parce qu’ils étaient si mal conçus et construits que les fours furent rapidement mis hors d’usage [63].

Il écrit qu’à la fin de mai 1944 la plupart des membres du Sonderkommando qui vivaient dans une section du “camp des hommes” de Birkenau et donc, ajouterai-je en passant, au vu et au su de tout le monde furent transférés “au Krema IV, qui fut converti pour eux en un dortoir” [64].

Dans la littérature de l'”Holocauste”, on présente comme une page d’héroisme la révolte du Sonderkommando juif mettant le feu au Krema IV, le 7 octobre 1944, par désespoir d’avoir à gazer et à brûler des foules de leurs coreligionnaires. Pressac, pour sa part, doute de la “véracité” de ce récit et dit que le Krema IV à cette époque n’était qu’un dortoir et que

cette rébellion fut un acte de désespoir de la part de prisonniers qui étaient entassés et inoccupés, qui en avaient trop vu et qui sentaient que leur fin était proche [65].

Comme on va tout de suite le voir, la disposition des lieux était telle, dans les Kremas IV et V, qu’elle aurait rendu absurde une opération de gazage homicide.

Prenons l’un quelconque de ces deux Krema. Pour commencer, la foule des victimes aurait été introduite, faute de “vestiaire”, dans le dépositoire où déjà des cadavres étaient entassés. Là, les victimes se seraient déshabillées face au spectacle des cadavres. Puis, on les aurait fait entrer dans une antichambre, suivie d’un corridor. Sagement, elles seraient passées devant la pièce du médecin, puis devant une réserve de charbon. Ensuite, à l’extrémité du corridor, on les aurait réparties dans deux “chambres à gaz homicides”, dotées, pour chacune d’elles, d’un poêle à charbon dont la bouche de chargement donnait sur le corridor. Enfin, un SS, se trouvant à l’extérieur du bâtiment, serait venu déverser les granulés de Zyklon B par les impostes placées sous le toit. Vu la hauteur, il aurait eu à se déplacer avec une échelle. Il aurait déployé son échelle et y serait grimpé autant de fois qu’il y avait d’impostes ; d’une main, il aurait tenu ouverte chaque imposte et, de l’autre, il aurait versé le contenu d’une boîte de Zyklon B. Prestement, il aurait refermé l’imposte et serait passé à la suivante. A la suivante, il aurait agi avec d’autant plus de célérité que, le HCN étant moins dense que l’air, les émanations des granulés de la première boîte auraient rendu l’opération plus dangereuse, même si notre SS était muni d’un masque à gaz.

A la fin de l’opération, il aurait fallu soigneusement et longuement ventiler les pièces. Vu la petitesse des impostes et l’absence de tout appareil de ventilation forcée, on ne voit pas comment l’opération aurait pu se dérouler. Il aurait fallu ouvrir les portes et donc inonder de gaz l’antichambre, la pièce du médecin, etc. Les cadavres auraient été extraits de chacune des deux chambres à gaz ; il aurait fallu les tirer tout le long du vestibule et passer trois portes successives pour finir… dans le dépositoire où bientôt arriveraient d’autres futures victimes.

En 1982, dans son étude du Monde juif  [66], Pressac écrivait : “On est stupéfait devant ce bricolage” et il en concluait :

Alors, une évidence s’impose : LES KREMATORIUM IV ET V N’ONT PAS ÉTÉ CONÇUS COMME INSTRUMENTS CRIMINELS MAIS ONT ETE TRANSFORMÉS à CETTE FIN [lettres capitales de l’auteur].

Dans son gros ouvrage, il fait une obscure allusion à son sentiment de “1980” ; il dit qu’à cette époque il trouvait que l’opération était “illogique jusqu’à l’absurdité” [67].

Neuf ans plus tard, notre pharmacien serait-il enfin parvenu soit à s’expliquer cette procédure “illogique jusqu’à l’absurdité”, soit à découvrir que les Allemands utilisaient, en fait, une autre procédure, logique, sensée, explicable ? Point du tout.

Il commence par raconter que les SS se rendirent compte que leur façon de procéder était “devenue irrationnelle et ridicule” [68]. Le SS gazeur avait à déverser le Zyklon B par six ouvertures (Pressac estime qu’il n’y avait pas deux chambres à gaz mais trois, le corridor faisant office de troisième chambre à gaz !). Ce SS, dit-il, avait à monter ou descendre son échelle à dix-huit reprises avec un masque à gaz sur la figure.

Toujours selon notre guide, après deux ou trois gazages conduits de cette manière, la Bauleitung (la Direction de la construction) décida qu’une ventilation naturelle était dangereuse et que l’introduction du poison ressemblait à “un numéro de cirque”.

Pour ce qui est de la ventilation, on installa une porte qui eut pour effet, nous assure-t-il, d’empêcher le vent d’ouest de pousser les gaz dans une direction dangereuse et de permettre seulement aux vents du nord ou du sud de ventiler les pièces !

Pour ce qui est du procédé d’introduction du gaz (le “numéro de cirque”), il resta le même, sauf que les impostes furent élargies de 10 cm. Le plus sérieusement du monde, Pressac écrit que

la méthode d’introduction resta la même cependant, les autorités du camp considérant qu’un peu d’exercice physique ferait beaucoup de bien aux soldats du service de santé responsables du gazage.

Ici, comme ailleurs, notre pharmacien fait preuve d’un merveilleux aplomb et il débite son récit sans fournir au lecteur de référence à une preuve quelconque. Où a-t-il vu, par exemple, que les autorités du camp (lesquelles ? quand ?) ont décidé que ce “numéro de cirque” était absurde mais qu'”un peu d’exercice physique ferait beaucoup de bien aux soldats du service de santé responsables du gazage” des juifs ?

L’une des constantes des écrits de Pressac est la bêtise dont les SS font preuve dans leurs vantardises. Il explique par là beaucoup d’anomalies, d’absurdités, d’inepties contenues dans les récits de gazage homicide. Il est curieux qu’il ne soupçonne apparemment pas que cette “bêtise” pourrait être attribuée à ceux précisément qui nous décrivent ainsi les activités des SS gazeurs. Ou encore, puisque toutes ces opérations seraient empreintes de bêtise, cette bêtise est-elle celle des SS, tels que Pressac nous les décrit, ou celle de Pressac lui-même ?

Il est enfin surprenant qu’avant d’en venir à prétendre que les Kremas IV et V possédaient, à coup sûr, des chambres à gaz homicides, il ne se soit pas demandé s’ils ne possédaient pas tout simplement là des douches ou des chambres à gaz de désinfection. Je possède dans mes archives un dessin du Kremas IV ou V, fait par Pressac d’après un plan que je lui avais confié ; je vois, en toutes lettres, de la main de notre homme, les mots de “Douches 1” et de “Douches 2” à l’emplacement de ce qu’il appelle aujourd’hui des chambres à gaz homicides. Et, à la place de sa troisième chambre à gaz, je vois “Corridor”.

Au lieu d’une preuve, une seule preuve… trente-neuf prétendus indices

Sur le chapitre des preuves, Pressac capitule d’emblée. Il a conscience de son échec ; malgré ses rodomontades, il avoue :

Le jour où un dessin ou une lettre récemment découverte permettra d’expliquer la réalité noir sur blanc, les “révisionnistes” seront mis en déroute [69].

Cette remarque, qui lui échappe sur un point de détail, pourrait s’étendre à tout l’ouvrage : Pressac espère découvrir un jour un “document allemand spécifique” qui prouvera que les révisionnistes ont tort mais, pour l’heure, il n’a encore rien trouvé de tel.

Il rappelle qu’en 1979 je lançais un défi. Je demandais une preuve, une seule preuve de l’existence d’une seule chambre à gaz homicide. Ce défi, il est incapable de le relever. Le titre du chapitre 8 est éloquent. Il porte :

“Une preuve… une seule preuve” : trente-neuf traces criminelles [70].

Pour ma part, je m’attendais à trouver un chapitre qui se serait intitulé : “‘Une preuve… une seule preuve’ ? Trente-neuf preuves”.

Par “traces criminelles” (criminal traces), il convient d’entendre “traces du crime” ou “indices du crime”. Il s’agit, comme le précise l’auteur, de “preuves par présomption” ou de “preuves indirectes”.

Pressac nous dit que, faute de “preuve fondée sur des documents incontestables et irréfutables”, une preuve “indirecte” (les guillemets sont de lui) “peut suffire et être valable”. Il ajoute :

Par preuve “indirecte”, je veux dire un document allemand qui ne déclare pas noir sur blanc qu’une chambre à gaz est à fins homicides, mais un [document] contenant la preuve que logiquement il est impossible pour [cette chambre] d’être quoi que ce soit d’autre [71].

Et là-dessus le lecteur se voit proposer trente-neuf preuves indirectes.

Mais revenons un instant à mon défi, à son sens et à ses raisons. Et voyons aussi en quels termes Pressac admet qu’il ne peut fournir ce qu’il appelle lui-même une “preuve directe” ou une “preuve formelle”.

Le 26 février 1979, j’avais adressé sur le sujet une lettre en droit de réponse que Le Monde refusa de publier et qui se trouve reproduite dans mon Mémoire en défense [72]. J’écrivais alors :

Je connais un moyen de faire progresser le débat. Au lieu de répéter à satiété qu’il existe une surabondance de preuves attestant de l’existence des “chambres à gaz” (rappelons-nous la valeur de cette prétendue surabondance pour les “chambres à gaz” – mythiques – de l’Ancien Reich), je suggère que, pour commencer par le commencement, on me fournisse une preuve, une seule preuve précise de l’existence réelle d’une “chambre à gaz”, d’une seule “chambre à gaz”. Cette preuve, nous l’examinerons ensemble, en public.

J’étais, cela va de soi, prêt à considérer comme “preuve” ce que l’adversaire lui-même choisirait d’appeler de ce nom. Mon défi s’expliquait par une constatation : les exterminationnistes utilisaient tous le système un peu trop facile des “faisceaux convergents de présomptions” ou encore, comme on disait autrefois, des “adminicules” (éléments de preuve, présomptions, traces). Telle de leurs prétendues preuves, plutôt chancelante, s’appuyait sur une autre preuve, tout aussi fragile. On usait beaucoup de la preuve testimoniale qui est la plus fragile de toutes puisque, comme son nom l’indique, elle ne repose que sur des témoignages. On invoquait “l’essentiel” du témoignage de Kurt Gerstein, en l’appuyant sur “l’essentiel” de la confession de Rudolf Höss, laquelle reposait sur “l’essentiel” d’un journal personnel où, paraît-il, en termes voilés, le Dr Johann-Paul Kremer révélait, tout en la cachant, l’existence des chambres à gaz homicides. En quelque sorte, l’aveugle prenait appui sur le paralytique, guidé par le sourd.

Autrefois, lors des procès de sorcellerie, les magistrats faisaient grand usage des adminicules et, pour condamner les sorciers et les sorcières, se livraient à d’étranges comptabilités où un quart de preuve ajouté à un quart de preuve, lui-même ajouté à une demi-preuve, étaient censés égaler une vraie preuve (le film Les Sorcières de Salem montre un juge se livrant à ce genre d’arithmétique). Certes, on ne pouvait fournir de preuve formelle de l’existence de Satan et d’une rencontre avec lui. Il était impossible de prouver son existence comme on prouve celle d’un être humain. Ce n’était pas, pensait-on, de la faute des juges mais précisément de la faute de Satan qui, comme bien on pense, était trop malin pour laisser des traces probantes de ses méfaits. De caractère intrinsèquement pervers, Satan ne laissait, tout au plus, que de vagues traces de son passage. Ces traces ne parlaient pas d’elles-mêmes. Il fallait les faire parler. Des esprits particulièrement sagaces s’entendaient à les détecter là où le commun des mortels ne voyait rien. Pour ces esprits, Satan avait cherché à effacer ses traces mais il avait oublié de supprimer les traces de l’effacement de ses traces et, partant de là, de doctes magistrats, aidés de savants professeurs, parvenaient à tout reconstituer.

Il n’en va pas autrement de tous les procès où, depuis 1945, on a jugé des SS pour leur participation, toujours indirecte, à des gazages homicides. Tels des adeptes de Satan, les SS n’avaient laissé aucune trace des gazages mais des esprits exercés (des Poliakov et des Wellers), témoignant par l’écrit ou à la barre des tribunaux, avaient su déjouer les ruses, dénouer l’écheveau et reconstituer le crime dans toute son horreur satanique ; ils avaient tout interprété, déchiffré, décodé, décrypté.

Aucune “preuve directe”, finit-il par admettre

Pressac écrit :

Les historiens “traditionnels” ont fourni à Faurisson une “abondance de preuves” qui étaient virtuellement toutes fondées sur le témoignage humain [73].

Il dit aussi qu’on possède nombre de photographies dont certaines passaient traditionnellement pour prouver l’existence de gazages homicides mais il admet qu’aucune d’entre celles-ci “ne peut être présentée comme une preuve définitive [74]“.

Aucun des nombreux plans qu’on possède des Kremas d’Auschwitz et de Birkenau n’indique, dit-il, “explicitement” l’emploi de gazages homicides bien que dans des procès on ait utilisé certains de ces plans comme s’ils étaient des éléments à charge explicites [75].

Restent, dit-il, les divers éléments de correspondances ou divers documents, d’origine allemande, qu’on a, par exemple, utilisés dans le “procès Faurisson” ; mais cela ne constituait toujours pas plus qu’un ensemble convaincant de preuves par présomption [76].

La liste des trente-neuf “traces criminelles” fait songer à un dénombrement (à la manière de Rabelais ou de Prévert) d’objets disparates. On y voit défiler d’inoffensifs termes techniques, appartenant au domaine de l’architecte, du chauffagiste ou du plombier-zingueur, sur lesquels notre pharmacien de la Ville du Bois se torture l’esprit pour découvrir la trace des plus noirs desseins. Pressac n’a pas son pareil pour faire parler les vis, les écrous, les boulons et, même et surtout, les têtes de vis [77]. Il serait fastidieux de passer en revue ces trente-neuf indices. Je m’en tiendrai à ceux qui, selon lui, seraient essentiels.

Des termes techniques inoffensifs

Mais je voudrais auparavant appeler l’attention du lecteur français sur quelques termes techniques allemands qui sont d’un emploi relativement banal.

Pour désigner une chambre à gaz de désinfection (ou une chambre à gaz pour l’entraînement des recrues au port du masque à gaz), les Allemands emploient le mot de “Gaskammer” et, quand le contexte est suffisamment clair, celui de “Kammer“. Une porte étanche aux gaz est appelée “Gastür” (porte à gaz) ou “gasdichte Tür” (porte étanche au gaz) ; les Anglais disent “gasproof door” ou “gastight door” ; ce type de portes peut être utilisé soit pour des chambres à gaz de désinfection, soit pour des sas (par exemple, sas de salle de fours ou sas d’abri anti-aérien) [78]. D’une manière plus générale, une porte étanche au gaz peut se trouver en n’importe quel point d’un édifice où il y a des risques d’incendie ou d’explosion ; c’est le cas pour un crématoire où fonctionnent des fours à haute température. Je crois qu’en Allemagne – c’est à vérifier – les portes des caves où se trouve un chauffage d’immeuble sont, généralement sinon obligatoirement, étanches pour préserver de l’incendie, de l’explosion, des émanations de gaz. “Gasprüfer” désigne le détecteur de gaz. “Brausen” signifie pommes d’arrosage (pour arrosoir, pour jet, pour douches). “Auskleideraum” se dit d’une salle de déshabillage et, dans les installations de désinfection, il s’agit de la pièce où, du “côté sale” (unreine Seite), on se déshabille ; il n’est pas impossible, mais je ne l’ai pas vérifié, que, dans un dépositoire, ce même mot s’applique à la pièce où l’on dépouille les cadavres de leurs vêtements. Pressac fera état de l’existence de mots comme “Drahnetzeinschiebvorrichtung“, qu’il traduit par “dispositif d’introduction en treillis de fil de fer” et “Holzblenden“, “obturateurs ou couvercles de bois” ; je ne pense pas que ces mots appellent un commentaire particulier.

En revanche, il est inadmissible qu’au tout début de son ouvrage où il prétend reproduire les termes employés par la Direction de la construction afin de désigner l’épouillage ou la désinfection, il ait noté les mots d’Entlausung, d’Entwesung et de Desinfektion sans profiter de l’occasion pour rappeler que l’un des termes les plus couramment employés par les Allemands pour désigner ce type d’opération est : Vergasung, qu’on traduira par “gazage”. Par exemple, pour s’en tenir aux documents cités par Pressac, le document NI-9912, que j’ai été le premier à publier et dont il m’est aussi redevable, ne désigne pas autrement le gazage que par Durchgasung ou Vergasung ; ce dernier mot, qui figure au premier paragraphe de la section III, a reçu en anglais la traduction de “fumigation” [79]. Dans un document cité par Pressac lui-même, le général Glücks parle de “gaz pour le gazage” du camp en raison de l’épidémie de typhus : “Gas für Vergasung” [80] ; quant au commandant Hoess, il désigne les gazages de désinfection par “Vergasungen” (voy., ci-dessous, le paragraphe commençant “Le 12 août 1942, le commandant Höss fait diffuser”).

Je précise, en passant, que, pour la commodité du lecteur, je traduis “Entlausung” et “Entwesung” de la même façon, c’est-à-dire par “désinfection”. Je constate d’ailleurs que, dans le vocabulaire de la Bauleitung ou dans les registres de la serrurerie d’Auschwitz, on a tendance à employer un mot pour l’autre sans toujours distinguer entre l'”épouillage” et la “désinsectisation”.

Dans les Kremas II et III, la ventilation de l’ensemble que Pressac ose appeler chambre à gaz homicide alors qu’il s’agissait d’un dépositoire était précisément à contresens – et il l’admet – de ce qu’elle aurait dû être si du Zyklon B y avait été employé. Le Zyklon B est essentiellement de l’acide cyanhydrique, gaz moins dense que l’air. La ventilation aurait donc dû se faire de bas en haut. Or, elle se fait de haut en bas comme… dans un dépositoire. Pressac ne tente pas d’expliquer cette anomalie, qui détruit sa thèse, à la base si l’on peut dire. Il constate et passe outre [81].

Quatorze pommes d’arrosage et une porte étanche au gaz

Une découverte dont il s’enorgueillit, la seule à vrai dire qu’il présente comme “définitive” [82] avant de déclarer qu’elle prouve “indirectement” [83] l’existence d’une chambre à gaz homicide, est un bordereau de réception du Krema III pour quatorze pommes d’arrosage (Brausen) et une porte étanche au gaz (gasdichte Tür). Cédant d’abord à l’enthousiasme, notre inventeur écrit, à la page 430 :

[CE] DOCUMENT […] EST LA PREUVE DEFINITIVE DE LA PRESENCE D’UNE CHAMBRE A GAZ HOMICIDE DANS LE LEICHENKELLER 1 DU KREMATORIUM III [84].

En 1986, la revue VSD avait publié une interview de Serge Klarsfeld sous le titre “Les historiens du mensonge” [85]. Ce dernier y reconnaissait que jusqu’à présent “personne ne [s’était] préoccupé de rassembler des preuves matérielles” de l’existence des chambres à gaz homicides. A la question : “Parce qu’il n’y avait pas encore de vraies preuves ?” il répondait

Il y avait des débuts de preuves qui embarrassaient les faurissoniens mais ne les avaient pas encore réduits au silence. Notamment deux lettres analysées par Georges Wellers, et datant de 1943, qui parlaient, l’une d’une cave à gazage, l’autre de trois portes étanches à poser dans les crématoires.

Klarsfeld annonçait qu’allait enfin paraître “un ouvrage monumental de Jean-Claude Pressac sur Auschwitz-Birkenau”. Il ajoutait que l’auteur avait trouvé la “preuve des preuves” :

au total il a trouvé trente-sept preuves dont une définitive de l’existence d’une chambre à gaz homicide dans le [Krema III] de Birkenau.

L’interview s’accompagnait de la “preuve irréfutable” avec la reproduction d’un document ainsi décrit :

Sur ce bordereau de réception du [Krema III] signé par le directeur du camp d’Auschwitz, on lit en tête des deux dernières colonnes : 14 douches (Brausen), 1 porte étanche au gaz (gasdichtetür).

Klarsfeld déclarait, à propos de cette preuve “définitive” ou “irréfutable”, qu’il s’agissait d’

un document qui mentionne à la fois une porte étanche au gaz et quatorze pommeaux [sic] de douches.

A quoi, il ajoutait en guise de commentaire :

Alors, soyons logiques, s’il s’agit d’une salle de douches, pourquoi cette porte étanche au gaz ? La démonstration est imparable.

La démonstration n’était certainement pas imparable et, d’ailleurs, ainsi qu’on le voit, Klarsfeld usait ici d’un procédé rhétorique cher à Pressac : la prétérition (et, qui plus est, sous la forme interrogative).

J’envoyais à la revue un texte en droit de réponse dont la publication me fut refusée.

