Le révisionnisme historique devant les tribunaux français / Première partie : 1979-1983
(Communication présentée à la cinquième conférence internationale révisionniste, septembre 1983, et publiée en anglais dans le Journal of Historical Review, été 1985, p. 33-181)
Pendant quatre ans (1979-1983) nous avons, mon éditeur Pierre Guillaume, ses amis et moi-même affronté des difficultés considérables en raison de notre opinion commune sur le mythe des chambres à gaz et du génocide.
Parmi ces difficultés figure au premier plan la répression judiciaire. Cette répression n’est d’ailleurs pas terminée. Pour prendre une image, nous avons été pendant ces quatre années de lutte comme des nageurs qui nageaient à contre-courant. Nos forces, par moments, étaient tellement faibles par rapport à la force des éléments que nous aurions dû raisonnablement abandonner la lutte. Nous suffoquions. Nous n’en pouvions plus. Nous avions l’impression que notre entreprise était aussi désespérée que celle d’un nageur qui, comme le dit Céline, voudrait remonter le Niagara à la nage.
Nous étions attaqués en justice par des forces impressionnantes. Nous aurions peut-être dû adopter une attitude de pure défense. Au lieu de cela, estimant que la meilleure des défenses est l’attaque, nous contre-attaquions. Nous faisions des procès à ceux qui nous faisaient des procès. Parfois, nous aggravions notre cas par des déclarations ou des initiatives qui nous attiraient de nouveaux ennuis.
Je ne parlerai ici que des trois principaux procès qui nous ont été intentés : un procès civil et deux procès pénaux. Le procès civil m’a été intenté pour un «dommage à autrui» que j’aurais causé par une prétendue «falsification de l’histoire». Le premier des deux procès pénaux nous a été intenté, à mon éditeur et à moi-même, par Léon Poliakov pour diffamation. L’autre procès pénal m’a été intenté pour diffamation raciale et pour incitation à la haine raciale en raison d’une phrase de soixante mots que j’ai prononcée sur les ondes d’Europe n° 1 le 17 décembre 1980.
Le plus important de ces procès est le procès civil. Il touchait à la question de fond, une question tabou : celle de la réalité ou non des chambres à gaz et du génocide. La question corollaire était : Faurisson, qui soutient qu’il s’agit là d’un seul et même mensonge historique, est-il lui-même un menteur, un faussaire, un falsificateur ?
La réponse des magistrats à cette question a été claire et elle ne souffre aucun malentendu.
Jamais, je dis bien jamais, un tribunal quelconque ne m’a condamné pour falsification de l’histoire ou pour un motif approchant, et même, en fin de compte, la cour d’appel de Paris, dans son arrêt du 26 avril 1983, a rendu hommage au sérieux de mes recherches sur le problème des chambres à gaz. En raison directe du sérieux de ces recherches elle a prononcé :
La valeur des conclusions défendues par M. Faurisson [sur le problème des chambres à gaz] relève donc de la seule appréciation des experts, des historiens et du public.
Gitta Sereny Honeyman, qui a assisté à mes procès, a osé écrire et insisté sur le fait que j’avais été condamné pour falsification de l’histoire. C’est là de sa part un froid mensonge.[1]
Je parlerai assez longuement du procès civil, qui a duré quatre ans et qui s’est donc terminé le 26 avril 1983 devant la première chambre de la cour d’appel de Paris. J’ai été effectivement condamné pour « dommage à autrui », mais nullement dans le sens où l’auraient souhaité mes adversaires. Loin de me considérer comme un falsificateur ou un menteur, la cour d’appel de Paris a écrit ces mots à mon propos :
Personne ne peut, en l’état, le convaincre de mensonge…
Je replacerai tout à l’heure ces mots dans leur contexte. En attendant, je dédie ces mots à Gitta Sereny Honeyman, à Pierre Vidal-Naquet, à Georges Wellers, à Léon Poliakov et à quelques autres exterminationnistes français et étrangers ; je pense qu’ils seraient heureux qu’un tribunal français puisse en dire autant à leur propos. Ce n’est pas moi qui ai eu l’idée de demander à un tribunal de se prononcer en matière d’histoire. Ce sont eux et leurs puissants amis qui ont pris cette initiative. Il est normal que ces gens récoltent les fruits de ce qu’ils ont semé. Pendant quatre ans ils se sont évertués à me convaincre de mensonge et, au bout de quatre ans, les magistrats leur ont, en quelque sorte, répondu : « Vous vous plaignez de ce professeur. Vous dites qu’il vous a fait du tort. Soit ! Il vous a fait du tort, et c’est pourquoi nous le condamnons. Il vous a fait du tort de toutes les façons que vous voudrez, mais certainement pas en mentant. Il est tout ce que vous voudrez, mais, sur la question des chambres à gaz, il n’est certainement ni un menteur ni un falsificateur. Il est un chercheur sérieux. Nous en concluons que tout Français doit se voir garantir le droit d’affirmer que ces chambres à gaz n’ont pas existé ».
Le résultat de ces trois procès a été paradoxal : on m’a à chaque fois condamné et mes adversaires ont obtenu le droit de publier à mes frais, comme c’est l’usage, les textes de mes condamnations ; cependant, ces textes n’ont jamais été publiés à l’exception d’un jugement et d’un arrêt, aux frais d’ailleurs de mes adversaires, non sans de graves falsifications sur les points qui ne répondaient pas à leur attente. À chaque fois leurs victoires n’ont été que des victoires à la Pyrrhus.
I. – Le procès civil
1. Ce que disaient mes accusateurs
Mes accusateurs formaient un ensemble de neuf associations. La première de ces associations était la LICRA, présidée par M. Jean Pierre-Bloch. La deuxième était le MRAP, présidé par M. Pierre Paraf. Parmi les sept autres associations se trouvaient, en particulier, l’Amicale des Déportés d’Auschwitz et des Camps de Haute-Silésie, présidée par Mme Marie-Élisa Cohen, et l’Association des fils et filles des déportés juifs de France, présidée par M. Serge Klarsfeld. L’initiative de ce procès a été prise et conservée par la LICRA. M. Jean Pierre-Bloch en faisait une affaire personnelle et la LICRA aurait, d’après une déclaration de son président, investi des sommes très importantes dans ce procès-marathon. Pour ne prendre que cet exemple, la LICRA, constatant sans doute que ses amis de France et de l’étranger étaient incapables de lui fournir pour le procès une preuve de l’existence des chambres à gaz, avait envoyé en Pologne et à Jérusalem ses trois meilleurs avocats (sous la houlette de Me Robert Badinter). Mais ces trois pèlerins sont revenus de leur pèlerinage sans la preuve recherchée. Robert Badinter a plaidé contre moi en première instance ; après quoi il est devenu le ministre de la justice de François Mitterrand. Dès lors, nous n’avons pu entendre sa voix que par l’intermédiaire des différents représentants du ministère public dans nos différents procès. Robert Badinter a manifesté à notre égard une hostilité fébrile.
Selon mes accusateurs, j’étais un faussaire, un falsificateur, un menteur ; j’avais utilisé un habile mécanisme falsificateur ; j’avais falsifié des traductions ; j’avais dénaturé des faits historiques ; j’avais écarté des documents qui contredisaient ma thèse ; j’avais utilisé des arguments techniques fallacieux. Cependant, toutes ces accusations restaient aussi vagues que péremptoires. Sur deux points seulement mes accusateurs étaient relativement précis. Selon eux, j’avais :
1) volontairement tronqué certains témoignages tels que celui de Johann-Paul Kremer (il s’agit de ce professeur de médecine qui avait été mobilisé pendant quelque temps comme médecin au camp d’Auschwitz) ;
2) écarté sans justification sérieuse un certain nombre de preuves retenues jusqu’alors par des instances judiciaires nationales et internationales.
2. Le jugement de première instance
Le 8 juillet 1981, le tribunal de grande instance de Paris rendait son jugement. Il me condamnait pour « dommage à autrui ». La question était de savoir si j’avais commis ce dommage par le fait d’une falsification de l’histoire. Cette formule de « falsification de l’histoire » n’existe pas dans la loi française, mais le tribunal aurait pu reprendre à son compte cette invention lexicale de la LICRA. Il ne l’a pas fait, sinon pour dire qu’il n’avait pas à rechercher si ce que j’avais écrit, en particulier dans Le Monde (29 décembre 1978 et 16 janvier 1979), constituait ou non une falsification de l’histoire. Sur le point essentiel de leurs accusations, mes adversaires n’obtenaient donc pas satisfaction.
Néanmoins, le reste du jugement pouvait les satisfaire. Les juges disaient que, par une sorte de jeu intellectuel, je m’étais amusé à tout nier. Par ce jeu d’une négation systématique je m’étais révélé comme un universitaire d’une légèreté coupable. Par ailleurs, le tribunal estimait que j’avais manqué de prudence, de circonspection objective et de neutralité intellectuelle, en ce sens que j’avais, d’une manière irresponsable, traité trop tôt d’un problème historique trop récent, trop douloureux, trop brûlant. J’aurais dû attendre que le temps fasse son œuvre et calme les esprits. Enfin, le tribunal m’adressait un reproche plus curieux encore. Il n’allait pas jusqu’à dire que je m’étais rendu coupable d’apologie des crimes de guerre ou d’incitation à la haine raciale, mais il disait que j’avais laissé d’autres personnes – il ne précisait pas lesquelles – se servir de ma thèse révisionniste en vue de l’apologie des crimes de guerre ou d’incitation à la haine raciale. Le tribunal précisait même que j’avais fait cela
avec une légèreté insigne mais avec une conscience claire.
Pour ma part, j’avoue que je ne saisis pas bien comment on peut concilier «une légèreté insigne» avec « une conscience claire », surtout quand il s’agit non pas de tomber soi-même dans le péché mais d’aider des inconnus à tomber dans un péché où l’on n’est pas soi-même tombé.
[Ce jugement, dont la rédaction est de M. Pierre Drai, créait donc en France un nouveau type de délit civil (et non pénal) : l’apologie indirecte des crimes de guerre et l’incitation indirecte à la haine raciale par l’effet d’une légèreté insigne accompagnée d’une conscience claire.]
Je me permets de penser que, si de pareils juges avaient cru pouvoir déceler chez moi, au lieu d’une âme légèrement diabolique, la preuve tangible d’un quelconque mensonge ou d’une quelconque falsification, ils se seraient empressés de montrer cette preuve, de la souligner et de la condamner en des termes compréhensibles pour tout le monde.
[Il existe en France un vénérable recueil juridique qui s’appelle le Recueil Dalloz-Sirey. On y trouve habituellement les textes des jugements les plus intéressants. Les textes sont reproduits avec une exactitude scrupuleuse et, si jamais une coupure est introduite dans un texte, le fait est soigneusement signalé. Après chaque texte se trouve un commentaire. Ces commentaires sont normalement empreints d’une certaine gravité propre au monde judiciaire. Dans mon cas, le vénérable recueil a innové : il a – à plusieurs reprises et de la façon la plus cynique – gravement dénaturé le texte du jugement du 8 juillet 1981 ; quant au commentaire, il a été signé d’un avocat à la cour de Paris du nom de Bernard Edelman. Ce commentaire d’un ami de Pierre Vidal-Naquet est bien ce que j’ai lu de plus insultant sur ma personne. C’est simple : pour Bernard Edelman, ce jugement prouvait que Faurisson pratiquait la « méthode du mensonge absolu » : « il mentait à tout le monde ». — Nous sommes en procès contre le directeur du Recueil Dalloz-Sirey.]
3. Le déroulement du procès en cour d’appel
Je décidais de faire appel du jugement du 8 juillet 1981. Dix-huit mois plus tard, l’affaire était plaidée devant la première chambre de la cour d’appel de Paris.
La salle de la cour d’appel où allait se dérouler notre affaire était celle même où le maréchal Pétain avait été jugé en première et dernière instance, sans appel possible. Juste après la guerre, du temps où j’étais étudiant à la Sorbonne, j’étais venu là assister à quelques procès dits de «collaborateurs». Je n’éprouvais pas de sympathie pour les collaborateurs (et j’avais été élevé dans la haine de l’Allemagne). Mais, peu à peu, je m’étonnais du genre de justice qu’on prétendait leur appliquer. Je ne m’étendrai pas sur ce point. Je n’ai pas le temps de détailler ce qui s’est passé dans cette impressionnante salle les 13 et 14 décembre 1982.
Il y avait un contraste frappant entre nos avocats et ceux de la partie adverse. J’avais deux avocats : Me Éric Delcroix, réputé de droite, et Me Yvon Chotard, ami personnel de Jean-Gabriel Cohn-Bendit et réputé de gauche. Un troisième avocat, Me François Berthout, représentait les sept personnes qui s’étaient courageusement portées à mes côtés comme « intervenants volontaires » ; ces personnes, toutes de gauche, étaient, pour certaines d’entre elles, d’origine juive ; deux des sept intervenants appartenaient au CNRS (Centre national de la recherche scientifique). Ce point a toujours inquiété Gitta Sereny Honeyman qui a écrit :
Ce qu’il y a de curieux avec Faurisson, c’est qu’il a réussi à obtenir le concours actif de la Gauche.[2]
Un autre point, à vrai dire secondaire, inquiétait aussi cette dame. Ce point, le voici :
Au Palais de Justice de Paris, Faurisson et ses amis étaient entourés d’acolytes jeunes, passionnés et même attrayants.[3]
Les avocats de la partie adverse (je rappelle qu’il y avait neuf associations coalisées) offraient le spectacle d’une foule de robes noires surmontées par des visages manifestement anxieux. Ils avaient déposé des conclusions écrites d’une grande pauvreté et ils ne pouvaient que le sentir. De notre côté, nous avions déposé des conclusions écrites quatre fois plus longues qu’il n’est d’usage, et solidement charpentées. Nous avions également mis à la disposition de la cour mon Mémoire en défense contre ceux qui m’accusent de falsifier l’histoire et une vidéo-cassette sur «Le problème des chambres à gaz». Alors que la procédure civile, en France, est essentiellement écrite et que l’intéressé n’a pas le droit, en principe, à la parole, j’avais fait demander à être entendu et interrogé. Malheureusement, la cour n’allait pas juger utile de visionner la cassette ni de m’interroger. Depuis quatre ans, nous avions eu le temps de prendre la mesure de l’extrême faiblesse historique et scientifique de la partie adverse. Nous avions été amenés, pour faire apparaître cette faiblesse, à dire et à répéter que, ce que nous attendions de la partie adverse, se réduisait à ce qu’elle :
– présente aux magistrats une preuve, une seule preuve de l’existence d’une seule chambre à gaz homicide ;
– fournisse un exemple, un seul exemple de falsification de ma part.
Nous ne voulions surtout pas d’une prétendue abondance de preuves ou d’exemples. Nous n’attendions qu’une preuve et qu’un exemple. Cette exigence revenait comme un leitmotiv : «Une seule preuve, un seul exemple». Les avocats de la partie adverse en étaient paralysés dans leurs mouvements. Ils savaient que les magistrats de la cour attendaient, eux aussi, cette seule preuve et ce seul exemple. Tout le reste allait apparaître comme du vide et du vent. Le cou tendu, les trois magistrats de la cour attendaient la seule preuve, le seul exemple. Nos avocats attendaient. Nous attendions. La salle attendait la seule preuve et le seul exemple. Une telle attente durant deux après-midi entières a un effet dévastateur. Un fils de Simone Veil, avocat de l’une des neuf associations, était accablé et passait le plus clair de son temps à citer dans sa plaidoirie des extraits de mes écrits ; on aurait pu croire qu’il plaidait pour moi. Une succession d’autres avocats venaient débiter des propos sans conviction. Un seul arrivait à construire sa plaidoirie : Me Immerglik. Son argumentation était la suivante : « En Allemagne, il n’y a pas de pitié pour des gens tels que Faurisson ; on les frappe comme ils le méritent et ainsi on les élimine; frappez Faurisson ; éliminez-le ». Puis vint le tour de Me Bernard Jouanneau, qui était le ténor de la LICRA en l’absence de Robert Badinter – devenu ministre. Dans le procès Poliakov, Me Jouanneau s’était tourné vers moi et s’était écrié : « M. Faurisson, vous hantez mes nuits ! » Devant la cour d’appel il allait commencer sa plaidoirie en ces termes :
Faurisson ! Ah ! Encore Faurisson ! À la maison, mes enfants me demandent : «Mais quand donc aurons-nous fini d’entendre parler de Faurisson ?»
Me Jouanneau allait parler pendant deux heures. On attendait la preuve et on attendait l’exemple. D’exemple de falsification, il ne chercha même pas à en proposer. Quant à la preuve de l’existence d’une seule chambre à gaz, il en présenta plusieurs mais en ajoutant à chaque fois sur un ton plaintif : « Oui. Je sais. Vous me direz que ce n’est pas vraiment une preuve ». La fin de la plaidoirie allait marquer cette journée d’une note dramatique ou mélodramatique. Me Jouanneau, accablé, baissait de plus en plus le ton ; il donnait l’impression qu’il allait éclater en larmes ; c’est effectivement ce qui se passa : sa dernière phrase fut :
En tout cas, pour moi, c’en est fini de l’affaire Faurisson.
