Pour comprendre cette « Réponse… » de six pages, il faut savoir que, sur l’initiative du ministère public, j’étais cité à comparaître devant la XVIIe chambre correctionnelle du Tribunal de Grande Instance (TGI) de Paris. On me faisait grief d’avoir, dans ma Réponse à Jean-Claude Pressac sur le problème des chambres à gaz, enfreint l’interdiction de « contester » l’existence des «crimes contre l’humanité» tels que définis et condamnés par le tribunal militaire international de Nuremberg en 1945-46. Le 9 mai 1995, jour de l’audience des plaidoiries, deux associations d’anciens déportés et internés, représentées par Me Jean-Serge Lorach, joignaient leurs plaintes respectives à la plainte du ministère public (substitut François Cordier).
Nous avions demandé l’audition de Jean-Claude Pressac sous peine des poursuites d’usage.
J.-C. Pressac est venu et a fourni une prestation tellement désastreuse qu’à un moment, perdant pied, il a cru devoir lâcher dans un souffle que l’Américain Fred Leuchter, auteur du fameux rapport sur les présumées chambres à gaz d’exécution à Auschwitz, Birkenau et Majdanek (1988), avait lui-même admis qu’à Auschwitz il y avait eu des chambres à gaz d’exécution ! Mon avocat, Me Eric Delcroix, est immédiatement intervenu pour dire au tribunal que J.-C. Pressac avait dit là le contraire de la vérité. Il promettait l’envoi au tribunal d’un exemplaire de la traduction en français du « rapport Leuchter ». Me Éric Delcroix a tenu parole et, dès le lendemain de l’audience, il a envoyé cet exemplaire au tribunal avec une note d’accompagnement.
Me Lorach a commis l’imprudence de vouloir répondre, manifestement après avoir consulté Pressac. Dans sa réponse, il ne conteste à aucun moment que ce dernier ait osé affirmer au sujet de F. Leuchter une énorme contre-vérité. Simplement, il se met à attaquer la crédibilité de l’Américain et la valeur de son rapport, ce même rapport sur lequel Pressac avait tenté auparavant de s’appuyer.
Notre propre « Réponse […] », ci-jointe, a suscité de la part de Me Lorach une réplique dépourvue d’arguments et riches d’insultes à mon égard. Me Delcroix, de son côté, a écrit à la présidente du tribunal pour lui dire qu’il n’entendait pas répondre à Me Lorach sinon par l’envoi de coupures de presse des 29 et 30 avril 1995 faisant état d’une découverte supposée être sensationnelle : celle de « la première preuve technique de l’existence des chambres à gaz ». Des historiens autrichiens se vantaient d’avoir découvert à Mauthausen un… ventilateur, «première preuve technique de l’existence des chambres à gaz» !
À elle seule, cette nouvelle montre que nous avions raison d’affirmer que les «preuves» du malheureux J.-C. Pressac ne valaient rien du tout.
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Page 1, alinéas 1-2-3 (Fred Leuchter)
Le « rapport Leuchter » (cent quatre-vingt-douze pages), de 1988, sur les présumées chambres à gaz homicides d’Auschwitz, de Birkenau et de Majdanek avait provoqué l’irritation de certaines organisations juives des États-Unis et du Canada qui, faute de pouvoir y répondre par des arguments techniques ou scientifiques, se faisaient fort d’obtenir la condamnation de F. Leuchter en justice. La Beate Klarsfeld Foundation, sise à New York, déléguait sur place à Malden (près de Boston) Beate Klarsfeld elle-même. Tout donnait à croire qu’on s’acheminait vers un long et très coûteux procès. En fin de compte, le juge acceptait une solution d’apaisement : F. Leuchter renoncerait à faire état de son titre d’ingénieur, en particulier à l’occasion de toute diffusion de son fameux rapport ou de rapports du même genre mais pourrait, s’il le voulait, faire acte de candidature en vue d’obtenir son inscription à la chambre des ingénieurs diplômés.
Dans la pièce “JSL[Jean-Serge Lorach]-1”, on n’a pas traduit les termes de cet accord à l’amiable (agreement). Cet accord serait inconcevable si le juge et la Chambre des ingénieurs diplômés avaient eu la conviction que, dans le passé, F. Leuchter avait abusé du titre d’ingénieur ou avait été un « faussaire » (sic).
