“Plaise au tribunal” : Conclusions dans l’affaire Georges Wellers
Nous donnons, ci-après, le texte des conclusions déposées devant le tribunal de Paris à l’appui de la plainte de M. Robert Faurisson à l’encontre de M. Georges Wellers et sa réponse aux propres conclusions déposées par celui-ci. Le texte permet de suivre tous les éléments de la controverse.
Le tribunal a rendu son jugement le 14 février 1990. M. Robert Faurisson est débouté de sa demande et fait appel de ce jugement qui interrompt la série des décisions récentes rendant justice aux révisionnistes.
Demander à la justice de condamner le diffamateur Georges Wellers était probablement demander un peu trop et un peu trop tôt. [note de l’éditeur des Annales d’histoire révisionnistes, n° 8, Printemps 1990]
Conclusions
devant le tribunal de grande instance de Paris
Pour :
M. Robert Faurisson, professeur d’université, de nationalité française, né le 25 janvier 1929 à Shepperton (Grande-Bretagne), et demeurant à Vichy (Allier),
Demandeur, ayant pour avocat Me Éric Delcroix, du barreau de Paris.
Contre :
1) M. Georges Wellers, pris en sa qualité de directeur de la publication Le Monde Juif, 17, rue Geoffroy-L’Asnier à Paris IVe,
2) Le Centre de documentation juive contemporaine, ou CDJC, dont le siège est 17, rue Geoffroy-L’Asnier, à Paris IVe,
Défendeurs, ayant pour avocat Me Bernard Jouanneau du barreau de Paris.
PLAISE AU TRIBUNAL
Attendu que, par conclusions en date du 23 août 1989, Georges Wellers et le CDJC prétendent justifier un jugement de débouté à l’encontre de Robert Faurisson (leurs conclusions, projet de dispositif, p. 19) ;
Attendu que les prétendues réfutations contenues dans lesdites conclusions ne sont ni recevables, ni de toute manière fondées, ainsi qu’on va le voir au cours d’une analyse de ces réfutations prises une à une dans l’ordre, autant que possible, où elles sont présentées par G. Wellers ;
Attendu, sur la prétendue prescription trimestrielle, que M. Wellers et le CDJC montrent d’emblée leur mauvaise foi en soutenant que :
il incombe au demandeur de prouver que le numéro litigieux n’a pas été mis en circulation avant le 1er janvier 1989 pour justifier une assignation tardive et hors du délai de prescription.
Attendu qu’en procédant de la sorte les défendeurs non seulement inversent la charge de la preuve puisque c’est à celui qui se permet une allégation utile à ses intérêts d’en administrer la preuve, mais aussi font montre de mauvaise volonté à l’égard des juges eux-mêmes ;
Attendu, en effet, que les responsables de la publication Le Monde Juif sont tenus, comme tout publicateur de périodiques, à l’obligation du dépôt légal et qu’ils sont seuls à disposer nécessairement des pièces justificatives d’imprimerie et de routage, pièces qu’ils se sont – on verra pourquoi – dispensés de verser au débat ;
Attendu, néanmoins, que le professeur Faurisson, qui n’a jamais cherché à cacher quelque information que ce fût à la justice et à la science, établit pour sa part, d’une manière éminemment vraisemblable, le retard de routage du Monde Juif par rapport à sa date théorique de parution ;
Attendu, en effet, que, comme l’attestent les cachets de la poste portés sur les enveloppes d’expédition « Routage 206 », reçues par un abonné type, que, pour l’année 1988, les dates effectives d’expédition, pour l’année 1988, ont été respectivement les suivantes :
– pour la livraison datée de « janvier-mars », celle du 11 mai ;
– pour la livraison datée d’« avril-juin », celle du 21 juillet ;
– pour la livraison datée de « juillet-septembre », celle du 3 novembre ;
– pour la livraison datée d’« octobre-décembre », celle du 2 février 1989 ;
Attendu que toutes ces livraisons ont donc été faites entre 3 et 6 semaines après la dernière date affichée, le retard étant, pour la livraison ici en cause, exactement de 33 jours ;
Attendu que l’assignation introductive d’instance a été délivrée le 23 février 1989, soit seulement 21 jours après la date d’expédition (la date légale de « publication » étant celle de la réception) ;
Attendu, cela étant et pour aborder le fond, que G. Wellers indique en propres termes qu’il «maintient l’expression [de falsificateur] pour désigner le professeur Faurisson» (p. 2, al. 9[1]) et qu’il admet que « cette expression [est] effectivement de nature à porter atteinte, si ce n’est à [l’]honneur [du professeur], du moins à sa considération » (p. 2, al. 10) ;
Attendu que, selon lui, cette expression, dont il reconnaît qu’elle est diffamatoire, aurait été portée par un homme de bonne foi ;
Attendu que G. Wellers assure n’avoir « pas cherché à régler un compte personnel avec M. Faurisson envers lequel », affirme-t-il, « il ne nourrit a priori aucune animosité particulière » (p. 19, al. 2), mais qu’en réalité son attitude à l’égard du professeur a été constamment, et cela depuis douze ans, celle de la malveillance et, accessoirement, du refus de tout débat ;
Attendu, avant de répondre à tous les arguments avancés par les défendeurs, qu’il convient de remarquer que, dans leur intolérance, ceux-ci imputent à une volonté de « falsification » tout désaccord avec leur vulgate ;
Attendu, sur le fond et sans rien éluder, que, selon ses principes et habitudes, le professeur Faurisson entend maintenant répondre sans feinte et point par point aux assertions de G. Wellers;
Attendu qu’en conséquence il abordera successivement les points suivants :
I – G. Wellers accuse R. Faurisson d’être un falsificateur : sens et modalités de cette accusation (p. 103) ;
II – G. Wellers invoque à tort le « rapport Leuchter » contre R. Faurisson (p. 106)
III – G. Wellers dénature les décisions de justice concernant R. Faurisson (p. 112);
IV – G. Wellers analyse mal la méthode de R. Faurisson (p. 117) ;
V – G. Wellers spécule sur les sentiments de R. Faurisson (p. 119) ;
VI – G. Wellers se décrit – faussement – en scientifique ouvert à la discussion, et en auteur de publications sérieuses (p. 121) ;
VII – G. Wellers développe ses propres vues sur la « solution finale » et, en particulier, sur le « document Dannecker » (p. 126) ;
VIII – G. Wellers invoque à tort un discours de Himmler (p. 129) ;
IX – G. Wellers livre sa propre interprétation d’une lettre de Göring et du procès-verbal de Wannsee (p. 131) ;
X – G. Wellers développe ses propres vues sur les Einsatzgruppen et le Kommissarbefehl (p. 133) ;
XI – G. Wellers parle des révisionnistes Richard Harwood et Ernst Zündel (p. 141);
XII – G. Wellers développe ses propres vues sur le « traitement spécial » (p. 143);
XIII – G. Wellers se répète sur quelques sujets et se dit sans animosité particulière à l’égard de R. Faurisson (p. 146) ;
XIV – G. Wellers invoque abusivement la bonne foi (p. 149) ;
ANNEXE. Diplômes universitaires, carrière et publications de R. Faurisson (p. 152).
I – G. Wellers accuse R. Faurisson d’être un falsificateur ; sens et modalités de cette accusation
Le Monde Juif, revue du Centre de documentation juive contemporaine, nomme et désigne systématiquement le professeur R. Faurisson comme un « falsificateur » ; M. Faurisson est toujours défini comme tel ; cela fait partie de son identité ; aussi sûrement qu’il est un professeur d’université, il est un falsificateur. Il est un «falsificateur patenté» (p. 18, al. 3) :
– Faurisson Robert, professeur de lettres à l’université de Lyon-II, falsificateur de l’histoire des camps d’extermination de juifs à l’époque nazie, pp. 25-29 (Le Monde Juif, oct.-déc. 1986, p. 179).
– Faurisson Robert, professeur de lettres à l’université de Lyon-II, falsificateur de l’histoire des camps d’extermination de juifs à l’époque nazie, pp. 5, 56, 64, 73, 76, 77, 80, 84, 85, 89, 99, 101 [Le Monde Juif, oct.-déc. 1987, p. 192].
– Faurisson Robert, professeur de lettres à l’université Lyon-II, chef de l’école révisionniste en France, falsificateur de l’histoire des Juifs pendant la période nazie, pp. 94-116, 128.[2]
Le falsificateur est une personne qui falsifie ; falsifier, c’est dénaturer dans le dessein de tromper ; cela suppose toujours une action expresse et volontaire.[3] Pour G. Wellers, R. Faurisson est un professeur falsificateur, un universitaire qui dénature dans le dessein de tromper ; son intention est expresse, c’est-à-dire formelle ; G. Wellers l’a répété pendant trois années consécutives : 1986, 1987 et 1988 ; il doit être en mesure de le prouver de manière péremptoire et décisive.
Dans ses conclusions, G. Wellers :
maintient l’expression qu’il a employée pour désigner le professeur et qui lui paraît correspondre à la définition exacte de son comportement dans ses écrits concernant le génocide juif commis par les nazis sous le 3e Reich [p. 2, al. 9]
et G. Wellers ajoute que :
cette expression [est] effectivement de nature à porter atteinte, si ce n’est à [l’]honneur [du professeur], du moins à sa considération [p. 2, al. 10].
Il maintient que cette expression correspond à la vérité et qu’elle procède [de la part de G. Wellers] d’une analyse argumentée et étayée par ses recherches et les documents qu’il produit (ibid.).
Il signale ce qu’il appelle un exemple récent et éclatant de la falsification de Faurisson (p. 3, al. 4).
Pour lui, R. Faurisson, de mauvaise foi, a tronqué [d]es informations et données de base et il a eu une démarche malhonnête et déloyale (p. 5, al. 3 et 5).
Il dénonce dans le professeur un falsificateur (p. 5, al. 6) qui travestit gravement la réalité et le sens des décisions de justice rendues à son encontre qui l’ont soit condamné, soit débouté (p. 6, al. 3).
Il déclare que « falsificateur » de l’histoire, [le professeur] l’est aussi de la jurisprudence (p. 6, al. 4) :
le tribunal, la cour d’appel et la cour de cassation ont considéré qu’il n’y avait pas de diffamation à le traiter de manipulateur et même de fabricateur de textes (cf. procès Poliakov) [p. 6, al. 6].
R. Faurisson ne peut invoquer la « bonne foi » (p. 6, al. 7).
Le professeur est responsable d’une « imposture » (p. 6, al. 8).
Sa méthode porte en elle-même la trace de sa déloyauté (p. 7, al. 3).
Il est à mettre au nombre des « imposteurs » (p. 8, al. 1).
Il fait partie des « falsificateurs de l’histoire » (p. 8, al. 11).
G. Wellers revient sur la mention de falsificateur qu’il réserve dans Le Monde Juif à Faurisson (p. 9, al. 7).
Il évoque toutes les falsifications de Faurisson qu’il a décelées (p. 9, al. 8) et parle de nouveau à son propos de « falsification » (p. 9, al. 10).
Il annonce : Il m’appartient de justifier cette appellation [de « falsificateur »] et je le ferai (p. 10, al. 3).
Il dénonce la technique classique d’un falsificateur ! (p. 14, al. 4). Il déclare que R. Faurisson falsifie la vérité historique et mérite pleinement d’être traité de falsificateur (p. 17, al. 4) et que le professeur en devient un « falsificateur » patenté (p. 18, al. 3).
Pour finir, G. Wellers déclare à propos du professeur qu’il se trouve moralement obligé de le dénoncer à l’attention de tous comme un falsificateur (p. 19, al. 2).
II – G. Wellers invoque à tort le « rapport Leuchter » contre R. Faurisson (de la p. 3, al. 4, à la p. 5, al. 5)
G. Wellers commence par proposer « un exemple récent et éclatant de la falsification de Faurisson » (p. 3, al. 4).
Cependant, au cours de son exposé, qui porte sur « le procès Zündel » et « le rapport Leuchter », il n’est plus question de falsification mais d’« omission » ou d’«abstention volontaire» (p. 4, al. 6) de la part du professeur qui aurait « omis de porter à la connaissance de l’expert américain » (p. 4, al. 5) deux arguments de G. Wellers.
G. Wellers n’apporte aucune preuve à l’appui de son accusation ; il ne prouve pas qu’il y ait eu « omission » ou « abstention » à deux reprises ni qu’à deux reprises cette « omission » et cette « abstention » aient été « volontaires ». Une « omission » ou une « abstention » volontaires non prouvées ne sauraient apporter la preuve d’une falsification.
L’exposé de G. Wellers appelle les remarques suivantes :
G. Wellers parle des locaux décrits comme « chambres à gaz » dont les plans sont encore disponibles (p. 3, al. 5).
Cette phrase donne à entendre qu’il existerait des plans allemands où des locaux seraient décrits comme « chambres à gaz ». En réalité, ces plans qui, pour la plupart, étaient tenus cachés aux historiens jusqu’au jour où le professeur Faurisson en personne les a découverts en 1976 et publiés en 1979, montrent que les bâtiments des crématoires d’Auschwitz censés contenir des chambres à gaz homicides ne contenaient en fait qu’une « Leichenhalle » (dépositoire) ou des «Leichenkeller» (dépositoires en sous-sol) que les exterminationnistes ont arbitrairement qualifiés, selon les besoins de leur démonstration, de « vestiaires pour les futurs gazés » ou de «chambres à gaz homicides».
G. Wellers entreprend de résumer les arguments du professeur et il les qualifie de «postulats» (p. 3, al. 5 et 9). En réalité, il ne présente – sans précision – que trois arguments du professeur prélevés dans une masse considérable d’arguments révisionnistes d’ordre physique, chimique, topographique, architectural et documentaire ; il n’y a pas de « postulats » chez le professeur mais une démonstration fondée, ici, sur des documents d’architecture confirmés par l’observation, encore aujourd’hui, sur place, des dimensions de ces locaux ou sur des documents relatifs à la nature du Zyklon B, à sa dangerosité, aux difficultés extrêmes de ventilabilité vu que ce gaz (l’acide cyanhydrique) adhère longuement aux surfaces (doc. du procès de Nuremberg NI-9098 et NI-9912).
