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Les témoins de Robert Badinter

Par décision de la XVIIe chambre du TGI de Paris, présidée par Nicolas Bonnal, Robert Faurisson s’est vu priver, lors de l’audience de ce jour, du droit de prendre la parole pour répondre aux huit témoins de Robert Badinter. Deux motifs ont été invoqués : R. Faurisson avait eu la parole en début d’audience et son avocat avait pu contre-interroger les huit témoins. Or prendre la parole avant ses accusateurs ne peut, par définition, permettre de répondre aux accusations à venir ; quant à l’avocat de R. Faurisson, dont la spécialité est le droit, il ne pouvait avoir connaissance, dans ses détails, du dossier historique et scientifique ; en outre, à juste raison, il tenait par-dessus tout à en revenir au sujet qu’on cherchait à escamoter : où et quand R. Faurisson avait-il jamais été, comme osait le prétendre R. Badinter, condamné en justice pour être un faussaire de l’histoire ? Les huit témoins ont été d’une insigne médiocrité et la manière dont ils ont été interrogés par Me Bernard Jouanneau n’a rien arrangé ; faute de connaître leur sujet, ils ont accumulé outrages, calomnies et mensonges ; selon l’usage, ils ont souvent dénoncé l’antisémitisme de R. Faurisson ; à ce dernier ils ont fait grief, en particulier, de préciser l’origine juive de Simone Veil ou de telle autre personnalité ; sur ce point, qui n’a rien à voir avec le sujet, répétons une fois de plus que, si R. Faurisson attribue à un juif la qualité de juif et à un national-socialiste la qualité de national-socialiste, c’est pour clairement identifier les deux parties en cause d’une même controverse (au reste, pour sa part, il se trouve être athée et apolitique).

Pas un seul des huit témoins de Robert Badinter n’a rapporté la preuve que R. Faurisson ait été condamné en justice pour être un faussaire de l’histoire.

Pas un seul n’a rapporté ne fût-ce qu’une seule preuve de ce que R. Faurisson aurait été un faussaire.

Pas un seul, au demeurant, n’a fourni la preuve de l’existence d’une politique d’extermination physique des juifs, voulue, organisée et perpétrée par le IIIe Reich.

Pas un seul n’a non plus administré la preuve de l’existence d’une prétendue arme de destruction massive des juifs (notamment « chambre à gaz » ou « camion à gaz »).

***

Valérie Igounet : témoignage vide de substance. Aucune preuve de ce que Faurisson serait un «faussaire». Aucune preuve de ce qu’il serait parti d’un « postulat » et de ce qu’il préconiserait l’ignorance du « contexte ».

Me Delcroix, avocat de Faurisson, lui demande pourquoi dans son ouvrage, Histoire du négationnisme en France, ne figure pas le texte de l’entretien que Faurisson lui avait accordé. Elle répond qu’elle ne se souvient pas pourquoi. La réponse ne peut qu’être mensongère. Sur ce point, Pierre Vidal-Naquet, dans un compte rendu du livre de V. Igounet, a écrit : « Au nom de la loi Gayssot, une association antiraciste a exercé un chantage et le texte de Faurisson [ajouté en annexe à la thèse de V. Igounet] a disparu » (Le Monde des livres, 24 mars 2000). V. Igounet a donc, sur ce point, cédé au chantage et manqué à son devoir d’historienne.

Me Delcroix l’interroge sur Jean-Claude Pressac, lequel, renonçant à la thèse exterminationniste pour laquelle il avait tant combattu aux côtés du couple Klarsfeld, a fini par conclure que le dossier de l’histoire officielle du système concentrationnaire est « pourri » et promis aux «poubelles de l’histoire». Elle répond que, pour Pressac, le dossier n’est pourri que lorsqu’il se limite à de simples témoignages. Elle nous trompe. Pressac n’a rien dit de tel. Pour lui, le dossier tout entier était, pour reprendre le mot du professeur Michel de Boüard, « pourri » et même définitivement pourri et promis aux poubelles de l’histoire.

Elle jette fortement le doute sur la qualité de « professeur » de R. Faurisson.

Elle ne connaît pas de décision judiciaire condamnant R. Faurisson comme faussaire. On est en droit de penser que, si une telle décision avait existé, l’auteur, qu’elle était, d’une Histoire du négationnisme en France, n’aurait pas manqué d’en parler et avec insistance.

Note : 12/20 pour son livre ; pour son témoignage, 0/20 avec blâme pour mensonge.