Selon nos renseignements, l’état du Massachusetts où exerçait F. Leuchter comptait à l’époque cinquante-cinq mille ingénieurs (engineers) dont cinq mille ingénieurs diplômés (professional engineers). F. Leuchter faisait partie des cinquante mille ingénieurs (engineers) dont beaucoup travaillaient pour le célèbre Massachusetts Institute of Technology. Il avait des brevets à son nom: l’un pour le système de codage optique des satellites de surveillance et l’autre pour le premier sextant électronique en usage dans l’US Navy. Il était l’auteur du système d’injection pour l’exécution des condamnés à mort. Il était spécialiste (consultant) des chambres à gaz d’exécution des pénitenciers américains.
Il est à noter que F. Leuchter a accepté de signer cet accord et n’a fait aucun acte de candidature. Commentaire de son avocat Kirk Lyons : « Klarsfeld peut sans mentir déclarer que F. Leuchter n’est pas un ingénieur enregistré au Commonwealth of Massachusetts mais prétendre qu’il n’est pas un ingénieur est un mensonge patent. À suivre la théorie de Klarsfeld, Benjamin Franklin, Thomas Edison, Henry Ford, Alexander Graham Bell et les frères Wright auraient, tous, dû être arrêtés pour avoir pratiqué une activité d’ingénieurs sans avoir été enregistrés comme tels. »
Loin d’être l’œuvre d’un « faussaire », le « rapport Leuchter » constituait en 1988 un travail dont le caractère scientifique a été, par la suite, pleinement confirmé.
Les deux pays où les révisionnistes subissent la répression la plus sévère sont l’Allemagne et l’Autriche. F. Leuchter, lui-même, est payé pour le savoir. Il n’empêche que le ministre allemand de la justice, se rendant à l’évidence, a fait répondre par ses services, le 14 février et le 13 mars 1990, qu’il tenait le « rapport Leuchter » pour « une enquête scientifique » (eine wissenschaftliche Untersuchung), non sujette, en tant que telle, à une poursuite judiciaire (Revue d’histoire révisionniste n° 1, p. 163 ; copie des originaux à la disposition du TGI de Paris.)
Les conclusions du « rapport Leuchter » ont été confirmées par le « rapport Rudolf » (Allemagne) et le « rapport Lüftl » (Autriche) :
– le « rapport Rudolf (1992) » ne concerne qu’Auschwitz et Birkenau. Germar Rudolf est ingénieur chimiste diplômé du prestigieux Max-Planck-Institut de Stuttgart. Il confirme pleinement les conclusions du « rapport Leuchter » et, en particulier, les analyses de laboratoire portant « sur la formation de liaisons cyanurées dans les chambres à gaz d’Auschwitz et sur la possibilité de les rechercher » ;
– l’ingénieur diplômé Walter Lüftl, président de la Chambre des ingénieurs d’Autriche, a rédigé un mémoire intitulé L’Holocauste, croyances et faits (Holocaust, Glaube und Fakten) qui a été publié en anglais dans le Journal of Historical Review. Ce mémoire ou rapport confirme les conclusions du « rapport Leuchter » et même réfute sur le plan technique ou scientifique d’autres points de l’histoire de « l’Holocauste ». Il a provoqué une vive émotion au parlement autrichien et W. Lüftl a dû démissionner de son poste de président de la chambre des ingénieurs. Une plainte a été déposée en justice. Cette plainte a abouti à un non-lieu en date du 8 juin 1994, porté à la connaissance de W. Lüftl le 15 juin 1994.[1] Si son procès avait eu lieu, l’ingénieur Lüftl aurait pu démontrer à la face du monde que l’existence et le fonctionnement des prétendues chambres à gaz nazies sont matériellement inconcevables, comme l’avait si bien démontré ce pionnier de la science qu’a été F. Leuchter.
