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Bibliographie critique (à propos du second rapport Leuchter)

(I. Le premier Rapport Leuchter – II. Dachau – III. Mauthausen –
IV. Hartheim – V. Le problème des chambres à gaz)

 

I – Le premier Rapport Leuchter

Fred A. Leuchter, An Engineering Report on the Alleged Execution Gas Chambers at Auschwitz, Birkenau and Majdanek, Poland, 1988, 192 p. Ce rapport avait été préparé pour Ernst Zündel ; il a été enregistré à son procès (Toronto, Canada, 1988) au titre de « pièce à conviction soumise à examen » (lettered exhibit) ; il contient en copie les certificats originaux d’analyse des échantillons de briques et de mortier prélevés à Auschwitz et à Birkenau.

Fred A. Leuchter, The Leuchter Report: The End of a Myth, préface de Robert Faurisson, Samisdat Publishers Ltd., 1988, 132 p., imprimé sous licence aux États-Unis, P.O. Box 726, Decatur, 35602 Alabama, USA ; édition illustrée du rapport original ; les résultats d’analyse des briques et du mortier sont présentés sous la forme de graphiques.

Fred A. Leuchter, « Rapport technique sur les présumées chambres à gaz homicides d’Auschwitz, de Birkenau et de Majdanek », Annales d’histoire révisionnisten° 5, été-automne 1988, p. 51-102, préface de Robert Faurisson. Cet article ne reproduit que l’essentiel du rapport, ainsi qu’un graphique et huit tableaux.

 

II – Dachau

Doc. L-159 (langue d’origine : anglais) : Document n° 47 du 79e Congrès, 1re session, Sénat des États-Unis : « Rapport, en date du 15 mai 1945, fait par une commission spéciale du Congrès adressé au Congrès des États-Unis, après la visite des camps de concentration de Buchenwald, Nordhausen et Dachau : situation dans les camps et cruautés qui y ont été commises » (cote d’audience : USA-222) 2 [1]:

Un trait distinctif du camp de Dachau était la chambre à gaz pour l’exécution de prisonniers et les installations relativement élaborées pour les exécutions par balles. – La chambre à gaz était une grande pièce située au centre du bâtiment du crématoire. C’était une construction de béton. Ses dimensions étaient d’environ 20 x 20 pieds et le plafond était d’une hauteur de quelque 10 pieds ! Deux murs, qui se faisaient face, comportaient des portes étanches par lesquelles on pouvait emmener les prisonniers condamnés dans la chambre à gaz et les en retirer après exécution. L’introduction du gaz dans la chambre était contrôlée par le moyen de deux valves sur l’un des murs extérieurs et, sous les valves, il y avait un petit œilleton muni d’un verre au travers duquel l’opérateur pouvait voir mourir les victimes. Le gaz était introduit dans la chambre par des tuyaux aboutissant à des dispositifs en laiton perforés de trous et fixés au plafond. La chambre était d’une dimension suffisante pour exécuter probablement cent hommes à la fois. 

Section OSS, 7e Armée (États-Unis) (langue d’origine : anglais), Dachau Concentration Camp, préface du colonel William W. Quinn, 1945, p. 33 :

CHAMBRES À GAZ [pluriel] : Les internés qui étaient amenés au camp de Dachau exclusivement pour exécution étaient, dans la plupart des cas, des juifs et des Russes. Ils étaient amenés dans l’enceinte, alignés près des chambres à gaz et ils étaient passés en revue de la même façon que les internés qui venaient à Dachau pour y être emprisonnés. Ensuite, on les conduisait en rangs vers une pièce et ils devaient se déshabiller. Chacun recevait une serviette et un morceau de savon comme s’il allait prendre une douche. Durant toutes ces opérations, rien ne leur laissait supposer qu’ils allaient être exécutés, vu que la routine était la même pour tous les internés à leur arrivée dans le camp. Ensuite, ils entraient dans la chambre à gaz. Au-dessus de l’entrée, en grosses lettres noires, était écrit « Brause Bad » (douches). Il y avait environ quinze pommes de douche, suspendues au plafond, d’où sortait alors le gaz. Il y avait une grande chambre dont la capacité était de deux cents et cinq plus petites chambres, chacune d’une capacité de cinquante. L’exécution prenait approximativement dix minutes. De la chambre à gaz, la porte conduisait au crématoire où les corps étaient transportés par les internés choisis pour ce travail. Les cadavres étaient alors placés dans 5 fours, à raison de deux ou trois corps à la fois. 

Mission militaire française auprès du 6e groupe d’armées, Guerre chimique, nr 23-Z, Chambre à gaz de Dachau, Rapports du capitaine Fribourg, 5 et 17 mai 1945, 5 p., 6 planches, 1 photo (25 mai 1945) (langue d’origine : français). Le capitaine Fribourg, après un examen d’une journée à Dachau, n’est parvenu dans son rapport à aucune conclusion définitive. Il a considéré qu’une seconde visite serait nécessaire pour découvrir le système de circulation du gaz toxique et les communications possibles avec les chambres à gaz de désinfection situées à proximité. Il a aussi préconisé un sondage de tous les murs.

Capitaine P. M. Martinot, 23 mai 1945 (langue d’origine : anglais). Rapport sur les conditions dans les camps de prisonniers, dicté par le capitaine P. M. Martinot le 23 mai 1945, p. 226, Archives Nationales américaines à Suitland, Maryland, R.G. 153, 19-22 BK 37, US War Department, War Crimes Office, Judge Advocate General’s Office :

Un témoin oculaire m’a parlé de l’extermination massive de juifs qui étaient envoyés dans une chambre à gaz à raison de 500 à la fois et, de là, dans le crématoire, et l’opération était répétée jusqu’à ce que le convoi tout entier de plusieurs milliers de personnes fût liquidé. Au camp d’Auschwitz, la même chose avait lieu mais sur une bien plus grande échelle, avec six crématoires fonctionnant nuit et jour pendant plusieurs jours. Témoin : Wladislaus Malyszko.

 

Quartier Général de la 3e Armée (États-Unis) (langue d’origine : anglais), Équipe n° 1 du Service de renseignements sur le matériel ennemi, Service de la guerre chimique, 22 août 1945, Rapport du sgt Joseph H. Gilbert au major James F. Munn : Sujet : Chambre à gaz de Dachau, p. 3 :

Sur la base des interviews ci-dessus rapportées et aussi sur la base de l’inspection même de la chambre à gaz de Dachau (apparemment elle n’a pas été utilisée), l’opinion du soussigné est que la chambre à gaz n’a pas répondu aux buts d’exécution et qu’aucune expérimentation n’y a jamais eu lieu. Vu le fait que beaucoup d’informations sûres ont été fournies aux Alliés par d’anciens détenus en ce qui concerne la malaria ainsi que les expériences [de résistance] aux hautes pressions et à l’eau froide, il est raisonnable de supposer que, si de telles expérimentations sur le gaz avaient eu lieu, on disposerait d’informations similaires. 

