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Réponse à un historien de papier

Présentation du 23 février 2012

En juillet 1982, les Editions de la Vieille Taupe (Pierre Guillaume) publiaient, de Robert FAURISSON, Réponse à Pierre Vidal-Naquet

Suivait en décembre de la même année une deuxième édition, augmentée de deux pièces.

Cette deuxième édition, de 96 pages, peut encore se commander aux Editions Akribeia (www.akribeia.fr), 45/3, Route de Vourles, 69320 SAINT GENIS LAVAL pour 14€ + 5€ de port. Le responsable de cette maison est Jean Plantin, dont la condition d’éditeur (héroïque) est difficile. J. Plantin mérite qu’on lui vienne en aide par tous les moyens.

Cette édition comprend les pièces suivantes :

Portrait d’un historiocrate, par Pierre Guillaume

p.  7

Note du Professeur Faurisson

   15

Réponse à un historien de papier

   19

Le mythe des « chambres à gaz » entre en agonie

   67

L’argent des contribuables contre R. Faurisson

   85

Tract : « Exposition de la déportation 1933-1945 »

   88

Un document sur le colloque de la Sorbonne

   90

Bibliographie

   92

 

À partir d’aujourd’hui peut se consulter ci-après, dans une nouvelle édition revue et corrigée, la pièce 3, laquelle constitue le cœur du livre. Peuvent également se lire dans le présent site

Le mythe des “chambres à gaz” entre en agonie (3 novembre 1982)

L’argent des contribuables contre R. Faurisson (15 novembre 1982)

Tract : “Exposition de la déportation 1933-1945” (30 avril 1982)

 

 

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RÉPONSE À UN HISTORIEN DE PAPIER *

Les numéros au bas des pages sont ceux de l’édition de La Vieille Taupe (Pierre Guillaume), Paris 1982  

Les dernières corrections apportées à ce texte datent du 19 février 2012

[note en fin de texte sur le colloque de la Sorbonne (29 juin-2 juillet 1982)]

 

L’historien ne peut éviter de passer une bonne partie de sa vie dans les papiers. Il compulse, il compile, il compare archives et documents écrits de toute espèce. Mais il ne doit pas pour autant négliger la matérialité des faits ; aussi se transforme-t-il parfois en homme de terrain, en explorateur, en archéologue, en physicien, en chimiste. Se rendant sur place, il voit, scrute, mesure, photographie, il touche du doigt. Il se mue parfois en enquêteur de police ; il procède à des reconstitutions physiques ou, quand c’est possible, il imagine prudemment ces reconstitutions. Il lui faut avoir les pieds sur terre. Il est très beau de se renseigner dans les papiers sur ce qu’était la démocratie à Rome, mais il est sage d’aller voir sur place à Rome sur quelle petite étendue se déployait le Forum, haut lieu de cette démocratie. Les illusions s’envolent : tant pis ! La réalité les remplace : tant mieux !

Quand il traite du Monde Antique, qui est sa spécialité, Pierre Vidal-Naquet, je le suppose, ne se contente pas de papiers mais se rend sur place.

En revanche, quand il s’improvise historien des « chambres à gaz », il évolue dans les papiers et dans les abstractions. Installé très au-dessus de nous dans un empyrée mi-philosophique, mi-religieux, il écrit sur les écrits et même il ne prend pas le soin de réfléchir sur ce qu’il écrit. C’est pourquoi je l’appelle un historien de papier.

Dès le premier papier qu’il ait écrit sur la question des « chambres à gaz », on découvre deux exemples criants de cette grave déformation de l’esprit. On se souvient que Le Monde du 21 février 1979 (p. 23) avait publié un texte intitulé « La politique hitlérienne d’extermination : une déclaration d’historiens ». Ce texte avait été rédigé par Pierre Vidal-Naquet et Léon Poliakov. Il avait été signé par trente-quatre historiens et historiennes sans aucune compétence sur le sujet.

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* Réponse à « Un Eichmann de papier, Anatomie d’un mensonge » dans Pierre Vidal-Naquet, Les Juifs, la mémoire et le présent, Maspero, Paris 1981.

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Pour commencer, le texte du Monde reproduisait un extrait de la « confession » du SS Kurt Gerstein. Cet extrait était destiné à nous persuader qu’il y avait là un témoignage « indiscutable » et « saisissant » sur les « chambres à gaz » hitlériennes. Dans un français hésitant Gerstein avait, nous dit-on, écrit : « Les hommes nus [dans les chambres à gaz] sont debout aux pieds des autres. Sept cents à huit cents à 25 m2, à 45 m3 ; les portes se ferment. » N’importe quel lecteur attentif à la réalité des faits en conclurait : « 28 à 32 hommes debout sur 1 m2 : voilà qui est matériellement inconcevable ; la recevabilité de cet étrange témoignage est pour le moins sujette à caution. »

Mais, installés dans le commun empyrée philosophico-religieux, nos trente-quatre étourneaux n’avaient pas vu ce qui saute aux yeux du profane.

Toujours dans le même texte de nos historiens de papier, voici la conclusion triomphante, et sotte, et vide, de leur manifeste : « Il ne faut pas se demander comment, techniquement, un tel meurtre de masse a été possible. Il a été possible techniquement puisqu’il a eu lieu. Tel est le point de départ obligé de toute enquête historique sur ce sujet. Cette vérité, il nous appartenait de la rappeler simplement : il n’y a pas, il ne peut y avoir de débat sur l’existence des chambres à gaz. »

Tautologie ? Pléonasme à redoublement ? Pur janotisme ? Comment qualifier perle d’un aussi bel orient ? Retenez bien la dernière phrase : « il n’y a pas, il ne peut y avoir de débat sur l’existence des chambres à gaz ». En bonne logique, Vidal-Naquet n’aurait pas dû, dix-neuf mois plus tard, publier dans Esprit un long article sur le sujet, un article dont il attendait que je l’honore d’une réponse (Maspero, p. 280). L’explication, la voici : ce texte du Monde était conçu pour parer au plus pressé ; dans le désarroi provoqué par mon article sur « La Rumeur d’Auschwitz », Vidal-Naquet et Poliakov avaient hâtivement rédigé un manifeste, puis étaient allés le porter à des signataires en leur disant : « Nous disons qu’il ne peut y avoir de débat, mais il est bien évident que chacun d’entre vous n’a pas à tenir compte de cette phrase et que chacun d’entre vous doit se mettre au travail pour répliquer à Faurisson. » C’est ce qu’ingénument nous avoue Vidal-Naquet à la page 196 de “Maspero” quand il écrit : « Bon nombre d’historiens ont signé la déclaration publiée dans Le Monde du 21 février 1979, très peu se sont mis au travail, une des rares exceptions étant F. Delpech. »

Quant à l’argumentation qui se cacherait derrière le janotisme, je laisse à d’autres le soin d’y répondre. Je donne la parole à Claude Guillon et Yves Le Bonniec (Le Suicide, mode d’emploi, Alain Moreau, 1982, 389 p.) : « Nous sommes tout prêts pour notre part à considérer n’importe laquelle des méthodes d’élimination, y compris les chambres à gaz. Il est possible que les arguments techniques de Faurisson se

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révèlent sans valeur. Cela dit, il est inévitable de se demander comment techniquement fonctionnent les chambres à gaz, c’est-à-dire simplement si elles existent ou ont existé. Tel est le passage obligé de toute enquête historique. Si d’aventure il ne se trouvait personne pour montrer comment une seule chambre à gaz a pu fonctionner, nous en déduirions que personne n’a pu y être asphyxié » (p. 205). Cette remarque des deux auteurs est précédée de l’observation suivante : « Après Rassinier (dont l’appréciation des chambres à gaz est plus nuancée), Faurisson présente l’intérêt d’avoir, dans le même temps où il prétend dénoncer un mensonge vieux de quarante ans, effectivement révélé de nombreux mensonges, et suscité parmi ses contradicteurs l’une des plus formidables productions de nouveaux mensonges de la décennie. Les historiens officiels reconnaissent eux-mêmes que là où l’on fait encore visiter aujourd’hui une chambre à gaz, il n’y en eut jamais, ce qui ne devrait, à les suivre, entamer en rien le crédit accordé à d’autres vérités « historiques » (p. 204-205). »

Claude Guillon et Yves Le Bonniec utilisent ici un argument CAPITAL des révisionnistes contre la thèse exterminationniste. De cet argument Vidal-Naquet ne souffle pas mot dans ses innombrables écrits et interventions : je veux parler de ce que j’appelle la « révision déchirante » du 19 août 1960. Ce jour-là, l’hebdomadaire hambourgeois Die Zeit, complaisant aux thèses des vainqueurs de la dernière guerre, a publié une lettre, une simple lettre du Dr Martin Broszat, de l’Institut d’Histoire Contemporaine de Munich. Dans cette lettre intitulée restrictivement « Pas de gazage à Dachau », il nous était concédé ou, plutôt, il était enfin concédé à la vérité historique qu’il n’y avait eu aucun gazage homicide dans TOUT L’ANCIEN REICH (l’Allemagne dans ses frontières de 1937). Depuis 1960, c’est-à-dire depuis vingt-deux ans, nous attendons toujours la forte étude documentée qui nous permettrait de voir en une seule et même fois pourquoi il a fallu subitement cesser de croire aux « gazages » de Dachau, de Bergen-Belsen, de Buchenwald, d’Oranienburg-Sachsenhausen, de Ravensbrück, de Neuengamme et continuer de croire aux « gazages » de camps situés en Pologne communiste. Ne disposait-on pas pour tous ces camps, indistinctement, d’une foule de « preuves », de « témoignages » et d’« aveux » ? N’avait-on pas exécuté ou contraint au suicide des responsables de camps où, en définitive, il se révélait, comme par l’opération du Saint Esprit, qu’il n’y avait pas eu la moindre « chambre à gaz » homicide ? Mais trêve de candeur : si le Dr Broszat, devenu depuis 1972 directeur de son institut, ne s’est jamais appesanti sur ces questions, c’est qu’il sait parfaitement qu’en montrant l’inanité des « preuves », des « témoignages » et des « aveux » relatifs aux camps situés dans l’Ancien Reich, il démolirait du même

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coup les « preuves », les « témoignages », les « aveux » relatifs aux camps de Pologne communiste. Car, pour un honnête observateur, toutes ces « preuves », tous ces « témoignages » et tous ces « aveux » se valent : ils ne présentent de véritable intérêt que pour les sociologues spécialisés dans l’étude des mécanismes de la croyance.

J’en viens à l’article de Vidal-Naquet. Je vais le suivre pas à pas au risque de paraître décousu ou de me répéter, car l’ensemble est confus.

  1. De la page 195 à la page 208, V.-N. accumule des généralités et des digressions qui me paraissent sans grand rapport avec le sujet.

Réponse : Pas de réponse.

  1. De la page 208 à la page 210, V.-N. parle des Discours secrets de Himmler, du statisticien R. Korherr et du mot « Sonderbehandlung » (traitement spécial). Il insinue, mais sans grande conviction, qu’un passage de ces discours manifeste une volonté de « génocide » des Juifs et que « Sonderbehandlung » est « un mot codé pour désigner l’extermination ».

Réponse : Je ferai une première remarque sur ce titre aguichant de Discours secrets. Ces discours n’ont rien de secret ! Je remarque à ce propos une nette tendance chez les exterminationnistes à tromper le bon lecteur par des titres tendancieux : c’est ainsi que S. Klarsfeld intitule Mémorial de la déportation des Juifs de France ce qui n’est qu’une liste de Juifs qui ont été embarqués dans les trains de la déportation ; il ne s’agit pas d’une liste de morts comme on le donne souvent à entendre, surtout quand on va placarder ces listes sur un monument funéraire près de Jérusalem. Georges Wellers, lui, dans sa haine de Vichy va jusqu’à intituler l’un de ses ouvrages : L’Etoile jaune à l’heure de Vichy, alors que le gouvernement de Vichy s’est toujours opposé et avec succès au port de l’étoile jaune dans sa zone. V.-N., lui, ne sait sur quel ton il convient de prendre les propos de Himmler. Il parle de son « langage direct ou presque totalement direct ». Ici, il croit le voir « au maximum de la franchise », encore que, ajoute-t-il, « une description du processus réel serait mille fois plus traumatisante ». C’est bien là que le bât le blesse : V.-N. proclame qu’il a trouvé chez Himmler ce que les historiens exterminationnistes recherchent vainement depuis 1945 : soit un ordre, soit une simple instruction prouvant une volonté d’extermination des Juifs. Mais au moment même où il nous présente le produit de sa chasse, le voici qui fait la moue devant ce qu’il a trouvé : le langage d’Himmler est « direct ou presque totalement direct », il n’y a pas de « description du processus réel »… Et si par hasard, dirions-nous, cette « description du processus

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réel » n’existait que dans la tête de V.-N. ? Ce n’est pas tout. V.-N. ajoute l’énigme à l’énigme. Il s’étonne d’une « atténuation » de Himmler. Que diable, Himmler était devant un public « averti » ! Alors pourquoi ce langage « indirect ou presque totalement indirect » ? Puis, soudain, s’enfermant dans une analyse de plus en plus abstraite et autistique, V.-N. croit découvrir que Himmler « code »… et même « surcode ». Ce prétendu « code », V.-N. le déchiffre avec une rapidité et une aisance souveraines : il le sort de sa poche, de sa tête. Il décrète, sans le moindre argument, que « Sonderbehandlung » des Juifs est un mot de code et, devant nous, il le décode instantanément : ce mot veut dire : « extermination ». Mais où les choses se compliquent, c’est quand notre analyste, pris d’un soudain scrupule, vient ajouter en note cette remarque bien propre à égarer un lecteur qui ne sait déjà plus si Himmler est « direct ou presque totalement direct », s’il « est au maximum de la franchise » ou fait le cachottier, s’il « code » ou s’il « surcode » : « Bien entendu Sonderbehandlung pouvait aussi avoir un sens parfaitement bénin. »

La réalité était la suivante : « Sonderbehandlung » pouvait avoir toute une série de sens, du plus grave au plus bénin. Le contexte éclairait le lecteur. Le sens premier semble être médical et on trouvera, par exemple : « Sonderbehandlung : Quarantänelager (camp de quarantaine) ». En revanche, dans le document PS-502, le même mot signifie explicitement « Exekutionen » (exécutions). « Sonderbehandlung » pouvait s’appliquer au traitement de faveur dont jouissaient en captivité de hautes personnalités. Voyez ce qu’en dit l’accusé Kaltenbrunner au Tribunal Militaire International de Nuremberg (Procès des grands criminels de guerre devant le Tribunal Militaire International de NurembergTMI –, tome XI, p. 348) : « Dans ces deux hôtels de luxe [pour traitement spécial] furent logées des personnes de marque, telles que M. Poncet, M. Herriot, etc. Ils recevaient des rations triples de la ration normale d’un diplomate, c’est-à-dire neuf fois la ration d’un Allemand en temps de guerre. Ils recevaient tous les jours une bouteille de champagne, correspondaient librement avec leur famille, pouvaient recevoir des colis de leur famille restée en France. Ces internés recevaient de fréquentes visites, et l’on s’enquérait de tous leurs désirs. Voilà ce que nous appelions le “traitement spécial” ». Dans les rapports d’effectifs journaliers de chaque camp, on discernait les arrivées et les départs. Parmi les départs, il pouvait y avoir : les morts, les « S.B. » (= « Sonderbehandlung »), les libérés (on oublie que bien des concentrationnaires pouvaient repartir d’Auschwitz après avoir accompli une peine de quelques mois), les transférés. On voudrait nous faire croire que les « S.B. » étaient des condamnés au « gazage ». Or, il y avait des « S.B. » dans des camps dépourvus, même selon la vulgate exterminationniste, de « chambres à gaz ». Ces « S.B. » devaient donc, selon toute probabilité, être des internés dirigés vers d’autres camps

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pour un motif quelconque (santé pour Bergen-Belsen, catégorie de Juifs à échanger avec les Alliés toujours pour Bergen-Belsen, femmes pour Ravensbrück, prêtres pour Dachau, gens âgés pour Theresienstadt, etc.). La catégorie des « transférés » proprement dits était constituée de gens assignés à un travail particulier soit dans un camp, soit dans une usine lointaine. Dans des autorisations de route, on trouve des télégrammes du WVHA (SS-Wirtschafts-Verwaltungshauptamt, en français : «Office central pour l’économie et l’administration») permettant à des camions d’aller chercher du matériel soit pour « Sonderbehandlung », soit pour « Desinfektion », ces deux mots étant employés indifféremment. Il s’agit plus précisément d’aller chercher à Dessau des quantités de Zyklon B pour procéder à la désinfection du camp d’Auschwitz où règne le typhus (message-radio du 22 juillet 1942 adressé sous la signature du Général Glücks au camp d’Auschwitz). Dans un seul et même livre (Sachso, par l’Amicale d’Oranienburg-Sachsenhausen, Minuit/Plon, 623 p., 1982) l’expression de traitement spécial est appliquée à la page 99 au fait de marquer au crayon bleu sur le sein gauche le porteur de poux et, à la page 327, elle s’applique à une exécution. Quand on cherche une expression qui puisse rendre compte de tous ces sens à la fois, on se demande si celle qui conviendrait le mieux à « Sonderbehandlung » ne serait pas « à isoler » On rencontre ce sens dans « gesonderte Unterbringung » (séjour isolé), expression souvent appliquée à des arrivants. Toujours est-il que comme « Sonderbehandlung » pouvait éventuellement signifier « à exécuter », on comprend fort bien que Himmler, au reçu du travail de son statisticien Korherr, ait fait dire à ce dernier que, dans tel passage de son rapport, il devait remplacer le mot de « Sonderbehandlung » par celui de « Transportierung ». Longtemps après la guerre, Korherr devait d’ailleurs élever une protestation contre le sens de massacre donné à « Sonderbehandlung ». Dans Der Spiegel du 25 juillet 1977 (cité d’après W. Stäglich, à la page 391 de Der Auschwitz Mythos, Grabert Verlag, Tübingen 1979, XII-492 p.), il écrit : « L’affirmation selon laquelle j’aurais pu établir que plus d’un million de Juifs ont pu mourir dans les camps du Gouvernement Général [de Pologne] et des territoires de la Warthe, des suites d’un traitement spécial (« Sonderbehandlung »), est absolument inexacte. Il me faut protester contre l’emploi du verbe mourir dans ce contexte. »

Le contexte est bien le dernier souci d’un V.-N. Je lui accorde volontiers qu’à la page 168, Himmler dit ceci à son auditoire : « La question suivante nous a été posée : “Que fait-on des femmes et des enfants ?” Je me suis décidé et là aussi j’ai trouvé une solution évidente. Je ne me sentais en effet pas le droit d’extirper les hommes – dites, si vous voulez, de les tuer (!) ou de les faire tuer – et de laisser grandir les enfants qui se vengeraient sur nos enfants et sur nos descendants. Il a fallu prendre la

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grave décision de faire disparaître ce peuple de la terre. » Si l’on arrête ici la citation, comme le fait V.-N., Himmler prend les proportions d’un général Turreau décidé a tuer les hommes, les femmes et les enfants et à faire de la Vendée un grand cimetière. Or la suite est curieuse et donne à entendre que Himmler s’est laissé aller à une grandiloquence de matamore. Il dit en effet que dans la réalisation il a su éviter pour les officiers et les soldats allemands un double danger : « celui de devenir trop dur, de devenir sans cœur et de ne plus respecter la vie humaine, ou bien de devenir trop mou et de perdre la tête jusqu’à en avoir des crises de nerfs – la voie entre Charybde et Scylla est terriblement étroite. » Mais alors, dira-t-on, comment les hommes de Himmler ont-ils procédé dans les faits ? La réponse se trouve en maintes pages de ses Discours dits secrets et, en particulier, aux pages 204, 205 et 206.

