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Interview du professeur R. Faurisson par Le Choc du mois

• Quelle opinion avez-vous de la loi Gayssot visant le racisme et le révisionnisme ?
 
Pour moi, il n’y a pas à proprement parler de « loi Gayssot » mais une «loi Fabius, alias Gayssot». Gayssot est communiste, c’est-à-dire qu’il n’est à peu près plus rien. Je crois savoir que le parti communiste envisageait à l’origine une loi antiraciste sans disposition antirévisionniste. C’est Fabius, en tout cas, qui au sein du parti socialiste a revendiqué l’initiative d’une mesure législative contre le révisionnisme. Il est à l’origine de la proposition de loi Georges Sarre (JO du 2 avril 1988) qu’on retrouve deux ans plus tard transposée dans la loi dite Gayssot. Il est probable que le parti socialiste s’est engagé à faire voter la proposition de loi communiste à condition qu’elle intègre la proposition de loi Fabius-Sarre contre les révisionnistes.

Je ne vous donnerai pas mon sentiment sur les dispositions antiracistes de cette loi Fabius alias Gayssot mais seulement sur la clause antirévisionniste. 

Cette dernière prévoit une peine de prison d’un mois à un an et/ou une amende de deux mille à trois cent mille francs, sans oublier les frais d’insertion du jugement dans la presse, frais parfois considérables. Il s’agit de punir ceux qui auront contesté (pas même nié) l’existence d’un ou plusieurs crimes contre l’humanité tels que ceux-ci sont définis par la charte qui a fondé en 1945 le tribunal militaire international de Nuremberg, et qui ont été commis par des vaincus condamnés pour ces crimes par leurs vainqueurs.

Le texte de ce qui est désormais l’article 24 bis de la loi du 29 juillet 1881 « sur la liberté de la presse » (sic) est particulièrement alambiqué. Il s’agit d’une fabrication hétéroclite qui s’insère mal dans le cadre juridique existant et que les tribunaux auront, en conséquence, de la peine à appliquer.
 
N’est-ce pas rétablir la censure et instituer une version officielle d’une période déterminée de notre histoire ? 
 
Du point de vue historique, cette clause antirévisionniste va à contresens de l’évolution des mœurs. Elle rétablit clairement la censure. Elle institue une vérité historique officielle protégée par la police, la gendarmerie, les magistrats et les gardiens de prison. Elle crée un dogme, un catéchisme, un décalogue : celui de Nuremberg. Vous connaissez le vieil adage : « Ce n’est pas devant les tribunaux que l’histoire peut trouver ses juges ». On renie cet adage et on veut nous faire croire qu’un tribunal – un tribunal « militaire » – aurait, lui, écrit l’histoire une fois pour toutes.

Il sévissait depuis longtemps une histoire officielle de la seconde guerre mondiale. Quand je le disais, nos tartuffes se récriaient. Aujourd’hui, ils ne peuvent plus protester. Il y a un an, j’avais envoyé à près de sept cents personnes une lettre circulaire datée expressément de « Paris, le 14 juillet 1989 »* ; j’appelais l’attention de mes correspondants sur le danger d’une telle loi. Les événements m’ont malheureusement donné raison. Lisez le Journal officiel de la République française (Lois et décrets) du 14 juillet 1990. Aux pages 8333-8334, vous trouverez le texte de la clause antirévisionniste ; huit pages plus loin, vous verrez que Pierre Vidal-Naquet, qui aime à nous traiter d’« excréments », est nommé chevalier de la Légion d’honneur sur proposition du ministre Jack Lang : d’un côté, menace d’amende et de prison pour les révisionnistes et, de l’autre, Légion d’honneur pour les servants de la religion de l’Holocauste. Et cela dans un journal officiel de l’État, le jour même où la « Patrie des droits de l’homme » célèbre sa fête nationale. L’histoire officielle a fait son entrée au Journal officiel sous la signature de F. Mitterrand, maréchaliste éminent, puis grand Résistant, juriste de formation.
 