Pour commencer, cette interview constituait un aveu. Klarsfeld y reconnaissait que, jusque-là, personne ne s’était préoccupé de rassembler des preuves matérielles. Pressac, de son côté, déclarait à la même époque : “On avait jusqu’ici des témoignages et seulement des témoignages [86]“. Autrement dit, on avait, jusqu’ici, propagé dans le monde entier une terrible affirmation, une atroce accusation contre l’Allemagne, sans véritable preuve, mais seulement avec des “débuts de preuves” ou des “témoignages”. L’arme du crime n’avait jamais fait l’objet d’une expertise.

Mon droit de réponse rappelait que des portes étanches au gaz constituaient une banalité et que, par exemple, avant et pendant la guerre, tout local qui, en cas de bombardement, pouvait servir de refuge était obligatoirement équipé d’une porte étanche au gaz. J’ajoutais que des portes étanches au gaz n’impliquaient, pas plus que de simples masques à gaz, un gazage homicide.

S. Klarsfeld, embarrassé par le profit que je tirais de son interview dans un texte que je consacrais à Elie Wiesel [87], commit l’erreur de publier une lettre dans Le Monde juif [88] où il affirma que son interview était d’une “rédaction erronée” sur certains points. Mais il y a des démentis qui valent confirmation et tel était le cas puisque Klarsfeld, aggravant son impair, était alors amené à écrire :

Il est évident que dans les années qui ont suivi 1945 les aspects techniques des chambres à gaz ont été un sujet négligé parce que personne alors n’imaginait qu’un jour on aurait à prouver leur existence.

Pressac avait sous les yeux un bordereau dactylographié, probablement tiré à la ronéo, en de nombreux exemplaires. Des rubriques dans le sens vertical énuméraient les différentes parties d’un bâtiment (pièces, cage d’escalier, couloir, WC, etc.) et, dans le sens horizontal, différents objets (lampes, lustres, lanternes, poêles, fiches de prise de courant, etc.). Dans un sens comme dans l’autre, des espaces étaient laissés en blanc pour des inscriptions complémentaires. Le bordereau en question concernait plusieurs pièces du Krema III, dont les Leichenkeller 1 et 2. Pour le Leichenkeller 1, censé être la chambre à gaz homicide, on avait noté : douze lampes d’un certain type, deux robinets de prise d’eau, quatorze pommes d’arrosage et (addition portée à la plume) une porte étanche au gaz. Pour le Leichenkeller 2, censé être le vestiaire, on avait noté vingt-deux lampes et cinq robinets.

Pressac tire de la juxtaposition dans une même pièce (partie constituante d’une morgue) de quatorze pommes d’arrosage et d’une porte étanche au gaz la conclusion qu’on se trouve devant une chambre à gaz homicide (!) pourvue de fausses pommes de douche ; ces pommes d’arrosage, ajoute-t-il avec un beau sang-froid, seraient “de bois ou d’autres matériaux et peintes [89]” !

Le raisonnement est déconcertant. Pressac l’amorce expressément dans les termes suivants :

   – Une porte étanche au gaz ne peut être prévue que pour une chambre à gaz [sous-entendu : homicide] ;

   – Pourquoi une chambre à gaz [sous-entendu : homicide] possède-t-elle des douches ?

Ce raisonnement comporte, en plus de ses sous-entendus, une grave erreur. Une porte étanche au gaz peut se trouver, comme je l’ai déjà dit, en n’importe quel point d’un édifice où, comme c’est le cas pour ce crématoire, il fonctionne des fours à haute température, avec risques d’incendie, d’explosion et d’émanations de gaz. Elle peut aussi se trouver dans un abri anti-aérien, dans une chambre à gaz de désinfection, dans une chambre froide, etc. Enfin, le Krematorium III a pu posséder, en tout ou partie de son Leichenkeller 1, une salle de douches ou de lavage (tout crématoire possède une salle de lavage des cadavres). D’ailleurs, en un autre passage, Pressac écrit que Bischoff, responsable de la Construction, demanda, le 15 mai 1943, à la maison Topf & Söhne, spécialiste de la construction des crématoires, de “dessiner les plans pour cent douches utilisant l’eau chauffée par l’incinérateur d’ordures du Krematorium III” [90] ; nous savons qu’il existait au rez-de-chaussée une salle de douches car le plan est assez détaillé pour l’indiquer ; en revanche, le plan du sous-sol n’est pas détaillé et n’indique, pour les Leichenkeller 1 et 2, que leur configuration générale.

Mais Pressac doit être sensible à la faiblesse de son argumentation puisque, son enthousiasme une fois retombé, il écrit, neuf pages plus loin à propos de ce même document :

Ce document est le seul présentement connu qui prouve indirectement [souligné par moi] l’existence d’une CHAMBRE A GAZ HOMICIDE dans le Leichenkeller 1 du Krematorium III [91].

Notons, par conséquent, qu’il s’agit de la seule véritable preuve et que cette preuve est maintenant indirecte, alors qu’auparavant elle était décrétée “fondamentale” et “définitive” [92]. Georges Wellers lui-même, pourtant prêt à se satisfaire des “preuves” les plus frelatées, confessait, dès 1987, son total scepticisme à l’endroit de la valeur démonstrative de ce document révélé l’année précédente par VSD. Il déclarait à Michel Folco :

Bon, et l’histoire des pommes de douche du bordereau, vous savez, ce n’est pas la preuve de quoi que ce soit [93].

Aussi longtemps qu’on refusera de procéder aux fouilles complètes des Kremas II et III ou de publier les explications fournies par les ingénieurs-architectes Dejaco et Ertl au procès de Vienne, en 1972, sur la disposition des lieux, on en sera réduit à des spéculations.

Quatre “dispositifs d’introduction”

Quand Pressac découvre dans un autre bordereau qu’il est question de quatre “dispositifs d’introduction en treillis de fil de fer” et de quatre “obturateurs en bois” pour le Leichenkeller 2, il émet l’hypothèse qu’il y a erreur sur le bordereau et qu’il faut lire Leichenkeller 1 [94]. Son hypothèse n’est pas gratuite ; elle est fondée sur une constatation matérielle : une photo aérienne montrant, apparemment, quatre ouvertures dans le toit du Leichenkeller 1. Mais il a tort de présenter ensuite son hypothèse comme une certitude et de décider que ces obturateurs appartiennent au Leichenkeller 1 [95]. Si ces dispositifs avaient servi à introduire des granulés de Zyklon B jusqu’au sol de la prétendue chambre à gaz, comment aurait-on préservé ces dispositifs des pressions exercées par la foule des victimes et comment le gaz aurait-il pu se répandre dans la pièce ? Je rappelle que, dans les opérations de gazage de désinfection, les granulés étaient non pas entassés ou jetés à la volée mais éparpillés sur des napperons pour que le gaz puisse sans contrainte et sans obstacle monter du sol au plafond ; après l’opération, le personnel, toujours pourvu de masques à gaz avec un filtre particulièrement sévère, venait, après un long temps d’aération, récupérer les dangereux granulés en prenant grand soin de ne pas en laisser sur place. Enfin, Pressac a l’air d’ignorer qu’en 1988, au procès Zündel de Toronto, les révisionnistes ont pu montrer que, si les quatre ouvertures apparentes existent bien dans l’ouvrage de Brugioni et Poirier à la date de la reconnaissance aérienne du 25 août 1944, curieusement elles n’apparaissent plus sur la photographie aérienne “6V2” du 13 septembre 1944 non publiée par Brugioni et Poirier. S’agissait-il de taches ? de retouches ? de décolorations ? Il faut lire là-dessus le témoignage de l’expert Kenneth Wilson [96]. L’imposant tablier de béton qui constitue le toit du Leichenkeller 1 et qu’on peut aujourd’hui inspecter sur sa face extérieure comme sur sa face intérieure ne porte aucune trace de ces mystérieuses ouvertures. Quant aux colonnes de soutènement, elles étaient entièrement de béton et non pas creuses. Enfin, si le bordereau indique que ces “dispositifs” et “obturateurs” appartenaient au Leichenkeller 2, il est malhonnête de les transposer d’autorité au Leichenkeller 1 comme le fait Pressac sur son “plan récapitulatif pour les crématoires II et III” de la page 431.

Vergasungskeller

Pressac reprend à son compte, mais non sans hésitation, l’argument éculé de la présence du mot “Vergasungskeller” dans une lettre de routine que la Direction de la construction d’Auschwitz adresse aux autorités compétentes de Berlin (doc. NO-4473). Cette lettre, datée du 29 janvier 1943, qui n’a rien de confidentiel et qui ne porte pas même le tampon “Secret”, annonce que malgré les difficultés de toutes sortes et, en particulier, malgré le froid on a presque achevé la construction du Krema II (en réalité, ce Krema ne sera opérationnel que deux mois plus tard). On y précise qu’à cause du gel le toit de béton du Leichenkeller– (sans précision de chiffre) n’a pas encore été décoffré mais que cela n’est pas grave, vu que le Vergasungskeller pourra être utilisé comme morgue provisoire [97]. Pour Pressac, l’emploi, dans cette lettre, du mot Vergasungskeller constitue une “énorme gaffe”, révélatrice de l’existence d’une “cave à gazage homicide” qui ne pourrait être que le Leichenkeller 1 [98].

Comme le mot de “Vergasung” est courant dans la langue technique allemande pour désigner soit le phénomène de gazéification [99], soit la carburation d’un moteur, soit le gazage de désinfection (traduit en anglais par fumigation ; voy., ci-dessus, la section “Des termes techniques inoffensifs”), on ne voit pas comment, d’une part à Auschwitz, chez l’auteur de la lettre, et, d’autre part, à Berlin, chez le destinataire de cette lettre, une communication de pensée se serait opérée pour comprendre qu’il s’agissait ici, pour la première et la dernière fois, d’un gazage… homicide ! Si Pressac a raison de dire, en s’appuyant sur un autre document, que le Leichenkeller en question ne peut pas être le Leichenkeller 2, il a tort de déduire qu’en conséquence il ne peut s’agir que du Leichenkeller 1 (qu’il appelle la chambre à gaz homicide). Il n’examine pas sérieusement une autre hypothèse : celle du Leichenkeller 3 avec ses trois pièces.

Si je me place dans le cadre de son hypothèse et si le mot de “Vergasung” est à prendre ici au sens de “gazage”, Pressac doit, avant de conclure précipitamment à un gazage homicide, envisager que le mot puisse désigner un gazage de désinfection et, puisque, toujours pour me placer dans le cadre de son livre, il fait grand cas du témoignage du cordonnier juif Henryk Tauber, je lui rappelle que, d’après ce témoignage, tel que le lit Pressac lui-même, on entreposait dans une des pièces du Leichenkeller 3 les boîtes de Zyklon B. Selon lui, la pièce dont parle H.Tauber serait celle qui, sur les plans que nous possédons, est marquée “Goldarb[eit]” ; peut-être estime-t-il que cette pièce, avant de devenir celle où l’on fondait l’or dentaire [100], servait d’entrepôt aux boîtes de Zyklon (voy. p.483 et plan annoté de la page 485, chiffre 8) mais peut-être s’agissait-il d’une autre pièce du Leichenkeller [101]. Ce qui est sûr, c’est que le matériel de gazage (Vergasung) devait être entreposé, si possible, dans des endroits abrités (de la chaleur et de l’humidité), normalement aérés et fermés à clé ; une cave était recommandée.

Autrement dit, toujours dans le cadre même de ce qu’écrit Pressac, la lettre du 29 janvier 1943 pourrait signifier que le dépositoire ne peut pas encore être utilisé mais qu’en attendant les cadavres peuvent être placés dans l’entrepôt prévu pour le matériel de gazage : dans le Vergasungskeller, c’est-à-dire le “cellier à gazage” (comme on dit Vorratskeller pour le “cellier à provisions”).

En revanche, si on faisait de Vergasungskeller une cave à gazage homicide, si cette cave était le Leichenkeller 1, et si les Allemands envisageaient d’en faire un dépositoire à titre provisoire, où aurait-on gazé les victimes ? Le Leichenkeller 1 n’aurait pas pu être à la fois une chambre à gaz homicide et un dépositoire.

Je note aux pages 503 et 505 que Pressac croit que j’ai donné dans mes écrits trois affectations successives et différentes au Leichenkeller 1. J’aurais successivement vu dans cette pièce une salle de carburation, puis un dépositoire et, enfin, une chambre à gaz de désinfection. Il n’en est rien. En un premier temps, j’ai rappelé l’interprétation d’Arthur R. Butz pour le mot de Vergasung au sens de “gazéification” ou de “carburation” mais ni Butz, ni moi nous n’avons localisé ce Vergasungskeller qui, de toute façon, aurait dû être proche de la salle des fours et non dans une dépendance éloignée des fours. En un second temps, j’ai rappelé à P. Vidal-Naquet que le mot de Leichenkeller signifiait dépositoire ou chambre froide et je précisais : “Une chambre froide, cela se désinfecte [102]“. J’ajoutais qu’une analyse chimique pourrait révéler des traces de cyanure puisque le Zyklon B est un insecticide à base d’acide cyanhydrique. Des pièces appelées à contenir des cadavres, en particulier de typhiques, devaient être désinfectées (je rappelle ici que j’use du mot de désinfection aussi bien pour la désinfection proprement dite que pour la désinsectisation).

On notera que R. Hilberg mentionne ce document NO-4473 et en cite trois extraits en allemand mais qu’il s’abstient de reproduire le mot de Vergasungskeller [103]. Je suppose qu’en bon connaisseur de la langue allemande il voyait que, si les Allemands avaient voulu parler d’une chambre à gaz, ils auraient employé les mots de “Gaskammer” ou de “Gaskeller” (?) et non celui de “Vergasungskeller” qu’à moins de malhonnêteté on ne peut traduire par “chambre à gaz”. D’ailleurs, parvenu à la fin de son livre, Pressac lui-même se résigne à écrire que le document Vergasungskeller “ne constitue pas une preuve absolue de l’existence d’une chambre à gaz homicide dans la cave du Krematorium II de Birkenau” [104].

Quatre portes étanches au gaz

A la page 447, au titre de la vingt-deuxième “trace du crime”, Pressac cite un document qui mentionne, pour le Krema IV, quatre portes étanches au gaz. Pour d’obscures raisons, il décide, cette fois-ci, que ce document ne constitue pas une preuve “concluante” de l’existence d’une chambre à gaz homicide. Cet aveu tend à retirer beaucoup de sa valeur à sa première et fondamentale “trace du crime” où il faisait état de la mention d’une seule porte étanche au gaz sur un bordereau concernant le Krema III comme s’il s’agissait d’une preuve concluante [105].

Une clé pour chambre à gaz

A la page 456, il nous présente comme trente-troisième “trace du crime” un document concernant une “clé pour chambre à gaz”. Il en conçoit quelque embarras. On le comprend. Imagine-t-on l’emplacement d’une clé dans la porte, étanche, d’un local lui-même supposé être étanche ? Il dit que c’est “incompréhensible dans l’état présent de nos connaissances” ; mais alors pourquoi fait-il de ce document une “trace du crime” ? Cette clé pourrait être celle qui fermait le local où étaient entreposées les boîtes de Zyklon B.

Un judas pour chambre à gaz

Toujours à la page 456, il avoue que la trente-quatrième “trace du crime” n’en est pas une, contrairement à ce qu’on croyait. Il s’agit d’une commande concernant “Les garnitures pour une porte avec châssis, étanche, avec judas pour chambre à gaz” (Die Beschläge zu 1 Tür mit Rahmen, luftdicht mit Spion für Gaskammer). En 1980, dans le procès qu’ils m’avaient intenté, la LICRA et tous autres avaient présenté ce document comme la preuve de l’existence de chambres à gaz homicides. Or, Pressac reconnaît qu’il s’agit ici d’une commande concernant une chambre à gaz de désinfection, comme je l’avais d’ailleurs signalé dans ma Réponse à Pierre Vidal-Naquet [106].

Autres fausses découvertes

Ces trente-troisième et trente-quatrième “traces du crime” n’auraient jamais dû figurer dans le tableau récapitulatif des “39 traces du crime”. En effet, l’une nous est présentée comme “incompréhensible dans l’état présent de nos connaissances” et l’autre prouve, ainsi que le reconnaît Pressac, l’existence d’une chambre à gaz de désinfection et non pas d’une chambre à gaz homicide.

L’histoire des dix détecteurs de gaz, telle qu’on nous la mentionne à la page 432, s’était déjà détruite elle-même à la page 371 où Pressac ne nous cachait pas que la firme Topf & Söhne, fabriquant des fours crématoires, fournissait normalement des détecteurs de CO et de CO2 ; pourquoi essayer de nous faire croire qu’une firme de ce genre, recevant une commande de “détecteurs de gaz”, aurait compris par transmission de pensée qu’il s’agissait, cette fois-ci, de fournir des détecteurs de HCN (et non de CO et de CO2) et… qu’elle aurait été en mesure de fournir un matériel qu’elle ne fabriquait pas ?

Aux pages 223 et 432, Pressac découvre qu’à en croire un document du 6 mars 1943 le Leichenkeller 1 des Krema II et III devait être “préchauffé”. Il triomphe. Comment irait-on préchauffer une morgue ? Et de laisser entendre que ce qu’on voulait préchauffer c’était… une chambre à gaz homicide. Mais, dix-neuf jours plus tard, soit le 25 mars 1943, les autorités apprennent que ce préchauffage ne sera pas possible [107].

A la page 302, Pressac régalait son lecteur d’une histoire de déplacement d’escalier qu’il renonce, vers la fin de son livre, à faire figurer dans les “39 traces du crime”.

 Il aurait fallu méditer la leçon du procès Dejaco-Ertl (1972)

J’ai eu l’occasion de dire que le vrai “procès d’Auschwitz” n’avait pas été celui de Francfort (1963-1965) contre certains “gardiens d’Auschwitz” mais le procès à Vienne (Autriche), en 1972, de deux responsables de la construction des crématoires d’Auschwitz et surtout de Birkenau, Walter Dejaco et Fritz Ertl, ingénieurs-architectes. Tous deux furent acquittés.

Si la moindre des pièces présentées ici par Pressac et, ainsi qu’il l’admet, déjà connues à l’époque avait pu démontrer l’existence de chambres à gaz homicides, on aurait mené grand bruit autour de ce procès et les deux hommes auraient été lourdement condamnés. Le procès, long et méticuleux, d’abord annoncé avec fracas, surtout par Simon Wiesenthal, apporta la preuve – Pressac en convient – que l’expert désigné par l’accusation ne put mettre en difficultés les deux accusés ; ledit expert “virtuellement admit sa défaite” [108] (p. 303). En juillet 1978, je rendis visite à Fritz Ertl (Dejaco était mort en janvier). J’espérais obtenir de lui quelques éclaircissements sur les plans des crématoires que j’avais découverts au musée d’Auschwitz. Je rencontrais un vieillard affolé à la perspective de voir ses ennuis recommencer. Il refusa obstinément de me livrer le moindre renseignement mais il me dit tout de même qu’il n’avait, pour sa part, jamais vu de chambres à gaz homicides à Auschwitz ni à Birkenau.

Je ne cache pas que je serais heureux d’avoir communication des pièces de l’instruction du procès et des sténogrammes des débats du procès Dejaco-Ertl. Je suis convaincu qu’on y découvrirait une réponse circonstanciée sur l’architecture des crématoires de Birkenau, sur la disposition des lieux, sur leur destination et, enfin, sur les transformations éventuelles de ces lieux. On oublie vraiment trop ce procès Dejaco/Ertl, dont l’instruction commença en 1968 à Reutte (Tyrol) et qui provoqua, pour la première fois, une mobilisation générale pour essayer de prouver l’existence de chambres à gaz homicides à Auschwitz. Pour la première fois, en effet, l’Union soviétique se mit vraiment de la partie et fournit de précieux documents. On vit même s’établir une sorte de ligne directe entre Moscou et Vienne par l’intermédiaire de Varsovie (Commission des crimes de guerre hitlériens) et d’Oswiecim (archives du musée d’Auschwitz) [109]. Les responsables de la communauté juive mondiale, alertés par Simon Wiesenthal, ne ménagèrent pas leurs efforts. Les deux malheureux ingénieurs-architectes virent ainsi se liguer contre eux des forces immenses. Ajoutons à cela que, comme ils ignoraient tout des impossibilités physiques et chimiques d’un gazage homicide dans les locaux qu’ils avaient construits, ils plaidèrent qu’ils avaient édifié des bâtiments parfaitement normaux mais qu’après tout peut-être certains Allemands en avaient fait un usage criminel. Dejaco alla jusqu’à dire : “Et puis, de toute grande pièce on peut faire une chambre à gaz. De cette salle d’audience aussi bien” [110]. Dejaco se trompait lourdement puisqu’une chambre à gaz homicide ne peut être qu’un petit local exigeant une technologie très compliquée et une machinerie spécifique, mais personne ne releva l’erreur. C’est durant ce procès (18 janvier-10 mars 1972) que le seul “témoin” juif des gazages, le trop fameux Szlamy Dragon, “s’évanouit” à la barre et ne revint plus témoigner [111]. Pressac dit qu’il se révéla d’une “totale confusion” [112].