Deux mois après le discours susmentionné, Himmler revient sur le sujet et manifestement, c’est de la guerre des partisans qu’il parle, une guerre menée aussi sauvagement de part et d’autre. Il dit : « Quand j’ai été obligé de donner dans un village l’ordre de marcher contre les partisans et les commissaires juifs – je le dis devant cet auditoire, et mes paroles lui sont exclusivement destinées – j’ai en principe donné l’ordre de tuer également les femmes et les enfants de ces partisans et de ces commissaires. Je serais un lâche et un criminel vis-à-vis de nos descendants si je laissais grandir les enfants pleins de haine de ces sous-hommes abattus dans le combat de l’homme contre le sous-homme. Croyez-moi : cet ordre n’est pas si facile à donner ni à accomplir, il est plus facile à concevoir et à exprimer dans cette salle. Mais nous devons toujours plus avoir conscience du fait que nous nous trouvons dans un combat racial primitif, originel et naturel. »

Plus intéressant encore est le discours prononcé cinq mois plus tard devant des généraux à Sonthofen. Il s’y trouve moins que jamais le « génocide » qu’on pouvait craindre. Himmler déclare : « J’ai estimé que je n’avais pas le droit – cela concerne les femmes et les enfants juifs – de laisser grandir des enfants qui chercheraient plus tard à se venger et tueraient nos pères [sic !] et nos enfants. J’estime que cela aurait été une lâcheté. En conséquence le problème a été résolu sans compromis. Nous conduisons actuellement – c’est exceptionnel dans cette guerre – cent mille Juifs de Hongrie dans des camps de concentration, nous en conduirons ultérieurement cent mille autres pour construire des usines souterraines. Mais aucun ne tombera dans le champ de vision du peuple allemand. »

Les Allemands étaient hantés par la possibilité que se renouvellent sur leurs arrières des insurrections comme celle du ghetto de Varsovie. Sur la crainte de voir se produire à Budapest ce qui s’était produit à Varsovie on peut lire Ich, Adolf Eichmann, publié par le Dr Rudolf Aschenauer, Druffel Verlag, 1980, 550 p., p. 33.

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  1. A la page 211, V.-N., récitant l’historique de l’« extermination », parle de « l’arrêt de l’extermination des Juifs sur l’ordre d’Himmler à la fin d’octobre 1944 ».

Réponse : Cet ordre n’a jamais existé et je mets Vidal-Naquet au défi de nous le produire. De même qu’il n’a existé aucun ordre de Hitler ou de Himmler ou de quiconque d’entamer l’extermination des Juifs, de même il n’a existé aucun ordre de quiconque d’arrêter une extermination qui n’avait pas eu lieu.

  1. A la page 212, en note, V.-N. affirme : « Je ne vois aucune raison de mettre en doute l’existence [des « chambres à gaz »] de Ravensbrück, du Struthof, de Mauthausen. »

Réponse : Pour ce qui est de Ravensbrück, V.-N. nous renvoie au livre de Germaine Tillion ; ce dernier contient un plan du camp ; l’emplacement de la prétendue « chambre à gaz » n’est pas même noté ; il n’y a d’autre part ni le moindre plan, ni la moindre indication d’ordre matériel ; c’est une « chambre à gaz » rigoureusement métaphysique. Quant au Struthof, j’ai été le premier à en publier l’état des lieux, garantis « en état d’origine » ; et j’ai prouvé que le « gazeur » aurait été le premier à se gazer avec son gaz mystérieux (voy. les deux confessions contradictoires de Josef Kramer) ; V.-N. ne résout pas l’énigme technique ; d’ailleurs rien de ce qui est technique ne l’intéresse. Pour ce qui est de Mauthausen, les choses sont encore plus simples : les manettes de fonctionnement des tubulures amenant le prétendu gaz dans la douche sont… à la disposition des victimes ! C’est ce qui ressort nettement d’une photo normale ; la photo exhibée à la récente exposition de la déportation qui s’est tenue sur l’Esplanade du Trocadéro à Paris (avril-mai 1982) le montre beaucoup moins bien ; les manettes sont comme limées.

  1. À la page 212, en note 23, V.-N. confesse qu’il existe sur le chapitre des camps de concentration « toute une sous-littérature qui représente une forme proprement immonde d’appel à la consommation et au sadisme. » Il ajoute : « Est à éliminer tout ce qui relève du fantasme et de la propagande ». À ces titres il dénonce Christian Bernadac, Silvain Reiner, Jean-François Steiner et V. Grossman. Il reconnaît être «tombé dans le piège tendu par Treblinka de J.-F. Steiner (Fayard, 1966)».

Réponse : Fort bien, mais voilà qui ne nous avance guère. Ce qui serait instructif pour le lecteur serait de savoir pourquoi V.-N. est tombé dans tel piège et comment il s’en est tiré. Il insulte Bernadac sans qu’on sache

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pourquoi exactement et il vante Nyiszli sans qu’on sache non plus pourquoi. Il procède par oukases. Il décrète que tel récit est crédible et que tel autre ne l’est pas. Il ne se livre à aucune de ces analyses auxquelles s’astreignent les révisionnistes. Quand un Rassinier nous affirme que le best-seller Médecin à Auschwitz de Nyiszli n’est qu’une « gredinerie », c’est au terme d’une longue analyse et d’une enquête des plus sérieuses. Rassinier nous arme pour de futures lectures que nous serons capables, en adultes, de mener à bonne fin, pour en trier le vrai et le faux. V.-N., lui, nous désarme. Nous sommes devant lui comme des enfants qui attendent, à chaque fois que sort un nouvel ouvrage, le jugement qui tombera de la bouche du père, un père à la fois tranchant et pourtant faillible. Que pense-t-il de Martin Gray qui, pour écrire Au nom de tous les miens (Robert Laffont, Poche, 1971, 447 p.) a pris pour nègre un donneur de leçons morales qui s’appelle Max Gallo et qui l’a aidé, en coopération avec le Centre de Documentation Juive Contemporaine de Paris, à s’inventer un séjour à Treblinka ? Goûte-t-il un parfum d’authenticité dans les immondices accumulées par Filip Müller dans Trois ans dans une chambre à gaz d’Auschwitz (Pygmalion/Gérard Watelet, 1980, 252 p.) : un livre lancé à grand fracas par Claude Lanzmann et par Le Nouvel Observateur et qui, pour un peu, arrachait des larmes à l’acteur François Perrier venu le mentionner à la télévision ? Que pense-t-il de Constantin Simonov sur Maidanek, Editions sociales, 1946, 40 p. ? Comment juge-t-il cent autres ouvrages, soit d’histoire, soit de témoignages où se retrouvent mêmes clichés, mêmes inventions, mêmes puanteurs, mêmes impossibilités matérielles que dans les ouvrages qu’il dénonce comme des faux ? Que pense-t-il de Fania Fénelon selon qu’elle s’exprime sur ce qu’elle a vécu à Auschwitz (et qui ne manque pas d’intérêt) et selon qu’elle veut nous faire croire à l’existence des chambres à gaz (qu’elle n’a pas vues) ? Que pense-t-il du tout récent Sachso où l’Amicale des Anciens d’Oranienbourg-Sachsenhausen a l’effronterie de nous dire que ce camp possédait une « chambre à gaz » homicide alors que depuis près d’un quart de siècle il est établi par les autorités en matière d’histoire exterminationniste que ce camp-là n’a jamais eu une telle installation ? Que pense-t-il, à ce propos, de la façon dont la croyance se transforme en science ?

  1. Aux pages 212-213, V.-N. nous concède que le théologien Charles Hauter, qui fut déporté à Buchenwald, « ne vit jamais de chambre à gaz » et « délire à leur propos ». Il le cite : « Le machinisme abondait littéralement quand il s’agissait de l’extermination. Celle-ci, devant se faire vite, exigeait une industrialisation spéciale. Les chambres à gaz répondaient

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à ce besoin de façon fort diverse. Certaines, d’un goût raffiné, étaient soutenues par des piliers en matière poreuse, à l’intérieur desquels le gaz se formait pour traverser ensuite les parois. D’autres étaient de structure plus simple. Mais toutes présentaient un aspect somptueux. Il était facile de voir que les architectes les avaient conçues avec plaisir, en y arrêtant longuement leur attention, en apportant les ressources de leur sens esthétique. C’étaient les seules parties du camp construites avec amour. »

Réponse : Je ne vois pas pourquoi V.-N. récuse ce témoignage. Il n’est ni pire, ni meilleur que tout ce qui peut se lire sur le chapitre des « chambres à gaz » de Buchenwald, d’Auschwitz ou d’ailleurs. De quel droit V.-N. affirme-t-il que ce théologien n’a jamais vu de chambres à gaz et qu’il « délire à leur propos » ? La réponse est simple et désarmante comme un raisonnement à la Vidal-Naquet et doit se formuler ainsi : « Ce théologien n’a pas vu de chambres à gaz à Buchenwald, car il offense la vérité officielle sur la question, vérité officielle admise par consentement tacite et secret entre les historiens de cour, selon laquelle, eh bien, en définitive, Buchenwald n’avait pas de chambre à gaz. » Autrement dit, pour rester fidèle aux raisonnements tautologiques, pléonastiques et autistiques d’un Vidal-Naquet, voici ce qu’il faudrait répondre au théologien Charles Hauter : « Il ne faut pas se demander comment, techniquement, un tel meurtre de masse n’a pas été possible à Buchenwald. Il a été impossible techniquement puisqu’il n’a pas eu lieu. Tel est le point de départ obligé de toute enquête historique sur ce sujet. Cette vérité, il nous appartenait de la rappeler simplement : il n’y a pas, il ne peut y avoir de débat sur l’inexistence de ces chambres à gaz de Buchenwald. »

  1. A la page 213 V.-N. nous concède que « Le chiffre de six millions de Juifs assassinés qui provient de Nuremberg n’a rien de sacré ni de définitif et beaucoup d’historiens aboutissent à un chiffre un peu inférieur. » C’est ainsi, ajoute-t-il en note, que « R. Hilberg aboutit à un chiffre de 5.100.000 victimes ».

Réponse : Cette remarque de V.-N. rejoint ce qu’en 1979 le Dr Broszat devait déclarer enfin devant un tribunal de Francfort : « Les six millions sont un chiffre symbolique. » Je m’étonne de ce que V.-N. ne cite pas à l’appui de sa thèse un argument plus convaincant que le chiffre proposé par R. Hilberg. Gerald Reitlinger, lui, dans The Final Solution, Sphere Books Ltd, Londres 1971, XII-668 p., présente à la page 546 de son ouvrage un « Summary of Extermination Estimates (Revised 1966) ». Ce tableau nous donne à choisir entre un minimum de

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4.204.000 et un maximum de 4.575.000 morts juives. Encore prend-il bien soin d’ajouter qu’il s’agit là de totaux fondés sur des conjectures. V.-N. devrait prévenir que tous les totaux de morts juives sont fondés sur de pures conjectures. En 37 ans et avec les moyens électroniques que nous possédons, il y a beau temps que le total approximatif véritable des victimes juives aurait pu être établi, mais il se trouve malheureusement qu’on ne veut pas fournir les moyens de l’établir. Quand un pays comme la France détient ses propres chiffres depuis maintenant près de dix ans, il les cache par crainte de réactions juives et, ainsi qu’on le verra plus loin, Vidal-Naquet vient de prendre une part personnelle dans ce refus de communiquer une information qui, à coup sûr, gênerait les manipulateurs de chiffres et les menteurs.

  1. Aux pages 213 et 214, V.-N. écrit à propos de Klarsfeld : « De même, S. Klarsfeld, par le travail minutieux qui caractérise son Mémorial, a abaissé de plus de 40.000 le chiffre donné d’habitude pour la déportation des Juifs de France (de 100.000 à un peu plus de 76.000). »

Réponse : Je viens de dire ce que je pensais du titre de l’ouvrage de Klarsfeld. Le contenu est digne de l’une des photos qui figurent en page de couverture. Cette photo est tronquée pour paraître pitoyable : les personnes souriantes ont disparu. On peut retrouver cette photo sous sa forme intégrale à la page 188. Deuxième troncation : à la page 28, Klarsfeld donne à croire que le Général Kohl était partisan d’un anéantissement physique des Juifs alors qu’il s’agissait d’un anéantissement de leur influence « comme de celui des églises politiques ». Les mots supprimés sont : « Er zeigte sich auch als Gegner der politischen Kirchen » (Il se montra aussi un ennemi des églises politiques). Cette très grave troncation d’un texte de Dannecker vient de Josef Billig, suivi par Georges Wellers, suivi par Michaël R. Marrus et Robert O. Paxton. Chacun a remplacé la phrase manquante par le signe typographique des trois points. Chacun a pu ainsi dire : « Voilà enfin une preuve de la volonté d’extermination. La seule preuve à vrai dire. » Chez Klarsfeld, la troncation est d’autant plus consciente qu’avant de publier le Mémorial, il avait en 1977 publié pour la justice allemande ayant à juger Lischka : Die Endlösung der Judenfrage in Frankreich, Deutsche Dokumente venant du Centre de Documentation Juive Contemporaine de Paris, 1977, 245 p. Dans cet ouvrage, il était impossible de faire tout à coup apparaître trois points au beau milieu d’une lettre de Dannecker (p. 36). Je signale une troisième tentative de tromperie de la part de Klarsfeld à la page 245 de son Mémorial à propos du

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Journal du Dr Johann-Paul Kremer : voy. mon Mémoire en défense, à la page 125.

Mais il y a infiniment plus grave. Pour déterminer le nombre des morts parmi les quelque 76.000 déportés juifs de France, Klarsfeld a utilisé un procédé stupéfiant : il a déclaré MORTS tous ceux qui n’avaient pas pris la peine d’aller se déclarer vivants au Ministère des Anciens Combattants à la date ultime du 31 décembre 1945 ! Et cela alors que cette démarche n’avait, en plus de tout, rien d’obligatoire, ni d’officiel. La vérité oblige à dire que Klarsfeld est allé se renseigner en Belgique pour savoir s’il ne pourrait y récolter quelques noms de plus de survivants. La plupart des Juifs déportés de France étaient des étrangers. Je ne pense pas qu’ils avaient grande envie de revenir dans un pays qui les avait livrés à l’Allemand. Klarsfeld ne s’est pas soucié de savoir combien de Juifs déportés de France, puis libérés, sont allés s’installer en Palestine, aux Etats-Unis, en Afrique du Sud, en Argentine, etc. Il n’a pas eu scrupule à compter comme morts tous ceux qui, revenus en France, sont allés se présenter sans même qu’on le leur demande à la porte du Ministère des Anciens Combattants après le 31 décembre 1945. Il y aurait énormément à dire sur son Mémorial, sur l’Additif à son Mémorial, sur les milliers de « gazés » inventés de toutes pièces par le Centre de Documentation Juive Contemporaine de Paris, et cela de l’aveu même de Klarsfeld.