Extrait de l’arrêté ministériel n° 00526 du 3 janvier 1980 apportant la preuve que Robert Faurisson est bien professeur depuis le 9 août 1976.

 

Annette Wieviorka : témoignage d’une historienne qui, sur interrogation de Me Jouanneau, avocat de R. Badinter, dit d’emblée qu’elle n’a pas lu les écrits de Faurisson sur le génocide des juifs (des milliers de pages !) sauf un article paru dans Le Monde (en 1978/1979), (pour beaucoup, une erreur de la part du journal, précise-t-elle) ; elle a également lu un tract, non de Faurisson, mais « inspiré des écrits de Robert Faurisson » (sic), qui circulait au Lycée Voltaire, à Paris, en 1987, pendant le procès Barbie. Et c’est tout.

Elle parle d’un texte de Pierre Vidal-Naquet contre Faurisson mais pas un instant elle ne précise qu’à ce texte Faurisson avait répliqué par une Réponse à Pierre Vidal-Naquet (1982, 96 p.), dont un exemplaire avait été remis de la main à la main par l’auteur à l’intéressé.

Elle dit qu’elle ne voit pas où et comment Raul Hilberg a, selon Faurisson, battu en retraite ; la minute d’après, elle confesse qu’elle n’a pas lu la nouvelle édition du livre de R. Hilberg ; à elles seules, les pages 100-113 de cette édition (2003) montrent un extraordinaire recul par rapport aux affirmations exterminationnistes de l’édition de 1961 : pour « le nouvel Hilberg » (l’expression est de son collègue Christopher Browning), il n’y a plus, pour mener à bien la destruction des juifs d’Europe, ni ordre, ni plan, ni directives, ni organisme central, ni budget, mais, au sein d’une vaste bureaucratie, « un état d’esprit » (sic), « une compréhension tacite » (sic), « une consonance » (sic) et une « synchronisation » (sic) avec larges délégations de pouvoirs « non publiées », « accords implicites » et « autorisations orales » : toutes choses dont l’historien ne peut donc, par définition, fournir ni preuves, ni sources, ni références. C’est, par conséquent, en quelque sorte sur parole qu’il faudrait croire aux pures spéculations de R. Hilberg, qui est le Number One de l’histoire de la prétendue destruction des juifs d’Europe.

Me Delcroix pose à A. Wieviorka une question sur le doyen Michel de Boüard. En 1986, celui-ci avait déclaré que le dossier de l’histoire concentrationnaire était « pourri » par « énormément d’affabulations, d’inexactitudes obstinément répétées, notamment sur le plan numérique, d’amalgames, de généralisations ». Faisant allusion aux études des révisionnistes, il avait ajouté qu’il y avait, d’autre part, « des études critiques très serrées pour démontrer l’inanité de ces exagérations ». Le témoin ose rétorquer que Michel de Boüard n’était pas un spécialiste des questions de déportation. Me Delcroix lui fait observer que Michel de Boüard était bel et bien membre du Comité d’histoire de la deuxième guerre mondiale et, au sein dudit comité, membre de la Commission d’histoire de la déportation (ancien déporté, il était même le président de cette commission). Le témoin tente une esquive en parlant des débuts de l’histoire de cette commission (1951) alors qu’on l’interrogeait sur un jugement porté trente-cinq ans plus tard, en 1986, par la plus haute autorité officielle en matière d’histoire de la déportation. Le témoin esquive également la question qui lui est posée sur l’éventualité d’un jugement déclarant Faurisson faussaire de l’histoire.

Note : 5/20 pour avoir au moins reconnu qu’elle n’a pour ainsi dire pas lu les écrits de l’homme qu’elle est venue charger.

Gérard Panczer : témoignage d’un membre du CNRS, qui se présente en spécialiste de l’analyse de documents pour y détecter le faux et les pièces tronquées mais qui ne cite pas un seul exemple de falsification ou de troncation dans les écrits de Faurisson. Affirme sans preuve que Faurisson veut, en diffusant sa haine sur Internet, « prendre de l’argent ».

Dit formellement qu’aucun document n’atteste de la qualité de professeur de Faurisson ; qu’il a fait en ce sens des recherches qui se sont révélées vaines ; conclut, expressis verbis, que Faurisson « usurpe le titre de professeur ».

Dit que le Rapport Rudolf a été expédié anonymement, sans signature d’envoi, ce qui est faux. Dit qu’il est chimiste mais, lorsque Me Delcroix lui demande son avis de chimiste sur le rapport du chimiste allemand Germar Rudolf concernant Auschwitz, répond que sa spécialité (les matières luminescentes) ne lui permet pas de porter une appréciation en la matière.