Il aurait fallu visiter le Leichenkeller de Sachsenhausen

Pour avoir une idée des Leichenkeller de Birkenau, Pressac aurait dû visiter le Leichenkeller du camp de concentration de Sachsenhausen, qui est intact, et qui, transformé et remis à neuf en 1940-1941, constitue une sorte de modèle typique de ce genre d’édifice : au niveau du sol se trouvent salle de dissection, bureau médical, etc., et, au sous-sol, trois pièces dont la superficie totale est d’environ 230 m2. On peut y entreposer deux cents cadavres. Chaque pièce a sa destination. L’une est prévue pour quatre-vingts cadavres à déshabiller et à mettre en bière ; l’autre est pour cent cadavres mis en bière ; la troisième est pour vingt cadavres infectés. On ne prétend pas qu’il y ait eu là de chambre à gaz homicide. Pressac pourrait vérifier sur place qu’un Leichenkeller, qui doit être frais, possède aussi des sources de chaleur, un appareillage chargé de fournir de l’air humide, un système particulier d’isolation pour les cadavres infectés (pas de raccordement direct au système des égouts), un plan incliné (Rutsche) tout à fait comparable à celui des Kremas II et III de Birkenau avec, de part et d’autre, des marches pour le personnel qui descend ou remonte le chariot transportant les corps. Enfin, il se confirme à Sachsenhausen que le mot même de Leichenkeller est générique et s’applique à tout un corps de bâtiment avec rez-de-chaussée et cave. Ce point de vocabulaire à lui seul doit nous rendre prudents sur le compte de tout bordereau, de toute feuille de travail, de toute pièce comptable qui, concernant en apparence une pièce située en sous-sol, concerne peut-être en fait une pièce située au rez-de-chaussée. Par exemple, à Sachsenhausen, la lumineuse salle de dissection ou la salle de consultation du médecin, toutes deux situées au rez-de-chaussée, sont censées appartenir à un Leichenkeller (morgue enterrée).

Il aurait fallu travailler aux archives de Coblence

Aux archives fédérales de Coblence, Pressac aurait pu découvrir, comme cela a été mon cas, l’extraordinaire ensemble de documents NS-3/377, relatif à la modernisation, en 1940, du Leichenkeller de Sachsenhausen. Les trois plans, pour les fondations, pour le sous-sol et pour le rez-de-chaussée sont dignes d’une réalisation artistique. S’y ajoute un ensemble de quatre-vingt-dix pages détaillant la fourniture des matériaux et le calcul des frais ; Pressac y trouverait peut-être l’explication de mots auxquels il donne abusivement un sens sinistre quand il les trouve dans les registres des ateliers d’Auschwitz. Soit dit en passant, je possède aussi des extraits des registres des ateliers d’Auschwitz, soigneusement prélevés par l’accusation polonaise : on y constate que les Allemands et, sous leurs ordres, les internés notaient scrupuleusement les moindres commandes et travaux ; il y est souvent question de chambres à gaz de désinfection.

Il aurait fallu visiter un Leichenkeller de Berlin

Pressac qui, dans son livre, parle plus des crématoires et de leurs fours que des chambres à gaz, devrait peut-être visiter le crématoire Ruheleben à Berlin-Charlottenburg pour voir ce qu’est aujourd’hui un Leichenkeller pouvant recevoir cinq cents cadavres à la fois [113].

Il aurait fallu réfléchir à l’exemple de Stutthof-Danzig

Vers la fin de son livre [114], il consacre un développement au petit bâtiment de briques qui, au camp de Stutthof-Danzig (à ne pas confondre avec le camp du Struthof-Natzweiler, en Alsace), est parfois présenté dans la littérature de l'”Holocauste” comme une chambre à gaz homicide alors qu’il s’agit manifestement, avec son fourneau à l’extérieur, d’une chambre à gaz de désinfection. Pressac tient des propos incohérents. Il commence par dire, avec raison, que, vu la présence de ce fourneau, il s’agit d’une chambre à gaz pour l’épouillage des vêtements des prisonniers [115]. Puis, soudain, sans aucune preuve à l’appui, il affirme que, du 22 juin 1944 (on admirera la précision) au début de novembre 1944, le bâtiment a servi de chambre à gaz homicide pour l’exécution de groupes de cent personnes. Enfin, à la page suivante, se ravisant, il conclut qu’on n’a jamais fait d’expertise scientifique de l’arme du crime, d’où il conclut judicieusement :

ce qui signifie que nous ne savons pas comment la chambre a fonctionné en tant qu’installation d’épouillage et nous sommes incapables de fournir une preuve matérielle de son usage criminel [116].

On fera remarquer à Pressac qu’il n’avait donc pas le droit de porter quelques lignes plus haut l’accusation de gazage homicide. De plus, CE QUI VAUT POUR CE CAMP PROCHE DE DANTZIG EST AUSSI VALABLE POUR LE CAMP D’AUSCHWITZ ET IL EST INADMISSIBLE, LÀ COMME AILLEURS, D’ACCUSER LES ALLEMANDS D’AVOIR UTILISÉ UNE ARME ABOMINABLE SANS QU’ON AIT MEME EXPERTISÉ CETTE ARME.

Aucune expertise de l’arme du crime 
Aucune vraie fouille

Jusqu’en 1988, on n’avait jamais expertisé les chambres à gaz d’Auschwitz et de Birkenau.

Il fallut attendre avril 1988 pour que l’Américain Fred Leuchter, spécialiste des chambres à gaz d’exécution dans les pénitenciers américains, rendît public un rapport de cent quatre-vingt-treize pages sur “les présumées chambres à gaz d’exécution d’Auschwitz, de Birkenau et de Majdanek”. Ernst Zündel, un Allemand établi à Toronto (Canada), avait chargé Fred Leuchter d’examiner ces chambres à gaz et d’y prélever des échantillons. Le résultat allait être spectaculaire : il n’y avait jamais eu de chambres à gaz homicides dans ces camps. Seul l’échantillon prélevé dans une chambre à gaz de Birkenau officiellement reconnue par les autorités du camp comme ayant servi à la désinfection par Zyklon B comportait des traces importantes, et même considérables, de cyanure ; d’ailleurs, cette chambre possédait les taches bleues révélatrices de l’usage du gaz cyanhydrique ou prussique.

P. Vidal-Naquet osait affirmer en 1980 qu’une expertise avait été “réalisée en juin 1945 sur les orifices de ventilation de la chambre à gaz de Birkenau [Krema II], sur vingt-cinq kilos de cheveux de femmes et sur les objets métalliques trouvés dans ces cheveux [117]“. Je lui répliquais :

Je connais ces expertises commandées par le juge d’instruction Jan Sehn et menées par le laboratoire situé rue Copernic à Cracovie. Ce ne sont justement pas des expertises établissant que tel bâtiment était une chambre à gaz homicide [118].

Je passe ici sur les explications que je donnais de la présence possible de trace de gaz cyanhydrique dans les orifices de ventilation, dans les cheveux ou dans d’autres objets. S. Klarsfeld connaissait cette expertise mais en savait aussi les limites puisque, dans son interview de 1986 [119], il admettait qu’on n’avait toujours pas publié à cette date de vraie preuve ; or, une expertise aurait constitué une vraie preuve. Pressac mentionne l’expertise de 1945 et il est bien loin de partager les vues de P. Vidal-Naquet puisqu’il fait remarquer que, s’il y a eu analyse des produits de grattage de certains objets métalliques présentés comme plaques galvanisées provenant du Leichenkeller 1 du Krema II, cette analyse, révélant une présence de composés de cyanure, est seulement qualitative [120], alors qu’elle aurait dû être impérativement qualitative et quantitative.

Pressac nous apprend que l’association allemande de “réconciliation avec les juifs” et de “repentance”, Sühnezeichen, avait commencé en 1968 des fouilles dans les ruines de la “chambre à gaz” du Krema II ; je serais curieux de savoir pourquoi ces fouilles ont été presque aussitôt interrompues. En 1987, le journaliste français Michel Folco m’avait fait une révélation. Lors d’un voyage organisé pour Auschwitz en commun avec Pressac, ils avaient tous deux eu un entretien avec Tadeusz Iwaszko, responsable des archives du musée d’Auschwitz, dont j’avais personnellement fait la connaissance en 1976. M. Folco avait demandé pourquoi les Polonais ne se décidaient toujours pas à entreprendre des fouilles et une expertise qui permettraient, par leurs résultats, de faire taire les révisionnistes. T. Iwaszko avait répondu que, si l’on ne trouvait pas de preuves du crime, les juifs accuseraient les Polonais d’avoir supprimé ces preuves. Pressac écrit qu’en 1980 T. Iwaszko lui avait déjà répondu que des fouilles seraient sans valeur parce que, de toute façon, quels que fussent les résultats, on accuserait les Polonais d’avoir “arrangé” les lieux [121].

Voilà bien où le bât blesse les accusateurs : ils redoutent le résultat de fouilles et d’analyses. Les révisionnistes, eux, ont couru le risque de faire entreprendre de telles recherches et ils en ont été récompensés par le rapport Leuchter, qui prouve qu’il n’y a jamais eu de chambres à gaz homicides à Auschwitz, à Birkenau et à Majdanek [122].

Les leçons d’un terrain de football et d’une piscine

En 1983, S. Klarsfeld et Pressac avaient publié une version française de L’Album d’Auschwitz (éd. du Seuil). Pressac avait dessiné un faux plan de Birkenau (p. 43) où il dissimulait, en particulier, l’environnement des grands crématoires de Birkenau. En particulier, il cachait à ses lecteurs que, tout contre le Krema III, se trouvait un stade (Sportplatz) qui servait de terrain de football aux détenus, puis que, tout contre ce stade, s’étendait un grand secteur hospitalier. Ces simples spécifications topographiques (sur lesquelles Pressac est plutôt discret dans son gros livre) rendent ridicule la thèse selon laquelle les crématoires auraient été le haut lieu d’une formidable extermination au milieu des cris, des feux, des flammes et des odeurs de chair brûlée. Imagine-t-on des équipes de joueurs de football et des foules de spectateurs des différents matches à deux pas de ces horreurs ?

Pressac commet une imprudence quand il met les révisionnistes au défi de prouver que, dans le camp central, la piscine était utilisée par les internés. Pour lui répondre, je donnerai la parole à un ancien interné d’Auschwitz, professeur à la faculté de médecine de Strasbourg, qui, tout en accordant sa caution – de façon plutôt vague – aux gazages homicides d’Auschwitz, n’en écrivait pas moins ceci au sujet des distractions laissées aux détenus :

Le dimanche après-midi, il y avait des séances de football, de basket-ball, de water-polo [souligné par RF] sous les acclamations bruyantes des spectateurs : il faut extrêmement peu de chose à l’homme pour le distraire des dangers les plus immédiats ! L’administration SS avait permis des distractions régulières pour les détenus, même les jours de semaine. Un cinéma projetait des actualités nazies et des films sentimentaux et un cabaret fort prisé donnait des représentations fréquentées souvent par les autorités SS. Enfin il existait un orchestre très honorable, composé au début uniquement de musiciens polonais et remplacé ultérieurement par une nouvelle équipe de haute classe composée de musiciens de toutes nationalités, en majorité juifs [123].

Je pourrais accumuler les exemples d’activités de ce genre ; je m’en abstiendrai parce que, là où l’on concentre des êtres humains, la vie devient insupportable en dépit de tout ; la promiscuité, les épidémies, la lutte pour la vie et pour les avantages individuels rendent cette existence affreuse, surtout en temps de guerre. Mais il ne faut pas ajouter de fausses horreurs aux horreurs vraies et les camps dirigés par les Soviétiques, y compris les camps qu’ils ont “libérés” en Allemagne avant de les remplir de leurs adversaires politiques, au premier rang desquels figuraient les nationaux-socialistes, ont été plus horribles encore aux dires de ceux qui, telle Marguerite Buber-Neumann, ont fait la double expérience.

Pressac donne pour titre à l’un de ses chapitres “Auschwitz selon les révisionnistes. Exposition photographique du fameux camp de vacances, KL Auschwitz” [124]. Cette ironie et cette insinuation calomnieuse cachent la gêne qu’il éprouve à reproduire des photographies qui ne cadrent pas du tout avec la galerie d’horreurs en tous genres qu’aurait contenues ce camp. Encore cherche-t-il à jeter la suspicion sur certaines de ces photographies en précisant qu’elles sont de “source révisionniste”. Il ignore manifestement que beaucoup d’entre celles-ci proviennent de l’album de l’ingénieur Dürrfeld qui était l’un des hauts responsables des usines d’Auschwitz : la cote “DUE” (pour DUERRFELD) aurait pu le mettre sur la voie ; le procès Dürrfeld est connu des historiens d’Auschwitz, mais apparemment pas de notre autodidacte.

Apports involontaires au révisionnisme

Au fil du texte, on recueille des informations (sous la forme, assez souvent, de documents photographiques) qui tendent à renforcer la position des révisionnistes.

  • Le récit de l’interné Rablin, employé à la désinfection par Zyklon B, prouve à quel point l’utilisation de ce gaz est dangereuse. Rablin, légèrement atteint par ce terrible gaz, est hospitalisé et il met deux mois à guérir [125]; il est paradoxal que les Allemands aient cherché à guérir d’un empoisonnement par le gaz un homme qu’ils auraient dû, paraît-il, tuer par ce même gaz ;
  • La déposition de l’interné Joseph Odi décrit la procédure d’utilisation du Zyklon B dans les chambres à gaz de désinfection, une procédure au demeurant souvent décrite par les révisionnistes et qui montre les dangers de l’opération. Applicable à des vêtements, elle serait inapplicable à des êtres humains. Mais, surtout, le témoin raconte que les caisses contenant les boîtes de Zyklon B étaient entreposées au Theatergebäude (bâtiment du théâtre) et que le transport de cet endroit vers les chambres à gaz en question se faisait en présence d’un véhicule du service de santé. Les révisionnistes savaient tout cela mais il est intéressant de voir rappeler dans le livre de Pressac deux points qui devraient contribuer à décharger à la fois les Carmélites d’Auschwitz et la “Croix-Rouge” des accusations dont on les accable trop souvent. Aux Carmélites, on reproche d’occuper aujourd’hui un endroit où les Allemands auraient entreposé du gaz employé à tuer des êtres humains ; en réalité, ce gaz servait à tuer les poux et donc à protéger la santé des hommes. La voiture de la “Croix-Rouge” était là pour parer aux accidents toujours possibles avec le Zyklon B : elle ne participait pas à un meurtre ; elle aussi, elle veillait à la santé des hommes [126] (il est remarquable que J. Odi soit précis quand il parle des chambres à gaz de désinfection et tout à fait vague au sujet des chambres à gaz homicides ; d’ailleurs, il croit qu’on gazait les hommes dans des chambres à gaz de désinfection !) ;
  • La belle photographie montrant un impressionnant combiné de huit chambres à gaz de désinfection dans la partie de Birkenau appelée traditionnellement “le camp des Tziganes” (Entwesungsanlagezigeunerlager) contredit la thèse de la volonté chez les Allemands d’exterminer les Tziganes [127].
  • Une étonnante photographie prise au Zentral Sauna montre un groupe de prisonniers nus, et bien portants, passant, leurs chaussures à la main, d’une vaste salle de douches (cinquante pommes de douches) à la salle de séchage du côté “propre” de la désinfection (Trockenraum, reine Seite) : scène impensable dans un “camp d’extermination” [128] ;
  • Une photographie montre des détenus en tenue rayée employés à la désinfection des vêtements devant une batterie de trois autoclaves ; ici la désinfection se fait à la vapeur ; ailleurs, elle peut se faire à l’air chaud, au Zyklon B, à d’autres gaz encore ; la véritable préoccupation des Allemands était d’exterminer par tous les moyens la vermine et non les hommes [129]; on ne dira jamais assez leur hantise du typhus ; “il y avait en fait dans le camp à peu près vingt-cinq chambres à gaz [de désinfection] de différentes dimensions fonctionnant au Zyklon B” (p. 550) et une quantité de chambres de désinfection fonctionnant autrement ;
  • Une feuille d’instruction concernant l’emploi des fours crématoires rappelle que chaque soir les scories doivent être retirées ; ces fours, nous dit Pressac, ne pouvaient fonctionner que douze heures sur vingt-quatre et non vingt-quatre heures sur vingt-quatre comme l’affirment les tenants du mythe [130];
  • Pour remplacer le Krema I, les Allemands avaient envisagé la construction d’un “nouveau Krema” qui, à peu de distance de là, aurait été édifié à proximité de l’hôpital SS et de la Kommandantur ; Pressac reconnaît que ce “nouveau Krema” n’avait aucune chambre à gaz homicide ; il dit que, finalement, la construction a été transférée à Birkenau et que le Krema II et le Krema III de Birkenau ne sont que la transposition de ce qui était prévu d’abord à Auschwitz-I ; le plan est resté le même ; en conséquence, les Krema II et III ont été conçus sans chambres à gaz homicides [131];
  • La page 143 est particulièrement intéressante ; Pressac ne voit sur ce plan que d’inoffensifs Leichenkellermais, lorsque ce même plan sert à la construction des Krema de Birkenau, voici que ces Leichenkellersont par lui arbitrairement qualifiés soit de “vestiaires” pour les victimes, soit de “chambres à gaz homicides” ; en réalité, l’existence de ce plan prouve que, dans l’esprit des Allemands et, en particulier, de Walter Dejaco, les Krema II et III de Birkenau, simples transpositions d’un nouveau Krema prévu au camp central d’Auschwitz près de la Kommandantur et de l’hôpital SS, ne pouvaient avoir aucune destination homicide (ce point est confirmé à la page 200 où on lit que les Krema II et III ont été “conçus sans chambres à gaz homicides”) ;
  • Une surprenante photographie, datant probablement de mai 1945, prouve que le toit du Krema I a servi de piste de danse, décorée d’une étoile rouge avec la faucille et le marteau ainsi que de drapeaux soviétiques et polonais ; les gens, dit Pressac, ont dansé sur le toit de la “chambre à gaz” ; je suggère que si, à cette époque, on avait ajouté foi au mythe des gazages, on ne se serait pas permis une telle profanation ; le mythe des chambres à gaz, quelques mois après la libération d’Auschwitz, n’avait pas encore vraiment pris la forme que nous lui connaissons aujourd’hui [132];
  • Pressac reproduit toute une série de documents provenant des archives de Weimar et concernant l’ingénieur Kurt Prüfer, responsable de la conception et de la construction des fours “Topf et fils” ; Prüfer a été arrêté, emprisonné, interrogé après la guerre ; rien, ni dans ses papiers, ni dans ses interrogatoires ne fournit la moindre preuve de l’existence de chambres à gaz homicides dans les crématoires [133]; or, si les documents dont fait état Pressac étaient comme autant d’indices du crime, Kurt Prüfer et d’autres membres du personnel de la firme auraient été facilement confondus ;
  • Le 12 août 1942, le commandant Höss fait diffuser à quarante exemplaires un Sonderbefehl (ordre spécial) rédigé en ces termes :

Aujourd’hui s’est produit un accident de santé accompagné de légères manifestations d’empoisonnement par acide cyan hydrique, qui conduit à rappeler à tout participant aux gazages (Vergasungen) ainsi qu’à tout autre membre de la SS que, particulièrement à l’ouverture des locaux pleins de gaz, les membres de la SS doivent, au moins pendant 5 heures, se tenir à 15 mètres de la chambre [à gaz]. Faire alors spécialement attention à la direction du vent. Le gaz utilisé à présent contient moins de composant odorant et il est donc particulièrement dangereux. Le médecin de la garnison SS décline toute responsabilité pour les accidents qui surviendraient là où des membres de la SS n’observeraient pas ces directives [134].

Le mot employé pour désigner les gazages de désinfection est Vergasungen. Cette directive confirme ce que les révisionnistes n’ont cessé de dire sur le danger d’utilisation du Zyklon B. Si, à Auschwitz, on s’était livré à d’incessantes et massives opérations de gazage, surtout dans les conditions où on nous le raconte, les accidents touchant le personnel SS auraient été innombrables. Ni le commandant du camp, ni le médecin chef responsable de la garnison, ni les autres médecins, ni les SS n’auraient toléré pareils accidents [135] ; et, s’il fallait à tout prix se placer au point de vue de la légende, les “gazages homicides” n’auraient pu se dérouler normalement puisque le personnel juif n’aurait pu accomplir la tâche d’entrer dans un local cyanuré pour en retirer des milliers de cadavres cyanurés et, faute de personnel pour la mener à bien, la criminelle entreprise serait immédiatement tombée en panne [136].