Sortant de la salle, il s’effondrait en larmes sur l’épaule d’un confrère. On dut faire venir sa femme. À ce moment-là, je me rappelais ce que nous avions dit dans nos conclusions de quarante-quatre pages : nous avions décrit par avance le drame des avocats de la LICRA. À l’origine, ces gens croyaient partir en croisade contre des impies. Ils étaient sûrs de leur bonne cause. Ils étaient convaincus que les preuves et les témoignages leur arriveraient en foule. Peu à peu, ils s’étaient retrouvés tout seuls, en rase campagne, avec une foule de papiers sans valeur, des traductions que leurs propres amis avaient falsifiées, des photographies qui ne prouvaient rien, des témoignages écrits inconsistants et pas un seul témoin prêt à venir témoigner de l’existence des chambres à gaz, pas même Filip Müller, l’auteur d’un livre qui, dans sa version française, porte le titre suivant : Trois Ans dans une chambre à gaz d’Auschwitz, préface de Claude Lanzmann.
L’avocat général, Mme Flipo, demandait deux mois pour soumettre ses réquisitions. Elle représentait son ministre, Robert Badinter. Elle prenait la parole le 15 février 1983. Renonçant à toute tentative d’argumentation, Madame Flipo se laissait aller à des développements lyriques. Elle évoquait la canonisation du Père Kolbe, l’agenouillement de Willy Brandt à Varsovie et, pour terminer, elle citait Élie Wiesel. Voici sa péroraison :
Élie Wiesel qui fut, avec Samuel Pisar, le plus jeune rescapé des camps, a écrit : «Après la nuit et l’aube, le jour se lève : les morts cherchent des cœurs ouverts, qui les accueillent et soient leurs messagers.»
Et Mme Flipo, se tournant vers la cour, ajoutait pour finir :
Soyons ces messagers-là.
La cour, elle aussi, demandait deux mois pour rendre son arrêt.
4. L’arrêt de la cour d’appel (26 avril 1983)
Le 26 avril 1983, la première chambre de la cour d’appel de Paris rendait son arrêt. Elle confirmait le jugement du tribunal de première instance, mais en réformant à tel point les motifs de ma condamnation que j’accepterais d’être dix fois condamné de cette façon, si je devais être dix fois condamné sur la demande de la LICRA. Je n’entrerai pas dans le détail de cet arrêt. Mon éditeur Pierre Guillaume a publié une brochure intitulée Épilogue judiciaire de l’affaire Faurisson. On peut y trouver le texte intégral de l’arrêt ainsi qu’une analyse commentée des dix alinéas essentiels de cet arrêt : cinq alinéas sont pour et cinq alinéas sont contre la thèse révisionniste, telle que les magistrats l’ont comprise et interprétée.
• Cinq alinéas en faveur de la thèse révisionniste
Le tribunal de première instance avait posé l’existence des chambres à gaz comme une sorte de réalité implicite et il ne s’était pas interrogé un seul instant sur le crédit qu’il convient d’accorder aux témoignages de ceux qui prétendent que les chambres à gaz ont existé. La cour d’appel procède tout autrement. En effet, non seulement elle se pose la question de savoir si les chambres à gaz ont existé, mais elle se demande quelle valeur accorder aux témoignages multiples de l’existence de celles-ci.
Elle commence par une phrase sacrilège. Utilisant une formulation dubitative et le mode conditionnel, la cour écrit :
Les recherches de M. Faurisson ont porté sur l’existence des chambres à gaz qui, à en croire de multiples témoignages, auraient été utilisées durant la seconde guerre mondiale pour mettre à mort de façon systématique une partie des personnes déportées par les autorités allemandes.
La LICRA m’accusait d’avoir abordé la question des chambres à gaz avec, au moins, de la légèreté, une légèreté coupable qu’elle prétendait démontrer. La cour répond :
À s’en tenir provisoirement au problème historique que M. Faurisson a voulu soulever, il convient de constater que les accusations de légèreté formulées contre lui manquent de pertinence et ne sont pas suffisamment établies.
Je rappelle ici que la LICRA et les huit autres associations avaient eu quatre années pour tenter d’établir leurs accusations, dont celle de légèreté coupable. Elles me reprochaient, par ailleurs, de n’avoir ni démarche logique, ni argumentation. La cour répond que j’ai une démarche logique et que j’ai une argumentation. En un premier mouvement, elle va même jusqu’à écrire que j’ai une argumentation « scientifique »; puis, se ravisant et pensant peut-être qu’elle n’a pas de compétence pour qualifier ainsi mon argumentation, elle procède sur la page dactylographiée à une correction manuscrite et, prudemment, elle dit que M. Faurisson a « une argumentation – qu’il estime – de nature scientifique » ; mais, plus loin, ainsi qu’on le verra, le mot de «scientifique» me sera en quelque sorte restitué par un sous-entendu. Pour l’instant, la cour dit :
La démarche logique de M. Faurisson consiste à tenter de démontrer, par une argumentation – qu’il estime – de nature scientifique, que l’existence des chambres à gaz, telles que décrites habituellement depuis 1945, se heurte à une impossibilité absolue…
La cour précise – et cette précision est grave – qu’il s’agit d’une impossibilité absolue
qui suffirait à elle seule à invalider tous les témoignages existants ou, à tout le moins, à les frapper de suspicion.
Je suppose que la cour songe ici à l’impossibilité de nature physico-chimique que j’ai souvent signalée dans mes écrits, mais il faut savoir que la thèse de l’inexistence des chambres à gaz repose, y compris pour moi, sur un vaste ensemble de toute nature, et non pas seulement sur un argument de nature physico-chimique.
La LICRA demandait à la cour de condamner ma méthode et mes arguments. Là encore, la cour refuse de porter condamnation et elle déclare :
Il n’appartient pas à la cour de se prononcer sur la légitimité d’une telle méthode ni sur la portée des arguments exposés par M. Faurisson.
Quant à la question si importante des témoignages, la LICRA avait affirmé que j’avais écarté ces témoignages par légèreté ou négligence ou que j’avais délibérément choisi de les ignorer. À cela la cour répond :
Il n’est pas davantage permis d’affirmer, eu égard à la nature des études auxquelles il s’est livré, que [M. Faurisson] a écarté les témoignages par légèreté ou négligence, ou délibérément choisi de les ignorer.
En bon français, cela veut dire que j’ai étudié ces témoignages et que, si je les ai écartés, c’est pour de bonnes raisons qui sont apparues au terme des études auxquelles je me suis livré.
Nous en arrivons maintenant au point central : celui du mensonge. La LICRA me traitait de menteur à tout propos. En particulier, elle me traitait de menteur quand je disais avoir étudié des documents pendant plus de quatorze ans et avoir consulté des organismes de recherches comme le CDJC de Paris et bien d’autres organismes ou personnalités pendant tout ce temps-là. La LICRA avait raison de porter son accusation de mensonge sur ce point. En effet, si la loi française ne permet pas aux magistrats de se faire juges de la vérité historique, elle les autorise néanmoins à décider si le chercheur a vraiment manifesté ou non, dans ses recherches, le souci de s’informer. Si, pour les magistrats, Faurisson n’avait pas manifesté le souci de s’informer comme il prétendait l’avoir fait, du même coup Faurisson pouvait être déclaré faux chercheur et menteur, c’est-à-dire, en définitive, faussaire. La partie adverse avait eu quatre ans pour prouver que j’étais un menteur sur ce point essentiel. Au bout de quatre ans, la cour d’appel fait le bilan. Parlant de l’état présent de la situation et des tentatives faites pour prouver que Faurisson est un menteur, la cour constate :
En outre, personne ne peut, en l’état, le convaincre de mensonge lorsqu’il énumère les multiples documents qu’il affirme avoir étudiés et les organismes auprès desquels il aurait enquêté pendant plus de quatorze ans.
Puis, la cour en vient à la conclusion logique de tout ce qu’elle vient de dire et sa sentence tombe comme un couperet pour la LICRA, pour les huit autres associations et pour tous ceux qui osaient dire que le problème des chambres à gaz ne se posait pas et qui estimaient que mes écrits ne relevaient que des tribunaux. Voici cette sentence en forme de conclusion :
La valeur des conclusions défendues par M. Faurisson relève donc de la seule appréciation des experts, des historiens et du public.
C’est exactement là ce que les exterminationnistes du monde entier veulent éviter à tout prix. À aucun prix ils ne voudraient voir le problème des chambres à gaz et surtout celui des prétendus témoignages devenir un sujet dont débattraient des experts et des historiens. Par-dessus tout, il ne faudrait absolument pas pour eux que le public soit mis au courant de ce problème et qu’il en débatte librement.
Je ne pense pas nécessaire d’insister davantage sur l’importance historique de cette dernière phrase de la cour d’appel de Paris. Tout le reste de l’arrêt de la cour ne peut avoir après cela qu’un intérêt mineur. Je m’y arrêterai cependant quelques instants.
• Cinq alinéas contre Robert Faurisson
Ces trois magistrats français ne pouvaient guère aller plus loin. Si, poursuivant dans la voie qui aurait été logique, ils avaient débouté la toute-puissante LICRA (organisation où figurent François Mitterrand et Robert Badinter ainsi que tant de personnalités diverses de tous les milieux influents), ils auraient créé un scandale. La question devenait donc pour eux : comment faire pour confirmer le jugement du tribunal de première instance condamnant Faurisson ?
Il est manifeste, pour quelqu’un qui a l’habitude de faire des analyses logiques et grammaticales de textes français, que les trois magistrats ont sué sang et eau pour bâtir la suite de leur arrêt. J’aimerais faire toucher du doigt le caractère laborieux de leur style et de leur pensée. J’ai rarement lu une copie d’élève aussi pathétique. Je n’ai pas le temps de montrer ces curiosités-là et je ne peux même pas montrer les arguments du texte et les réponses que j’y ferais. Une fois de plus, je renvoie à la brochure intitulée Épilogue judiciaire…. Je ne livrerai ici que quelques éléments.
Les magistrats me reprochent de ne m’en être pas tenu à ce qu’ils appellent mon «travail critique» sur les chambres à gaz et les témoignages ; ce travail avait selon eux un « caractère scientifique » ; c’est du moins ce qu’on peut déduire d’une phrase où ils me font grief d’«assertions qui ne présentent plus aucun caractère scientifique et relèvent de la pure polémique». Cependant, ils ne donnent aucun exemple de ce genre d’assertions-là. Ils me blâment d’avoir écrit : « les prétendus massacres en chambres à gaz et le prétendu génocide sont un seul et même mensonge. » Ils ne disent pas que c’est faux. À aucun moment ils ne me disent : « Vous avez peut-être raison sur les chambres à gaz et les témoignages, mais vous avez tort sur le génocide. » Ils savent que le génocide et les chambres à gaz sont dans un rapport aussi étroit qu’un crime spécifique peut l’être avec l’arme spécifique qui a permis ce crime ; ils voient bien sans doute qu’il est difficile de continuer à prétendre qu’un crime spécifique (le génocide) a eu lieu, s’il se révèle que l’arme spécifique (la magique chambre à gaz) n’a pas existé. Ce que me reprochent ces dignes magistrats, c’est d’avoir ainsi résumé ma pensée sous la forme de ce qu’ils appellent un « slogan ». Selon eux, il n’aurait pas fallu de slogan. Un slogan, pour eux, est ici déplacé. Le piquant de l’affaire, c’est que ce slogan a été fabriqué sur mesure à la fois par un journaliste du Matin de Paris et par nos trois magistrats. En effet, la brièveté de ce groupe de 19 mots s’explique ainsi : j’avais écrit au Matin de Paris en 1978 une lettre, à publier, dont la première phrase était longue, argumentée et comprenait 65 mots. Le journaliste avait reproduit cette phrase en l’amputant de toute sa fin. Puis sont venus les magistrats qui, trouvant cette phrase amputée de sa fin, l’ont, à leur tour, amputée de tout son commencement. C’est ainsi que soixante-cinq mots sont devenus dix-neuf mots et qu’une longue phrase argumentée a pris le caractère bref et un peu vulgaire d’un slogan. En réalité, j’ai tendance à résumer ma pensée sous une forme plus longue et en lui donnant un poids d’histoire grâce à certains mots qui font référence à l’histoire ; c’est ainsi que j’écris :
Les prétendues chambres à gaz hitlériennes et le prétendu génocide des juifs forment un seul et même mensonge historique […].
Un mensonge historique n’est pas à confondre avec un vulgaire mensonge. C’est un mensonge où il y a forcément un nombre dérisoire de menteurs ou d’imposteurs par rapport aux foules de dupes ou de victimes qui lui sont nécessaires pour exister durablement.
La cour dit que je cherche en toute occasion à atténuer le caractère criminel de la déportation et que, dans cet esprit, j’ergote, mais, ainsi qu’on le verra dans Épilogue judiciaire, les exemples qu’elle donne prouvent surtout que la cour ne m’a pas toujours lu de bien près et qu’elle a des connaissances un peu vagues de certains sujets historiques.
Enfin, la cour en vient à toute une série de reproches sentimentaux. Elle dit que je n’ai jamais su trouver un mot pour marquer mon respect aux victimes des persécutions et des déportations. La cour se trompe ; j’ai, à plusieurs reprises, marqué mon respect pour cette catégorie de victimes des Allemands et, à deux reprises, il se trouve que j’ai employé le mot, précisément, de « respect ». Je dois dire qu’à la différence de ces magistrats, j’ai pensé que je devais marquer mon respect pour toutes les catégories de victimes, y compris quand il s’agissait des victimes de persécutions et de déportations pratiquées par les Alliés, y compris aussi quand il s’agissait des victimes du grand mensonge et de la grande imposture historiques.
La cour dit que « mon révisionnisme » peut… faire figure… d’une tentative de réhabilitation… globale du nazisme. Je ne vois là que des spéculations. Si je comprends bien, je ne suis pas un nazi, mais il se pourrait, pour la cour, que se profile derrière moi l’ombre-de-l’ombre d’un nazi.
M’ayant ainsi décrit, c’est-à-dire d’une façon à faire peur aux petits enfants, la cour tire toute une série de conséquences aussi arbitraires que leur point de départ ; elle noircit de plus en plus le trait ; j’en deviens une créature quasi diabolique ; c’est ce qu’insinuait le tribunal de première instance.
La cour affirme qu’« ainsi », c’est-à-dire tel qu’elle me présente, je suis aussi blessant pour les survivants qu’outrageant pour les morts ; à cause de moi (une ombre de nazi et une sorte de diable), le grand public se trouve incité à méconnaître les souffrances sinon à les mettre en doute (la cour continue à ne songer aux souffrances que d’une seule partie de ceux qui ont souffert, par dizaines de millions, pendant la guerre).
Dans sa dernière phrase, la cour fait tellement vibrer la corde sensible que, sans le vouloir, elle crée un moment d’humour. Elle écrit :
[les positions ainsi adoptées par M. Faurisson] sont évidemment de nature, ainsi que l’a justement relevé le tribunal, à provoquer des réactions passionnelles d’agressivité contre tous ceux qui se trouvent ainsi implicitement accusés de mensonge et d’imposture.
J’explique cette phrase de la cour. Dans la première partie de son arrêt, la cour avait bien vu que c’était au terme d’un travail sérieux que j’avais conclu au mensonge des chambres à gaz et à l’imposture des prétendus témoins. La cour avait dû admettre mon droit à parler ainsi d’un mensonge et d’une imposture. Mais, dans la seconde partie de son arrêt, ce qui chagrine la cour, c’est qu’elle s’aperçoit qu’un mensonge implique l’existence de menteurs et qu’une imposture implique l’existence d’imposteurs. Et là, pense la cour, c’est grave. Il va y avoir des gens qui vont se sentir visés. Faurisson est décidément un personnage inquiétant. Punissons-le !
Mes intervenants volontaires et moi, nous avons accepté la punition, c’est-à-dire la condamnation pour « dommage », et nous n’avons pas voulu aller en cassation. Je déplore cependant que le tribunal et la cour n’aient jamais eu le courage d’examiner ce que nous, de notre côté, nous appelions les supercheries de la LICRA (supercheries portant sur des textes, des photographies, des traductions). Et puis, il aurait été instructif que la cour réponde à la question que voici : « S’il est vrai que M. Faurisson n’est pas un falsificateur et si, pour démontrer que les chambres à gaz n’ont pas existé, il a pendant quatre ans (de 1979 à 1983) utilisé des arguments et des documents sans se rendre coupable de légèreté, de négligence, d’ignorance délibérée, de mauvaise foi ni de mensonge, les magistrats de la cour peuvent-ils nous dire comment, à leur avis, ont pu travailler pendant près de quarante ans (1945-1983) ceux qui, de leur côté, soutiennent que les chambres à gaz ont existé ? Où en sont ces gens-là, qui font la leçon aux autres, pour ce qui est de la légèreté, de la négligence, de l’ignorance délibérée, de la mauvaise foi ou du mensonge et, comme ils disent, de la falsification de l’histoire ? » La cour n’a pas répondu à cette question.
5. Le dossier de la partie adverse était énorme et vide
Les magistrats de la cour n’ont pu qu’être sensibles à la façon dont nos adversaires avaient constitué leur dossier. Ceux-ci avaient démesurément prolongé les délais dans lesquels on a le droit de verser des pièces au dossier. Ils avaient déversé d’abord des pièces totalement indigentes, puis des pièces disparates avec, le plus souvent, des traductions falsifiées.