Fait grand cas d’un texte de R. Faurisson intitulé « Je bois du petit lait » (8 juin 1996), mais n’en extrait qu’une brève portion ; ce faisant, dissimule qu’il s’agit, pour le style et le vocabulaire, d’un pastiche, annoncé comme tel, de l’historien orthodoxe Jean-Pierre Azéma ; mais, surtout, le témoin cache l’épigraphe où se trouvait reproduit le mot si important, prononcé le 23 novembre 1978 par l’historien René Rémond à l’adresse de R. Faurisson : « Pour ce qui est des chambres à gaz, je suis prêt à vous suivre ». Dans de substantiels ouvrages sur l’histoire du XXe siècle, ledit historien s’est totalement abstenu de mentionner les prétendues chambres à gaz nazies (même silence chez Churchill, Eisenhower, De Gaulle et d’autres) et, en 1979, il a refusé de signer la déclaration des 34 historiens français contre R. Faurisson (Le Monde, 21 février 1979, p. 23), déclaration qui avait été lancée par Léon Poliakov et Pierre Vidal-Naquet.

Note : zéro pointé ; mérite d’être poursuivi en justice pour faux témoignage.

PAUSE de 13h15 à 14h40 : les cinq témoins à venir sont autorisés à quitter la salle des témoins et peuvent donc circuler en toute liberté sans la moindre surveillance ! R. Faurisson proteste à haute voix.

Didier Daeninckx : témoignage d’un romancier professionnel qui, en tant que tel, ne sait pas discerner la réalité de la fiction et qui ne voit pas que le Journal d’Anne Frank n’est qu’un roman, une histoire à dormir debout écrite avec la balourdise d’un apprenti romancier. Propose deux exemples de prétendues falsifications commises par R. Faurisson, en particulier dans Le Journal d’Anne Frank est-il authentique ?

Il dit que Faurisson s’étonne de ce que, dans une arrière-maison où huit personnes sont condamnées, paraît-il, au silence de la tombe, Mme Van Daan ait pour habitude de passer l’aspirateur chaque jour à 12h30. Mais Faurisson, observe-t-il, se garde de rappeler que, dans le Journal, il est précisé qu’à cette heure-là les hommes du magasin sont allés déjeuner et qu’ils ne risquent donc pas d’entendre ledit aspirateur. Pour le témoin, Faurisson a donc triché ! C’est oublier que, dès la page d’introduction de son étude, Faurisson a prévenu le lecteur (Serge Thion, Vérité historique ou vérité politique ?La Vieille Taupe 1980, p. 215). Dans cette page il cite en cascade toute une série de bruits, dont celui de l’aspirateur parmi plus de vingt autres, et, s’il ne fournit pas d’autres précisions, c’est qu’il est clairement établi qu’en toute circonstance, de jour comme de nuit, les huit habitants de l’arrière-maison ne doivent pas faire le moindre bruit ; en conséquence, que les magasiniers soient présents ou absents ne change rien au danger d’être entendus par les « ennemis » possibles : il y a, en effet, à craindre non seulement les hommes du magasin mais – Faurisson les énumère dès la première page – les clients, les livreurs, le facteur, la femme de ménage, le gardien de nuit, les plombiers, le service d’hygiène, le comptable, la police qui multiple les perquisitions, les voisins proches ou éloignés (« les murs étant tellement minces »), le propriétaire et les cambrioleurs (prendre alors de la codéine en cas de simple toux). Donc, une remarque adventice du genre de « Tout le monde respire. Les hommes du magasin sont allés déjeuner » est uniquement destinée à entretenir une atmosphère de thriller. Le témoin D. Daeninckx ne propose aucune explication aux mille impossibilités physiques relevées par Faurisson. Pour ne prendre que cet exemple, comment explique-t-il que le jeune Peter monte au grenier et que, fenêtre ouverte, il coupe du bois pendant un quart d’heure, s’appliquant à « montrer sa force » à la jeune Anne admirative (23 février 1944) ? Ce qui est vrai du bruit l’est aussi du ravitaillement, de la nourriture, du charbon, de la fumée, des ordures (entassement des ordures de huit personnes pendant 116 jours de l’été 1942 avant brûlage dans le poêle), de la police qui vient perquisitionner ou du propriétaire qui vient visiter sa propriété et qui ne voient, les uns et les autres, rien ni personne. Le père Frank, lui-même, a reconnu devant Faurisson, venu l’interroger à Bâle, qu’il était incapable de fournir une explication à ce flot d’invraisemblances et d’impossibilités radicales.