G. Wellers dit que le professeur :
a pris des contacts avec les différents pénitenciers américains où se produisent encore des exécutions capitales par le gaz et exprimé le vœu qu’une expertise scientifique soit effectuée sur place [dans les camps de concentration] pour les vérifier [pour vérifier si les locaux désignés comme chambres à gaz homicides ont vraiment été des chambres à gaz homicides] [p. 3, al. 9],
et il affirme que le professeur a agi de cette manière
Pour donner un semblant de vérité à ces postulats [ibid.].
Outre le fait que, comme on l’a vu, ces prétendus postulats sont le résultat d’une recherche scientifique, on notera que, du propre aveu de G. Wellers, le professeur, poursuivant dans la voie scientifique, a pris contact avec des spécialistes scientifiques et souhaité une expertise scientifique.
L’alinéa consacré aux deux procès Zündel (p. 4, al. 1) appelle les remarques suivantes :
Fred Leuchter, et non « Ernst » Leuchter, n’est pas un technicien mais un ingénieur ; il n’a pas été mandaté par le professeur ; c’est Ernst Zündel qui lui a demandé de se rendre à Auschwitz, à Birkenau et à Majdanek avec toute une équipe pour y examiner les « présumées chambres à gaz ».
Le professeur a été appelé à déposer comme expert. Les guillemets apposés à ce dernier mot par G. Wellers donnent à entendre que cet expert n’était pas vraiment un expert ; et, de fait, le professeur, à la différence de F. Leuchter, n’est pas un expert des chambres à gaz. Le professeur a déposé comme expert de « l’histoire de l’Holocauste », au même titre que Raul Hilberg ou Christopher Browning. Cette qualité ne lui a été reconnue, comme c’est l’usage, que par une décision des juges du tribunal de Toronto en 1985 et en 1988 au terme d’un interrogatoire, d’un contre-interrogatoire et d’un nouvel interrogatoire menés en l’absence des jurés. Quant à ses dépositions devant les juges, elles ont duré plusieurs jours.
G. Wellers affirme que le rapport présenté par F. Leuchter au tribunal de Toronto a été publié in extenso dans le n° 5 des Annales d’histoire révisionniste (p. 4, al. 1).
Il commet là une grave erreur – dont on verra plus loin les conséquences – et qui est d’autant moins excusable qu’à la page 52 du n° 5 des AHR, avant même la préface du rapport Leuchter, l’éditeur avertit le lecteur en ces termes :
Le rapport original remis à la Cour de Toronto comporte 192 pages dont des annexes techniques destinées aux spécialistes. Nous publions ici la traduction des 26 premières pages qui constituent la synthèse des recherches conduites par Fred A. Leuchter. Les spécialistes se reporteront au texte du rapport original complet, dont photocopie (reliée) peut être obtenue sur simple demande accompagnée d’un chèque de 300 francs. Nous donnons ci-dessous la préface du professeur Faurisson à l’édition anglaise du rapport.
G. Wellers affirme que le professeur a présenté ce rapport comme « la mort en direct du mythe des chambres à gaz » (ibid.). En réalité, le professeur dit avoir assisté à cette « mort en direct » le 20 avril 1988, lors de la déposition de F. Leuchter qui a provoqué, à son avis de manière patente, un sentiment de panique chez les accusateurs d’E. Zündel.
G. Wellers reproduit un extrait du rapport Leuchter, non sans diverses fautes ou négligences, comme si cet extrait apparaissait « au terme » dudit rapport (p. 4, al. 2). G. Wellers n’aurait pas dû citer cet extrait, qui figure aux p. 63-64 de la revue, mais plutôt ce que F. Leuchter avait vraiment écrit « au terme de son rapport », à la p. 102 de la revue :
Conclusion. – Après avoir passé en revue tout le matériel de documentation et inspecté tous les emplacements à Auschwitz, Birkenau et Majdanek, l’auteur trouve que les preuves sont écrasantes : en aucun de ces lieux il n’y a eu de chambre à gaz d’exécution. L’auteur estime, au mieux de ses connaissances techniques, qu’on ne peut pas sérieusement considérer qu’aux emplacements inspectés les présumées chambres à gaz aient été autrefois utilisées ou puissent aujourd’hui fonctionner comme des chambres à gaz d’exécution.
Fait à Malden, Massachusetts, le 5 avril 1988
G. Wellers admet que la « conclusion péremptoire » de l’expert américain est une conclusion « rejoignant les analyses révisionnistes faurissoniennes » (p. 4, al. 3) ; on voudra bien prendre acte de cette constatation et la porter au crédit du professeur.
G. Wellers ne remet pas en cause les « constatations », comme il les appelle, de l’expert américain ; dont acte encore une fois ; mais ce qu’il lui reproche, c’est d’en avoir tiré la « conclusion » que l’on sait (p. 4, al. 4). Selon G. Wellers, F. Leuchter a commis là une faute imputable… au professeur Faurisson.
Le raisonnement de G. Wellers est le suivant :
– tout l’acide cyanhydrique était absorbé par les corps… des victimes ;
– c’est pourquoi F. Leuchter n’a pas pu trouver de traces de cyanure, comme cela a été le cas dans la chambre à gaz de désinfection ;
– « à plusieurs reprises, dans ses écrits » (sans autre précision) G. Wellers avait dit que l’acide cyanhydrique était absorbé par les corps des victimes ;
– Faurisson n’a pas rapporté à Leuchter que G. Wellers avait dit cela ;
– si Faurisson avait rapporté cela, Leuchter n’aurait pas conclu son rapport comme il l’a fait.
Ce raisonnement appelle les remarques suivantes :
De même que dans une chambre à gaz de désinfection les poux n’attirent ni n’absorbent toutes les molécules d’acide cyanhydrique diffusé dans la pièce et de même que, dans une chambre à gaz d’exécution aux États-Unis, le condamné n’attire ni n’absorbe toutes ces molécules, de même, dans les prétendues chambres à gaz d’Auschwitz, de Birkenau et de Majdanek, les prétendues victimes n’auraient pas pu attirer, monopoliser et absorber les quantités énormes d’acide cyanhydrique (Zyklon B) lancées à la volée dans ces abattoirs locaux.
G. Wellers ignore si le professeur s’est fait son interprète auprès de F. Leuchter. Peut-être s’est-il fait son interprète et F. Leuchter n’a-t-il pas cru devoir prendre en considération un tel argument. Peut-être le professeur n’en a-t-il pas même parlé parce que l’argument lui paraissait dénué de valeur et contraire aux lois les plus banales de la physique et de la chimie.
En tout état de cause, on ne voit pas comment les molécules se seraient en quelque sorte donné le mot pour se répartir docilement sur les corps des victimes et pour ne pas aller s’égarer aussi sur les murs, les portes, les planchers, les plafonds des chambres à gaz. Et cela pendant des années, à raison de plusieurs opérations par jour.
Le second argument que, selon G. Wellers, le professeur n’aurait pas rapporté à F. Leuchter est le suivant :
il n’était pas nécessaire que les chambres à gaz aient été munies d’équipements de chauffage permettant d’y élever la température jusqu’à 25°C point d’ébullition du Zyklon B pour qu’il parvienne à l’état gazeux, dès lors que la très forte concentration de population à l’intérieur des chambres à gaz suffisait par elle-même à élever le niveau de la température à un degré bien supérieur [p. 4, al. 7].
Ce raisonnement appelle les mêmes remarques que le premier argument, à quoi s’ajoute qu’une très forte concentration de populations frigorifiées à l’intérieur de caves en béton durant les hivers polonais ne permet probablement pas d’atteindre une température supérieure à 25°C.
G. Wellers rend hommage à F. Leuchter en ces termes :
sa démarche scientifique, les prélèvements et analyses qu’il a effectués sont a priori à l’abri de tout soupçon [p. 5, al. 2].
D’où il s’ensuit que le professeur – un « falsificateur » pourtant – a, en fin de compte, eu le mérite de découvrir un expert capable de suivre une « démarche scientifique » « a priori à l’abri de tout soupçon » et d’opérer des « prélèvements et des analyses », elles aussi « a priori à l’abri de tout soupçon ».
G. Wellers écrit :
Le seul fautif en est Robert Faurisson lui-même qui, de mauvaise foi, a tronqué les informations et données de base qu’il a fournies au spécialiste en sollicitant son expertise (p. 5, al. 3).
Encore une fois, G. Wellers n’apporte aucune preuve à l’appui de cette accusation. Il se livre ici à une spéculation. Il appelle gravement «informations et données de base» les deux spéculations émises plus haut selon lesquelles les molécules d’acide cyanhydrique auraient été entièrement absorbées par les corps des victimes et ces mêmes corps auraient porté en toute saison la température des caves de béton à plus de 25°C.
Allant encore plus loin, il appelle « données historiques » ces deux spéculations (p. 5, al. 4).
Il y a enfin une contradiction à présenter le même F. Leuchter comme un homme capable d’une démarche scientifique mais incapable de raisonner tout seul, sans l’aide de R. Faurisson.
G. Wellers juge le rapport Leuchter, après en avoir lu une trentaine de pages sur un ensemble de 192 pages ; encore ne l’a-t-il lu que dans une traduction, ce qui pour un ouvrage hautement technique est hasardeux. Les AHR ont reproduit en traduction les pages 5 à 30 du rapport original en anglais ainsi qu’un graphique de la p. 34. G. Wellers n’a pas pris connaissance de la foule d’« informations et données de base » et même de « données historiques » qui figuraient dans les autres (192 – 26 =) 166 pages, sans compter les données fournies par le film vidéoscopique et les données qu’on trouve dans les sténogrammes du procès de Toronto, avec interrogatoire, contre-interrogatoire et nouvel interrogatoire de F. Leuchter.
G. Wellers ne dit pas que, devant le même tribunal de Toronto, ce qu’il appelle « les analyses révisionnistes faurissonniennes » sur le sujet concerné (p. 4, al. 3) ont été renforcées aussi par le témoignage à la barre de l’expert Bill Armontrout, directeur d’un pénitencier américain où fonctionne une chambre à gaz, par le témoignage à la barre de l’expert William Lindsey, qui pendant 33 ans a dirigé un laboratoire de recherches chimiques du groupe Dupont, et par le témoignage à la barre de l’expert Ivan Lagacé, directeur des installations de crémation de Calgary (Canada).
III – G. Wellers dénature les décisions de justice contre R. Faurisson (de la p. 5, al. 6, à la p. 6, al. 5)
Selon G. Wellers,
Faurisson travestit gravement la réalité et le sens des décisions de justice rendues à son encontre qui l’ont soit condamné, soit débouté [p. 6, al. 3].
G. Wellers cite le professeur à deux reprises (premier extrait à la p. 5, al. 7, et second extrait à la p. 5, al. 8 et 9, et p. 6, al. 1 et 2). Il commet cinq erreurs de détail ; pour le véritable texte on se reportera aux Annales d’histoire révisionniste, printemps-été 1989, p. 110 (référence donnée par G. Wellers) et au même ouvrage, p. 93 (référence non donnée par G. Wellers).
Il écrit :
Falsificateur ou plus exactement mystificateur, Faurisson l’est encore lorsqu’il présente sa condamnation prononcée par le Tribunal de Paris en 1981 et par la Cour de Paris en 1983 comme la consécration judiciaire de ses thèses révisionnistes et comme l’échec des Ligues qu’il range délibérément et définitivement dans le camp des exterminationnistes, alors que simplement le Tribunal ni la Cour n’ont voulu entrer dans la discussion historique, ni se faire juge des travaux de Faurisson estimant que cette tâche n’incombait pas au juge [p. 5, al. 6].
Il répète :
Falsificateur de l’histoire, il l’est aussi de la jurisprudence puisque d’une part les tribunaux se sont jusqu’à présent refusés à se prononcer sur la valeur et le mérite de ses travaux [p. 6, al. 4].
Il ajoute enfin :
Si l’on peut à la rigueur admettre que les Tribunaux se soient récusés pour se faire juge de l’histoire et en particulier du douloureux problème des chambres à gaz, Faurisson ne peut de bonne foi se retrancher derrière leurs décisions pour y chercher et prétendre y trouver la caution judiciaire de ses thèses et de ses prises de position [p. 6, al. 5].
Ce faisant, G. Wellers déforme le jugement du 8 juillet 1981, dénature l’arrêt du 26 avril 1983 et oublie de mentionner un jugement du 16 décembre 1987.
Le professeur était accusé par un certain nombre de ligues et d’associations de dommage à autrui par FALSIFICATION DE L’HISTOIRE (accusation portée à l’époque par G. Wellers lui-même et aujourd’hui réitérée par lui).
Le tribunal a répondu, sous la plume de M. Pierre Drai, qu’il n’avait pas
à rechercher si un tel discours [celui de R. Faurisson] constitue ou non une «falsification de l’Histoire» (jugement, p. 14, al. 2),
mais le même tribunal n’a pas pour autant hésité à «se faire juge des travaux de Faurisson» puisqu’il a même conclu :
M. Faurisson, universitaire français, manque aux obligations de prudence, de circonspection objective et de neutralité intellectuelle qui s’imposent au chercheur qu’il veut être (jugement, ibid.).