V.-N. dit que le chiffre habituellement donné des Juifs déportés de France était de 100.000 et que Klarsfeld a ramené ce chiffre à un peu plus de 76.000, opérant ainsi une révision de quelque 40.000 (?). Il y a là une erreur. Le chiffre habituellement donné était de 120.000 et non de 100.000 et la révision est donc d’environ 44.000. Pour Klarsfeld, la France de 1939 comptait sur 39 millions d’habitants environ 300.000 Juifs (français, étrangers, apatrides…) (voy. sa page 606). On en conclura que les trois quarts des Juifs établis en France n’ont pas été déportés : étrange phénomène à concilier avec une prétendue politique d’« extermination ». Phénomène encore plus étrange en Bulgarie et en vieille Roumanie ou au Danemark ou en Finlande. Phénomène de plus en plus étrange quand on songe à toutes les associations à travers le monde qui comptent des rescapés de l’« Holocauste » qui, tel Simon Wiesenthal soi-même, sont allés de camps de la mort en camps de la mort sans qu’Hitler les tue jamais. Le « procès-verbal de Wannsee », auquel je n’accorde aucune valeur pour des raisons que je n’ai pas le temps de donner ici, passe auprès des exterminationnistes pour authentique. A ce compte, je signale à ces derniers que le procès-verbal fait état pour la France de 1941 de 865.000 Juifs. D’où il faudrait conclure que pas même un dixième des Juifs de France n’a été déporté.

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  1. À la page 214, en note 28, V.-N. écrit : « Faurisson présente (Vérité [historique ou vérité politique ?], p. 98 et 115) comme inaccessibles les résultats du Comité d’histoire de la (Deuxième) Guerre mondiale sur le nombre total des déportés non raciaux. On les trouvera tout simplement dans J.-P. Azéma, De Munich à la Libération, 1979, p. 189 : 63.000 déportés dont 41.000 résistants, estimation évidemment inférieure à celles qui avaient cours jadis. »

Réponse : Je n’ai jamais restreint ma critique au fait que ce Comité nous cachait « le nombre total des déportés non raciaux ». Je lui ai toujours reproché de nous cacher le nombre total des vrais déportés : raciaux ou non raciaux. Et on constatera que ma critique reste aussi valable aujourd’hui qu’hier et que ni ce Comité, ni Azéma, ni Vidal-Naquet n’osent nous dévoiler le nombre des raciaux. Je vais donc le faire à leur place : CE NOMBRE QU’ON NOUS CACHE DEPUIS NEUF ANS EST DE… 28.162. (Pour les non raciaux, il est exactement de 63.085). Evidemment, ce chiffre de 28.162 Juifs est terriblement embarrassant. Il a été obtenu au terme d’une enquête qui a duré vingt ans. Comment le concilier avec le chiffre de Klarsfeld : quelque 76.000 ? Voilà un beau sujet de réflexion pour nos exterminationnistes. Faut-il imaginer que le Comité a travaillé scientifiquement et qu’il n’a donné la qualité de Juif qu’à ceux à qui cette qualité a valu la déportation ? Faut-il penser que Klarsfeld de son côté a compté comme Juifs tous les Juifs, qu’ils aient été déportés pour cette qualité ou pour toute autre : résistance, sabotage, renseignements, marché noir, acte de droit commun ? Je n’en sais rien. Je pose la question et je voudrais bien des éclaircissements. Que nos gens mettent leurs violons à l’unisson !

V.-N. parle de 63.000 déportés dont 41.000 résistants comme d’une « estimation évidemment inférieure à celles qui avaient cours jadis » ; je le trouve quelque peu fuyant. Il devrait se montrer plus précis et nous rappeler qu’au grand procès de Nuremberg le nombre des déportés de France était officiellement de 250.000 (T.M.I., tome VI, p. 338), ce qui, soit dit en passant, nous donne une idée du sérieux de ce tribunal se faisant appeler militaire et international alors qu’il n’était qu’une mascarade judiciaire, n’était pas militaire (à l’exception du juge… soviétique) et n’était pas international mais interallié et que les vainqueurs y jugeaient cyniquement les vaincus en se fondant sur un statut qui contenait des abominations juridiques comme les articles 19 et 21.

    1. Aux pages 214 et 215, V.-N. écrit : « C’est tout simplement mentir

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effrontément que de comparer aux camps hitlériens les camps créés par une décision parfaitement scandaleuse de l’administration Roosevelt, pour loger les Américains d’origine japonaise (Faurisson, in Vérité historique ou vérité politique ?, p. 189). » 

Réponse : J’écrivais en fait : « J’appelle “génocide” le fait de tuer des hommes en raison de leur race. Hitler n’a pas plus commis de “génocide” que Napoléon, Staline, Churchill ou Mao. Roosevelt a interné dans des camps de concentration des citoyens américains de race japonaise. Ce n’était pas non plus un “génocide” ». Qu’on relise bien mes phrases : où y a-t-il une « comparaison » des camps allemands et des camps américains ? Où y a-t-il « mensonge effronté » de ma part ? Si j’avais eu à les comparer ç’aurait été pour dire qu’en tout état de cause mieux valait probablement vivre dans un camp de concentration géré par une nation opulente comme l’étaient les États-Unis en 1941 que par une nation comme l’Allemagne où sévissaient les restrictions de toutes sortes. Azéma, déjà cité, écrit en note 2 de la page 189, à propos de la mortalité dans les camps allemands : « Les ultimes semaines, où les épidémies sévissaient à l’état endémique, et les derniers transferts furent particulièrement meurtriers. »

Cela dit, les camps de concentration sont une invention moderne que nous devons non pas aux Britanniques dans leur guerre contre les Boers mais aux Américains de la Guerre de Sécession et je pense que les horreurs d’Andersonville ont bien dû valoir les horreurs des camps anglais, allemands, russes ou français. Rappelons modestement dans quel état, au lendemain de la guerre, nous avons mis beaucoup de nos prisonniers de guerre allemands et, pour ceux qui ont la mémoire courte, rappelons que les Américains ont exigé la restitution des Allemands qu’ils nous avaient prêtés et que l’opération de transfert avait pris le nom de « Skinny Operation » (opération de ceux qui n’ont plus que la peau sur les os).

    1. A la page 215 V.-N. écrit : « […] il appartient aux historiens de retirer les faits historiques des mains des idéologues qui les exploitent. Dans le cas du génocide des Juifs, il est évident qu’une des idéologies juives, le sionisme, fait du grand massacre une exploitation qui est parfois scandaleuse. »

Réponse : Fort bien. Mais quand je dis cela, on crie à l’antisémitisme et on me fait lourdement condamner par l’appareil judiciaire français : 360 millions d’anciens francs d’amende, 3 mois de prison avec sursis et pas un collègue pour dire sa stupéfaction devant cette condamnation

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d’un professeur à salaire unique. Car les seules personnes que j’accuse dans cet énorme mensonge des « chambres à gaz » et du « génocide » sont le sionisme international et l’Etat d’Israël. Très exactement je les accuse d’en être les principaux bénéficiaires.

    1. V.-N. parle, à la page 216, de « la démonstration faite par Faurisson que le Journal d’Anne Franck [pour : Frank] est, sinon une “supercherie littéraire”, du moins un document trafiqué. » Puis vient le commentaire suivant : « A l’échelle de l’histoire du génocide hitlérien, cette modification relève de la virgule. »

Réponse : Voilà qui est troublant ! Le même Faurisson qui se voit traiter presque à chaque page de menteur invétéré et de complet faussaire aurait les qualités d’analyse nécessaires pour détecter un document trafiqué là où des millions de lecteurs, en 54 langues, au moins voyaient une œuvre d’une authenticité bouleversante et qui, pour la bonne cause exterminationniste, aurait fait à elle seule plus que les six millions de morts. Faurisson est-il double ? Se dédouble-t-il ainsi d’un coup, d’un seul ? Si oui, il faut nous montrer comment. Car beaucoup de lecteurs vont penser qu’après tout il a mis en œuvre une seule et même méthode (textuelle, pragmatique, au ras des réalités) pour distinguer le vrai et le faux en toute matière.

  1. À la page 216, en note 30, V.-N. écrit : « On trouvera dans son article [celui de Nadine Fresco, « Les Redresseurs de morts », Les Temps Modernes, juin 1980, p. 2150-2211] une excellente analyse des méthodes de l’histoire révisionniste. »

Réponse : Dans ce long article bavard et, comme on l’a dit, « d’un ton rigolard », je n’ai trouvé nulle trace d’une analyse quelconque. J’étais nommé 150 fois. Je croyais avoir un droit de réponse. J’ai donc envoyé un texte en droit de réponse. Les Temps Modernes m’ont fait savoir qu’il n’était pas question de la publier parce que je niais l’existence des « chambres à gaz » (réponse orale).

  1. À la page 220, V.-N. reproche au révisionniste américain Dr Austin J. App d’avoir écrit : « Le IIIe Reich voulait l’émigration des Juifs, non leur liquidation. S’il avait voulu les liquider, il n’y aurait pas en Israël 500.000 survivants des camps de concentration [chiffre imaginaire, dit V.-N.] touchant des indemnités allemandes pour des persécutions imaginaires. »

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Réponse : Dans le tome 14 de l’Encyclopaedia Judaica, à l’article « Reparations, German », il est dit que le 12 mars 1951 Moshe Sharett faisait valoir à l’appui de la demande de réparations financières à l’Allemagne la nécessité d’absorber 500.000 victimes du nazisme en terre d’Israël. Vingt-sept ans plus tard, on lisait ceci dans Le Monde du 3 novembre 1978, p. 10 : « Une partie importante du peuple israélien est rescapée des holocaustes et témoin vivant du génocide commis par la bête nazie », déclare un communiqué de l’ambassade d’Israël à Paris. Trente-cinq ans après la guerre, on lisait dans le Bulletin quotidien de l’Agence Télégraphique Juive du 9 décembre 1980 sous le titre de : « Le parti des survivants » : « Les survivants de l’Holocauste sont entre 200.000 et 500.000 en Israël. Ils sont âgés de 45 à 75 ans, indique Touvia Friedmann ».

  1. À la page 221, V.-N. reproche aux révisionnistes de demander leurs preuves à ceux qui affirment que les « chambres à gaz » et le « génocide » ont réellement existé. Il le fait dans les termes suivants : « Car nous voilà obligés, à la limite, de prouver ce qui nous est arrivé. Nous qui, depuis 1945, savons, nous voilà tenus d’être démonstratifs, éloquents, d’user des armes de la rhétorique, d’entrer dans le monde de ce que les Grecs appelaient la Peithô, la Persuasion dont ils avaient fait une déesse qui n’est pas la nôtre. Se rend-on compte vraiment de ce que cela signifie ? »

Réponse : Il me paraît normal pour un historien de prouver ce qu’il avance et il me semble anormal de se tenir pour dispensé de fournir ses preuves. Notons au passage un aveu qui est de taille : jusqu’à présent les exterminationnistes ne prouvaient rien car… ils savaient ! Tel est bien le reproche que nous leur avons toujours fait : sur la question des « chambres à gaz » et du « génocide », les exterminationnistes se contentaient d’une sorte de connaissance intuitive, infuse, métaphysique, religieuse, insaisissable. Ils étaient persuadés que cela devait suffire. Eh bien, cela ne suffit précisément plus.

  1. À la page 222, en note 41, V.-N. écrit que Faurisson et Thion ont osé soutenir qu’aucune expertise d’une chambre à gaz n’a jamais été faite. Il dit : « C’est faux : j’ai sous les yeux la traduction d’une expertise réalisée à Cracovie en juin 1945 sur les orifices de ventilation de la chambre à gaz de Birkenau (crématoire no 2), sur vingt-cinq kilos de cheveux de femmes et sur les objets métalliques trouvés dans ces cheveux. Cette expertise qui utilise, me dit G. Wellers, des méthodes classiques met en évidence dans ce matériel des composés de cyanure d’hydrogène. »

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Réponse : Je connais ces expertises commandées par le juge d’instruction Jan Sehn et menées par le laboratoire situé rue Copernic à Cracovie. CE NE SONT JUSTEMENT PAS DES EXPERTISES ETABLISSANT QUE TEL BÂTIMENT ETAIT UNE CHAMBRE A GAZ HOMICIDE. Et je demande pourquoi on n’a pas fait cette expertise élémentaire (d’ailleurs toujours possible aujourd’hui). Ce que V.-N. appelle ou baptise « chambre à gaz » du crématoire no 2 était une « Leichenkeller », c’est-à-dire une chambre froide caractéristique, semi-enterrée pour la protéger de la chaleur, en cul-de-sac, de 30 m x 7 m avec des piliers de soutènement au milieu. J’en connais très précisément le système d’aération. Une chambre froide, cela se désinfecte. On utilisait alors le Zyklon B, insecticide inventé en 1922 et qui s’emploie encore aujourd’hui par toute la terre. Le Zyklon B est un absorbant d’acide cyanhydrique sur base poreuse inerte – la terre d’infusoires – qui libère lentement l’acide cyanhydrique gazeux au contact de l’air. Il est donc normal qu’une expertise décèle des restes de cet acide. Pour ce qui est des cheveux, je rappelle que pendant la guerre on les récoltait chez tous les coiffeurs d’Europe ; soit dans les usines, soit dans les camps on s’en servait pour en faire des tapis, des peluches, des talons de chaussures, etc. D’ailleurs, les camps étaient surchargés de ces matériaux de récupération dont on explique aujourd’hui aux touristes et aux badauds qu’ils provenaient tous des dépouilles des victimes. J’ai personnellement une série de documents qui prouvent qu’une partie des cheveux exposés au Musée National d’Auschwitz provenaient en fait d’une usine de tapis et peluches sise à Kiertrz, soit à 90 km à vol d’oiseau d’Auschwitz. On leur avait trouvé des traces d’acide cyanhydrique, ce qui, là encore, était bien normal.

Je renouvelle ici ma demande lancinante : qu’on ordonne enfin 37 ans après la fin de la guerre l’expertise de tout local (soit à l’état d’origine, soit à l’état de ruines) qu’on ose baptiser de chambre à gaz homicide. Que l’on commence par le Struthof après, au besoin, une relecture des rapports Simonin/Fourcade/Piedelièvre et surtout de l’introuvable rapport Fabre (toxicologue).

  1. À la page 223, V.-N. écrit : « Faurisson se contente de dauber (…) sur “des manuscrits – miraculeusement – retrouvés” dont il ne tente même pas de démontrer l’inauthenticité. »

Réponse : Dans mon Mémoire en défense, paru après le présent livre de V.-N., je démontre l’inauthenticité de ces manuscrits. Je le fais aux pages 232 à 236 dans le chapitre intitulé : « Les tricheries de la L.I.C.A.

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et tous autres ». Je conseille à V.-N. de lire, de plus, le numéro spécial des Hefte von Auschwitz, Sonderheft I, Handschriften von Mitgliedern des Sonderkommandos, Verlag Staatliches Auschwitz Museum, 1972, 220 p. Dans la préface, il verra non sans surprise, p. 5 à 17, à quel point les Polonais prennent à partie le premier publicateur de ces manuscrits pour ses transformations et manipulations. Ce publicateur n’est autre que l’illustre Professeur Bernard Mark, directeur de l’Institut d’Histoire Juive à Varsovie, qui fut dénoncé comme faussaire par le Juif polonais Michel Borwicz dans la Revue d’histoire de la Deuxième Guerre Mondiale, janvier 1962, p. 93.

  1. À la même page 223, V.-N. me reproche de compter La Chronique du Ghetto de Varsovie, d’Emmanuel Ringelblum, parmi les ouvrages « faux, apocryphes ou suspects ».

Réponse : Qu’on en juge plutôt par la seule présentation de ce livre ! Je l’ai sous les yeux : Emmanuel Ringelblum, Chronique du Ghetto de Varsovie, version française de Léon Poliakov d’après l’adaptation de Jacob Sloan, Robert Laffont, 1978, 375 p. En page 7, la note du traducteur commence ainsi : « À la demande de l’éditeur, j’ai suivi, pour cette version de la Chronique d’Emmanuel Ringelblum, la sélection établie par M. Jacob Sloan, publiée aux États-Unis en 1958 par McGraw Hill Book Company, Inc. – j’ai toutefois pris soin de collationner ce texte avec l’édition originale en yiddish, publiée en 1952 par l’Institut d’Histoire Juive de Varsovie […]. L’édition de Varsovie présente des lacunes motivées surtout par le lieu et la date de publication. Malheureusement, ni M. J. Sloan ni moi-même n’avons pu prendre connaissance du texte original du manuscrit conservé à Varsovie. »

Dois-je rappeler ici – last but not least – que le directeur de l’Institut d’Histoire Juive de Varsovie, dont Léon Poliakov ne donne pas le nom, est le faussaire Bernard Mark ?

  1. À la page 224, V.-N. revient sur une citation de Himmler et parle à nouveau de «langage codé», puis il cite Goebbels qui, dans son Journal, écrit à la date du 13 mai 1943 : « Les peuples modernes n’ont donc pas d’autre solution que d’exterminer les Juifs. »

Réponse : Pour ce qui est de Himmler, je renvoie ci-dessus à mon alinéa 2. Pour ce qui est de « décodé », je dirais : « Assez décodé ! » Pour ce qui est de Goebbels, je dirais que la phraséologie guerrière est toujours la même ; il s’agit toujours d’exterminer l’ennemi jusqu’au dernier ; voyez

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les paroles de notre Marseillaise ; voyez également les exemples cités par Wilhelm Stäglich dans Der Auschwitz Mythos, p. 82-85 (Churchill, propos de Lord Vansittart, d’Ilya Ehrenburg, de responsables sionistes, etc.) ; même un intellectuel juif comme Julien Benda, qui se donnait pour un rationaliste, écrivait en 1938 : « Pour moi, je tiens que par sa morale, la collectivité allemande moderne est une des pestes du monde et si je n’avais qu’à presser un bouton pour l’exterminer tout entier, je le ferais sur-le-champ, quitte à pleurer les quelques justes qui tomberaient dans l’opération » (Un Régulier dans le siècle, Gallimard, 1938, 254 p., p. 153). Cela dit, Goebbels répète à plusieurs reprises dans son Journal encore à la date du 7 mai 1943 : « Les Juifs doivent être chassés d’Europe ». A l’époque où il parle, ils ne sont pas même encore chassés de Berlin et, à la Libération, en mai 1945, on sera surpris de découvrir qu’il existait encore à Berlin au moins une pouponnière juive et un asile de vieillards juifs. Quant à l’Europe, elle comptait encore des millions de Juifs.