Le témoin D. Daeninckx a le malheur d’invoquer l’édition dite « critique » des Journaux d’Anne Frank, publiée à Amsterdam par le RIOD à partir de 1986 (en néerlandais, en allemand, en français et en anglais). Faurisson, qui possède et a étudié les quatre versions de cette nouvelle édition, a été en mesure de montrer que celle-ci inflige, sans que leurs auteurs l’aient voulu, un redoutable démenti aux partisans de l’authenticité de cette histoire à dormir debout. Encore faut-il lire les études que le professeur a consacrées à ce sujet précis aussi bien dans les quatre volumes de ses Ecrits révisionnistes (1974-1998) que dans d’autres publications. On consultera, en particulier, une étude qu’il a publiée dans la revue Tabou (mars 2002, p. 97-118). On y verra que le père Frank, avant de se révéler un escroc littéraire, avait eu maille à partir avec la justice allemande pour une affaire de trafic de devises (avec l’un de ses frères) et, juste après la guerre, avec la justice néerlandaise pour collaboration économique de son entreprise commerciale avec l’ennemi pendant la guerre (l’affaire s’était arrangée). On y lira un long extrait du jugement porté par Isabelle Rosselin-Bobulesco (p. 107-108) ; malgré son désir de sauver la thèse officielle, cette dernière, tout comme, d’ailleurs, les éditeurs du RIOD, dénonce les manipulations de textes ou l’entêtement du père Frank à prétendre à l’authenticité complète du Journal. On y lira également un résumé de l’article du Britannique Nicolas Walter sur la nouvelle édition Myriam Pressler (p. 105), établie d’après le texte du RIOD, article intitulé : « Not completely Frank » (Pas complètement franc/Frank).

Quant à la question des écritures, D. Daeninckx la traite avec aplomb et incompétence. Jamais le RIOD n’a relevé le défi du professeur au sujet du spécimen d’écriture d’adulte antérieur au spécimen d’écriture d’enfant. Il l’a ignoré. Après l’édition du RIOD, l’on a découvert des spécimens d’écriture d’Anne Frank, authentifiés, qui n’ont aucun rapport avec l’écriture des «manuscrits» du Journal ; on se reportera à un article en anglais de R. Faurisson, « A Comparison of handwriting samples, each attributed to Anne Frank », The Journal of Historical Review, nov.-déc. 2000, p. 4). Le procès de Lothar Stielau ne s’est nullement déroulé comme l’évoque D. Daeninckx ; les expertises destinées à confondre cet Allemand qui avait mis en doute l’authenticité du Journal ont finalement été déclarées « sans valeur » et « l’affaire finit en queue de poisson » (RIOD, p. 110-111).

Le second exemple des falsifications imputées à R. Faurisson est le suivant : le professeur a écrit que, le 9 octobre 1942, Anne Frank parle de « chambre à gaz » ; or, c’est faux ; D. Daeninckx dit qu’il est allé vérifier ce point dans la version néerlandaise : il n’y est pas question de « chambre à gaz » mais de « vergassing », c’est-à-dire de gazage. On touche ici au comble de l’incompétence du témoin. Le professeur avait d’emblée annoncé à ses lecteurs français qu’il reproduisait la version française officielle ; or cette version portait les mots « chambre à gaz » et c’est lui, R. Faurisson, qui a, dans une parenthèse, rectifié « chambre à gaz » et inscrit en toutes lettres : « (texte hollandais : « vergassing ») » (S. Thion, op. cit., 1980, p. 220)! Autrement dit le témoin 1) n’a pas lu R. Faurisson ; 2) n’a pas vu que le professeur avait poussé le scrupule jusqu’à rectifier une erreur de la traduction française ; 3) s’est attribué le mérite d’une découverte qui revenait au professeur ; 4) s’est permis, une fois de plus, de dénoncer chez R. Faurisson des manipulations de sources (lesquelles ?) et des traductions aberrantes (lesquelles ?) sans en apporter les preuves, sinon de fausses preuves.

Quand Me Delcroix lui demande s’il connaît une affaire judiciaire où aurait plaidé Robert Badinter et où le professeur aurait été condamné pour être un faussaire de l’histoire, répond qu’il ne peut pas répondre.

Note : 0/20. Inventions de romancier. Cinéma. Nette tendance à la délation.