Dans son arrêt en date du 26 avril 1983, la cour de Paris (président M. Grégoire) a confirmé la condamnation de M. Faurisson pour dommage à autrui mais en réformant le jugement sur la valeur de ses travaux. Elle aussi s’est déclarée compétente sur ce point et, si elle a condamné M. Faurisson pour malveillance ou dangerosité, elle a rendu hommage à la qualité de ses recherches, de sa méthode et de ses travaux sur « le problème des chambres à gaz ». La cour a reconnu l’existence de ce «problème». Elle a déclaré ne trouver chez M. Faurisson ni légèreté, ni négligence, ni ignorance délibérée, ni mensonge. Elle est allée jusqu’à en tirer une conclusion d’ordre pratique. Au nom du sérieux du professeur et non à cause du droit à la liberté d’opinion, elle a prononcé, en utilisant la conjonction « donc » :
La valeur des conclusions défendues par M. Faurisson [sur « le problème des chambres à gaz »] relève donc de la seule appréciation des experts, des historiens et du public.
Le jugement de 1981 avait déçu les adversaires de M. Faurisson parce que les juges avaient refusé de retenir une quelconque « falsification de l’Histoire » ; l’arrêt de 1983 allait les consterner. Les conséquences allaient être les suivantes :
- Le journal Le Monde falsifiait le texte du jugement de 1981 et se trouvait contraint de publier un rectificatif de Me Delcroix, avocat de M. Faurisson ; le même journal tronquait l’arrêt de 1983 en vue d’en faire disparaître la phrase par laquelle la cour déclarait légitime le refus de croire aux chambres à gaz ;
- Le Recueil Dalloz-Sirey falsifiait le texte du jugement et n’allait jamais révéler l’arrêt de 1983; cette falsification allait lui valoir une condamnation pour dommage en première instance (1re chambre du tribunal de grande instance de Paris, jugement du 23 novembre 1983) et en appel (1re chambre de la cour de Paris, arrêt du 8 février 1985), validée par la Cour de cassation (selon arrêt du 15 décembre 1986) ;
- Pendant des années, le sort exact du procès intenté au professeur allait être caché par tous les médias, tous les ouvrages spécialisés, tous les historiens jusqu’au jour où, en 1987, Pierre Vidal-Naquet écrivait enfin :
La répression judiciaire est une arme dangereuse et qui peut se retourner contre ceux qui la manient. Le procès intenté en 197[9] à Faurisson par diverses associations antiracistes a abouti à un arrêt de la cour d’appel de Paris en date du 26 avril 1983, qui a reconnu le sérieux du travail de Faurisson, ce qui est un comble, et ne l’a, en somme, condamné que pour avoir agi avec malveillance en résumant ses thèses en slogans.[4]
4. G. Wellers, lui-même, écrivait :
[Faurisson] a été jugé deux fois. Mais en France le tribunal n’est pas qualifié pour se prononcer sur l’existence des chambres à gaz. Cependant il peut se prononcer sur la façon dont les choses sont présentées. En appel, la cour a reconnu qu’il s’était bien documenté. Ce qui est faux. C’est étonnant que la cour ait marché.[5]
Ou encore, parlant de l’effort de documentation du professeur, il écrivait ailleurs :
effort qui, hélas, a impressionné la Cour d’Appel de Paris.[6]
Sous réserve de ses digressions sur la compétence des juges de France, G. Wellers dit bien, en son langage, que ces juges « ont marché », c’est-à-dire qu’ils ont « cru naïvement » au sérieux du professeur.
Si les juges ont reconnu le sérieux de M. Faurisson et si M. Wellers le déplore, M. Faurisson a le droit de s’en réjouir et d’en faire état et M. Wellers n’a pas le droit de prétendre que M. Faurisson « travestit gravement la réalité et le sens des décisions de justice rendues à son encontre » (p. 6, al. 3) et agit en ce domaine en «“falsificateur” […] de la jurisprudence» (p. 6, al. 4).
G. Wellers oublie de mentionner un jugement du tribunal de grande instance de Paris, 1re chambre, 1re section, rendu le 16 décembre 1987 et relatif à la saisie de la première livraison des AHR. Le tribunal ordonnait la main-levée de cette saisie attendu que :
l’exposé même des thèses développées dans la revue de M. Guillaume [le prétendu génocide des juifs et les prétendues chambres à gaz hitlériennes forment un seul et même mensonge historique] et la controverse susceptible de naître à leur sujet relèvent, en l’absence de toute action en responsabilité, de la libre expression des idées et des opinions et d’un débat public entre historiens.
M. Faurisson est en droit de se féliciter de ce qu’en la circonstance les juges de France aient fini par admettre l’existence et la légitimité d’un « débat public entre historiens » sur la question du génocide et des chambres à gaz. G. Wellers écrit par ailleurs :
en tout cas le tribunal, la Cour d’appel et la Cour de Cassation ont considéré qu’il n’y avait pas diffamation à traiter [M. Faurisson] de « manipulateur et même de fabricateur de textes » (cf. procès Poliakov) [p. 6, al. 4].
G. Wellers ici renverse les rôles : c’est M. Poliakov qui avait été traité de «manipulateur et même de fabricateur de textes» par M. Faurisson ! Il s’agissait de textes attribués à Kurt Gerstein, et deux ouvrages publiés en 1986 par le Français Henri Roques et l’Italien Carlo Mattogno ont surabondamment prouvé les manipulations et même les fabrications de Léon Poliakov qui, d’ailleurs, s’enferme dans le silence. À l’époque, c’est-à-dire en 1981, L. Poliakov avait eu gain de cause et M. Faurisson avait été condamné pour diffamation. Il devait notamment publier à ses frais les termes du jugement. M. Poliakov se gardait bien de publier le jugement. Il y apparaissait que le tribunal avait relevé chez M. Poliakov des « erreurs fautives » et des « manquements à l’esprit scientifique » ; erreurs et manquements pardonnables, disait le tribunal, vu que M. Poliakov avait agi avec les meilleurs sentiments (jugement de la XVIIe chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris, présidé par M. É. Cabié, en date du 3 juillet 1981).
G. Wellers semble avoir commis ici une confusion – révélatrice – avec la conclusion d’un procès intenté par M. Faurisson à M. Jean Pierre-Bloch pour diffamation. Ce dernier avait traité le professeur de « faussaire ». Par un arrêt en date du 16 janvier 1985, la 11e chambre déboutait M. Faurisson, mais non sans dire que traiter le professeur de faussaire c’était « incontestablement porter atteinte à son honneur et à sa considération » et M. Jean Pierre-Bloch n’avait obtenu gain de cause qu’au bénéfice de « sa bonne foi ».
G. Wellers sait qu’il y a diffamation à traiter ainsi M. Faurisson puisque, directeur du Monde Juif, il a reproduit cet arrêt dans la livraison de janvier-mars 1985 (p. 25-29) comme s’il s’agissait d’une publication judiciaire forcée.
G. Wellers sait aussi que Le Droit de vivre, publication dans laquelle il écrit, a donné pour titre à un article portant sur cet arrêt (février 1985, p. 7) :
Traiter Faurisson de faussaire, c’est le diffamer, mais « de bonne foi ».
G. Wellers sait donc que traiter Faurisson de faussaire, c’est le diffamer et que, selon une comparaison familière et expressive : « La bonne foi est comme les allumettes : elle ne peut servir qu’une fois. »
IV – G. Wellers analyse mal la méthode de R. Faurisson (de la p. 6, al. 6, à la p. 7, al. 4)
Selon G. Wellers, l’imposture du professeur consisterait
à éluder les documents, témoignages, verdicts qui ne corroborent pas les thèses révisionnistes [p. 6, al. 6]
mais, en réalité, les écrits du professeur ne portent quasiment que sur les documents, les témoignages, les verdicts invoqués par les exterminationnistes ; il ne les élude donc pas.
Selon G. Wellers, l’imposture consisterait également à déconsidérer les juges de Nuremberg et d’ailleurs (p. 6, al. 7) mais, en réalité, le professeur prend en considération tous ces procès, les examine de près et tire, en général, la conclusion que, selon la formule bien connue, « ce n’est pas devant les tribunaux que l’histoire peut trouver ses juges ».
Il est exact que, pour lui, le tribunal de Nuremberg a été le tribunal des vainqueurs. Le procès a été instruit et préparé en quelque cent jours seulement. Il est fondé sur la pratique de la rétroactivité des lois et sur la responsabilité collective. Aucun appel n’était possible. Les vainqueurs jugeaient le vaincu selon des règles hâtivement mises au point par les vainqueurs après la fin du conflit. Les articles 19 et 21 du statut prononçaient que :
Le tribunal ne sera pas lié par les règles techniques relatives à l’administration des preuves […] n’exigera pas que soit rapportée la preuve des faits de notoriété publique mais les tiendra pour acquis […].
Ce tribunal n’a jamais demandé que soit rapportée la preuve de l’existence des chambres à gaz homicides mais a implicitement tenu pour acquise l’existence de celles-ci. Il revient donc à l’historien de rechercher les preuves de ce qui a été affirmé sans être prouvé.
G. Wellers semble prêter au professeur des expressions des juges polonais (ceux de l’au-delà du Rideau de Fer), des juges [allemands] de la honte, des juges israéliens (complices des escrocs juifs) (ibid.) mais il doit être bien entendu que ces expressions forgées par G. Wellers ne peuvent être mises au compte de M. Faurisson, dont elles déforment la pensée.
G. Wellers, qui critique les juges français, ne semble pas admettre que M. Faurisson ait un jour nommément critiqué un juge canadien ; pourtant ce juge a été sévèrement critiqué et désavoué par l’unanimité des cinq juges de la cour d’appel de la Province d’Ontario qui ont cassé son jugement de condamnation d’Ernst Zündel pour des motifs à la fois de forme et de fond.
G. Wellers, dans le dernier alinéa de la p. 6 et dans les quatre premiers alinéas de la p. 7, énumère un certain nombre de griefs auxquels M. Faurisson ne peut guère répondre parce que ces griefs sont formulés d’une manière trop vague ou même obscure [et] parce qu’ils sont exprimés, comme c’est surtout le cas au dernier alinéa, dans une langue pleine d’impropriétés grammaticales ou syntaxiques.
Il en ressort tout au plus que M. Faurisson fait preuve de « déloyauté » ; cette accusation se concilie certes avec ce que Me Jouanneau, avocat de G. Wellers, a pensé du professeur pendant de longues années mais ne se concilie pas avec l’hommage appuyé que, dans une plaidoirie devant la cour de Paris le 22 novembre 1988, le même Me Jouanneau a cru finalement devoir rendre à la « rigueur » d’esprit de M. Faurisson.
V – G. Wellers spécule sur les sentiments de R. Faurisson (de la p. 7, al. 5, à la p. 9, al. 7)
Selon G. Wellers, le professeur « ne se résout pas » à marquer « sa considération pour les victimes » (p. 7, al. 5).
En réalité, M. Faurisson au cours d’un colloque d’historiens avait eu les mots suivants, rapportés par Le Matin de Paris (16 novembre 1978, p. 17) dans un article que G. Wellers lui-même a déposé en pièce annexe n° 28 de ses conclusions :
J’éprouve respect et sympathie pour tous ceux que leurs idées ont conduits en camp de concentration.
Dans son film vidéoscopique sur « Le Problème des chambres à gaz », M. Faurisson déclarait :
Je dois dire que, pour tous ceux qui ont eu à subir ces souffrances, j’ai du respect et de la compassion, et je vous demande de me croire.
En d’autres circonstances et notamment soit dans ses dépositions devant les tribunaux français et étrangers soit par l’intermédiaire de ses avocats en leurs plaidoiries, il a exprimé son respect, sa sympathie, sa compassion pour les victimes, en même temps, d’ailleurs, que son éloignement pour ceux qui usent et abusent à des fins intéressées de toutes ces souffrances trop réelles.
Jamais un tribunal n’a dit que M. Faurisson rejetait les victimes dans « le néant des mythes » (p. 7, al. 7) ; il s’agit là d’une dénaturation d’un passage du jugement en date du 8 juillet 1981 (jugement, p. 14).
Jamais M. Faurisson ne s’est présenté comme «l’annonciateur de « bonnes nouvelles pour l’humanité » (p. 7, al. 7). Il a déclaré : « La non-existence des « chambres à gaz » et du «génocide» est une bonne nouvelle »[7] et il a ajouté : « L’homme, pourtant capable de toutes les horreurs, n’a pas été capable de celles-là. Il y a mieux: des millions d’hommes qu’on nous présentait comme des complices d’un crime monstrueux ou comme des lâches ou comme des menteurs ont été honnêtes. J’ai déjà dit que les juifs accusés par leurs enfants de s’être conduits comme des moutons que les Allemands auraient menés à l’abattoir ne méritaient pas cette accusation. J’ajoute que les accusés de Nuremberg et de mille autres procès disaient la vérité quand ils affirmaient à leurs juges-accusateurs ne rien savoir de ces épouvantables massacres. Le Vatican et la Croix-Rouge disaient vrai quand ils confessaient piteusement la même ignorance. Les Américains, les Anglais, les Suisses, les Suédois et tous ces peuples ou gouvernements à qui aujourd’hui des juifs extrémistes reprochent d’avoir été inactifs pendant que, paraît-il, fonctionnaient les abattoirs nazis, n’ont plus à se conduire en coupables repentants. Le résultat le plus méprisable de cette gigantesque imposture était et restera encore pour un certain temps cette mauvaise conscience que les juifs extrémistes ont créée chez tant de peuples et en particulier dans le peuple allemand. »
G. Wellers critique les juges français (p. 7, al. 8) en particulier ceux qui, comme il a été dit plus haut, ont constaté une évidence, à savoir qu’il existe deux écoles historiques sur le problème du génocide et des chambres à gaz et « un débat public entre historiens ».
G. Wellers persiste dans sa critique (p. 8, al. 1 et 2) et, au passage, fait allusion, semble-t-il, à la proposition de loi Fabius-Sarre déposée le 2 avril 1988 « en vue de combattre les thèses révisionnistes » et prévoyant une peine de prison d’un mois à un an et/ou une amende de 2.000 à 300.000 F pour ceux « qui auront porté atteinte à la mémoire ou à l’honneur des victimes de l’holocauste nazi en tentant de le nier ou d’en minimiser la portée » ; cette proposition de loi présente l’avantage de montrer qu’en France les juges ne disposent pas encore d’une loi pour réprimer « les thèses révisionnistes » en tant que telles.