• Des traductions falsifiées, des récits suspects
Nous avions montré ces falsifications au juge Pierre Drai qui était chargé de surveiller la préparation du procès.
Pierre Drai, malgré son hostilité contre nous, avait été obligé de demander à la LICRA des traductions par experts agréés. Je précise que les experts agréés choisis par la LICRA n’ont guère fait mieux et qu’en particulier l’un de leurs experts, M. Victor Borten, allait être tourné en ridicule devant les magistrats par l’un de mes avocats pour la rare sottise de ses expertises. C’était lui, notamment, qui avait longuement expliqué que le mot de Leichenkeller n’avait pas pu exister dans la langue allemande et qu’il était un vocable du fameux langage secret des SS, un vocable utilisé seulement, ajoutait-il, de 1942 au début de 1945, pour désigner une chambre à gaz homicide. Il nous avait fallu expliquer à cet expert que le mot existait déjà dans le grand dictionnaire Grimm de 1886 et que, de nos jours encore, à Berlin-Ouest, le crématoire de Ruheleben possède des Leichenkeller, c’est-à-dire des chambres froides situées en sous-sol et prévues pour la conservation de cinq cents corps. L’autre experte, Mme Magaly Heesch, traduisait, par exemple, Absetzgrube, qui veut dire « fosse de décantation », par «fosse à cadavres». Trouvant la phrase suivante dans une lettre de Himmler au statisticien Richard Korherr à propos des juifs : Es wurden durchgeschleust durch die Lager im Generalgouvernement, au lieu de traduire « durchgeschleust » par «sassés» ou « transitant par », elle traduisait ce mot, censé appartenir à un langage codé, par « acheminés secrètement » (dans une intention homicide, bien sûr).
La LICRA avait déversé en vrac une confession de Gerstein, le livre de Filip Müller et même celui de Martin Gray, Au nom de tous les miens. Je signale ici, en passant, que le nègre de l’escroc Martin Gray s’appelle Max Gallo et que Max Gallo, qui a entièrement fabriqué l’épisode de la chambre à gaz de Treblinka, est devenu le porte-parole officiel de François Mitterrand.
• L’argument du langage secret des SS : « Sonderaktion », « Solution finale »
La LICRA ne cessait d’invoquer le caractère secret du langage des SS : un langage à clé ; une clé que possédait, paraît-il, la LICRA. La LICRA ne craignait pas les contradictions : pour elle, selon les besoins de la cause, tantôt le langage secret de la SS ne trompait personne et n’était qu’un secret de Polichinelle, tantôt ce langage était d’un secret à défier les plus malins, sauf la LICRA ; tantôt, on ne sait trop pourquoi, le langage de la SS ne s’embarrassait plus d’aucun code ou « surcode » et il devenait, paraît-il, clair, transparent et cynique. La LICRA naviguait à vue : tantôt pour elle, tout le monde savait, tantôt personne ne pouvait savoir, tantôt aussi tout le monde se donnait le mot pour faire semblant de ne rien savoir mais pour indiquer en même temps, par un clin d’œil, qu’on savait très bien.
La LICRA tenait beaucoup au mot de Sonderaktion (« action spéciale », ou «opération spéciale»). Pour elle, ce mot était un vocable SS de la catégorie « Top secret ». Il est bien vrai que le sens de ce mot, comme de la plupart des mots d’ailleurs, est variable ; toutefois, ce sens varie, non dans l’absolu, mais dans un contexte. Par exemple, Sonderaktion pouvait désigner toute action militaire ou policière sortant de la routine militaire ou policière. Il s’appliquait alors à une opération spéciale d’un temps déterminé qui pouvait aboutir, par exemple, à des arrestations, suivies ou non d’internement, suivies ou non d’exécution, suivies ou non d’une simple interpellation. Il est faux de dire que le mot ou l’action que désignait Sonderaktion était nécessairement secret. Le 25 juin 1942, soixante-quatre juifs étaient arrêtés par les Allemands dans la région d’Orléans. Il s’agissait là d’une Sonderaktion, nous dit Serge Klarsfeld.[4] Puis ces juifs ont été déportés mais les Allemands évitaient, en général, le mot de « déportation » et l’expression d’«envoi vers l’Est». Nous possédons des documents où il est dit que le mot de «déportation» doit être évité parce que « rappelant trop directement les expulsions en Sibérie de l’époque des Tsars[5] » ainsi que l’expression d’« envoi vers l’Est » «pour éviter tout conflit avec l’action en cours concernant les ouvriers français pour l’Allemagne[6] ». Mais parfois, en dépit des recommandations, ces mots ou ces expressions persistaient dans les documents. Dans son journal personnel, le Dr Johann-Paul Kremer a utilisé l’expression de « Sonderaktion aus Holland » qui signifiait « action spéciale en provenance de Hollande[7] ». Il est vrai que Sonderaktion pouvait servir d’euphémisme, mais non au point de signifier «extermination» ou « gazages » ! Il en va de même pour Sonderbehandlung («traitement spécial») ; par exemple, dans les fameux « rapports Korherr », ce mot signifiait « Aussiedlung », ce qui répond bien à une transplantation forcée.[8]
La LICRA avait aussi usé contre nous de l’argument éculé de la « solution finale », euphémisme, disait-elle, pour « extermination ». Je ne m’attarderai pas à cette ineptie. La solution finale du problème juif n’impliquait pas plus l’extermination des juifs que la solution finale du problème des Palestiniens ou du problème des chômeurs n’implique l’extermination des Palestiniens ou des chômeurs. Une solution finale peut être favorable, malgré toutes les épreuves à subir éventuellement pour y aboutir. Je dois, à ce propos, une précieuse indication à un ami belge, Pierre Moreau, que certains d’entre nous connaissent pour son érudition révisionniste. Émile Vandervelde, président du Parti ouvrier belge, était très favorable aux socialistes sionistes. En 1929 il a publié un livre intitulé Le Pays d’Israël : un marxiste en Palestine. À la page 184 de ce livre, il écrit qu’il croit avec toute l’ardeur de ses convictions socialistes « à des solutions finales favorables » pour les juifs de Palestine. L’année suivante, en 1930, une traduction de ce livre en allemand était publiée sous le titre de Schaffendes Palästina. Der jüdische Aufbau heute und morgen, von einem Sozialisten. À la page 174 de cette traduction, le pluriel des «solutions finales favorables» est devenu en allemand un singulier et c’est ainsi qu’on lit : « eine günstige Endlösung ». Précisons ici que cette solution finale (« Endlösung ») à laquelle songeait l’auteur belge, c’était l’entente entre les fils d’Israël et les fils d’Ismaël ; il ajoutait que la solution finale ne devrait pas être le fait de « soumettre la population arabe à des forces nouvelles de domination et d’exploitation ».
• Le témoignage de Johann-Paul Kremer (il avait rétracté ses aveux)
La LICRA me reprochait d’avoir « volontairement tronqué certains témoignages tels que celui de Johann-Paul Kremer ». Je ne reviendrai pas sur ce sujet. Je l’ai déjà traité dans ma conférence de 1980 ; le texte en a été reproduit dans le Journal of Historical Review sous le titre de Confessions of SS Men who were at Auschwitz [JHR, vol. 2 (1981), n° 2, p. 103-136]. J’ai démontré que c’étaient, au contraire, les Poliakov, les Wellers et les Klarsfeld qui avaient gravement dénaturé le texte original des carnets intimes de Johann-Paul Kremer pour faire dire à ce dernier qu’Auschwitz était un camp d’extermination avec des chambres à gaz. J’ai également montré l’absurdité des prétendues confessions obtenues par la justice militaire polono-stalinienne.
J’avais dit que le professeur Kremer avait confirmé devant le tribunal de Münster (Westphalie), en 1960, la confession qu’avait obtenue de lui le juge d’instruction communiste Jan Sehn en 1947 et qu’au procès de Francfort (1963-1965) il avait été convoqué comme témoin à charge contre ses compatriotes. Ce que je ne savais pas encore en 1980 et que j’ai appris par la suite, c’est la raison pour laquelle le malheureux, après dix ans de prison en Pologne (1947-1957), et de retour dans sa ville de Münster, était passé devant un tribunal allemand. J’ai découvert cette raison en lisant, dans sa version française, L’Anthologie (bleue) d’Auschwitz[9]. Cette raison est la suivante : de retour à Münster en 1957, Kremer s’était mis à protester contre le traitement qu’il avait subi de la part de la justice polonaise et, je reprends ici les mots employés par les communistes polonais eux-mêmes dans L’Anthologie :
[par ses protestations et par sa demande de retrouver sa chaire de professeur, Kremer attira l’attention] de certains cercles et de certaines personnes qui le firent comparaître à nouveau devant la justice.[10]
Kremer, en effet, s’était plaint de ce qu’en Pologne, «seule la haine avait eu voix au chapitre».[11] Mieux que cela, nous apprenons grâce à cette publication communiste que, de retour à Münster, Kremer avait rétracté ses confessions. Dans le pieux jargon communiste, cela donne :
[Kremer] contesta les explications qu’il avait fournies pendant l’enquête à Cracovie et dont on lui donna lecture [au tribunal de Münster].[12]
Le fait le plus dégradant pour les juges du tribunal de Münster est la complaisance avec laquelle ils écoutèrent les explications fournies par Jan Sehn venu de Cracovie. Il faut lire le compte rendu communiste de cette séance. Il faudrait le citer dans son intégralité. À Cracovie, en 1947, Kremer n’avait pas eu le choix. Il lui avait fallu avouer. Le plus étonnant est que Jan Sehn a fini par le dire lui-même devant les magistrats allemands. Pour lui, Kremer, d’avance, n’avait pas eu le droit de plaider non coupable. Jan Sehn dit avec une belle inconscience :
Une déclaration de non-culpabilité aurait été incompatible avec ce que l’accusé avait écrit [dans son journal intime].[13]
Autrement dit, le communiste Jan Sehn avait décidé que le journal intime de Kremer était écrit en une sorte de langage codé dont lui, Jan Sehn, possédait la clé. Le prisonnier Kremer n’avait eu qu’à s’incliner devant l’oukase du juge d’instruction Jan Sehn. Dans ma conférence de 1980, j’avais dit, pour finir, à propos du drame de Kremer :
Je pense souvent à ce vieil homme. Je pense parfois aussi à ses bourreaux.[14]
Il m’arrive d’y penser encore plus souvent depuis que j’ai eu ainsi la confirmation du drame vécu par le professeur Johann-Paul Kremer. Ses bourreaux polonais et allemands ont profité de lui jusqu’au bout. Kremer a été utilisé comme une marionnette. Il est venu au procès de Francfort pour y faire de la figuration forcée. Selon ses propres paroles, il a connu « un dilemme qui n’est pas simple pour l’entendement humain ». Écoutons sa déclaration finale au procès de Münster en 1960, et qu’on me dise si cette déclaration est celle d’un abominable criminel qui aurait participé à d’horribles gazages homicides ou bien celle d’un malheureux universitaire, une sorte de vieux garçon inoffensif, qui s’est trouvé pris, comme tant d’Allemands autrefois et aujourd’hui encore, dans une situation tragique où il faut avouer ou faire semblant d’avouer des crimes immondes qui, en réalité, n’ont jamais été commis. Écoutons Kremer et, à travers sa voix, écoutons la voix de tant d’Allemands humiliés, offensés et suppliciés :
Si, en vertu des critères humains, j’ai accompli quelque chose de mal, je ne puis que prier de prendre en considération mon âge et mon tragique destin. Je n’ai connaissance d’aucune faute dans le sens juridique et pénal. Je confie au juge suprême de tous les mondes le soin de trancher un dilemme qui n’est pas simple pour l’entendement humain.[15]
Le professeur Kremer, en fin de compte, a été moins habile et moins prudent que son confrère, le professeur Wilhelm Pfannenstiel dans l’affaire Gerstein. Pfannenstiel, père de cinq enfants, a su se ménager une belle carrière grâce à des aveux d’un vague extrême.
• La chambre à gaz du Struthof-Natzweiler (Alsace) (désormais fermée aux visites)
La LICRA m’accusait d’avoir « écarté sans justification sérieuse un certain nombre de preuves retenues jusqu’alors par des instances judiciaires nationales et internationales ». Pour le prouver, elle demandait que soit versé aux débats le dossier constitué par la justice militaire française pour le procès des gardiens du camp de concentration du Struthof-Natzweiler situé en Alsace.
Or, le dossier allait apporter la preuve qu’il n’y avait pas eu de chambre à gaz homicide au Struthof mais une petite pièce qui, à l’origine, était une chambre frigorifique. Celle-ci avait été transformée ensuite en une chambre à gaz pour l’entraînement des jeunes recrues au port du masque à gaz. Le professeur Bickenbach avait profité de l’existence de cette chambre à gaz pour y faire des essais d’antidote au gaz phosgène. En effet, les Allemands avaient appris que les Alliés, dès la fin de 1942, entreposaient de grandes quantités de gaz phosgène en Afrique du Nord et ils craignaient un bombardement des villes allemandes par ce gaz. Le professeur avait fait des essais d’un antidote (l’urotropine) sur sa propre personne, puis sur la personne de détenus du camp qui s’étaient, dit-on, portés volontaires en échange de quelques récompenses en nourriture ou en cigarettes. Il en était résulté soit deux, soit trois décès accidentels après hospitalisation, et non pas quatre, comme nous l’avons écrit par erreur dans nos conclusions en justice. Le professeur avait alors abandonné ses recherches. Dans cette pièce, Josef Kramer (à ne pas confondre avec le Dr Johann-Paul Kremer) est supposé avoir gazé des détenus avec de mystérieux sels qui, mélangés à de l’eau, tuaient en une minute. L’ineptie des deux confessions – contradictoires – de Josef Kramer peut, elle, s’expliquer par les sévices dont il avait été l’objet de la part de ses gardiens britanniques. Ceux-ci l’avaient, par exemple, enfermé toute une nuit dans une chambre frigorifique (peut-être parce qu’il avait précisément dit que la prétendue chambre à gaz homicide du Struthof avait d’abord été une chambre frigorifique). Ces sévices sont rapportés avec une certaine délectation par un résistant français présent sur les lieux, le médecin Dr J.-L. Fréjafon, dans son livre intitulé Bergen-Belsen.[16]
Dans le même dossier de la justice militaire figurait une expertise du Dr René Fabre, doyen de la Faculté de pharmacie de Paris. Ce dossier a disparu mais, grâce à une autre pièce, nous savons que le docteur Fabre avait été chargé de dire si les cadavres trouvés à l’Institut d’anatomie de Strasbourg et censés être les cadavres de gens « gazés » au Struthof avaient des traces de poison. La conclusion de l’expertise avait été négative. Il n’y avait trace d’acide cyanhydrique ni dans les cadavres, ni dans les produits de raclage de la prétendue chambre à gaz homicide, ni dans les plâtras (bocaux W et X).
Je rappelle que, d’une façon plus générale, on a dû faire des centaines d’enquêtes sur les camps de concentration allemands. On peut dire avec certitude qu’aucune de ces enquêtes n’a contenu:
– soit une expertise complète prouvant que telle pièce baptisée du nom de chambre à gaz homicide était effectivement une chambre à gaz homicide ;
– soit un rapport d’autopsie prouvant que tel cadavre était le cadavre d’une personne tuée par un gaz ou tout autre produit.
Aujourd’hui, la prétendue chambre à gaz homicide du Struthof ne se visite plus. Une affichette laisse croire aux touristes que la visite est possible sur demande. C’est faux. Les Français ont maintenant honte de leur chambre à gaz nationale, pourtant classée « monument historique ».
• Les manuscrits miraculeusement découverts à Auschwitz (L’Internationale dans la chambre à gaz)
Un autre argument de la LICRA était, bien entendu, constitué par les témoignages. La LICRA invoquait en particulier les fameux témoignages découverts à Auschwitz-Birkenau grâce à des fouilles miraculeuses. Je dis bien : miraculeuses. Certains connaissent peut-être la photo du trou où les Polonais disent avoir trouvé le récipient contenant le manuscrit d’un certain Salmen Lewenthal. Autour du trou il n’y a pas trace de fouilles ! Les fouilleurs sont tombés juste sur l’endroit où il y avait quelque chose à découvrir ! Saluons ici un miracle de la radiesthésie exterminationniste.[17]
Le plus connu de ces témoignages est celui du « manuscrit de l’auteur inconnu ». Le texte original est en yiddish à caractères hébraïques. Il a été publié en allemand par les Polonais.[18] La LICRA avait bien pris soin de ne pas révéler cette édition en yiddish. Elle avait fourni des extraits en polonais avec une traduction en français. Le traducteur avait notamment choisi un passage où l’action se déroulait dans la (!) chambre à gaz de Birkenau. Nous ignorons où se trouvait le témoin pour décrire la scène suivante. Les victimes sont donc entassées dans la chambre à gaz. Tout à coup, une jeune Polonaise, nue comme tous ceux qui se trouvent là, adresse une allocution à l’assemblée des victimes ainsi qu’aux juifs du commando spécial chargé de mettre à mort ces victimes. Cette allocution enflammée et patriotique se termine par ces mots:
À bas la barbarie de l’Allemagne de Hitler ! Vive la Pologne !
