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L’incendie criminel de la bibliothèque inter-universitaire de Lyon

Impitoyable pour le délit d’opinion révisionniste, la justice lyonnaise ferme les yeux sur le crime de droit commun. Contre Jean Plantin et ses publications scientifiques, elle utilise le knout (v. mon article du 16 décembre : « Guerre de harcèlement contre Jean Plantin ») ; en revanche, ce 5 décembre, au terme de l’enquête concernant l’incendie criminel de la bibliothèque inter-universitaire de Lyon, elle vient de rendre une ordonnance de non-lieu.

Durant la nuit du 11 au 12 juin 1999, un incendie avait détruit 300 000 des 450 000 ouvrages de la bibliothèque commune aux universités Lyon II et Lyon III. Quelques semaines auparavant, dans la frénésie de leur chasse aux sorcières révisionnistes, les allumés de l’agitation (sous la houlette de divers groupuscules) avaient fait courir le bruit que ladite bibliothèque abritait des ouvrages révisionnistes et, en particulier, le mémoire de diplôme d’études approfondies (DEA) rédigé par J. Plantin, mémoire dont les autorités, pour leur part, affirmaient qu’elles n’en possédaient plus d’exemplaire, ce qui attisait d’autant plus le courroux de nos justiciers. Bref, ces frénétiques avaient tellement enflammé les esprits contre les responsables à la fois des deux universités et de la bibliothèque inter-universitaire que, lorsque survint l’incendie, la nature criminelle de ce dernier ne fit guère de doute aux yeux des révisionnistes ou, du moins, de certains d’entre eux.

Cependant, la presse, dans son ensemble, décréta d’emblée que l’incendie était accidentel. Avait-elle pressenti le danger d’une mise en cause des zélotes ? Voulait-elle écarter l’hypothèse du crime pour éviter d’avoir à s’interroger sur l’identité des criminels ? Toujours est-il qu’elle invoqua la fatalité. Dès lors, jusque dans les colonnes du Monde, journal oblique, un long thrène se fit entendre sur ce feu dévastateur qu’on nous présenta comme venu du ciel.

Coup de théâtre

Un mois plus tard, le 22 juillet 1999, le juge d’instruction Stéphane Noël annonça qu’il avait ouvert une information contre X pour destruction volontaire par incendie. La nouvelle aurait dû susciter une belle indignation contre le crime et un flot de spéculations sur l’identité des criminels. Or, – un journaliste lyonnais en hasardera la remarque, – ce fut, au contraire, le silence quasi général, la gêne palpable et le refus de commenter. On put lire dans Le Progrès du jour :

Aucun commentaire. Depuis que le parquet de Lyon a ouvert une information judiciaire pour «destruction volontaire par incendie» […], les responsables des universités lyonnaises se font discrets. On les comprend. Il est difficile, voire délicat, de s’exprimer sur un dossier qui a pris, mardi [20 juillet], une tout autre ampleur.

L’universitaire Raymond Barre, maire de Lyon, s’abîma, tête baissée, dans le sommeil et, de son côté, Jack Lang, ministre de la Culture, d’ordinaire si loquace et toujours prompt à s’exhiber, se fit remarquer en la circonstance par une discrétion qu’on ne lui connaissait pas. Claude Allègre, ministre de l’Education, dont on sait le goût pour les déclarations fracassantes, fut particulièrement discret et, à l’instar de J. Lang et de R. Barre, s’abstint de toute déclaration ; comme par le passé, il persista à ne pas même se rendre officiellement sur le lieu de l’incendie, ne fût-ce que pour manifester un peu d’émotion et de sympathie : « la mémoire » n’était-elle pas en jeu ?

Les experts désignés avaient établi que la localisation du premier feu, le mode de propagation de l’incendie et, enfin, des traces d’une certaine espèce d’hydrocarbures avaient confirmé l’emploi d’un accélérant. Les criminels savaient que les livres sont matière difficile à détruire par le feu et que, sans un accélérant, leur projet aurait été voué à l’échec.

Le silence se fit alors encore plus lourd. Seuls des tracts révisionnistes intitulés « Lyon, capitale de la Résistance et du Révisionnisme » revinrent avec insistance sur l’incendie criminel et sur la non moins criminelle passivité des autorités.

Anne-Marie Comparini ne veut pas savoir

Le 27 avril 2001, le silence fut, de manière officielle, hardiment rompu par un conseiller régional du Front national, Georges Theil, qui, avec l’accord du professeur Bruno Gollnisch, déposa ce jour-là un « vu d’ordre général » pour que le Conseil régional de la région Rhône-Alpes voulût bien demander au procureur, de faire publiquement le point sur l’enquête, comme la loi l’y autorisait. Selon l’usage, le vu allait être soumis au vote du Conseil quand la présidente, Anne-Marie Comparini, membre UDF de la majorité, intervint pour déclarer sans autre explication : «Nous n’avons pas à nous immiscer dans le travail de la justice, à laquelle je fais confiance. J’émets un avis défavorable sur ce vu». A une large majorité, le vu fut donc rejeté. Et le silence s’installa à nouveau. La presse se garda de signaler aussi bien l’initiative du FN que l’obstruction de la dame.