  1. À la page 224, V.-N. écrit qu’il est « un peu surprenant (…) qu’aucun dirigeant SS n’ait nié l’existence des chambres à gaz. »

Réponse : C’est tout simplement faux. Il est très souvent question, dans les comptes rendus de procès, de l’obstination qu’avaient des responsables de camp à ne pas vouloir admettre « l’évidence ». Voyez, dans mon Mémoire en défense, à la page 45, ce que Germaine Tillion ose écrire du commandant de Ravensbrück : « Le commandant Suhren fut naturellement interrogé à plusieurs reprises au sujet de la chambre à gaz. Il commença par nier son existence, puis l’admit, mais hors de son commandement et maintint cette position malgré l’évidence du contraire : “J’évalue”, dit-il (au cours de l’interrogatoire du 8 décembre 1949), “le nombre des femmes mortes gazées à Ravensbrück à 1 500 environ.” » OR, IL EST MAINTENANT RECONNU QU’IL N’A JAMAIS EXISTÉ DE CHAMBRE À GAZ DANS CE CAMP, où d’ailleurs cette étonnante « chambre à gaz » n’a même jamais été localisée ! ! Même obstination diabolique chez Josef Kramer à propos d’Auschwitz. Dans sa première déposition, il dit qu’il a entendu les allégations d’anciens prisonniers d’Auschwitz selon lesquels il se serait trouvé là une chambre à gaz et il dit que c’est entièrement faux. Mais dans une déposition ultérieure, il dit qu’il y avait UNE chambre à gaz mais qu’elle était sous l’autorité de Höss (Trial of Josef Kramer and forty-four others, edited by Raymond Phillips William Hodge and Co., Londres 1949, p. 731 et 738). Avec le même Josef Kramer, la justice militaire française s’est dépassée pour la prétendue « chambre à gaz » homicide du Struthof. Elle a extorqué de lui

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deux confessions totalement contradictoires sur le déroulement de l’opération (Celle, le 26 juillet 1945, et Lunebourg le 6 décembre 1945). Si Richard Baer avait au cours d’un interrogatoire vers 1962/63 reconnu l’existence de « chambres à gaz » à Auschwitz où il fut commandant, nul doute qu’au cours du procès de Francfort on en eût fait état auprès de ses 22 complices, si rétifs ou si vagues sur le sujet. Je répète ici qu’il est impossible de bafouer un tabou. On compose avec lui, comme tous les avocats allemands l’ont fait en conseillant à leurs clients de ne rien nier en la matière, de laisser dire et de se contenter d’affirmer que, pour ce qui était de soi-même, on n’avait rien eu à faire avec une aussi sale histoire. Ainsi la sorcière n’allait-elle pas jusqu’à dire : « La meilleure preuve que je n’ai pas rencontré le diable, c’est que celui-ci n’existe pas. » Elle en eût paru diabolique. Elle biaisait. Le diable était sans doute bien là. Au loin il y avait grand tapage. « Mais c’était en haut de la colline et j’étais au bas de cette colline. »

Pas un des inculpés du grand Tribunal de Nuremberg n’a admis avoir eu connaissance des « chambres à gaz » et du « génocide », pas même Frank, l’ancien gouverneur de Pologne abîmé dans la pire repentance chrétienne, pas même Speer le plus « collaborateur » de ses juges et de ses vainqueurs. Speer allait plus tard publier sur la requête de ses amis juifs un texte où il dit qu’il se tient pour responsable… de son aveuglement ! Lui, le Ministre des Armements, ayant en fin de compte la haute main sur l’activité des camps de concentration, il n’avait pas VU que de formidables abattoirs humains, nécessitant des milliers de tonnes de charbon pour l’incinération des cadavres des victimes du génocide, fonctionnaient, paraît-il, jour et nuit ! Speer a été récompensé de sa bonne volonté. Ses livres se sont vendus à des millions d’exemplaires à ce détail près qu’« après déduction de l’impôt, il faisait fifty/fifty avec les associations juives, notamment françaises. » (Propos tenus à la télévision française lors de la présentation de son premier livre.)

Dans le 42e tome des comptes rendus et documents du T.M.I. on découvre le document PS-862. Celui-ci nous apprend que, sur les 26.674 anciens dirigeants politiques interrogés, pas un n’avait entendu parler d’« extermination » des Juifs ou de « camps d’extermination » avant la capitulation de mai 1945.

Songe-t-on que la force du tabou est telle que 36 ans après la guerre un professeur français qui ose nier « génocide » et « chambres à gaz » se voit condamner à 3 mois de prison avec sursis et à 360 millions d’anciens francs d’amendes et de frais de publication ?

Et puis pour nier que ces horreurs aient existé encore faut-il s’être penché pendant des années sur la question du point de vue technique. Le commun des mortels (les Allemands comme leurs vainqueurs, les hommes de science comme le profane) a tendance à s’imaginer quand

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on lui parle de « gazage » homicide qu’il s’agit d’une opération des plus simples. Après cela, allez prétendre que telle douche, tel local de béton n’ait pas servi à « gazer » ! Vous pensez: «Comment irais-je démontrer que cette banale opération n’a pas eu lieu dans le local qu’on me montre ?» Et vous vous taisez. Et votre silence passe pour une approbation. De vous on dit triomphalement : « Vous voyez ! Il n’a pas nié ! »

  1. À la page 225, V.-N. écrit que mes considérations techniques sur les chambres à gaz américaines où l’on voit qu’il est si difficile de tuer un seul être humain ne prouvent nullement qu’il soit impossible de procéder à des gazages en masse ; il ajoute que « l’opération de gazer, comme celle de se nourrir, peuvent être réalisées dans des conditions immensément différentes. »

Réponse : Je ne comprends rien à ce raisonnement, à ces abstractions et à ces allusions. Il me semble que, s’il est périlleux de gazer un homme, il doit être encore plus périlleux de gazer des masses d’hommes. Je dois révéler ici que la L.I.C.R.A., le 4 février 1981, avait consulté le premier toxicologue de France, M. Louis Truffert, dans une lettre parfaitement captieuse et abstraite pour lui demander s’il était si difficile que cela d’aérer une pièce gazée au Zyklon. M. Truffert faisait alors une réponse qui allait plutôt dans le sens attendu par la L.I.C.R.A. Le malheur, pour elle, voulait que je connaisse M. Truffert, que je n’avais encore jamais entretenu de ma thèse sur l’inexistence des « chambres à gaz » hitlériennes, mais avec qui j’avais eu un très long entretien sur l’acide cyanhydrique. En compagnie de mon éditeur, Pierre Guillaume, je suis allé retrouver M. Truffert mais, cette fois-ci en lui soumettant les plans d’Auschwitz et, en particulier, la « reconstitution » (sic) d’un « gazage » qui se trouve dans la salle 4 du Musée d’Auschwitz. Je vous prie de croire que la réaction de M. Truffert a été instantanée. Il s’est immédiatement récrié devant l’impossibilité d’une opération de gazage homicide en de pareilles conditions. Et c’est ce qu’il voulait bien nous confirmer par une lettre du 3 avril 1981, dont la L.I.C.R.A. devait recevoir copie. En voici le passage qui concerne directement la question : « Toutefois, l’observation que j’ai faite [dans ma réponse à la L.I.C.R.A.], concernant la possibilité de pénétrer sans masque dans une pièce contenant des corps intoxiqués par l’acide cyanhydrique, concerne le cas d’une chambre à gaz au niveau du sol, débouchant à l’air libre et il est évident que d’importantes réserves doivent être faites dans le cas d’installations en sous-sol. Une telle situation nécessiterait un dispositif de ventilation très important et des précautions draconiennes pour éviter des pollutions susceptibles d’être à l’origine d’accidents. »

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V.-N. pourrait-il préciser en quoi j’ai utilisé un « arsenal » non pas technique, mais « pseudo-technique » ? La consultation de six pénitenciers américains est-elle insuffisante et V.-N. est-il vraiment en mesure de faire des suggestions d’ordre scientifique aux Américains en vue d’une formidable simplification des procédés de gazage ?

  1. À la page 225, V.-N. me reproche de donner le sens de « gazage » à « Vergasung» quand je traduis « Keine Vergasung in Dachau» (Dr Broszat) et celui de « carburation » quand, dans un document de janvier 1943, je rencontre « Vergasungskeller », mot que se garde bien de citer Raul Hilberg.

Réponse : Tout est affaire de contexte ! « Vergasung » peut d’ailleurs avoir d’autres sens encore. Appliqué à un récit de bataille de la guerre des gaz en 1918, il peut se traduire par « gazage ». Il peut aussi s’agir de gazage non homicide. Par exemple, dans un message-radio du 22 juillet 1942 adressé sous la signature du Général Glücks au camp d’Auschwitz on lit : « Par le présent j’accorde l’autorisation d’effectuer le trajet aller/retour de Auschwitz à Dessau [endroit où se livrait le Zyklon B] pour un camion de 5 tonnes, afin d’aller chercher du gaz destiné au gazage du camp, pour lutter contre l’épidémie qui s’est déclenchée. » Le texte allemand donne « Gas für Vergasung » : du gaz destiné au gazage. Enfin à Dachau, le bâtiment qui abrite les chambres à gaz de désinfection est appelé « Vergasungsgebäude ».

  1. À la page 225, V.-N. me reproche de ne pas consacrer une ligne aux Einsatzgruppen, ni à Babi-Yar.

Réponse : Ce n’était pas le sujet. Ces opérations de police et ces lieux d’exécutions existaient également chez l’ennemi à combattre par l’Allemand sur le front russe. L’euthanasie ou les expériences médicales sont également sans rapport avec le sujet. Sur ces deux derniers points, j’ai l’impression qu’on a considérablement fabulé. Je connais des chercheurs qui s’intéressent à tous ces sujets annexes. Attendons leurs conclusions.

  1. À la page 225, V.-N. me reproche de dire que de nombreux enfants tziganes sont nés à Auschwitz, sans dire ce qu’ils sont devenus. Il ajoute qu’ils ont été exterminés.

Réponse : Je cite mes sources : Les Cahiers d’Auschwitz. Si ces enfants avaient été victimes d’un massacre hérodien à leur naissance, Les Ca-

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hiers d’Auschwitz n’auraient pas manqué de nous le faire savoir à propos de chacun d’entre eux. Je suppose que certains d’entre ces enfants sont morts et que certains d’entre eux ont survécu et se trouvaient dans la longue cohorte d’enfants bien portants que les Soviétiques ont filmés à la libération du camp. Je rappelle que des troupes de Tziganes continuaient de sillonner l’Europe en guerre (Voy. Nord, de Céline). V.-N. nous affirme que ces enfants-là ont été exterminés. D’où tient-il le renseignement ?

  1. À la page 226, V.-N. écrit : « [Faurisson] soutient qu’en France ce sont les résistants qui ont fait disparaître les Tziganes. »

Réponse : En réalité, j’écris à la page 192 de Vérité historique ou vérité politique ? : « Je rappelle qu’en France même les résistants ont pu voir les Tziganes d’un mauvais œil et les soupçonner d’espionnage, de renseignement et de marché noir. » Et l’une de mes notes renvoyait au texte suivant : « J’ai personnellement fait une enquête minutieuse sur les exécutions sommaires réalisées par les résistants dans une petite région de France : j’ai eu la surprise de constater que les communautés tziganes avaient payé un lourd tribut en morts, non pas du fait des Allemands, mais du fait des résistants. »

Mais au fait, où V.-N. prend-il que les Tziganes ont disparu ?

  1. À la page 227, en note, V.-N. se contente de rappeler une phrase que je répète depuis des années et que je vais répéter ici une fois de plus : « J’ai cherché, mais en vain, un seul ancien déporté capable de me prouver qu’il avait réellement vu, de ses propres yeux, une chambre à gaz. »

Réponse : V.-N. ne me propose aucun nom : ni celui de Martin Gray, ni celui de Filip Müller (avec qui j’ai demandé à Bernard Volker, homme de télévision, de bien vouloir me confronter), ni Maurice Benroubi (découvert par L’Express), ni Yehuda Bauer ou l’un de ses amis (à qui j’ai dit que j’étais prêt à me rendre à la télévision israélienne), ni Elie Wiesel, ni Samuel Pisar, ni Simone Veil, ni Marie-Claude Vaillant-Couturier, ni Louise Alcan, ni Fania Fénelon, ni le Dr Bendel. En deux années de recherches, la L.I.C.R.A. et consorts n’ont pu me trouver que Mr Alter Fajnzylberg, dit Jankowski : ils ont obtenu de lui une fort courte déposition remise à Me Attal, notaire à Paris. Je me réjouissais d’avoir à rencontrer ce personnage devant un tribunal. A sa place, il est venu un orateur à trémolos.

  1. À la page 228, V.-N. cite « des documents sur Auschwitz et sur

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Treblinka (orthographié Trembinki) qui servirent de base à une publication américaine, en novembre 1944, due à l'”Executive Office of the War Refugee Board” ». Il affirme : « Il n’est rien là qui ne concorde sur l’essentiel tant avec les documents des membres des Sonderkommando qu’avec les témoignages des dirigeants SS. »

Réponse : Je n’ai pas remarqué que dans ce document du WRB il était question de Treblinka ou de Trembinki. Il y est surtout question d’Auschwitz et, un peu, de Majdanek (où l’on ne mentionne pas l’existence de « chambres à gaz »). Il est curieux que ce document n’ait pas été utilisé au grand procès de Nuremberg où l’on en reproduit simplement une page de statistiques fantaisistes (Doc. L-022). Pour ce qui est d’Auschwitz, ce document du WRB concorde justement si peu avec les réalités physiques qu’il a suffi à Wilhelm Stäglich de juxtaposer dans son ouvrage, ci-dessus mentionné, deux photographies : d’une part, le plan de la planche photographique n° 12 (= la réalité), et, d’autre part, le plan de la planche photographique no 13 (= fiction WRB). L’invention du WRB est patente. Je rappelle que c’est dans ce document, édité par l’entourage de Roosevelt et, entre autres, par le fameux Morgenthau, que Katyn est mis sur le compte des Allemands (p. 47 de l’édition française). Quant aux « gazages », ils se faisaient, selon l’officier polonais anonyme, par jet de « bombes hydrocyaniques » (p. 13 du texte anglais) ! Ce rapport du WRB a toute une histoire louche et intéressante fort bien mise à jour, d’une part, par Butz et, d’autre part, par Stäglich : il suffît de se reporter dans leurs index aux noms des auteurs présumés du premier rapport : Rudolf Vrba et Alfred Wetzler. On trouve aussi une intéressante étude de Stäglich dans la revue Deutschland in Geschichte und Gegenwart (Grabert-Verlag, Tübingen 1981, 1, p. 9-13). Je signale que le prétendu plan des lieux se trouve à la page 15 de la version américaine et qu’elle n’apparaît pas dans la version française (Les camps d’extermination allemands Auschwitz et Birkenau, Office français d’édition, 2trimestre 1945, 55 p.).

  1. À la page 228, V.-N. ose en appeler aux « confessions » de Kurt Gerstein dont il dit qu’elles ont été confirmées par le Professeur Pfannenstiel lui-même qui serait allé trouver Rassinier à Paris pour lui en parler.

Réponse : Dans les différentes et gravement contradictoires versions des « confessions » de Gerstein, les incongruités, les sottises, les inepties (voy. ci-dessus, p. 20, les 28 à 32 personnes au m2) sont si nombreuses qu’on ne comprend pas qu’on utilise encore l’argument Gerstein. Léon Poliakov a inondé ces différentes moutures de ce que Vidal-Naquet lui-même a

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été obligé de reconnaître comme des « erreurs fautives ». Le doux euphémisme que voilà ! Une thèse est actuellement en préparation qui décortiquera les « confessions » de Gerstein et ce que Léon Poliakov en a fait. Dans sa thèse de 1968, Olga Wormser-Migot avait la prudence d’écrire à la page 426 : « Nous arrivons difficilement pour notre part à admettre l’authenticité intégrale de la confession de Kurt Gerstein ou la véracité de tous ses éléments. » Quant à ce que le Dr Pfannenstiel a déclaré à plusieurs reprises à la justice allemande, voici : 1° il traite Gerstein quasiment de menteur sur plusieurs points ; 2° il est extrêmement vague sur le « gazage » auquel il aurait un jour assisté aux côtés de Gerstein : un « gazage » au Diesel, ce qui en soi est une bien curieuse manière de gazer quand on sait le peu de CO (mortel) fourni par un système surtout riche en CO2. Pfannenstiel serait-il allé trouver Rassinier à Paris ? Cela se dit beaucoup mais je n’en sais rien, puisque le visiteur a refusé de donner son nom. Ce serait possible. Combien de fois un nazi, lié par ses « aveux » et récompensé pour eux, n’aurait-il pas servi sur commande la bonne cause exterminationniste auprès d’un révisionniste ou nazi endurci ? Quand le Dr Johann-Paul Kremer revint de sa longue détention en Pologne et qu’il voulut recommencera parler, la justice allemande lui fit comprendre qu’il avait tout intérêt à se taire. Il se tut. Et on le réemploya comme témoin à charge au procès de Francfort (1963-65) mais toujours avec cette extraordinaire discrétion des juges allemands sur les opérations mêmes de « gazage ». J’ai pu avoir connaissance d’une courte correspondance entre Rassinier et Pfannenstiel. Je me propose de la publier un jour pour montrer comment Pfannenstiel cherche à se dérober aux simples questions techniques de Rassinier.

