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La chambre à gaz supposée d’Auschwitz I

Dans un livret préfacé par Simone Veil on peut lire le passage suivant, dont je vais souligner certains mots pour en proposer ensuite une explication et un commentaire.

Homme brillant et cultivé, [l’universitaire Robert Faurisson] n’en est pas moins un provocateur. Pendant les années soixante-dix, Robert Faurisson travaille. Il ébauche sa méthode historico-littéraire. Il se rend aux archives d’Auschwitz. Sa négation va s’y construire. Elle repose sur un fait réel : la chambre à gaz du camp d’Auschwitz I est une « reconstitution », puisqu’elle a servi d’entrepôt pour les médicaments des SS et d’abri antiaérien après la mise en service des chambres à gaz d’Auschwitz II-Birkenau ; ce qu’il a pu voir (et ce qu’on peut encore voir) est une chambre à gaz supposée. C’est indéniable. Il n’empêche que pour Robert Faurisson, il s’agit d’une supercherie dont les Juifs sont les auteurs.

Explication et commentaire de ce texte

La « méthode historico-littéraire » en question est celle, d’inspiration classique, que j’ai appliquée, comme il est dit plus haut dans le livret, soit à l’analyse littéraire de textes difficiles, en particulier de Nerval, Rimbaud, Lautréamont, Apollinaire, soit à l’enquête historique sur des points de la seconde guerre mondiale qui avaient été déjà révisés par Maurice Bardèche ou Paul Rassinier, auteurs également nommés dans le livret. Le révisionnisme, qu’il se trouve être historique ou littéraire, est affaire de méthode et non d’idéologie.

Le mot de « négation » est erroné et péjoratif. Celui de « contestation » serait plus approprié. Les révisionnistes contestent l’exactitude de récits qui sont généralement donnés pour certains. Ils récusent des affirmations qui sont parfois déclarées incontestables sous peine de poursuites judiciaires. Loin d’être des «négateurs» ou des « négationnistes » qui nieraient l’évidence, les révisionnistes affirment, en conclusion de leurs enquêtes, que tel point d’ensemble ou de détail de l’histoire de la seconde guerre mondiale a besoin d’être sérieusement revu et corrigé. De la même manière, Galilée ne niait pas mais, au terme d’un travail de réflexion et de révision, il affirmait. Il n’était pas inspiré par le Diable (celui qui nie obstinément) mais par l’esprit d’observation et le souci d’exactitude. Il ne niait pas que le Soleil tourne autour de la Terre mais il affirmait, au terme de ses recherches, que la Terre tourne autour du Soleil.

Il est dit de ma position qu’elle va se construire et reposer sur un fait « réel ». On aura noté ce dernier mot. Mes adversaires me concèdent ici que j’ai construit sur du réel. Ce qu’ils omettent de préciser, c’est qu’en la matière, avant moi, les tenants de la « chambre à gaz » construisaient sur du faux. C’est moi qui ai découvert la supercherie de cette «chambre à gaz» et qui ai révélé la vraie nature et les vraies destinations successives de ce local.

Le mot de « reconstitution » est flanqué de guillemets, ce qui, comme va le prouver la suite du texte, signifie pour les auteurs qu’il s’agit d’une prétendue reconstitution, d’une fausse reconstitution, d’une supercherie.

Les « chambres à gaz d’Auschwitz II-Birkenau » ne sont pas plus vraies que celle d’Auschwitz I. Les révisionnistes l’ont amplement démontré, analyses physique, chimique, architecturale à l’appui et, personnellement, j’ai pu, grâce à des découvertes dans les archives du Musée d’Auschwitz, révéler leur véritable usage.

Une chambre à gaz « supposée » signifie une chambre à gaz qu’on donne pour authentique, en trompant. On se reportera ici à la toute nouvelle édition du Grand Robert de la langue française (2001) où ce sens du verbe «supposer» est ainsi défini : « Donner pour authentique, en trompant. Supposer un testament, une signature. Testament supposé, [voy.] Apocryphe. Sous un nom supposé, [voy.] Faux. – Inventer, forger de toutes pièces. J’ai supposé cette blessure, un ouvrage supposé. »

« C’est indéniable ». Le choix de l’adjectif ne manque pas de saveur. Ce que dans un récent passé on ne pouvait nier sous peine d’être traité de « négateur » ou de « négationniste » voit son contraire maintenant décrété « indéniable ». Autrefois il était indéniable que cette chambre à gaz était vraie et aujourd’hui il est, pour nos auteurs, devenu indéniable qu’elle est fausse.

Dans la phrase : « Il n’empêche que pour Robert Faurisson, il s’agit d’une supercherie dont les Juifs sont les auteurs », le raisonnement est boiteux et la formulation embarrassée. Et pour cause : on n’a pas ici osé exprimer en toute clarté la thèse, dérisoire, selon laquelle les responsables de la supercherie ne seraient pas « les Juifs » mais les communistes soviétiques et polonais de l’après-guerre.

Les auteurs de ce texte

Le livret en question accompagne deux CD portant pour titre : Le Négationnisme, Entretiens sous la direction de Jean-Marc Turine, diffusés sur France-Culture / Le Négationnisme (1948-2000). Livret rédigé par Jean-Marc Turine et par Valérie Igounet [auteur de Histoire du négationnisme en France] avec une préface de Simone Veil (48 pages, 2001, Radio-France – INA. Frémeaux et Associés Export Department, 20 rue Robert-Giraudineau, 94300 Vincennes, 01 43 74 90 24). L’extrait que j’ai reproduit ci-dessus figure aux pages 27-28. En principe, ces deux CD et leur livret doivent se trouver dans tous les centres de documentation des collèges et lycées de France.

« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme »

Les professeurs aiment à disserter sur la maxime de Rabelais selon laquelle «Science sans conscience n’est que ruine de l’âme». Ceux d’entre eux qui conduisent leurs élèves à Auschwitz devraient réfléchir sur ce sujet de dissertation et s’interroger sur leur propre responsabilité morale vis-à-vis de leurs élèves et des parents de ces derniers.

Immanquablement, le tour du camp commence ou s’achève par la visite de la chambre à gaz d’Auschwitz I, c’est-à-dire par une supercherie de taille. La tromperie y prend diverses formes, de la plus élémentaire à la plus tortueuse. Parfois on se contente d’affirmer froidement aux visiteurs que ladite « chambre à gaz » est « en état d’origine ». Parfois on la déclare « reconstruite » ou «reconstituée» si bien que, trompés par le choix de ces mots, les touristes s’imaginent que cette « reconstruction » ou « reconstitution » a été honnêtement faite conformément à l’original. Parfois, poussé dans ses retranchements par un visiteur plutôt sceptique, un responsable du Musée concèdera que tout cela n’est pas authentique mais seulement « très semblable » (very similar) à l’original (tel a été, en 1992, le cas de Franciszek Piper interrogé devant la caméra par David Cole, révisionniste américain d’origine juive). Parfois, enfin, on vous dira que cette « chambre à gaz » est un « symbole ».

Il faut qu’à Auschwitz cesse, sans équivoque aucune, le mensonge de la fausse chambre à gaz du camp principal. Il y a six ans déjà, Éric Conan écrivait à son propos : « Tout y est faux » ; il rapportait également que les autorités du camp, conscientes de la supercherie, refusaient jusqu’à nouvel ordre de dire la vérité aux visiteurs abusés (Auschwitz : la mémoire du mal, L’Express, 19-25 janvier 1995, p. 68).

L’hommage aux victimes se rend par le récit exact et sincère de leurs souffrances et non par l’exagération et le mensonge.

31 décembre 2001