  • Un télex du 18 décembre 1942 montre que, pendant le mois de décembre, le travail, aussi bien des détenus que des travailleurs civils libres, a dû être interrompu à plusieurs reprises pour procéder à des mesures d’épouillage et de désinsectisation (Entlausung und Entwesung). Il a fallu isoler le camp. Les travailleurs civils n’ont pu quitter le camp depuis six mois. Il faudra prévoir une période de vacances du 23 décembre 1942 au 4 janvier 1943 [137].
  • Dans les archives du Mémorial Yad Vashem, à Jérusalem, se trouve un album de 397 photos prises par les Allemands eux-mêmes pendant la guerre et montrant les constructions d’Auschwitz, y compris celle des crématoires. Cette information est la plus importante du livre de Pressac. Il est inadmissible que cet album ait été si longtemps tenu caché et que la publication des photographies se fasse au compte-gouttes comme cela avait été le cas pour celles de L’Album d’Auschwitz. Cette fois-ci, il s’agit du Bauleitung Album (album de la Direction de la construction). Ces photographies nous confirment qu’Auschwitz était un camp de prisonniers ou d’internés sans rien d’extraordinaire. Pressac reconnaît que tous les détenus qu’on aperçoit au travail paraissent dans un état de santé comparable à celui des ouvriers civils [138]. Nous dissimulerait-il des photographies de cet album qui permettraient de préciser ou de rectifier ce que nous croyons savoir de chaque pièce des grands Krema et des transformations éventuelles apportées à ces pièces ?
  • A propos d’une feuille de présence indiquant la composition d’une équipe travaillant à la construction d’une cheminée du Krema IV ou V, Pressac fait remarquer que “la composition de l’équipe employée est typique avec ses douze civils et vingt prisonniers travaillant à la pose des briques” [139]; il n’y avait donc aucune possibilité de secret de ce côté-là non plus;
  • Un plan prouve que les Allemands projetaient de construire un énorme secteur hospitalier dans toute la partie connue, à Birkenau, sous le nom de “Mexiko”. Pressac dit qu’il s’agit là d’ “une véritable aubaine pour les révisionnistes”. Il reconnaît qu’ “il y a INCOMPATIBILITÉ [il écrit le mot en capitales] dans la création d’un camp sanitaire à quelques centaines de mètres de quatre crématoires où, selon l’histoire officielle, on exterminait des gens à grande échelle [140]“. Et son commentaire se poursuit dans le même sens. On attend sa parade. Elle ne vient pas. L’embarras de Pressac est manifeste. Tout juste pense-t-il peut-être se tirer de ce mauvais pas en disant qu’il ne faudrait pas méconnaître la capacité de “double pensée” dans la hiérarchie SS, qui exécutait aveuglément les ordres même quand ils étaient totalement contradictoires. Je rappelle que, comme je le disais ci-dessus [141], Pressac a passé sous silence l’existence, près des crématoires, d’un vaste secteur hospitalier de dix-sept baraquements [142]; le plus fort est que, dans son gros ouvrage, il persiste à cacher l’existence de ce secteur hospitalier. Un plan-projet du 21 juin 1944 montre que les Allemands envisageaient la construction, à Birkenau, le long de la rampe de chemin de fer, d’un ensemble de six hangars à légumes de 930 m3 chacun : curieuse initiative dans un “camp d’extermination” [143].

La faillite, pour Pressac, de l’histoire traditionnelle

Pressac dresse un constat de faillite : personne avant lui n’a été en mesure de prouver l’existence des chambres à gaz homicides d’Auschwitz et de Birkenau. Il reconnaît que les historiens, les juges, les Soviétiques, les Polonais, les accusateurs des “criminels de guerre” ainsi que les accusateurs des révisionnistes ont accumulé de fausses preuves et des arguments sans valeur (les révisionnistes, eux aussi, d’ailleurs, auraient échoué dans leur entreprise). Il écrit à la fin de son étude (toute la suite étant composée d’annexes) :

Cette étude démontre d’ores et déjà la complète faillite de l’histoire traditionnelle (the complete bankruptcy of the traditional history) (et, de là, aussi des méthodes et des critiques des révisionnistes), une histoire fondée principalement sur des témoignages, assemblés pour les besoins du moment, tronqués pour correspondre à une vérité arbitraire et parsemés de quelques documents allemands de valeur inégale et sans lien les uns avec les autres [144].

Du célèbre ouvrage d’Eugène Aroneanu, Camps de concentration, qui a si longtemps constitué une sorte de bible exterminationniste (Camps de concentration, préface de Jacques Billiet, directeur du Service [français] d’information des crimes de guerre, Office français d’édition, 1946), il dit que c’est “une monstruosité historique”, “un ensemble incohérent qui se contredit lui-même” [145]. Sur les procès d’après-guerre, il écrit que “les tonnes de Zyklon B commandées par les camps se voyaient attribuer, sans aucune vérification, une utilisation homicide”. Et, ainsi que je le mentionnais ci-dessus [146], il ajoute cette remarque propre à bouleverser ses amis exterminationnistes :

De loin, la plus grande partie [du Zyklon B] (plus de 95%) était destinée à la destruction de la vermine (effets et bâtiments), cependant qu’une toute petite quantité seulement (moins de 5%) a été employée à des gazages homicides [147].

Il estime que le procès conduit par les Américains contre Bruno Tesch, l’un des responsables de la société Degesch et donc de la fabrication du Zyklon B, fut une “mascarade” ; on ne se soucia pas de la question technique mais on se contenta du témoignage de ses employés. En 1946, dit Pressac, un simple ragot malveillant pouvait conduire à la pendaison d’un accusé. Ce fut le cas pour B. Tesch (et, ajouterai-je, pour son associé K. Weinbacher) [148] ; cf. à ce propos l’article révélateur de William B. Lindsey, “Zyklon B, Auschwitz and the Trial of Dr Bruno Tesch“. [149]

Le film soviétique Chroniques de la libération du camp, 1945 montre une porte étanche au gaz comme appartenant à une chambre à gaz homicide ; vu son emplacement, dit Pressac, il s’agissait d’une porte de chambre à gaz de désinfection [150]. Plus loin, il parle à propos d’un travail de la commission d’enquête soviétique de “coup monté” et de “montage ‘historique’” [151] ; le malheur est que le Tribunal de Nuremberg reconnut à ce travail “valeur de preuve authentique” au nom de l’article 21 de son statut.

A Birkenau, la vaste salle du Zentral Sauna où se déshabillaient les détenus (Auskleideraum) avant la douche possédait une impressionnante quantité de radiateurs (serpentins). Les Polonais ont enlevé ces radiateurs parce que, dit Pressac, ce souci de confort pour les prisonniers se combinait mal, dans l’esprit des visiteurs d’aujourd’hui, avec, à cent mètres de là, les ruines du Krema IV et de ses chambres à gaz [152] ; il aurait pu ajouter que les Polonais avaient procédé de même pour les “cellules d’arrestation” du Bloc 11, que les touristes visitent en grand nombre ; c’est moi qui avais appelé l’attention de Pressac sur cette manie, chez les Polonais, d’enlever le matériel de chauffage soit pour leur propre usage, soit pour donner une idée plus cruelle des conditions dans lesquelles les détenus étaient censés vivre.

Au Tribunal de Nuremberg, on a présenté comme preuve du crime tel document allemand, tout à fait banal, sur les fours crématoires. Pressac voit là un exemple de “la façon stupide selon laquelle les documents du vaincu ont été ‘évalués’ par un tribunal des vainqueurs” [153].

Telle reconstitution par les Polonais après la guerre est “loin d’être une fidèle reproduction” de l’original à cause de ses exagérations et de ses simplifications [154].

Tel fait (ici le fait, selon Pressac, qu’à une époque donnée de 1942 on ait utilisé 2 à 3% du Zyklon B pour tuer et 97% ou 98% pour désinfecter) “infirme totalement” telle interprétation de certains documents par “les historiens traditionnels” [155].

Parfois sans le nommer et parfois en le nommant, Pressac souligne les erreurs ou les tricheries de Georges Wellers. Chez ce dernier, l’argumentation fondée sur le système de ventilation des Leichenkeller est, pour Pressac, contredite par les faits et elle s’effondre totalement [156]. Cette argumentation “totalement erronée” et “tout à fait infondée” a abusé les avocats de la LICRA qui ont plaidé contre moi [157]. Dans la transcription des témoignages, G. Wellers procède à des coupures sans en prévenir le lecteur quand ces témoignages contiennent des invraisemblances [158]. Le plan qu’il a donné d’Auschwitz [159] est d'”une très médiocre qualité en ce qui concerne bien des détails” sans que Pressac se permette d’aller jusqu’à parler de “falsification” [160] ; ce qui laisse songeur, c’est qu’il s’agit du plan qui trônait dans la salle du procès de Francfort et que H. Langbein reproduit dans son livre sur ce procès [161].

Le prétendu camouflage autour des Krema II et III est, pour Pressac, un produit de l’imagination des “historiens traditionnels” [162].

Jan Sehn, le juge d’instruction polonais qui a instruit le procès de R. Höss et de bien d’autres SS, a “retouché” un document allemand en le reproduisant sous la forme d’une copie prétendument conforme à l’original [163] ; néanmoins, Pressac prend soin de ménager ce juge d’instruction à qui nous sommes redevables de cent mensonges sur Auschwitz ; c’est à lui que nous devons le mensonge des “près de soixante mille personnes par vingt-quatre heures” gazées à Birkenau [164] ; c’est également à lui que nous devons les “fosses gigantesques” en plein air (au nombre de 8 ?) où, “en août 1944, on atteignit le chiffre de vingt-quatre mille incinérations par jour” (avec ou sans les crématoires ?) [165] ; or, les photographies aériennes prises par les Alliés le 25 août 1944 ne montrent absolument rien de tel [166].

En 1981 se déroula à Paris le procès que m’avaient intenté la LICRA et bien d’autres organisations. Le principal avocat de la LICRA était Me Bernard Jouanneau. Des pages consacrées à ce procès et à cet avocat il ressort qu’on a invoqué contre moi, selon Pressac lui-même, beaucoup de documents qui, en réalité, ne prouvaient pas du tout l’existence de chambres à gaz homicides. Me Jouanneau a surtout invoqué des témoignages dont pas un, selon Pressac, n’avait de vraie valeur. Quant aux arguments techniques de Me Jouanneau, ils étaient dénués de toute valeur et parfois “désastreux”. Enfin, l’avocat a outrageusement abusé de la théorie selon laquelle les Allemands, pour dissimuler leur crime, usaient de “code” ou de “camouflage” [167].

Les incohérences de Pressac ont des effets divertissants. Il constate la malhonnêteté ou l’incompétence des exterminationnistes mais, en même temps, il veut à tout prix sauver la théorie exterminationniste. Il lui reste pour seule ressource de flatter ses amis pour des qualités censées compenser leurs défauts. Et quand il flatte, il ne flatte pas à demi : il flagorne ; la démonstration de Me Jouanneau reposait sur une foule d’erreurs mais elle était… “superbe” [168].

Manipulation des témoignages

Dans un ouvrage qui se prétend technique, on devrait d’abord décrire les lieux du crime, puis analyser l’arme du crime et les preuves matérielles de ce crime pour, enfin, passer en revue les témoignages. Pressac, qui n’a aucun sens de la méthode, ouvre tous ses chapitres sur… les témoignages. Il y a là un moyen, il faut le dire, de mettre le lecteur dans des conditions propres à obnubiler ses capacités normales de jugement, puisque ces “témoignages” posent comme une vérité de principe l’existence des chambres à gaz homicides.

La qualité des témoignages qu’invoque Pressac est affligeante. Il en convient parfois lui-même mais il cherche souvent à sauver ces témoignages du discrédit, et cela par les expédients les plus alambiqués.

Rudolf Höss est censé avoir écrit J’étais commandant à Auschwitz et Miklos Nyiszli, lui, aurait écrit J’étais médecin à Auschwitz : deux témoignages présentés comme essentiels. Höss a vécu plusieurs années à Auschwitz et Nyiszli y aurait vécu six mois, en tant que détenu. Or, ce qu’écrivent ces deux “témoins”, par exemple sur la ventilation des chambres à gaz homicides, constituerait, selon Pressac, une énorme erreur technique ; ils auraient dit sur ce point le contraire de “la vérité” [169].

Alter Fajnzylberg, Filip Muller et Rudolf Höss affirment des choses “pratiquement impossibles”, ne correspondant pas aux faits, “douteuses”, “erronées”, “contraires à la réalité”, “invraisemblables” [170]. Les “erreurs” commises par Höss “tout au long de son autobiographie” ont une explication que Pressac brandit fièrement et souligne en caractères gras : il était présent, sans voir [171]. Il n’était donc pas un témoin ! Comment pouvait-il être présent et ne pas voir ? Comment peut-on être le commandant d’un “camp d’extermination” et ne pas voir l’instrument d'”extermination” d’un million (?) de personnes au moins ? Comment ce commandant a-t-il pu mettre l’accent sur les dangers du Zyklon en 1942 [172] et décréter en 1946 que ces dangers étaient inexistants ? [173].

Quant au témoignage, si souvent invoqué, du SS Pery Broad, la forme et le ton, nous dit Pressac, en “sonnent faux”. Ses écrits, que nous devons aux Polonais, ne peuvent être sincères. Ils sont “colorés d’un patriotisme polonais passablement trop flagrant”. On ne connaît pas le manuscrit. Tout cela a été “légèrement” retravaillé par les Polonais (les guillemets impliquent ici que le travail n’a pas été léger !). Mais qu’importe, dit Pressac, malgré les divergences entre ces différents témoins, des gazages homicides ont eu lieu dans le Krema I ; c’est un fait établi [174] ; “établi” par qui ? par quoi ? Il ne le précise pas.

Le témoignage de Szlamy Dragon nous vaut le commentaire suivant :

Il y a là une impossibilité physique […]. Je ne pense pas que ce témoin nous trompait intentionnellement, mais il suivait la tendance à exagérer qui semble avoir été de règle à l’époque de la libération et qui a donné naissance au chiffre de 4 millions de victimes pour le camp d’Auschwitz, un chiffre aujourd’hui considéré comme de pure propagande. Il devrait être divisé par quatre pour approcher de la réalité [175].

En 1972, au procès Dejaco et Ertl, ce témoin s’est révélé d’une “totale confusion” [176].

Les témoignages de P. Broad, de R. Höss, du Dr Johann-Paul Kremer et du SS Hölblinger (que Pressac écrit : Höblinger) sur les Bunker font l’objet de réserves qui s’expriment dans les termes suivants : “entièrement imaginaires”, “impossibilité physique”, “impossible de situer la scène” [177].

Le témoignage de Nyiszli serait valable à condition… de diviser les chiffres par quatre, mais pas toujours. Pressac parle à propos de Nyiszli de “son ‘nombre quatre’” ; il dit que ses chiffres sont “inquiétants” [178].

En 1980, on a mené grand bruit autour du livre de Filip Muller, Trois ans dans une chambre à gaz d’Auschwitz. Le livre obtenait de Jean Pierre-Bloch le prix de la LICRA . Filip Muller fut l’un des témoins vedettes du procès d’Auschwitz (1963-1965) et du film Shoah. En réalité, Filip Muller est un mythomane et même Pressac s’en rend compte, qui écrit :

[dans son livre] il a accumulé les erreurs, rendant ainsi son compte rendu douteux sur le plan historique. La meilleure façon de l’aborder est de lire [ce livre] comme un roman fondé sur une histoire vraie [179].

Si des membres du Sonderkommando affirment que, dans une seule bouche de four crématoire on enfournait cinq, sept ou douze corps à la fois, Pressac, lui, suggère qu’il y a là une exagération et qu’on pouvait probablement enfourner seulement trois corps à la fois, et encore bien maigres [180]. Il dit qu’aujourd’hui le touriste, “après une prière silencieuse” (sic !) devant le Krema I, doit bien se rendre compte qu’on est là “devant le fameux coefficient multiplicateur par quatre utilisé par le Dr Miklos Nyiszli” [181].

A Auschwitz, les visiteurs peuvent voir dans l’ancien “Block 4” une maquette prétendant reproduire un Krema en pleine scène de gazage. La reconstitution, il faut le dire, montre involontairement les impossibilités physiques des gazages homicides et, en particulier, l’exiguïté des lieux et les encombrements qui en auraient résulté dès le premier “gazage”. S’ajoute à cela le fait que des documents révélés ultérieurement et surtout les photographies aériennes prises par les Alliés en 1943-1944 et publiées en 1979 soulignent les “erreurs” de cette maquette. Peu importe pour Pressac, qui voit dans cette reconstitution la “puissante évocation d’un gazage massif” (p. 378).

A partir de la page 459, l’auteur essaie de sauver du désastre l’absurde War Refugee Board Report de novembre 1944, aussi appelé Protocoles d’Auschwitz. Les seules critiques qu’il est bien obligé d’en faire discréditent totalement cette œuvre mensongère due en grande partie à Rudolf Vrba, aujourd’hui professeur de pharmacologie dans une université de Vancouver (Canada) [182].

Les dessins d’un certain David Olère ont la faveur de Pressac, qui connaît personnellement l’auteur, mais ces dessins, grotesques en tous points, semblent inspirés principalement par un antinazisme de sex-shop. Pressac les tient pour des “chefs-d’œuvre d’authenticité” [183] mais… il fait des réserves sur leur valeur documentaire et sur la sincérité du témoin [184]. Avec des mines de Père-la-Pudeur, il va jusqu’à s’interdire de reproduire certains dessins [185]. Le même David Olère assure que les SS fabriquaient des saucisses de chair humaine qu’ils appelaient “Kremawurst” : saucisse de Krema [186]. Sa mémoire souffre d’une certaine “détérioration” et il est sujet à ce que Pressac appelle le “Krematorium delirium” [187].

Le témoin préféré de l’auteur est le cordonnier juif Henryk Tauber. Mais ce témoin, lui aussi, a tendance à utiliser “le fameux coefficient multiplicateur par quatre” [188]Il n’a pas vu de gazage mais ou bien on lui en a parlé [189], ou bien il a vu les cadavres de ceux qu’il appelle des gazés [190]. Un jour, par une fenêtre, il a vu un SS verser du Zyklon B dans la chambre à gaz [191]. Si, en tant d’années, il n’a rien vu de plus, c’est que, pendant les opérations de gazage, les SS enfermaient systématiquement les membres du Sonderkommando dans… la cokerie. C’est aussi l’explication d’Alter Fajnzylberg. Les SS voulaient leur cacher l’existence des gazages mais non celle des gazés !

Tauber raconte l’histoire d’un juif du nom de Lejb. Un jour, les Allemands suspendirent Lejb, mains liées dans le dos, à une barre de fer au-dessus des foyers en feu. Pendant une heure. Puis, ils lui délièrent les mains et le jetèrent dans un four froid. On versa de l’essence dans le cendrier qui était en-dessous. On y mit le feu. Les flammes atteignirent le four. Pendant plusieurs minutes. On ouvrit la porte du four. L’homme en émergea et courut, couvert de brûlures. On lui ordonna de faire le tour de la cour au pas de course en criant qu’il était un voleur. Finalement, on le força à grimper au fil de fer barbelé où il fut tué d’un coup de feu !

Tauber parle aussi d’une fosse pleine de graisse humaine. La graisse coulait des cadavres vers un réservoir creusé dans le sol. On puisait la graisse et on la reversait sur les cadavres pour accélérer la combustion. Un jour, les SS jetèrent un homme dans la graisse bouillante, l’en retirèrent encore vivant et l’abattirent d’un coup de feu. Son cadavre fut le lendemain apporté au crématoire et incinéré dans une fosse [192].

Tauber dit qu’on incinérait dans un seul crématoire environ deux mille cinq cents cadavres par jour.

Voici le commentaire de Pressac :

Ce chiffre ne correspond pas à la réalité (et il est à mettre en rapport avec la propagande de l’immédiat après-guerre) […]. Nous trouvons là presque le fameux facteur de multiplication par quatre dont le Dr Miklos Nyiszli a fait un usage si abondant et si lamentable dans son livre que sa crédibilité en a été longtemps contestée. Henryk Tauber est loin d’être le seul témoin pour dire en substance “Je ne sais pas le nombre des morts” ou “Je pense qu’il y en a eu tant” et pour dire ensuite froidement, une ou deux phrases plus loin, que, tout bien considéré, nous arrivons au chiffre (usuel) de 4 millions de victimes au total. J’insisterais sur le fait que ce genre d’imposture [imposed falsehood] doit être excusé à cause du climat politique de la période 1945-1950 [193].

En un seul passage de la page 498, Pressac emploie, pour qualifier des assertions de son témoin préféré, les mots de “douteux”, “incorrect” (deux fois), “pas certain”, “histoire [inventée]”, “pur mythe”. Et si, au terme de son témoignage, H. Tauber est si faible et si vague sur les Krema IV et V, on ne peut le lui reprocher, estime Pressac, qui suppose que ce témoin “a dû être épuisé à la fin de sa déposition [194]“.

Bref, tous ces témoins semblent surtout atteints, comme David Olère, de ce que le pharmacien Pressac désigne par les termes de Krematorium delirium [195].

Pressac ne dispose d’aucun critère pour distinguer l’un de l’autre le vrai et le faux témoin. Ses témoins peuvent accumuler les pires erreurs ou les pires insanités, ils trouveront grâce aux yeux de notre homme pour peu que ce dernier décide d’en faire de vrais témoins.

Un témoin décrit-il méticuleusement la pièce qualifiée de chambre à gaz homicide et lui voit-il trois piliers alors qu’il y en avait quatre, c’est, nous dit Pressac, qu’il n’a pas marché jusqu’au bout de la pièce. Ce même témoin parle-t-il d’une porte d’entrée et d’une porte de sortie, alors qu’il n’y avait qu’une porte d’entrée donnant sur une pièce en cul-de-sac, cette erreur, dit Pressac, peut s’expliquer par la route prise par ce témoin pendant sa visite (!). Le témoin parle-t-il de dix fours alors qu’il y avait cinq fours (à trois moufles), c’est, dit Pressac, que “probablement il n’a pas parcouru toute la longueur de la salle des fours mais qu’il est resté à l’entrée ouest”. Les chiffres de victimes que donne ce témoin sont-ils incroyables, c’est, nous rassure Pressac, qu’il s’agit, ici, d’un “chiffre gonflé” donné par un SS qui servait de guide à ce témoin ou, là, d’un “chiffre de la propagande SS [196]“.