Et puis sur Belzec, il faudrait être clair. Gerstein dit qu’on y « gazait », mais il existe d’autres thèses tout aussi croyables ou incroyables et je ne vois pas comment nos historiens de cour ont pu les éliminer au profit de la thèse de Gerstein. Pour Jan Karski, on tuait les Juifs avec de la chaux vive. Pour le New York Times du 12 février 1944, p. 6, on électrocutait les Juifs. Pour le Dr Stefan Szende, on procédait de façon tout à fait sophistiquée : le même plateau qui électrocutait les Juifs était sorti de l’eau ; on le portait au rouge et les Juifs étaient consumés. Karski est aujourd’hui professeur à Georgetown University à Washington. En 1944 il publiait Story of a Secret State, Houghton Mifflin Co., Boston et The Riverside Press, Cambridge 1944, 391 p. Une traduction de ce livre est parue à Paris en 1948 sous le titre de Mon témoignage devant le monde (Histoire d’un état secret), éditions S.E.L.F. 20, place Dauphine, 1948, 356 p. Voici ce qu’on peut lire aux pages 315-317 :

Je sais que beaucoup de gens ne me croiront pas ; ils penseront que j’exagère. Et pourtant je jure que j’ai vu ce que je décris. Je n’ai pas

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d’autres preuves, pas d’autres photographies, mais tout ce que je dis est vrai. – Le plancher du train [contenant les Juifs] avait été recouvert d’une épaisse couche de poudre blanche, de la chaux vive. Tout le monde sait ce qui arrive quand on verse de l’eau sur la chaux. – La chaux était ici employée par les Allemands avec un double dessein d’économie et de cruauté. La chair moite mise au contact avec la chaux se déshydrate rapidement et brûle. Ceux qui se trouveraient dans le train seraient brûlés lentement jusqu’aux os. Ainsi s’accomplirait la prédiction faite par Himmler à Varsovie, en 1942, selon laquelle et « en accord avec le Führer, les Juifs périraient dans les tortures ». De plus, la chaux empêcherait les cadavres de se décomposer et de répandre des maladies contagieuses. Le procédé était simple, efficace et peu coûteux. – Il fallut trois heures pour remplir ce train complètement. Le crépuscule tombait lorsque les 45 wagons (je les avais comptés) furent pleins. Le train avec son chargement de chair torturée, vibrait et hurlait comme s’il était ensorcelé. Dans le camp, quelques dizaines de corps se tordaient sur le sol dans les dernières convulsions de l’agonie. Les policiers allemands rôdaient, leurs fusils fumant au poing et achevaient les mourants. Le camp était paisible maintenant. Seuls les hurlements d’agonie provenant du train rompaient le silence. Puis cela aussi cessa et il ne resta plus que l’odeur douceâtre et écœurante du sang répandu ; la terre saignait. – Je savais quelle était la destination du train. Il roulerait durant une centaine de kilomètres. Puis, il s’arrêterait dans un champ désert et là, il attendrait, immobile, patiemment trois jours, quatre peut-être, jusqu’à ce que la mort ait pénétré jusque dans les moindres recoins de ses wagons. Alors, on ferait appel à deux jeunes Juifs vigoureux qui, sous bonne garde, devraient nettoyer les wagons, extirper les cadavres fumant et entasser ce qui restait dans une fosse commune. Ils feraient cela jusqu’au jour où ils seraient eux aussi passagers du train de mort. Tout cela prendrait plusieurs jours. Alors le camp aurait eu de nouveau le temps de se remplir, le train reviendrait et tout recommencerait. 

Mais venons-en au Dr Szende. La première édition de son livre est parue en Suède sous le titre de : Den Sist Juden från Polen, Albert Bonniers Förlag, Stockholm 1944, 317 p. La seconde en Suisse : Der letzte Jude aus Poland, Europa Verlag, Zürich 1945, 311 p. La troisième en Grande-Bretagne : The Promise Hitler Kept, Victor Gollancz, Londres, 280 p. La quatrième aux Etats-Unis : même titre, Roy Publishers, New York 1945, 281 p. Je reproduis ici un court passage de l’édition britannique, situé à la page 265/266 :

Quand les cargaisons de Juifs nus arrivaient [à Belzec] par le train

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ils étaient rassemblés en troupeaux dans un grand hall capable de contenir plusieurs milliers de personnes. Ce hall n’avait pas de fenêtre et son plancher était de métal. Une fois les Juifs à l’intérieur, le plancher de ce hall descendait comme un ascenseur dans un grand réservoir d’eau qui se trouvait en dessous jusqu’à ce que les Juifs se trouvent dans l’eau au niveau de la taille. Alors un puissant courant électrique était envoyé dans le plancher de métal et, en quelques secondes, tous les Juifs, des milliers à la fois, étaient morts. Puis, le plancher de métal remontait et l’eau s’en allait. Les cadavres des Juifs massacrés s’amoncelaient maintenant sur tout le parquet. – Un courant différent était alors mis et le métal du plancher devenait rapidement rouge de chaleur, de sorte que les corps étaient incinérés comme dans un crématoire et qu’il ne restait plus que de la cendre. – Le parquet était alors incliné en l’air et les cendres glissaient dans des réceptacles prévus à cet effet. La fumée dégagée par le processus s’en allait par de grandes cheminées d’usine. – C’était toute la procédure. Dès que c’était terminé, cela pouvait reprendre. De nouvelles fournées de Juifs étaient constamment dirigées vers les tunnels. Les trains individuels apportaient entre 3000 et 5000 Juifs à la fois, et il y avait des jours où la ligne de Belzec répandait une terrible puanteur aux alentours, et quelquefois des districts entiers étaient couverts par l’infecte fumée provenant des cadavres brûlés. 

Ce récit que le Dr Stefan Szende est censé tenir d’un Adolf Folkman est fou mais moins fou et plus cohérent que les « confessions » de Kurt Gerstein, lesquelles, soit dit en passant, se trouvent en grave contradiction avec la « vérité » de Treblinka, telle qu’elle a été établie au grand procès de Nuremberg. A Treblinka, n’en déplaise à Gerstein, on ne gazait pas les Juifs mais on les… ébouillantait (voyez, pour les détails savoureux, le doc. PS-3311).

Ici encore, je demande à Vidal-Naquet à quel saint se vouer ? Et pourquoi à celui-ci plus qu’à celui-là ?

  1. A la page 231, V.-N. écrit qu’il existe des « témoignages » plus que douteux et où un SS, comme Pery Broad, par exemple, semble avoir adopté entièrement le langage des vainqueurs. Il ajoute que le mémoire de Pery Broad sur Auschwitz fut rédigé pour les Anglais (les trois derniers mots sont soulignés par V.-N. lui-même).

Réponse : Je connais peu de faux aussi patents que le mémoire de Pery Broad. V.-N. semble d’accord avec moi pour y voir un faux, mais il n’en tire clairement aucune conclusion. Ce faux est ANGLAIS et, en même

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temps, d’une facture et d’un ton parfaitement staliniens, et cela jusqu’à la caricature. Je le dis pour répondre aux naïfs qui prétendent contre toute preuve et toute enquête qu’on ne torturait pas dans les prisons alliées et qui ajoutent : « Voyez comme concordent des aveux recueillis à l’Ouest et des aveux recueillis à l’Est ». Je signale en passant que dans le procès civil qui m’est intenté par la L.I.C.R.A. et huit autres associations le mémoire de Pery Broad a été déposé comme pièce à conviction. A quel désarroi ne faut-il pas en être venu pour apporter ce genre de « preuve de l’existence des chambres à gaz » !

  1. Aux pages 232 et 233, V.-N. parle de Höss, le premier en date des commandants d’Auschwitz. Il reconnaît qu’il peut être vrai que ses arrestateurs anglais l’aient battu à plusieurs reprises ; il dit qu’il fut « également maltraité par ses gardiens polonais au début de son incarcération à Cracovie ». Il dit que Höss ne pouvait connaître le nombre exact de ses victimes et que sont « inutiles toutes les spéculations au sujet des chiffres donnés par Höss. » Il reconnaît que Höss a donné des chiffres absurdes en ce qui concerne les chiffres des Juifs roumains et des Juifs bulgares. Il dit, en revanche, que Faurisson a tort de « faire grand bruit au sujet d’une erreur, recopiée à plusieurs reprises, qui dans les témoignages recueillis par les Anglais lui fait parler du camp imaginaire de « Wolzek près de Lublin » (confusion et redoublement avec Belzec et Maidanek, probablement). »

Réponse : Voilà beaucoup de concessions. Je me permets de dire que pas mal d’entre elles viennent de la lecture que V.-N. a faite de mes écrits. Mais j’admire comme ici tout est minimisé. Un profane pourrait croire que les spéculations faites sur les chiffres donnés par Höss proviennent de Faurisson. Il n’en est rien. Quant à cette affaire de Juifs roumains et bulgares, elle est très grave : je la signalais pour montrer comment le Dr Broszat tronquait le texte du journal de Höss pour lui en enlever certaines énormités. Quant au camp de Wolzek qui n’a jamais existé dans la réalité, il ne peut provenir d’une confusion avec Belzec puisque, aussi bien, Höss cite ces deux camps côte à côte. Et puis, il ne s’agit pas d’une « erreur recopiée », mais d’une récidive. On attendrait enfin un jugement d’ensemble sur la personnalité de Höss et sur le degré d’authenticité que, d’une façon générale, on peut accorder aux écrits de cet homme, torturé par les uns et par les autres, commettant d’énormes erreurs, soit sur les chiffres, soit sur les lieux, dont les écrits, publiés onze ans après sa pendaison par les communistes, sont gravement tronqués.

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  1. Aux pages 234-236 V.-N. essaie, sans grande conviction, me semble-t-il, de défendre le principe de procès comme celui du grand tribunal de Nuremberg ou, pour le cas Eichmann, du tribunal de Jérusalem. Pour savoir ce qu’il s’est dit au procès de Jérusalem, il s’en réfère particulièrement au livre intitulé Eichmann par Eichmann.

Réponse : Il est habile de ne pas chercher à défendre l’indéfendable, surtout lorsque, comme Vidal-Naquet, on pose volontiers à la bonne conscience humanitaire. J’espère pour lui qu’il n’aura jamais à se trouver au banc des accusés avec, au tribunal, un échantillon de ses vainqueurs, lesquels, bien entendu, auront prévu toutes les justifications morales du monde pour juger le vaincu. Je recommande la lecture de ces trois pages pour leur ton de chattemitte : « Que le matériel engrangé à Nuremberg ne soit pas toujours de très bonne qualité est certain (etc.) » Quant au fait d’employer le montage de Pierre Joffroy pour savoir ce qui s’est dit au procès de Jérusalem, il marque une étonnante faiblesse. Au C.D.J.C. Vidal-Naquet pouvait consulter les sténogrammes du procès. V.-N. nous régale de la citation suivante : « (Eichmann, en prison ou à son procès,) se référait souvent aux œuvres de Léon Poliakov en tant qu’autorité et meilleure source des événements. » Pour ma part, je veux bien le croire. Eichmann, dans sa cellule, était élevé comme une oie pour la Noël. Il finissait par ne plus savoir ce qu’il avait entendu, ce qu’il avait vu, ce qu’il avait lu. Voici, par exemple, un très important passage de son interrogatoire par le Commissaire du Gouvernement israélien à propos des « chambres à gaz » :

Le Commissaire : Avez-vous parlé avec Höss du nombre de Juifs qui ont été exterminés à Auschwitz ?

Eichmann : Non, jamais. Il m’a dit qu’il avait fait construire de nouveaux bâtiments et qu’il pouvait mettre à mort chaque jour dix mille Juifs. Je me souviens de quelque chose comme cela. Je ne sais pas si j’imagine cela aujourd’hui seulement, mais je ne crois pas l’imaginer. Je ne peux pas me rappeler exactement quand et comment il me l’a dit et de quoi avaient l’air les environs où il m’avait dit cela. Je l’ai peut-être lu et je m’imagine peut-être maintenant que ce que j’ai lu, je l’ai entendu de sa bouche. Cela est aussi possible. 

Sténogrammes J l – MJ à 02-RM

  1. Aux pages 236-244, V.-N. parle de Paul Rassinier.

Commentaire : Il le fait avec beaucoup de confusion. Il s’en prend notamment à ce qu’il appelle les « comptes fantastiques » de Paul Rassinier en ce qui concerne le nombre des pertes juives. Il me semble qu’en ma-

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tière de « comptes fantastiques » et de contes à dormir debout personne ne saurait dépasser nos exterminationnistes. On a vu par ce qui précède que, sur ces points-là, V.-N. a fait passablement de concessions, et qu’il lui arrive, rarement, il est vrai, de sortir de son empyrée pour remettre un instant les pieds sur notre terre. Là où il se fâche, c’est lorsque Rassinier utilise des statistiques provenant d’un Juif russe : David Bergelson. D’après ce dernier, l’Armée Rouge avait pu sauver un très grand nombre de Juifs au moment de l’entrée des Allemands en Union Soviétique en 1941. V.-N. affirme que cette source n’avait pas la moindre valeur. Il en donne deux raisons. Et je suis personnellement tout à fait d’accord avec V.-N. sur l’une d’elles : à savoir comment David Bergelson pouvait connaître ces chiffres dès le 5 décembre 1942 ; mais V.-N. me permettra d’utiliser le même raisonnement quand je conteste une foule de chiffres donnés à chaud, tout de suite après la guerre, par les exterminationnistes ; et que dire des chiffres de massacrés qu’osent donner en pleine guerre la Résistance polonaise ou les milieux sionistes de Genève et de Berne ? V.-N. donne une autre raison de récuser Bergelson et, cette fois-ci, il se fait obscur. Il écrit : « D. Bergelson était un écrivain faisant partie d’un comité juif créé par les autorités soviétiques, à fin de propagande précisément notamment auprès des Juifs américains. Après la guerre, en 1952, mission accomplie, il fut fusillé. » Qu’on relise lentement chacun de ces mots ! Quel reproche peut-on faire à ce Bergelson-là ? Etait-ce un crime que de faire partie d’un tel comité juif ? En était-ce un que de dire aux Juifs américains que nombre de leurs coreligionnaires russes n’étaient pas morts ? Que signifie cette « mission accomplie » longtemps après la guerre ? Et V.-N. trouve-t-il que la justice et la police staliniennes ont fait œuvre pie en fusillant ce Juif-là, peut-être au moment même du fameux « complot des blouses blanches » ? Non. V.-N. est certainement en train de nous cacher une part de la vérité. Nous allons être obligé de la dire pour lui. En 1977, Georges Wellers ne la cachait pas dans Le Monde Juif (avril-juin, p. 65) quand il nous disait que David Bergelson « faisait partie d’un comité juif ad hoc créé en U.R.S.S. fin 1941 et chargé par le Gouvernement d’obtenir les sympathies et le soutien financier des Juifs américains à la Russie en guerre. » En clair, Bergelson exagérait le nombre des Juifs pour obtenir plus d’argent. C’est ainsi qu’il m’arrive devant beaucoup de statistiques exterminationnistes de songer à ce que j’appelle « le complexe de Bergelson ». Souffraient également d’une sorte de « complexe de Bergelson » ces comédiens montreurs de reliques qui, tel Salomon Mikhoels, du Comité Juif Antifasciste formé à Moscou, faisaient la tournée des villes américaines en montrant au public une savonnette prétendument fabriquée avec de la graisse de Juifs et prétendument rapportée d’un camp de concentration ; les sommes rap-

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portées par ces tournées étaient importantes (Gérard Israël, Jid/Les Juifs en U.R.S.S., Editions spéciales/Jean-Claude Lattès, 1971, p. 203).

  1. Aux pages 246-247, V.-N. écrit : « Il est parfaitement évident que Faurisson n’a pas vu le texte qu’il cite. » Il affirme cela à propos de la déclaration de guerre de Chaïm Weizmann à l’Allemagne de Hitler, déclaration dont je donne pour référence le Jewish Chronicle du 8 septembre 1939, p. 1. Il ajoute que cette déclaration de guerre « est mieux que romancée ». Il ajoute enfin que Chaïm Weizmann n’était pas président du Congrès Juif Mondial.

Réponse : C’est vrai. J’en donne acte à V.-N. Chaïm Weizmann était président, non pas du Congrès Juif Mondial (WJC : World Jewish Congress), mais de l’Organisation Sioniste Mondiale (WZO. : World Zionist Organization). Il allait devenir après la guerre le premier président de l’Etat d’Israël. En 1939, depuis des années, Juifs et sionistes étaient nombreux à pousser l’Occident à une croisade contre Hitler. Avant même la date où Britanniques et Français sont entrés en guerre contre l’Allemagne, Chaïm Weizmann avait pris l’initiative d’écrire en date du 29 août 1939 au Premier Ministre britannique pour l’assurer du soutien de l’Agence Juive à la cause des démocraties. Il écrivait : « The Jews stand by Great Britain and will fight on the side of the democracies ». De plus, une déclaration faite le 8 septembre 1939 à Jérusalem par l’Agence Juive assurait les Britanniques que, en dépit du Livre Blanc de 1939, le Yishouv de Palestine serait loyal et lutterait pour la victoire de l’Empire Britannique. The Times du 6 septembre 1939 titrait précisément : « Jews to fight against nazi Germany » tandis qu’à New York, le New York Times, en page 9, titrait : « Jews Stand by Britain ». Curieusement V.-N. cherche à minimiser la portée de l’acte de Weizmann, en soulignant que ce dernier ne s’exprimait qu’au nom de l’Agence Juive. Je n’aurai pas la perfidie d’insister ici sur les différentes tendances qui pouvaient animer les sionistes eux-mêmes dont certains avaient des contacts suivis avec l’Allemagne de Hitler : sionisme et nazisme avaient des points communs. Je dirais simplement qu’à tort ou à raison Weizmann entendait parler au nom de la communauté juive mondiale et que c’est bien ainsi que son initiative contre Hitler a été reçue par le monde entier. Dans l’Encyclopaedia Judaica, éditée à Jérusalem en 1971, on lit à l’article « Weizmann » : « When World War II broke out, Weizmann immediately promised the British government all possible aid by the Jewish population in Palestine and the Jewish people outside » (souligné par moi). John Toland, dans son Adolf Hitler (Traduction française, Pygmalion, 1978, t. II, p. 80-81) rapporte ceci qui

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mériterait d’être vérifié à la source : « (Chamberlain) dit plus tard, selon l’ambassadeur Kennedy, que « les Américains et les Juifs du monde entier l’avaient obligé à entrer en guerre. » » Cela dit, qu’on ne vienne pas m’accuser de faire des Juifs les responsables de la Seconde Guerre mondiale. Je n’ai jamais su discerner quel était le responsable d’une guerre quelconque.