VI – G. Wellers se décrit – faussement – en scientifique ouvert à la discussion et en auteur de publications sérieuses (de la p. 8, al. 3, à la p. 9, al. 7)
G. Wellers affirme qu’il ne s’est jamais personnellement dérobé à la discussion avec Faurisson (p. 8, al. 3).
En réalité, G. Wellers a toujours refusé toute discussion avec le professeur depuis le jour où ce dernier a été chassé du Centre de documentation juive contemporaine (12 janvier 1978) jusqu’au jour où, lors d’un colloque (sic)au grand amphithéâtre de la Sorbonne (12 décembre 1987), G. Wellers lui a publiquement signifié qu’il refusait toute forme de discussion, de dialogue ou de réponse.
Ces deux points sont faciles à prouver. Il suffit de se reporter aux pièces 19 et 32 du propre dossier de pièces annexes assemblées par G. Wellers pour ce tribunal.
Dans la pièce 19 (lettre de G. Wellers à R. Faurisson en date du 27 avril 1978), G. Wellers cherche à justifier l’éviction du professeur. Il rappelle que, dans un article d’Historia (août 1977, p. 132), ce dernier a parlé de « l’imposture du génocide ». G. Wellers en a tiré abusivement la conclusion que le professeur tenait pour des «imposteurs» toutes les personnes ajoutant foi à l’existence du génocide. Dans cette lettre, il écrit :
j’affirme avec force qu’il est impossible et indigne d’obliger les insultés [dont G. Wellers lui-même] de fréquenter l’insulteur arrogant et décidé à persévérer, à plus forte raison de se mettre ou de se remettre à son service, sauf en violant leur conscience et leur honneur les plus élémentaires.
Dans la pièce 32 (lettre de G. Wellers à R. Faurisson en date du 11 janvier 1988, soit dix ans plus tard), G. Wellers n’a pas modifié sa position ; il écrit :
J’ai bien précisé devant les très nombreuses personnes qui remplissaient le Grand Amphithéâtre [de la Sorbonne] que je refusais de dialoguer avec vous car vous aviez eu l’« audace » de prendre à votre compte l’accusation cynique de Rassinier d’après laquelle les juifs avaient inventé l’« imposture » de six millions de tués et l’emploi de chambres à gaz homicides afin d’arracher à Adenauer, sans aucune justification, des sommes d’argent astronomiques.
Dans cette même lettre, G. Wellers dit au professeur qu’il a reçu une lettre anonyme où figure un résumé de la « doctrine révisionniste » et il ajoute :
Ce résumé est une suprême calomnie qui m’impose le devoir de refuser le moindre contact avec vous.
G. Wellers a refusé de publier dans sa revue Le Monde Juif une lettre que le professeur lui avait envoyée en droit de réponse ; il lui a écrit :
En général, il ne peut être question ni de publier votre lettre sans réplique de ma part, ni de dialoguer avec un calomniateur, récidiviste. (11 janvier 1988)
En dix ans, G. Wellers a publiquement mis en cause le professeur Faurisson qu’il a cent fois nommé dans sa revue sans jamais lui accorder de droit de réponse. Les lettres qu’il lui a adressées ont été pour lui signifier son exclusion du CDJC ou pour lui refuser un texte en droit de réponse.
Le professeur, de son côté, a toujours insisté pour avoir un débat public avec G. Wellers et ses amis.[8] Il a toujours protesté contre les résumés caricaturaux qu’on a donnés de sa pensée. Il a toujours précisé que les défenseurs d’une imposture historique peuvent être sincères. Il n’a jamais dit que les juifs avaient inventé cette imposture en vue d’arracher à Adenauer des sommes d’argent astronomiques.[9]
G. Wellers se décrit tout à la fois comme patient, précis, minutieux, humble, courageux et le plus souvent seul (p. 9, al. 6).Ce dernier qualificatif peut paraître justifié. G. Wellers défend une thèse que défendent également les pouvoirs publics et les médias ; en ce sens il n’est pas seul. Mais il est exact qu’en raison de la médiocre qualité de ses travaux historiques, ses pairs ne le tiennent pas en grande estime ; s’il peut, en cas de difficultés, recevoir tous les appuis désirables, il reste que ses arguments ne sont que très rarement repris dans la littérature de l’Holocauste, sinon jamais. Puisque, aussi bien, G. Wellers a énuméré dans ses conclusions (p. 8 et 9) ses deux livres et ses quelques articles, certains de ses écrits ne constituant que des reprises d’écrits anciens ou des traductions en allemand, il convient d’en dire quelques mots.
– L’Étoile jaune à l’heure de Vichy est essentiellement la reprise d’un récit publié en 1946 sous le titre De Drancy à Auschwitz. L’ouvrage est un mélange de souvenirs, de réflexions diverses et de rappels historiques à peu près dénués de sources et de références. Il ne s’agit pas d’un ouvrage historique. Le titre lui-même est trompeur en ce sens que jamais le régime de Vichy n’a accepté le port de l’étoile jaune.
– « Abondance de preuves » est le titre d’un article publié dans Le Monde du 29 décembre 1978 en réplique à l’article dans le même journal et le même jour du professeur Faurisson sur « La Rumeur d’Auschwitz ». G. Wellers prétendait à l’époque que les preuves de l’existence des chambres à gaz homicides étaient abondantes et solides. Dix ans plus tard, comme en écho, le professeur juif américain Arno J. Mayer, ami de Pierre Vidal-Naquet, dans un ouvrage sur « la solution finale » du problème juif, allait écrire :
Les sources pour l’étude des chambres à gaz sont à la fois rares et douteuses [Sources for the study of the gas chambers are at once rare and unreliable].[10]
Entre-temps, en 1982, G. Wellers avait participé à la création d’une « Association pour l’étude des Assassinats par Gaz sous le régime national-socialiste (ASSAG) » se proposant de « rechercher et contrôler les éléments apportant la preuve de l’utilisation des gaz toxiques par les responsables du régime national-socialiste en Europe pour tuer les personnes de différentes nationalités ».
– En 1981 G. Wellers avait publié Les chambres à gaz ont existé, des documents, des témoignages, des chiffres. L’ouvrage ne contient aucune photo de ces chambres à gaz, soit « en l’état d’origine », soit « à l’état de ruines » (des ruines sont parlantes) qu’on peut voir encore aujourd’hui à Auschwitz, à Birkenau, à Majdanek et en d’autres points d’Europe. G. Wellers se contente de reproduire les plans des crématoires d’Auschwitz, plans découverts et publiés par R. Faurisson. Son livre démontre l’existence de fours crématoires. Il ne démontre nullement l’existence de chambres à gaz, pas même à Auschwitz. Même Serge Klarsfeld allait reconnaître cinq ans plus tard que jusqu’ici on n’avait pas encore publié de « vraies preuves » mais seulement des « débuts de preuves ».[11]
– G. Wellers a fait partie des vingt-quatre rédacteurs d’un livre intitulé : Chambres à gaz, secret d’État, les Editions de Minuit, 1984. La substance de cet ouvrage composite tient tout entière dans son titre. Ce titre sonne comme un avertissement au lecteur : les chambres à gaz ayant été un secret d’État, c’est-à-dire le plus grand de tous les secrets possibles, le lecteur ne doit pas s’attendre à trouver des preuves de l’existence de ces chambres ! La couverture du livre porte la photo de deux boîtes de Zyklon, c’est-à-dire d’un insecticide. Pour les rédacteurs, les Allemands auraient supprimé toutes les preuves ; ce qu’ils ont laissé par mégarde serait codé ; il faut donc décoder ce qui est codé. Les « preuves » apparemment solides sont des jugements de tribunaux allemands mais, ce qui est caché au lecteur, c’est que les magistrats allemands ont inséré dans leurs jugements la version officielle des faits telle que déterminée par un Office central de recherches des crimes nazis établi à Ludwigsburg et où des procureurs se sont improvisés historiens. L’auteur principal de l’ouvrage est Adalbert Rückerl (aujourd’hui décédé), lui-même procureur et dirigeant de cet office. Le résultat est le suivant : quand, dans ce livre, A. Rückerl cite à l’appui d’une affirmation sur Auschwitz ou sur Treblinka un jugement de tribunal allemand, c’est, en fait, lui-même qu’il cite. On pourrait dire que ce procureur, d’une certaine manière, ne cesse donc de répéter tout au long de l’ouvrage : « Ceci est vrai, parce que je l’ai dit (par personnes interposées) ».
Il est à première vue étrange que G. Wellers n’ait pas cité la version française de cet ouvrage ; cette version est accessible à tout Français. Il a préféré citer la version allemande. Pourquoi ?
On en vient ici à un point particulièrement grave de la personnalité de G. Wellers.
Si ce dernier avait cité la version française (Chambres à gaz, secret d’État), il aurait été loisible aux magistrats de cette cour de noter qu’à la page 300 de l’ouvrage, G. Wellers est décrit comme un
professeur de physiologie et de chimie à la Sorbonne, maître de recherches honoraire au Centre national de la recherche scientifique.
Or, G. Wellers n’a jamais été professeur à la Sorbonne et il est même probable qu’il est démuni du moindre diplôme universitaire. Il est probable qu’il a fait carrière au CNRS sans même le baccalauréat. Ce sont les révisionnistes qui ont détecté dans la vie de G. Wellers cette étrange zone d’ombre sur laquelle l’intéressé a jusqu’ici jeté le voile et obstinément refusé d’apporter des éclaircissements.[12]
VII – G. Wellers développe ses propres vues générales sur la « solution finale » et ses vues particulières sur le « document Dannecker » (passim de la p. 10, al. 8, à la p. 18, al. 2, et, en particulier, p. 13, dernier alinéa)
G. Wellers soutient la thèse selon laquelle les expressions de « solution finale de la question juive » et de « traitement spécial » ne seraient que des euphémismes à décoder.
Si tel était le cas, où pourrait être la « falsification » du professeur (p. 9, al. 9) ? Si ce dernier refusait de croire à l’existence d’un tel code, et si, de surcroît, il contestait à G. Wellers la qualité d’expert en décodage, où serait la « falsification » ? La différence, ici, entre G. Wellers et R. Faurisson est tout au plus que l’un « décode » et que l’autre ne « décode » pas.
G. Wellers affirme que ses propres observations sont fondées sur deux séries de documents :
de[s] documents pour la plupart connus de tous et de Faurisson en particulier mais aussi de[s] documents nouveaux découverts depuis 1985 et dont les traductions jurées sont produites aux débats (ibid.).
Si G. Wellers déclare que la plupart des documents sont connus de tous et, en particulier de R. Faurisson, c’est qu’il a pu constater que R. Faurisson a mentionné et probablement discuté ces documents. Il conviendrait donc que G. Wellers, pour éclairer le tribunal, mentionne un à un ces documents, rappelle où et comment R. Faurisson en a discuté et prouve à l’occasion que R. Faurisson, dans cette discussion, a procédé en falsificateur. Or, à aucun instant, on ne voit G. Wellers éclairer le tribunal en ce sens.
Quant aux « documents nouveaux découverts depuis 1985 », il conviendrait de dire qui les a découverts, où et quand, et s’ils ont été ou non rendus publics de sorte que le professeur Faurisson, là aussi, aurait pu les discuter, éventuellement à la manière d’un falsificateur. Rien ne permet à G. Wellers d’affirmer que tel document qui est nouveau pour lui l’est aussi pour le professeur Faurisson. Peut-être ce dernier, qui a étudié depuis de très longues années la question du génocide et qui a, notamment au CDJC, examiné des milliers de documents, connaît-il déjà ces documents qui pour G. Wellers sont nouveaux.
Si, enfin, ces documents étaient vraiment nouveaux, à ce jour, pour R. Faurisson comme ils l’étaient naguère pour G. Wellers, comment pourrait-on reprocher au professeur de ne pas les connaître et, s’il ne les connaissait décidément pas, comment aurait-il pu à leur propos se rendre coupable de falsifications ?
G. Wellers dit :
Il m’appartient de justifier cette appellation [de falsificateur] et je le ferai en donnant brièvement quelques exemples […] [p. 10, al. 3].
Si G. Wellers emploie le futur, c’est qu’il reconnaît que jusqu’ici, c’est-à-dire du début des présentes conclusions jusqu’à cet endroit-ci de la p. 10, cette justification n’a encore été apportée dans aucune des pages qui précèdent.
Selon G. Wellers, l’expression de « solution finale de la question juive » signifierait «l’extermination intégrale des juifs» (p. 10, al. 4) et il en donne pour preuve une note du 13 mai 1942 signée Dannecker concernant le matériel roulant pour le transport de juifs de France vers l’Est (pièce annexe n° 2).
À deux reprises, G. Wellers ne craint pas d’affirmer que le professeur s’est totalement abstenu de parler de ce document :
1) De même M. Robert Faurisson ne parle jamais du document suivant qui se trouve dans les archives du CDJC sous la cote XXb-29 (p. 13, dernier alinéa) ;
2) Comme toujours faute de mieux, M. Faurisson espère naïvement se débarrasser des déclarations de l’un [Himmler] et de l’autre [Dannecker] qui l’accablent, par le mutisme absolu (p. 14, al. 4).
En réalité, le professeur Faurisson a bel et bien mentionné et commenté cette note[13].