Un témoin dessine-t-il la salle des fours en oubliant de noter la présence de rails, c’est, dit Pressac, que ces rails ne servaient à rien et qu’en conséquence la “mémoire visuelle [de ce témoin] ne les a pas retenus [197]“. Ce même témoin accumule-t-il quatre graves erreurs matérielles, c’est que “les souvenirs visuels d’un survivant se détériorent avec le temps” [198]. Si ce témoin ajoute quoi que ce soit dans son dessin, ce n’est pas grave ; c’était un ajout “pour enjoliver” [199].

Tout au long de son livre, Pressac s’évertue à découvrir des excuses pour les innombrables “erreurs” de ses témoins, que celles-ci portent sur l’emplacement, la couleur, le matériau, la forme, la distance, le nombre de quoi que ce soit.

Mais son explication favorite, c’est que la faute de toutes ces “erreurs” revient aux SS, à “l’habituelle exagération SS” [200] et si, dans leurs confessions recueillies par les Alliés, ces SS avouent des énormités, c’est par “orgueil professionnel [201]” (p. 161).

Grâce à cette méthode, les témoins juifs ou autres de Pressac gagnent à tout coup, de même qu’à tout coup les SS ne peuvent que perdre.

Drôlerie de Pressac à propos de M. Nyiszli

Je voudrais revenir ici sur le cas déjà cité du Dr Miklos Nyiszli. L’un des faux témoignages les plus connus de la littérature concentrationnaire, après celui de Martin Gray (Au nom de tous les miens), est celui du Dr Miklos Nyiszli : Médecin à Auschwitz, Souvenirs d’un médecin déporté, traduit et adapté du hongrois par Tibère Kremer, Julliard, 1961.

Je ne m’attarderai pas aux différentes versions de ce faux, publié dès 1951 par Jean-Paul Sartre dans Les Temps modernes ; le couple J.-P. Sartre-Simone de Beauvoir avait une remarquable vocation de gobeurs pour ce genre d’écrits (voy. Simone de Beauvoir pour le Treblinka de J.-F. Steiner). Paul Rassinier a souvent dénoncé ce faux [202] ainsi que Carlo Mattogno. Ni l’Encyclopaedia Judaica (1971), ni la récente Encyclopaedia of the Holocaust (1990) ne mentionnent Médecin à Auschwitz, qui est depuis longtemps discrédité.

Pourtant, au récent procès du révisionniste français Michel Konen devant le tribunal de Meaux, le banquier Hubert Heilbronn, PDG de la Banque Lazare, poussait l’impudence jusqu’à invoquer un seul témoignage en faveur de l’existence des chambres à gaz d’Auschwitz : celui de M. Nyiszli [203].

Pressac, lui aussi, ressuscite M. Nyiszli. Mais, ce faisant, je crois pouvoir dire qu’il a, dans ses commentaires sur ce témoignage, involontairement écrit deux pages d’une intense drôlerie [204]. Qu’on en juge plutôt.

Le juif Miklos Nyiszli aurait vécu pendant six mois dans un crématoire de Birkenau et aurait servi d’assistant au Dr Josef Mengele dans la salle de dissection. Pressac prélève, dans le livre, le seul chapitre VII où ce témoin est censé décrire une opération de gazage au Krema II. Il affirme d’abord que cette description est “entièrement exacte, SAUF pour certains CHIFFRES qui sont vraiment très ERRONÉS [205]“. Puis, il commente le texte et c’est là qu’on s’aperçoit que, même pour un Pressac, quasiment toutes les données du livre de Nyiszli sont erronées, qu’il s’agisse de chiffres ou de précisions matérielles.

Le témoin déclare que la chambre à gaz était d’une longueur de cinq cents pieds (cent cinquante mètres) ; or, dit Pressac, un plan (découvert par Faurisson et confirmé par l’état des ruines) montre que la longueur de la pièce ainsi désignée ne pouvait dépasser cent pieds (trente mètres). C’est simple, dit Pressac, le témoin a dit la vérité mais il a utilisé le coefficient multiplicateur cinq.

Le témoin déclare que le vestiaire avait une longueur de deux cents yards (environ deux cents mètres) ; or, dit Pressac, tout montre que la pièce ainsi désignée mesurait cinquante yards (environ cinquante mètres). C’est, dit-il, que Nyiszli a utilisé le coefficient multiplicateur quatre.

Comme la moyenne des différents coefficients multiplicateurs est proche de quatre, Pressac, fier de sa découverte, en vient à parler dans son livre, soit à propos de Nyiszli, soit à propos d’autres affirmations ou témoignages, du “fameux coefficient multiplicateur par 4 [206]” ; par conséquent, d’après notre pharmacien, si nous voulons trouver les vrais chiffres, il nous appartient d’utiliser dans notre lecture le coefficient de division par quatre.

Pour ma part, je dirais qu’à ce compte tout faux témoin se tirerait d’affaire. Supposons qu’un “témoin” affirme avoir, pendant six mois (c’est la durée du séjour de Nyiszli sur les lieux), vu quatre hommes qui étaient tous hauts de sept m et tous vieux de deux cents ans, on peut supposer que n’importe qui récusera ce témoin. N’importe qui, sauf Pressac, qui, appliquant la règle du fameux coefficient de division par quatre, prononcerait : ce témoin dit vrai ; il a vu un homme, qui mesurait un mètre soixante-quinze et qui était âgé de cinquante ans.

Mais là ne s’arrête pas la gymnastique pressacoise. J’ai fait la recension de ses commentaires du témoignage Nyiszli dans le court passage consacré au gazage. Voici, d’une part, les coefficients employés, nous dit-il, par Nyiszli et, d’autre part, un échantillon des commentaires de Pressac à propos de tel fait, de telle réalité matérielle ou de tel chiffre rapportés par le même Nyiszli [207] :

– COMMENTAIRES DE PRESSAC SUR LES COEFFICIENTS DE NYISZLI :

    1. Nyiszli, dit Pressac, a divisé par 2.
    2. Nyiszli, dit Pressac, a multiplié par 3 ; par 5 ; par 4 ; par 2,5 ; par 6,7 ; par 4 ; par 4 ; par 2,5 ; par 4 ; par 2 à 3.

– COMMENTAIRES DE PRESSAC SUR LES AFFIRMATIONS DE NYISZLI :

Erroné
Erroné
Erroné
Erroné
Erroné et délibérément trompeur […]. Qui le Dr Nyiszli cherche- t-il à tromper et pourquoi ?
Manque de familiarité avec l’état des lieux [décrits]
Pure et simple histoire [de temps] de guerre
Pure invention
Légende

… (et d’ajouter que, là où le témoin parle de “bois”, il faut lire “ciment” ; là où il parle de “chlore”, il faut entendre “acide cyanhydrique”).

La conclusion est savoureuse. Elle est fièrement intitulée “Le multiplicateur” et Pressac, loin de récuser son témoin pour exagérations et fables, découvre dans l’emploi du multiplicateur quatre (la moyenne des différents chiffres donne 3,8) le signe que le Dr Nyiszli, sans être pour autant scientifique et rigoureux, est manifestement un universitaire qui porte la marque d’une formation intellectuelle des plus sérieuses. Il écrit :

La moyenne des différents multiplicateurs est presque exactement 4 [208]. Si l’on applique cette moyenne au total officiel de quatre millions, nous arrivons à un chiffre beaucoup plus proche de la réalité : un million. Ce calcul n’est aucunement scientifique ou rigoureux mais il montre que le DOCTEUR NYISZLI, un honorable UNIVERSITAIRE, FORMÉ EN ALLEMAGNE , a multiplié les chiffres par QUATRE , quand il a décrit l’intérieur du Krematorium-II et quand il a parlé du nombre des personnes ou des victimes [209].

Bref, Pressac comprend que la “crédibilité” du livre de Nyiszli ait été “longtemps contestée” [210] ; c’était à cause du “fameux facteur de multiplication par quatre dont le Dr Nyiszli a fait un usage si abondant et si lamentable” [211] ; mais Pressac est heureusement survenu ; il a découvert la clé de lecture nécessaire au lecteur de Médecin à Auschwitz et, grâce à cette clé, tout se déchiffre et il n’y a plus lieu de contester la crédibilité d’un honorable universitaire, formé en Allemagne. Pressac a sauvé Nyiszli. Mais le lecteur, lui, quand il verra un chiffre quelconque sous la plume de cet étonnant témoin, ne saura jamais si ce chiffre est à considérer comme exact ou s’il faut le multiplier ou s’il faut le diviser, et par combien au juste.

“Faurisson et sa clique” (p. 12)

Je renonce à compter le nombre de fois où Pressac s’en prend aux révisionnistes en général et à ma personne en particulier. L’Américain Mark Weber écrit :

Pressac ne semble pas être une personne psychologiquement solide. Par exemple, il confesse s’être “presque” tué dans le camp principal d’Auschwitz en octobre 1979 (p. 537). Ses rapports avec le professeur Faurisson et l’éditeur révisionniste français Pierre Guillaume auxquels il consacre plusieurs pages ont changé, passant d’une sorte d’admiration à une animosité personnelle pleine d’aigreur. Il ne mentionne rien dans le comportement de Faurisson à son égard qui justifierait une telle haine viscérale, même compte tenu de l’intensité de son désaccord avec lui sur la thèse de l’Holocauste. La nature affective et même vicieuse de l’hostilité furieuse de Pressac envers Faurisson laisse augurer d’une personnalité anxieuse et instable [212].

Je me dois d’apporter ici une explication. Pressac a une raison précise de m’en vouloir : au début des années 80, j’ai été conduit à le mettre à la porte du domicile de Pierre Guillaume (où il était venu nous voir une fois de plus sans s’annoncer). Ce sont là de ces humiliations qui ne s’oublient pas, surtout chez quelqu’un qui, affligé d’un sentiment d’infériorité, quête l’approbation, recherche les compliments, propose ses services avec insistance et veut se faire prendre au sérieux. Pressac avait fini par me lasser. Son obséquiosité, sa confusion d’esprit, ses peurs paniques, son horreur de la clarté et des positions franches, sa propension à mentir et à tricher rendaient ses visites de plus en plus indésirables. Dans son livre, il ne fait aucune allusion à cet épisode humiliant ; au contraire, il affirme qu’en mars ou avril 1981, il prit l’initiative de “briser complètement avec Faurisson” [213]. C’est tout simplement faux. Il a été mis à la porte, et même, je dois le dire, assez vivement.

J.-C. Pressac était un admirateur d’Hitler, de Degrelle et des militaria. Il possédait chez lui, en bonne place, un buste d’Adolf Hitler et, redoutant notre réaction lors d’une visite à son domicile, il nous en avait prévenus, P. Guillaume et moi-même, non sans quelque appréhension. Il avait rêvé d’écrire un roman montrant la victoire de son héros et le triomphe du national-socialisme [214]. Il avait fait ses études au Prytanée militaire de La Flèche et, si j’en crois Pierre Guillaume, lui-même ancien élève de cet établissement, il avait, en 1959, reçu une réprimande de l’administration à la suite d’un sketch d’inspiration nazie qu’il avait monté lors d’une fête de l’école. Il disait avoir soutenu l’action de Pierre Sidos. L’extrême droite, ou ce qu’on appelle ainsi, possède, à côté de fortes personnalités (c’est le cas d’un Léon Degrelle), des malheureux qui admirent la force parce qu’ils sont faibles. Tel était le fait de J.-C. Pressac qui, de plus, présentait un cas médical qui, je dois le dire, avait ajouté à ma pitié.

P. Guillaume a consacré à J.-C. Pressac quelques pages de son livre Droit et histoire [215]. Je conseille la lecture de ces pages à la fois vivantes et pénétrantes.

Avant de nous rencontrer, Pressac croyait aux chambres à gaz homicides. Je lui montrai ma documentation. Il en fut bouleversé et comprit son erreur. Croyant savoir lire les plans que j’avais découverts dans les archives du Musée d’Auschwitz, il nous offrit ses services. Mi-sérieux, mi-goguenards, nous affections de l’appeler “Schliemann”, du nom de l’inventeur des ruines de Troie. Il avait une spécialité : à chaque rencontre, ses premiers mots étaient : “Je me suis planté”. Il “se plantait” il se trompait de façon chronique. Influençable et angoissé, il changeait perpétuellement d’avis sur les détails et, à chaque fois, prenait le ton le plus péremptoire pour articuler sa thèse du jour. Il avait une autre spécialité : dès qu’une question des plus simples le mettait dans l’embarras (et il vivait dans l’embarras), il répondait : “Oui-Non”. Non pas : “Oui et non” mais, d’un seul souffle : “Oui-Non” et il lui était impossible de clarifier sa réponse, qui lui servait de refuge comme à un enfant pris en faute. Il avait la manie de prétendre, d’une minute à l’autre, qu’il n’avait pas dit ce qu’il venait de dire. Je l’invitais donc à enregistrer nos conversations au magnétophone pour dissiper toute méprise. Avec une peur d’enfant et sans aucune explication, il refusait d’être enregistré.

Mais il ne croyait plus aux chambres à gaz. Il se sentait naître une vocation de révisionniste ; cependant n’est pas révisionniste qui veut. Ma vie et celle de P. Guillaume devenaient de plus en plus difficiles. Pressac s’affolait. L’accumulation des procès et des attaques de toutes sortes, la détérioration progressive de ma santé physique, nos angoisses financières, une atmosphère générale d’hallali (il faut se rappeler ici ce qu’a été le montage de la “rue Copernic”, bien pire que celui du “cimetière de Carpentras”) rendaient notre néophyte de plus en plus fébrile et hésitant. Il m’adjurait de renoncer à une entreprise aussi dangereuse. Pour sa part, il commençait à prendre ses distances. Des “amis juifs” lui avaient fait entendre que, dans le scepticisme, il y avait des limites à ne pas franchir [216]. A lire les plans d’Auschwitz et de Birkenau, que je lui avais fournis en abondance, il voyait bien que les gazages étaient impossibles. Mais, sait-on jamais, commençait-il à dire, peut-être y avait-il eu tout de même, de-ci de-là, quelques menus gazages homicides, discrets, furtifs, improvisés, ce qu’il appelait des “gazouillages”.

Avant son premier départ pour Auschwitz, à la suite de notre rencontre, il m’avait demandé quelle recherche il pour rait y entreprendre pour moi. Je lui avais répondu que j’étais intéressé par la question des crémations : nombre officiellement enregistré de corps incinérés ; qualités (détenus-gardiens-soldats et officiers allemands et membres de leurs familles) ; nombre des employés affectés aux crémations de cadavres et aux incinérations des fours à ordures ; durée des crémations ; emplois du temps, etc.). Je pensais, en effet, que ces nombres, à eux seuls, constitueraient un élément propre à démontrer l’impossibilité des formidables crémations qui auraient été exigées par les gazages de centaines de milliers de victimes en plus des crémations nécessitées par les ravages des épidémies dans le camp.

A son retour d’Auschwitz, Pressac me dit d’un air embarrassé qu’il n’avait pas trouvé le temps de s’occuper de la question qui m’intéressait. Il avait eu trop de travail et puis une jeune Polonaise l’avait beaucoup occupé, ajoutait-il : innocente forfanterie de timide.

Avant son second déplacement à Auschwitz, il me posa la même question et je lui fis la même réponse. Au retour, il me déclara à nouveau qu’il n’avait pas eu le temps d’entreprendre les recherches nécessaires. J’ouvre ici une parenthèse pour dire que, dans son gros livre, Pressac ne répond toujours pas à mes questions [217].

Pressac finit par nous déclarer qu’il ne voulait plus prendre parti entre les révisionnistes et les exterminationnistes. Il affirma qu’il souhaitait avoir des relations dans les deux camps et se contenter d’un travail purement technique. Je l’encourageais dans cette voie et, dans une dédicace dont il rapporte le texte [218] mais dénature le contexte, je l’invitais à chercher, à trouver, à être froid, impartial et matérialiste. Mais c’était trop lui demander. Constatant qu’il ne pouvait s’atteler à un travail méthodique et austère qui lui aurait permis de mettre un peu d’ordre dans ses pensées, je le congédiais. Je l’avais initié à l’étude de la prétendue chambre à gaz du Struthof (Alsace). Par la suite, il allait publier, sous l’égide de S. Klarsfeld, un petit livre en anglais indigent et confus sur le sujet. Je vois que, dans son gros livre, il traite à nouveau du sujet. Mais il se garde bien de dévoiler une découverte que j’avais faite, quasiment en sa présence, quand, ensemble, au Palais de Justice de Paris, avec Pierre Guillaume et Me Eric Delcroix, nous examinions les archives du “procès du Struthof”, archives communiquées, sur la demande de la LICRA , par la direction, à Paris, de la gendarmerie et de la justice militaire. Dans ces archives, j’avais découvert une pièce révélant que le professeur René Fabre, doyen de la faculté de pharmacie de Paris, avait, en décembre 1945, signé une expertise du plus haut intérêt. Ce professeur avait examiné successivement les produits de grattage autour de la cheminée de la prétendue chambre à gaz homicide et, à l’hôpital civil de Strasbourg, les cadavres, bien conservés, des prétendus gazés. Dans les deux cas, il avait conclu négativement : il n’y avait aucune trace de gazage.

En réalité, cette chambre à gaz, à l’étanchéité toute relative, avait surtout servi pour l’entraînement des recrues de l’armée allemande au port du masque à gaz ; dans ce cas, le gaz employé est loin de présenter les mêmes dangers que l’acide cyanhydrique (Zyklon B). Pressac avait été heureux de pouvoir nous en faire la démonstration. Il était allé prendre des photographies d’une séance d’entraînement dans une chambre à gaz de l’armée française, peu éloignée de Paris. Je possède un jeu de ces photographies.

Trois petits secrets de J.-C. Pressac

Une légende, chère à Elie Wiesel, à Filip Muller et à Georges Wellers, veut que les Allemands aient creusé à Birkenau de gigantesques fosses où l’on aurait brûlé des milliers de cadavres à ciel ouvert. J’avais fait observer à Pressac que le camp de Birkenau occupait l’emplacement de vastes marécages au bord d’un affluent de la Vistule et que, malgré les travaux de drainage, la nappe phréatique était forcément restée à peu de distance du niveau du sol [219]. Il était donc difficile d’imaginer le creusement de ces fosses et j’ajoutais que, de toute façon, il devait être compliqué de brûler des cadavres dans des fosses à cause du manque d’oxygène. Pressac, à qui je conseillais toujours la vérification matérielle, avait alors creusé un petit trou dans son jardin et avait essayé d’y incinérer le cadavre d’un lapin. Il n’y était jamais parvenu. Me faisant visiter l’emplacement de sa “fosse d’incinération”, il s’était répandu en plaisanteries sur le mythe des “fosses d’incinération” de Birkenau et l’histoire du lapin était devenue l’une de nos scies.

Les visiteurs du Struthof peuvent voir, d’une part, le camp même de Natzweiler avec le bâtiment du crématoire et, loin du camp, un petit bâtiment contenant la prétendue chambre à gaz homicide. Pressac m’avait fait remarquer que, si on avait décidé de mentir à Natzweiler comme on avait menti à Auschwitz (sic), on aurait pu faire croire à l’existence d’une chambre à gaz homicide dans le bâtiment du crématoire. Pour le prouver, il m’avait fabriqué une sorte de faux plan de ce bâtiment en partant du vrai plan que nous avions découvert dans les archives de la gendarmerie et de la justice militaire. Je possède toujours ce faux plan dessiné et légendé par Pressac. Dans son gros livre, il ne souffle pas mot de ce petit travail.

Je possède aussi de Pressac une étude en deux volumes intitulée par lui Auschwitz, architecture paisible. Elle concerne les Krema IV et V. Elle est d’une confusion extrême et n’a jamais été publiée. Mon exemplaire porte le n° 2. La page des dédicaces est hilarante : Pressac, offrant ses services à tout le monde, se répand en flagorneries à l’adresse aussi bien de certains exterminationnistes que de certains révisionnistes. J’ai ma part de ces compliments trop appuyés pour être honnêtes.

Quelques emprunts et quelques mensonges

Aussi bien dans ses études que dans son gros livre, Pressac m’a outrageusement pillé. Il me doit une grande partie des plans, des documents ou des photographies qu’il a publiés ; l’autre partie est constituée, la plupart du temps, de plans, de documents et de photographies qui sont de même source ou de caractère identique. Seules les photographies du Bauleitung Album, détenu par les Israéliens, constituent un apport original.

La bassesse des attaques que me porte Pressac, ses tricheries et mensonges dans la présentation de certains faits m’obligeraient à rectifier ici beaucoup trop de ses allégations. Je suis décrit comme un lâche qui ne se présente “bien sûr” pas à son procès [220] ; or, il sait qu’à l’époque j’étais gravement malade. Il dit qu’un jour, en 1982, il m’a téléphoné et m’a trouvé comme une “épave” ; il écrit : “J’étais choqué et dégoûté de découvrir que [Faurisson] avait atteint le fond, entraînant avec lui sa famille” [221] ; il est exact qu’en 1981 et 1982, j’ai cru atteindre le fond de la détresse physique, morale et financière et que ma femme et mes enfants ont partagé avec moi cette dé tresse ; je n’ai pas pour autant parlé de mon “martyre” [222] et je ne vois pas ce qu’il y a de “choquant” et de “dégoûtant” à lutter comme je l’ai fait jusqu’au bout de mes forces. Je faisais peur à Pressac. Je lui avais toujours fait peur par mon acharnement à me défendre et par mon refus de baisser la tête.