L’attitude de Madame Comparini était d’autant plus suspecte que la présidente avait pour habitude de prôner la « transparence ». D’ailleurs, quelques mois plus tard, à l’occasion d’une nouvelle offensive de la guérilla antirévisionniste contre les responsables des universités Lyon II et Lyon III, un organe de la presse locale allait titrer : « “Affaires universitaires” : Anne-Marie Comparini pour la transparence » (Le Progrès, 11 juillet) !

Ma propre enquête

Une enquête me permit de découvrir que le capitaine de police judiciaire chargé des investigations avait suivi une étrange ligne de conduite. Je savais que, selon la norme, trois experts différents avaient été saisis : l’un dans le cadre du flagrant délit et les deux autres dans le cadre de l’instruction confiée au juge S. Noël ; tous avaient abouti au même résultat, selon lequel, en raison d’observations et d’analyses scientifiques, l’incendie ne pouvait être que de caractère criminel. Restait donc, en principe, au capitaine de police à rechercher les criminels. Or, je découvris que ledit capitaine avait mené ses investigations sans tenir compte des expertises et avec un tel a priori qu’il ne s’était donné aucune véritable chance de trouver les coupables. A l’en croire, en effet, il avait toujours estimé que l’incendie ne pouvait être de caractère criminel et qu’il devait s’agir d’un accident imputable à la négligence! Frappé, lors de nos conversations téléphoniques, par son insistance – molle – à qualifier d’accidentel un incendie que tous les experts jugeaient criminel, je lui demandai un jour de me préciser sur quels points, à son avis, ces hommes de l’art avaient bien pu errer. « Je ne suis pas un scientifique ; je suis un littéraire », fut sa réponse ! Sur une question de ma part, il me fit savoir qu’il n’avait convoqué aucun des trois experts pour un entretien en tête à tête afin de confronter son opinion de « littéraire » avec leurs conclusions de scientifiques. Son attitude s’expliquait d’autant moins que, comme une indiscrétion me permit de l’apprendre, même les deux juges d’instruction successifs s’étaient ralliés à la thèse de l’incendie criminel. Le capitaine « littéraire » se retrouvait donc, dans une conviction, sincère ou affichée, à un contre cinq, puisque trois experts et deux juges d’instruction en tenaient pour une conclusion diamétralement opposée à la sienne. Il ignorait que les livres sont particulièrement difficiles à brûler. Il ne se souvenait pas qu’on eût parlé d’accélérant. Il ne voyait pas comment on pourrait un jour découvrir des coupables. Lui détaillant les inévitables contingences d’une préméditation et d’une action criminelles de ce type, je lui désignais des pistes à explorer ainsi que des moyens à mettre en œuvre. Il n’avait suivi aucune de ces pistes et n’avait employé aucun de ces moyens. Il semble qu’il s’était essentiellement contenté de l’audition de témoins. Manifestement son siège était d’ores et déjà fait et il s’apprêtait à clore le dossier. Il avait, me confia-t-il, dix dossiers sur son bureau. Il avait certes beaucoup travaillé ; il avait interrogé de fort nombreux témoins ; il avait poussé le scrupule jusqu’à se mettre en rapport avec l’hebdomadaire Rivarol, qui, le 9 mars 2001, avait publié un article que j’avais intitulé : Lyon : silence, on brûle ! et que j’avais signé d’un nom de plume. C’est d’ailleurs ainsi que j’étais entré en relation avec ce déconcertant officier de police judiciaire. Bref, je compris que le nouveau juge d’instruction – Christine Parguel avait pris la succession de Stéphane Noël – ne pourrait malheureusement conclure pareille enquête judiciaire que par un non-lieu. Ce qui se vérifia dans la presse lyonnaise du 6 décembre, qui annonça que « le juge d’instruction » (en fait, Christine Parguel non nommée) avait confirmé le caractère criminel de l’incendie mais prononcé un non-lieu. La décision avait été prise faute de pouvoir déterminer les possibles responsables. La presse ajoutait : « L’affaire est donc stoppée, à moins qu’un nouvel élément ne la relance. Dans un délai de dix ans ».