Le capitaine Theodor Dannecker, un ancien avocat, avait été responsable des affaires juives à Paris de septembre 1940 à septembre 1942, pour le compte de l’Office central de sûreté du Reich à Berlin. Dans sa note du 13 mai 1942, qui ne porte aucun tampon marquant le secret, il rend compte à ses supérieurs d’une conversation fortuite avec le général Kohl, chargé des transports ferroviaires en France. L’entretien – informel – dure une heure et quart. Dannecker en retire la promesse que ce général lui fournira le matériel roulant et les locomotives nécessaires pour le transport des juifs vers l’Est. Au cours de la conversation, le général lui déclare qu’il est en faveur de la solution prochaine de la question juive en France occupée : c’est une nécessité vitale pour les troupes d’occupation [Rappelons ici que les juifs ont effectivement joué un rôle important dans la résistance armée : attentats, sabotages, etc.]. Il est partisan d’un « point de vue radical » [einen radikalen Standpunkt] même au risque de paraître « brutal » aux yeux de « certaines personnes ». Dans le passage dont G. Wellers tire argument, Dannecker écrit :
Au cours de notre entretien d’une heure et quart, j’ai donné au général un aperçu de la question juive et de la politique juive en France. J’ai pu alors constater qu’il est un adversaire [Judengegner] sans compromis des juifs et qu’il approuve à 100% une solution finale de la question juive ayant pour but l’écrasement complet de l’ennemi [restloser Vernichtung des Gegners].
Il n’y a là rien qui permette d’affirmer que « solution finale » signifie « programme d’extermination physique » ! Le général parle en militaire. Dès lors qu’il y a un ennemi [Gegner], il ne s’agit pas de ménager celui-ci mais de l’éliminer complètement. Pour la sécurité de ses troupes, il est en faveur d’une élimination des juifs qui sont en zone occupée et cette élimination se fera grâce à une déportation vers l’Est.
Suit une phrase de neuf mots allemands que G. Wellers a supprimée dans l’article qu’il a consacré en 1980 à la « Déportation des juifs en France sous l’occupation. Légendes et réalités ».[14]
Cette phrase, partie intégrante de l’alinéa où le général parle des juifs comme de l’«ennemi» [Gegner], complète l’idée qu’il se fait de cet « ennemi ». La phrase est la suivante :
Il s’est aussi montré un ennemi [Gegner] des Églises politiques [Er zeigte sich auch als Gegner der politischen Kirchen].
Il va de soi que la suppression de cette phrase, où le général est décrit aussi comme un ennemi des églises politiques, permet d’égarer le lecteur et de lui faire croire que dans cette note le capitaine Theodor Dannecker et le lieutenant-général Kohl n’ont qu’un ennemi : les juifs. Or, en réalité, ils ont deux ennemis, situés sur le même plan: les juifs et les tenants des « églises politiques » ; pas plus dans un cas que dans l’autre, il ne s’agit d’assassiner ces ennemis.
(Il est à noter que la traduction jurée est infidèle au texte sur certains points majeurs de cette note qu’il aurait fallu traduire avec le plus grand scrupule, vu l’importance que croit devoir lui accorder G. Wellers.)
La lettre du 15 mai 1942, soit deux jours après la note de Dannecker, confirme bien que le général est un « ennemi absolu des juifs » [absoluter Judengegner] et qu’en conséquence le transport des juifs (et non leur extermination !) en sera facilité.
VIII – G. Wellers invoque à tort le discours de Himmler (p. 10, al 4 ; p. 13, al. 4 et 5 ; p. 14, al. 1)
À trois reprises, G. Wellers fait état d’un discours prononcé par Himmler le 6 octobre 1943 à Posen (p. 10, al. 4 ; p. 13, al. 4 et 5 ; p. 14, al. 1). À propos de ce discours qui, pour lui, est au fondement même de la thèse exterminationniste (pièce annexe n° 1), G. Wellers écrit :
Ce document est ignoré par M. Robert FAURISSON [p. 13, al. 6].
Il récidive en prétendant que le professeur « affirme que le génocide des juifs est un mythe » :
Sans jamais faire la moindre allusion aux discours de Himmler, comme s’ils n’existaient pas [p. 14, al. 1].
En réalité, le professeur Faurisson a mentionné ce document, en a cité l’essentiel de l’extrait cité par G. Wellers, l’a discuté et a également mentionné, cité et discuté d’autres discours de Himmler de même nature.[15] Ces discours de Himmler, qui n’avaient rien de « secret » contrairement à ce qu’on en dit parfois, s’adressaient à des parterres de généraux ou de responsables civils ou militaires et s’inscrivaient dans un contexte de « guerre totale » où, du côté des Allemands comme du côté des Alliés, on se promettait de ne pas faire de quartier : « les judéo-bolcheviques veulent notre mort, c’est nous qui aurons la leur » ; «un bon Allemand est un Allemand mort» ; « qu’un sang impur abreuve nos sillons », etc. Les actes qui suivaient ces paroles, M. Faurisson le prouve en particulier à propos d’un discours tenu à Sonthofen[16], même s’ils peuvent être jugés cruels, n’avaient rien à voir avec une politique d’extermination physique des juifs.
IX – G. Wellers livre sa propre interprétation d’une lettre de Göring et du «procès-verbal» de Wannsee (p. 10, al. 14 et 15)
Selon G. Wellers, la lettre de Göring à Heydrich du 31 juillet 1941 et le « procès-verbal » de la réunion dite de Wannsee apporteraient la preuve d’une politique d’extermination des juifs appelée « solution finale de la question juive » (p. 10, al. 14).
Les erreurs et omissions accumulées par G. Wellers dans l’alinéa de seize lignes qu’il consacre à ces deux pièces sont trop nombreuses pour être ici relevées et corrigées.
L’expression de « solution finale de la question juive » existait longtemps avant cette lettre de Göring et, à un moment donné, elle s’est appliquée au « plan » ou «projet» de Madagascar. Les Allemands envisageaient le transfert des juifs dans l’île de Madagascar. Cette solution était « territoriale » : en allemand, « territoriale Endlösung ». À quelque époque que ce fût, elle n’a jamais impliqué une extermination des juifs, pas plus que la solution finale du problème palestinien ou la solution finale du chômage ne sauraient impliquer une extermination des Palestiniens ou des chômeurs.
Dès le début des années 80, les historiens ont commencé à abandonner la thèse – encore défendue ici par G. Wellers – selon laquelle ces deux documents, ou d’autres encore, prouveraient l’existence d’un plan d’extermination. Mieux : les historiens en sont progressivement venus à considérer que nous ne possédons aucune preuve de l’existence d’un ordre, d’un plan ou d’un budget d’extermination des juifs. Au début des années 80, ces historiens, d’accord pour continuer d’affirmer l’existence d’un génocide et de chambres à gaz, se sont scindés en « intentionnalistes » et «fonctionnalistes». Les « intentionnalistes » (en voie de disparition) prétendent qu’il faut supposer à l’origine du génocide une « intention » de Hitler. Les «fonctionnalistes» estiment qu’on peut se passer d’une telle hypothèse et que, de la même façon que la fonction crée l’organe, le génocide s’est produit de façon anarchique, sans ordre, sans plan, sans budget, sur des initiatives locales et individuelles. Cette controverse, d’allure métaphysique, commence à susciter le scepticisme même parmi ces historiens, mais le résultat est là :
S’il existait une seule preuve scientifique de l’existence d’une politique d’extermination des juifs, la controverse entre « intentionnalistes » et «fonctionnalistes» n’aurait jamais existé.
On se trouve, en réalité, de part et d’autre devant des constructions d’hypothèses et de spéculations.[17]
G. Wellers admet implicitement qu’il se livre lui-même à des spéculations sur tout le chapitre de la « solution finale » quand il écrit :
Il existe une riche documentation nazie traitant de la « solution finale de la question juive » sans qu’il y soit explicitement dit en quoi consiste cette solution [p. 10, al. 5].
Léon Poliakov, que G. Wellers ne saurait récuser et qu’il mentionne dans ses propres conclusions (p. 6, al. 4, et p. 9, al. 2), a écrit qu’à la différence de toute autre action du IIIe Reich :
Seule, la campagne d’extermination des Juifs reste, en ce qui concerne sa conception, ainsi que sous bien d’autres aspects essentiels, plongée dans le brouillard. Des inférences et considérations psychologiques, des récits de troisième ou de quatrième main, nous permettent d’en reconstituer le développement avec une vraisemblance considérable.
et il déclare :
Aucun document n’est resté, n’a peut-être jamais existé.[18]
À la réunion de Wannsee, Heydrich réunit quatorze et non seize (p. 10, al. 5) hauts fonctionnaires et leur fit part de son intention de procéder à la solution finale de la question juive par l’évacuation (c’est-à-dire la déportation) des juifs vers l’Est. Ceux qui pourraient être affectés au travail y seraient astreints, avec séparation des sexes (comme dans toute prison ou tout camp). Les juifs qui survivraient à cette épreuve seraient après la guerre remis en liberté et constitueraient la cellule germinative d’un renouveau juif. Tel est l’essentiel de ce texte qui présente, il faut le dire, un défaut majeur : il ne comporte aucun en-tête, aucune signature.[19]
Même en Allemagne et jusqu’à la fin de la guerre (mai 1945), il est resté des juifs en tant que tels, non clandestins et des millions de juifs européens ont survécu à la guerre.
X – G. Wellers développe ses propres vues sur les Einsatzgruppenet le Kommissarbefehl (p. 11, al. 6, à p. 13, al. finissant par « la question juive »)
Incapable de prouver l’existence d’un ordre, d’un plan ou d’un budget d’extermination des juifs et incapable de produire la moindre preuve de l’existence d’une chambre à gaz homicide ou d’un camion homicide, G. Wellers adopte une position de repli. Pour lui, ce qu’on a pris l’habitude d’appeler « l’ordre des commissaires » contiendrait au détour d’une phrase la preuve qu’on fusillait tous les juifs sur le front russe et certains rapports des Einsatzgruppen ou troupes d’intervention rendraient compte de ce massacre systématique (p. 11, al. 6 ; p. 12 ; p. 13, première moitié).
Si l’activité des Einsatzgruppen avait eu d’aussi claires conséquences, il y a longtemps que les historiens l’auraient souligné et il n’y aurait pas eu de controverse entre « intentionnalistes » et « fonctionnalistes ». En réalité, l’affaire est obscure du propre point de vue de G. Wellers puisqu’il dit qu’il a « entrepris d’élucider » entre 1985 et 1988 le « fait » de « l’extermination de juifs » dans les territoires conquis à l’Est par la Wehrmacht. On remarquera qu’il écrit « l’extermination de juifs » (p. 11, al. 6) et non pas « l’extermination des juifs ». S’il entend par là qu’il y a eu sur le front de l’Est des massacres de juifs, personne ne le lui contestera. La guerre est faite d’une succession de massacres de militaires et de civils, hommes, femmes et enfants confondus. Sur le front de l’Est, la guerre de partisans, à laquelle les juifs ont parfois pris une part très active, a été atroce de part et d’autre ; de part et d’autre, civils et militaires ont payé un lourd tribut dans cette guerre de tous contre tous («Bellum omnium contra omnes»).
À la p. 13 (al. 1), G. Wellers ose présenter, comme s’il s’agissait d’un document allemand, un tableau intitulé :
Résultats de l’exécution du « Kommissarbefehl » par l’ Einsatzgruppe « A » dans les pays baltes et en Ruthénie blanche à la date du 1er février 1942.
Or, ce titre semble être de l’invention de G. Wellers et les chiffres paraissent résulter d’une compilation.
À l’appui de ces affirmations, G. Wellers invoque l’ouvrage de Krausnick et de Wilhelm sur les Einsatzgruppen (pièce annexe n° 8) mais pas un instant, dans cet ouvrage de 688 pages, les auteurs ne produisent un ordre ou un plan d’extermination des juifs soviétiques. Le « document Jäger » (essentiellement, une pièce qui se présente comme un télégramme rapportant l’exécution de plusieurs centaines de milliers de juifs) n’a jamais été expertisé et, surtout, les sources dont il s’inspire sont inconnues. Krausnick et Wilhelm se sont fiés, trop souvent, à des procès-verbaux du NKVD ou du KGB, qu’ils citent textuellement. Ils ne se soucient pas de répondre aux arguments et à l’enquête que Reginald Paget, avocat du maréchal Manstein mais pas du tout révisionniste, avait rendus publics en 1951 dans Manstein, His Campaign and His Trial. Cet avocat, rappelant qu’il n’y avait jamais eu plus de trois mille hommes et femmes dans ces groupes d’intervention tout le long de l’immense front russe, y compris le personnel d’administration, les secrétaires, télétypistes, radios, interprètes et chauffeurs de camions, avait prouvé que ces groupes n’étaient pas organisés pour exterminer la population juive de la Russie occupée. D’ailleurs, jusqu’à la fin de l’occupation allemande, il est resté dans cette partie de l’Union soviétique bien des ghettos et bien des camps de travail juifs. Après la guerre, les Soviétiques auraient dû ouvrir les gigantesques charniers où les Einsatzgruppen n’auraient pas manqué d’enterrer leurs victimes. Aujourd’hui, en 1989, plus il se découvre de charniers en Union soviétique, plus on s’aperçoit que des massacres mis sur le compte des Allemands étaient, comme à Katyn (mais pas seulement à Katyn), en fait imputables au NKVD.
En temps de guerre, les chiffres des communiqués de guerre sont considérablement gonflés quand il s’agit des pertes ennemies. Ce n’est pas à l’échelon de l’état-major, mais peut-être à celui de la compagnie qu’il faudrait vérifier ces chiffres. R. Paget, examinant le cas de Simferopol où les Einsatzgruppen auraient tué dix mille juifs, arrivait après enquête à la conclusion que le véritable nombre se situait aux environs de trois cents :
Ces 300 n’étaient probablement pas tous juifs mais un ensemble varié de gens suspects d’activités de résistance.[20]
Au procès de Nuremberg, l’avocat Laternser rappelait le cas d’un «Volksdeutsche» exécuté par les Allemands en raison d’un crime commis contre une juive (soit dit en passant, on connaît d’autres cas de ce genre). Il déclarait :
D’après cet affidavit [affidavit 1637 du général Kittel], le maire de Marinka, Allemand de l’étranger, à cause d’un crime commis contre une juive, a été condamné par un tribunal militaire et fusillé. Comment pourrait-on comprendre un tel jugement si, d’un autre côté, les chefs militaires avaient ordonné ou toléré l’assassinat de milliers de juifs ?[21]
On pourrait accumuler ainsi des faits, de dimensions variables, qui viennent contredire l’existence d’une politique d’extermination des juifs en Union soviétique ou même de massacres aux proportions gigantesques.