Nadine Fresco : témoignage émotionnel et confus. R. Faurisson est un faussaire parce que, par exemple, dans sa lettre au Monde (16 janvier 1979), il a parlé de trois Hollandaises, fusillées et non gazées à Auschwitz, en donnant pour référence Auschwitz vu par les SS, éditions du Musée d’Oswiecim, 1974, p. 238, note 85. Elle affirme que Faurisson en indiquant cette source, savait que personne n’irait la vérifier car l’ouvrage en question était très difficile à obtenir ! Elle dit que, pour sa part, se rendant à l’Est, elle a pu trouver l’ouvrage en question. Ainsi a-t-elle découvert que, d’après la note 85, les trois Hollandaises avaient été fusillées parce qu’elles avaient refusé d’entrer dans la chambre à gaz ; selon elle, le professeur l’avait caché. N. Fresco ignore ou affecte d’ignorer que le professeur, loin de cacher la note en question, l’avait intégralement et photographiquement reproduite dans son Mémoire en défense contre ceux qui m’accusent de falsifier l’histoire (1980), présenté au tribunal. Dans cet ouvrage, R. Faurisson a reproduit sa lettre au Monde (p. 84-88 ; en particulier, la note 2 de la p. 86) et l’intégralité de la note 85 (p. 141-142). Il a poussé le scrupule jusqu’à reproduire intégralement le journal du Dr Johann-Paul Kremer pour la période de son séjour au camp d’Auschwitz. Dans sa lettre au Monde, le professeur avait déjà fait allusion aux « “aveux” après la guerre de J.-P. Kremer » à ses geôliers polono-communistes. Il n’avait donc rien caché et il avait même tout exposé.

Autre exemple de supposée falsification chez R. Faurisson : son article du Monde du 29 décembre 1978 portait pour titre « Le problème des chambres à gaz » ou « la rumeur d’Auschwitz » ; or, si « Le problème des chambres à gaz » était suivi d’une référence à Olga Wormser-Migot, les mots « la rumeur d’Auschwitz », eux, n’étaient suivis d’aucune référence : preuve, paraît-il, que le professeur cherchait à cacher son allusion au livre d’Edgar Morin sur « la rumeur d’Orléans » ! Mais comment R. Faurisson aurait-il pu indiquer une référence ou une source à l’expression « la rumeur d’Auschwitz » puisque, aussi bien, cette expression n’avait d’autre source que R. Faurisson lui-même en train d’écrire ces mots ?

A plusieurs reprises dans son témoignage, N. Fresco donne l’impression d’une personnalité qui se contrôle mal soit dans le raisonnement, soit dans l’émotion. Elle ne semble pas avoir lu Olga Wormser-Migot qui, contrairement à ce qu’elle affirme, ne s’est pas contentée de parler d’absence de chambre à gaz à Mauthausen et à Ravensbrück, mais a clairement écrit qu’Auschwitz I était « sans chambre à gaz » (Le Système concentrationnaire nazi, 1933-1945, p. 157). C’est cette prétendue chambre à gaz que des dizaines de millions de touristes ont visitée depuis 1948 !

N. Fresco voit encore une preuve de falsification dans le fait que Serge Thion cite le nom de Nyiszli à six reprises mais sans jamais rien dire sur le personnage ; mais c’est que, dans cet ouvrage de S. Thion, le « témoignage » attribué à Miklos Nyiszli fait partie des faux notoires que personne ne songe à défendre, pas plus, par exemple, que le faux journal d’Eva Braun (sur le faux Médecin à Auschwitz, de Miklos Nyiszli, on possédait la démonstration de Paul Rassinier dans l’appendice V de son livre Le Véritable procès Eichmann ou les vainqueurs incorrigibles, 1962).

Quant à la lettre de Martin Broszat (Die Zeit, 19 août 1960), R. Faurisson ne lui a rien ajouté ; il a simplement donné des noms de camps situés dans ce que M. Broszat appelait « le territoire de l’Ancien Reich ».

Autre exemple, paraît-il, de falsification : le professeur a écrit que jamais Hitler n’a ordonné ni admis qu’on tue les juifs et N. Fresco demande : « Que sait-il de l’âme d’Hitler ? » Outre qu’on ne voit là rien qui ressemblerait à une falsification, le témoin s’égare totalement. Il n’est ici question ni d’âme, ni de psychologie mais d’histoire et de faits. Le professeur a souvent rappelé que les tribunaux militaires allemands (de la Wehrmacht ou de la SS) ont condamné, parfois à mort, des soldats ou des civils allemands pour assassinat de juifs. Soit dit en passant, R. Faurisson n’a jamais pu, sur ce point, obtenir de la partie adverse une explication de ces faits qui, par leur simple existence, démentent la thèse d’une extermination systématique des juifs.