  1. A la page 248, V.-N. signale une page de moi « que l’on devrait faire figurer dans une anthologie de l’immonde » ! ! ! J’avais écrit (voy. p. 190 de Vérité historique ou vérité politique ?) : « Là où il y avait de fortes concentrations juives impossibles à surveiller vraiment sinon par l’intermédiaire d’une police juive, les Allemands redoutaient ce qui allait d’ailleurs se passer dans le ghetto de Varsovie où, soudain, juste à l’arrière du front, en avril 1943, une insurrection s’est produite. Avec stupéfaction les Allemands avaient alors découvert que les Juifs avaient fabriqué 700 blockhaus. Ils ont réprimé cette insurrection et ils ont transféré les survivants dans des camps de transit, de travail, de concentration. Les Juifs ont vécu là une tragédie. »

Réponse : Pour V.-N., « l’immonde » résiderait dans le fait que mon informateur ici serait Himmler et que j’aurais bien pris le soin de cacher ma source. Il dit que « tout appel de note a charitablement disparu. » Je ne comprends pas ce qu’il entend par « disparition charitable d’un appel de note. » Effectivement, par suite d’une négligence typographique, le chiffre 48 qui devait figurer après le mot « blockhaus » est tombé. Mais la note 48, elle, figure en bonne place et se lit ainsi: « Discours prononcé à Posen le 6 octobre 1943, p. 169 de Discours secrets de Heinrich Himmler, Gallimard, Paris 1978. Il s’agit de la traduction française de Geheimreden 1933 bis 1945 und andere Ansprachen, Propyläen Verlag, Berlin 1974. Cet ouvrage est à utiliser avec précaution et surtout sa traduction en français. » Alors, où est « l’immonde » ?

  1. A la page 249, V.-N. me reproche d’avoir écrit que l’insurrection du ghetto de Varsovie s’est produite juste à l’arrière du front en avril 1943 ; il dit que le front était alors très loin, à plus de mille kilomètres.

Réponse : V.-N. confond ici « le front » avec « la ligne de front ». La ligne de front se situait peut-être à plus de mille kilomètres, mais le front russe (comme on dit : le front allemand, le front du Pacifique, etc.) commençait bel et bien aux marais du Pripet.

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  1. Aux pages 249-250, V.-N. me reproche de ne pas donner plus de détails sur cette insurrection et il se met à reparler de « [mon] maître Himmler ».

Réponse : Je n’avais pas à m’attarder sur ce qui n’était pas mon sujet. J’ai abandonné le sujet du ghetto et ce qu’en avait dit Himmler sur la phrase suivante : « Les Juifs ont vécu là une tragédie. »

  1. Aux pages 250-251, on croit que V.-N. va enfin en venir au sujet lui-même, c’est-à-dire: les « chambres à gaz » homicides. En fait, il parle d’un document allemand (une banale lettre de convoi) où on lit : « Ont été soumis au traitement spécial (sonderbehandelt wurden) 125 hommes et 684 femmes et enfants. » Il demande : « Osera-t-on dire que ces personnes ont été conduites dans un camp de repos ? »

Réponse : Je note que V.-N. n’ose pas dire que ces gens ont été gazés. Je note qu’il revient sur « Sonderbehandlung ». D’une part, je considère avoir déjà répondu à la question ; d’autre part, je remarque que dans le même convoi 406 hommes et 190 femmes ont été mis au travail ; pour les hommes on précise que c’est aux usines Buna ; pour les femmes, on ne donne pas de précision. Les autres hommes, les autres femmes et les enfants ont donc bénéficié d’un traitement spécial ; ils n’ont pas eu à travailler. Voilà qui peut expliquer pourquoi à la libération d’Auschwitz on a trouvé parmi les « incapables » de marcher et de participer à l’évacuation tant d’hommes, de femmes et surtout d’enfants bien vivants, à côté bien sûr de malades et de quelques morts. Dans le calendrier des Hefte von Auschwitz (1961, tome 4, p. 81) on ne craint pas d’affirmer tranquillement que les 125 hommes, les 624 femmes et enfants ont été tous gazés. Le même calendrier considère d’ailleurs comme gazés deux convois partis de Drancy les 4 et 6 mars 1943. Or, Serge Klarsfeld dans son Mémorial (p. 110, 386-389) répare la « bévue » : ces deux convois étaient allés à Majdanek et il en a retrouvé les survivants.

  1. A la page 251, en note 86, V.-N. fait une très courte allusion aux fameuses photos aériennes d’Auschwitz récemment révélées par la C.I.A. Nous en parlons à la page 319 de Vérité historique ou vérité politique ?. Il dit qu’« il semble bien qu’une photo prise le 25 août 1944 […] montre le processus [d’extermination] en action. »

Réponse : Jamais, avec la photo sous les yeux, V.-N. n’oserait prétendre chose pareille. Cette photo, comme toutes les photos de Brugioni et Poirier, inflige un démenti cinglant à toute la légende extermination-

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niste. Les deux Américains eux-mêmes, tout penauds, sont obligés d’écrire à la page 11 : « Bien que les survivants se souviennent que la fumée et des flammes sortaient continuellement des cheminées des crématoires et qu’elles étaient visibles des kilomètres à la ronde, la photographie que nous avons examinée n’en offre aucune preuve positive. » Et les deux auteurs ajoutent en note : « L’ensemble des photos examinées dans les archives et relatives à la période de l’extermination incluent les photos du 4 avril, du 26 juin, du 26 juillet, du 25 août et du 13 septembre 1944. » Personnellement, je me permettrais d’ajouter ici que, dans une lettre consultable aux National Archives de Washington (lettre de Robert G. Poirier au Professeur David Wyman du 6 mars 1979), il est dit qu’il y a eu jusqu’à 32 missions aériennes au-dessus d’Auschwitz du 27 décembre 1943 au 14 janvier 1945. Comme il se trouve, d’autre part, que je possède des copies des documents d’espionnage de l’O.S.S. (ancêtre de la C.I.A.) sur la région, en plus de certains commentaires techniques des photos, je peux affirmer ici que la connaissance que les Alliés avaient d’Auschwitz était d’une précision stupéfiante. S’il s’était passé à Auschwitz ou dans sa région quoi que ce fût qui ressemblât à d’énormes massacres à l’échelle industrielle, il ne fait aucun doute que les Alliés l’auraient immédiatement décelé. L’annonce officielle de ces massacres aurait été une prodigieuse arme psychologique dont les nazis n’auraient pas pu contrecarrer l’effet destructeur. Il est clair que, si les Alliés ont refusé d’accorder foi aux allégations des sionistes de Genève ou de Berne ou à celles de la Résistance polonaise, c’est qu’ils savaient, tout aussi bien que le Vatican ou la Croix-Rouge internationale que, pour s’en tenir aux faits et non aux ragots de guerre, il n’y avait en réalité ni extermination, ni holocauste.

  1. Aux pages 251-252, V.-N. écrit : « Auschwitz était, on nous le répète sur tous les tons (Butz, Faurisson, Thion), un grand centre industriel, spécialisé dans la production de caoutchouc synthétique. Mais personne ne nous a jamais expliqué pourquoi des bébés devaient parvenir jusque-là, et personne ne nous a dit ce que devenaient ces bébés. L’incapacité absolue où se trouvent les  “révisionnistes” de nous dire où allaient ceux qui n’étaient pas enregistrés dans le camp et dont le nom figure cependant sur les listes des convois est la preuve du caractère mensonger de leurs affirmations. »

Réponse : Au début, les Allemands n’ont voulu dans leurs camps que des internés de 16/18 à 55 ans et aptes à travailler. Ils se seraient bien passés des inaptes au travail. Pourquoi, cependant, ont-ils, peu à peu, déporté de ces inaptes, et cela jusqu’aux bébés ? Il y a à cela plusieurs

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raisons. La première est l’insistance des autorités gouvernementales des pays occupés à ne pas voir les familles disloquées. Les autorités religieuses notamment protestaient contre cette dissolution des familles et le fait que des enfants étaient confiés à des maisons de correction, à des foyers, à des familles étrangères, etc. G. Wellers, dans L’Etoile jaune à l’heure de Vichy montre très clairement que personne ne s’imaginait quitter Drancy pour un quelconque lieu d’extermination (voy. p. 4, 5, 233 et suivantes, 254 (sur « le groupage des familles »)). Bien des gens, lassés de vivre à Drancy dans l’inactivité, se disaient que, somme toute, mieux valait partir vers l’Est où leur sort serait sans doute dur, mais moins déprimant. Aux enfants on racontait qu’on partait pour la contrée mythique de Pitchipoï. Parmi ceux qui partaient il y avait même des « optants ». Quelquefois on a laissé des familles voter sur le point de savoir si on emmenait avec soi les enfants ou si on les laissait en France (C. Lévy et Paul Tillard, La Grande Rafle du vélodrome d’hiver, R. Laffont, cité par Georges Wellers dans Le Monde Juif, juillet/septembre 1980, p. 109). Une section d’Auschwitz-II s’appelait le camp des familles et il reste, sur les murs d’endroits pour ainsi dire jamais visités par les touristes, de nombreux dessins ou peintures faits par des enfants. Ce que devenaient les bébés ? Nous le savons, au moins pour une partie d’entre eux, par des enquêtes menées vingt ans après la guerre par les Polonais et dont les résultats ont été partiellement rassemblés dans les volumes de l’Anthologie bleue d’Auschwitz (reproduction dactylographiée en français, en anglais…). Cette Anthologie est très peu lue. Sur le sujet qui nous intéresse ici, je recommanderais particulièrement, mais non exclusivement, le tome II, 3e partie, p. 31 à 114 : « Résultats des examens psychiatriques de personnes nées ou internées durant leur enfance dans des camps nazis de concentration. » Cette étude publiée en polonais en 1966 a été traduite en français en 1969. Dans le même tome, on peut lire un article sur « Les examens relatifs aux “enfants d’Auschwitz” » (p. 18 à 30). On y trouve des phrases telles que celle-ci : « Les enfants examinés jusqu’à présent avaient huit ans au moment de la Libération : la plupart d’entre eux avaient moins de cinq ans lorsqu’ils furent internés » (p. 18) ; « Les enfants les plus jeunes avaient leur numéro tatoué sur une jambe. Au fur et à mesure qu’ils grandissaient, [ce numéro] devenait illisible » (p. 25) ; « Les examens et les études se poursuivent. On retrouve [écrit en 1965] de plus en plus d'”enfants d’Auschwitz” » (p. 30). On reproche souvent à Laval d’avoir insisté auprès des Allemands pour obtenir la déportation des enfants. Ce reproche est injuste. Laval a effectivement écrit : « J’ai obtenu notamment que les enfants ne soient pas séparés de leurs parents » (Mémoire en réponse à l’acte d’accusation, 1945). C’est que, comme les autorités religieuses, il

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ne voulait pas d’une dislocation des familles. Henri Amouroux (La Grande Histoire des Français sous l’occupation, tome 5 : « Les passions et les haines », p. 333, note 3) rapporte cette réflexion de Laval à Jean Jardin : « Je viens d’une réunion épouvantable [avec Oberg]. Ils veulent nous laisser les enfants. Je leur ai dit : “Ce n’est pas l’habitude chez nous de séparer les enfants de leurs parents.” » Certains auteurs prétendent, à l’inverse de Georges Wellers, que le Consistoire Central, par exemple, « savait » dès 1942 que les déportés étaient destinés à l’extermination. Ils en donnent pour preuve un texte qu’on peut lire à la page 207 du Mémorial de Klarsfeld et que celui-ci a intitulé « La véhémente et lucide protestation du Consistoire Central » (25 août 1942). J’ai des doutes sur l’authenticité de cette pièce. Interdit de C.D.J.C. sous peine de coups par son directeur, M. Meram, j’ai dû demander à quelqu’un d’aller vérifier pour moi le texte original (références CCXIII-15 et CDLXXII-89). Voici ce qui m’a été répondu : « prétendu duplicata qui est en fait un papier pelure, sans en-tête, sans signature et portant seulement la date du 25 août 1942. »

Il y a eu d’autres causes à la déportation des enfants : par exemple l’allégement systématique de ghettos, ou l’expulsion systématique (exemples de Varsovie ou de Budapest).

Dans l’Anthologie bleue d’Auschwitz, on peut lire le rapport d’une sage-femme polonaise qui sur trente-huit ans de carrière avait, en l’espace de deux ans passés à Auschwitz-Birkenau, accouché 3000 femmes juives et non juives, et cela, dit-elle, avec un taux de réussite exceptionnellement élevé (Varsovie, 1969, t. II, 2e partie, p. 159-169 : « Rapport d’une accoucheuse d’Auschwitz », S. Leszczynska, trad. d’un article paru dans la revue médicale Przegład Lekarski, en 1965).

  1. A la page 252, en note 88, V.-N. écrit : « Pierre Guillaume, interrogé par moi à ce sujet [où allaient ceux qui n’étaient pas enregistrés dans le camp ?] me répondit que ces personnes étaient transférées à la gare de Kielce. Pourquoi ? »

Réponse : Il faut entendre Kosel (à 120 km d’Auschwitz) et non Kielce. Pierre Guillaume fait ici allusion à un fait que Klarsfeld rapporte à la page 12 de son Mémorial. Klarsfeld rappelle la stupéfiante méthode utilisée à Paris par le Centre de Documentation Juive Contemporaine et, à Auschwitz, par le Musée National d’Auschwitz pour déterminer le nombre des gazés : par exemple, quand il se révélait qu’un convoi parti de France ne semblait pas avoir atteint Auschwitz, on en déduisait tranquillement que ce convoi avait bel et bien atteint Auschwitz mais qu’il y avait été entièrement gazé ! C’est ainsi qu’un convoi de 3056 personnes

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avait été comptabilisé comme gazé parce que, en fait, il s’était arrêté à Kosel et non à Auschwitz. Comme nous l’avons déjà vu ci-dessus (al. 37), on avait agi de même pour les convois n°s 50 et 51 qui, au lieu de se rendre à Auschwitz, s’étaient rendus à Majdanek. Idem pour le convoi n° 73 qui était allé à Kaunas et Reval. Bref, on avait là, et encore ailleurs, fabriqué des gazés en série. Mais le piquant de l’affaire est que Klarsfeld, qui rectifie ces erreurs, en commet de plus graves encore en comptant comme morts les gens qui ne sont pas revenus en France se déclarer vivants avant le 31 décembre 1945.

  1. A la page 253, V.-N. écrit que Faurisson « publie triomphalement la photo de Simone Veil censée être gazée et bien vivante. Le mécanisme de cette erreur est extrêmement simple [etc.]. »

Réponse : Ce n’est pas moi qui démentirais Vidal-Naquet. Le « mécanisme de cette erreur » est on ne peut plus simple. Comme le dit V.-N., « Les archives, incomplètes, du camp ne comprenaient plus le nom des femmes ayant été enregistrées [pour le travail] ». Alors, on les avait complétées ces archives, on avait « décodé » leur incomplétude, on les avait fait parler, on leur avait fait dire une fois de plus : voici la preuve que toutes les femmes de tel convoi ont été gazées. Le cas de Simone Veil est loin de constituer une exception. Il manifeste seulement, grâce à la célébrité de la dame en question, la formidable malhonnêteté d’ensemble de ces statistiques de gazés ou de morts.

  1. A la page 255, V.-N. se permet une digression sur la poésie. Pour reprendre son expression, cela « est d’une absurdité palpable » ; je m’y attarderai d’autant moins que ce serait sortir de notre sujet.
  2. Aux pages 255-261, V.-N. essaie de « coder », pour ensuite le « décoder », le journal du Dr Johann-Paul Kremer.

Réponse : Je dirais d’abord, une fois de plus : « Assez décodé ! » J’ajouterais ensuite que V.-N. avait écrit ces pages avant la publication de mon Mémoire en défense qui porte en grande partie sur le journal en question : le lecteur de ce Mémoire y trouvera réponse, je pense, aux questions et aux critiques de V.-N.

  1. A la page 261, en note 102, V.-N. parle d’un rapport d’un délégué de la Croix-Rouge sur sa visite d’Auschwitz.

Réponse : V.-N. ne s’attendait probablement pas a ce que je revienne

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dans mon Mémoire en défense sur ce rapport qui avait été signalé à la page 115 de Vérité historique ou vérité politique ?. A tout lecteur qui voudrait se faire une idée des scrupules de V.-N. dans sa lecture d’un texte, je conseille une lecture attentive des pages 241 à 247 de mon Mémoire ; il y trouvera, d’une part, une analyse du passage essentiel du rapport du délégué et, d’autre part, une énumération des procédés par lesquels soit des personnes privées, soit des organismes ont dénaturé ce document qui embarrasse beaucoup les exterminationnistes. Vidal-Naquet est à ajouter à la liste des personnes privées qui dénaturent le sens du texte, sans aller aussi loin, il est vrai, qu’un Marc Hillel.