Puis, la jeune Polonaise se tourne vers les juifs du commando spécial. Elle ne les invective pas ; au contraire, elle les invite à survivre pour témoigner plus tard du courage des victimes et pour venger ces victimes. Là se place une scène intéressante. Les Polonais se mettent à genoux par terre. Le texte dit qu’ils prononcent « une prière dans une attitude qui a fait une grande impression ». Le texte de la LICRA ne dit pas sur qui. Le texte original disait : « sur tous ». Puis les Polonais se lèvent tous ensemble dans la chambre à gaz où apparemment la place ne manquait pas puisqu’on pouvait ainsi s’agenouiller et se relever. Tous ensemble ils chantent en chœur l’hymne national polonais et les juifs, eux, en même temps chantent la Hatikva. Ici, la LICRA avait coupé son texte par trois points placés entre crochets. Et, selon elle, le texte se poursuivait ainsi :
Pendant qu’ils chantaient, la voiture de la Croix-Rouge est arrivée ; on jeta le gaz dans la chambre et ils ont tous rendu l’âme dans des chants et l’extase, rêvant de la fraternité et d’un meilleur monde.
Le narrateur ne nous révèle pas comment il savait lire ainsi dans l’esprit des victimes. Quant à la LICRA, si elle avait coupé le texte, c’est parce que celui-ci recélait une précision gênante. Voici la précision telle que l’édition du musée d’Auschwitz nous la donne[19] : les deux hymnes avaient été chantés en même temps ; les « tons lyriques » des deux hymnes s’étaient fondus en un tout ; puis, les Polonais et les juifs, tous ensemble, avaient entonné l’Internationale ! C’est ce que l’esthétique soviétique appelle, je pense, du « réalisme socialiste ». Nous devons la découverte et le déchiffrement de ce « manuscrit de l’auteur inconnu » au professeur Bernard Mark, directeur de l’Institut historique juif de Varsovie. En 1962 son coreligionnaire Michel Borwicz, devenu citoyen français après la guerre, a écrit dans la Revue d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale que le professeur Bernard Mark était un fabricateur de textes.[20] Les faux de Bernard Mark continuent de se publier et de se vendre. En 1982 sa veuve a publié en France un ouvrage intitulé Des Voix dans la nuit. Le fameux « auteur inconnu » a cette fois-ci perdu son anonymat et il s’appelle maintenant Leib Langfus. Dans cet ouvrage, le faux pullule. La presse française a néanmoins accueilli cette production comme un recueil de témoignages d’une vérité criante.[21] La préface est signée d’Élie Wiesel.
• Le témoignage d’un actuel survivant des Sonderkommandos (au moment des gazages, ceux-ci, enfermés dans les cokeries (!), n’ont rien pu voir)
La LICRA recherchait un survivant des fameux Sonderkommandos. Il y avait bien Filip Müller qui habitait et habite peut-être encore à Mannheim, Hochufenstrasse 31. La LICRA lui avait accordé à l’unanimité des votants le prix Bernard Lecache pour son livre Trois ans dans une chambre à gaz d’Auschwitz, préfacé par Claude Lanzmann. Inexplicablement, F. Müller n’a pas fait de déposition ni écrite, ni orale pour la LICRA.
Juste au dernier moment, alors qu’arrivait la date fatidique de la fin du dépôt des pièces pour le procès, la LICRA remettait un maigre texte d’environ deux pages : la déposition par devant notaire, le 29 septembre 1980, d’un certain Alter Szmul Fajnzylberg, retraité, demeurant 37, avenue Jean Jaurès, 75019 Paris. Il s’agissait là pour moi d’une vieille connaissance. En 1972, dans le numéro spécial des Hefte von Auschwitz que j’ai cité plus haut, les Polonais avaient publié en allemand la déposition faite par ce militant communiste devant la justice polonaise le 13 avril 1945.[22] À l’époque son nom était Stanislas Jankowski. Cet ancien garçon de café, juif, athée et communiste, avait fait partie des brigades internationales en Espagne. À la fin de la guerre d’Espagne il fut interné par les Français dans les camps de Gurs et de Saint-Cyprien. Puis il travailla pour les Allemands en zone occupée. Il fut arrêté par la police française et interné à Drancy et à Compiègne. Il fut déporté à Auschwitz où il arriva le 27 février 1942. Il quitta Auschwitz avec la majorité des déportés, sous la surveillance des Allemands, le 18 janvier 1945. Il prit alors la fuite. Tel est du moins son récit.
Jankowski, alias Fajnzylberg, demeura donc à Auschwitz pendant près de trois ans. Jusqu’en octobre 1942, il fut employé comme menuisier, ce qui avait été sa première profession. Il passa aussi cinq semaines à l’hôpital du camp. De novembre 1942 au mois de juin 1943, il fut employé au bâtiment du crématoire d’Auschwitz-I, appelé Krema-I. De juillet 1943 au 17 janvier 1945, il fut employé au bâtiment de Birkenau appelé Krema V.
Nous tenions donc là l’oiseau rare : l’un de ces fameux membres des Sonderkommandos.[23] Son expérience était longue, puisqu’elle avait duré plus de deux ans dans cette terrible fonction. On sait que, selon une légende, c’étaient les juifs eux-mêmes qui étaient obligés par les SS d’accueillir les victimes, de les faire se déshabiller, de les faire pénétrer dans la chambre a gaz, de les y enfermer. Puis des SS versaient le gaz selon un processus qui n’a jamais pu faire l’objet du moindre accord chez les narrateurs de la saga des chambres à gaz. Enfin, les membres du Sonderkommando venaient rouvrir les portes ou la porte, et la suite est connue. Une autre légende veut que les SS aient liquidé chroniquement – tous les trois mois, semble-t-il – les membres du Sonderkommando. Ce qui est intéressant dans le cas du témoin finalement choisi par la LICRA, c’est qu’il reconnaît implicitement n’avoir jamais assisté à une opération de gazage. En effet, nous dit-il, à chaque fois que les Allemands voulaient gazer des gens, ils prenaient le soin d’enfermer les membres du Sonderkommando dans la cokerie avant l’arrivée des futures victimes. Au Krema-I d’Auschwitz, les membres du Sonderkommando étaient enfermés dans la petite cokerie et, au Krema-V de Birkenau, dans la grande cokerie de ce grand Krema. Autrement dit, pendant plus de deux ans, notre oiseau rare (le meilleur témoin que la LICRA ait pu trouver au monde) a passé toute une partie de sa détention dans une cokerie près du tas de coke. Ensuite, nous dit-il, les SS, qui avaient fait cela pour leur dissimuler le crime, rouvraient la porte de la cokerie pour que Jankowski et ses compagnons s’occupent des cadavres de la chambre à gaz.
Les Allemands ne chômaient pas. À en croire notre homme, les Allemands auraient ainsi en deux ans gazé deux millions de personnes dans les crématoires et les «bunkers» de Birkenau. En juillet 1944 ils auraient tué une moyenne de dix-huit mille juifs hongrois par jour. Je suppose que pour brûler ensuite dix-huit mille cadavres il fallait, à quarante kilos de coke par cadavre, 720 000 kilos de coke par jour, ce qui ne devait pas laisser grand place dans les cokeries pour y enfermer Jankowski et ses compagnons. Au fait, combien pouvaient-ils être pour s’occuper de dix-huit mille cadavres ?
En 1980 Jankowski-Fajnzylberg a répété cette histoire de séquestration dans les cokeries. Mais, entre 1945 et 1980, sa mémoire avait dû s’améliorer. En effet, en 1980 il ajoutait une précision dont on s’étonne qu’il ne l’ait pas donnée en 1945. Un jour, une fois, au Krema-V, il a pu voir, affirme-t-il,
l’injection du gaz par un SS qui versait le contenu d’une boîte métallique noire, ronde, d’un diamètre d’environ douze à quinze centimètres et haute d’environ vingt-cinq centimètres dans une espèce de petite cheminée ou tube qui ressortait de quelques dizaines de centimètres du toit de la chambre à gaz. Le SS portait un masque. Il a refermé aussitôt l’ouverture par laquelle il versait le contenu de la boîte.
Il n’y a qu’un malheur pour ce témoin, c’est que, selon la légende, il n’y avait pas une chambre à gaz au Krema-V, mais deux petites pièces et un couloir : ce qui fait un ensemble de trois petites chambres à gaz. Quant au gaz, la version aujourd’hui accréditée est qu’il était versé par des impostes situées sous le toit et auxquelles un SS accédait du dehors par une échelle, à chaque fois.
II. – Le procès pénal intenté par L. Poliakov (affaire Gerstein et Baron von Otter)
Dans mon Mémoire en défense contre ceux qui m’accusent de falsifier l’Histoire j’avais, à la page 119, cité Léon Poliakov parmi ceux qui avaient manipulé le texte original des carnets du professeur Johann-Paul Kremer. Songeant également aux extraordinaires manipulations et fabrications de textes auxquelles s’était livré le même Poliakov à partir des confessions de Kurt Gerstein et dont Paul Rassinier ne nous avait livré que quelques exemples, j’avais écrit cette phrase :
Conscient de la gravité de mon accusation, j’affirme être en mesure de prouver que M. Léon Poliakov est un manipulateur et même un fabricateur de textes.
Je pensais, en écrivant ces mots, que je risquais d’être poursuivi en diffamation. En effet, la diffamation est à bien distinguer du mensonge ou de la calomnie. Diffamer, c’est porter atteinte à la réputation de quelqu’un. On peut diffamer quelqu’un par la proclamation sur son compte d’une vérité vérifiable. Je pensais que L. Poliakov ne porterait pas plainte. Il était forcément le premier à savoir comment il avait fabriqué et manipulé des textes de Gerstein. Or, L. Poliakov portait plainte. La suite des événements me donne à penser que, s’il l’a fait, c’est sous la vive pression d’amis qui lui garantissaient qu’on trouverait un moyen de le tirer d’affaire.
La loi française prévoit la possibilité, rarement utilisée, de présenter dans les dix jours suivant la plainte une « offre de preuve » de la part de celui qui est accusé de diffamation. En moins de dix jours, je présentais une offre de preuve : il s’agissait d’un simple tableau montrant, d’une part, les textes que Gerstein était censé avoir écrits et, d’autre part, les incroyables manipulations et fabrications que L. Poliakov avait tirées de ces textes, au fil des ans, de 1951 à 1979. C’était matériel ; aucune réplique n’était possible.
La loi française prévoit que l’accusateur a cinq jours pour répondre à l’offre de preuve. Je devais constater sans surprise que L. Poliakov ne proposait pas de réponse à mon offre de preuve dans le délai prévu. C’est alors que L. Poliakov et ses amis mettaient au point un stratagème qui, encore aujourd’hui, me laisse admiratif. Ils savaient que devant la XVIIe chambre correctionnelle de Paris (présidée par Émile Cabié) il est toujours bon de plaider qu’on est une victime de l’antisémitisme. Il semble que, jusqu’à ces dernières années, ladite chambre distribuait les condamnations pour antisémitisme comme on distribue des condamnations pour conduite en état d’ivresse. L. Poliakov allait jouer cette carte avec l’aide de son compère Pierre Vidal-Naquet qui venait à la barre me dénoncer comme un antisémite de toujours. Poliakov avait fabriqué, de son côté, une photocopie quasi illisible d’un texte de Gerstein pour prouver qu’il lui avait été très difficile de déchiffrer ce texte : d’où des conjectures et des erreurs possibles, disait-il.
Mais j’en arrive au stratagème lui-même.
Les avocats firent valoir que celui que j’avais voulu attaquer n’était pas L. Poliakov, mais, à travers lui, Gerstein en personne ! Or, Gerstein était un saint ! De cela, des témoins venus de Hollande, de Suisse ou de Suède allaient attester. Les avocats de Poliakov avaient décidé d’organiser toute leur défense autour de ce point : Kurt Gerstein a réellement existé ; il a été un espion de Dieu ; son témoignage gêne M. Faurisson ; M. Faurisson est un diffamateur de Gerstein à travers la personne d’un grand honnête homme : M. L. Poliakov, ancien directeur d’études au CNRS.
C’est ainsi qu’au cours de cet étrange procès nos contestations sur des textes allaient prendre l’allure de vétilles par rapport au défilé de témoins tels que le baron von Otter venus dire qu’ils avaient connu Gerstein pendant la guerre et que celui-ci leur avait raconté d’effroyables histoires sur les camps de concentration allemands. Mon avocat crut pouvoir traiter cet expédient avec un haussement d’épaules. Pour lui, les magistrats ne pourraient pas être dupes de la manœuvre. Le baron von Otter et les autres témoins n’étaient pas des spécialistes des textes de Poliakov et, par conséquent, mon avocat ne voulut pas poser la moindre question aux témoins, pas même celles-ci : « Avez-vous une idée de ce qui est ici en cause ? Savez-vous ce que M. Faurisson reproche à M. Poliakov? Savez-vous que la personne de Gerstein n’est pas en cause et ne nous intéresse pas ici ? Estimez-vous avoir une compétence en ce qui regarde les différentes versions que M. Poliakov a données des différentes confessions de Gerstein ? » J’eus beau insister, mon avocat ne voulut pas sortir de son silence. Il faut dire à sa décharge qu’il connaissait bien ce qui était le sujet précis du procès : les textes de Gerstein et de Poliakov et qu’il ignorait à peu près tout de Gerstein, de Pfannenstiel, du camp de Belzec et du baron von Otter. Si j’avais eu droit à la parole, voici comment j’aurais procédé pour prendre la partie adverse à son propre jeu. J’aurais d’abord dit à chacun des témoins que je croyais à sa sincérité. Oui, chacun d’eux avait pu rencontrer Gerstein pendant la guerre. Oui, Gerstein leur avait fait de terribles récits. Mais ces gens avaient-ils pris ces récits au sérieux ? Je dis que non. Si ces gens-là avaient pris au sérieux ces révélations absolument sensationnelles, ils en auraient fait rapport soit, pour le baron von Otter, à ses supérieurs hiérarchiques à Stockholm, soit, pour les autres témoins, à leurs mouvements de résistance. Or, il semble aujourd’hui bien établi que personne n’est capable de montrer un rapport de ce genre, soit – comme j’ai tendance à le penser – que ces rapports n’aient jamais été rédigés, soit qu’ils aient été rédigés mais ne soient pas présentables parce que Gerstein y était décrit comme l’auteur de récits totalement impossibles à croire. Nous ne possédons par ailleurs aucun document, aucun écrit de Gerstein qui aurait été remis sur le sujet de Belzec à une personne quelconque des pays neutres ou des mouvements de résistance. Pourtant, Gerstein avait considérablement voyagé pendant la guerre en Allemagne et à l’étranger et rien ne l’empêchait de dicter un rapport ou de poster un pli, même anonyme.
J’ai une hypothèse à suggérer en ce qui concerne Otter et les autres.
Pour moi, pendant la guerre ils n’ont pas cru aux énormités racontées par Gerstein et cela pour une raison bien simple : ces énormités n’étaient pas croyables. Elles étaient et restent totalement grotesques pour quiconque les lit avec un minimum d’attention. Mais, après la guerre, Otter et les autres se sont probablement mis à croire à ce qui leur avait été raconté par Gerstein. J’imagine, dans l’atmosphère d’hystérie qui a accompagné ce qu’on a appelé la découverte des prétendus camps d’extermination, que le baron von Otter a été saisi d’un moment d’effroi rétrospectif. Il s’est rappelé ce SS et ses récits délirants. Von Otter a dû se dire qu’il avait eu à l’égard de ce SS une conduite impardonnable. Et c’est pour cette raison qu’il s’est mis en quête de Gerstein après la guerre et que, depuis 1945, pris à son jeu, il s’est, bon gré, mal gré, institué le défenseur de saint Gerstein. Pour moi, Göran von Otter doit souffrir de ce que j’appelle le complexe de Sean MacBride, le fondateur d’Amnesty International. Pendant la guerre, Sean MacBride n’avait pas voulu croire aux récits d’horreur mais, après la guerre, il s’était mis à y croire d’autant plus fort qu’il avait été d’abord sceptique. Dans Le Monde du 13 février 1982, en page 2, sous le titre de « L’Avertissement », voici ce qu’écrivait Sean MacBride :
Au milieu de la deuxième guerre mondiale, j’entretenais des relations extrêmement amicales avec l’ambassadeur des États-Unis en Irlande, David Gray, un intime de Roosevelt. Un jour, je le vis perplexe. « J’ai reçu du Département d’État », me dit-il, « des documents troublants qui font état d’une politique d’extermination menée par les nazis dans des camps spécialement aménagés à cet effet ». Je regardais les papiers qu’il détenait et, ce qui est évidemment le plus atroce, je dois l’avouer, c’est qu’ils n’apparaissaient pas très convaincants. Mes démarches pour obtenir plus de précision, puis pour alerter l’opinion, se heurtèrent à l’indifférence et au scepticisme. Ceci est resté pour moi fondamental: le génocide le plus monstrueux de l’histoire de l’humanité avait pu se développer durant cinq années dans l’ignorance la plus totale.