Pour finir, N. Fresco refuse de répondre ou n’a pas de réponse à deux questions de Me Delcroix : 1) les mots de « chambre(s) à gaz » figurent-ils dans le journal du Dr J.-P. Kremer (sous entendu: et non dans ses aveux à la justice polono-communiste) ? ; 2) que pense-t-elle de R. Hilberg imputant la politique de destruction des juifs d’Europe à des initiatives spontanées de la bureaucratie allemande « par suite d’un état d’esprit, d’une compréhension tacite, d’une consonance et d’une synchronisation », et cela sans laisser de traces écrites ?

Note : 0/20 au lieu d’un zéro pointé, vu l’état d’égarement de la personne, qui a déclaré, sur un ton inspiré et les yeux fermés, qu’elle avait pleuré en commençant de lire «l’article de Faurisson» dans Le Monde, puis qu’elle avait écouté une aria de Bach ; puis, qu’elle s’était remise à lire l’article pour, à nouveau, pleurer et, à nouveau, trouver refuge dans l’aria de Bach, etc.).

Roland Rappaport : témoignage confus et dépourvu de substance. Un ancien combattant de la lutte contre le révisionnisme, avocat plaidant contre R. Faurisson en 1981-1983, égrène des souvenirs sur le mode de la conversation à bâtons rompus.

Déplore les considérants de l’arrêt de 1983 en faveur du professeur et dit qu’ils ne pourraient plus être écrits aujourd’hui parce que cet arrêt a fait la part trop belle à R. Faurisson (en rendant hommage à la qualité de son travail sur « le problème des chambres à gaz »). Me Rappaport reconnaît donc implicitement par là qu’on ne peut pas du tout soutenir, comme l’a fait R. Badinter, que le professeur a été condamné pour être un faussaire de l’histoire. Poursuivant sa course erratique, il tient des propos décousus sur P. Vidal-Naquet. Il cite un article de R. Faurisson sur «Bricolage et gazouillages à Auschwitz» comme si ces mots étaient du professeur alors qu’ils étaient de… J.-C. Pressac. Il ne mentionne pas la Réponse à Jean-Claude Pressac, de R. Faurisson.

Me Delcroix lui demande si, oui ou non, le professeur a été condamné pour être un faussaire de l’histoire. La réponse confirme que tel n’a pas été le cas puisqu’elle tient dans les deux phrases suivantes : « Faurisson est un faussaire de l’histoire. Robert Badinter a eu raison de le dire et le tribunal [en 1981] a répondu d’une manière qui n’absout pas Faurisson de cette accusation ».

Note : 5/20 pour sa contribution, involontaire, au rétablissement de la vérité.

Henry Rousso : Mélange déconcertant d’exactitude et d’ignorance ou d’erreurs.

Rétablit la vérité sur la carrière de R. Faurisson. Celui-ci a bel et bien été professeur, mais les considérations du témoin sur R. Faurisson « professeur de seconde classe » sont entachées d’erreurs.

Sur question de Me Jouanneau, il déclare que R. Faurisson n’a pas professé ses idées révisionnistes dans ses cours.

Me Jouanneau lui demande quels écrits du professeur il a lus ; il répond qu’il a lu les critiques des spécialistes, ce qui signifie qu’il n’a pas lu les écrits de R. Faurisson lui-même mais seulement les écrits de ceux qui ont critiqué le professeur. Il a donc seulement entendu l’accusation ! Il a donc travaillé de seconde main ! Il n’est pas allé à la source ! Pour juger de ce que R. Faurisson a pu dire, il a employé la pire des méthodes, qui est, dans une controverse, de se fier uniquement à ce que des adversaires déclarés d’une partie affirment que celle-ci a dit !

Il parle avec insistance de l’isolement scientifique du professeur ; il n’en parlerait pas de la sorte s’il avait lu les écrits où R. Faurisson fait état des hommages rendus à la qualité de son travail scientifique par Raul Hilberg, René Rémond, Michel de Boüard et même, d’une certaine façon, par tous ceux qui, dans le monde universitaire français ou étranger, ont croisé le fer avec lui sans oser l’affronter dans un débat public hors de l’enceinte des tribunaux.