  1. A la page 268, en note 113, V.-N. parle de John Bennett, australien, homme de gauche, secrétaire du « Victorian Council for Civil Liberties » (l’équivalent en quelque sorte d’une « ligue des droits de l’homme »), révisionniste convaincu qui lutte calmement et courageusement, à mon avis, contre le mensonge exterminationniste ; V.-N. parle de « cette campagne qui l’a conduit à être exclu du Victorian Council for Civil Liberties » et à se rapprocher de l’extrême droite ; V.-N. dit qu’il tient ses informations de Charles Sowerwine, de Melbourne.

Réponse : J’ai sous les yeux Your Rights qui est la revue du V.C.C.L. La livraison est celle de 1982. Je constate que John Bennett y figure toujours (avec sa photo) comme secrétaire « depuis la fondation en 1966 de cette association. » Et j’apprends de plus que John Bennett viendrait d’être nommé « President of Australian Civil Liberties » !

  1. A la page 269, V.-N. évoque « le battage autour d’Holocauste, dernière étape de la transformation d’Auschwitz en marchandise. »

Commentaire : Les intellectuels ont ouvert la voie aux marchands. Auschwitz, lieu de souffrance, a été transformé en une sorte de Disneyland avec, en plus, un Hilton pour touristes. Nous attendons en France l’arrivée du nouveau film wiesenthalien : Genocide.

  1. Aux pages 273 et 279, V.-N. s’en remet à M. Pitch Bloch, ingénieur chimiste, du soin de me répondre sur le chapitre du Zyklon B.

Commentaire : Le cours de M. Pitch Bloch sur le Zyklon B sent terriblement l’improvisation et je ne saurais trop conseiller à cet ingénieur chimiste de se reporter aux études et aux ouvrages de G. Peters sur la question, notamment ceux qui sont cités à la page 204 de Vérité historique ou vérité politique ?. Je lui conseille également la lecture de Blausäuregaskammern zur Fleckfie-

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berabwehr (Chambres à gaz à l’acide prussique contre le typhus) du Dr Franz Puntigam, du Dr Hermann Breymesser et de l’Ingénieur Erich Bernfus, publication officielle du Ministère du Travail du Reich, Berlin, 1943, 120 pages. A aucun moment M. Bloch ne nous explique comment, au Struthof, Josef Kramer ne se serait pas asphyxié tout le premier en « versant les cristaux d’un gaz dont il n’a rien pu dire sinon qu’avec un peu d’eau en surplus ce gaz tuait en UNE minute. » Je disais que sel + eau ne peuvent donner un gaz. M. Bloch réplique finement que « sel » (notez les guillemets) + eau peuvent donner un tel gaz. Laissons-le à ses finesses et qu’il veuille bien répondre à la question qui se pose, à savoir : « Qu’on me donne le nom du sel, avec ou sans guillemets, qui, au contact de l’eau, dégage un acide dont la toxicité serait supérieure à celle de l’acide cyanhydrique ! » Je rappelle ici que l’acide cyanhydrique des chambres à gaz américaines endort le condamné en quarante secondes environ et le tue en quelques minutes (Chessmann en 14 minutes, je crois). – Quand je parle de l’extravagant témoignage de Höss à propos des « gazages » de Birkenau, il se contente de « rectifier » la surface de la prétendue « chambre à gaz » (en réalité, une chambre froide appelée Leichenkeller) et il dit qu’on mettait 2000 personnes dans 236,78 m2 et non dans 210 m2 seulement. Désolé : le plan indique fort nettement que les dimensions de l’intérieur de la pièce, y compris les piliers de soutien, étaient de 7m x 30m = 210 m2. M. Bloch n’esquisse même pas une explication du fameux mystère : comment les membres du Sonderkommando pouvaient-ils sans même un masque à gaz pénétrer immédiatement dans une telle pièce pleine de 2000 cadavres cyanurés quand on sait les précautions draconiennes prises par les Américains avant de pénétrer dans la petite chambre à gaz et d’y toucher si peu que ce soit le cadavre ? M. Bloch opère une diversion en parlant du « témoignage de R. Vrba et de F. Wetzler ». J’en ai déjà traité à l’alinéa 27. Mais, pour le coup, M. Bloch joue de malchance. V.-N. citait ce témoignage d’après ce qu’en disait Georges Wellers, lequel avait utilisé une version française de l’Office français de l’édition, 2e trimestre 1945. Or, M. Bloch, lui, nous cite le même document d’après une tout autre source qu’il donne en note 7 de sa page 276 : C.I.M., 1944. Il nous offre ainsi tout à fait involontairement l’occasion d’un régal : une comparaison de l’édition de 1944 avec celle de 1945. On s’aperçoit alors que, comme d’habitude, dans ces histoires de « témoignages » sur les « chambres à gaz » on a procédé à de grossières manipulations de texte. Je n’ai pas le temps de m’y attarder ici. Je n’ai pas non plus le temps de montrer comment Georges Wellers dans Les Chambres à gaz ont existé (Gallimard, 1981, 229 p.) a tronqué des citations du même document en usant des trois points entre parenthèses là où le « témoignage » était un peu fort de café (p. 115). Je

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laisse aux lecteurs intéressés par les mécanismes du faux le soin d’aller y voir de près. Je me contenterai d’un exemple. D’après ce témoignage et d’après le plan qu’on trouve dans la version américaine, mais non dans la française ainsi que je le disais plus haut à l’alinéa 27, la « chambre à gaz » aux 2000 cadavres et les fours crématoires se situaient sur un même niveau : celui du sol. On transportait donc les cadavres de la « chambre à gaz » aux fours sans utiliser d’ascenseur. Or, le plan réel des lieux, les multiples photographies, les ruines visitables, TOUT nous prouve que la salle des fours se trouvait en surface et que la prétendue « chambre à gaz », en réalité une chambre froide, se trouvait en sous-sol. Pour les « témoins » qu’invoquent Vidal-Naquet et Bloch, le transport des cadavres se fait soit sur des « wagonnets plats » (version 1944), soit sur des « camions à plate-forme » (version 1945) ! ! ! Bloch ne nous dit pas non plus où on entreposait les 2000 cadavres avant qu’on ne les brûle ; il aurait fallu une rude place qui n’apparaît nulle part ni dans les plans réels, ni dans les plans de fiction (comme celui du WRB), ni aujourd’hui sur les lieux. Mais, puisque M. Bloch a cru devoir nous citer un « témoignage » qui devient maintenant bien embarrassant, je me permettrai de lui en citer un autre d’une vérité tout aussi criante, celui de Zofia Kossak (Du fond de l’abîme, Seigneur…, Albin Michel, traduit du polonais, 1951, 301 p.) :

Il n’y avait pas d’eau. Où étaient donc les douches ? Au-dessus des portes, des fenêtres étroites et oblongues. Derrière les vitres, des uniformes allemands et des visages en attente, impassibles, mais étrangement mauvais et hostiles. Toutes sont-elles entrées ?… La porte se fermait avec fracas. Ce n’était pas une porte ordinaire : elle était double, étanche au gaz… Une sonnerie stridente, et tout de suite, par des ouvertures du plancher, le gaz commençait à monter. [Souligné par moi] – Sur un balcon extérieur qui dominait la porte, les S.S. observaient curieusement l’agonie, l’épouvante, les spasmes des condamnées. C’était pour eux un spectacle dont ces sadiques ne se lassaient jamais. Ils le contemplaient avec le même plaisir plusieurs fois par jour. Ils notaient les convulsions, les contorsions, les attitudes particulièrement curieuses. Ils avaient le temps. L’agonie durait de dix à quinze minutes. Certaines mouraient immédiatement, mais d’autres mettaient plus longtemps. Cela dépendait du dosage du gaz. Il arrivait que le bureau du crématoire économisât. Alors le martyre était plus long. Enfin, dans la salle, personne ne bougeait plus. Cinq cents [souligné par moi] femmes et enfants gisaient en tas désordonnés. Les yeux morts, écarquillés d’épouvante, fixaient le plafond. – Nouvelle sonnerie [souligné par moi]. Des ventilateurs puissants chassaient le gaz. Masqué, le « Sonderkommando » apparaissait, ou-

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vrait la porte qui se trouvait en face de l’entrée, il y avait là une rampe, des wagonnets [souligné par moi]. L’équipe y chargeait les corps, vite, vite. D’autres attendaient. Et puis les morts pourraient ressusciter. Le gaz ainsi dosé étourdit, ne tue pas. Il arrivait maintes fois que les victimes chargées au dernier tour revinssent à elles sur le wagonnet… les wagonnets dévalaient [souligné par moi] la rampe et se déversaient directement dans le four [souligné par moi]… – L’anéantissement de cinq cents êtres humains n’avait pas pris plus de cinq quarts d’heure [souligné par moi]. Sauf une poignée de cendres [remarque de moi : 500 cadavres de femmes et d’enfants laisseraient au minimum une tonne de cendres], il n’en restait plus de trace. Le groupe suivant franchissait le seuil du bain. Babillante, la petite fille tenait sa maman par la main, et, sans interrompre sa chansonnette, elle franchissait le seuil… (p. 127-128).

D’une façon générale, sur les formidables contradictions entre les témoins d’un seul procès quant à la façon dont le Zyklon était introduit dans la prétendue « chambre à gaz », on pourra lire le résumé involontairement humoristique fait par une cour allemande qui, pour une fois, s’était un peu attardée à l’un des aspects techniques des « gazages » : voyez Justiz und NS-Verbrechen, University Press Amsterdam 1975, tome XIII, Affaire du Dr Gerhard Peters, p. 134 (ou 415 b-5).

  1. Aux pages 280-289, V.-N. reprend la parole dans un « Appendice II ». Il y mentionne et critique brièvement mon Mémoire en défense qui venait de paraître (4e trimestre 1980). Il dit que je n’ai « pas consacré une seule ligne à tenter de répondre au démontage » que lui, V.-N., a fait des mensonges de Faurisson. V.-N. ajoute que par divers détails de rédaction de mon Mémoire (rectification de faux par trop évidents) il est évident que Faurisson connaissait pourtant son texte, à lui, V.-N. Il ne donne qu’un exemple de cette rectification dont je lui serais redevable. Cet exemple porte sur la traduction du mot allemand « darniederliegen », employé par le Dr Johann-Paul Kremer.

Réponse : A la page 20 de mon Mémoire, je dis à mon lecteur que la traduction faite en français par les Polonais était : « anéanties », alors que le texte original allemand donnait : « liegen […] darnieder », ce qui signifie : « étaient couchées, malades ». Mon éditeur a pu matériellement prouver à V.-N. que je ne lui étais nullement redevable de cette précision étant donné que ma traduction était antérieure à l’article de V.-N. Dans une lettre qu’il lui adressait en réponse, V.-N. a bien voulu en convenir.

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  1. A la page 280, V.-N. écrit : « [J’ai montré que] pas une seule fois, dans [le journal de Kremer], les “actions spéciales” auxquelles participe le médecin n’ont un rapport quelconque avec la lutte contre le typhus. Faurisson est incapable, et pour cause, d’apporter sur ce point un seul argument, une seule réponse. Je l’ai dit et je le répète : son interprétation est un faux, dans toute la force du terme. »

Réponse : Le 5 septembre 1942, le Dr Kremer est présent à une action spéciale à partir de l’hôpital des femmes et il ajoute, entre parenthèses, « Musulmans » ; ce terme s’applique à des malades parvenus au dernier degré de consomption. Puis, le 7 octobre 1942, le Dr Kremer écrit : « J’ai assisté à la 9e action spéciale (gens de l’extérieur et femmes musulmanes) ». Comment V.-N. pourrait-il prétendre que l’état de ces « Musulmans » et de ces « Musulmanes » n’a aucun rapport avec la formidable épidémie de typhus qui ravage et le camp et la ville, faisant des morts parmi les détenus comme parmi les soldats allemands ou leurs familles ?

  1. A la page 281, en note 3, V.-N. rappelle brièvement et comme si cela allait de soi qu’« action spéciale » était le « nom de code du gazage ».

Réponse : Encore une fois, assez décodé !

  1. Au même endroit, V.-N. écrit : « Un faux que l’on a modifié sans prévenir le lecteur demeure bien entendu un faux » et il fait remarquer que dans Vérité historique ou vérité politique ?, aux pages 109-110, je définissais « l’action spéciale » comme étant « le tri des malades et des bien portants » alors que, par la suite, dans mon Mémoire, à la page 34, « l’action spéciale » devient en plus le « nettoyage des wagons, soit de 3e classe, soit surtout de marchandises dans lesquels les nouveaux détenus venaient d’arriver ».

Réponse : Il suffit de revenir à mon texte pour voir que l’accusation de V.-N. se fonde sur une mauvaise lecture. En effet, dans Vérité historique ou vérité politique ? aux pages 109-110, je définissais le tri des malades et des bien-portants comme « L’UNE des formes de l’« action spéciale » du médecin. »

  1. A la page 286, V.-N. écrit « Faurisson n’a été interdit ni de bibliothèques ni d’archives publiques ». Il rappelle que le personnel du Centre de Documentation Juive Contemporaine de Paris « après des années de longanimité » a refusé de me servir et que cela lui « paraît hautement normal » parce que je mettais ce centre en cause «dans son activité fonda-

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mentale, celui [sic] de la mémoire du crime» ; V.-N. ajoute que ce centre est une «fondation privée».

Réponse : Le personnel de ce centre, ou au moins une partie du personnel, est rétribué par le contribuable français. Pendant des mois, ce personnel a multiplié les provocations pour que je ne puisse plus venir travailler au C.D.J.C. J’ai été chassé par le directeur en personne, M. Meram, qui m’a menacé de coups si je tentais de revenir. Là-dessus, j’ai reçu de M. G. Wellers une lettre où il me faisait savoir son refus de me laisser accéder à la bibliothèque et aux archives, et cela au nom des plus nobles idéaux. Ce faisant, il était, disait-il « sûr de [s]e trouver dans les plus nobles traditions de ce pays où la liberté et le respect de la dignité humaine sont indissolubles » (27 avril 1978) (il voulait dire « indissociables »). J’ai également été chassé d’un institut de Paris et d’un centre de recherches et bibliothèque de Vienne (Autriche). Je précise qu’en dépit de ce qu’il aurait déclaré à un journaliste français, M. Simon Wiesenthal ne m’a nullement mis à la porte de chez lui avec violence ; il m’a au contraire reçu avec une courtoisie toute viennoise ; il est vrai qu’à l’époque il ne savait pas mon opinion sur les « chambres à gaz » ! Mais, au fait, la Bibliothèque Vaticane refuse-t-elle accès aux agnostiques ? Je remarque que, si je suis poursuivi comme un malfaiteur devant les tribunaux par une foule d’associations, c’est également au nom des plus nobles idéaux ; on ne porte pas atteinte aux libertés de pensée et d’expression : on les protège !

  1. A la page 286, V.-N. écrit : « Je soutiens, moi, et je prouve, que Faurisson, hors le cas vraiment limité du Journal d’Anne Franck [pour : Frank], ne cherche pas le vrai mais le faux. »

Question : Comment cela peut-il se concilier chez le même homme ?

  1. A la même page, en note 12, V.-N. ne sait manifestement pas quoi répondre à la quarantaine de pages (p. 181 à 222 du Mémoire en défense) que je consacre à la « révision déchirante de 1960 » ; j’y rappelle comment les « chambres à gaz » de l’Ancien Reich sont pour ainsi dire subitement passées à la trappe et je m’amuse à collectionner les « témoignages criants de vérité sur les gazages inexistants, par exemple, de Buchenwald et de Dachau ». Voici comment V.-N. se débarrasse de l’épine. Il écrit : « Pour être complet, je dirai que [dans le nouveau livre de Faurisson] il y a un dossier sur les chambres à gaz imaginaires ou n’ayant pas fonctionné dans les camps de l’Ouest, Buchenwald, Dachau. Mais tout cela est historiquement si mal analysé que même cette documentation est difficilement utilisable. »

p. 61

Réponse : Il n’y a pas d’analyse de ma part, ni historique, ni autre. Je me contente surtout d’une simple énumération de faux témoignages. L’énumération à soi seule est parlante. Il y court en filigrane la fameuse question à laquelle personne ne se décide à me répondre et qui est : « Quelle différence voyez-vous entre les “témoignages” de Buchenwald ou de Dachau et les “témoignages” d’Auschwitz ou de Belzec ? » Si j’avais voulu entreprendre une analyse de chacun des faux témoignages que je cite, je suis sûr que mon analyse aurait été d’une simplicité biblique. Prenons un court exemple. Voici un faux témoignage sur Dachau. Il est de Fernand Grenier et je le cite à la page 218 de mon Mémoire en défense. J’en donne d’abord le texte, puis je vais en donner l’analyse.

TEXTE du faux témoignage :

A côté des quatre fours crématoires qui ne s’éteignaient jamais, une chambre : des douches avec, au plafond, des pommes d’arrosoir. L’année précédente [1944] on avait remis à cent vingt enfants de huit à quatorze ans une serviette et un savon. Ils étaient entrés tout joyeux. On ferma les portes. Des douches s’échappèrent des gaz asphyxiants. Dix minutes après, la mort avait tué ces innocents que les fours crématoires réduisaient en cendres une heure après.