Page 1, alinéas 2-3, et page 2, alinéas 1-6
(Georges Wellers et Jean-Claude Pressac)
Très embarrassés par le fait que, plus de quarante ans après la guerre, on relève d’abondantes traces de ferri-ferrocyanures dans les chambres à gaz de désinfestation au gaz cyanhydrique (Zyklon B, inventé en 1922) et des traces soit nulles, soit infinitésimales dans les chambres froides (Leichenhalle ou Leichenkeller) prétendument utilisées comme des chambres à gaz homicides, les adversaires de F. Leuchter recourent, en gros, soit à la thèse de G. Wellers, soit à celle de J.-C. Pressac, toutes deux évoquées par Me J.-S. Lorach :
– Thèse de G. Wellers : les poisons gazeux « entrent dans le corps humain avec chaque mouvement d’inspiration et y restent fixés chimiquement de sorte que l’air expiré n’en contient plus. Résultat : à chaque mouvement respiratoire, le corps de la victime s’enrichit en poison et dans l’air ambiant sa concentration diminue d’autant[2]».
G. Wellers commence par reconnaître que F. Leuchter a raison de noter avec insistance que les «chambres à gaz» homicides ne possédaient aucun système de chauffage permettant de porter la température des pièces à un minimum de + 25,7° nécessaire au développement normal et à l’efficacité du Zyklon B. Puis, il affirme qu’aucun système de chauffage n’était nécessaire. S’exprimant au présent, comme si le fait était avéré alors que celui-ci est l’objet même de la controverse, il ne craint pas d’écrire : « Cette masse humaine déshabillée réchauffe en peu de minutes l’atmosphère, les murs, les plafonds, les planchers sans aucune installation de chauffage à une température bien supérieure à 25,7°.» C’est oublier qu’une masse humaine, quelle qu’elle soit, nue, dans une vaste pièce de béton (30 m x 7 m) conçue comme une chambre froide pour la conservation des cadavres, n’obtiendrait jamais, surtout par temps d’hiver silésien, qu’au niveau du sol, là où se trouveraient les granulés de Zyklon B, la température se porte « en peu de minutes » à plus de 25,7°. Il ne faut pas oublier que le gaz cyanhydrique est moins dense que l’air et qu’il monte du sol au plafond.
– Thèse de J.-C. Pressac : « Si l’on a trouvé, dans les chambres destinées à l’épouillage des vêtements, beaucoup plus de restes d’acide cyanhydrique que dans les chambres à gaz homicides, c’est qu’il fallait de nombreuses heures pour tuer les poux, de telle sorte que l’acide avait le temps de s’imprégner dans les parois, tandis que, pour tuer les hommes, quelques minutes hélas suffisaient[3]… ».
Dans sa propre déposition, le professeur Faurisson a fait justice de ces affirmations sans preuves. Prenant l’exemple du crématoire II de Birkenau dont subsistent des ruines tout à fait parlantes, il a rappelé que les molécules du poison en question ne choisissent pas les endroits où se poser ; celles-ci ne se seraient pas cantonnées exclusivement dans l’appareil respiratoire des victimes mais seraient allées se fixer partout, au plancher, au plafond, aux murs, aux piliers de soutènement de la chambre froide semi-enterrée (Leichenkeller-1) ainsi que sur toute la surface des corps, dans les ouvertures naturelles de ces corps et qu’il se serait aussi formé des poches de gaz entre ces corps. Pénétrer dans une telle chambre à gaz encombrée, paraît-il, de deux mille cadavres (qui auraient été cyanurés) serait revenu à plonger dans un océan de gaz cyanhydrique ; ce gaz, partout fixé, aurait continué d’émaner de partout ; l’eau de condensation aurait, elle aussi, fixé ce gaz mortel ; quant au travail de Titan nécessaire pour dégager les cadavres enchevêtrés et pour les transporter, il aurait été impossible : les efforts physiques auraient nécessité une intense activité respiratoire alors que, dans la réalité, le moindre effort physique est à proscrire parce qu’il risque d’intensifier l’activité respiratoire et d’empêcher ainsi le filtre des masques de faire son office.