• Dans quels esprits, selon vous, l’idée d’une telle loi a-t-elle pu germer ? 
 
Dès 1986, en première page du bulletin quotidien de La Lettre Télégraphique Juive (2 juin 1986), on lisait à propos de F. Bédarida, G. Wellers, J.- P. Azéma, P. Vidal-Naquet, S. Klarsfeld, du rabbin Sirat, de Mme Ahrweiler et d’Harlem Désir : «Ils ont aussi formulé l’espoir d’une extension à tous les pays européens de la loi allemande interdisant la mise en doute du génocide. » Leurs vœux sont aujourd’hui comblés pour ce qui est de la France, et de la France seule. Mais, contrairement à ce qu’ils osaient dire pour mieux pousser leur pion, il n’a jamais existé en Allemagne de loi interdisant la mise en doute du génocide. Ce qui était supposé devenir la loi dite du « mensonge d’Auschwitz » s’est trouvé réduit à un article qui autorise éventuellement un procureur à déposer plainte pour dommage causé «au membre d’un groupe qui a été persécuté sous un gouvernement de violence ou d’arbitraire, national-socialiste ou autre» (article 194, 13 juin 1985). Le mot « autre » vise, par exemple, le gouvernement d’un pays communiste. La France est donc bien le premier pays au monde à adopter une disposition législative spécifique contre le révisionnisme historique. Selon son habitude, P. Vidal-Naquet a affecté la réprobation une fois qu’il a été sûr que la loi serait adoptée. Il a agi de même au sujet de mes procès ; dans ces cas, sa main droite ignore ce que fait sa main gauche. Il a attendu que le sort de B. Notin soit scellé pour le défendre et dire qu’il fallait poursuivre J.-P. Allard… 
 
• Comment expliquer ce raidissement dogmatique ? 

Nous faisons peur à la camarilla en place. C’est quand l’Église s’est sentie en perte de vitesse devant l’incrédulité montante qu’elle a, en 1870, institué le dogme de l’infaillibilité pontificale. C’est parce que Fabius et les siens ne savent plus à quel saint se vouer qu’ils instituent le dogme de l’infaillibilité du Tribunal de Nuremberg. 
 
• En quoi ce tribunal s’est-il fait juge de l’Histoire ? 
 

Ce tribunal a été créé par les Alliés le 8 août 1945. Il s’agissait de punir chez les vaincus les crimes contre la paix (préparation et lancement d’une guerre d’agression), les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité (c’est-à-dire essentiellement contre les juifs). Je vous laisse à juger de leur cynisme. Deux jours auparavant, les Américains avaient commis « Hiroshima » ; le jour même du 8 août, les Soviétiques, auteurs de « Katyn », lançaient une guerre d’agression contre un Japon exsangue ; le lendemain, les Américains commettaient « Nagasaki ». 

La guerre de 1939-1945 a été une immense boucherie au terme de laquelle les vainqueurs se sont arrogé le droit de juger les vaincus : à Nuremberg, les Allemands et, à Tokyo, les Japonais (notez qu’on n’envisage pas de jeter en prison ceux qui contesteront les « crimes » des Japonais). Les vainqueurs ensanglantés ont fabriqué une législation ad hoc, ont revêtu la robe du juge, ont condamné au nom de lois rétroactives, n’ont pas craint d’utiliser le principe aberrant de la responsabilité collective, ont refusé toute possibilité d’appel, ont bâillonné la défense, ont décrété : « Le Tribunal ne sera pas lié par les règles techniques relatives à l’administration des preuves… » et « Le Tribunal n’exigera pas que soit rapportée la preuve des faits de notoriété publique mais les tiendra pour acquis… » Ils ont qualifié de vérités établies les « erreurs » suivantes parmi bien d’autres :