Doc. PS-2430 (langue d’origine : anglais) : Nazi Concentration and Prisoner-of-War Camps: A Documentary Motion Picture, film projeté devant le Tribunal de Nuremberg le 29 novembre 1945 [2] :

Dachau – Usine d’horreurs […] Voici, suspendus en rangées bien ordonnées, les vêtements des prisonniers asphyxiés dans la mortelle chambre à gaz. On les avait persuadés de retirer leurs vêtements sous le prétexte de prendre une douche pour laquelle on leur avait fourni serviettes et savon. Voici le « Brausebad » – la salle de douche. A l’intérieur de la salle de douche : les conduits de gaz. Au plafond : les fausses pommes de douche. Dans la pièce de l’ingénieur : des tuyaux d’admission et d’échappement. Boutons de commande pour contrôler l’entrée et la sortie du gaz. Un volant pour régler la pression. Du cyanure en poudre était utilisé pour produire la fumée mortelle. De la chambre à gaz, les cadavres étaient transportés au crématoire.

Philipp Rauscher, Never Again – Jamais Plus, Munich 1945 (?) (langues d’origine: anglais et français) ; contient un plan de la zone du crématoire ; p. 24 :

La chambre à gaz avait été construite pour les exécutions en masse. On y employait le gaz asphyxiant Cyclon B.

Doc. NO-3859/64 et 3884/89 (langue d’origine : allemand) : vingt-huit pages de documents et de plans (1942) au sujet de la « Baracke X » (Staatsarchiv Nürnberg) ; aucun de ces documents ne laisse supposer l’existence d’une chambre à gaz.

Doc. PS-3249 (langue d’origine : allemand) : témoignage sous serment d’un détenu tchèque, le docteur en médecine Franz Blaha, 9 janvier 1946 :

Beaucoup d’exécutions se firent par les gaz, les fusillades ou les piqûres, à l’intérieur même du camp. La chambre à gaz fut achevée en 1944, et le Dr Rascher me chargea d’examiner les premières victimes. Sur les huit ou neuf personnes qui se trouvaient dans la chambre à gaz, il y en avait trois encore en vie ; mais les autres semblaient mortes. Leurs yeux étaient rouges et leurs visages boursouflés. Beaucoup d’internés furent par la suite tués de cette façon ; après on les transportait au four crématoire où je devais examiner leur denture à cause de l’or.[3]

Deux jours plus tard, le 11 janvier 1946, le Dr Franz Blaha témoigna à la barre du Tribunal de Nuremberg. L’avocat général américain, Thomas J. Dodd, lut son témoignage. Ni l’accusation ni la défense ne demandèrent au témoin d’explication au sujet de la chambre à gaz. Fort probablement, le président du tribunal, le Britannique Lord Justice Lawrence, n’aurait pas autorisé pareille demande d’explication, vu que, implicitement, « notification judiciaire » (judicial notice) avait été prise de l’existence des chambres à gaz comme l’attestaient les rapports officiels des différentes commissions alliées d’enquêtes sur les « crimes de guerre » (article 21 du Statut du TMI) et vu que les questions estimées trop indiscrètes n’étaient pas réellement permises. Par exemple, quand le Dr Blaha se vit poser une question difficile par Me Alfred Thomas, avocat d’Alfred Rosenberg, Lord Justice Lawrence l’interrompit pour lui dire : « Il s’agit ici d’un procès rapide ».[4] Encore cette traduction officielle n’est-elle pas exacte. Le président du tribunal a utilisé le mot expeditious [5], lequel signifie « expéditif ». La même faute de traduction figure dans la version française de l’article 19 du Statut du TMI, qui définit la procédure comme devant être « rapide » alors qu’en fait elle devait être « expéditive ».

Sir Hartley Shawcross, procureur général britannique au Tribunal de Nuremberg, le 26 juillet 1946, mentionne (langue d’origine : anglais) « les chambres à gaz et les crématoires » non seulement d’Auschwitz et de Treblinka mais aussi de Dachau, Buchenwald, Mauthausen, Majdanek et Oranienburg.[6] Ce procureur est toujours en vie (1989) et habite Londres.

Lieutenant Hugh C. Daly, 42nd “Rainbow” Infantry Division: a Combat History of World War II, Army and Navy Publishing Company, Baton Rouge (Louisiane, USA) 1946 (langue d’origine : anglais):

Les prisonniers [étaient] entassés dans les chambres à gaz [pluriel] pour mourir […]. Des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants sont morts de cette façon à Dachau […] ; le système d’assassinat par gaz continuait (p. 99).

A la page 105, une légende de photo porte :

Tués par gaz, ces cadavres sont entassés dans une pièce d’entrepôt en attente de leur crémation, mais on avait fermé les fours par manque de charbon.  

M.G. Morelli (père dominicain), Terre de détresse, Bloud et Gay, Paris 1947, p. 15 (langue d’origine : français) :

J’ai posé des yeux pleins d’épouvante sur ce sinistre hublot d’où les bourreaux nazis pouvaient paisiblement voir se tordre les gazés misérables.

À la page 73 :

De temps en temps, on prélevait, dans cette foule de malheureux [du block des invalides] les éléments d’un convoi qui seraient dirigés sur une chambre à gaz quelconque.

Mgr Gabriel Piguet (évêque de Clermont-Ferrand), Prison et déportation, éditions Spes, p. 77 (langue d’origine : français) :

Je fis un court séjour au bloc 28, occupé par 800 prêtres polonais […]. Plusieurs de leurs vieux prêtres, jugés inutilisables, étaient passés par la chambre à gaz.

« Le Document Müller », 1er octobre 1948 (langue d’origine : allemand). Voy. Annales d’histoire révisionniste, n° 4, printemps 1988, p. 12. Selon l’Autrichien Emil Lachout, la police militaire alliée et ses auxiliaires autrichiens recevaient régulièrement copie des rapports rédigés par les commissions d’enquête alliées sur les camps de concentration. Ces rapports servaient pour la recherche des « crimes de guerre ». Le 1er octobre 1948, le commandant Anton Müller et son second, Emil Lachout, expédièrent la lettre circulaire suivante de Vienne à toutes les parties intéressées :

Les commissions d’enquête alliées ont établi à ce jour qu’il n’y a pas eu d’êtres humains tués par gaz-poison dans les camps de concentration suivants : Bergen-Belsen, Buchenwald, Dachau, Flossenburg, Gross-Rosen, Mauthausen et ses camps annexes, Natzweiler, Neuengamme, Niederhagen (Wewelsburg), Ravensbrück, Sachsenhausen, Stutthof, Theresienstadt.

Dans ces cas, on a pu prouver qu’il y avait eu aveux extorqués et faux témoignages. Il y a lieu d’en tenir compte lors des enquêtes et auditions de criminels de guerre. Ce résultat d’enquête devra être porté à la connaissance des anciens détenus des camps de concentration qui lors d’auditions font des déclarations sur l’assassinat de personnes, en particulier de juifs, par gaz-poison, dans ces camps. Au cas où ils persisteraient dans leurs dires, on les assignera pour faux témoignage.

 Gerald Reitlinger, The Final Solution: The Attempt to Exterminate the Jews of Europe, 1939-1945, Jason Aronson Inc., Londres 1987 (l’édition originale est de 1953), p. 134 (langue d’origine : anglais) :

Ainsi, en fin de compte, chaque camp de concentration allemand eut sa chambre à gaz en quelque sorte, bien que leur utilisation se révélât difficile. La chambre de Dachau, par exemple, a été préservée par les autorités américaines d’occupation pour servir de leçon, mais sa construction fut entravée et son utilisation réduite à quelques victimes d’expérimentation, des juifs ou des prisonniers de guerre russes confiés par la Gestapo de Munich. 