Il ose écrire :

Confrontés avec de nouvelles preuves [de l’existence de gazages homicides], Faurisson et Guillaume eurent un moment d’indécision et envisagèrent la possibilité de jeter l’éponge et de déclarer officiellement qu’il apparaissait que des gazages homicides avaient eu lieu à Birkenau [223].

Ici, il ment et il sait qu’il ment, du moins en ce qui me concerne. Jamais il ne m’a présenté la moindre preuve de ce qu’il appelait des “gazouillages” et jamais je n’ai, personnellement, envisagé l’éventualité d’une rétractation quelconque [224].

Pressac sait que les procès qu’on m’a intentés et qui m’ont valu des condamnations sans exemple dans l’histoire contemporaine de notre pays n’étaient que des mises en scène, et que les documents avec lesquels on a cherché à m’accabler étaient dénués de valeur. Il le sait et il le dit soit clairement, comme lorsqu’il évoque le rôle de l’avocat de la LICRA, Me Jouanneau, soit implicitement quand il lui arrive d’analyser une “preuve” utilisée contre “Faurisson” lors d’un procès, et qu’il admet que cette “preuve” n’avait aucunement la valeur qu’on lui accordait [225].

Questions esquivées

Pressac a esquivé une vingtaine de questions essentielles, d’ordre technique, posées par les révisionnistes. Je n’en citerai que quelques-unes :

  • Krema I : Comment peut-on expliquer la présence d’une chambre à gaz homicide fonctionnant au Zyklon B (gaz explosible) et ouvrant sur une salle où opéraient six fours fonctionnant parfois à huit cent degrés ? Comment la prétendue chambre à gaz pouvait-elle comporter une fragile porte vitrée sans verrou qui, s’ouvrant vers l’intérieur, aurait buté sur des monceaux de cadavres ? Comment la ventilation quotidienne pouvait-elle se faire à vingt mètres des fenêtres de l’hôpital SS ?
  • Krema II et III : Puisque les fournées de victimes étaient, paraît-il, de deux mille personnes [226], et s’il fallait une heure et demie pour incinérer un cadavre dans chacun des quinze moufles, au bout de ce laps de temps il restait encore 1985 cadavres à incinérer : où les entreposait-on entre-temps ? Comment la ventilation pouvait-elle se faire du bas vers le haut (le Zyklon est moins dense que l’air) quand tout était prévu pour une ventilation en sens contraire ? Où entreposait-on les cadavres de ceux qui, tous les jours, mouraient de mort naturelle ? D’une manière générale, comment concilier l’exiguïté des locaux (le petit ascenseur !) avec l’immensité des massacres à y accomplir ?
  • Krema IV et V : Que venaient faire des poêles à charbon dans les chambres à gaz ?
  • Où pouvaient bien s’agglutiner les foules attendant de pénétrer dans ces crématoires alors que les photographies aériennes des Alliés ne montrent jamais même un embryon de telles foules et quand on voit que les lieux alentour, loin d’avoir été piétinés par ces foules, comportaient des jardins bien dessinés ?
  • Comment aurait-on situé des abattoirs à gaz juste au milieu d’installations diverses qui, par un saisissant contraste, sont : un stade, des bâtiments hospitaliers, des bassins de décantation, des bâtiments de douches et de désinfection ?
  • Où sont les innombrables documents scientifiques, techniques, médicaux, qui prouveraient qu’avant, pendant et après la création et le fonctionnement de ces abattoirs chimiques (qui n’ont pas de précédent dans l’histoire des sciences et des techniques) on aurait préparé, construit, surveillé ces travaux pharaoniques, et cela à une époque et dans des circonstances où, pour l’obtention de la moindre vis, de la moindre brique et du moindre kilo de charbon, il fallait obtenir des autorisations écrites et rendre des comptes précis ?

Omissions délibérées

On se rappelle que la seule question que j’avais posée à Pressac était celle des documents en rapport avec les crémations [227]. Ni lors de son premier séjour à Auschwitz, ni lors de son second séjour, il n’avait, paraît-il, pu trouver le temps d’étudier le sujet. Aujourd’hui que son livre est paru, son silence obstiné sur ce point est frappant.

On notera qu’il se garde bien de dire que de tels documents n’existent pas. Il sait trop bien qu’ils existent. Il préfère omettre d’en parler. Pourquoi dissimule-t-il à son lecteur l’existence d’une foule de documents qui prouvent que toutes les crémations étaient enregistrées [228] ? La méticulosité allemande allait, dans le cas d’une extraction dentaire pratiquée sur un cadavre avant sa crémation, jusqu’à exiger qu’on remplisse un formulaire imprimé, à en-tête de la “station dentaire du camp d’Auschwitz”, avec indication de la date de crémation, de l’identité complète de l’interné, de son numéro d’immatriculation, des numéros des dents (à droite, à gauche, en haut, en bas), etc. [229]. Pourquoi Pressac ne mentionne-t-il pas ce type de document ni un seul des documents que la chancellerie d’Auschwitz exigeait pour toute mort d’homme, avec une vingtaine de signatures pour une mort naturelle et une trentaine de signatures pour une mort non naturelle [230] ? Pourquoi ne mentionne-t-il pas un seul instant les “registres mortuaires” où les Allemands collationnaient, à raison d’une page entière par décès, tous les renseignements afférents à chaque décès ? Les révisionnistes avaient signalé l’existence de deux ou trois exemplaires de ces Totenbücher ou Sterbebücher au musée d’Auschwitz et d’une quarantaine d’exemplaires à Moscou : tous ces exemplaires étant, bien entendu, inaccessibles aux chercheurs indépendants. C’est sous la pression des révisionnistes, notamment lors du procès Zundel de 1988 à Toronto, que la décision fut prise de révéler, en 1989, au grand public l’existence de ces registres. Pressac a joué de malchance. Son livre, où il dissimule l’existence de ces registres, n’était pas plutôt achevé que l’Union soviétique révélait que, pour sa part, elle détenait une bonne partie mais non l’exclusivité de ces précieux documents qui portent un coup fatal à la légende de l’extermination. Pressac, en ne mentionnant pas que, dans les archives du musée d’Auschwitz, où il a eu ses entrées, se trouvaient aussi deux ou trois registres mortuaires, a menti par omission.

Sur la question du coke nécessaire aux crémations et aux incinérations, Pressac est d’une confusion que je trouve suspecte [231]. Il en ressort que la consommation de coke a certainement été dérisoire par rapport à ce qu’il aurait fallu pour les gigantesques crémations dont parle la légende, mais il n’est pas possible, tellement Pressac a tout embrouillé, de s’en faire une idée précise. Il est probable que chaque moufle ne brûlait guère plus qu’une moyenne de six ou sept cadavres par jour, comme les fours à huile de Buchenwald [232], et il est manifeste que le document allemand du 28 juin 1943 indiquant pour Auschwitz une capacité d’incinération de 4756 cadavres par jour (les fours fonctionnant douze heures sur vingt-quatre) est inacceptable. D’ailleurs, Pressac ne s’attarde pas à justifier un chiffre aussi extravagant (340 pour le Krema I, 1440 pour le Krema II, 1440 pour le Krema III, 768 pour le Krema IV et 768 pour le Krema V) et, selon une méthode qui lui est chère, il met ces exagérations sur le compte de la “vantardise” des SS qui, de toute façon, en pareil cas, avaient dû “multiplier les vrais chiffres par un facteur de 2 à 5” [233].

Mais le plus impardonnable mensonge par omission qu’il ait commis est celui qui concerne l’activité quotidienne des crématoires d’Auschwitz et de Birkenau. Le lecteur qui vient de terminer son ouvrage peut croire que les cinq crématoires étaient affectés à la crémation de… gazés. Or, tous les jours, ces crématoires recevaient des cadavres de victimes d’épidémies diverses, de gens morts de mort naturelle, de détenus, de gardiens, de soldats, de civils. Et si, par exemple, le Krema I était à proximité de l’hôpital SS, c’était d’abord pour la crémation des morts de la SS. Le Dr Popiersch, médecin-chef, mourut du typhus et fut incinéré à Auschwitz ; de même pour l’épouse du SS Caesar, responsable des travaux agricoles ; de même pour Alma Rosé, la juive allemande qui dirigeait l’orchestre de femmes du camp de Birkenau et qui eut droit, si l’on en croit Fania Fénelon, à d’extraordinaires funérailles [234]. Jamais Pressac ne nous dit comment cette activité normale des crématoires pouvait, chaque jour, se combiner avec les activités liées aux prétendus gazages : transports jusque dans les chambres froides, entreposages, crémations, recueil des cendres, urnes, expéditions de ces urnes, etc.

Conclusion

En 1982, j’avais rendu compte de l’étude de Pressac sur les Krema IV et V de Birkenau. A ce compte rendu j’avais donné pour titre : “Le mythe des ‘chambres à gaz’ entre en agonie“.

Au présent compte rendu de 1990, je pourrais donner pour titre : La mort du mythe des “chambres à gaz”.

Dans les médias, ce mythe se perpétue tant bien que mal mais, dans le milieu scientifique ou universitaire, il est mort. Notre “pharmacien de banlieue”, comme l’appelle P. Vidal-Naquet s’était présenté en sauveur ; ses potions magiques ont, en 1982, aggravé l’état du malade ; en 1989, soit sept ans plus tard, elles l’ont achevé.

Je connais des révisionnistes qui, devant une thèse si désastreuse pour l’exterminationnisme, se demandent si Pressac ne serait pas l’un des leurs ; s’avançant masqué, il aurait berné le couple Klarsfeld. Je n’en crois rien. Pressac est un néophyte, un autodidacte, un naïf doublé d’un roublard ; sa personnalité est instable ; il est incohérent, tourne à tout vent, raisonne mal et ne sait s’exprimer ni par la parole ni par l’écrit – défaut qui ne serait que fâcheux pour l’exposé d’une thèse cohérente mais qui devient ici, pour une thèse incohérente et hybride, franchement catastrophique. Pressac ne porte aucun masque ; c’est son vrai visage qui nous déconcerte. De son côté, le couple Klarsfeld manque de discernement ; il est même aveugle ; il trouve “normal” que, dans certains cas, on tue ou blesse grièvement ceux qui déplaisent à la communauté juive [235]. L’angoisse de Serge et Beate Klarsfeld devant la montée du révisionnisme – dont ils savent qu’il ne dispose pourtant ni d’argent ni de tribune publique – leur fait perdre jugement et sang-froid. Dans le combat antirévisionniste, tous les moyens leur paraissent bons, tous les concours sont les bienvenus, toutes les opérations médiatiques peuvent servir. Pressac, chassé par R. Faurisson, congédié par G. Wellers, est allé offrir ses services au couple Klarsfeld. Il a été engagé. L’énorme pensum a dû coûter cher. Si, aux amis du couple Klarsfeld, il a coûté cher en argent, il leur coûtera encore plus cher par son résultat, fatal pour les exterminationnistes et providentiel pour les révisionnistes [236].

En 1979, P. Vidal-Naquet et Léon Poliakov avaient déclaré, avec trente-deux autres historiens français, qu’il ne fallait pas se poser de question sur la technique et le fonctionnement des chambres à gaz homicides. Ils précisaient :

Il ne faut pas se demander comment, techniquement, un tel meurtre de masse a été possible. Il a été possible technique ment puisqu’il a eu lieu. Tel est le point de départ obligé de toute enquête historique sur ce sujet. Cette vérité, il nous appartenait de la rappeler simplement : il n’y a pas, il ne peut y avoir de débat sur l’existence des chambres à gaz [237].

Dans ma Réponse à Pierre Vidal-Naquet j’avais parlé du “janotisme” de cette déclaration et j’avais ajouté :

[…] ce texte du Monde était conçu pour parer au plus pressé ; dans le désarroi provoqué par mon article sur “La Rumeur d’Auschwitz” [Le Monde, 29 décembre 1978, p. 8], Vidal-Naquet et Poliakov avaient hâtivement rédigé un manifeste, puis étaient allés le porter à des signataires en leur disant : “Nous disons qu’il ne peut y avoir de débat, mais il est évident que chacun d’entre vous doit se mettre au travail pour répliquer à Faurisson.” C’est ce qu’ingénument nous avoue Vidal-Naquet à la page 196 de [Les Juifs, la mémoire et le présent, Maspero, 1981] quand il écrit : “Bon nombre d’historiens ont signé la déclaration publiée dans Le Monde du 21 février 1979, très peu se sont mis au travail, une des rares exceptions étant F[rançois] Delpech [238].”

A P. Vidal-Naquet, à L. Poliakov et aux survivants de la “déclaration” des trente-quatre historiens il aura donc fallu attendre dix ans pour voir enfin paraître une tentative de réfutation de mon article du Monde sur “La Rumeur d’Auschwitz”. Si mon article avait été bâti sur quelque sottise, sa réfutation n’aurait pas exigé une aussi longue attente, ni, au terme de cette attente, une réponse aussi volumineuse et, comme on vient de le constater, aussi indigente que celle de Pressac.

Pressac a signé un chef-d’œuvre d’inanité. Ses capacités intellectuelles ne permettaient pas d’espérer mieux. Sa tendance à tricher et à manipuler, déjà si remarquable dans sa présentation de L’Album d’Auschwitz, se confirme ici [239].

Mais le pharmacien de la Ville du Bois n’est qu’un pauvre hère. Pierre Vidal-Naquet et le couple Klarsfeld sont d’une autre étoffe.

Voilà des personnages qui ont eu tout loisir de mesurer à quel point leur “pharmacien de banlieue”, comme l’appelle P. Vidal-Naquet, était un cerveau creux. Ils l’ont néanmoins utilisé. Mais pouvaient-ils trouver mieux ? En tout cas, ils ont discrédité leur cause. Les voici maintenant encombrés de cet ouvrage monstrueux, ni fait, ni à faire, totalement inutilisable. Au moindre journaliste qui leur demandera, comme l’a fait R. Bernstein, de lui signaler, en vue d’un article, une seule page et une seule photographie de ce pensum pour répliquer aux révisionnistes, ils seront incapables d’offrir quoi que ce soit.

Je ne vois guère que les révisionnistes pour s’intéresser à Pressac et à son grand œuvre, mais comme le feraient des chercheurs qui se penchent sur un phénomène tératologique. La religion de l'”Holocauste” aura décidément enfanté bien des monstruosités ; l’ouvrage difforme de J.-C. Pressac en est un exemple.

Dans sa conférence dite “de l’éléphant” prononcée en 1982 [240], A. R. Butz mettait les révisionnistes en garde contre un danger : celui de perdre leur temps en des discussions techniques oiseuses qui font que l’arbre nous cache la forêt : tout occupés à traiter, par exemple, du Zyklon B ou des fours crématoires, nous en venons à oublier l’essentiel qui est qu’une extermination aussi gigantesque aurait laissé une surabondance de preuves physiques et documentaires et non d’infimes traces de bricolage domestique. Nos adversaires, ajoutait A. R. Butz, chercheront à nous entraîner dans des discussions cabalistiques parce que, sur le terrain des constatations les plus simples, ils savent qu’ils ont d’ores et déjà perdu la partie. Mais, précisait également Butz, un révisionniste doit néanmoins se montrer capable d’affronter les cabalistes jusque dans leurs vétilles. Quel que soit le terrain choisi, les défenseurs de la thèse de l'”Holocauste” doivent sentir que toutes les voies de sortie leur sont fermées. C’est ainsi qu’aujourd’hui ils se retrouvent dans une totale impasse. Leur unique planche de salut ce livre de Pressac n’est qu’une planche pourrie.

La communauté juive a eu de mauvais bergers. Elle aurait dû, il y a une dizaine d’années, abandonner le dogme de la chambre à gaz d’Auschwitz. En décembre 1978, Le Monde avait, en même temps que mon article sur “La Rumeur d’Auschwitz“, publié des textes qui étaient supposés me donner la réplique. Je pense que des universitaires français, d’origine juive, ont tout de suite perçu qu’un événement grave venait de se produire : en quelques lignes, je venais de rappeler, après d’autres révisionnistes, que le roi était nu et, en face de nous, un groupe d’historiens de cour essayait, mais en vain, de prétendre le contraire. Le 16 janvier 1979, Le Monde publiait mon “droit de réponse”. C’est à cette époque, je pense, que ces universitaires français d’origine juive auraient dû préparer d’urgence une “déclaration d’historiens” reconnaissant qu’il pouvait et qu’il devait y avoir un débat sur l’existence ou la non-existence des chambres à gaz d’Auschwitz.

Le sort allait en décider autrement. Le 21 février 1979 paraissait donc la “déclaration” rédigée par P. Vidal-Naquet et L. Poliakov. Les exterminationnistes signaient là leur perte. Dix ans plus tard, avec ce livre de J.-C. Pressac, ils recueillent le fruit de leur aveuglement. Ils me paraissent avoir été inspirés par une conception trop restreinte de leur intérêt. Il auraient dû voir plus loin et songer à la fois aux obligations de l’historien et aux intérêts, bien compris, de la communauté juive. Au lieu d’accumuler contre les hérétiques les campagnes de presse, les agressions physiques, les recours à la police et à la justice, au lieu de multiplier les colloques-soliloques, au lieu de produire tant de mauvais ouvrages, celui de Pressac étant le pire, il aurait fallu s’ouvrir à la discussion et à la réflexion.

Il aurait fallu travailler.

Les révisionnistes ont travaillé. Il aurait fallu suivre leur exemple [241].

 

***

– Additif 1 –
Pressac devant le rapport Leuchter

A la fin de 1988, Serge Klarsfeld publiait, dans Jour J – La Lettre télégraphique juive, une étude de Pressac sur le rapport Leuchter. Le titre en était : “Les carences et les incohérences du ‘Rapport Leuchter’”.

“Carences” et “incohérences” : Pressac parle d’or ! La seule preuve qu’il ait cru trouver de gazages homicides au Krema I, il la doit… à ce rapport [242] ! Son étude, manifestement hâtive, mêle des considérations sentimentales sur Fred Leuchter à un développement sur les gazages d’Auschwitz, un aperçu sur les fours d’Auschwitz et un dernier développement sur Majdanek. Sur Auschwitz, il répète ce que j’appelle sa théorie des molécules à têtes chercheuses, théorie qui vise à expliquer l’absence, si embarrassante pour Pressac, des tâches de ferrocyanures là où l’on aurait gazé tant d’êtres humains. Sur Majdanek, je ne crois pas exagéré de dire que Pressac ne croit pas à l’existence de chambres à gaz homicides dans ce camp. Il écrit :

   Faute d’une étude technique précise, ces chambres à gaz restent mal connues (p. vii) ;

   L’emploi de [tels locaux] en chambres à gaz homicides à l’HCN paraît difficile et reste aléatoire […] ; la technique semblerait possible, mais une utilisation réelle est aléatoire (p. viii) ;

   [Il y a eu des] modifications […] postérieures à 1945 [et qui donnent une] fausse impression (p. ix) ;

   … une regrettable confusion dans les années 1950-1960, aboutissant à présenter souvent la salle des douches comme une chambre à gaz homicide (le toxique gazeux censé diffuser des pommeaux) (ibid.) [243] ;

   L’emploi homicide de ce local n’est concevable qu’à deux conditions : suppression du vasistas susceptible d’être brisé par les victimes et ajout d’une ventilation mécanique (ibid.) [244] ;

   … la fonction homicide sur laquelle l’auteur [Pressac] ne peut actuellement se prononcer (ibid.) ;

   … la directrice adjointe du Musée a affirmé à l’auteur [Pressac] que cette chambre à gaz avait très peu, mais vraiment très peu servi, ce qui signifie en clair qu’elle n’a pas servi du tout. Cette fiction est maintenue pour ne pas heurter la croyance populaire qui veut que […] (ibid.) ;

etc.

Dans son gros ouvrage, Pressac manifeste le même scepticisme. Il estime qu’on n’a pas encore entrepris d'”étude sérieuse” de ces chambres à gaz [245]. Il glisse à propos d’Auschwitz une réflexion qui implique que Majdanek ne serait peut-être pas vraiment “criminel” [246]. Dénonçant les procédés des “officiels du Musée de Majdanek”, il écrit :

J’ai le regret de dire, et je ne suis pas le seul à l’Ouest, qu’à Majdanek les chambres à gaz homicides et/ou de désinfection en sont à attendre un véritable historien, ce qui est quelque peu gênant vu le fait que le camp est tombé intact aux mains des Russes en 1944 [247].

A la page 557, une photographie montre l’extérieur de l’une des “chambres à gaz de désinfection qu’on pensait être une chambre à gaz homicide”. Le cliché est de Me Jouanneau, avocat de la LICRA, berné, nous dit Pressac, par les autorités du camp (l’avocat avait utilisé cette photographie devant le tribunal de Paris pour prouver que R. Faurisson était un falsificateur niant l’évidence historique).