Soit dit en passant, cette dernière phrase de Sean MacBride témoigne d’aveuglement: comment Sean MacBride peut-il croire que, si le génocide le plus monstrueux de l’histoire de l’humanité avait pu se développer durant cinq années à la dimension d’un continent, il aurait précisément pu passer inaperçu ? Sean MacBride devrait lire l’histoire de l’éléphant telle qu’Arthur R. Butz nous la racontait dans sa conférence de l’an dernier.[24] Sean MacBride s’imagine qu’il a manqué de clairvoyance pendant la guerre et que ses yeux se sont ouverts après la guerre, alors que c’est le contraire qui s’est passé : pendant la guerre il avait été libre de son jugement et donc clairvoyant, tandis qu’après la guerre son jugement n’était plus en mesure de résister aux pressions de la plus fantastique propagande qu’ait jamais connue l’humanité. C’est un peu de la même façon qu’après la guerre des généraux ou des dignitaires nazis se sont frappé le front – et la poitrine – et ont pensé : «Maintenant je vois clair, mes yeux s’ouvrent, mes oreilles se débouchent. Je comprends, maintenant qu’on me l’explique, ce que Himmler avait dit à Posen et Hitler à Berlin ».
Pour ma part, je ne mets pas en doute la sincérité de Hans Frank, de Baldur von Schirach, du général SS Karl Wolff, ni celle du baron von Otter ou de Sean McBride. Pour ce qui est d’Albert Speer, on me permettra d’être un peu plus sceptique. À propos de ce dernier, un détail. Une association juive sud-africaine avait obtenu sa collaboration pour faire interdire en Afrique du Sud la brochure Did Six Million Really Die ? Dans la brochure en réplique, intitulée Six Million Did Die: The Truth shall prevail[25], on trouve le facsimilé de l’attestation originale en allemand signée par Albert Speer où ce dernier déclare à la fin :
La faute principale, je persiste à la voir dans mon approbation de la persécution des juifs et dans le meurtre de millions d’entre eux.[26]
C’est ce qu’écrivait Albert Speer le 15 juin 1977, mais, dans un livre paru deux ans plus tard (Technik und Macht) il reproduisait cette attestation en mettant après le mot « Billigung » (approbation) un renvoi en bas de page où se lisait le texte suivant:
Une approbation, pour en avoir détourné les yeux et non parce que j’aurais eu connaissance d’un ordre [d’extermination] et de son accomplissement. La première chose est aussi grave que la seconde.[27]
Speer parlait dans son Journal de Spandau de sa propension à l’auto-accusation[28].
On peut dire que cette propension est assez générale dans ce que Heinrich Härtle a appelé l’Allemagne du « national-masochisme ».[29]
Dans le procès Poliakov, les juges eux-mêmes ont été amenés à croire, selon leur propre formule, que « le témoignage [de Gerstein] sur le fonctionnement des camps nazis est capital ». C’est là une phrase qui fait mal à entendre pour qui connaît tant soit peu l’affaire Gerstein. Partant de là, et devant le défilé de quatre témoins, que pouvait peser notre démonstration technique sur les manipulations et fabrications de Poliakov ? Nous avions pourtant de notre côté un excellent témoin [Henri Roques] qui prépare actuellement une thèse sur les différentes confessions de Gerstein et qui avait pu prouver, textes en main, que Poliakov était un fabricateur et un manipulateur. Peine perdue. J’étais condamné pour diffamation ; le jugement devait être publié, à mes frais ; il ne l’a pas été et je pense que Poliakov n’en demandera jamais la publication. Ce jugement contient en effet des passages gênants pour un ancien directeur de recherches au CNRS. On sait que Poliakov, trouvant que chez Gerstein la chambre à gaz de Belzec était d’une superficie de 25 m2 pour sept à huit cents personnes (ce qui fait de 28 à 32 personnes debout au mètre carré), avait supprimé froidement le chiffre de 25 m2 pour le remplacer par celui de 93 m2 ; dans le jugement, il est dit qu’on « ne s’explique pas comment M. Poliakov peut fixer à 93 m2 la superficie des chambres à gaz ». Le tribunal va jusqu’à dire : « Il y a là une erreur qui pourrait bien être fautive ». Et il ajoute : « D’autres erreurs ont pu être commises », et, enfin, il dit que « M. Poliakov a pu, sur des points de détail, enfreindre la rigueur scientifique ». Mais, pour le tribunal, tout cela était contrariant sans être grave et je n’avais pas le droit de traiter M. Poliakov comme je l’avais fait. En effet, ce qui comptait aux yeux du tribunal, c’est que L. Poliakov
[avait été] animé du désir passionné et légitime d’informer le public sur une période et des faits particulièrement tragiques de l’histoire contemporaine.
[Autrement dit, le tribunal l’acquittait au bénéfice de « la bonne foi ».]
L’affaire Poliakov est allée en appel et en cassation sans plus de résultat. Je n’ai pas pu, pour des raisons de santé, me rendre à ces audiences. Le texte de l’arrêt de la cour d’appel et celui de l’arrêt de la cour de cassation sont très brefs et prouvent que ces deux instances judiciaires n’ont nullement repris l’examen de l’affaire dans le sens où elle aurait dû se présenter, c’est-à-dire dans un sens purement technique et sous la forme suivante : « Voici, d’une part, ce qu’on lit dans les textes de Gerstein et voilà, d’autre part, ce que Poliakov prétend y avoir lu ; comment ces différences s’expliquent-elles ? Et comment, d’autre part, peut-on expliquer que Poliakov lui-même ait pendant près de trente ans osé présenter sous des formes aussi différentes des textes censés être identiques ? »
J’attends avec curiosité la réaction de Poliakov et de ses amis quand sera soutenue, puis publiée, la thèse dont j’ai parlé plus haut. Le chercheur en question [Henri Roques] a fait des découvertes tout à fait intéressantes sur les écrits de Gerstein. Je préviens les amateurs de ne rien écrire sur Gerstein avant la publication de cette thèse qui sera très technique. L’affaire Gerstein apparaît de plus en plus comme une histoire de fou. L’histoire des confessions de Gerstein est très difficile à débrouiller, même sans tenir compte des reproductions malhonnêtes de ces confessions.
III. – Le procès pénal contre mon résumé de soixante mots
En plein déroulement de l’affaire civile dont j’ai longuement traité, de graves événements s’étaient produits pour Pierre Guillaume, pour ses amis et pour moi-même. Pendant quatre ans, nos adversaires ont conduit contre nous une série d’opérations (physiques et autres) qui étaient d’autant plus éprouvantes pour les santés et pour les nerfs que nous n’avions pour ainsi dire aucun moyen de répliquer. La presse, notamment, débordait d’un flot de haine à peine concevable. C’était de l’hystérie à répétition. Noam Chomsky était intervenu dans l’affaire, de façon pourtant bien anodine. M. Jean Pierre-Bloch, président de la LICRA, le 16 décembre 1980, venait parler de l’affaire sur les ondes d’Europe n° 1. Il était reçu par son ami Ivan Levaï, responsable de l’émission intitulée Expliquez-vous… M. Jean Pierre-Bloch se livrait d’entrée de jeu à de violentes attaques contre nous. Il déclarait que cette affaire coûtait des sommes considérables à la LICRA. Il prétendait que, de mon côté, j’étais payé par le colonel Khadafi et que mes ouvrages étaient traduits dans toutes les langues du monde, et qu’il avait sur sa table des traductions de mes œuvres en chinois ! Il me traitait, bien entendu, de faussaire. Ivan Levaï, de son côté, disait que l’aide que Noam Chomsky m’avait apportée était « un baiser au lépreux »; «Noam Chomsky, expliquait-il, petit-fils de rabbin et juif lui-même, avait voulu “embrasser sa propre mort” ». Grâce aux qualités manœuvrières de mon éditeur Pierre Guillaume, j’obtenais de passer le lendemain sur les ondes de la même radio. Ivan Levaï, surexcité, me coupait constamment la parole. C’est alors que je prenais une grave décision. Je décidais que, puisque, pour une fois, j’avais le droit à la parole pendant quelques minutes, j’allais en profiter pour prononcer une phrase de soixante mots que j’avais depuis longtemps en tête et qui résumait le fond de ma pensée sur toute cette question des chambres à gaz et du génocide.
Si j’ai tant étudié autrefois la question des chambres à gaz, ce n’est évidemment pas en vertu d’une curiosité morbide pour le sujet. La chambre à gaz, la magique chambre à gaz, est la clé de voûte d’une immense construction qui s’appelle le mensonge de l’Holocauste. Si je me suis intéressé à cette clé de voûte, c’est parce qu’elle était le meilleur point par lequel je pouvais m’attaquer à cet immense édifice. Je crois pouvoir dire que maintenant, dans les milieux scientifiques, on ne croit plus guère aux chambres à gaz. Je pense ici à des historiens comme Raul Hilberg et non à des individus comme Élie Wiesel. Selon une formule employée par Céline en 1950, à la sortie d’une lecture du Mensonge d’Ulysse de Paul Rassinier, « C’était tout, la chambre à gaz ! Ça permettait TOUT![30] » Aujourd’hui, la clé de voûte du mensonge de l’Holocauste s’effrite et, par conséquent, l’immense construction est en péril. La chambre à gaz est l’arme du crime ; le génocide est le crime ; tous deux forment un seul et même mensonge historique ; s’il y a mensonge, il faut dire qui sont les bénéficiaires et qui sont les victimes ; en notre siècle tout devient rapidement une question d’argent et de politique ; il faut donc dire si ce mensonge a ouvert la voie à une escroquerie politico-financière, et à laquelle.
Il ne faut pas longtemps pour se rendre compte que l’affaire de l’Holocauste est principalement utilisée par l’État d’Israël ; c’est le mythe fondateur de cet état et l’arme n° 1 de sa propagande ; je ne le reproche pas à ce pays ; je fais là une constatation. Je n’ai pas la naïveté d’oublier que tous les États se fondent en partie sur le crime, le sang, l’expropriation, l’injustice, la force, le mythe et le mensonge. Ici je désigne le mythe fondateur de l’État d’Israël ; cela ne veut pas dire que je sois hostile à cet état et à ses citoyens. À l’inverse, je constate le mal que ce grand mensonge fait au peuple allemand et ce qu’il a permis de faire au peuple palestinien; et je suis bien obligé de constater que l’Allemagne, amputée d’un tiers de son territoire, scindée en deux parties, occupée par quatre armées, a des dirigeants qui, apparemment, sont obligés de pratiquer de la Realpolitik : c’est ainsi que les voix des dirigeants de l’Allemagne de l’Ouest font entendre la voix de leurs libérateurs de l’Ouest et que les dirigeants de l’Allemagne de l’Est font entendre la voix de leurs libérateurs de l’Est. C’est ce que j’ai voulu résumer dans ma phrase de soixante mots que j’ai, à la radio, fait précéder de l’avertissement suivant :
Attention ! Aucun de ces mots ne m’est inspiré par une sympathie ou une antipathie politique !
Voici cette phrase que j’ai, par la suite, si souvent entendu lire devant les tribunaux, dans un silence et une attention extrêmes :
Les prétendues chambres à gaz hitlériennes et le prétendu génocide des juifs forment un seul et même mensonge historique qui a permis une gigantesque escroquerie politico-financière, dont les principaux bénéficiaires sont l’État d’Israël et le sionisme international, et dont les principales victimes sont le peuple allemand – mais non pas ses dirigeants – et le peuple palestinien tout entier.
Je savais d’avance que cette phrase serait l’objet de toutes sortes de malentendus sincères ou feints. En tout cas, je sais quelle en est la partie la plus sacrilège et la plus terrible à entendre : c’est la partie où je distingue le peuple allemand de la masse de ses dirigeants. Il faut croire que j’ai ouvert là une boîte de Pandore. Beaucoup de journaux ont censuré les cinq mots « mais non pas ses dirigeants ». Gitta Sereny Honeyman l’a fait en coupant ma phrase à cet endroit et en remplaçant les cinq mots par trois points de suspension. Arrivée à cet endroit, je suppose que, si elle est chrétienne, elle a dû faire son signe de croix.[31]
L’escroquerie financière n’a jamais été à l’origine du grand mensonge. Le grand mensonge aurait pu ne pas avoir ce prolongement-là, mais il se trouve qu’il l’a eu et que je vise très particulièrement ici le sioniste Nahum Goldmann et l’Israélien David Ben Gourion. Je défie un honnête homme de garder son sang-froid à la lecture du livre où N. Goldmann raconte comment il est arrivé à extorquer d’un Adenauer paralysé les formidables réparations de l’Accord dit de Luxembourg du 10 septembre 1952.[32] C’est du racket de grand style ; c’est le summum du poker tricheur, tout cela sur un fond de sentimentalité préfabriquée.[33]
Les bénéficiaires non principaux de toute cette affaire sont l’ensemble des vainqueurs de la seconde guerre mondiale ; en effet, si les chambres à gaz homicides des Allemands n’ont pas existé, le « crime de guerre » par excellence pourrait être le gigantesque crématoire pour vivants de Dresde, ou Hiroshima ou Katyn.
Les victimes non principales sont le Vatican, le Comité international de la Croix-Rouge, tous deux accusés par les exterminationnistes de n’avoir pas vu et dénoncé les chambres à gaz et le génocide ; à propos des victimes non principales, il convient de souligner que les jeunes juifs sont, eux aussi, à leur manière, les victimes de cette religion ténébreuse et aberrante de l’Holocauste.
La LICRA, le MRAP et l’Amicale des anciens déportés d’Auschwitz déposaient, à la suite de l’audition de cette phrase, une plainte pour diffamation raciale (ce qui n’est pas bien grave) et une plainte pour incitation à la haine raciale (ce qui est grave).
Je n’ai pas pu assister au procès de première instance devant la même XVIIe chambre correctionnelle. La description m’a été faite de l’atmosphère détestable dans laquelle tout s’est déroulé. Je dois ici rendre un hommage particulier à Claude Karnoouh et à Jacob Assous, tous deux traités de renégats par leurs coreligionnaires juifs. Tous deux sont allés sensiblement plus loin que J.-G. Cohn-Bendit dans leur soutien à la thèse révisionniste. C. Karnoouh, membre du CNRS, parlait devant le tribunal de la « révolution » apportée dans le travail de recherche historique par les découvertes révisionnistes et J. Assous déclarait, pour sa part, qu’il ne croyait plus maintenant ni aux chambres à gaz, ni au génocide. Des scènes pénibles se produisirent.
Quant au tribunal, il rendit un jugement qui restera dans les annales de la justice française. J’étais condamné pour les deux motifs de diffamation raciale et d’incitation à la haine raciale et cela à deux reprises car le procès était double (d’un côté la LICRA, et, de l’autre, le MRAP et l’Amicale d’Auschwitz). On me condamnait à trois mois de prison avec sursis (ce qui n’était pas grave) et à une peine d’amende (ce qui est banal), à payer des insertions du jugement dans la presse (ce qui est rituel), mais aussi – fait sans précédent en France – à payer le temps de lecture du jugement à la radio et à la télévision à heure de grande écoute. Le prix m’en serait revenu à l’époque à la somme astronomique pour moi de 3 600 000 F. Pour son honneur, un journal français réagit assez vivement contre cette avalanche de procès, de condamnations et d’amendes : il s’agit du journal de gauche Libération. La plupart des journaux, sans doute gênés d’avoir à rapporter pareille nouvelle, cachèrent le fait que le tribunal avait institué une nouvelle peine : ces lectures dispendieuses à la radio et à la télévision d’un jugement de tribunal.[34]
En seconde instance, je pus assister au procès et m’expliquer. Il se produisit un fait inattendu : la cour d’appel maintint la condamnation à trois mois de prison avec sursis mais elle supprima le motif d’incitation à la haine raciale ; par-dessus tout, elle supprima toute mesure de publication, même dans la presse ; je pense qu’elle s’était rendu compte que les journaux, la radio et la télévision avaient déjà fait suffisamment de tapage autour de mes condamnations.
Pour la première fois dans ces années de lutte, je crus trouver un peu d’oxygène. Ainsi, par cet arrêt du 23 juin 1982, j’apprenais que je n’aurais pas à payer trois millions six cent mille francs. C’est dix mois plus tard, le 26 avril 1983, que j’apprenais une autre bonne nouvelle : celle de l’arrêt qui déclarait à mon propos : «Personne ne peut, en l’état, le convaincre de mensonge… » Sans doute s’agissait-il, dans les deux cas, comme dans le cas Poliakov, de condamnations, mais il faut bien admettre que ces condamnations allaient en s’allégeant considérablement.
IV. – Quelques événements en marge des trois procès
Au fil des années 1981, 1982 et 1983, mes condamnations s’allégèrent progressivement de façon notable au point de provoquer le désarroi de la LICRA et des exterminationnistes. Pour finir, la première chambre de la cour d’appel avait presque fini par dire : « Les révisionnistes ont raison de nier l’existence des chambres à gaz et de refuser toute valeur aux témoignages en sens contraire ». Pour m’en tenir strictement à ce que cette cour d’appel a décidé le 26 avril 1983, je crois pouvoir dire que cet arrêt, appelé à faire jurisprudence, a permis de marquer au moins deux points :
1. Il ne semble plus permis en France de nous traiter, comme on l’a fait de toutes parts pendant plus de quatre ans, de menteurs, de faussaires, de falsificateurs, ou encore de nous accuser de mauvaise foi, de légèreté, de négligence et d’ignorance délibérée ;
2. Il semble désormais permis, en se fondant sur les travaux révisionnistes, de dire que les chambres à gaz homicides des Allemands n’ont pas eu d’existence dans la réalité et de suspecter tous les témoignages émis en sens contraire depuis quarante ans ; toutefois, ces opinions, contraires à la vérité officielle, peuvent être émises sous réserve de marquer, encore mieux que je ne l’ai fait, du respect pour les victimes des persécutions et des déportations et à condition de veiller, avec encore plus de soin que je n’en ai eu, à ne paraître outrageant ou blessant pour personne.