Dans ses écrits, le professeur a maintes fois rappelé que, de l’aveu même de ses fabricants, le Zyklon B présentait malheureusement l’inconvénient d’une «ventilabilité difficile et longue à cause de la forte adhérence du gaz aux surfaces[4]». Au tribunal, il a rappelé ses visites et entretiens au laboratoire central de la préfecture de Police de Paris (rue de Dantzig), ses entretiens et sa correspondance avec le toxicologue Louis Truffert, son étude des chambres à gaz du pénitencier de Baltimore en 1979. Il a accumulé une considérable documentation technique sur les chambres à gaz de désinfestation, sur le gazage au Zyklon B des nuisibles, sur le traitement au gaz Zyklon B des arbres fruitiers, du tabac, etc., sur les chambres à gaz pour l’entraînement des recrues au port du masque à gaz (dans ce cas on utilise généralement du bromure de benzyle, lequel est inoffensif par rapport au gaz cyanhydrique) ; dans ses différents procès, le professeur a déposé une abondante documentation sur ces sujets et, en particulier, sur le danger extrême que présente la pénétration de personnes, même munies de masques spéciaux, en un lieu où a sévi le gaz cyanhydrique ; il a insisté sur les précautions drastiques à prendre pour la manipulation d’un cadavre qui vient d’être abondamment imprégné de gaz cyanhydrique. Il a rappelé que, selon le «témoignage» de Rudolf Höss, si souvent invoqué dans le passé le plus récent, le personnel chargé de débarrasser les prétendues chambres à gaz d’Auschwitz ou de Birkenau pénétrait dans les lieux en mangeant et en fumant, c’est-à-dire sans masque à gaz, ce qui est radicalement impossible. Il a souvent rappelé que, loin d’être utilisées pendant un court laps de temps, ces prétendues chambres à gaz étaient décrites comme fonctionnant jour et nuit, et cela afin d’éliminer les victimes dans des proportions industrielles. Ces locaux abusivement décrits comme des abattoirs chimiques fonctionnant à plein rendement auraient donc dû, comme les chambres à gaz de désinfection, « exsuder », avec le temps, de grandes quantités de bleu prussique, visibles à l’œil nu. Or, ce n’est absolument pas le cas.
Me J.-S. Lorach, probablement induit en erreur par G. Wellers, semble tout ignorer de la dangerosité du Zyklon B, lui qui parle de «cadavres de femmes tondues après le gazage»! D’abord, il n’existait aucune place dans le bâtiment pour procéder à cette opération. Ensuite, l’intoxication des « coiffeurs » aurait été immédiate. Rappelons, par exemple, trois textes qui avertissent du danger extrême :
1. Le 12 août 1942, à Auschwitz, le commandant R. Höss signe un Sonderbefehl (ordre spécial) concernant un cas de léger empoisonnement par acide cyanhydrique. Il rappelle les termes du règlement pour tous ceux qui participent à une opération de gazage de pièces d’habitation. Au moment de l’ouverture des pièces, les SS (qui sont de garde autour du bâtiment et ne portent pas de masque à gaz) doivent attendre au moins cinq heures et se tenir à une distance d’au moins quinze mètres. Il leur faut, en particulier, veiller a la direction du vent. Le document est distribué à trente-neuf exemplaires en direction de multiples instances.[5]
2. En 1943 un manuel technique de l’armée américaine sur le masque à gaz (manuel traduit en français pour l’usage de l’armée française) porte notamment :
(2) On doit également se souvenir qu’un homme peut perdre connaissance par absorption d’acide cyanhydrique gazeux à travers la peau ; une concentration de 2% d’acide cyanhydrique est suffisante pour faire perdre connaissance à un homme, au bout de 10 minutes. Par conséquent, même en portant un masque, l’exposition à des concentrations supérieures ou égales à 1% en volume d’acide cyanhydrique gazeux ne doit être tolérée qu’en cas de nécessité et pour une durée ne dépassant pas 1 minute. En général, les locaux où l’on trouve ces gaz doivent être aérés avant que le porteur du masque y pénètre, la concentration en acide ainsi à un faible pourcentage.[6]
3. Le 3 avril 1981 Louis Truffert, toxicologue, expert honoraire près la cour d’appel de Paris, président de l’Association internationale d’expertise scientifique, envoyait au professeur Faurisson une lettre par laquelle il rectifiait le contenu d’une lettre adressée à Me Korman le 16 février 1981 ; il déclarait :
Toutefois, l’observation que j’ai faite, concernant la possibilité d’entrer sans masque dans une pièce contenant des corps d’intoxiqués par l’acide cyanhydrique, concerne le cas d’une chambre à gaz au niveau du sol, débouchant à l’air libre et il est évident que d’importantes réserves doivent être faites dans le cas d’installations en sous-sol. Une telle situation nécessiterait un dispositif de ventilation très important et des précautions draconiennes pour éviter des pollutions susceptibles d’être à l’origine d’accidents.