 

– Additif 2 –
Combien de crémations journalières au Krema II ?

Combien y a-t-il eu, en moyenne, de crémations journalières dans les cinq fours à trois moufles du Krema II ?

A cette question, Pressac devrait donner une réponse et une seule ; or, il en fournit au moins cinq, qui vont de deux cent quatre-vingt-huit par jour à mille cinq cents par jour.

  • Première réponse : 960 ou 288 ou 720 ! Ces trois réponses contradictoires ressortent de la seule page 110 où, parlant d’un document allemand du 28 juin 1943, qui indique mille quatre cent quarante crémations par jour, il dit que ce chiffre “officiel”, même réduit d’un tiers (ce qui ferait neuf cent soixante crémations), est à peine croyable et il ajoute que, les SS aimant à se vanter, il vaut mieux, en général, diviser leurs chiffres par “un facteur de 2 à 5” pour obtenir la vérité en pareille matière. Ainsi obtiendrait-on un minimum de deux cent quatre-vingt-huit crémations et un maximum de sept cent vingt crémations.
  • Deuxième réponse : sept cent cinquante deux ! C’est ce qui ressort de la page 183 où il écrit que ce Krema “fonctionna comme une chambre à gaz homicide et une installation de crémation du 15 mars 1943, avant sa mise en service officielle le 31 mars, jusqu’au 27 novembre 1944, anéantissant un total d’environ quatre cent mille personnes, pour la plupart des femmes, des enfants et des vieillards juifs”. Pressac ne justifie aucune de ces affirmations. On ignore pourquoi il prétend que ce Krema fonctionna de manière homicide avant le 31 mars et on ignore aussi pourquoi la date ultime de fonctionnement est arrêtée au 27 novembre 1944, sinon parce que l’autodidacte Pressac prend sans doute à son compte la légende selon laquelle Himmler aurait ordonné, le 26 novembre 1944, d’arrêter le massacre. Mais, peu importe. Prenons-le au mot. Du 15 mars 1943 au 27 novembre 1944, il s’est écoulé six cent vingt-quatre jours, chiffre qu’il faut ramener à cinq cent trente-deux si l’on tient compte du fait que, pour cause d’une réparation de sa cheminée, ce Krema aurait cessé de fonctionner pendant trois mois, de mai à juillet 1943 [248]. Pendant cinq cent trente-deux jours, il y aurait eu quatre cent mille crémations, soit sept cent cinquante-deux crémations par jour.
  • Troisième réponse : “un ‘débit’ plus proche de mille”. C’est ce que dit l’auteur à la page 470 quand il juge qu’on ne peut retenir le chiffre de deux mille incinérés donné par le témoin Dr Bendel [249].
  • Quatrième réponse : “de mille à mille cinq cents”. C’est ce que dit l’auteur à la page 475 à propos d’une estimation du Dr Nyiszli.
  • Cinquième réponse : presque six cent vingt-cinq. C’est ce qui ressort de la page 494 où l’auteur indique que le nombre des incinérés, d’après le témoin H. Tauber, est de deux mille cinq cents par jour, un chiffre au sujet duquel il écrit : “On trouve presque ici le fameux coefficient de multiplication par quatre [du Dr M. Nyiszli]”.

En résumé, Pressac donne sur ce sujet des réponses totalement divergentes ; ces estimations des crémations journalières du Krema II sont donc, dans l’ordre croissant, les suivantes :

288, 625, 720, 752, 960, 1 000, 1 000 à 1 500.

Ce Krema possédait quinze moufles et les fours, Pressac le reconnaît, ne fonctionnaient que douze heures par jour. Pour chaque moufle, les crémations journalières auraient donc été respectivement de 19, 42, 48, 50, 64, 67, 67 à 100. Ces chiffres, qui varient de dix-neuf à cent par jour, auraient représenté des performances qui dépassent les possibilités de nos plus modernes crématoires. Ils sont encore plus inacceptables si l’on songe que Pressac ne compte que les cadavres des prétendus gazés auxquels il faudrait ajouter la crémation des cadavres de détenus, de gardiens et de soldats qui, tous les jours, mouraient de causes diverses, notamment quand le typhus faisait rage dans le camp.

 

– Additif 3 –
Les tricheries de Pressac dans L’Album d’Auschwitz

En 1983, Pressac et Klarsfeld avaient publié conjointement une édition française de ce qu’on appelle L’Album d’Auschwitz. Il s’agissait d’un ensemble de 189 photographies, du plus haut intérêt, prises en 1944 par un Allemand de la section photographique du camp d’Auschwitz : peut-être Ernst Hoffmann. Personne, ni chez les exterminationnistes ni chez les révisionnistes, n’a contesté l’authenticité et la véracité de ces photographies prises lors des arrivées massives de juifs hongrois en 1944. Ces photographies apportent à la thèse révisionniste une providentielle confirmation et il est choquant qu’il ait fallu attendre le début des années 80 pour en voir publier la totalité. Serge Klarsfeld, embarrassé par de pareilles révélations, n’avait découvert qu’une parade : fabriquer un récit bouleversant sur la prétendue découverte de cet album par une certaine Lili Meier. S. Klarsfeld et J.-C. Pressac allèrent même plus loin pour l’édition en français de cet album. Dans une étude de vingt pages dactylographiées, achevée en décembre 1983 mais non publiée alors, faute d’argent, je décrivais leurs subterfuges. Je montrais que, dans cette édition française, que je comparais aux deux éditions originales publiées aux Etats-Unis, Pressac avait bouleversé l’ordre original des parties de l’album, un ordre qui reflétait une progression logique des événements du camp de Birkenau pour les nouveaux arrivants. A cet ordre original, notre homme avait substitué un ordre donnant à entendre que la plupart des gens allaient mourir dans de mystérieuses chambres à gaz homicides. Il avait aussi changé le nombre des photographies de chaque partie et procédé à des transferts de photographies d’une partie à une autre partie ! Il avait supprimé un groupe de photographies et, pour rétablir le nombre original des groupes, il avait utilisé à deux reprises un même titre original mais avec deux traductions différentes. J’écrivais :

Sans en souffler mot au lecteur, Jean-Claude Pressac a agi comme un pharmacien qui aurait subrepticement changé le contenu des flacons, modifié leur nombre et trafiqué les étiquettes, tout cela non sans commettre deux faux en écriture (p. 7).

Mais la plus spectaculaire des manipulations se situait aux pages 42 et 43 de L’Album. Sous le titre “Les tricheries de L’Album d’Auschwitz”, je diffusais un court texte consacré à cette supercherie. Je ne manquais pas d’en envoyer un exemplaire aux éditions du Seuil. Voici ce qu’avait imaginé ledit pharmacien : pour essayer de nous faire croire que la route prise par certains groupes de déportés (des femmes et des enfants) finissait aux Krema II et III et donc, selon lui, dans des chambres à gaz homicides, il avait produit à la page 42 de L’Album un plan de Birkenau où il avait soigneusement pratiqué une coupure qui empêchait de voir qu’en réalité ces groupes de déportés, passant effectivement entre les deux Krema, poursuivaient leur chemin et se rendaient au grand centre de douches et de désinfection appelé le “Zentral Sauna“. Pris la main dans le sac, Pressac allait, pendant six ans (1983-1989), observer la politique du silence. A ceux qui avaient lu mon texte et qui lui demandaient obstinément des explications, jusqu’au téléphone, il répondait en affectant l’ignorance ; jamais, disait-il, il n’avait eu connaissance de ce texte. Aujourd’hui, avec la publication de son gros ouvrage, il est contraint de s’expliquer. Et il aggrave son cas.

Le plan sur lequel il a fallacieusement coupé la route du Zentral Sauna se trouve reproduit à la page 421 de son gros ouvrage. Aux pages 514 et 515, il tente de s’expliquer. Il commence par dire qu’en 1983 il avait pu facilement répondre à mes critiques “dans un article dont la publication ne fut pas jugée nécessaire”. Il ne nous révèle pas qui a pris cette décision ni pourquoi. Je suggère que la réponse de Pressac fut tout simplement jugée détestable. Si je me permets cette suggestion, c’est que la réponse qu’il consent enfin à nous livrer en 1989 dans son gros ouvrage est affligeante et prouve l’artifice. Pressac répond, en effet, que pour dessiner le plan que je lui reproche, il a pris “pour base” [250] un certain plan, authentique celui-là : le plan 3764 [251]. Je n’en doute pas : il l’a pris “pour base” et il lui a ajouté le tracé des routes, mais en prenant bien soin de… couper la route menant au Zentral Sauna, et cela pour nous faire croire que femmes et enfants juifs, qui prenaient cette route, ne pouvaient aller au-delà des crématoires. L’amputation est flagrante. Le subterfuge est patent.

Il y a mieux. Dans la version originale de L’Album d’Auschwitz, version américaine, figurait une photographie qu’on peut décrire ainsi : au premier plan, un groupe de quatre juifs d’un certain âge, trois hommes et une femme, ont manifestement une altercation, cependant qu’à l’arrière-plan, indifférents à la scène, passent, dispersés, quelques rares soldats allemands en bonnet de police. Il s’agit de la photographie 109. Pressac, décidant de faire “parler” cette photographie, la déplace, dans la version française, à la 189e et dernière place où elle est censée marquer le summum de l’horreur exterminatrice. Et voici, en son sabir, l’explication de la photographie :

Cette photo est unique, terrible à verser au dossier de l’extermination des juifs comme preuve à charge […]. Le sentier sur lequel cette femme refuse d’avancer aboutit devant la porte du [Krema] V, donnant sur le vestiaire et les chambres à gaz. Si les trois hommes qui l’entraînent ne semblent pas se douter du sort qui les attend, elle sait que le bâtiment dont elle se détourne, ce bâtiment en briques rouges, au toit noir, avec ses deux cheminées hautes de seize mètres, est devenu la négation de la vie et pue la mort (L’Album d’Auschwitz, p. 204).

Dans mon article de 1983, je faisais observer :

Ce pathos ne saurait nous cacher ceci : il n’y a pas de sentier et on ne saurait prédire la direction que pourrait prendre tel ou tel personnage ; [Pressac] ne nous dit rien de la présence et de l’indifférence ou de l’inattention des soldats allemands ; comment la femme saurait-elle qu’on va la gazer et comment les hommes ignoreraient-ils qu’on va les gazer ? Enfin et surtout, il est manifeste que la femme ne cherche pas à se détacher de l’homme de droite ni à lui résister : de sa main gauche elle enserre la main de cet homme [252].

Pressac, dans son gros ouvrage de 1989, modifie alors son commentaire de la photographie et déclare :

Quant à l’attitude de la femme, il se peut simplement que, sans illusions sur ce qui l’attend et apercevant le photographe SS, elle se soit soudainement détournée, disant en effet : “Je ne veux pas que ce [salaud de] SS me photographie !” Une telle réaction ne serait pas surprenante vu que certains enfants juifs, moins polis et plus spontanés que leurs parents, sentant d’instinct que les SS ne leur voulaient pas de bien, faisaient la grimace aux photographes [253].

Autrement dit, à un roman Pressac substitue un autre roman et toute sa thèse de L’Album d’Auschwitz s’écroule puisque, aussi bien, la photographie censée représenter le summum de l’horreur se réduirait, s’il faut en croire notre manipulateur lui-même, à nous montrer une vieille femme qui… ne voudrait pas être photographiée !

Pressac me reproche de ne pas dire que la scène se déroule près du Krema V. En réalité, je le dis puisque je le cite. Et je trouve intéressant que cet endroit n’ait rien de secret : comme sur bien d’autres photographies aussi bien de cet album que du gros ouvrage, on voit de petits groupes de juifs, d’Allemands et de travailleurs civils se côtoyer paisiblement.

Dans son gros ouvrage, Pressac laisse sans réponse tous les autres reproches de tricherie que je lui adressais en 1983 à propos de cet Album d’Auschwitz. Il m’oblige donc aujourd’hui à réitérer mes accusations.

 

– Additif 4 –
Le témoignage tronqué d’Hanna Reitsch

Pressac fait état du témoignage de l’as de l’aviation allemande, Hanna (et non pas : Hannah) Reitsch (1912-1979) comme s’il s’agissait d’une preuve de l’existence des chambres à gaz [254].

En réalité, H. Reitsch a vu, à la fin de 1944, une brochure des Alliés mentionnant les chambres à gaz ; elle n’y a pas cru. Après la guerre, elle s’est mise à y croire. A la fin de sa vie, elle n’y croyait plus : ce dernier point, Pressac l’ignore ou feint de l’ignorer. Les détails de l’affaire sont intéressants.

En octobre 1944, l’aviateur Peter Riedel, qui travaillait à l’ambassade d’Allemagne à Stockholm, reçut une brochure de la propagande alliée où il était question de chambres à gaz. Vivement ému, il en parla à Hanna Reitsch à la “Maison de l’Aviation” à Berlin. Celle-ci, furieuse, lui dit qu’il s’agissait manifestement d’une invention de la propagande de guerre comparable aux mensonges de la propagande ennemie sur le compte des Allemands pendant la première guerre mondiale.

Riedel la pressa d’en parler à Himmler.

H. Reitsch s’en vint trouver Himmler qui feuilleta la brochure sans marquer la moindre émotion ; il lui demanda : “Et vous croyez cela, Frau Hanna ?” Elle lui répondit que non mais elle ajouta qu’il fallait contrer cela. Himmler lui dit qu’elle avait raison.

Pressac précise que la version anglaise des mémoires de l’aviatrice (Fliegen – mein Leben) s’arrête là mais que, dans la version française, on ajoute :

Quelques jours plus tard l’information fut démentie. J’appris de Peter Riedel qu’un journal suédois avait fait paraître le même démenti. C’est seulement après 1945 que je découvris, et avec quelle horreur, que Himmler m’avait menti et que l’atroce nouvelle était vraie.

Si Pressac avait poussé ses investigations un peu plus loin et notamment s’il avait lu Gerd Honsik, Freispruch für Hitler ? 36 ungehoerte Zeugen wider die Gaskammer, il aurait pu découvrir ceci [255] :

   1° Himmler dit aussi à l’aviatrice à propos de l’accusation portée par les Alliés : “C’est la corde (il voulait parler de l’accusation de gazage) avec laquelle on nous pendra en cas de défaite [256] ” ;

   2° H. Reitsch était si bien revenue au bon sens qu’elle soutenait à la fin de sa vie les efforts des révisionnistes et, en particulier, ceux d’un Autrichien qu’elle appelait “le courageux Friedl Rainer” “contre tous ces terribles mensonges à base d’histoires d’atrocités [257]“.

D’après David Irving, l’Etat d’Israël détiendrait le manuscrit des mémoires de Himmler. Si c’est exact, pourquoi soustrait-on ce document à la curiosité des historiens et des chercheurs ?

1er novembre 1990

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Notes

[1] New York Times du 18 décembre 1989, section C, p. 11, 14.

[2] Id., section B, p. 1 et 4.

[3] Arno Mayer, La “Solution finale” dans l’histoire, Préface de Pierre Vidal-Naquet, La Découverte, Paris 1990. Voy. R. Faurisson, “Aux États-Unis, un universitaire juif s’engage dans la voie révisionniste“, reproduit dans le vol. II des Ecrits révisionnistes (1974-1998) à la page 916.

[4] Id., p. 406. Le texte anglais dit exactement : “Les sources pour l’étude des chambres à gaz sont à la fois rares et douteuses [ou : non fiables]” (Sources for the study of the gas chambers are at once rare and unreliable – A. Mayer, Why Did the Heavens not Darken? The “Final Solution” in History, Pantheon Books, New York 1988, p. 362).

[5] A. Mayer, La “Solution finale” , préface, p. IX.

[6] Voy., ci-dessous, n. 62. 

[7] The Beate Klarsfeld Foundation, 515 Madison Avenue, New York 10022.

[8] Lyon Matin, 24 avril 1990, p. 7.

[9] J.-C. Pressac, Auschwitz: Technique and Operation of the Gas Chambers, Beate Klarsfeld Foundation, New York 1989, p. 550.

[10] Id., p. 28.

[11]  Id., p. 430.

[12]  Id., p. 41.

[13]  Id., p. 232.

[14]  Id., p. 425.

[15]  Id., p. 541.

[16]  Voy. le rapport LeuchterAnnales d’histoire révisionniste, n° 5, 1988, p. 97, section 17004, et, de J.-C. Pressac lui-même, “Les Carences et incohérences du rapport Leuchter”, Jour J, La Lettre télégraphique juive, décembre 1988, p. VIII, où se trouve mentionné le “thermomètre” d’une chambre à gaz de désinfection à Majdanek.

[17]  J.-C. Pressac, op. cit., p. 188.

[18]  La Vieille Taupe, Paris 1982 (2e éd.), p. 40.

[19]  22 et 29 juillet 1942 ainsi que 7 janvier 1973. 

[20]  R. Faurrison, op. cit., p. 188.

[21] J.-C. Pressac, op. cit., p. 123-160.

[22] Id., p. 133.

[23] Id., p. 147.

[24] Id., p. 133.

[25] Voy. ci-dessus, Additif I.

[26] G. Wellers, “A propos du ‘rapport Leuchter’ et les [sic] chambres à gaz d’Auschwitz”, Le Monde juif, avril-juin 1989 (p. 45-53), p. 48.

[27] O. Wormser-Migot, Le Système concentrationnaire nazi (1933-1945), PUF, Paris 1968, p. 157.

[28] J.-C. Pressac, op. cit., p. 163.

[29] Id., p. 165.

[30] Id., p. 171-182.

[31] Id., p. 200.

[32] Id., p. 183.

[33] Id., p. 184.

[34] Ibid.

[35] Id., p. 200.

[36] Id., p. 183.

[37] Id., p. 384.

[38] Id., p. 378.

[39] Id., p. 384, 420.

[40] Id., p. 379.

[41] Id., p. 386 ; voy. ci-dessus, “Le ‘numéro de cirque’ des Kremas IV et V”.

[42] J.-C. Pressac, “Les ‘Krematorien’ IV et V de Birkenau et leurs chambres à gaz. Construction et fonctionnement”, Le Monde juif, n° 107, juillet-septembre 1982, p. 91-131.

[43] J.-C. Pressac, Auschwitz: …, p. 15.

[44] R. Hilberg, The Destruction of the European Jews, New York, Holmes and Meier, “revised and definitive edition”, 1985, p. 890 ; en français, La Destruction des juifs d’Europe, Fayard, Paris 1988, p. 771.

[45] J.-C. Pressac, op. cit., p. 555.

[46] Voy., ci-dessus, le passage commençant “Le bilan jusqu’ici établi par Pressac est effrayant”.

[47] J.-C. Pressac, op. cit., p. 25.

[48] Id., p. 247 et 556.

[49] Id., p. 313, 315, 348…

[50] Id., p. 347.

[51] Id., p. 132.

[52] Id., p. 115, 313, 464, 501, 533…

[53] Id., p. 187.

[54] Id., p. 206.

[55] Id., p. 386.

[56] Id., p. 98.

[57] Id., p. 145.

[58] Id., p. 420.

[59] Id., p. 303.

[60] J.-C. Pressac, “Les ‘Krematorien’ IV et V de Birkenau…”.

[61] J.-C. Pressac, “Etude et réalisation des Krematorien IV et V d’Auschwitz-Birkenau”, in L’Allemagne nazie et le génocide juif, (Colloque de l’Ecole des hautes études en sciences sociales [François Furet et Raymond Aron], L’Allemagne nazie et le génocide juif, Gallimard-Le Seuil, Paris 1985, p. 539-584).

[62] Notre potard manie la gaffe. Je recommande à ce point de vue la page 558. Il y raconte qu’on ne voulait pas ajouter foi à sa première thèse (les Kremas IV et V ont été conçus sans intention criminelle) mais qu’heureusement quelqu’un vint à son secours, quelqu’un qui le “lança” et lui permit de présenter cette thèse au Colloque de la Sorbonne de 1982, quelqu’un enfin, veut-il bien nous confier, qui trouva son “exposé clair et remarquable”. Ce “quelqu’un” qui se trouvait donc soutenir en 1982 une thèse dont Pressac lui-même prend aujourd’hui le contrepied n’était autre que… Pierre Vidal-Naquet !

[63] J.-C. Pressac, Auschwitz: …, p. 384, 420.

[64] Id., p. 389.

[65] Id., p. 390.

[66] J.-C. Pressac, “Les ‘Krematorien’ IV et V de Birkenau…”, p. 126.

[67] J.-C. Pressac, Auschwitz: …, p. 379.

[68] Id., p. 386.

[69] Id., p. 67.

[70] Id., p. 429.

[71] Id., p. 429.

[72] Mémoire en défense contre ceux qui m’accusent de falsifier l’histoire, La Vieille Taupe, Paris 1980, p. 100. Texte reproduit dans le volume I des Ecrits révisionnistes (1974-1998), p. 139.

[73] J.-C. Pressac, Auschwitz: …, p. 429.

[74] Ibid.

[75] Ibid.

[76] Ibid.