 Stephen F. Pinter, Lettre sur « Les atrocités allemandes », Our Sunday Visitor, 14 juin 1959, p. 15 (langue d’origine : anglais) :

J’ai passé dix-sept mois à Dachau après la guerre en tant que procureur [ou : avoué ?] attaché au ministère de la Guerre américain et je peux certifier qu’il n’y avait pas de chambre à gaz à Dachau. 

 Martin Broszat, Institut d’histoire contemporaine de Munich, lettre à Die Zeit, 19 août 1960, p. 16 (langue d’origine : allemand) :

Ni à Dachau, ni à Bergen-Belsen, ni à Buchenwald, des juifs ou d’autres détenus n’ont été gazés. La chambre à gaz de Dachau n’a jamais été complètement terminée et mise “en service”.

Common Sense (New Jersey, USA), 1er juin 1962, p. 2, publié d’après Combat, Londres (langue d’origine : anglais), « La fausse chambre à gaz » :

Le camp devait avoir une chambre à gaz, alors, comme il n’y en avait pas, on décida de dire que la douche en avait été une. Le capitaine Strauss [de l’armée américaine] et ses prisonniers s’attelèrent à ce travail. Auparavant il y avait des dalles jusqu’à environ quatre pieds [1,20 m] de haut. On prit des dalles identiques dans la salle de séchage voisine pour les mettre au-dessus de celles de la douche et un nouveau plafond, plus bas, fut réalisé au sommet de cette seconde série de dalles qu’on équipa d’entonnoirs métalliques (pour les entrées de gaz).

 Paul Berben, Histoire du camp de concentration de Dachau (1933-1945), Comité international de Dachau, Bruxelles 1976 (langue d’origine : français) (l’édition originale est de 1968). Comme l’indique la jaquette, il s’agit de «L’Histoire officielle» du camp. Cet ouvrage de 329 pages ne contient, sur la chambre à gaz, que quelques alinéas, particulièrement confus, aux pages 13 et 201-202. La chambre à gaz aurait été conçue, à des fins homicides (?), dès le début de 1942 mais, en avril 1945, à la libération du camp, elle n’avait toujours pas fonctionné en tant que telle «suite, dans une certaine mesure, semble-t-il [souligné par moi], au sabotage effectué par l’équipe de détenus chargés de l’installation» (p. 13) !

Ce qui est troublant, c’est que cette équipe de détenus semble avoir été chargée de l’installation, à cet endroit, d’une chambre de désinfection à partir d’octobre 1944 : «En octobre de 1944, le kommando “Montages et réparations” prélevé sur celui du chauffage (“Kesselhaus” [chaufferie]) reçut mission d’installer les conduites de la chambre à gaz » (p. 202). « Pendant l’hiver de 1944-45, l’équipe de désinfection procéda [en ce lieu], avec l’autorisation du médecin-chef SS, à la désinfection au gaz de monceaux de vêtements grouillant de vermine » (p. 13).

On me permettra une hypothèse et quelques questions :

– Hypothèse –

Cette mystérieuse pièce de Dachau qui, pour des raisons évidentes données par Fred Leuchter, n’a pas pu servir à gazer des hommes n’aurait-elle pas été, dans un premier temps, une douche (d’où l’inscription « Brausebad » située à l’extérieur) et, dans un second temps, à partir de la fin de 1944, une chambre de désinfection ? L’équipe de la chaufferie n’aurait-elle pas transformé une douche en chambre de désinfection (et l’inscription « Brausebad » aurait été laissée à l’extérieur) ? Cette désinfection ne se serait-elle pas faite à la vapeur d’eau ? À Auschwitz, les désinfections se pratiquaient soit dans des chambres à gaz (fonctionnant, par exemple, au Zyklon B), soit dans des chambres à vapeur. On aurait ainsi eu, à Dachau, une batterie de quatre petites chambres à gaz (Zyklon B) et une chambre à la vapeur d’eau : toutes pour la désinfection des vêtements.

– Questions –

1) Un panneau installé dans la pièce porte, à l’attention des visiteurs, l’inscription suivante: «CHAMBRE A GAZ : “chambre de douche” camouflée – ne fut jamais utilisée». Pourquoi cache-t-on aux visiteurs que cette pièce a bel et bien été utilisée mais… pour la désinfection des vêtements ?

 

2) Derrière cette chambre, on soustrait à la curiosité des visiteurs toute la partie du bâtiment où se trouve une énorme conduite isolée, un volant comme de chaudière et d’autres éléments de chaufferie ; on en a un vague aperçu dans le film de Nuremberg (voy. ci-dessus PS-2430) et, aujourd’hui, on peut apercevoir cette partie à travers les vitres de la partie arrière du bâtiment. Pourquoi interdit-on aux visiteurs l’accès normal à cette partie ? Est-ce parce qu’il serait trop évident à certains spécialistes de l’isolation et du chauffage que l’installation d’ensemble est relativement banale ? Pourquoi la salle d’où provenait apparemment l’énorme conduite isolée est-elle fermée à toute visite ?

3) Paul Berben ne cite manifestement pas toutes les sources dont il dispose pour retracer, à sa façon, l’histoire de cette mystérieuse pièce. Il se contente surtout de renvoyer à un témoignage, celui d’un certain Karl Nonnengesser. Pourquoi ?

    • Encyclopedia Judaica, Jérusalem, 1971, art. « Dachau » (langue d’origine : anglais) :

Des chambres à gaz [pluriel] furent construites à Dachau mais jamais utilisées.

    • Nerin E. Gun, The Day of the Americans, Fleet, New York 1966, après p. 64 (langue d’origine : anglais), une légende photographique porte :

La “douche”. Photographiée par Gun [ancien détenu] avec un appareil volé. C’était, bien sûr, la chambre à gaz. 

Voy. aussi : « 3 166 [détenus] furent gazés » (p. 129) et les deux photos précédant la page 129 ; celles-ci montrent deux différentes chambres à gaz, dont l’une fonctionnant avec une « bombe » (sic) de Zyklon B !

    Earl F. Ziemke (professeur d’histoire à l’université de Géorgie), The U.S. Army in the Occupation of Germany, 1944-1946, Center of Military History, U.S. Army, Washington 1975, p. 252 (langue d’origine : anglais), mentionne «la chambre à gaz» comme si elle avait fonctionné.

    G. Tillion, Ravensbrück, Seuil, Paris 1973, p. 249-251 (langue d’origine : français). G. Tillion maintient fermement qu’il y avait une chambre à gaz à Dachau et que celle-ci a fonctionné. Elle reproche à Martin Broszat d’avoir écrit dans Die Zeit qu’il n’y avait pas d’inscription « Brausebad», mais M. Broszat n’avait rien écrit de tel (voy. ci-dessus). Elle présente le rapport du capitaine Fribourg comme établissant sans aucun doute l’existence et le fonctionnement de cette chambre à gaz, mais le capitaine Fribourg n’avait, lui non plus, rien écrit de tel (voy. ci-dessus).