Il affirme que R. Faurisson ment quand il prétend que P. Vidal-Naquet a contribué à la création de la loi Gayssot ; il trahit par là son ignorance des écrits du professeur où sont rapportées par le menu les circonstances dans lesquelles, en juin 1986, P. Vidal-Naquet a, aux côtés du grand rabbin Sirat et de Georges Wellers, exprimé le vœu qu’une loi spécifique vienne sanctionner le délit de révisionnisme (Bulletin quotidien de l’Agence télégraphique juive, 2 juin 1986, p. 1, 3). A la fin de sa vie, P. Vidal-Naquet a d’ailleurs eu recours à la loi Gayssot (13 juillet 1990) dans une affaire l’opposant au révisionniste Henri Roques. Me Rappaport vient dire que c’est à son instigation que P. Vidal-Naquet l’a fait, mais il omet de préciser que cela a été en vain puisque ce dernier n’en a pas moins perdu.

H. Rousso affirme que R. Faurisson a proféré un autre mensonge en prétendant avoir été exclu d’un colloque tenu en 1987 à la Sorbonne ; il ajoute que R. Faurisson était présent et qu’il a même posé une question. H. Rousso confond là deux colloques qui se sont tenus à la Sorbonne, l’un en 1982 et l’autre en 1987. R. Faurisson s’est vu interdire l’accès au colloque de 1982 (« Votre présence n’est pas négociable », lui avait signifié François Furet) ; il s’était également vu interdire toute participation au colloque de 1987 mais, à la dernière minute, sur intervention du R.-P. Riquet, il avait été admis ; il avait posé une question mais le président décidait soudainement qu’il ne serait pas répondu aux questions de la salle.

H. Rousso dit que R.Faurisson croit au « complot juif » ; prié d’apporter une preuve, il répond que cette preuve se trouve dans la fameuse phrase de soixante mots ; or, ni dans cette phrase, ni dans tout le reste de l’œuvre du professeur, il n’est question de « complot juif » et à maintes reprises, R. Faurisson a expliqué qu’il récusait toute idée d’une conjuration ou d’un complot mais qu’en revanche il croyait à la réalité d’un pouvoir juif.

Interrogé sur l’article de L’Express où son ami Eric Conan déclarait au sujet de la prétendue chambre à gaz d’Auschwitz I et de la pièce attenante : « Tout y est faux », H. Rousso ose prétendre contre toute évidence écrite qu’E. Conan voulait parler du Musée d’Auschwitz et non de ladite chambre à gaz avec sa pièce attenante !

Me Delcroix lui demande s’il existe une expertise physico-chimique attestant de l’existence d’une quelconque chambre à gaz et il répond: « Je ne réponds pas à cette question ». Me Delcroix lui demande enfin s’il connaît une affaire pour laquelle R. Faurisson aurait été condamné pour être un faussaire de l’histoire et qui aurait été plaidée par R. Badinter et il répond qu’il connaît « un certain nombre de décisions » où R. Faurisson a été désigné comme étant un faussaire. Il ne précise pas quelles sont ces « décisions », et pour cause, car elles n’existent tout simplement pas.

Me Jouanneau lui avait présenté un exemplaire du livre de Shlomo Venezia, écrit en collaboration avec Béatrice Prasquier, Sonderkommando / Dans l’enfer des chambres à gaz, préface de Simone Veil, Albin Michel 2007, et lui avait posé une question destinée à lui faire avaliser l’ouvrage. La réponse du témoin a ressemblé à un murmure. Comment un universitaire pourrait-il vraiment prendre la responsabilité de garantir l’authenticité de cet écrit à deux mains qui n’est en somme qu’une sorte de plagiat du livre grotesque et mensonger de Filip Müller, écrit en collaboration avec Helmut Freitag, Trois ans dans une chambre à gaz d’Auschwitz. Le témoignage de l’un des seuls rescapés des commandos spéciaux, préface de Claude Lanzmann, Pygmalion 1980 ? Le livre de S. Venezia n’apporte rien de plus que celui de F. Müller : même vague constant, mêmes précisions imprécises ou oiseuses, mêmes invraisemblances outrageantes, même absence de description réelle des prétendus gazages (emplacement, procédure, dessins), mêmes impossibilités physico-chimiques et mêmes épisodes « véridiques » du genre de celui de la fillette d’à peine deux mois qui a survécu au gazage parce qu’elle a si bien appliqué sa bouche au sein de sa mère, morte, qu’elle a ainsi limité l’absorption du gaz, mais un Allemand, furieux de la trouver encore vivante, la tue (p. 153-154) ; mêmes loufoqueries du genre de celle de la bassine pleine de liquide inflammable dans laquelle un Allemand demande à deux jeunes juifs grecs de se mettre debout, pieds nus ; il jette une allumette et le feu prend ; les deux jeunes juifs osent sauter hors de la bassine ; l’Allemand est « fou furieux » ; il les oblige à escalader, pieds nus, les barbelés et, là, les abat « comme des chiens » (p. 120). Apparemment, B. Prasquier et les quatre autres personnes qui « ont contribué à ce livre » (p. 213) ont décidé de ne pas reproduire un autre épisode raconté par S. Venezia dans un film tourné à Auschwitz : un Allemand, voulant s’exercer à tuer trois bébés d’une seule balle, a demandé à S. Venezia de tenir à bout de bras trois bébés, bien en ligne ; S. Venezia a obéi mais la tâche a été ardue : seulement deux bébés ont été tués tandis que le troisième, penchant trop la tête, est tombé à terre, où il a agonisé, car l’Allemand a refusé de gâcher une balle pour l’achever.