[77] A la page 500, il nous présente trois panneaux de bois “étanches au gaz” dont il n’indique pas la provenance mais qui, probablement, appartenaient à une chambre à gaz de désinfection. Il fait remarquer que la barre de blocage est “fixée par deux vis dont les têtes sont dirigées vers l’INTÉRIEUR et les écrous vers l’EXTÉRIEUR” (souligné dans le texte). Et il ajoute : “Sans commentaires”, donnant ainsi à entendre, sans le dire expressément (Pressac use beaucoup de la prétérition), que ces panneaux appartenaient à une chambre à gaz homicide et que, si les écrous avaient été “dirigés vers l’intérieur”, les victimes auraient dévissé la barre de blocage et se seraient libérées !

[78] En cas de bombardement, la porte d’un abri anti-aérien est censée prévenir deux effets, parmi d’autres, de l’explosion des bombes : la succion de l’oxygène contenu dans l’abri et la pénétration du CO dans ce même abri.

[79] J.-C. Pressac, op. cit., p. 18, col. D.

[80] Voy., ci-dessus, à partir de la citation commençant “Par le présent [message-radio] j’accorde”.

[81]  Cette constatation qui ruine sa thèse, il la fait au moins à trois reprises. A la page 224, il écrit : “Le système de ventilation du Leichenkeller-1 [la chambre à gaz homicide] avait été initialement conçu pour une morgue, avec l’air frais entrant près du plafond et l’air froid malsain refoulé près du sol. Son utilisation comme chambre à gaz exigeait tout juste le contraire, avec l’air frais entrant près du sol et l’air chaud saturé d’acide cyanhydrique refoulé près du plafond. Mais les SS et [l’ingénieur Prüfer] choisirent de maintenir le système de ventilation d’origine de la ‘morgue’ pour la chambre à gaz, espérant que ce serait suffisamment efficace.” A la page 289, il rappelle cette “réalité technique” d’un système de ventilation “conçu de façon inappropriée pour une chambre à gaz”. A la page 489, il écrit enfin : “Les niveaux [respectifs] des entrées d’air (en haut) et des orifices d’extraction (en bas) prouvent que le système était conçu pour une morgue située en sous-sol et non pour une chambre à gaz, où l’extraction de l’air délétère chaud devrait se situer dans la partie supérieure.”

[82]  J.-C. Pressac, op. cit., p. 430.

[83]  Id., p. 439.

[84]  Id., p. 430.

[85] VSD, 29 mai 1986, p. 37.

[86]  Le Matin de Paris, 24-25 mai 1986, p. 3.

[87]  “Un grand faux témoin : Elie Wiesel” ; texte reproduit dans le volume II des Ecrits révisionnistes (1974-1998), p. 606.

[88]  Le Monde juif, janvier-mars 1987, p. 1.

[89]  J.-C. Pressac, op. cit., p. 429 ; voy. aussi p.16.

[90] Id., p. 234.

[91] Id., p. 439.

[92] Id., p. 429 et 430.

[93] Zéro, interview, mai 1987, p. 73.

[94] J.-C. Pressac, op. cit., p. 232 et 430.

[95] Id., p. 431.

[96] Robert Lenski, The Holocaust on Trial, Reporter Press, Decatur [Alabama, USA] 1990, p. 356-360, avec photo de l’expert à son travail, p. 361.

[97] J.-C. Pressac, op. cit., p. 211-217 et 432.

[98] Id., p. 217.

[99] Voy. “die Vergasung der Koks” (la gazéification du coke) dans un ouvrage technique sur les crématoires paru en 1907 : Handbuch der Architektur (Heft 3 : Bestattungsanlagen), Stuttgart, Alfred Körner Verlag, 1907, p. 239. Je relève dans cet ouvrage de nombreuses informations sur “Leichenkeller”, “Leichenkammer”, “Leichenhalle”, “Sezierraum” (salle de dissection), sur les règles d’hygiène, d’aération, de désinfection, sur les précautions particulières concernant les cadavres infectés (salle séparée avec aération particulière et température inférieure), sur les douches, sur la salle du médecin, sur la salle de lavage, sur la durée des crémations. En fin de compte, les Kremas II et III de Birkenau étaient tout simplement “classiques”.

[100] Pressac a raison de rappeler, au sujet de cette pratique (banale en temps de guerre où l’on procède partout à la “récupération des métaux non ferreux”), que la “récupération de l’or sur les cadavres est de pratique courante, même si cela peut être tenu pour répugnant” (p. 294) ; les carabins d’amphithéâtre savent qu’il ne s’agit pas là d’une activité spéciale aux SS !

[101]  J.-C. Pressac, op. cit., p. 483 et plan annoté de la page 485, chiffre 8.

[102]  R. Faurisson, Réponse à Pierre Vidal-Naquet, p. 35. 

[103]  R. Hilberg, The Destruction…, p. 885 ; trad. française, p. 767.

[104]  J.-C. Pressac, op. cit., p. 505.

[105]  Voy., ci-dessus, “Quatorze pommes d’arrosage et une porte étanche au gaz”.

[106]  R. Faurisson, op. cit., p. 80.

[107]  J.-C. Pressac, op. cit., p. 227.

[108]  Id., p. 303.

[109] Id., p. 71.

[110] Kurier (Vienne), 20 janvier 1972.

[111] AZ (Vienne), 3 mars 1972.

[112] J.-C. Pressac, op. cit., p. 172.

[113] H.-K. Boehlke, Friedhofsbauten, Callwey Verlag, Munich 1974, p. 117 où on peut voir le plan.

[114] J.-C. Pressac, op. cit., p. 539-541.

[115] Id., p. 539.

[116] Id., p. 540.

[117] Réédité dans P. Vidal-Naquet, Les Juifs, la mémoire et le présent, Maspero, Paris 1981, p. 222, n. 41.

[118] R. Faurisson, op. cit., p. 35.

[119] VSD, 29 mai 1986.

[120] J.-C. Pressac, op. cit., p. 233, mot souligné par Pressac lui-même.

[121] Id., p. 545.

[122] “Rapport Leuchter”, Annales d’histoire révisionniste, n° 5, 1988, p. 51-102.

[123] M. Klein, “Observations et réflexions sur les camps de concentration nazis”, extrait de la revue Etudes germaniques, n° 3, 1946, p. 31.

[124] J.-C. Pressac, op. cit., p. 507.

[125] Id., p. 25.

[126] Id., p. 41.

[127] Id., p. 63.

[128] Id., p. 80.

[129] Id., p. 82.

[130] Id., p. 136, 224, 227.

[131] Id., p. 33, 140-143.

[132] Id., p. 149.

[133] Id., p. 93, 94, 191, 371.

[134] Id., p. 201.

[135] Id., p. 201.

[136] Cette directive de R. Höss confirme également ce que j’avais spécifié à propos des “confessions” de ce dernier (entretien avec Storia Illustratain S. Thion, Vérité historique ou vérité politique ?, La Vieille Taupe, Paris 1980, p. 203, n. 10 ; reproduit dans Ecrits révisionnistes (1974-1998) vol. I, p. 160-161, n. 1). Höss “confessait” que les membres du Sonderkommando entraient dans les “chambres à gaz” tout de suite après le “gazage” et en retiraient les cadavres en mangeant et en fumant, c’est-à-dire sans masques à gaz, ce qui aurait été radicalement impossible. Le 2 avril 1946, dans sa prison de Nuremberg, il répondait en ces termes à son interrogateur américain S. Jaari :

  1. : Mais n’était-ce pas un travail tout à fait dangereux pour ces détenus d’entrer dans ces chambres et de travailler au milieu des cadavres et au milieu des émanations de gaz ?
  2. : Non.
  3. : Portaient-ils des masques à gaz ?
  4. : Ils en avaient mais ils ne les utilisaient pas, vu qu’il n’arrivait jamais rien (John Mendelsohn et Donald S. Detwiler ed., The Holocaust, New York, Garland, 1982, vol. 12, p. 113 ; Pretrial Interrogation of R. Höss, 2 April 1946, p. 17).

La directive du 12 août 1942, signée de Höss et montrant les dangers considérables d’une opération de gazage prouve que ce dernier, lorsqu’il fut, quatre ans plus tard, interrogé par les Américains dans sa prison de Nuremberg, leur fit des réponses ineptes ; il avait été dressé, ainsi que j’ai pu le démontrer, par ses premiers interrogateurs et geôliers : des juifs de la sécurité militaire britannique qui l’avaient torturé à Minden avant de l’envoyer à la prison de Nuremberg. R. Höss craignait par-dessus tout d’être livré aux communistes polonais (voy. R. Faurisson, “Comment les Britanniques ont obtenu les aveux de Rudolf Höss”, Ecrits révisionnistes (1974-1998), vol. II, p. 657).

[137] J.-C. Pressac, op. cit., p. 210.

[138] Id., p. 331, 339.

[139] Id., p. 412.

[140] Id., p. 512.

[141] Voy., ci-dessus, “Les leçons d’un terrain de football et d’une piscine”. 

[142] Dans les cités allemandes, les hôpitaux subsistaient, mais ils étaient en grande partie “évacués” à la campagne sous la forme de baraquements sanitaires sur le modèle de ceux qu’on construisait dans les camps de concentration. A la page 513, Pressac reproduit le plan d’un baraquement hospitalier d’Auschwitz et indique comme source le Centre de documentation juive contemporaine de Paris. En réalité, il s’agit là de l’un des multiples documents dont il m’est redevable : le document provient des Archives nationales américaines et porte la cote de Nuremberg NO-4470.

[143] J.-C. Pressac, op. cit., p. 530-531.

[144] Id., p. 264.

[145] Id., p. 15.

[146] Voy., ci-dessus, la section “Selon Pressac, presque pas de Zyklon B pour tuer les hommes”.

[147] J.-C. Pressac, op. cit., p. 15.

[148] Id., p. 16-17.

[149] The Journal of Historical Review, automne 1983, p. 261-303 ; traduction française : “Le Zyklon B, Auschwitz et le procès du Dr Bruno Tesch”, in Etudes révisionnistes, volume 4 (2004), p. 378-432.

[150] J.-C. Pressac, op. cit., p. 41.

[151] Id., p. 46.

[152] Id., p. 78.

[153] Id., p. 106.

[154] Id., p. 108.

[155] Id., p. 188.

[156] Id., p. 289.

[157] Id., p. 355.

[158] Id., p. 479.

[159] G. Wellers, Les Chambres à gaz ont existé / Des documents, des témoignages, des chiffres, Gallimard, Paris 1981, p. 12-13.

[160] J.-C. Pressac, op. cit., p. 165-166.

[161]  H. Langbein, Der Auschwitz Prozess, Eine Dokumentation, Europäische Verlaganstalt, Francfort 1965, p. 932-933, et non 930-931 comme l’indique Pressac par erreur.

[162]  J.-C. Pressac, op. cit., p. 341.

[163]  Id., p. 454.

[164]  Jan Sehn, Le Camp de concentration d’Oswiecim-Brzezinka, Wydawnictwo Prawnicze, Varsovie 1961, p. 132. 

[165]  Id., p. 148.

[166]  D. Brugioni et R. Poirier, The Holocaust Revisited, CIA, Washington 1979, p. 9-11.

[167]  J.-C. Pressac, op. cit., p. 554-556.

[168]  Id., p. 556.

[169]  Id., p. 16.

[170] Id., p. 126-127.

[171] Id., p. 128.

[172] Voy., ci-dessus, paragraphes sur Vergasungen.

[173] Voy. n. 136 ci-dessus.

[174] Id., p. 128.

[175] Id., p. 171.

[176] Id., p. 172 ; voy., ci-dessus, “Il aurait fallu méditer la leçon du procès Dejaco-Ertl (1972)”.

[177] Id., p. 174.

[178] Id., p. 179.

[179] Id., p. 181.

[180] Id., p. 229.

[181] Id., p. 483.

[182] R. Faurisson, “Le Révisionnisme au Canada ; les procès Zündel“, Annales d’histoire révisionniste, été-automne 1988, p. 35-37, texte reproduit dans le volume II des Ecrits révisionnistes (1974-1998) à la page 763 ; voy., notamment, p. 767-768.

[183] J.-C. Pressac, op. cit., p. 554.

[184] Id., p. 493-497 et 554-555.

[185] Id., p. 498.

[186] Id., p. 554.

[187] Id., p. 493 et 556.

[188] Id., p. 483.

[189] Ibid.

[190] Id., p. 489.

[191] Id., p. 494.

[192] Ibid.

[193] Ibid. L’ennui est que, durant cette période de l’immédiat après-guerre, ce genre d'”imposture” a fait loi au sens propre du terme et qu’aujourd’hui encore elle a force de loi pour les tribunaux français, en vertu des dispositions antirévisionnistes de la loi Fabius-Gayssot parue au Journal officiel de la République française, sous la signature de François Mitterrand, le 14 juillet 1990.

[194] J.-C. Pressac, op. cit., p. 502.

[195] Id., p. 556.

[196] Id., p. 239.

[197] Id., p. 229.

[198] Id., p. 493.

[199] Ibid.

[200]  Id., p. 108.

[201]  Id., p. 161.

[202] Voy. notamment Le Drame des juifs européens, Les Sept couleurs, Paris 1964, p. 52-58.

[203] Le Figaro, 6 juillet 1990, p. 8. 

[204] J.-C. Pressac, op. cit., p. 474-475.

[205] Id., p. 473.

[206] Id., p. 483, 494.

[207] Id., p. 474-475.

[208] Pressac oublie ici que, d’après lui, Nyiszli utilisait aussi des diviseurs ! Et que signifie “presque exactement” ? P. Vidal-Naquet, ratifiant cette manipulation des chiffres, écrit : “Que l’on puisse dire aujourd’hui que tel témoignage important doive être affecté, quant aux nombres, d’un coefficient de division par quatre est une conquête scientifique que nous aurions grand tort de bouder. On ne diminue pas le crime des nazis en renonçant à des chiffres faux. La question du nombre exact des victimes n’est pas essentielle. Arno Mayer le dit et le répète et sur ce point je ne puis que lui donner raison.” (Arno Mayer, La “Solution finale” dans l’histoire, préface de P. Vidal-Naquet, éd. la Découverte, Paris 1990, p. viii-ix).

[209] J.-C. Pressac, op. cit., p. 475.

[210] Id., p. 495.

[211] Ibid.

[212] Mark Weber, Jean-Claude Pressac et la technique des chambres à gaz“, Revue d’histoire révisionniste n° 2, août-octobre 1990, p. 170.

[213] J.-C. Pressac, op. cit., p. 554.

[214] Id., p. 541.

[215] P. Guillaume, Droit et Histoire, La Vieille Taupe, Paris 1986, p. 118-125.

[216] J.-C. Pressac, op. cit., p. 548.

[217] Voy., ci-dessus, Additif 2, “Combien de crémations journalières au Krema II ?”.

[218] J.-C. Pressac, op. cit., p. 554.

[219] C’est précisément à cause de la proximité de cette nappe phréatique que les Leichenkeller des Krema II et III, au lieu d’être enterrés sous le bâtiment du crématoire, n’étaient que semi-enterrés, tout contre ledit bâtiment.

[220] J.-C. Pressac, op. cit., p. 554.

[221] Id., p. 558.

[222] Ibid.

[223] Id., p. 554.

[224] En revanche, je peux le confier ici pour la première fois, j’ai, à la fin de 1978, envisagé d’abandonner tout effort supplémentaire de publication quand j’ai vu avec quelle férocité la presse entière, l’université et la magistrature me refusaient jusqu’au droit de continuer à vivre normalement. Le Conseil d’Etat était allé jusqu’à déclarer, en octobre 1978, que j’étais un professeur d’université qui n’avait aucune publication à son actif, et cela de son propre aveu ! Ma solitude était totale ; la situation a bien changé depuis ces temps héroïques…

[225] J.-C. Pressac, op. cit., p. 49 et 554-555.

[226] Ce chiffre est celui des “historiens traditionnels”, comme les appelle Pressac ; Pressac lui-même ne donne pas d’indication claire sur le sujet.

[227] Voy., ci-dessus, à partir de “Avant son premier départ pour Auschwitz”.

[228] “Le chef d’équipe (Vorarbeiter) inscrivait dans un carnet le nombre de cadavres incinérés à chaque fois et le responsable du Kommando (Kommandoführer), un SS, vérifiait cette comptabilité” (témoignage H. Tauber, d’après Pressac, p. 495).

[229] (voy. Contribution à l’histoire d’Auschwitz, musée d’Auschwitz, 1968, la photographie du document entre les pages 80 et 81.)

[230] (Dr Tadeusz Paczula, ancien détenu, “L’Organisation et l’administration de l’hôpital d’Auschwitz-I”, Comité International d’Auschwitz, Anthologie [bleue], Varsovie 1969, p. 45.)

[231]  J.-C. Pressac, op. cit. ; voy. microfilm 12012 mentionné à la page 87, le tableau de la page 224, les considérations de la page 227.

[232] Id., p. 106.

[233] Id., p. 110.

[234] Fania Fénelon, Sursis pour l’orchestre, Stock, Paris 1976, p. 302-303.

[235] Radio J, 17 septembre 1989, AFP, 13.36 ; La Lettre télégraphique juive, 18 septembre, p. 1 ; Le Monde, 19 septembre, p. 14.

[236] L’ouvrage s’ouvre sur une impressionnante liste de donateurs avec, en premier lieu, “la Commission des communautés européennes, le Groupe socialiste du Parlement européen et Madame Simone Veil, ancienne présidente du Parlement européen” (p. 8) ainsi que des personnalités politiques comme Jacques Delors.

[237] Le Monde, 21 février 1979, p. 23.

[238] R. Faurisson, Réponse à Pierre Vidal-Naquet, p. 20.

[239] Voy., ci-dessus, Additif 3.

[240] A. R. Butz, “Contexte historique et perspective d’ensemble dans la controverse sur l”Holocauste’“, Revue d’histoire révisionniste, n° 2, août-octobre 1990, p. 87-137.

[241] L’ouvrage de J.-C. Pressac constitue, ainsi que nous l’avons dit, une aubaine pour les révisionnistes ; aussi ces derniers sont-ils en train d’en multiplier les comptes rendus :

– Mark Weber, “Jean-Claude Pressac et la technique des chambres à gaz“, Revue d’histoire révisionniste, n° 2 (août-octobre 1990), p. 163-170 ;

– Jack Wikoff, recension de Auschwitz: Technique and Operation of the Gas Chambers by Jean-Claude Pressac, in Remarks, n° 2, septembre-octobre 1990 (P.O. Box 234, Aurora, New York 13026), p. 1-9 ;

– Carlo Mattogno, “Jean-Claude Pressac and the War Refugee Board,” Journal of Historical Review, Winter 1990-91, p. 461-485;

– Enrique Aynat, “Neither Trace nor Proof: The seven Auschwitz ‘Gassing’ sites According to Jean-Claude Pressac“, Journal of Historical Review, Summer 1991, p. 177-206.

S’annoncent également une étude à paraître dans la revue américaine Instauration. Je suppose enfin que l’Américain Fritz Berg publiera également son sentiment. F. Berg est l’auteur de trois études techniques d’importance, toutes publiées dans The Journal of Historical Review (P.O. Box 1306, Torrance, Californie 90505) : “The Diesel Gas Chambers: Myth Within a Myth” (printemps 1984, p. 15-46) ; “The German Delousing Chambers” (printemps 1986, p. 73-94) ; “Typhus and the Jews” (hiver 1988-1989, p. 433-481). C’est grâce au savoir-faire de F. Berg que j’ai pu obtenir un exemplaire de l’ouvrage de Pressac en janvier 1990.

[242] Voy., ci-dessus, le passage commençant “Dans sa conclusion, il [Pressac] réalise un véritable tour de bonneteau”.

[243] Sont ici respectés l’orthographe et le français de Pressac.

[244] Ce qui, en clair, signifie que ce local ne peut avoir été une chambre à gaz homicide parce qu’il possède un vasistas et qu’il est démuni de toute ventilation mécanique.

[245] J.-C. Pressac, op. cit., p. 184.

[246] Id., p. 218.

[247] Id., p. 555.

[248] Id., p. 227.

[249] Id., p. 334.

[250] Id., p. 515.

[251] Id., p. 51.

[252] Voy. Ecrits révisionnistes (1974-1998), vol. I, p. 444.

[253] J.-C. Pressac, op. cit., p. 421.

[254] Id., p. 468.

[255] G. Honsik, Freispruch für Hitler... (Acquittement pour Hitler ? 36 personnes, non entendues, témoignent contre les chambres à gaz), Burgenländischer Kulturverband Wien, Postfach 11, 1142 Vienne 1988) (p. 132-138).  

[256] A rapprocher du mot rapporté par Norbert Masur, responsable de la section suédoise du Congrès juif mondial, qui rencontra Himmler le 21 avril 1945, à quelques jours de la fin de la guerre et qui eut avec lui une longue conversation. Himmler lui dit : “En vue de contenir les épidémies, nous fûmes forcés de construire des crématoires où brûler les corps d’innombrables personnes mortes à cause de ces épidémies [de typhus]. Et maintenant, on veut nous passer une corde au cou” (Norbert Masur, “My Meeting with Heinrich Himmler”, Moment (mensuel juif de Boston), décembre 1985, p. 51; traduction partielle du suédois Ein Jude talar med Himmler (Un juif parle avec Himmler), Albert Bonniers Foerlag, Stockholm 1945).

[257] Lettre du 15 septembre 1977 reproduite par G. Honsik à la page 138 de son ouvrage.