    Paul W. Valentine, «WW II Veteran Recalls His Sad Duty at Dachau», Washington Post, 21 avril 1978, B3 (langue d’origine : anglais) : interview de « George R. Rodericks, jeune capitaine de l’armée américaine au mois de mai 1945 quand son unité eut pour mission de dénombrer les cadavres à Dachau […], assistant du général adjoint de la 7e Armée en Allemagne […], commandant de l’Unité statistiques 52 chargée de la tenue des inventaires du personnel américain ». Ce G. R. Rodericks, censé être un statisticien, fournit des chiffres extravagants de cadavres (vingt mille entassés dans un entrepôt) et de fours à gaz (cinquante à soixante) et parle d’«installations de “douches” où [les prisonniers] étaient exécutés par le gaz».

     Arthur Suzman et Denis Diamond, Six Million Did Die – The Truth Shall Prevail, Publication du Comité des représentants juifs d’Afrique du Sud, Johannesburg 1978, 2e édition (langue d’origine : anglais). En page 117 figure une citation extraite d’un « rapport sur le camp de concentration de Dachau […] signé de C. S. Coetzee et de R. J. Montgomery qui visitèrent le camp le, ou aux environs du, 7 mai 1945 » :

La chambre à gaz, de vingt pieds sur vingt, offre toutes les caractéristiques d’une salle de douches commune ordinaire avec environ cinquante pommes de douche dans le toit, un plafond en ciment et un sol en ciment. Mais il n’y a pas la ventilation habituelle et les pommes déversaient du gaz-poison. On a remarqué que les portes, tout comme la petite fenêtre, étaient garnies de caoutchouc et qu’il y avait un œilleton protégé par un verre placé à un endroit pratique pour permettre au contrôleur de voir à quel moment le gaz pouvait être arrêté. De la chambre de mort une porte mène au crématoire. Nous avons fait l’inspection du système compliqué des boutons de commande et des tuyauteries qui menaient à la chambre.

Derrière le crématoire il y avait un lieu d’exécution pour ceux qui devaient être fusillés par balle ; et il y avait bien des signes que cet endroit avait fréquemment servi.

A la page 122, une légende porte :

Des victimes de la chambre à gaz de Dachau étaient entassées jusqu’au plafond dans le crématoire. 

Le doc. L-159 est cité aux pages 127 et 129.

    Comité international de Dachau, Konzentrationslager Dachau, 1933-1945, 1978 (5e édition) (langue d’origine : allemand) ; p. 165 :

Camouflée en salle de douches, la chambre à gaz n’a jamais servi. Des milliers de détenus à exterminer furent envoyés dans d’autres camps ou au Château de Hartheim, près de Linz, pour y être gazés.

     Robert Faurisson, Mémoire en défense contre ceux qui m’accusent de falsifier l’Histoire, La Vieille Taupe, Paris 1980 (langue d’origine : français). L’auteur traite, aux pages 204-209, de la correspondance qu’il a échangée en 1977 et 1978 avec Barbara Distel, directrice du musée de Dachau, et le Dr A. Guerisse, président du Comité international de Dachau de Bruxelles, et de l’impossibilité dans laquelle ces personnes se sont trouvées de lui fournir la moindre preuve de l’existence d’une chambre à gaz d’exécution à Dachau.

    Robert Faurisson, Réponse à Pierre Vidal-Naquet, La Vieille Taupe, Paris 1980 (2e édition). À la page 62, l’auteur analyse le témoignage de Fernand Grenier contenu dans l’ouvrage de ce dernier, C’était ainsi (1940-1945), Éditions sociales, Paris 1970 (7e édition), et rapporté en ces termes (p. 267) :

A côté des quatre fours crématoires qui ne s’éteignaient jamais, une chambre : des douches avec, au plafond, des pommes d’arrosoir. L’année précédente [1944] on avait remis à cent vingt enfants de huit à quatorze ans une serviette et un savon. Ils étaient entrés tout joyeux. On ferma les portes. Des douches s’échappèrent des gaz asphyxiants. Dix minutes après, la mort avait tué ces innocents que les fours crématoires réduisaient en cendres une heure après.

    René Lévesque, Memoirs, McClelland & Stewart Limited, Toronto 1986, p. 192-193 (langue d’origine : anglais) :

Avant de mettre au travail leurs prisonniers [à Dachau], les Allemands leur enlevaient tout ce qu’ils possédaient, y compris leurs dents en or. Puis, ils les faisaient travailler jusqu’à la mort, surtout la dernière année quand les rations ont commencé à se raréfier. Au bout du chemin on les envoyait aux « bains » (Baden), des cabanes de pauvre apparence reliés à un réservoir par quelques tuyaux. Quand les bains étaient pleins à craquer on ouvrait le gaz et ensuite, quand les derniers gémissements avaient cessé, on transportait les cadavres vers les fours de la pièce voisine. – Quand ces nouvelles parvinrent au Québec, et pendant quelque temps encore, les gens se refusèrent à y croire. Des histoires pareilles, qui dépassaient l’entendement, rencontraient beaucoup de scepticisme… Je peux vous dire que c’était bien vrai pourtant, que la chambre à gaz était réelle dans son irréalité cauchemardesque. Les pourvoyeurs étaient partis, en essayant de sauver leur peau, laissant derrière eux leur dernier chargement de cadavres, nus comme des vers dans leur drap mortuaire fait de boue. 

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Ces vingt-huit références ne constituent que l’esquisse d’une bibliographie de la prétendue «chambre à gaz» de Dachau. Un chercheur aurait à conduire des investigations au musée de Dachau et dans différents centres de recherches des États-Unis ou d’Allemagne pour y étudier les sténogrammes des procédures d’instruction judiciaire et des procès contre, par exemple, Martin Gottfried Weiss ou Oswald Pohl. On pourrait également collationner les photographies censées représenter la ou les chambre(s) à gaz de Dachau ; trois de ces photographies sont bien connues :

1) Celle d’un G.I. portant un casque et contemplant les chambres de désinfection censées, à l’époque de la photographie, représenter les chambres à gaz homicides de Dachau ;
2) Deux G.I. en bonnet de police face à la « douche » (Brausebad) censée, ensuite, avoir été la chambre à gaz ;
3) Quelques G.I. ainsi que des sénateurs ou représentants américains visitant l’intérieur de ladite « chambre à gaz ».

Complément [1990] 

    Yad Vashem, Encyclopedia of the Holocaust, MacMillan, New York 1990, art. « Dachau », rédigé par Barbara Distel, directrice du musée de Dachau (langue d’origine anglais) :

A Dachau il n’y a pas eu de programme d’extermination par le gaz-poison […]. En 1942 une chambre à gaz a été construite à Dachau mais elle n’a pas été mise en service.

 

III – Mauthausen

    Doc. PS-499, 8 mai 1945. Une partie de ce document est constituée d’un «Exposé sur les différents types de meurtre des détenus dans le camp de concentration de Mauthausen» (langue d’origine : allemand) ; p. 2 :

Chambre à gaz.

Les détenus malades, faibles et inaptes au travail étaient, de temps en temps, gazés ; s’y ajoutaient des prisonniers politiques à supprimer. On comprimait dans la chambre à gaz jusqu’à 120 détenus nus et on introduisait alors du “Cyklon B”. La mort ne survenait pas avant des heures. A travers une vitre dans la porte du local, les assassins SS surveillaient le processus.

