Zigounette et Doucette sont dans un bateau…
Paul-Éric Blanrue signale et reproduit sur sa page Facebook un article de David Doucet intitulé Robert Faurisson, le négationnisme comme fonds de commerce (28 mai 2012).
Je me contenterai d’en signaler une assez belle tricherie directement inspirée de l’une des tricheries de Valérie Igounet, auteur de Robert Faurisson, portrait d’un négationniste (Denoël, 2012, 464 p.).
Le journaliste (sa binette vaut le déplacement sur Google) ne craint pas d’écrire :
En 2007, [Faurisson] n’hésite pas à porter plainte contre Robert Badinter qui l’avait qualifié de « faussaire de l’histoire ». Débouté, il est condamné à payer 5 000 euros de frais de justice à l’ancien garde des Sceaux de Mitterrand.
Tout lecteur de ces deux phrases en conclura que les magistrats ont cautionné l’affirmation de R. Badinter et condamné Faurisson pour être un faussaire de l’histoire.
Or la vérité est toute différente.
Le 11 novembre 2006, sur ARTE, R. Badinter avait eu l’aplomb de déclarer : « J’ai fait condamner Faurisson pour être un faussaire de l’histoire ». Par là il faisait allusion à un procès qui, en 1979, m’avait été intenté par neuf associations pour leur avoir causé un « dommage par falsification de l’histoire ». R. Badinter figurait dans la cohorte d’avocats des plaignants. Or, aussi bien en première instance (jugement du 8 juillet 1981) qu’en appel (arrêt du 26 avril 1983), les magistrats allaient expressément refuser de me « condamner pour être un faussaire de l’histoire » ou d’avoir causé un « dommage par falsification de l’histoire ».
L’échec se révélait cuisant pour ces associations en général et pour R. Badinter en particulier, nommé ministre de la Justice en juillet 1981. Certes, j’allais être condamné mais, semble-t-il, « en somme […] pour avoir agi avec malveillance en résumant [mes] thèses en slogans » (Pierre Vidal-Naquet, Les Assassins de la Mémoire, La Découverte, 1987, p. 182). Quant à mon travail sur « le problème des chambres à gaz [nazies] », loin d’être celui d’un « faussaire de l’histoire », il ne comportait, de l’avis des magistrats de la cour d’appel de Paris, aucune trace de «légèreté», de « négligence », d’ignorance délibérée ou de « mensonge ». Et cela à telle enseigne que ces magistrats avaient décidé qu’en conséquence tout le monde devait se voir reconnaître le droit de dire, comme je l’avais moi-même fait, que ces prétendues chambres à gaz n’avaient pas pu exister (et cela pour des raisons physiques, chimiques, architecturales, documentaires et historiques). Ils avaient exactement prononcé : « La valeur des conclusions défendues par Monsieur Faurisson relève donc de la seule appréciation des experts, des historiens et du public ».
En 2006 R. Badinter ne pouvait avoir oublié cette humiliation qui remontait au début des années 1980. J’ai donc porté plainte contre lui et, au cours du procès[1], il s’est bien sûr montré incapable de fournir la preuve de son assertion. En conséquence, dans son jugement du 21 mai 2007 le tribunal déclarait que R. Badinter avait bel et bien « échoué en son offre de preuve ». Ce dernier m’avait donc diffamé. Oui, mais… les juges ajoutaient que « le fait diffamatoire » avait été proféré « de bonne foi » et, en conséquence, ils me condamnaient au versement de 5 000 euros pour les frais encourus par mon diffamateur. En trente années de procès, jamais mon honnêteté et le sérieux de mon travail n’ont été mis en cause par une juridiction quelconque.
Au procès de 2007 Valérie Igounet a été partie prenante aux côtés de R. Badinter. Mais, dans son livre de 2012, où elle fait état de ce procès et de sa conclusion (notamment p. 360-364), elle cache soigneusement au lecteur que le tribunal avait jugé que R. Badinter avait « échoué en son offre de preuve ».
Zigounette et Doucette sont dans un bateau…
28 mai 2012
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[1] Voy. Les témoins de Robert Badinter (12 mars 2007) et Dernière audience du procès contre Robert Badinter (2 avril 2007) Écrits révisionnistes (2005-2007), vol. VI, respectivement p. 291-306 et 306-311.