Note : 5/20. En deux cas, le témoin a rétabli l’exactitude des faits ; dans tous les autres cas il a menti, ou s’est trompé, ou a esquivé. Universitaire sectaire dépourvu de méthode dans ses recherches, il ne va pas à la source, mais, pour savoir ce que pense R. Faurisson, se fie à ce que ses adversaires lui font dire.

Charles Korman : néant.

Interrogé par son ami Me Jouanneau qui le tutoie, du moins au début, il revient à l’épisode des trois Hollandaises fusillées ; à cette occasion, il dénonce alors le « subterfuge » du professeur ; en fait, ainsi qu’on l’a vu plus haut, le professeur a fait preuve d’une totale franchise en fournissant une photographie de la version officielle de cet épisode. Répète souvent que R. Faurisson est un « usurpateur » (mot de son cru et qui ne figure dans aucune décision de justice). On peut s’étonner de ce que cet avocat n’emploie pas le terme de « faussaire ». La raison en est simple : autrefois, en 1984, pour les nécessités de la défense de Jean Pierre-Bloch, il a plaidé que Faurisson était « le contraire d’un faussaire » vu qu’il… banalisait l’Holocauste. Il avait tenu cet étrange raisonnement avec son compère, Me Jouanneau (voy. le jugement du 18 mai 1984 où le tribunal rapporte la « subtile » mais vaine « argumentation » des deux compères).

Note : zéro pointé.

Conclusion

Les huit témoins ont brillé, à des degrés divers, par l’amateurisme, l’ignorance et les dérobades ou par le pur mensonge démontrable. Aucun n’a apporté la preuve d’une seule falsification du professeur. Pour commencer, ils n’ont pour ainsi dire rien lu de R. Faurisson, sinon quelques articles et quelques bribes, mal interprétés. Ils ne savent pas faire la différence entre ce qu’une personne dit et ce qu’elle a l’air de dire.

R. Badinter, pour sa part, a eu le mérite – mais pouvait-il faire autrement ? – de reconnaître sa faute. Avant le défilé de ses propres témoins, il avait, en leur absence, plaidé coupable. Il avait, en effet, reconnu n’avoir probablement pas lu le texte du jugement du 8 juillet 1981 parce qu’à l’époque, tout juste nommé ministre de la Justice, il s’était trouvé « précipité dans de multiples problèmes qui vous assaillent ». Le 11 novembre 2006, à la télévision, il n’avait pas prévu de parler de l’affaire Faurisson. « A question imprévue, réponse improvisée », a-t-il admis. Et d’ajouter : « Si j’avais su que cette question me serait posée [sur l’affaire Faurisson] au cours de cette émission, j’aurais vérifié mes sources, mais là ce fut une réponse improvisée ». Christophe Boltanski, du journal Libération (13 mars 2007, p. 16) rapporte les propos suivants de R. Badinter: « Je ne suis pas sûr d’avoir lu le jugement […]. Pour un article, j’aurais vérifié. Sur un plateau de télévision, vous répondez en fonction de vos souvenirs. »

Mais, au lieu de s’en tenir à cet aveu, R. Badinter a évoqué la mémoire de proches déportés et disparus, puis, se laissant aller à une explosion de colère, il s’est approché de Faurisson pour lui jeter sa haine à la face. A la sortie du prétoire, il a menacé une équipe de jeunes filles qui filmaient et interrogeaient le professeur.

R. Badinter ne saurait invoquer la bonne foi. Il sait ce que sont la diffamation et le dommage à autrui. Ancien avocat, ancien ministre de la Justice, ancien président du Conseil constitutionnel, il est un juriste avisé et reconnu.

12 mars 2007