    Doc. PS-2285, 13 mai 1945. Déposition sous serment du lieutenant-colonel Guivante de Saint-Gaste et du lieutenant Jean Veith, tous deux appartenant à l’Armée française (langue d’origine : anglais) [7]:

Ces prisonniers “K” étaient aussitôt dirigés sur la prison. On leur retirait leurs vêtements et on les menait aux “salles de douches” [pluriel]. Cette salle de douches, située dans les caves de la prison, à proximité du four crématoire, était spécialement conçue pour l’exécution de prisonniers soit par balle, soit par asphyxie. On utilisait à cet effet une toise tout à fait spéciale. Le prisonnier était placé sous cette toise qui automatiquement lui lâchait une balle dans la nuque dès qu’elle atteignait le sommet du crâne.

Lorsqu’un arrivage de prisonniers « K » était trop important, au lieu de perdre du temps à les mesurer, on les exterminait par asphyxie au moyen de gaz envoyé dans la salle de douches par les canalisations d’eau.

Le texte original de cette déposition sous serment est, curieusement, en anglais. Les auteurs n’en ont été ni interrogés, ni contre-interrogés devant le tribunal. Le procureur américain, le colonel Robert G. Storey, en a donné lecture le 2 janvier 1946. La traduction française officielle est fautive.[8]

    Doc. PS-1515, 24 mai 1945 (langue d’origine : allemand). Prétendue «Déposition du commandant du camp de concentration de Mauthausen, le colonel SS (Standartenführer) Franz Ziereis». Dans sa forme originale, ce document de dix pages, tapé à la machine en allemand, ne porte pas de signature. Il mentionne ceci : Franz Ziereis, couché sur une paillasse, blessé à l’estomac et au bras gauche par deux balles, a fait la déclaration suivante en réponse à des questions que lui posaient deux personnes du Service de Renseignements (« Intelligence Confidence »). Franz Ziereis a été interrogé pendant six à huit heures, puis il est mort. Cette séance de torture a pris place en présence du général américain Seibel, commandant de la 11e Division blindée (toujours vivant, en 1989, à Defiance, dans l’Ohio). L’un des deux interrogateurs était Hans Marsalek, ancien détenu, qui habite actuellement [1989] à Vienne, en Autriche, haut fonctionnaire dans la police et auteur de nombreux ouvrages sur Mauthausen :

Par ordre du SS-Hauptsturmführer Dr. Krebsbach, une chambre camouflée en salle de bains a été construite dans le camp de concentration de Mauthausen. Les détenus étaient gazés dans cette salle de bains camouflée […]. En réalité la chambre à gaz a été construite à Mauthausen par ordre du SS-Obergruppenführer Glücks, qui faisait valoir qu’il était plus humain de gazer des prisonniers que de les fusiller. 

Cette « déposition » est parfois entrecoupée de remarques de la part des interrogateurs, par exemple sur l’« arrogance insolente » de Ziereis. Elle se termine par les mots suivants : « De plus, Ziereis déclare que, selon ses estimations, quelque seize millions (??) de personnes ont été mises à mort dans l’ensemble du territoire de Varsovie, de Kowno, de Riga et de Libau ».

Pour les propos qu’aurait tenus Ziereis sur le Château de Hartheim, voy. ci- dessous « Château de Hartheim ».

Sur une page supplémentaire on peut lire : « Ne pas utiliser 1515-PS – Cette déclaration a été corrigée et remplacée. – Voy. = 3870-PS. Signé : D. Spencer. »

    Doc. PS-2176, 17 juin 1945. « Report of Investigation of Alleged War Crimes » [Rapport d’enquête des crimes de guerre présumés] du major Eugene S. Cohen, Investigating Officer [Officier chargé de l’instruction], Office of the Judge Advocate [Bureau du commissaire du gouvernement] (3e Armée américaine) (langue d’origine: anglais). On en trouve des extraits dans TMI, XXIX, 308-314. Ce rapport semble être le principal document concernant Mauthausen et le Château de Hartheim. On peut le trouver aux Archives nationales de Washington, Record Group 238, « US Counsel for the Prosecution of Axis Criminality – Nuremberg Papers [Documents de Nuremberg du Conseil américain pour la poursuite des crimes de l’Axe] », boîte 26, mais un grand nombre des documents ou pièces à conviction n’étaient pas disponibles à l’époque de notre recherche. Les pièces 75 et 77 sont supposées être des déclarations faites par Ziereis. La pièce 216 est un « Spécimen de gaz-poison utilisé dans la chambre à gaz de Mauthausen et de Gusen n° 1 et n° 2 » (en réalité, une boîte du désinfestant Zyklon B).

    Doc. F-274, avant octobre 1945 (langue d’origine : français). Rapport officiel du gouvernement français, TMI, XXXVII, p. 118 :

[…] déportés politiques [tués] dans les chambres à gaz de Mauthausen.

   Doc. PS-2223, 3 août 1945 (?) (langue d’origine : anglais). « Report of Investigation of Alleged War Crimes [Rapport d’enquête des crimes de guerre présumés] ». Parmi une vingtaine de rapports ou dépositions sous serment, un rapport daté 13-14 février 1945 sur l’interrogatoire de deux déserteurs polonais, tous deux anciens membres de l’armée polonaise, qui racontent leurs expériences à Mauthausen et à Gusen :

Une chambre à gaz d’une capacité de 200 prenait soin de beaucoup d’autres victimes ; beaucoup de femmes, parmi les patriotes tchèques, soupçonnées de sabotage et se refusant à livrer des renseignements, y ont été gazées.

    Doc. PS-2753, 7 novembre 1945 (langue d’origine : allemand). Témoignage d’un SS, Alois Höllriegl, TMI, XXXI, p. 9 :

Le bruit qui accompagnait le processus du gazage m’était familier.

Le 4 janvier 1946, au tribunal, le procureur adjoint américain, le colonel John Harlan Amen, fit subir un interrogatoire à Alois Höllriegl. Aucune question ne fut posée sur le mécanisme du gazage. Les « aveux » d’Alois Höllriegl sur les gazages de Mauthausen jouèrent le même rôle que les « aveux » de Rudolf Höss sur les gazages d’Auschwitz. Dans les deux cas, l’interrogatoire a été conduit par Amen dans l’intention d’accabler Ernst Kaltenbrunner.

    Résumé d’instruction TMI, 20 novembre 1945 (langue d’origine : anglais). Des officiers français, après leur tentative d’évasion de camps de prisonniers de guerre, furent transférés à Mauthausen [9]:

Quand ils arrivèrent au camp, ils furent, soit fusillés, soit conduits à la chambre à gaz.

  Doc. PS-2430, (langue d’origine : anglais) : Nazi Concentration and Prisoner-of-War Camps: A Documentary Motion Picture, film projeté le 29 novembre 1945, TMI, XXX, p. 468. À la différence de l’extrait du film qui traite de Dachau, l’extrait relatif à Mauthausen ne contient aucune vue d’une quelconque «chambre à gaz». Le film se contente de montrer un lieutenant de vaisseau américain de Hollywood, en Californie, qui affirme que des gens ont été exécutés par le gaz dans le camp : parmi eux, un officier de l’armée américaine fait prisonnier par les Allemands.