 
– Katyn est un crime allemand (c’est un crime de nos alliés soviétiques) ; 
– Le nombre des victimes d’Auschwitz s’élève à quatre millions (aujourd’hui, on nous dit : un million) ; 
– Le total des victimes juives de la seconde guerre mondiale s’élève à cinq millions cent mille ou six millions (aujourd’hui ces chiffres sont tenus pour «symboliques») ; 
Les Allemands fabriquaient du savon à partir de graisse humaine (bobard de la première guerre mondiale recyclé en 1945) ; 
– Les Allemands ont fabriqué des têtes réduites ainsi que des abat-jour en peau humaine (la tête réduite montrée au tribunal avait été volée à un musée d’ethnographie ; la peau était de chèvre) ; 
– A Treblinka, on exterminait les juifs à la vapeur d’eau (on nous dit aujourd’hui: au diesel) ; 
– Hitler a donné l’ordre d’exterminer les juifs (cet ordre n’a jamais existé). 

J’attends qu’au nom de la loi Fabius dite Gayssot on poursuive les historiens, en particulier juifs, qui sont aujourd’hui d’accord avec nous pour dire que toutes ces vérités de 1945-1946 sont autant de mensonges historiques. 

 

Les historiens officiels persistent à croire ou font semblant de croire (pour combien de temps encore ?) que deux vérités de Nuremberg restent vraies :

– Les Allemands ont eu une politique de destruction physique des juifs ;
– Ils ont, pour mener à bien cette politique, principalement utilisé des chambres ou des camions à gaz.

 
• Quelle attitude allez-vous adopter à l’égard de ces vérités officielles ? 
 
J’ai le regret de dire que je contesterai ces vérités-là. Les duettistes de Carpentras, MM. Fabius et Joxe, ne me feront pas pousser leur chanson. On ne me fera pas dire que deux et deux font cinq, que la terre est plate, que le Tribunal de Nuremberg est infaillible. J’ai d’excellentes raisons de ne pas croire à cette politique d’extermination des juifs ou à la magique chambre à gaz et on ne me promènera pas en camion à gaz. Quatre mille ans d’histoire peuvent s’étudier en toute liberté ; curieusement, seules les années 1941 à 1944 seraient placées sous haute surveillance par une loi de la République française en date du 14 juillet 1990. Je ne vois pas pourquoi je me plierais à cet ukase.
 
• Vous prenez des risques. Fabius et Joxe vous guettent…
 
Je ne sais trop l’origine du couple Fabius-Joxe. Pour moi, je suis d’origine écossaise. En Écosse, nous avons le monstre du Loch Ness qu’affectueusement nous appelons Nessie ; notre crédulité (pour les touristes) ne va guère plus loin. Pour le reste, nous n’aimons pas qu’on nous dicte ce qu’il faut croire ou ne pas croire. Inutile d’insister. Nous avons mauvais caractère. Je ne chercherai pas à tourner la nouvelle loi ; je lui ferai front. Dans cette loi et à Carpentras, Fabius et Joxe ont, comme on dit en anglais, « laissé le chat sauter hors du sac » ; en français, on dit qu’ils « ont mangé le morceau ». Ils ont commis une faute révélatrice. Pour eux, l’heure est grave. Comme le dit Jour J, Quotidien juif en titre de son numéro du 15 juin 1990 : « Sondage. Un tiers des Français doute de l’existence des chambres à gaz »Ce n’est qu’un début. Les révisionnistes poursuivront leurs travaux.

Je souhaite que tous les Français se rendent compte que le mythe des chambres à gaz est une gredinerie, entérinée en 1945-46 par les vainqueurs de Nuremberg et officialisée le 14 juillet 1990 par le gouvernement en place de la République française, avec l’approbation des historiens de cour.

Comme le faisait remarquer François Terré à la veille du vote définitif de la loi par l’Assemblée nationale[1] : « Face à la proposition Gayssot, le silence infini de presque tous les juristes, de presque tous les historiens, effraie ».
 
11 août 1990
(Propos recueillis par Catherine Barnay)

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* Voy. « Contre le révisionnisme historique, la loi Fabius alias Gayssot », Écrits révisionnistes (1974-1998), vol. III, p. 1151-1155.
[1] Le Figaro29 juin 1990, p. 2.