Une profonde révision de l’histoire des Einsatzgruppen est en cours, que G. Wellers ignore probablement. À la fin de 1987, la revue Holocaust and Genocide Studies, éditée notamment par Yad Vashem (Jérusalem), a publié une étude, signée Yaacov Lozowick, sur les activités de l’Einsatzgruppe C.[22] La version originale de cet article avait été publiée en décembre 1985 dans une revue hébraïque. L’auteur écrit pour commencer :
Il importe de noter l’observation de Hans-Heinrich Wilhelm [l’un des deux auteurs de l’ouvrage cité par G. Wellers] selon laquelle les rapports [des Einsatzgruppen] qui existent encore sont ceux mis au point à Berlin et non les originaux rédigés au front.
Dans son chapitre sur « Les Einsatzgruppe(n) et la solution finale », l’auteur écrit :
L’importance des Einsatzgruppen dans l’évolution de la solution finale, sujet de controverse dans l’historiographie contemporaine, reste à déterminer.
Après ce début qui montre que ce qui est transparent pour G. Wellers est un sujet de controverse dans la communauté des historiens (exterminationnistes), l’auteur énumère, sur plus de trois pages particulièrement denses, les raisons pour lesquelles il est devenu difficile de croire à une politique d’extermination des juifs de Russie[23]. Certaines de ces raisons avaient été exprimées par les avocats Laternser ou Paget dans les années 1946-1951 ou par des auteurs révisionnistes. D’autres sont nouvelles et, en particulier, l’auteur admet sans difficulté que la fameuse confession à Nuremberg du général SS Ohlendorf, chef de l’Einsatzgruppe D – confession qui servait jusqu’ici de base à l’accusation portée par les tribunaux et historiens contre les Einsatzgruppen – est trop douteuse pour qu’on en tire argument.
G. Wellers fait état d’un rapport du 19 décembre 1941, qu’il verse au dossier (pièce non numérotée). Il s’agit d’un rapport rédigé à Berlin, et donc sujet à caution pour ce qui est des chiffres mais, tel quel, il montre que les exécutions de juifs ou de non juifs sont présentées justifications à l’appui, ce qui exclut que les Einsatzgruppen aient eu carte blanche pour « exterminer les juifs ». D’ailleurs, bien des passages du rapport montrent que les juifs étaient astreints au port de l’étoile, au travail forcé, à la vie en ghetto, etc.
Le « Kommissarbefehl » n’a pas existé en tant que tel. On a pris l’habitude de désigner sous ce terme quelques documents concernant les commissaires politiques de l’Armée rouge. Hitler, avant le début de la campagne de Russie, refusait de considérer ces commissaires politiques comme des combattants. Au reste, l’Union soviétique ne pouvait, disait-il, demander à son profit l’application d’accords internationaux (Genève, La Haye) auxquels elle n’avait pas souscrit et dont elle n’entendait pas faire bénéficier les prisonniers allemands.
G. Wellers consacre au « Kommissarbefehl » la page 12 de ses conclusions.
Dans le premier alinéa, il cite la directive n° 21, « Cas Barbarossa » (pièce annexe n° 4). Cette longue directive ne comporte rien sur les juifs, pas même le mot de «juif».
G. Wellers en cite les deux phrases suivantes :
L’armée allemande doit être préparée à abattre la Russie soviétique en une campagne rapide (cas Barbarossa) avant même la fin de la guerre contre l’Angleterre.
L’armée de terre emploiera à cette fin toutes les formations nécessaires, à cette restriction près que les territoires occupés devront être assurés contre les surprises.
G. Wellers commente : « Phrase obscure, ambiguë ! » Certes, la traduction est embarrassée, mais la phrase n’est ni obscure, ni ambiguë, ni lourde de menaces pour les juifs.
La pièce suivante est signée par le maréchal Keitel et datée du 13 février 1941 (pièce annexe n° 5). Cette longue directive ne comporte, à l’instar de la précédente, rien sur les juifs, pas même le mot de « juif ». G. Wellers en cite l’extrait suivant :
Dans le territoire d’opération de l’armée, le Reichsführer SS se voit attribuer des tâches spéciales qui découlent de la lutte à mener à sa fin entre deux systèmes politiques opposés. Dans le cadre de ces tâches, le Reichsführer SS agit indépendamment et sous sa propre responsabilité [p. 12, al. 2].
G. Wellers commente :
Ainsi les troupes de Himmler, c’est-à-dire les « Einsatzgruppen » constitués par des formations SS, sélectionnés et entraînés aux missions brutales, sanglantes, sauvages sont chargés de maintenir l’ordre et la sécurité.
Mais G. Wellers a omis de traduire un groupe de cinq mots allemands (zur Vorbereitung der politischen Verwaltung) qui permettent de comprendre que Himmler se voyait attribuer des tâches spéciales « en vue de la préparation de l’administration politique ». À l’administration communiste allait succéder une administration nationale-socialiste. Où sont les préparatifs d’une extermination systématique des juifs ? Les SS étaient en nette minorité dans les Einsatzgruppen et la plupart des subalternes et des chefs étaient « inaptes au service armé » et «relativement âgés».[24]
G. Wellers fait état d’un « très long discours » prononcé par Hitler le 30 janvier 1941 « devant un parterre d’officiers de haut rang » (p. 12, al. 3) et il en cite un extrait de soixante-cinq mots.
Mais, vérification faite, il s’agit d’un extrait de l’« adaptation » française d’un ouvrage du général Walter Warlimont et celui qui parle ici, selon toute apparence, n’est pas même le général allemand mais un colonel belge et le co-auteur de l’«adaptation»[25]. D’ailleurs, la lecture attentive des p. 99-103 de cet ouvrage permet de contester la thèse de G. Wellers. Par exemple :
– [p. 99, al. 4] : « Warlimont s’exécuta. Sa nouvelle version gardait toutefois le silence sur le sort à réserver aux autorités bolcheviques et aux commissaires » ;
– [p. 100, al. 2] : « Aucun des officiers mêlés aux conversations et à l’élaboration des ordres ne pouvait soupçonner le moins du monde que les « Détachements Spéciaux de la Police de Sécurité » (Einsatzgruppen) allaient entreprendre dès le début de la campagne, sous le couvert de ces conventions et sur ordre secret de Hitler à Himmler, l’extermination massive et systématique des juifs dans les zones arrière à l’Est » ;
– [p. 102, al. 3] : « Wagner ajouta cependant que l’OKH veillerait à ce que tout abus soit évité » ;
– [p. 103, al. 1] : « À son retour de Paris, fin mai [1941], Warlimont trouva sur sa table la version définitive, approuvée par Hitler, de l’«ordre des commissaires» ; les restrictions suggérées par lui y étaient reprises presque mot à mot ;
– [p. 103, al. 4] : Il est incontestable que l’ordre fut suivi pendant les premières semaines de campagne, mais sur une échelle réduite, ainsi que le montre le nombre élevé de commissaires recensés dans les camps de prisonniers au cours de l’été 1941. En décembre [1941], avec le début de la « crise d’hiver », il avait perdu toute valeur pratique.
G. Wellers mentionne enfin une directive, très connue des historiens sous la cote PS-502, cote du tribunal de Nuremberg (pièce annexe de G. Wellers, n° 7). Il affirme que dans ce document il est prescrit d’exécuter « tous les juifs » (« alle Juden ») sans jugement (p. 12, al. 4). Il en présente une traduction dont il n’indique pas la source et qui est la suivante : Henri Monneray, La Persécution des juifs dans les pays de l’Est, présentée à Nuremberg, p. 102-105. G. Wellers a-t-il cherché à dissimuler le fait que cette traduction provenait du CDJC, auquel il appartient ? Cette traduction est entièrement à revoir. On trouvera une analyse de cette traduction (adoptée par G. Wellers non sans dénaturations complémentaires) dans l’article susmentionné du professeur Faurisson sur « Les friponneries de Georges Wellers », du 7 février 1981, qui portait essentiellement sur une étude de ce dernier dans Le Monde Juif d’octobre-décembre 1980, p. 117-127 et intitulé : « Le “traitement spécial” – “Sonderbehandlung” – qu’est-ce que c’est ? » Dans ce document PS-502, il n’est aucunement question d’exécuter tous les juifs là où les Einsatzgruppen les trouveront, c’est-à-dire sur place en Union soviétique ! Cette directive ordonne une enquête dans les camps de prisonniers de guerre russes. Selon la directive, il faudra procéder à une vérification de tous les prisonniers, à un tri (Aussonderung) et à un traitement (Behandlung : mot traduit par « traitement spécial ») ultérieur en conséquence : d’une part les éléments indésirables, d’autre part les personnes susceptibles d’être employées à la reconstruction des territoires occupés. En premier lieu, il faudra découvrir (ausfindig machen), et non pas exécuter, tous les fonctionnaires importants de l’État et du parti communiste, en particulier (insbesondere : mot supprimé dans la traduction)… Suivent des personnes de neuf catégories différentes, l’expression « tous les juifs » étant mentionnée dans la huitième catégorie. Chaque semaine il faudra informer Berlin du nombre de personnes suspectes et du nombre de personnes non suspectes et communiquer les noms de toute personne découverte comme étant fonctionnaire du Komintern, haut fonctionnaire du Parti, commissaire du peuple, personnalité influente et commissaire politique. Les juifs en tant que tels ne sont pas mentionnés. Ultérieurement, Berlin décidera des exécutions éventuelles dont il faudra rendre compte, nom par nom. Ici, les exécutions sont appelées soit « Exekutionen » soit « Sonderbehandlung » (traitement spécial). Auparavant le mot de « Behandlung » ne pouvait être traduit que par «traitement» : un traitement pour les éléments indésirables ou dangereux (criminels, etc.) et un autre traitement pour les personnes récupérables dans ces camps.
Le 12 décembre 1987, au colloque antirévisionniste de la Sorbonne, G. Wellers utilisait une fois de plus l’argument du document PS-502 (qu’il ne nommait pas) pour affirmer que les Allemands avaient rédigé une directive pour tuer sur place, sur le front russe, « tous les juifs ». À la présidente de séance et à G. Wellers, le professeur Faurisson faisait remettre une question écrite; il demandait dans quel contexte apparaissaient les mots « tous les juifs » ; G. Wellers répondit qu’il refusait de dialoguer avec un négateur du génocide (voy. sa pièce annexe n° 32, lettre du 11 janvier 1988, où il revendique ce refus « de dialogue », ainsi que p. 14, al. 3).
XI – G. Wellers parle des révisionnistes Ernst Zündel et Richard Harwood (p. 11, al. 1)
G. Wellers se laisse entraîner à des digressions sur Ernst Zündel et Richard Harwood (p. 11, al. 1-5 ; p. 14, al. 3) ; en annexe n° 3, il dépose la pièce décrite comme «Brochure. Publiée GB. Zündel».
La brochure en question est une traduction de Did Six Million Really Die ? (trente-cinq pages) publiée en Grande-Bretagne vers 1974. G. Wellers en cite de très courts fragments des seules pages 5 et 6. En annexe, il dépose curieusement la photocopie des vingt-neuf premières pages ; les six pages finales ne sont pas fournies. Est-ce à cause de la p. 30 qui reproduit une photo particulièrement significative des falsifications auxquelles se livrent couramment les amis de G. Wellers ? Ou est-ce, aussi, à cause du chapitre consacré à la Croix-Rouge et du chapitre intitulé « Enfin la vérité ! L’œuvre de Paul Rassinier » ?
G. Wellers écrit :
Dans cette brochure on peut lire « […] que la politique envers les juifs avait changé pendant la guerre uniquement pour des raisons de sécurité militaire » [p. 11, al. 2].
Par une habile coupure du texte, G. Wellers cache à son lecteur que R. Harwood donne ici une source et rapporte une observation faite par Himmler à Mussolini. En effet, le texte de la brochure (p. 5, col. A, al. 3) porte :
Le 11 octobre 1942, Himmler fit savoir à Mussolini que la politique allemande envers les Juifs avait changé pendant la guerre uniquement pour des raisons de sécurité militaire.
G. Wellers procède au même type de coupure pour l’extrait qu’il reproduit à la p. 11, al. 3. Cette fois-ci, la volonté de présenter R. Harwood comme un auteur qui s’autorise de pures affirmations sans indiquer aucune source est patente.
On se reportera à la brochure, p. 6, col. A, al. 3. G. Wellers a commencé par supprimer tous les mots par lesquels R. Harwood dit qu’il rapporte une « décision » signifiée le 10 février 1942 au personnel du ministère des affaires étrangères allemand par [Franz] Rademacher, adjoint de [Martin] Luther.
Pour mieux offusquer encore la réalité, G. Wellers récidive en supprimant ensuite les mots : « Il est dit dans cette directive ». Le résultat est qu’il a totalement occulté cette « décision » ou cette « directive » et fait passer Harwood pour une sorte d’historien à « pseudo-idées » partagées par Robert Faurisson (p. 11, al. 4).
Sur sa lancée, il qualifie ces « pseudo-idées » de « divagations » qu’il attribue à E. Zündel que R. Faurisson, ce « falsificateur », vient défendre à Toronto. E. Zündel ayant été condamné à quinze mois de prison ferme pour « fausses informations », le lien est ainsi fait entre Harwood, Zündel et Faurisson, c’est-à-dire entre des «pseudo-idées», des « divagations » et de « fausses informations » (ibid.).