Le 25 mars 1981 M. Truffert, d’abord trompé par la description qui avait pu lui être faite des prétendues chambres à gaz homicides, n’avait pu cacher au professeur Faurisson et à l’éditeur Pierre Guillaume sa stupéfaction devant les photographies et les plans montrant l’emplacement réel et la forme réelle des locaux.
JAMAIS les antirévisionnistes n’ont répondu aux arguments les PLUS SIMPLES des révisionnistes : comment pouvait-on déverser des granulés de Zyklon B dans le toit, par exemple, de la prétendue chambre à gaz du crématoire II de Birkenau puisque, aussi bien, les prétendus quatre orifices de déversement n’ont jamais existé, ainsi qu’on peut le constater encore aujourd’hui de visu ? Le trou qu’on peut voir, de forme totalement irrégulière avec fers à béton cisaillés et repliés est le résultat d’un défoncement du toit après la guerre pour permettre la pénétration d’une personne, de corpulence normale, sous ce toit : c’est ainsi qu’on découvre que la prétendue chambre à gaz n’était, comme indiqué sur les plans découverts par le professeur, qu’une pièce nue avec piliers de soutènement et sans aucune de ces prétendues conduites perforées qui auraient permis le déversement des granulés de Zyklon B, leur accumulation au fond de ces conduites et l’émanation du gaz.
Jamais non plus on n’a répondu aux révisionnistes qui faisaient remarquer que, si les chambres froides avaient été, comme on le prétend, des chambres à gaz homicides, AUCUN ESPACE dans tout le crématoire n’aurait pu accueillir les cadavres (environ deux mille, nous dit-on) en attente de leur incinération et alors que, de leur côté, les nouvelles victimes attendaient déjà dans la prétendue salle de déshabillage. Jamais on n’a expliqué aux révisionnistes où pouvaient être entreposés les cadavres des victimes journalières du typhus ou de toute autre « mort naturelle » (gardiens, détenus, travailleurs libres, etc.).
Page 2, alinéas 7-8, et page 3, alinéas 1-2
(l’expertise du Polonais Robel)
Le professeur Faurisson a bel et bien informé F. Leuchter de cette expertise dont il avait traité dès 1982 dans sa Réponse à Pierre Vidal-Naquet.[7] Cette expertise du chimiste polonais Robel ne présente aucun intérêt puisque, au lieu de porter sur la prétendue arme du crime, elle concerne des objets dont rien ne prouve qu’ils aient été des éléments d’un crime quelconque. Rien ne prouve que ces fermetures en zinc provenaient « des orifices de la chambre à gaz (Leichenkeller-I) du crématoire-II de Birkenau» ; d’ailleurs, de tels orifices n’existent tout simplement pas à cet endroit, ainsi qu’on peut le constater aujourd’hui. Rien ne prouve non plus que ces vingt-cinq kilos (et demi) de cheveux provenaient « des cadavres de femmes tondues après le gazage » ; dans toute l’Europe en guerre et en disette on a collecté des cheveux d’hommes et de femmes pour les désinfecter (par exemple au Zyklon B) et pour les employer dans l’industrie de la confection. Il est, en revanche, remarquable qu’on n’ait procédé à aucune expertise ou qu’on n’ait publié aucune expertise de l’arme même du crime.
Page 3, alinéa 3 (Ernst Zündel)
Ernst Zündel a été définitivement acquitté par un arrêt retentissant de la Cour suprême du Canada en date du 27 août 1992. Les juges sont allés jusqu’à déclarer anticonstitutionnelle la loi sur le fondement de laquelle il avait été persécuté pendant neuf ans sous la pression constante, en particulier, d’une association dirigée par Mme Sabina Citron (Canadian Holocaust Remembrance Association). Ils ont prononcé que cette loi était contraire à la Constitution garantissant la liberté d’expression ; cette liberté a ses limites, ont-ils dit, mais, en l’espèce, E. Zündel devait pouvoir librement exposer ses vues. Cette loi a été abrogée.