J’ignore à quoi attribuer cette évolution favorable des tribunaux français. Je croirais volontiers que nous en sommes en partie redevables à l’action politique de Menahem Begin telle qu’elle a été perçue en France et dans le monde. Il y a aussi les crises de délire collectif que la presse et les pouvoirs publics ont déclenchées ou laissé se déclencher en France à propos de la projection du docu-drame Holocauste, de l’attentat contre la synagogue de la rue Copernic, de l’attentat contre un restaurant juif de la rue des Rosiers, de l’affaire Papon, de l’affaire Barbie ou de l’affaire des carnets de Hitler. Selon la formule de Dominique Jamet, un éditorialiste du journal Le Quotidien de Paris (publication qui a pourtant tendance à voir des antisémites partout), les Français ont pu finir par avoir l’impression que les sionistes cherchaient finalement « à tirer des chèques en blanc sur l’Holocauste ».
Mais, sur le sujet même des chambres à gaz et du génocide, il y a en France un trouble manifeste des esprits quant à la doctrine officielle. Ce trouble s’est traduit par les quelques faits suivants :
• P. Vidal-Naquet publie « Un Eichmann de papier » ; je publie ma Réponse à P. Vidal-Naquet
En 1980 Pierre Vidal-Naquet eut la maladresse de publier contre moi un travail d’amateur intitulé « Un Eichmann de papier », avec un complément de Pitch Bloch ; le tout a été repris avec des changements et des additions dans Les Juifs, la mémoire et le présent. Je répondis à cette publication dans ma Réponse à Pierre Vidal-Naquet. Toute question de polémique mise à part, il est intéressant de constater à quel point P. Vidal-Naquet a été obligé de faire des concessions au révisionnisme historique : sur le Journal d’Anne Frank à l’authenticité duquel il ne croit plus, sur les aveux extorqués aux nazis, sur Pery Broad, sur le procès de Nuremberg, sur les faux témoignages et impostures concernant le chapitre des chambres à gaz, etc.
• Georges Wellers publie Les chambres à gaz ont existé
En 1981 Georges Wellers publiait un livre intitulé Les chambres à gaz ont existé. Des documents, des témoignages, des chiffres. Ce livre a beaucoup servi notre cause, d’abord par son titre, ensuite par son contenu. Il est consacré à Auschwitz. L’auteur n’a pas osé y faire paraître une seule photo de la chambre à gaz qu’on visite à Auschwitz-I, ni une photo des ruines de chambres à gaz d’Auschwitz-Birkenau, ni une photo des diverses reconstitutions et maquettes du musée d’Auschwitz. En revanche, il a reproduit les photos aériennes publiées par Brugioni et Poirier qui, si elles prouvent quelque chose, c’est bien l’impossibilité de l’existence de chambres à gaz à Auschwitz. Wellers n’a fourni que des photos de plans de crématoires. Il n’a pas osé produire une seule des nombreuses photos qu’on possède des crématoires eux-mêmes. Il a tronqué des textes. Je recommande toujours son ouvrage à ceux qui croient que les chambres à gaz ont existé.
• Même dans Le Monde juif l’exterminationnisme bat en retraite
Georges Wellers aggravait son cas l’année suivante. Devant les progrès des révisionnistes, il semble avoir eu une réaction de panique. Il s’est mis à battre en retraite d’une façon subite et déconcertante. Dans la revue qu’il dirige, il a préfacé une longue et fastidieuse étude dont la thèse, tout à fait inattendue, est la suivante : à considérer les plans des Krema-IV et V d’Auschwitz-Birkenau et à considérer les reconstitutions matérielles que nous pouvons opérer à partir des ruines, il faut bien se rendre à l’évidence : ces bâtiments n’ont jamais été conçus ni construits autrement que comme de vulgaires crématoires et non pour contenir des chambres à gaz homicides. Cependant, comme il y a des témoignages qui disent que ces bâtiments ont servi au gazage, puis à la crémation de milliers de gens, il faut croire que les Allemands ont, par la suite, procédé à des transformations ; cependant, dit l’auteur, il faut admettre que tout cela respire, de la part des Allemands, l’improvisation hâtive et le « bricolage ».[35] C’est dans cette étude qu’il apparaît que les seules mentions ou les seuls vestiges matériels de chambres à gaz qu’on ait pu trouver à Auschwitz concernent des chambres à gaz de désinfestation.
• 21 avril 1982 : Les exterminationnistes créent une association pour la recherche des preuves de gazages
Rien ne montre mieux l’évolution de la situation que le fait que je vais maintenant rapporter. On se souvient de la fameuse déclaration des trente-quatre historiens dans Le Monde du 21 février 1979. Vidal-Naquet et Poliakov en avaient pris l’initiative. Dans cette déclaration, il était dit que le génocide était une vérité d’évidence et qu’il ne fallait pas se demander comment un tel meurtre de masse avait été techniquement possible :
Il ne faut pas se demander comment, techniquement, un tel meurtre de masse a été possible. Il a été possible techniquement puisqu’il a eu lieu. Tel est le point de départ obligé de toute enquête historique sur ce sujet. Cette vérité, il nous appartenait de la rappeler simplement : il n’y a pas, il ne peut y avoir de débat sur l’existence des chambres à gaz.
C’est de cette mémorable déclaration, due à trente-quatre historiens dont pas un seul, sauf L. Poliakov, n’était spécialiste de la période considérée, que Lucy S. Dawidowicz pensait qu’elle « pouvait bien servir de guide aux historiens américains»[36].
Vidal-Naquet s’est mis personnellement trois fois en contradiction avec une telle affirmation. D’abord, en invitant les signataires à se mettre au travail sur la question des chambres à gaz ; c’est ce qu’il devait involontairement et ingénument reconnaître dans l’ouvrage susmentionné, Les Juifs, la mémoire et le présent, sorti des presses en janvier 1981 et où on lit en page 196 :
Bon nombre d’historiens ont signé la déclaration publiée dans Le Monde du 21 février 1979 ; très peu se sont mis au travail, une des rares exceptions étant F. Delpech.
Puis il s’est mis en contradiction avec lui-même en publiant Un Eichmann de papier. Mais, surtout, il est parvenu au summum de la contradiction le 21 avril 1982. Ce jour-là, une étrange association déposait ses statuts à la préfecture de police de Paris : l’ASSAG (Association pour l’étude des assassinats par gaz sous le régime national-socialiste). Cette association se donnait pour objet, selon son propre statut, de
rechercher et contrôler les éléments apportant la preuve de l’utilisation des gaz toxiques par les responsables du régime national-socialiste en Europe pour tuer les [sic] personnes de différentes nationalités ; contribuer à la publication de ces éléments de preuve ; prendre à cet effet tous les contacts utiles au plan national et international [en particulier avec le groupe de travail international animé par Hermann Langbein].
Parmi les membres de cette association figurent Vidal-Naquet, Wellers, Bernard Jouanneau, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Germaine Tillion, le chef de cabinet du ministre des Anciens Combattants, un membre du ministère de la Culture, un ancien membre du ministère de l’Intérieur, le directeur de la Documentation française et quelques autres célébrités. La responsable est Mme Postel-Vinay. L’ASSAG sera dissoute quand elle aura fini son travail. Aux dernières nouvelles, elle est devenue une sorte d’association clandestine ; elle cherche à se cacher ; si on l’interroge sur son travail, Mme Postel-Vinay répond que l’ASSAG «en est au stade de la réflexion».
• Une grande exposition officielle antirévisionniste ; un tract révisionniste en dénonce les supercheries ; la poursuite de l’exposition est annulée
En même temps était mise sur pied par le ministère des Anciens Combattants une opération annoncée à son de trompe comme devant répliquer à la « banalisation du nazisme ». Cette expression, qui semble avoir été lancée par Simone Veil, a d’abord le sens suivant : on tend aujourd’hui à faire du nazisme un phénomène banal en minimisant ses horreurs, lesquelles auraient été sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Mais cette expression est aussi employée pour éviter le mot de «négation» (négation de l’Holocauste). En 1981 Alain Finkielkraut publiait contre le révisionnisme un livre intitulé L’Avenir d’une négation (je ne peux parler de ce livre ; je ne comprends pas la langue de M. Finkielkraut).
La vaste et coûteuse opération montée par le ministère des Anciens Combattants et, en particulier, par une Mlle Jacobs, était une exposition de la déportation. Dressée sur la place du Trocadéro à Paris, elle devait ensuite faire le tour de toutes les grandes villes de France. Je visitais attentivement cette exposition qui disposait de moyens sophistiqués. J’y relevais quelques belles supercheries. Avec Pierre Guillaume je rédigeais un tract où étaient décrites ces supercheries. Seuls quelques tracts allaient être distribués (clandestinement, à cause de la présence de la police). Le résultat ne se fit pas attendre. À sa fermeture, l’exposition était transférée dans une ville de l’ouest de la France (le ministère des Anciens Combattants n’avait pas eu le temps de revenir sur la décision prise) ; après quoi la coûteuse exposition disparaissait définitivement du circuit. Elle a probablement été remisée dans le garde-meubles du ministère. Mlle Jacobs répond officiellement que cette exposition est l’objet de retouches ; la date de la fin des retouches n’est pas prévisible, ajoute-t-elle.
• Un colloque international de la Sorbonne de sens antirévisionniste se termine sur un constat d’échec
L’offensive antirévisionniste allait connaître son apogée avec le colloque international sur « L’Allemagne nazie et l’extermination des juifs ». Le colloque se tint à la Sorbonne sous l’égide de la Sorbonne, de l’École des hautes études en sciences sociales et… de la Fondation du judaïsme, du 29 juin au 2 juillet 1982. Vidal-Naquet, professeur d’histoire de l’antiquité à l’École des hautes études en sciences sociales, en était la cheville ouvrière. Les présidents étaient Raymond Aron et François Furet, tous deux d’origine juive comme Vidal-Naquet lui-même et comme une bonne partie des participants. Je demandais de participer à ce colloque ou à y assister avec l’engagement, si nécessaire, de ne pas y prendre la parole. F. Furet me refusa cette présence même muette, parce qu’il avait lu certains de nos ouvrages, qu’il savait que je niais l’existence des fours crématoires (sic) et parce que j’étais tenu pour un imposteur par la communauté scientifique. J’eus beau lui faire remarquer que le meilleur moyen de démasquer un imposteur était de le faire venir s’expliquer en public, F. Furet maintint son refus. R. Aron, homme pourtant plein de finesse, me répondait : « Vous comprenez, il y a des vérités qui sont établies pour toujours ».
Le colloque se tint dans un étonnant contexte de mesures policières et de fouilles individuelles par des jeunes gens de la Fondation du judaïsme. Le stationnement le long des trottoirs de la Sorbonne était interdit. Malgré cela, Pierre Guillaume et moi-même nous parvenions à faire une brève incursion dans le hall, le temps de distribuer quelques exemplaires de ma Réponse à P. Vidal-Naquet (brochure qui venait juste de paraître), y compris à l’intéressé lui-même qui me croyait mort. Les vigiles vécurent pendant plusieurs jours dans la hantise d’une apparition de ceux qu’ils appelaient les « faurissoniens ». Le colloque, ainsi que nous devions l’apprendre par diverses voies, allait tourner au fiasco et à la dispute. D’abord apparut la pittoresque division entre « intentionnalistes » et « fonctionnalistes » de la solution finale ; ce phénomène de transformation d’historiens en métaphysiciens prouvait la déliquescence de la thèse exterminationniste. P. Vidal-Naquet se fit insulter et traiter de « faurissonien » – suprême injure – parce qu’il avait écrit « Un Eichmann de Papier ». R. Aron et F. Furet qui, au fond, ne connaissaient rien de l’histoire du prétendu génocide découvrirent progressivement que la thèse exterminationniste reposait en grande partie sur des spéculations et des supputations plutôt que sur des faits historiquement établis. Il était prévu que, pour donner plus de retentissement à ce colloque, ce dernier serait suivi d’une conférence de presse. Vidal-Naquet n’y parut pas. Les professeurs Furet et Aron furent seuls à tenir cette conférence qui, avec leur accord, fut enregistrée par un Australien de nos amis. Il en ressortit que les deux professeurs venaient de découvrir que, « malgré les recherches les plus érudites », on n’avait jamais pu trouver un ordre de Hitler d’exterminer les juifs. Mieux, Raymond Aron déclarait : « Dans le déroulement, on n’a pas trouvé l’activité personnelle de Hitler ». Interrogés sur les procès intentés à Faurisson, les deux professeurs répondaient qu’à titre personnel ils trouvaient ces procès absurdes et Raymond Aron commençait une phrase qui est la suivante :
Je trouve absurde que des organisations juives fassent des, des… [inaudible].
Le contexte donne à entendre que le mot manquant était celui de « procès » ou un terme approchant. Les deux professeurs se risquaient jusqu’à dire qu’il leur semblait que Vidal-Naquet lui-même était peut-être hostile à ces procès. Or, Vidal-Naquet avait, en fait, de 1979 à 1982, joué le rôle d’un procureur ou d’un commissaire politique dans tous mes procès.
• Deux interviews de Raul Hilberg montrent son désarroi
Avant ce colloque, le journaliste français, d’origine juive, Guy Sitbon, correspondant permanent du Nouvel Observateur aux États-Unis, avait eu un entretien avec Raul Hilberg. Je souhaiterais la publication de cet entretien en anglais. Guy Sitbon appartenait à l’hebdomadaire qui m’avait le plus vivement attaqué en 1979, mais cela avait été l’occasion pour moi de prendre contact avec certains journalistes du Nouvel Observateur et, en particulier, avec son directeur, Jean Daniel ; j’avais eu avec ce dernier un échange de lettres qui l’avait, je pense, indigné, bouleversé et instruit. Dans son entretien avec R. Hilberg, G. Sitbon ne ménageait pas l’historien et, sur la question des chambres à gaz, on peut dire qu’il le mettait au pied du mur. C’est depuis la lecture de cet entretien que les Français ont pu se rendre compte que Hilberg ne possède aucun argument en faveur de l’existence des chambres à gaz. Du moins n’a-t-il visiblement pas été en mesure, à mon avis, d’en fournir un seul à Guy Sitbon. Au passage, Hilberg déclarait à propos des révisionnistes :
Je dirai que, d’une certaine manière, Faurisson et d’autres, sans l’avoir voulu, nous ont rendu service. Ils ont soulevé des questions qui ont eu pour effet d’engager les historiens dans de nouvelles recherches. Ils ont obligé à rassembler davantage d’informations, à réexaminer les documents et à aller plus loin dans la compréhension de ce qui s’est passé.[37]
Un autre entretien avec Hilberg est intéressant, mais à un moindre degré parce que l’interrogateur ne connaissait pas son sujet aussi bien que Guy Sitbon. Voyez tout de même : « The Holocaust in Perspective », par George DeWan, où on lit notamment ceci à propos du génocide :
But what began in 1941 was a process of destruction not planned in advance, not organized centrally by any agency. There was no blueprint and there was no budget for destructive measures. They were taken step by step, one step at a time. Thus came about not so much a plan being carried out, but an incredible meeting of minds, a consensus–mind reading by a farflung bureaucracy. (Mais ce qui commença en 1941 fut un processus de destruction [des juifs] non planifié à l’avance, non organisé ni centralisé par une agence quelconque. Il n’y eut pas de schéma directeur et il n’y eut pas de budget pour les mesures de destruction. Celles-ci furent prises étape par étape, une étape à la fois. Le résultat fut qu’il se réalisa non tant un plan qu’une incroyable rencontre des esprits – un consensus télépathique au sein d’une vaste bureaucratie.)
Bien sûr, on aimerait que R. Hilberg récrive maintenant son ouvrage sur la destruction des juifs européens à la lumière de la nouvelle vision qu’il nous donne ainsi. Le « step by step » (le processus étape par étape) serait intéressant à examiner et, notamment, le « step » qui aurait vu des bureaucrates allemands décider de la construction des chambres à gaz, lesquelles, étant des réalités physiques, auraient eu besoin, pour être conçues, réalisées et mises en œuvre, d’études techniques novatrices, de plans de masse et de plans de détails, de concertations purement techniques entre ingénieurs, architectes, médecins spécialisés en toxicologie et militaires, sans compter les autorisations de livraison de matériel en temps de guerre, les missions de travail ou d’inspection, un énorme budget, une entente avec les chemins de fer allemands, avec les usines productrices de coke, avec la maison Topf & Söhne, avec la DEGESCH, la DEGUSSA et bien d’autres entreprises chimiques, et tout cela, bien entendu, avec des mesures draconiennes pour assurer le secret des préparatifs (ce qui n’est peut-être pas du tout impossible), le secret du fonctionnement (ce qui est redoutablement difficile) et la disparition, en cas de défaite militaire suivie d’une ouverture de toutes les archives par l’ennemi, de la moindre trace du plus formidable crime de tous les temps (ce qui est humainement impossible). Hilberg a du travail en perspective, ne serait-ce que sur le « step » des chambres à gaz ; il devrait suspendre toute autre recherche au bénéfice de cette recherche-là.