ANALYSE du faux témoignage : le faux témoin Fernand Grenier a tout inventé :

1° Les quatre fours crématoires qui ne s’éteignaient jamais ;

 La chambre aux fausses douches avec leurs pommes d’arrosoir ;

 L’année ou l’événement s’est produit (à la différence de bien des témoins, il ne va pas jusqu’à donner le mois, le jour et l’heure) ;

 Les enfants ;

 Le nombre de ces enfants ;
 
 Les âges de ces enfants ;
 
 Les cent vingt serviettes et cent vingt savons ;

 La toute joie des enfants en entrant ;

 La fermeture des portes (au pluriel) ;

10° Les gaz asphyxiants ;

11° Le délai de dix minutes pour que survienne la mort ;

12° La durée-record de la crémation de cent vingt cadavres d’enfants dans quatre fours : 1 heure seulement alors qu’aujourd’hui avec des moyens autrement plus modernes que ceux de 1944, il faudrait à 4 fours du genre de ceux qui fonctionnent au Père-Lachaise… 225 heures, soit environ 9 jours (45 minutes par cadavre n’ayant pas d’antibiotiques ; sinon 50 à 60 minutes).

Mon analyse se limiterait là ; elle n’aurait d’autre ambition que de faire prendre la mesure de leur candeur à tous ceux qui croient que « ces choses-là ne s’inventent pas ».

p. 62

A propos de faux témoignage je serais heureux que Vidal-Naquet me dise son opinion sur Sachso, par l’Amicale d’Oranienburg-Sachsenhausen, Coll. Terre Humaine, Minuit/Plon, 1982, 623 p. On y parle à de nombreuses reprises de la « chambre à gaz » de ce camp pourtant situé à 30 km de Berlin, c’est-à-dire dans cet Ancien Reich où nous savons officiellement depuis la révision déchirante de 1960 qu’il n’y a eu aucun gazage homicide. En 1968, Olga Wormser-Migot, dans sa thèse sur Le Système concentrationnaire nazi (1933-1945) écrivait en note 2 de la page 541, à l’intérieur du chapitre intitulé de façon significative : « Le problème des chambres à gaz » que la « chambre à gaz » d’Oranienburg lui paraissait être « de l’ordre du mythe ». Dans Sachso, présenté comme une œuvre collective, on nous reproduit deux photos d’origine soviétique tendant à accréditer l’existence d’une chambre à gaz homicide. On ne voit pas la moindre portion de cette prétendue « chambre à gaz ». La première légende se lit ainsi : « Un des bourreaux du camp, Paul Sakowski, répète devant un officier de la Commission d’enquête soviétique, en 1945, les gestes qui déclenchaient la mort dans la chambre à gaz ». La seconde légende se lit ainsi : « A gauche de la lourde porte blindée et étanche de la salle d’exécution, il actionne le levier qui obture tous les volets d’aération. Puis, d’un coup de paume sur un percuteur, il brise l’ampoule de Zyklon B dont les vapeurs mortelles se répandent à l’intérieur. » Or, il est intéressant de savoir que le Zyklon B, inventé en 1922 et encore couramment en usage aujourd’hui dans le monde entier, n’a jamais existé en ampoules ; le Zyklon B est un absorbant d’acide cyanhydrique sur base poreuse inerte : la terre d’infusoires par exemple. Ce qui est comique dans le plan que l’on a dessiné du camp, c’est qu’on y lit fort bien : « Industrie Hof / Crématoire / Chambre à gaz. Chambre d’exécution » mais que le tout s’accompagne d’une flèche d’indication donnant sur le vide, si bien qu’il est impossible de distinguer la forme, les proportions, l’emplacement de cette « chambre à gaz ».

Je souhaiterais également que Vidal-Naquet nous dise son sentiment sur « L’Exposition de la déportation 1933-1945 » qui se tenait fin avril/début mai 1982 sur la place du Trocadéro à Paris. J’y ai consacré le 30 avril, dans un « Supplément à la revue trimestrielle Les Amis de Paul Rassinier, n° 1 juin 1982 », une étude qui se termine ainsi :

D’une façon générale, cette exposition de 1982 marque une évolution intéressante du mythe des chambres à gaz homicides : les fragments que l’on nous montre de prétendues chambres à gaz homicides se font de plus en plus petits. On va vers l’infinitésimal, le zéro, le néant. Déjà beaucoup de chambres à gaz homicides ne sont plus montrées du tout : on se contente de nous en montrer le bâtiment qui est

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censé les contenir. 

J’ajoute en N.B. : « Le livre de Georges Wellers intitulé Les Chambres à gaz ont existé (Gallimard, 1981) contient 12 photographies : pas une ne représente une chambre à gaz homicide ».

Je connais des historiens officiels qui ne croient plus aux « chambres à gaz » hitlériennes, qui me l’ont confié mais qui n’osent le déclarer publiquement. Ils sentent que le temps est venu de larguer le pieux mensonge, mais ne savent comment s’y prendre. Je leur conseille une finesse inventée par l’un de mes avocats, lequel, après avoir cru fermement à la vérité scolaire, s’est brusquement aperçu qu’il se trompait. Le moyen qu’il a inventé pour ne pas trop paraître se déjuger est le suivant : il a qualifié ces « chambres à gaz » de « métaphoriques » ; sans doute n’avaient-elles pas existé dans la réalité ces horreurs-là, mais elles véhiculaient assez bien toutes les horreurs réelles des camps de concentration nazis et constituaient somme toute une fidèle image des souffrances des déportés et une représentation émouvante de ce que des cerveaux éprouvés avaient crû connaître réellement. Après tout, le chiffre de 6 millions de Juifs morts n’est-il pas devenu un « chiffre symbolique » (eine symbolische Zahl) depuis le 3 mai 1979 devant un tribunal de Francfort (procès 50 Js 12.828/78.919 Ls contre Erwin Schönborn) où le Dr Broszat, toujours lui, déposait à titre d’expert comme Directeur de l’Institut d’Histoire Contemporaine de Munich ? « Métaphoriques » pour les prétendues « chambres à gaz », « symbolique » pour le prétendu chiffre de 6 millions de morts ; reste à trouver un adjectif du même genre pour le prétendu « génocide ».

  1. A la page 288, V.-N. assure que « [m]a liberté d’expression, sous réserve des lois en vigueur, n’a nullement été menacée. »

Réponse : On aura savouré la « réserve ». V.-N. a le respect de la loi, des lois, par exemple de celles qui font que, pour avoir soutenu mon idée sur les « chambres à gaz » et le « génocide », je suis condamné à trois mois de prison avec sursis et à… 360 millions d’anciens francs d’amendes diverses et de frais de publication. J’ai contre moi une meute d’associations et une meute d’avocats. Je suis accablé de dettes par tous ces procès. Je n’ai plus le droit d’enseigner. J’ai été physiquement battu et agressé à plusieurs reprises. J’ai fait l’objet de véritables tentatives de lynchage. Mon état de santé est devenu tel qu’il m’a fallu être hospitalisé à trois reprises en un an et à chaque fois pour un mois. Ma vie familiale est profondément bouleversée. L’un de mes enfants a dû abandonner ses études à cause du nom qu’il portait. Je suis insulté dans la presse française et internationale comme personne, à ma connaissance, ne l’a jamais été.

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Le droit de réponse m’est quasi systématiquement refusé depuis qu’un magistrat a prononcé que mettre des guillemets à « chambre à gaz » c’était porter atteinte à je ne sais plus quoi de sacré. Le Conseil d’Etat a déclaré qu’il n’y avait rien de « matériellement inexact » à me déclarer un universitaire qui n’avait jamais rien publié de sa vie ! Le tribunal administratif de la Seine n’a jamais instruit une plainte déposée par moi en janvier 1975. J’ai rencontré de graves difficultés quand il m’a fallu choisir un avocat : tous se dérobaient. L’un d’entre eux s’est fait exclure du M.R.A.P. pour avoir eu l’audace de défendre non pas mes idées, mais mon droit à la libre expression. Une partie de nos livres ont été détruits en dépôt. Un commando de l’Organisation Juive de Défense a revendiqué une attaque contre nous dans une salle de « La Libre Pensée » et a brisé pour 12.000 F de matériel. Un soir à 21 h 30 un huissier est venu de la part du M.R.A.P. pour saisir une vidéo-cassette… que l’O.J.D. venait d’emporter. Nous sommes l’objet de menaces incessantes. Le justicier fleurit à Paris comme en province. Ma femme en est malade depuis quatre ans et vit dans une peur constante. Nous avons dû nous dessaisir d’une partie de notre mobilier, en attendant peut-être la saisie d’une maison que je n’ai pas encore fini de payer (achetée 105.000 F en 1968), la saisie de notre voiture et la saisie de la plus grosse partie de mon traitement (salaire unique). Toutes mes recherches, tous mes voyages de recherches, je les avais payés de ma poche. Quand pour une fois j’ai gagné un procès (contre Le Matin de Paris qui avait écrit que j’avais reçu un blâme pour propos antisémites au lycée de Clermont-Ferrand), le juge – Mme Simone Rozès – n’a pas voulu de publication du jugement en raison du « caractère particulier de la cause ». Le DMarc Aron, président du comité consultatif des organisations juives de Lyon, a un jour déclaré que je n’enseignerais plus jamais à Lyon et il a organisé dans l’enceinte de mon université des manifestations avec des éléments venus de l’extérieur. Une enquête administrative a été déclenchée sur mon compte. Le recteur l’a ainsi conclue : « Le Professeur Faurisson est inattaquable ; il n’a commis aucune faute professionnelle. » Rien n’y a fait, ni la solidarité émouvante de mes étudiants, ni les qualités que, paraît-il, j’avais pu manifester jusque-là (« Très brillant professeur/Chercheur très original/Personnalité exceptionnelle »). Pas un de mes collègues ne prenait ma défense. Certains allaient jusqu’à écrire au président (socialiste) de mon université pour l’assurer de leur soutien contre la brebis galeuse. J’ai les lettres. Il y en a 25. J’ai été menacé du Conseil de Discipline si je ne trouvais pas le moyen de disparaître de la circulation. On m’assurait que le Conseil étant constitué comme il l’était, l’avis du recteur n’aurait aucune importance. J’ai demandé, sous la contrainte, l’Enseignement par correspondance. Là on m’a dit qu’on

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n’avait que faire de moi et que d’ailleurs mon appartenance au cadre A de l’Enseignement Supérieur m’empêchait d’être engagé. Quant à mon syndicat, le SNESup, il n’avait pas attendu tout cela pour me mettre à la porte sans même que je puisse être le moins du monde entendu. J’appartenais au SNES et au SNESup depuis plus de vingt ans. Je passe sur les lettres de menaces, les appels téléphoniques anonymes, les crachats et les menues vexations. Je dois convenir que je me sens traqué et que bien souvent j’ai envie d’en finir avec la vie. Je ne sais pas si je survivrai longtemps à ce qui m’arrive et à ce qui arrive aux miens. Mais je me sens tenaillé par le DEVOIR de lutter contre d’aussi horribles mensonges et tant de lâcheté. Et si je me dois de lutter ainsi, un rail entre les dents, c’est aussi pour tous ceux qui m’ont jusqu’ici soutenu : ceux de la Vieille Taupe d’abord et puis tous ces étrangers des États-Unis, de Grande-Bretagne, d’Allemagne, de Hollande, de Belgique, de Suisse, de Suède, d’Italie, d’Australie et d’ailleurs encore, qui accumulent protestations et manifestes.

  1. A la page 289, V.-N. écrit « Noam Chomsky rétractait par une lettre du 6 décembre 1980 adressée à Jean-Pierre Faye, sinon son texte (en préface du Mémoire en défense) du moins l’utilisation qui en avait été faite sans son accord comme préface au livre de Robert Faurisson. »

Réponse : C’est tout simplement faux. Cette lettre a bien existé mais son contenu a été gravement dénaturé.

Une mise au point pour terminer : Vidal-Naquet colporte, jusque devant les tribunaux, qu’il est convaincu que je suis un antisémite. Il me permettra une confidence : quand j’entends parler de la question juive, je sors mon oreiller. Je veux bien qu’une telle indifférence en la matière puisse heurter des gens qui voient des antisémites partout, comme d’autres voient des Juifs partout, mais je revendique le droit à l’indifférence sur ce point-là et sur quelques autres.

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Note sur le colloque de la Sorbonne (29 juin – 2 juillet 1982)

Au colloque, le professeur P. Vidal-Naquet sera chargé de présenter la thèse révisionniste ; il est un adversaire résolu de cette thèse, ce qui est son droit, mais, quand on considère les termes qu’il emploie pour en parler, peut-on dire qu’il est le mieux qualifié pour se faire le rapporteur de cette thèse ? A titre d’exemples, voici quelques-unes des expressions qui lui viennent sous la plume quand, dans Les Juifs, la mémoire et le présent, il évoque cette thèse et ceux qui la défendent :

  • [R. Faurisson est] Un Eichmann de papier (p. 195 et première)
  • Etudier sa thèse, c’est faire l’] Anatomie d’un mensonge (p. 195)
  • le prétendu révisionnisme (p. 195) 
  • impossible de débattre (p. 196) 
  • discussion inutile (p. 196)
  • obscène (p. 196)
  • sophiste (p. 197)
  • faux-semblant (p. 197)
  • l’imposture révisionniste (p. 197)
  • mensonge (p. 197)
  • inexistence (p. 197)
  • délire (p. 204)
  • franchement absurde et haineux (p. 211)
  • mentir effrontément (p. 214)
  • idée absurde (p. 216)
  • mensonge (p. 217)
  • le mensonge pur et simple, le faux, l’appel à une documentation de pure fantaisie (p. 222)
  • ignoré ou falsifié (p. 225)
  • [Faurisson] à la recherche, non comme il le prétend, du vrai, mais du faux (p. 227)
  • tout simplement faux (p. 228)
  • l’amour de la vérité qui caractérise tous les faussaires (p. 237)
  • un florilège des formes les plus stupides et les plus éculées de l’antisémitisme (p. 239)
  • Il est parfaitement évident que Faurisson n’a pas vu le texte qu’il cite (p.  247)
  • une anthologie de l’immonde (p. 248)
  • caractère mensonger de leurs affirmations (p. 252)
  • absurdité palpable (p. 255)
  • sur le plan de la morale intellectuelle et de la probité scientifique [l’interprétation de Faurisson] est un faux (p. 261)
  • un discours qui remplace le réel par le fictif (p. 261)
  • mensonge (p. 261)
  • et, s’il faut donner un prix au mensonge, je dirai que le livre de Butz, The Hoax of the Twentieth Century (La Mystification du XXe siècle) représente, par moments, une réussite assez effrayante (p. 262)
  • un mensonge total (p. 265)
  • l’entreprise « révisionniste » en général, celle de Faurisson en particulier, relève de l’imposture, de l’apologie du crime par dissimulation du crime (p. 269) [Remarquez en passant le clin d’œil en direction des tribunaux français. R.F.]
  • le faussaire (p. 271)
  • l’imposture (p. 271)
  • le mensonge (p. 272)
  • Ce travail [Mémoire en défense, de Faurisson] n’est ni plus ni moins mensonger et malhonnête que les précédents (p. 280)
  • ses mensonges (p. 280)
  • faux (p. 280)
  • le reste de ses mensonges et des ses falsifications (p. 281)
  • Un faux que l’on a modifié sans prévenir le lecteur demeure bien entendu un faux… (p. 281)
  • Je soutiens moi, et je prouve, que Faurisson, hors le cas vraiment limité du Journal d’Anne Franck [pour : Frank], ne cherche pas le vrai mais le faux (p. 286)
  • un faussaire (p. 289 et dernière)

« L’Allemand Wolfgang Scheffler (Berlin) aura la délicate tâche de parler des chambres à gaz », lit-on dans L’Histoire (juin 1982, p. 71). Wolfgang Scheffler joue auprès des tribunaux allemands le rôle d’expert et obtient soit la mise à l’index, soit la mise au pilon des ouvrages révisionnistes.

« Raul Hilberg (université de Vermont [Etats-Unis]), doyen des études sur le génocide » (Ibid.). Raul Hilberg, professeur de sociologie, est l’auteur d’un ouvrage sur The Destruction of the European Jews (1961, diverses rééditions ; par exemple, Quadrangle Books, Chicago 1967, ou Harper Colophon, New York 1979, viii-790 p.). Ce très intéressant ouvrage de 798 p. comporte exactement SIX pages (d’une partie de la page 561 à une partie de la page 567), d’un contenu très faible, sur les « chambres à gaz ». (Ce qui vaut tout de même mieux que l’ouvrage du spécialiste d’Auschwitz, Hermann Langbein, Hommes et Femmes à Auschwitz, Fayard, 1975, viii-529 p., qui, sur ses 263 sections, ne consacre pas une seule section aux « chambres à gaz », bien qu’à tout moment il évoque « les cheveux de gazés », les « gazages », etc.). D’une manière générale, le lecteur d’un ouvrage exterminationniste qui s’intéresserait au « problème délicat des chambres à gaz » peut s’attendre aux mêmes désillusions qu’un lecteur du livre d’André Frossard: Dieu existe… Je l’ai rencontré : il attend l’arrivée de Dieu, voici que Dieu s’annonce ou semble s’annoncer et, tout soudain, c’en est fini. Dieu semble être passé ; en tout cas, il n’est plus là.

Je me permets de recommander tout particulièrement le livre de Raul Hilberg à ceux qui s’imaginent que les communautés juives de l’Est (et, en particulier, celles de Hongrie et de Pologne) avaient en grande partie disparu à la fin de la guerre. Leur formidable mouvement de migration après la guerre vers l’Ouest européen, vers l’Amérique et vers Israël est assez bien étudié. Et on sait que ce mouvement se poursuivait encore à partir de la Pologne de 1968. (Voy. à partir de la page 728 : « Up to May 8, 1945… »). La question des sommes astronomiques versées par l’Allemagne de l’Ouest au titre des réparations/dédommagements est assez bien esquissée.

[note en date du 3 juillet 1982]