Page 3, alinéa 4 (Robert Faurisson)
Si le professeur s’était, depuis 1974, laissé aller à des « élucubrations » (sic) dans tous ses écrits et, en particulier, dans sa Réponse à Jean-Claude Pressac, la communauté des historiens et des scientifiques l’auraient publiquement confondu depuis beau temps. Au lieu de cela, il ne se passe pas de mois qu’on ne lui concède, ainsi qu’à l’ensemble grandissant des révisionnistes dans le monde, que le révisionnisme historique avait, en fin de compte, raison sur un nombre considérable de points importants et même capitaux.
Depuis un demi-siècle, les révisionnistes attendent, de la part de leurs adversaires, soit une expertise de l’arme du crime prétendument utilisée à Auschwitz et à Birkenau, soit, plus simplement, pour commencer, une photographie, un dessin ou une maquette représentant cette arme et son fonctionnement. Le professeur Faurisson demande respectueusement au tribunal présidé par Mme Ract-Madoux d’ordonner une telle expertise.[8] Il rappelle que J.-C. Pressac, dans son livre Les Crématoires d’Auschwitz, a accumulé plusieurs centaines d’affirmations sans preuve, qu’il n’a reproduit aucune photographie des locaux ou ruines de locaux censés avoir servi d’abattoirs chimiques, qu’il n’a fourni aucun plan, aucun dessin ni aucune maquette de la chambre à gaz nazie et qu’il a, dans un ouvrage réputé scientifique, entièrement passé sous silence l’existence des rapports de l’Américain Fred Leuchter, de l’Allemand Germar Rudolf et de l’Autrichien Walter Lüftl (ce dernier étant, à l’époque, président de la chambre des ingénieurs d’Autriche), sans parler d’une tentative d’expertise de l’Institut de criminologie de Cracovie tenue secrète par les Polonais mais révélée par les révisionnistes. Or, dans une controverse historique il faut exposer la thèse adverse, donner référence des écrits et s’efforcer d’y répondre. C’est ce que, pour leur part, les révisionnistes n’ont cessé de faire.
À titre d’information sur l’inévitable complexité d’une exécution par le gaz cyanhydrique, le tribunal voudra bien trouver ci-joint une copie des pages 301-322 de l’ouvrage publié en 1980 par Robert Faurisson et Serge Thion : Vérité historique ou vérité politique ? La question des chambres à gaz ainsi qu’un texte d’une page intitulée « Juger, c’est comparer » et montrant deux photographies dont la simple juxtaposition donne matière à réflexion : la première montre la porte de la chambre à gaz de Baltimore (1954, technologie des années trente et quarante) ; la seconde montre la petite porte vitrée du crématoire-I d’Auschwitz (elle s’ouvre vers l’espace où, paraît-il, s’entassaient des centaines de cadavres).
« Il n’appartient pas aux tribunaux de dire l’histoire ». Il peut arriver que des magistrats ne rappellent d’abord ce principe que pour mieux l’oublier ensuite dans la pratique. Le professeur Faurisson demande respectueusement au tribunal de ne se faire d’aucune façon juge de l’histoire, ni dans le principe, ni dans la pratique. En la circonstance, l’histoire d’Auschwitz devient de plus en plus mouvante depuis le début des années quatre-vingt. Les historiens orthodoxes accumulent, à un rythme qui s’accélère, les révisions les plus déchirantes dans le sens même que préconisaient les révisionnistes. Par exemple, le 18 janvier 1995 la chambre à gaz d’Auschwitz était encore « authentique » mais, le lendemain, les lecteurs français de L’Express, et eux seuls, apprenaient qu’en réalité « Tout y est faux ». À en croire Pierre Vidal-Naquet lui-même, la tentation est grande chez «des personnes bien intentionnées» d’abandonner l’argument de l’existence des chambres à gaz nazies : « Qu’ils me pardonnent, mais c’est là capituler en rase campagne[9]. » Or, cet abandon est inéluctable comme l’a été celui du « savon juif », de « l’ordre de Hitler », de «Wannsee», du « document Gerstein », des «quatre millions de victimes d’Auschwitz», des « confessions » de Höss, du « langage codé », de l’« abondance de preuves », des « témoignages innombrables ». Dès 1968, l’historienne Olga Wormser-Migot le reconnaissait dans sa thèse sur Le Système concentrationnaire nazi (1933-1945) : il existe un « problème des chambres à gaz »[10]. Et, avant cela, dès 1951, Léon Poliakov avait admis, au sujet de ce qu’il appelait «la campagne d’extermination des juifs»: « Aucun document n’est resté, n’a peut-être jamais existé[11]. » Des magistrats pourraient-ils, eux, en savoir plus que ces historiens orthodoxes ?