Ce que cache ici G. Wellers, c’est que la condamnation d’E. Zündel a été cassée pour des motifs de forme et de fond et qu’un nouveau procès a eu lieu en 1988, qui s’est terminé, comme le dit G. Wellers, par une condamnation à neuf mois de prison ; mais, là encore, une procédure a été engagée pour obtenir la cassation d’un procès mené dans les mêmes conditions que le premier : le juge, cette fois-ci, pour sauver une accusation en totale perdition, a osé prendre « notification judiciaire » (judicial notice) de ce que l’holocauste des juifs avait existé, ce qui a paralysé le jury dans la décision qu’il avait à prendre. Le résultat de cet appel sera peut-être connu à la fin de 1989.
Les procès Zündel (1985 et 1988) ont été le procès du procès de Nuremberg par la masse des révélations apportées sur le mythe de l’extermination des juifs, sur l’imposture des chambres à gaz et sur la manière dont avaient été conduits le procès de Nuremberg et bien d’autres procès où on s’était uniformément dispensé d’apporter la preuve des faits dits « de notoriété publique ». En 1985 les «témoins», pour la première fois contre-interrogés sur la matérialité des faits, ont subi une telle déroute qu’en 1988 le procureur a renoncé à en appeler un seul pour subir le contre-interrogatoire de l’avocat d’E. Zündel, aidé notamment du professeur Faurisson. Dans une lettre confidentielle – mais qu’il a fallu révéler – Raul Hilberg, expert n° 1 mondial de l’histoire de l’Holocauste, a refusé de revenir en 1988 par crainte d’être à nouveau mis à l’épreuve par l’avocat d’E. Zündel comme il l’avait été en 1985 au premier procès Zündel.
XII – G. Wellers développe ses propres vues sur le « traitement spécial » (de la p. 15, al. 2, à la p. 18, al. 2)
Tout le développement consacré par G. Wellers au « traitement spécial » est entaché de l’erreur suivante : partant de l’idée que cette expression peut avoir quelquefois le sens d’exécution, il en infère qu’elle a toujours ce sens et, pour faire bonne mesure, qu’elle désigne aussi une extermination massive dans des chambres à gaz homicides! Il s’agit là d’une spéculation.
À cela s’ajoute que G. Wellers, une fois de plus, accuse le professeur Faurisson de n’avoir fait « aucune allusion » à des documents dont, en réalité, il a discuté dans ses écrits.
G. Wellers déclare que :
Dans le cadre de la « solution finale de la question juive » de nombreux documents parlent du « traitement spécial » (« Sonderbehandlung ») appliqué aux juifs sans préciser, toutefois, le sens à donner à ce terme parfaitement neutre et qui pouvait tout aussi bien désigner un « traitement privilégié » qu’un « traitement meurtrier » (p. 15, al. 2).
G. Wellers reconnaît donc que ce terme pouvait désigner un « traitement privilégié » des juifs, et cela dans le cadre même de la « solution finale de la question juive » ! On attend qu’il fournisse le critère de la distinction. Ce critère ne viendra jamais. G. Wellers ne donnera que des exemples où, à son avis, le terme signifiera, à tout moment, « traitement meurtrier ». Pour lui, les Allemands ont, à dessein, donné deux sens opposés à un même mot (Sonderbehandlung). Et si, selon G. Wellers, parfois ce mot avait effectivement un sens tout à fait avouable, c’était pour cacher que, dans d’autres cas, il avait un sens inavouable (ibid.). Comment alors s’y reconnaître ?
Il écrit :
Depuis toujours, M. Faurisson affirmait que la signification du terme « traitement spécial » et de dérivés est « bénigne » [etc.]
et de renvoyer aux pages 21 et 31 du Mémoire en défense du professeur. Or, si l’on se reporte à ces pages, on s’aperçoit qu’il n’y est pas question de « traitement spécial » et de dérivés mais uniquement de l’expression « action spéciale » et que, par « bénin », le professeur entendait ce que G. Wellers qualifie lui-même de « parfaitement neutre ».
M. Faurisson ne peut pas avoir varié dans son interprétation du journal du Dr Johann-Paul Kremer pour la raison que peu de temps après avoir publié cette interprétation dans son Mémoire en défense il a trouvé des éléments d’information propres, selon lui, à étayer cette interprétation.[26]
G. Wellers prétend que les Allemands usaient d’un « langage codé » (p. 15, al. 4) et il se fait fort de « déchiffrer avec certitude » le terme de « traitement spécial »… «de deux façons indirectes» (p. 15, al. 5).
Il passe ensuite en revue quelques documents dont il ne prouve pas qu’ils sont «codés» et dont le déchiffrement est, en effet, pour le moins « indirect » (p. 16 et p. 17, al. 1-3).
Il affirme que :
M. Faurisson ne fait aucune allusion à ces documents sans aucune ambiguïté [p. 17, al. 4].
Si ces documents sont « sans aucune ambiguïté », comment seraient-ils codés ? Et pourquoi faudrait-il les « déchiffrer » ? Et cela de « deux façons indirectes » ?
De plus, M. Faurisson a bel et bien mentionné certains de ces documents et il en a traité. Par exemple, il a traité de l’affaire (mentionnée par G. Wellers) des demandes d’autorisation d’effectuer le trajet aller-retour d’Auschwitz à Dessau (endroit où se livrait le Zyklon B) pour un camion de cinq tonnes afin d’aller chercher du gaz.[27] Il s’agissait de
gaz destiné au gazage du camp, pour lutter contre l’épidémie qui s’est déclenchée.
Quant au gaz nécessaire pour la « Sonderbehandlung » (traitement spécial) des juifs, M. Faurisson en a aussi parlé dans le même ouvrage à la p. 24. Ainsi que le déclarait le statisticien Richard Korherr après la guerre, la « Sonderbehandlung » des juifs s’appliquait aux juifs qui étaient « angesiedelt », c’est-à-dire transplantés et établis.[28] Dans tous les cas de transplantation, surtout dans les pays de l’Est, on a procédé à la désinfection massive des effets. Il y fallait du Zyklon B. Si les Allemands avait eu plus de Zyklon B (les dernières usines le fabriquant allaient être détruites en octobre 1944 par l’aviation alliée), il y aurait eu moins de morts dans les camps, ravagés par les épidémies de typhus. Précisément, à cause de l’implication sinistre qu’on pouvait donner à « Sonderbehandlung », Himmler faisait savoir à Korherr qu’il préférait l’emploi de « Transportierung von Juden » (transport de juifs).
Il ne fait pas de doute que l’armée et la police allemandes, comme toutes les autres polices et armées du monde et comme toutes les administrations (et comme tout le monde dans la vie courante ?), utilisaient des euphémismes.
Il n’est pas admissible de soutenir sans preuves directes et concordantes que telle expression comme « traitement spécial » ou « action spéciale » signifie « gazage homicide systématique ». C’est pourtant ce que fait G. Wellers.
XIII – G. Wellers se répète sur quelques sujets et se dit sans animosité particulière à l’égard de R. Faurisson (de la p. 18, al. 3, à la p. 19, al. 3)
À l’alinéa 3 de la p. 18, G. Wellers qualifie le professeur de « falsificateur » (avec des guillemets) « patenté ». Si l’expression signifie « falsificateur attitré » ou «falsificateur officiellement reconnu comme tel», il convient de dire que les instances officielles que sont les tribunaux français ont jugé les travaux de M. Faurisson pour aboutir à la conclusion que ces travaux, loin d’être le fait d’un falsificateur auquel il faudrait donner le titre ou la patente de falsificateur, sont sérieux. Dans le même alinéa, G. Wellers déclare au sujet du professeur :
De toute façon soit sa documentation est lamentable contrairement à ce qu’il dit, soit il cache la vérité pour des raisons qui n’ont rien à voir avec la recherche de la vérité.
Ce faisant, G. Wellers, loin d’être sûr que M. Faurisson « cache la vérité », envisage l’hypothèse que, plus simplement, « sa documentation est lamentable ». Si c’est le cas, où est la falsification prétendument avérée ?
Dans les alinéas suivants de la p. 18 et au premier alinéa de la p. 19, G. Wellers accumule les redites sur les Einsatzgruppen, le « traitement spécial », sur ce que les révisionnistes sont censés dire au sujet des juifs ou des réparations financières et sur le refus du CDJC de servir M. Faurisson depuis 1977.
À l’alinéa 2 de la p. 19, G. Wellers affirme qu’il a dépouillé « tous » les écrits du professeur, ce qui, comme on l’a vu, est faux. Il semble dire qu’il n’a, lui, G. Wellers, « pas cessé à travers les divers articles qu’il a publiés dans Le Monde Juif d’amener [M. Faurisson] à répondre à ses objections»; si tel est bien le sens de la phrase et si M. Faurisson a répondu aux objections de G. Wellers, ce point est à porter au crédit du professeur : ce dernier ne s’est pas dérobé au débat et il n’a pas témoigné d’une négligence coupable ; il a lu les articles de G. Wellers, les a étudiés et y a répliqué.
G. Wellers assure qu’il « ne nourrit, a priori, aucune animosité particulière » à l’égard de M. Faurisson. L’expression « a priori » est vague ; elle ne permet pas de se situer dans le temps. Il est clair en revanche qu’au moins depuis 1977, c’est-à-dire depuis douze ans, G. Wellers poursuit M. Faurisson d’une fiévreuse animosité et le «traque»; n’écrit-il pas dans ses conclusions (p. 8, al. 3) qu’il est le seul en France « à traquer M. Faurisson » ?
Dans une lettre en date du 27 avril 1978, G. Wellers confirmait au professeur qu’il lui refusait l’accès à la bibliothèque et aux archives du CDJC ; il le traitait déjà d’«insulteur arrogant et décidé à persévérer» (al. 7 de ladite lettre).
Depuis cette date (et même auparavant), G. Wellers n’a cessé de manifester son animosité.
Dans la livraison du Monde Juif de juillet-septembre 1987, expédiée aux abonnés, comme en fait foi le cachet de l’enveloppe d’expédition, le 24 novembre 1987, figure un article de G. Wellers intitulé : « Qui est Faurisson ? » En voici quelques extraits relatifs au professeur ou à ses écrits, des extraits qui manifestent une animosité certaine :
– la « star » française du négativisme […] un homme bizarre, extravagant, voire anormal […] caractère scandaleusement abusif de [sa] thèse [p. 94] ;
– gravement disqualifiant : formuler des affirmations fantaisistes, mensongères et condamnables en raison de leur légèreté […] présentation mensongère, typique pour R. Faurisson, des appréciations de la Cour [p. 96] ;
– Tout ceci est artificieux, inconsistant, risible ; tout ceci disqualifie son auteur aux yeux de toute personne avertie même sommairement. Et tout ceci devient absurde et insensé [caractères gras] [p. 105] ;
– « conclusions » mensongères […] Si encore Faurisson avait été aveugle ! Mais non, il ne l’est pas, sauf d’un aveuglement volontaire, prémédité, pourvu qu’il rapporte ! […] il a eu le culot, l’impudeur, d’affirmer des sottises évidentes [p. 106] ;
– aveugle volontaire [p. 108] ;
– faux savant cherchant la contre-vérité, rien que la contre-vérité, toute la contre-vérité, la contre-vérité à tout prix […] un ignare qui « sait » (on se demande comment) […] le fantaisiste ou le démagogue qu’est Faurisson [p. 109];
– un cas de confusion mentale qui [relève] de la compétence […] des psychiatres […] un cas d’impudence motivée par des raisons politico-financières [p. 110] ;
– un démagogue incorrigible et sans scrupules ! […] ; quand on sait avec quelle facilité, avec quel cynisme R. Faurisson « invente » n’importe quoi avec la plus complète et évidente mauvaise foi […] ; il n’est pas impossible que certaines absurdités de son discours délirant soient dues à d’importantes lacunes dans son instruction du niveau du baccalauréat, sinon au-dessous, dont il est complètement inconscient comme le sont tous les ignorants… de bonne foi et sans cervelle [p. 111] ;
– grotesque […] ; sa folle et strictement sélective imagination [p. 112] ;
– stupide et illettré […] ; frappé d’aveuglement irrémédiable […] ; phantasme [p. 113] ;
– affirme ses fantaisies avec l’inconscience d’un prétentieux ignare… de bonne foi […] ; un prétentieux ignare […] ; un homme qui joue, consciemment, les attrape-nigauds […] ; il s’identifie avec Darquier de Pellepoix, ex-Commissaire général aux Questions Juives de Vichy, grossier et violent antisémite, escroc et laquais des nazis [p. 114].
En résumé, dans ce seul article de 1987, G. Wellers juge M. Faurisson : bizarre – extravagant – anormal – scandaleux – fantaisiste – menteur – léger – mensonger– artificieux – inconsistant – risible – absurde – insensé – aveugle volontairement – recherchant ce qui rapporte – culotté – impudique – sot – faux savant – cherchant la contre-vérité à tout prix – ignare qui « sait » – démagogue – un cas de confusion mentale qui relève des psychiatres – impudent – motivé par des raisons politico-financières – sans scrupules – cynique – de la plus complète et évidente mauvaise foi – délirant – d’une instruction inférieure à celle du baccalauréat – inconscient – ignorant – sans cervelle – grotesque – fou – stupide – illettré – prétentieux ignare – s’identifiant à un grossier et violent antisémite, escroc et laquais des nazis.
Certaines de ces qualifications sont répétées, parfois à plus d’une reprise.
L’animosité est définie dans le Petit Larousse de 1972 comme « la malveillance, le désir de nuire; l’emportement et la véhémence dans une discussion ».
On ne voit pas ce qui dans ces propos de G. Wellers pourrait manquer pour répondre à cette définition et l’on est en droit de se demander de quels mots il userait s’il éprouvait une « animosité particulière ».