« Des cendres sur les cendres » (Claude Burgelin)

Claude Burgelin, professeur à l’université Lyon II, s’était fait remarquer à la fin des années soixante-dix et au début des années quatre-vingt par le zèle qu’il avait mis à dénoncer son collègue Robert Faurisson. Il avait fait partie de la meute. Bien lui en avait pris. Il s’était taillé une réputation de belle conscience, ce qui allait produire d’intéressantes retombées pour un universitaire dont les publications étaient passablement ternes. A la fin de sa carrière, il s’était vu accorder le titre de professeur émérite. En septembre 2000, il avait tout de même eu le courage de protester contre l’indifférence des médias et du personnel politique devant l’incendie («Erostrate aux bords du Rhône», Actualité Rhône-Alpes du livre, septembre 2000). Tout récemment, dans une « tribune libre » consécutive à l’annonce du non-lieu, il est revenu à la charge en des termes qui valent d’être cités. Parlant de l’incendie comme d’un crime qu’il qualifie de « presque sans nul doute politique », il écrit justement :

Reste que sur ce crime s’est greffé un beau délit d’indifférence notoire […]. Les pouvoirs publics nationaux ont été inertes. Le ministre de l’Education ou celui de la Culture aurait pu (aurait dû) venir dire la portée symbolique d’une telle destruction. La presse n’a pas non plus, dans l’ensemble, fait son travail. Les lecteurs des meilleurs quotidiens nationaux ne peuvent savoir que l’incendie a été un acte criminel puisqu’on ne le leur a pas dit. L’affaire, au lendemain de l’incendie, n’a pas été suivie (« Des cendres sur les cendres », Lyon capitale, 12-18 décembre 2001).

Il faut relancer l’enquête

C. Burgelin et ses pareils devraient aujourd’hui rendre justice aux révisionnistes qui, à l’heure où la grande presse ne voulait entendre parler que d’accident, ont tout de suite envisagé l’hypothèse du crime. Considérant l’escalade des moyens mis en œuvre depuis plusieurs années par les maniaques de la terreur au sein des universités lyonnaises, les révisionnistes ou assimilés savaient à quoi s’en tenir sur l’audace croissante de leurs adversaires. Ils étaient payés pour savoir qu’un jour ou l’autre, on ne se satisferait plus d’empêcher les enseignants d’enseigner. Ils savaient qu’on ne se contenterait plus de les pourchasser dans les rues, de les frapper, de les humilier, de briser leur existence et celle de leurs familles jusqu’à ce qu’ils se retrouvent à l’hôpital. Ils savaient qu’il ne suffirait plus de les contraindre à la démission de fait, de les désigner à la police de la pensée et à une justice de circonstance, de les noter d’infamie, de leur retirer leurs diplômes, de les bannir. La terreur s’enivre de sa force. Des mots, elle passe aux actes, surtout quand elle bénéficie, dans ses entreprises, de la coopération des autorités en place : présidents d’universités, ministres, hommes politiques et médias aux ordres. Quant à l’arme de l’incendie criminel, elle avait été déjà utilisée contre les révisionnistes au moins à trois reprises : à Los Angeles, à Paris et à Toronto ; à chaque fois, l’affaire avait abouti à un non-lieu, faute d’une sérieuse enquête de police.

Pendant des années, dans une véritable course à l’abîme, les responsables des universités Lyon II et Lyon III, ont rivalisé de peur ou de complaisance à l’endroit des terroristes. Maintenant qu’ils savent comment l’enquête a été menée sur l’incendie criminel de leur bibliothèque, selon quelle méthode hautement contestable et avec quel a priori le capitaine « littéraire » a cru bon d’agir, ils doivent exiger la réouverture du dossier et la reprise de l’enquête conformément aux méthodes éprouvées de la police judiciaire. Les coupables, quels qu’ils soient, doivent être activement recherchés, n’en déplaise à Raymond Barre, Anne-Marie Comparini, Jack Lang et leurs pareils, au nombre desquels on pourrait citer Didier Daeninckx, Philippe Videlier (de l’Ordre national du Mérite), l’Union des étudiants juifs de France, le Cercle René Cassin, le Cercle Marc Bloch, les organisations Hippocampe, Ras l’front, SOS Racisme, République et laïcité, le Réseau Voltaire, Golias et tous ceux qui, pour leurs besognes en faveur de ce qu’ils appellent la tolérance ou la mémoire (avant tout juive) émargent au budget de la Courly (Communauté urbaine de Lyon) ou à celui de l’Etat. En une époque de chômage, le justicier, lui, ne chôme pas.

Quant à la presse locale, il ne faut pas compter sur elle. Elle continuera de se taire sur le sujet qui fâche. Elle ne reprendra de la voix que lorsqu’il s’agira de clatir à nouveau dans l’hallali contre le cerf.

NB : Sur le sujet, on pourra se reporter à mon étude du 8 avril 2000 (avec additif du 26 août 2000), « Didier Daeninckx : Ethique en toc », Etudes révisionnistesvol. 1, 2000, p. 66-71.

20 décembre 2001