• Signes de progrès du révisionnisme historique en France
Edgar Morin, sociologue de grande réputation, d’origine juive, écrivait dans son livre Pour sortir du XXe siècle, p. 192, la simple phrase suivante :
Il importe, à mon avis, de re-vérifier la chambre à gaz dans les camps nazis.
Ce singulier de « la chambre à gaz » a son importance. Edgar Morin a étudié en spécialiste le phénomène des rumeurs. S’il parle de « la chambre à gaz », c’est qu’il s’agit pour lui de la chambre à gaz comme représentation (possible) de l’esprit.
August von Kageneck est correspondant de Die Welt à Paris. Dans ses apparitions à la télévision française, il n’est pas tendre pour les nazis. Or, il publiait en janvier 1983 dans Le Quotidien de Paris un article intitulé « Le danger révisionniste » dans lequel il écrivait :
Des « révisionnistes » font leur apparition et mettent en doute le caractère criminel du régime hitlérien […]. Pour eux, il n’y avait pas de plan d’extermination pour les juifs ; leur drame (si drame il y avait car les camps de la mort sont une invention des juifs) était la conséquence de la guerre imposée à l’Allemagne. – De tels arguments sont dangereux car ils contiennent une part de vérité […]. Il serait donc sage d’examiner sérieusement certains de ces arguments et de séparer le bon grain de l’ivraie.[38]
Le 27 avril 1983, pour la première fois, je suppose, une publication en langue arabe de bonne tenue publiait une interview très soignée et ornée de photos d’une vraie chambre à gaz américaine et de la fausse chambre à gaz d’Auschwitz sous le titre :
Le professeur Faurisson : « Les chambres à gaz nazies et le génocide des juifs : mensonge historique ».[39]
Le 15 juin 1983, Le Monde, en page 10, rapportait qu’à l’occasion de l’affaire Barbie Monseigneur Albert Decourtray, archevêque de Lyon, dénonçait
le puissant et inquiétant courant contemporain de banalisation du nazisme, auquel les chrétiens ne sauraient consentir.
Le révisionnisme a fait son entrée dans un récent manuel d’histoire destiné aux élèves préparant le baccalauréat. Il est, bien entendu, dénoncé comme un danger. Voici en quels termes :
L’impossible oubli. – Près de quarante ans après la libération des camps par les Alliés, les « révisionnistes » continuent de nier le génocide et cherchent à réhabiliter les nazis, malgré les nombreux témoignages, documents et travaux historiques qui en attestent la véracité. Il convient donc de rappeler avec force que les chefs nazis ont bien ordonné, organisé et fait exécuter l’Holocauste à partir de 1941. Dès 1942, le monde entier disposait d’informations sur l’extermination en cours. Les Allemands savaient : « Il ne faut pas croire ceux qui prétendent qu’ils ne savaient pas », a déclaré le Dr Frank au procès de Nuremberg. Les pays neutres, la Croix-Rouge, les Églises, le Vatican, les alliés savaient, mais le « terrifiant secret » a été étouffé jusqu’à la Libération.[40]
Parfois, les journalistes semblent éprouver de la gêne à employer l’expression de «chambre à gaz». Le journaliste André Wurmser, dans le journal communiste L’Humanité, cite « les fours crématoires et les chambres de torture[41] ».
Un phénomène significatif, du côté de ce qu’on appelle l’extrême droite, laquelle représente environ 2% de l’électorat français, est qu’elle vient de sortir de la réserve et de la crainte où elle se tenait. Un hebdomadaire de qualité comme Rivarol a fini par parler des révisionnistes et même avec des révélations intéressantes. Dans un article intitulé « La vérité au compte-gouttes », l’éminent critique Robert Poulet écrit:
Je connais des historiens de premier plan, spécialistes de l’époque 1933-1945, qui se déclarent « dans l’impossibilité de dire dès à présent le fond de [leur] pensée, parce qu’elle ne serait pas acceptée du public, même le plus cultivé ». Ils ont pris leur parti de le « préparer progressivement » à une évolution dont ils n’escomptent pas l’aboutissement – au-delà des mensonges et des préjugés qui remplissent les journaux et les bibliothèques – avant de longues années.[42]
Jacques Benoist-Méchin, récemment décédé, avait écrit une monumentale Histoire de l’armée allemande ; en 1966, il en avait publié le sixième tome qui s’arrêtait en septembre 1939. Rivarol, juste après la mort de l’historien, publiait un texte de l’avocat Charles Filippi. Ce dernier y révélait pourquoi J. Benoist-Méchin disait avoir interrompu son œuvre à cette date. Voici la réponse qu’il aurait donnée par écrit à son ami Charles Filippi :
C’est que, pour la première fois dans l’histoire, on en est arrivé à un point où l’on ne peut plus écrire l’histoire sans se faire complice d’un énorme mensonge […] Maurice Bardèche fut incarcéré pour avoir dénoncé la mascarade de Nuremberg. — Trente-cinq ans après, c’était le Professeur Faurisson qui non seulement était voué à l’exécration populaire, mais encore privé de sa chaire d’enseignement [ici, J. Benoist-Méchin fait erreur] pour ne pas admettre la seule version autorisée des camps et des chambres à gaz. Telle est l’explication de mon silence.[43]
J. Benoist-Méchin était-il trop pessimiste ?
Un historien français, courageux mais d’une grande prudence, vient de publier dans Le Figaro (8 juillet 1983, p. 2) un habile compte rendu du récent ouvrage de Serge Klarsfeld sur Vichy et les juifs (Vichy-Auschwitz) ; il y démasque subtilement en Klarsfeld un « justicier » qui essaie de se faire passer pour un historien et dont l’éditeur ne recule pas devant la manipulation photographique, « subterfuge de librairie ». Cet historien, à qui il est arrivé de commettre lui-même de graves erreurs dans le sens exterminationniste, est Henri Amouroux, auteur d’une remarquable série non encore achevée et intitulée La Grande Histoire des Français sous l’Occupation (éd. Robert Laffont). Mais Klarsfeld lui-même se met par moments à suivre l’exemple révisionniste et il commence une ébauche de vérification de ce qu’il publie. Dans Vichy-Auschwitz, il s’avise de reconnaître que les photos dont on prétend qu’elles représentent les juifs parqués au Vélodrome d’hiver en 1942 (des photos qui ont fait le tour du monde et qui sont dans une quantité d’ouvrages et de musées) représentent en réalité des « collaborateurs » des Allemands parqués au Vélodrome d’hiver en 1944. Il reste à Klarsfeld à ne plus tronquer des photographies de Drancy pour les faire apparaître pitoyables. Il lui reste surtout à éventuellement ressusciter tous les juifs qu’il a présentés comme morts dans son Mémorial de la Déportation des Juifs de France sans vérifier sérieusement s’ils étaient morts.
Même les duettistes Michaël R. Marrus, de l’université de Toronto, et Robert O. Paxton, de Columbia University, tous deux spécialistes d’histoire française contemporaine, sont en progrès révisionniste ; leur récente étude sur « The Nazis and the Jews in Occupied Western Europe, 1940-1944 » laisse l’impression que la prétendue volonté d’extermination des juifs a été un échec relatif. Ils reconnaissent qu’en France, un pays si longuement occupé par les Allemands, seul environ un cinquième des juifs (français, étrangers, apatrides, indéterminés) ont été déportés, ce qui implique que les quatre autres cinquièmes environ ne l’ont pas été : étrange résultat d’une prétendue volonté d’extermination systématique. Cela dit, leur étude regorge encore d’inventions de la propagande de guerre. Par exemple, si, à la page 714, ils écrivent qu’à la date du 24 octobre 1944 « l’usine de mort située en Pologne n’allait plus fonctionner que quelques jours encore », ce ne peut être que par allusion à l’ordre de Himmler de mettre fin à l’extermination des juifs par le gaz : un ordre purement mythique daté avec précision du 22 (ou du 25) novembre 1944. Il y a longtemps que les historiens savent que cet ordre n’a jamais pu être produit.[44]
Un certain courage commence à se manifester en France. Le fait le plus spectaculaire à ce propos ne manque pas de pittoresque. La revue Lui, qui est l’équivalent français de Playboy et qui, à côté d’articles lestes et de photos de nus, a l’habitude de reproduire des interviews de personnalités politiques sur des sujets graves, vient de publier une remarquable interview de Léon Degrelle et ce dernier, comme s’en doutent ceux qui le lisent, a su trouver des formules suggestives pour exprimer son scepticisme, sinon son incroyance totale, à propos des chambres à gaz.[45]
Ce courage est communicatif. Dans un domaine sensiblement différent, l’avocat de Klaus Barbie, Me Jacques Vergès, au lieu de jouer le jeu habituel des avocats depuis la Libération qui consiste à ne lever aucun lièvre, vient de faire remarquer que son client était en prison en vertu d’une loi qui n’existe pas en France ; en effet, jamais, semble-t-il, le parlement français n’a voté de loi sur les crimes dits « contre l’humanité » ; il n’existe donc aucune échelle de peines et Barbie n’est en prison qu’au titre des crimes qu’il aurait commis « contre l’humanité ». Il semble qu’un des milieux les plus touchés par l’influence encore bien modeste du révisionnisme historique soit celui des avocats et des magistrats de Paris et de Lyon.
• Inquiétude grandissante de Simone Veil : pour elle, il n’y a ni preuve, ni témoins des chambres à gaz parce que les nazis auraient tout fait disparaître
Simone Veil montre une inquiétude grandissante devant ce qu’elle appelle la «banalisation du nazisme». Deux semaines après l’arrêt de la cour d’appel de Paris du 26 avril 1983 paraissait dans France-Soir magazine une interview de Simone Veil; le titre en était : « La mise en garde de Simone Veil à propos des carnets de Hitler: “On risque de banaliser le génocide”.[46] » Voici en quels termes elle rattachait mon procès civil à l’affaire des carnets de Hitler. La liaison des idées n’est pas trop claire mais on voit tout de même bien l’inquiétude de la personne :
Ce qui me frappe aujourd’hui, c’est le paradoxe de la situation : on publie un journal attribué à Hitler avec un grand renfort de publicité et beaucoup d’argent sans, semble-t-il, prendre de grandes précautions pour s’assurer de son authenticité, mais, dans le même temps, au cours d’un procès intenté à Faurisson pour avoir nié l’existence des chambres à gaz, ceux qui intentent le procès sont contraints d’apporter la preuve formelle de la réalité des chambres à gaz. Or, chacun sait que les nazis ont détruit ces chambres à gaz et supprimé systématiquement les témoins.
Sur cette réaction au procès civil, je ferai quelques remarques :
1) « Chacun sait » n’est pas un argument sérieux ;
2) Il est paradoxal que S. Veil, magistrat de formation, s’étonne de ce qu’on demande à un accusateur d’essayer de fournir la preuve de son accusation ;
3) Les avocats de la partie adverse, parmi lesquels figurait un fils de S. Veil, avaient pendant quatre ans soutenu qu’il existait une foule de preuves et une abondance de témoignages sur l’existence des chambres à gaz ; selon une déclaration de M. Jean Pierre-Bloch, « les meilleurs avocats » de la LICRA, « Mes Jouanneau, Badinter et Marc Lévy », avaient été envoyés en Pologne et à Jérusalem pour recueillir de telles preuves ; le tribunal de première instance et la cour d’appel avaient été inondés d’un flot de pièces ; la partie adverse avait demandé et obtenu communication, par la direction de la justice militaire française, d’un énorme dossier : celui d’un des procès du Struthof ; nous avions démontré le caractère fallacieux de ces prétendues preuves et de ces prétendus témoignages ; Simone Veil nous donnerait-elle implicitement raison ?
4) La parade que croit trouver Simone Veil à cette absence de preuves et de témoins est illusoire; elle consiste, en effet, à substituer à une accusation sans preuve une autre accusation sans preuve, car où sont les preuves que les Allemands aient détruit ces chambres à gaz et supprimé systématiquement les témoins ?
5) On serait curieux de savoir ce que pense maintenant S. Veil des locaux aujourd’hui présentés comme chambres à gaz (« en état d’origine » ou même à l’état de ruines) et quel crédit elle accorde aux innombrables témoignages écrits et oraux, à commencer par celui de Filip Müller, intitulé Trois ans dans une chambre à gaz d’Auschwitz, qui a obtenu à l’unanimité des votants le prix Bernard Lecache décerné par la LICRA;
6) Enfin, et surtout, s’il n’y a ni preuves, ni témoignages, devant quoi nous trouvons-nous ?
Conclusion
L’avenir prévisible : il est sombre pour la thèse exterminationniste
et en particulier pour Élie Wiesel
Pour autant qu’on puisse prévoir l’avenir d’un phénomène qui est en pleine transformation, je dirais que l’avenir du phénomène révisionniste dépendra en grande partie de la situation politique internationale et, en particulier, de la situation au Proche-Orient. L’État d’Israël est obligé de trouver une parade à l’effritement accéléré de son mythe fondateur. Nous ignorons encore si des parties du monde arabo-musulman vont prendre à leur compte les découvertes du révisionnisme historique. Il est certain que, dans les pays occidentaux, le vacarme fait autour de l’Holocauste ira en s’aggravant. Encore plus de milliards vont être consacrés à une tentative d’assourdissement de la rumeur révisionniste. Échaudé par l’échec de la tentative de répression judiciaire en France, le lobby holocaustique va hésiter à employer de nouveau cette arme de façon directe. Il faut s’attendre plutôt à une série ininterrompue de Hollywooderies en tout genre. J’attends personnellement avec curiosité la construction du Mémorial de l’Holocauste à Washington. Comment ces gens vont-ils essayer de nous faire croire aux chambres à gaz ? La France a été pour eux un terrain de manœuvres et d’essais ; ils ont, sur tous les points, subi de graves revers. Pour ne prendre que cet exemple, si les responsables du Mémorial s’avisent de présenter aux visiteurs un document quelconque, une photo quelconque prétendant établir l’existence d’une seule chambre à gaz homicide, il sera facile par l’effet d’un seul tract de montrer les supercheries. Ils seront obligés de battre en retraite sur ce point comme l’ont fait ceux qui, à Paris, avec beaucoup d’argent et cent appuis officiels, ont été forcés de renoncer à leur exposition [partie du Trocadéro en avril 1982].
Nous avons, en France, subi l’épreuve du feu et les thèses révisionnistes ont prouvé leur solidité, mais il ne faut pas se cacher la partie négative du bilan : l’usure des nerfs, des santés, les pertes d’argent et la considérable perte de temps pour la continuation de nos recherches. Depuis deux ans au moins, les chambres à gaz sont, comme le dit le Dr Butz, « overkilled » (plus que tuées). Depuis deux ans, on m’a fait perdre mon temps. Je n’éprouve plus de curiosité intellectuelle pour ce sujet. Je voudrais me tourner vers la question suivante : « Combien est-il mort de juifs pendant la dernière guerre du fait des Allemands ? » J’entreprendrais cette enquête sur d’autres bases que celles qui ont été jusqu’ici généralement employées, en particulier par Paul Rassinier et Walter N. Sanning.
Nous essaierons enfin de trouver le moyen de publier trois livres : celui d’Arthur R. Butz, qui inquiète beaucoup Vidal-Naquet ; celui de Wilhelm Stäglich et, enfin, la thèse du spécialiste de Gerstein [Henri Roques]. La preuve des difficultés que nous rencontrons se trouve illustrée par le fait que le livre d’A. R. Butz aurait déjà dû être publié il y a cinq ans, et celui de W. Stäglich, il y a trois ans.
En France, on ne s’ennuiera pas en 1983-1984 : une importante rencontre va avoir lieu entre Élie Wiesel et François Mitterrand qui, ensemble, et avec Max Gallo probablement, échafauderont, je pense, une vaste opération de propagande exterminationniste. Élie Wiesel vient parler à peu près tous les dimanches aux téléspectateurs français. On dirait que sa pensée ne quitte pas les révisionnistes. En 1982 il publiait en français Paroles d’étranger. Aux pages 23, 91-94 et 103, pour parler des révisionnistes, il usait des termes suivants :
pamphlétaires indécents à l’esprit moralement dérangé ; [auteurs de] pamphlets; pseudo-historiens ; ces personnages haineux et hargneux ; c’est à y perdre la raison ; toute cette affaire relève de la démence ; vulgarité ; laideur écœurante ; accusateurs indécents…
Élie Wiesel s’est installé dans un rôle qu’il ne quittera pas de sitôt : celui du témoin professionnel. Appliqué à cet homme, le mot de témoin est à prendre dans un sens particulier. Les témoins que, de son côté, il affirme avoir rencontrés sont, eux aussi, d’une espèce particulière. Dans le même ouvrage, il évoque Babi-Yar, cet endroit où les Allemands ont fusillé des Soviétiques, juifs ou non juifs. Pour lui, Babi-Yar est avant tout un haut lieu du martyre juif. Là-bas, la terre elle-même, nous assure-t-il, a su protester contre le sang juif versé. C’est ainsi qu’il en vient à écrire :
Plus tard, j’appris par un témoin que [après une exécution massive de juifs], pendant des mois et des mois, le sol n’avait cessé de trembler ; et que, de temps en temps, des geysers de sang en avaient giclé [p. 86].