    Doc. PS-3846, 30 novembre et 3 décembre 1945 (langue d’origine : anglais). Interrogatoire de Johann Kanduth, ancien détenu [10]:

Ils étaient tués d’une balle dans la nuque. Il y avait aussi des femmes. Certaines étaient tuées dans la chambre à gaz […]. [Gissriegl] avait conduit les malades à la chambre à gaz […]. Altfudisch […] conduisait les femmes vers la pièce où elles se déshabillaient ; ensuite, il amenait les trente suivantes. Elles devaient aller à la chambre à gaz […]. Un registre [était] tenu des prisonniers du camp de concentration de Mauthausen qui étaient tués par balle, gaz, crémation ou par injections […]. [Ces notes] sont vraies, à savoir que 2-3.000 ont été tués dans les chambres à gaz ou dans les transports ; nous n’en connaissons pas le nombre exact […]. Kaltenbrunner [lors d’une visite] entra en riant dans la chambre à gaz. Puis les gens étaient amenés des cachots pour être exécutés ; trois sortes d’exécution avaient alors lieu : la pendaison, la mort par une balle dans la nuque et la chambre à gaz ; après cette démonstration et quand les vapeurs s’étaient dissipées, nous devions enlever les corps.

L’interrogatoire fut lu par le procureur adjoint américain, le colonel John Harlan Amen, le 12 avril 1946 dans l’intention d’accabler Kaltenbrunner (TMI, XI, p. 333-334).

    Doc. PS-3845, 7 décembre 1945 (langue d’origine : allemand). Déposition sous serment d’Albert Tiefenbacher, ancien détenu :

Réponse : Des femmes tchèques ont été gazées mais nous n’avons pas obtenu la liste de leurs noms. Ce n’est pas moi qui m’occupais des livres […].
Question : Vous souvenez-vous de la chambre à gaz camouflée en maison de bains ?
R. : Oui, nous aidions toujours à extraire les morts de la chambre à gaz.
Q. : Il n’y avait pas de douches dans la chambre ?
R. : Si. En principe de l’eau froide et de l’eau chaude en sortaient mais le débit de l’eau pouvait être réglé de l’extérieur et la plupart du temps on arrêtait l’eau chaude. A l’extérieur de la pièce, il y avait le réservoir à gaz et deux tuyaux conduisaient de là à la salle. Il y avait une fente à l’arrière et le gaz s’échappait de cette fente.
Q. : Le gaz ne venait jamais des douches ?
R. : Toutes les douches étaient bouchées. C’était juste pour donner l’impression que les prisonniers entraient dans une salle de bains. […]
Q. : Vous souvenez-vous des 800 dernières personnes qui ont été tuées à coups de bâton ou par noyade ?
R. : Oui, je sais comment on conduisait les gens à la chambre à gaz, et de l’eau chaude et de l’eau froide étaient déversées sur eux, et ensuite ils devaient se mettre en ligne et on les battait jusqu’à ce qu’ils meurent […].
Q. : Kaltenbrunner était-il avec [Himmler pour visiter Mauthausen] ?
R. : Kaltenbrunner est un type brun, je le connais du crématoire, mais je ne peux pas dire s’il était avec Himmler. Je me souviens de Himmler à cause de son monocle. [On se souviendra que Himmler portait des lunettes.]

Un très court fragment de la déposition sous serment de A. Tiefenbacher a été lu au tribunal par le colonel Amen à Kaltenbrunner, le 12 avril 1946, fragment dans lequel il prétendait qu’il avait vu Kaltenbrunner trois ou quatre fois à Mauthausen. Kaltenbrunner répliqua que c’était « absolument faux ».[11] Le tribunal n’a pas requis la comparution d’A. Tiefenbacher.

    TMI, VI, p. 281, 29 janvier 1946, (langue d’origine : français). Témoignage de F. Boix, un Espagnol réfugié en France et déporté à Mauthausen. Il mentionne « la chambre à gaz » de Mauthausen.

    Doc. PS-3870, 8 avril 1946 (langue d’origine : allemand). Déclaration de Hans Marsalek, faite plus de dix mois après la mort de Ziereis, 23 mai 1945.[12] Hans Marsalek jura que :

Franz Ziereis a été interrogé par moi en présence du commandant de la 11e Division blindée (américaine) Seibel ; l’ancien prisonnier et médecin Dr Koszeinski ; et en présence d’un autre citoyen polonais, d’un nom inconnu, pendant une durée de six à huit heures. L’interrogatoire a pris place dans la nuit du 22 au 23 mai 1945. Franz Ziereis était grièvement blessé – son corps avait été traversé de trois balles – et il savait qu’il allait bientôt mourir, et il m’a dit les choses suivantes : […] Une installation de gazage a été construite dans le camp de concentration de Mauthausen par ordre de l’ancien docteur de la garnison, le Dr Krebsbach, et camouflée en salle de bains. Des prisonniers étaient gazés dans cette salle de bains camouflée […]. Le gazage des prisonniers était fait sur la vive recommandation du SS-Hauptsturmführer Dr Krebsbach […]. L’installation de gazage de Mauthausen avait été en fait construite sur ordre du SS-Obergruppenführer Glücks, parce qu’il estimait qu’il était plus humain de gazer les prisonniers que de les fusiller.

Une partie de cette déclaration a été lue par le procureur adjoint Amen le 12 avril 1946.[13] Kaltenbrunner protesta et insista pour que Hans Marsalek vienne à la barre en vue d’une confrontation mais ce dernier ne vint jamais. Le fait est d’autant plus étrange que Hans Marsalek était en 1945-1946 le témoin n° 1 et l’expert n° 1 de Mauthausen. Il est aujourd’hui l’historien officiel du camp. Il n’a jamais été interrogé ni contre-interrogé devant un tribunal sur l’opération même de gazage à Mauthausen.

Pour ce qui concerne ce qu’aurait dit Ziereis, selon H. Marsalek, sur le Château de Hartheim, voy. ci-dessous “Château de Hartheim”.

   Sir Hartley Shawcross, procureur britannique auprès du TMI, 26 juillet 1946 (langue d’origine : anglais), mentionne « les chambres à gaz et les fours » non seulement à Auschwitz et à Treblinka mais aussi à Dachau, Buchenwald, Mauthausen, Majdanek et Oranienburg.[14] Il vit encore à Londres [1989].

    Simon Wiesenthal, KZ-Mauthausen, Ibis Verlag, Linz & Vienne 1946 (langue d’origine : allemand). L’auteur reproduit ce qu’il nomme les « aveux » du commandant de Mauthausen, p. 7-13. En réalité, il reproduit le doc. PS-1515, mais partiellement et avec d’étranges modifications ; par exemple, le chiffre de seize millions de personnes mises à mort dans l’ensemble du territoire de Varsovie, de Kowno, de Riga est réduit par S. Wiesenthal à « dix millions » (p. 13).[15]

Voy. également ci-dessous « Château de Hartheim ».

    Gerald Reitlinger, The Final Solution, p. 474 :

Le 8 mai, lorsque les troupes de Patton entrèrent dans le camp, Ziereis fut identifié dans l’enceinte du camp et on lui tira dans l’estomac. Les aveux qu’il fit avant de mourir furent recueillis par un détenu en présence d’officiers américains qui ne comprenaient pas l’allemand et ne sont donc pas très dignes de foi.

    Olga Wormser-Migot, Le Système concentrationnaire nazi, 1933-1945, Presses Universitaires de France, Paris 1968 (langue d’origine : français). A la page 541, l’auteur de cette thèse de doctorat, une juive, écrit qu’en dépit des aveux de SS post bellum et de quelques «témoignages» faisant état d’une chambre à gaz dans le camp de Mauthausen, elle n’y croit pas et estime que de telles allégations «paraissent de l’ordre du mythe». Elle dit aussi qu’un grand nombre de détenus nient l’existence d’une telle chambre à gaz mais malheureusement elle ne donne pas le nom de ces détenus. En raison de son incrédulité, O. Wormser-Migot a été vivement persécutée ; elle a été dénoncée particulièrement par Pierre-Serge Choumoff.