Enfin, si des magistrats ne peuvent se faire juges de l’histoire, sans doute peuvent-ils encore moins se faire les juges (encore une fois sans recours à des experts) d’un débat historique qui nécessite aussi bien des recherches en chimie, en médecine, en technologies diverses que des investigations in situ.
Note : Me J.-S. Lorach n’ayant fourni que deux documents, nous nous astreignons à ne fournir, à notre tour, au tribunal que deux documents, mais nous sommes à la disposition du tribunal pour lui communiquer toute preuve ou tout document à l’appui des divers points de cette « Réponse à Me J.-S. Lorach, page par page, alinéa par alinéa ».
25 mai 1995
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[1] Journal of Historical Review, hiver 1992-1993, p. 391-420 ; Aula [Vienne], juillet-août 1994, p. 15, portant copie de l’attestation officielle [Amtszeugnis] selon laquelle l’instruction préalable [Voruntersuchung] est arrêtée [eingestellt].
[2] G. Wellers, « À propos du “rapport Leuchter” et les chambres à gaz d’Auschwitz », Le Monde juif, avril-juin 1989, p. 47.
[3] Déposition de J.-C. Pressac du 9 mai 1995 telle que rapportée par Me Lorach, p. 2.
[4] « Lüftbarkeit: wegen starken Haftvermögens des Gases an Oberflächen erschwert u. langwierig » – Document de Nuremberg NI-9908, tableau final des huit gaz produits.
[5] J.-C. Pressac, Auschwitz: Technique and Operation of the Gas Chambers, Beate Klarsfeld Foundation, New York 1989, p. 201.
[6] Washington, 22 septembre 1943, Manuel technique TM 3-205, Le Masque à gaz, p. 55.
[8] Tout aussi respectueusement il met en garde le tribunal contre la tentation d’accorder foi aux propos que le Tribunal militaire international attribue à Rudolf Höss ou à Adolf Eichmann. R. Höss a été torturé et son témoignage sur les chambres à gaz est déclaré par le professeur Christopher Browning, collaborateur de l’Encyclopedia of the Holocaust, « très faible et confus » (C. Hitchens, Whose History is it?, Vanity Fair (New York), décembre 1993, p. 117). Quant à A. Eichmann, il est complètement faux qu’il ait déclaré que « cette politique [d’extermination physique] avait causé la mort de six millions de Juifs, dont quatre millions périrent dans les camps d’extermination » (jugement in TMI – Procès des grands criminels de guerre, Vol. I, p. 266). Comme le professeur Faurisson a déjà eu l’occasion de le rappeler, preuves à l’appui, le tribunal de Nuremberg SAVAIT que ce propos était prêté à Eichmann par Wilhelm Höttl, collaborateur du ministère public américain, et a refusé, en fin de compte, de convoquer Höttl pour l’interroger là-dessus ; Eichmann, en 1961, s’est indigné de cette allégation ; Höttl, en 1987, a fini par battre en retraite et a confié à une publication autrichienne qu’il ne fallait pas accorder trop d’attention à ce propos qu’Eichmann aurait tenu à Budapest, un jour qu’il était ivre, vers août-septembre 1944. Le professeur Faurisson tient à la disposition du tribunal présidé par Mme Ract-Madoux tous les éléments de sa démonstration sur ce point comme sur tout autre point.
[9] Le Nouvel Observateur, 21 septembre 1984, p. 80.
[10] O. Wormser-Migot, Le Système concentrationnaire nazi, PUF, Paris 1968, p. 541-545.
[11] L. Poliakov, Bréviaire de la haine, Calmann-Lévy, Paris 1951, p. 171.