XIV – G. Wellers invoque abusivement la bonne foi (p. 19, al. 3)
Dans le dernier alinéa de ses conclusions (avant les mots : « Par ces motifs »), G. Wellers est présenté comme « parfaitement loyal au plan de la bonne foi ». C’est «de bonne foi» qu’il accuserait M. Faurisson d’être un falsificateur. S’il invoque la « bonne foi », serait-ce qu’il a conscience de n’avoir fourni aucune preuve de ce que R. Faurisson serait un falsificateur ? Depuis de longues années il traite le professeur de « falsificateur ». Il a donc eu tout loisir de réunir des preuves. Il ne peut avoir l’excuse ni du manque de temps, ni de l’emportement passager, ni de la créance accordée à une rumeur diffamatoire. Dans ces conditions, quel argument pourrait-il invoquer pour exciper de sa bonne foi ?
Au surplus, il ne peut pas invoquer la bonne foi pour les raisons suivantes :
1) Il affirme que l’assignation introduite par R. Faurisson à son encontre est trop tardive. Selon lui, la livraison en cause du Monde Juif, datée d’octobre-décembre 1988, serait parue au début d’octobre 1988 et, par conséquent, l’assignation, délivrée le 23 février 1989, serait survenue bien après le délai légal de trois mois ; or, G. Wellers sait pertinemment que cette livraison n’a été expédiée que le 2 février 1989 et que, de ce fait, l’assignation lui a été délivrée trois semaines plus tard, c’est-à-dire largement dans le délai prévu par la loi ;
2) Il prétend que c’est à R. Faurisson de prouver la date d’envoi de ladite livraison du Monde Juif alors qu’il sait que c’est à lui, G. Wellers, qu’il revient de prouver cette date ;
3) Il s’est dispensé de verser au débat les pièces justificatives d’imprimerie et de routage, qu’il est seul à détenir ; s’il avait été de bonne foi, il se serait empressé de produire ces pièces ;
4) Il en appelle à des décisions judiciaires comme à des cautions de sa bonne foi ; or, il sait que, par un jugement en date du 8 juillet 1981, les magistrats ont expressément repoussé l’idée même de rechercher s’il y avait ou non une falsification de l’histoire de la part du professeur et que, par un arrêt en date du 26 avril 1983, ils ont même fini par rendre hommage au sérieux de M. Faurisson dans l’étude de ce que la cour elle-même décidait d’appeler « le problème des chambres à gaz » ;
5) G. Wellers le sait d’autant mieux qu’à deux reprises, dans deux publications distinctes[29], il a fini, en 1987, par admettre, pour le déplorer, que la cour avait «marché» et que l’effort de documentation du professeur avait favorablement «impressionné» la cour ;
6) G. Wellers savait que « traiter Faurisson de faussaire, c’est le diffamer mais de bonne foi »[30] et que la bonne foi étant, ainsi qu’on le dit familièrement, « comme les allumettes, elle ne peut servir qu’une fois » ;
7) G. Wellers avait été dûment prévenu par le professeur (pli RAR du 28 novembre 1988) que, s’il le qualifiait à nouveau de « falsificateur », il serait poursuivi en justice; à cette occasion, il se voyait rappeler les deux points susmentionnés (ci-dessus, paragraphes 5 et 6) ; de surcroît, G. Wellers reconnaît spontanément (p. 2, al. 3) qu’il avait fait l’objet de poursuites correctionnelles à l’initiative du professeur pour une cause du même ordre[31] et que, si ces poursuites n’avaient pu aboutir, c’était seulement parce que, à la suite d’une erreur de son conseil, elles étaient «entachées de nullité» ;
8) G. Wellers ne peut pas en même temps proclamer « urbi et orbi » que M. Faurisson est un falsificateur et confier au tribunal, dans les présentes conclusions ou dans les pièces jointes, que, somme toute, ce qu’il a attribué à une volonté de falsification n’est dans bien des cas attribuable, selon lui, qu’à la sottise du professeur, à son ignorance, à des omissions (pas toujours volontaires), à l’emploi d’une documentation lamentable, au désir de déconsidérer tel ou tel, à des rêves, etc. ;
9) G. Wellers ne peut pas prétendre qu’il a lu tous les écrits du professeur quand il est patent à plusieurs reprises qu’il n’a pas lu ce que M. Faurisson a écrit sur les discours de Himmler, le « traitement spécial », etc. ;
10) G. Wellers est incapable de fournir un seul exemple de falsification objectivable de la part du professeur alors que, pendant au moins douze ans, il s’est employé, selon son propre mot, à « traquer » celui-ci ;
R. Faurisson pourrait, à son tour, passer en revue les écrits de G. Wellers ainsi que les publications du CDJC et faire, pour le tribunal, la somme des friponneries de G. Wellers et du CDJC ; mais il s’abstiendra de cette besogne qui est trop aisée, fastidieuse et sans rapport avec la question pendante, laquelle se résume en ces termes : M. Wellers a-t-il apporté la preuve que M. Faurisson est un falsificateur ?
Sur le point particulier de l’honnêteté et de la sincérité de M. Wellers, M. Faurisson se contentera donc d’appeler l’attention du tribunal sur le texte intitulé « Les friponneries de G. Wellers » et sur le fait que la vie et la carrière de ce dernier semblent, ainsi qu’on l’a vu, comporter une zone d’ombre sur laquelle l’intéressé a jusqu’ici obstinément refusé de s’expliquer : une totale absence de diplômes universitaires, qui ne l’aurait pas empêché de faire carrière au CNRS. Ce qu’il ne veut pas révéler aux révisionnistes, l’a-t-il, toute sa vie, caché au CNRS ?
R. Faurisson n’admet plus d’être traité de falsificateur. Cette accusation, qui a pris chez G. Wellers une tournure lancinante, est particulièrement grave. Elle ne peut qu’être intolérable pour un professeur d’université. G. Wellers le sait si bien qu’il n’a jamais manqué, dans les index du Monde juif où il nomme R. Faurisson, de juxtaposer en face du nom de ce dernier les deux qualifications de « professeur » et de « falsificateur ».
–––––––
ANNEXE
Diplômes universitaires, carrière et publications de R. Faurisson
G. Wellers insiste sur le fait que R. Faurisson serait un « ignare », un « ignorant », un « prétentieux ignare », lui trouve « une instruction inférieure à celle du baccalauréat » et il dresse la liste de ses propres « écrits et articles ».
R. Faurisson, s’étant engagé à lui répliquer point par point, doit donc à son tour mentionner ses propres publications historiques (en français et en anglais) sans faire état de ses publications littéraires. Il doit aussi, en « falsificateur patenté » « d’une instruction inférieure à celle du baccalauréat », évoquer succinctement ses titres universitaires et sa carrière de professeur.
Il doit être entendu que R. Faurisson nourrit à l’égard de la possession des diplômes universitaires ainsi que des titres et grades de toutes sortes une certaine méfiance ; il sait qu’il n’est pire âne que l’âne savant. S’il lui arrive de décliner ses propres diplômes, titres et grades, c’est seulement quand il doit en faire état. Il ne reprochera pas à M. Wellers d’être éventuellement dépourvu de tout diplôme universitaire. Mais il s’interroge sur les motifs qui ont conduit ce dernier à insinuer que M. Faurisson n’avait peut-être pas le baccalauréat.
Cela dit, si G. Wellers le lui demandait, il pourrait lui apporter la preuve qu’il possède le baccalauréat, la licence de lettres classiques, le diplôme d’études supérieures, l’agrégation des lettres, le doctorat ès lettres et sciences humaines (Sorbonne) et qu’après avoir été professeur dans l’enseignement secondaire, il a enseigné à l’ancienne Sorbonne, à la Sorbonne Nouvelle (Paris-III) et à l’université Lyon-II («Littérature française moderne et contemporaine» ainsi que « Critique de textes et documents »). Il pourrait également lui prouver que sa carrière universitaire a été brisée en 1978-1979 sur l’intervention des organisations juives et, en particulier, du Dr Marc Aron, président du comité de coordination des institutions et organisations juives de Lyon, lequel a mené contre le professeur au sein même de son université de telles actions de commando que, selon les présidents successifs de l’université Lyon-II depuis plus de dix ans, « il est impossible d’assurer la sécurité de M. Faurisson ». Depuis 1979, M. Faurisson ne peut plus enseigner ni à l’université Lyon-II, ni ailleurs. Voici pourtant en quels termes il était officiellement jugé par un coreligionnaire de M. Wellers, Pierre Citron, directeur d’UER à la Sorbonne Nouvelle : « Très brillant professeur – Chercheur très original – Personnalité exceptionnelle ». Sur demande de Mme Alice Saunier-Seïté, ministre des Universités, le recteur de Lyon avait conclu son enquête de 1978 en déclarant que le professeur Faurisson avait eu un comportement « inattaquable ».
La liste complète des publications de R. Faurisson serait fastidieuse et on se contentera d’en citer les principales :
– En collaboration avec Serge Thion : Vérité historique ou vérité politique ? La question des chambres à gaz, 1980 ;
– Mémoire en défense contre ceux qui m’accusent de falsifier l’histoire. La question des chambres à gaz, précédé d’un « Avis » de Noam Chomsky, 1980 ;
– Réponse à Pierre Vidal-Naquet, 1982 ;
– L’Incroyable Affaire Faurisson (contenant les conclusions déposées devant la cour de Paris), 1982 ;
– Épilogue judiciaire de l’affaire Faurisson, sous le nom de J. Aitken, 1983 ;
– Collaboration à la traduction du Mythe d’Auschwitz, de Wilhelm Stäglich, avec une documentation complémentaire de 23 pages due à R. Faurisson ;
– Nombreuses contributions aux Annales d’histoire révisionniste depuis leur première publication en mai 1987 ;
Tous ces écrits sont parus aux éditions de La Vieille Taupe.
– Nombreuses contributions au périodique américain The Journal of Historical Review, Los Angeles.
Même ses adversaires les plus déterminés ont parfois rendu hommage à la qualité des recherches de M. Faurisson. C’est le cas du plus prestigieux d’entre eux, Raul Hilberg qui, en 1982, a concédé que R. Faurisson et d’autres révisionnistes
ont soulevé des questions qui ont eu pour effet d’engager des historiens dans de nouvelles recherches. Ils ont obligé à rassembler davantage d’informations, à réexaminer les documents et à aller plus loin dans la compréhension de ce qui s’est passé.[32]
En 1986 Michel de Boüard (ancien déporté de Mauthausen, doyen honoraire de la faculté des lettres de Caen, membre du Comité d’histoire de la deuxième guerre mondiale, membre de l’Institut), dans une comparaison entre, d’une part, les écrits exterminationnistes et, d’autre part, les études révisionnistes, a été amené à déclarer :
Il y a, d’une part, énormément d’affabulations, d’inexactitudes, obstinément répétées, notamment sur le plan numérique, d’amalgames, de généralisations et, d’autre part, des études critiques très serrées pour démontrer l’inanité de ces exagérations.[33]
Récemment, Jean Tulard, professeur d’histoire à la Sorbonne (Paris-IV) était interrogé par un journaliste de RTL sur R. Faurisson qui venait d’être agressé (le 16 septembre 1989). Voici ses réponses :
Faurisson est un professeur de lettres qui s’était fait connaître par un travail très original où, déjà, évidemment, il n’était pas dans le sens courant des interprétations officielles, sur le sonnet des Voyelles de Rimbaud, où il s’était opposé à l’interprétation qu’en donnait Étiemble et qui était l’interprétation, si vous me permettez de dire, entre guillemets, « dominante » dans l’Université. Et ensuite il a fait une thèse sur Marivaux. Et Faurisson semblait plutôt être un professeur de sensibilité de gauche qui s’est tout à coup penché sur ce problème des camps de concentration et a donc développé une théorie. Je crois qu’il l’a développée comme il avait développé sa théorie des Voyelles : au départ, je ne suis pas assuré qu’il était antisémite ; et puis, bien entendu, c’est devenu l’affaire Faurisson.
[Le journaliste – Qu’est-ce qu’il a voulu prouver, ou démontrer ?]
D’après lui, il n’y aurait pas eu de chambres à gaz dans les camps de concentration. Voilà sa thèse, d’après ce qu’il aurait constaté lui-même en ayant visité des camps. Et il y a une démonstration très rigoureuse, qu’il présente, très logique – évidemment c’est quelqu’un formé par l’Université, c’est parfaitement argumenté – et qui montre qu’il ne pouvait pas y avoir de chambres à gaz dans les camps de concentration, du moins ceux qu’il a vus.
[Le journaliste – Et c’est une logique devenue folle ?]
Eh bien, c’est devenu, la passion s’en mêlant, quelque chose qui a pris les dimensions d’une affaire et, voyez, nous débouchons maintenant – et c’est très regrettable – sur la violence.
____________
Attendu que le demandeur propose au tribunal de faire comparaître devant lui, en personne, MM. Faurisson et Wellers, en comparution personnelle contradictoire, conformément aux articles 184 et suivants du Nouveau Code de Procédure civile ;
Attendu que cela permettrait surabondamment au tribunal d’apprécier la qualité de chacun des protagonistes au regard même de l’objet de la cause, d’autant plus que G. Wellers fuit, comme on l’a vu plus haut, le débat avec celui qu’il préfère diffamer, faute de pouvoir le combattre sur le terrain scientifique ;
Attendu, de façon plus générale, que toutes ces considérations ainsi que les comparutions sollicitées devraient justifier en totalité aux yeux des magistrats composant le tribunal les demandes formulées ;
PAR CES MOTIFS
Donner acte à Robert Faurisson de ce qu’il propose la comparution personnelle de M. Wellers et sa propre comparution devant le tribunal ;
Faire droit à la demande, purement et simplement, selon les dispositions énoncées dans l’assignation introductive.
SOUS TOUTES RÉSERVES
[À ces conclusions étaient jointes à l’intention du tribunal vingt-six pièces ou ensembles de pièces.]
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Notes
[2] Le Monde Juif, oct.-déc. 1988, p. 214-215.
[14] G. Wellers, «Déportation des juifs en France sous l’occupation. Légendes et réalités», in Le Monde Juif, juillet-septembre 1990, p. 97.