    Vincente et Luigi Pappaleterra, novembre 1979, Storia Illustrata (mensuel), p. 78 (langue d’origine : italien). Ils prétendent qu’aux douches les prisonniers étaient inondés, non par de l’eau, mais par un gaz mortel qui jaillissait des petits trous. La nature du gaz n’est pas spécifiée.

 

    Encyclopedia Judaica, Jérusalem, 1971, art. « Mauthausen » (langue d’origine : anglais) :

On tuait aussi des prisonniers au moyen de piqûres de phénol dans l’installation d’euthanasie de Hartheim jusqu’à ce qu’une chambre à gaz fût construite à Mauthausen. 

    Evelyn Le Chêne, Mauthausen, Pierre Belfond, 1974 (traduit de l’anglais), p. 74 :

La chambre à gaz de Mauthausen était remplie d’oxyde de carbone, qui était pompé du fourgon à gaz au moment nécessaire. 

    Edith Herman, « Thirty years later “death camp” horror an indelible memory [Trente ans plus tard, l’horreur des “camps de la mort”, une mémoire indélébile]», Chicago Tribune, 4 mai 1975, section 1 (langue d’origine : anglais) :

[Mayer] Markowitz avait vingt-six ans le 4 mai 1945, trois ans après son arrivée à Mauthausen, un “camp de la mort” situé en Autriche. Il n’y avait pas de chambre à gaz en ce lieu, et peut-être était-ce pire, en quelque sorte.

    Dr Charles E. Goshen, docteur en médecine (professeur à l’école universitaire d’ingénieurs de Vanderbilt), « était capitaine dans le Service sanitaire de l’armée américaine à l’époque des faits qu’il raconte »), The Tennessean (Nashville, USA), 23 avril 1978 (langue d’origine : anglais) :

Les morts de juifs nous ont amenés à examiner les chambres à gaz. Nous avons trouvé une petite chambre hermétique au sous-sol de la prison principale et, à l’intérieur, plusieurs réservoirs, vides et pleins, de HCN, un gaz très mortel.

Nos amis prisonniers nous ont dit que la chambre avait eu deux usages différents. Les lundis, mercredis et vendredis pour désinfecter la literie et les vêtements de leurs poux ; les mardis, jeudis et samedis pour exécuter des prisonniers.

Les trois victimes de chambre à gaz que nous y avons trouvées avaient été manifestement tuées juste avant la fuite des troupes SS.

    Pierre-Serge Choumoff, Les Chambres à gaz de Mauthausen (La vérité historique, rétablie par P.S. Choumoff, à la demande de l’Amicale de Mauthausen), Amicale des déportés de Mauthausen, Paris 1972 (langue d’origine : français). Aux pages 17-28, l’auteur traite de la chambre à gaz. La pièce adjacente avait été une pièce de contrôle pour l’arrivée du gaz. La nature du gaz n’est pas spécifiée. Une brique chaude était apportée dans la cellule de gazage. Le gaz était introduit dans la chambre à gaz par un tuyau laqué blanc percé de trous (p. 19). Il est significatif que l’auteur, comme tous ceux qui traitent de ce sujet, évite de fournir des photos de ladite chambre à gaz excepté deux : l’une montre l’extérieur de l’une des deux portes et l’autre présente, avec un effet de grossissement destiné à la rendre dramatique, une toute petite partie de l’intérieur de la chambre à gaz. Il y a aussi la photo d’une boîte de Zyklon B. Aux pages 83-87, l’auteur s’en prend vivement à Olga Wormser-Migot.

  Hans Marsalek, Die Geschichte des Konzentrationslagers Mauthausen : Dokumentation, Österreichische Lagergemeinschaft Mauthausen, Vienne 1980, réédition, 1re publication en 1974 (langue d’origine : allemand) ; p. 211 :

Avant les gazages, un sous-officier SS faisait chauffer une brique dans l’un des fours du Krema et l’apportait dans une petite pièce compartimentée et située près de la chambre à gaz. Cette chambre à gaz contenait une table, des masques à gaz et l’unité d’introduction du gaz reliée à la chambre à gaz au moyen d’un tuyau. La brique chaude était posée au bas de l’unité d’introduction du gaz : ceci avait pour but d’accélérer le processus de transformation des cristaux de Zyklon B en gaz liquide. Quand le gaz dans la chambre était suffisant, la mort par suffocation intervenait au bout de 10 à 20 minutes.

Quand un docteur SS, qui surveillait l’opération au travers d’un œilleton aménagé dans l’une des deux portes de la chambre à gaz, s’était assuré que les gens étaient bien morts, la chambre à gaz était débarrassée du gaz au moyen de ventilateurs qui l’aspiraient pour le rejeter à l’air libre.

Le processus complet du gazage pour un seul groupe, comprenant environ trente personnes, depuis le déshabillage, le prétendu examen médical, la mise à mort, l’évacuation du gaz et le ramassage des cadavres, prenait environ une heure et demie à deux heures et demie. 

Hans Marsalek est considéré comme l’historien « officiel » de Mauthausen. Voy. ci-dessus, doc. PS-1515 et PS-3870.

    Yehuda Bauer, A History of the Holocaust, Institute of Contemporary Jewry, Université hébraïque de Jérusalem, assisté de Nili Keren, Franklin Watts Publ., Toronto 1982 (langue d’origine : anglais) ; p. 209 :

Bien qu’il n’y ait pas eu de gazages à Mauthausen, beaucoup de juifs, ainsi que des non-juifs, sont morts dans ce camp par un processus que les nazis appelaient “l’extermination par le travail”.

En 1988, Yehuda Bauer a déclaré qu’il avait fait là une « erreur » qui serait corrigée dans les éditions futures de son livre (Dokumentations Archiv des österreichischen Widerstandes, Das Lachout-»Dokument«, Anatomie einer Fälschung, Vienne 1989, p. 33-34 qui cite une lettre de Y. Bauer du 2 septembre 1988).

    Eugen Kogon, Hermann Langbein, Adalbert Rückerl, Nationalsozialistische Massentötungen durch Giftgas, S. Fischer, Francfort 1983 (langue d’origine : allemand) ; traduction française : Chambres à gaz, secret d’État, éd. de Minuit, Paris 1984, p. 222 :

Dans le camp principal, installé en août 1938 à l’est de Linz, on a commencé en automne 1941 à construire une chambre à gaz dans la cave de l’infirmerie auprès de laquelle se trouvaient aussi les crématoriums. C’était une pièce sans fenêtres de 3,80 m de long et 3,50 m de large camouflée en salle de douche. Un dispositif de ventilation y avait été installé. Les parois étaient en partie carrelées et les deux portes pouvaient être fermées hermétiquement. Tous les commutateurs et robinets pour l’éclairage, la ventilation, l’alimentation en eau et le chauffage se trouvaient hors de la chambre. D’une pièce voisine, dénommée la « cellule des gaz », le gaz était dirigé dans la chambre par un tuyau émaillé qui, sur le côté du mur, c’est-à-dire du côté qu’on ne pouvait apercevoir, était ouvert par une fente d’environ un mètre de long. On peut voir encore aujourd’hui les restes de cette installation de gazage. 