Ces mots n’ont pas échappé à Wiesel dans un moment d’hallucination. Ils ont d’abord été manuscrits, puis vérifiés sur épreuves et enfin imprimés. Tel est le président de la Commission présidentielle de l’Holocauste choisi par Jimmy Carter.
É. Wiesel, si l’on me passe cette expression familière, souffre d’une terrible épine au pied : l’épine révisionniste. Par tous les moyens il a essayé de s’en débarrasser. Il n’y est pas parvenu. Il voit de moins en moins comment il pourra s’en débarrasser. En cela, il est comme les révisionnistes qui, eux non plus, ne voient pas du tout comment Élie Wiesel se débarrassera de l’épine révisionniste.
En conclusion, ce qui importe et ce qui restera des événements de ces quatre dernières années (1979-1983), ce ne sont pas les aléas judiciaires ni les questions de loi et de droit ; ce qui s’est trouvé en jeu, ce n’est pas la loi mais l’histoire. (Que peut-on écrire en la matière ? Comment l’écrire ? Qui a le droit de le faire ? Quelles preuves et quels témoignages peut-on utiliser ?) Nos adversaires ont eu, tout autant que nous, conscience de ce fait. Ce sont eux qui ont choisi les lieux de la discussion. Dès que leur position a été en butte aux premières contestations, ils ont obstinément refusé que la controverse sur ce point d’histoire se déroule sur la place publique comme il est normalement d’usage en pareil cas. Ils ont refusé le face à face. Ils ont même purement et simplement refusé les discussions d’ordre privé et en toute civilité avec leurs contradicteurs. Ils n’ont pas voulu défendre leur position en face de contradicteurs qui les auraient forcés à répondre à des questions et à prendre, sans l’esquiver, la responsabilité de leurs réponses ou de leurs non-réponses.
Et c’est ainsi que le débat s’est trouvé porté au prétoire. Ce sont les exterminationnistes qui ont pris cette initiative. Pas nous. Ils ont cherché une enceinte où les jeux étaient à coup sûr faits d’avance. Nous n’avons eu d’autre choix que de nous battre sur ce terrain, d’abord pour la raison que nous y étions littéralement contraints par voie de justice et aussi parce qu’on nous refusait toute autre rencontre. Nous nous sommes inclinés devant la force, quel qu’ait pu être notre désir d’une autre issue. Il nous fallait nous battre et nous nous sommes battus. Le résultat est là : sur le terrain même de nos adversaires et avec les armes de leur choix, nous l’avons emporté. Cette victoire est à mettre au crédit non tant de la jurisprudence que de l’historiographie, et les historiens se souviendront de la manière dont cette controverse historique a été débattue et comment elle a trouvé sa conclusion.
Si les exterminationnistes n’ont pas pu l’emporter et s’ils n’ont pas pu se défaire des révisionnistes dans une situation où tous les avantages leur étaient acquis, qu’en sera-t-il pour eux dans le débat qui va maintenant progressivement s’ouvrir, au plein jour et en pleine lumière ?
Annexes
1. La tactique de mes avocats
Dans le procès civil qui m’était intenté pour « dommages à autrui » par le fait d’une prétendue « falsification de l’histoire », j’étais défendu par deux avocats d’opinions différentes : Éric Delcroix, qui était de droite, et Yvon Chotard, qui était de gauche et ami de Jean-Gabriel Cohn-Bendit. Je leur dois beaucoup. L’un comme l’autre ont rencontré de graves difficultés dès qu’ils ont osé assumer ma défense.
En première instance, je leur ai laissé le choix du système de défense. Ils avaient à leur disposition mon Mémoire en défense contre ceux qui m’accusent de falsifier l’histoire ainsi qu’un certain nombre d’études techniques et scientifiques que j’avais rédigées en réponse aux arguments de nos adversaires. La tactique d’Éric Delcroix consista à utiliser cette documentation avec laquelle il s’était familiarisé, dans l’intention de défendre l’idée suivante : un tribunal n’est pas compétent en matière d’histoire. Yvon Chotard ne voulait pas débattre de technique mais simplement développer l’argument que voici : même si le professeur Faurisson se trompe, le tribunal doit protéger son droit à la libre expression.
En appel, je demandais à mes deux avocats d’adopter une position plus agressive et de s’inspirer de la phrase suivante :
Le professeur Faurisson dit que chambres à gaz et génocide n’ont pas existé pour la bonne et simple raison que chambres à gaz et génocide n’ont pas existé.
Éric Delcroix se déclara d’accord mais Yvon Chotard refusa. Je pense qu’il n’était pas convaincu de mon honnêteté et qu’à force d’entendre mes adversaires me traiter de faussaire il se demandait si je n’en étais pas un. Il alla jusqu’à m’envoyer une étude, rédigée de sa main, sur le journal de Johann-Paul Kremer, l’homme qui pendant plusieurs semaines avait été médecin à Auschwitz. Dans cette étude, il concluait que Kremer avait été le témoin de gazages ! Je lui retournai son étude après l’avoir corrigée. Au terme de longues discussions et, en partie, grâce à des arguments trouvés par Jean-Gabriel Cohn-Bendit en faveur de mon interprétation, Yvon Chotard opéra sa conversion. Le résultat de ce changement du tout au tout fut important. En fait, il se prit à développer la thèse révisionniste avec tant de conviction devant la cour d’appel qu’un avocat de la partie adverse, Me Rappaport, ne put s’empêcher de marquer sa surprise en commençant sa plaidoirie par les mots suivants :
Vous avez beaucoup changé, Maître Chotard, depuis la dernière fois ; vous avez vraiment beaucoup changé !
Les magistrats de la cour comprirent ainsi qu’en première instance Yvon Chotard avait manifesté son scepticisme au regard de la thèse révisionniste mais qu’avec le temps il s’était convaincu de la justesse de cette thèse.
Je dois aussi bien des remerciements à l’avocat de la Vieille Taupe, Me François Berthout, qui, pour sa part, était pleinement convaincu de la justesse de la thèse révisionniste et sut le montrer, non sans humour, dans sa plaidoirie.
2. Intervention volontaire de Pierre Guillaume et de ses amis de « La Vieille Taupe » et appuis venus de l’étranger
En France, j’affrontais une si puissante coalition d’intérêts divers que, sans Pierre Guillaume et ses amis, j’aurais été écrasé. Parmi ses amis, j’ai une dette particulière à l’égard de Serge Thion, de Jacob Assous, Denis Authier, Jean-Gabriel Cohn-Bendit, Maurice Di Scuillo, Jean-Luc Redlinski, Gabor-Tamas Rittersporn, Claude Karnoouh, Jean-Louis Tristani, José Benhamou, Marc R. ; à l’égard de mes anciens étudiants, Cécile D., Dominique M., Jean-Pierre C. et de bien d’autres Français dont je ne peux pas révéler les noms. À l’étranger, j’ai une dette particulière à l’égard de mes amis hollandais, belges, allemands et autrichiens. En Australie, j’ai trouvé deux appuis d’importance auprès de John Bennett et de William S. Aux États-Unis, je dois beaucoup à Arthur R. Butz et à Mark Weber, sans oublier, bien sûr, d’autres membres de l’Institute for Historical Review. C’est à M. Weber qu’est revenue l’initiative de rédiger la pétition suivante qui, en 1979, allait rapidement recueillir six cents signatures :
Dr Robert Faurisson has served as a respected professor of twentieth century French literature and document criticism for over four years at the university of Lyon-II in France. Since 1974 he has been conducting extensive independent research into the « Holocaust » question.
Since he began making his findings public, professor Faurisson has been subject to a vicious campaign of harassment, intimidation, slander and physical violence in a crude attempt to silence him. Fearful officials have even tried to stop him from further research by denying him access to public libraries and archives.
We strongly protest against these efforts to deprive professor Faurisson of his freedom of speech and expression, and we condemn the shameful campaign to silence him.
We strongly support professor Faurisson’s just right of academic freedom and we demand that university and government officials do everything possible to ensure his safety and the free exercise of his legal rights.
(Pendant plus de quatre ans, Robert Faurisson s’est attiré le respect par son enseignement, à l’université Lyon-II (France), de la littérature française du XXe siècle et de la critique de textes et documents. À partir de 1974, il a entrepris à titre personnel des recherches approfondies sur la question de l’« holocauste ».
Du jour où il a rendu public le résultat de ses recherches, le professeur Faurisson est devenu la cible d’une haineuse campagne de harcèlement, d’intimidation, de diffamation et de violences physiques dans le cadre d’une grossière entreprise pour le réduire au silence. Dans leur peur, certaines instances sont allées jusqu’à lui interdire l’accès à des bibliothèques publiques ou à des archives publiques pour l’empêcher de poursuivre ses recherches.
Nous élevons une vive protestation contre ces tentatives destinées à retirer au professeur Faurisson sa liberté de parole et d’expression et nous condamnons cette scandaleuse campagne qui vise à le réduire au silence.
Nous soutenons énergiquement le professeur Faurisson et son juste droit à la liberté d’enseignement ; nous demandons que les responsables de l’université et du gouvernement assurent par tous les moyens possibles sa sécurité et le libre exercice de ses droits de citoyen.)
Noam Chomsky signa cette pétition. Par la suite, il prit ma défense sans se laisser ébranler, et cela malgré son désaccord avec la thèse révisionniste.
Los Angeles, septembre 1983
[Publié dans les Annales d’Histoire Révisionniste, n° 7, printemps-été 1989, p. 51-115, ainsi que dans le vol. II des Écrits révisionnistes (1974-1983), p. 859-910]
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Notes
[1] G. Sereny Honeyman, « The Judgment of History », New Statesman (Londres), 17 juillet 1981, p. 16-19 : « Long-standing notions about academic freedom have been challenged by this month’s conviction of a French writer for “falsifying history”. […] Two Paris courts found Robert Faurisson […] guilty of libel, provocation to hate, incitement to murder, and falsification of history […] falsification of history. » (p. 16) «The 17-page judgment which finds that he “falsified history”» (p. 19). Voy. aussi Searchlight (Londres), vol. X, 1981, « Revisionism. The Myths and the Lies » : « As an MRAP spokesman put it, “It is a simple fact that the Holocaust happened and that Faurisson is a falsifier of history”. The court agreed […] » (p. 12).
[2] G. Sereny Honeyman, « The Judgment of History », p. 16.
[3] Id., p. 17.
[4] S. Klarsfeld, Le Mémorial de la déportation des Juifs de France, éd. Beate et Serge Klarsfeld, Paris 1978, p. 62.
[5] Doc. RF-1215 cité dans TMI, VII, p. 43.
[6] Doc. RF-1219, id., p. 45.
[7] Et non pas « mission spéciale » comme je disais dans mon article Confessions of SS men who were at Auschwitz, Journal of Historical Review, vol. 2 (1981), n° 2, p. 103.
[8] Lettre de Richard Korherr à Der Spiegel, n° 31, 1977, p. 12.
[9] Anthologie (bleue) d’Auschwitz, Comité international d’Auschwitz, Varsovie 1969, tome I, 1re partie, p. 239-261.
[10] Id., p. 239.
[11] Id., p. 240.
[12] Id., p. 242.
[13] Id., p. 246.
[14] R. Faurisson, Confessions of SS men…, JHR, vol. 2 (1981), n° 2, p. 127.
[15] Anthologie (bleue) d’Auschwitz, tome I, 1re partie, p. 258.
[16] J.-L. Fréjafon, dans son livre intitulé Bergen-Belsen, Librairie Valois, Paris 1947, p. 22.
[17] Voyez Handschriften von Mitgliedern des Sonderkommando, Verlag Staaliches Aushwitz-Museum, 1972, Sonderheft (I), p. 135, première photo.
[18] Id., p. 118-128.
[19] Id., p. 121.
[20] M. Borwicz, « Journaux publiés à titre posthume », Revue d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale, janvier 1962, p. 93.
[21] Le Figaro, article de Gilles Lambert du 13-14 novembre 1982, p. 25 ; La Quinzaine littéraire, article de Pierre Pachet du 16 décembre, p. 25 ; Le Monde, article d’Éric Roussel du 26 novembre, p. 23.
[22] Handschriften von Mitgliedern des Sonderkommando, Sonderheft (I), p. 32-71.
[23] L’Américain Mark Weber m’a fait remarquer que Sonderkommando devrait probablement se traduire en anglais par « Special Detail » (détachement spécial), expression qui s’applique aux éboueurs. Les Krema-II et III de Birkenau possédaient un four pour y brûler les détritus (Müllverbrennungsofen). Les membres des Sonderkommandos étaient chargés de collecter et de brûler à la fois les détritus et les cadavres. En somme, Filip Müller était une sorte d’éboueur.
[24] A. R. Butz, Context and Perspective in the “Holocaust” Controversy, JHR, vol. 3 (1982), n° 2, p. 398. Dans cette conférence, A. R. Butz énumérait huit instances qui, s’il y avait eu une politique d’extermination physique massive de millions de juifs en Europe pendant trois longues années, n’auraient pas manqué de s’en apercevoir, d’en parler et d’agir en conséquence. Et il écrit : « Voilà pour conclure la discussion des “huit simples observations […] qui établissent la non-historicité d’[…] un programme d’extermination physique massive des juifs d’Europe”. L’allégation ne répond à aucun des critères historiques appropriés et elle implique un degré d’impudence ou de “chutzpah” qui, avant la guerre, aurait stupéfié les imaginations. Ce qu’on exige de nous, c’est que nous allions croire que ces “événements de la dimension d’un continent au point de vue de la géographie, d’une durée de trois ans au point de vue du temps, et de plusieurs millions au point de vue du nombre des victimes”, ont tous pu se passer sans qu’aucune des parties à l’affaire en ait eu connaissance. Autant me raconter que, alors que je n’avais aperçu aucun éléphant en regardant dans ma cave, il s’y trouvait quand même un éléphant. Et puis, alors que j’étais assis dans mon salon, je n’ai pas remarqué que l’éléphant avait trouvé le moyen de monter à l’étage et de s’y ébattre un moment : les escaliers à emprunter, les ouvertures des portes, les parquets étaient soudain devenus, par miracle, compatibles avec ces mouvements. Puis l’éléphant s’était précipité dehors dans un quartier commerçant, en pleine activité, en plein jour, et, à quelques kilomètres de là, il avait réintégré son zoo, mais personne ne s’en était aperçu. »
[25] Par A. Suzman et D. Diamond.
[26] A. Suzman et D. Diamond, Six Million Did Die: The Truth shall prevail, South African Jewish Board of Deputies, Johannesburg 1978, 2e édition, p. 109-112.
[27] A. Speer, Technik und Macht, Bechtle Verlag, Munich 1979, p. 73-75.
[28] « Meine Selbstbezichtigungen », A. Speer, Spandauer Tagebuch, Ullstein, Francfort et Vienne 1975, p. 432.
[29] H. Härtle, « “Holocaust” und keine End », Klüter Blätter, Berg/Steinberger See, décembre 1982, p. 28.
[30] Céline devant le mensonge du siècle [suite], p. 5-6. Ce texte est reproduit dans le volume I des Écrits révisionnistes (1974-1998), p. 322.
[31] G. Sereny Honeyman, « The Judgment of History », p. 16.
[32] N. Goldmann, Le Paradoxe juif, Stock, Paris 1976, p. 152-165.
[33] Le 18 août 1981 le même Nahum Goldmann allait déclarer à propos des « réparations » payées à Israël : « On a obtenu du gouvernement allemand de la nouvelle Allemagne des réparations pour les victimes du nazisme. Ce sont des sommes astronomiques du point de vue de l’histoire juive, qui ont été très importantes pour le développement d’Israël. L’Israël d’aujourd’hui aurait été impossible sans les réparations allemandes. » (« Profil Nahum Goldmann », une émission proposée par Jean-François Chauvel, TF 1, 18 août 1981, 22 h, transcription, p. 1).
[34] Voy. Le Matin de Paris, 26 juin 1981, p. 13 et 27-28 juin, p. 12 ; Le Monde, 30 juin, p. 15 ; Libération, 9 juillet, p. 12.
[35] J.-C. Pressac, « Les “Krematorien” IV et V de Birkenau et leurs chambres à gaz, construction et fonctionnement », Le Monde juif, n° 107, juillet-septembre 1982, p. 91-131.
[36] Citée par K. Stimely, Journal of Historical Review, printemps 1984, p. 6.
[37] R. Hilberg et G. Sitbon, « Les Archives de l’horreur », Le Nouvel Observateur, 3-9 juillet, 1982, p. 71.
[38] A. von Kageneck, « Le danger révisionniste », Le Quotidien de Paris, 22 janvier 1983, p. 4.
[39] R. Faurisson, entretien avec Kol Al Arab [Tous les Arabes], n° 35, 27 avril 1983, p. 47-53.
[40] Histoire pour Classes Terminales, ABC éditions, 1983, p. 36.
[41] « Grandes manœuvres », 3 mai 1983, p. 1.
[42] Rivarol, 25 février 1983, p. 11.
[43] Rivarol, « Les raisons d’un silence », 11 février 1983, p. 9.
[44] O. Wormser-Migot, Le Système concentrationnaire nazi, 1933-1945, Presses Universitaires de France, Paris 1968, p. 13.
[45] Lui, n° 233, juin 1983, passim entre p. 73 et 78.
[46] 7 mai 1983, p. 47.