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Le Treblinka de Jean-François Steiner à nouveau dénoncé comme un faux

En 1966, le demi-juif mais non demi-faussaire Jean-François Steiner publiait son Treblinka, la révolte d’un camp d’extermination (Fayard) avec une préface particulièrement élogieuse de Simone de Beauvoir. On ne reviendra ici ni sur le succès de l’ouvrage ni sur l’accueil enthousiaste que lui firent, parmi tant d’autres thuriféraires, Pierre Durand dans L’Humanité (5 avril), François Mauriac dans Le Figaro littéraire (5 avril également) et Joseph Rovan dans Esprit (juin).

On ne reviendra pas non plus sur le retournement opéré par Pierre Vidal-Naquet qui, après avoir clamé son « admiration » dans un article intitulé : « Treblinka et l’honneur des juifs » (Le Monde, 2 mai), allait, en 1980, soit quatorze ans plus tard, ouvrir les yeux à la lumière des écrits révisionnistes et concéder soudain qu’il était «tombé dans le piège tendu par Treblinka de Jean-François Steiner» (Esprit, septembre 1980). Il dénonçait alors dans le livre un exemple de cette « sous-littérature qui représente une forme proprement immonde d’appel à la consommation et au sadisme ».

En 1986, à l’occasion du procès Demjanjuk à Jérusalem, J.-F. Steiner admit que son livre était un roman à la rédaction duquel avait collaboré son ami le romancier Gilles Perrault. Par exemple, au sujet de sa version de la mort d’« Ivan le Terrible », il déclara : « Cette version telle qu’elle est décrite ne peut avoir de valeur historique […]. C’est finalement Gilles Perrault qui a pris la plume et romancé la mort d’« Ivan le Terrible ». Je ne crois pas qu’il ait été poignardé » (Interview, Le Journal du dimanche, 30 mars 1986).

En 1999, après le procès Papon à Bordeaux, Didier Daeninckx, à son tour, vient de s’en prendre au livre et à ses deux auteurs. Il apporte quelques révélations sur les circonstances de la fabrication du faux ; pour les détails, on se reportera à son article, « De Treblinka à Bordeaux … », paru dans la Revue d’histoire de la Shoah (mai-août 1999). Contentons-nous ici de quelques extraits concernant le livre et ses auteurs :

– « ce faux roman qui fut présenté comme un vrai document » (p. 90) ;
– « le talent de jeunes auteurs remodelant la réalité » [dixit leur commanditaire] (p. 91)» ;
– « [Gilles Perrault] arrangeur littéraire » (Ibid.) ;
– « [le] roman Treblinka » (p. 92) ;
– « [ce] narrateur au ton faussement objectif et documentaire [a donné] au camp d’extermination des allures de Luna-Park » (p. 94) ;
– « [il] utilise la technique du montage parallèle » (p. 95) ;
– « ce roman paré des alibis du document » (p. 96).

Bref, le Treblinka de J.-F. Steiner est aujourd’hui un ouvrage discrédité. Mais nullement démonétisé. Il se vend bien, il connaît de nouvelles éditions, il occupe une place de choix dans les centres de documentation des écoles de France et il lui arrive de fournir des morceaux choisis qui, aux examens, sont soumis à l’attention et à la réflexion des élèves de nos lycées.

La fausse monnaie, reconnue comme telle, continue d’avoir cours forcé.

30 août 1999