Il est faux qu’on puisse « voir encore aujourd’hui les restes de cette installation de gazage ».

    Pierre-Serge Choumoff, Les Assassinats par gaz à Mauthausen et Gusen, camps de concentration nazis en territoire autrichien, Amicale des déportés de Mauthausen, Paris 1987 (langue d’origine : français). Il s’agit pour l’essentiel de la même étude que celle qui a été publiée en 1972, mais le désordre est plus grand. P.-S. Choumoff, ingénieur de métier, témoigne d’une extrême confusion pour ce qui concerne les chambres à gaz. Il ne fournit aucune preuve ni aucun détail technique qu’on serait en droit d’attendre de la part d’un ingénieur, mais se contente d’en appeler aux habituels récits de « témoins » (Kanduth, Ornstein, Roth, Reinsdorf…). Il semble considérer que la seule présence d’insecticide Zyklon B dans le camp est une preuve de l’existence de gazages homicides. Choumoff évalue à au moins 3.455 le nombre des personnes qui ont été gazées dans les prétendues chambres à gaz de Mauthausen.

    Michel de Boüard (ancien détenu de Mauthausen), doyen honoraire de la faculté des Lettres de l’université de Caen, membre du Comité d’histoire de la Seconde guerre mondiale, membre de l’Institut : déclaration faite lors d’une interview accordée à Ouest-France, 2-3 août 1986, p. 6 (langue d’origine : français) :

Dans la monographie sur Mauthausen que j’ai donnée dans La Revue d’histoire de la Seconde Guerre mondiale en 54, à deux reprises je parle d’une chambre à gaz. Le temps de la réflexion venu, je me suis dit : où ai-je acquis la conviction qu’il y avait une chambre à gaz à Mauthausen? Ce n’est pas pendant mon séjour au camp car ni moi ni personne ne soupçonnions qu’il pouvait y en avoir, c’est donc un « bagage » que j’ai reçu après la guerre, c’était admis. Puis j’ai remarqué que dans mon texte – alors que j’appuie la plupart de mes affirmations par des références – il n’y en avait pas concernant la chambre à gaz… 

    La plaque exposée dans la chambre à gaz de Mauthausen [en avril 1989] est ainsi rédigée (version française) :

La Chambre à gaz – camouflée en salle de douches. A travers un tuyau d’aspiration se trouvant dans le coin de droite le gaz cyclon B y pénétrait. C’était exécuté dans une petite salle de maniement. Peu avant le 29 avril 1945 le tuyau d’aspiration avait été démonté par les SS.

Lors de l’enquête faite par l’équipe de Fred Leuchter, le 10 avril 1989, sur la «chambre à gaz» de Mauthausen, un fonctionnaire du musée déclara que l’explication figurant sur la plaque à propos du tuyau d’aspiration était inexacte. Il expliqua que le gaz était, en réalité, introduit par un tuyau perforé provenant d’une pièce voisine. Le tuyau n’était plus là et on ne retrouvait plus de traces de son existence. Le fonctionnaire déclara que la première explication fournie sur le fonctionnement de la chambre provenait de détenus, qui avaient dit que le gaz entrait dans la chambre par les pommes de douche ; cette explication, disait-il, avait été abandonnée depuis longtemps.

 

Complément [1990] 


    Yad Vashem, Encyclopedia of the Holocaust, art. « Mauthausen » (langue d’origine : anglais). Cette encyclopédie récente est extrêmement vague sur le sujet de la chambre à gaz de Mauthausen ; p. 948, 950 :

[…] la chambre à gaz […] était déguisée en salle de douches […]. [Des femmes tchèques] furent emmenées en groupes à la chambre à gaz.

__________

Il s’agit là d’une esquisse de bibliographie sur la prétendue « chambre à gaz » de Mauthausen. Un chercheur aurait à conduire des investigations dans les archives du musée de Mauthausen et dans différents fonds d’archives des États-Unis et d’Allemagne.

 

IV – Château de Hartheim

    Doc. PS-1515, 24 mai 1945 :
[Franz Ziereis est censé déclarer :]

Par ordre du Dr Lohnauer et du Dr Re[na]ult, les professionnels du crime, non amendables, étaient classés comme malades mentaux et envoyés à Hartheim près de Linz où ils étaient exterminés au moyen d’un système spécial du Hauptsturmführer Krebsbach […] Le SS-Gruppenführer Glücks donnait l’ordre de désigner comme malades mentaux les prisonniers faibles et de les tuer par le gaz dans une grande installation. Là, environ un million – un million et demi de personnes ont été tuées. L’endroit en question se nomme Hartheim et il est situé à 10 km en direction de Passau […]. Les [fous] étaient emmenés à l’Institution provinciale (Landesanstalt) de Hartheim près de Linz. Je compte [moi, Franz Ziereis] qu’avec au moins vingt-mille détenus, en même temps que les vrais malades mentaux, il a dû y avoir au cours de l’année, d’après mon estimation (car j’ai vu les piles de dossiers dans la cave), environ quatre millions de gazés. L’établissement en question à Hartheim utilisait l’oxyde de carbone. La pièce en question était carrelée et camouflée en salle de bains. L’exécution de ce travail n’était pas confiée aux SS, à l’exception du Dr L[ohnauer] et du Dr Reyna[u]d, mais aux officiers de police. 

    Doc. PS-2176, 17 juin 1945, pièce à conviction 213. Cette pièce n’a pu être retrouvée aux Archives nationales de Washington. Elle émanait d’un détenu du nom de Adam Golebsk ou Adam Golebski. Evelyn Le Chêne la mentionne [16] et Pierre-Serge Choumoff est censé la reproduire dans une traduction française.[17] Selon ce qu’indiquent Evelyn Le Chêne et Pierre-Serge Choumoff, l’auteur de cette pièce prétend que, le 13 décembre 1944, il s’est rendu, en compagnie de vingt détenus de Mauthausen, au château de Hartheimpour transformer tout l’emplacement en home d’enfants. Leur travail a duré dix-huit jours. Il a vu une pièce qui avait l’apparence d’une petite salle de bains ; la porte en fer était isolée avec du caoutchouc ; la fermeture était formée par des verrous-leviers massifs et, dans la porte, il y avait un petit hublot rond. Les murs de cette pièce étaient couverts à moitié avec des carreaux. Il y avait six douches. De cette pièce une porte similaire menait à une autre petite chambre où se trouvait l’appareillage pour le gazage, bouteilles à gaz et différents compteurs.

 

    Doc. F-274, avant octobre 1945, p. 176 :

Des détenus étaient emmenés de Mauthausen au château de Hartheim pour y être gazés. 

    Doc. PS-3870, 8 avril 1946, op. cit. : [Franz Ziereis est censé déclarer :]

Sur l’ordre du Dr Lohnauer, les professionnels du crime, non amendables, étaient expédiés comme malades mentaux à Hartheim près de Linz où ils étaient anéantis au moyen d’un système spécial du SS-Hauptsturmführer Krebsbach […]. Le SS-Gruppenführer Glücks donna l’ordre de classer comme mentalement dérangés les prisonniers faibles et de les tuer dans une installation de gazage qui existait au château de Hartheim près de Linz. Là, environ un million – un million et demi d’êtres humains ont été tués […]. Le nombre de prisonniers qui ont été mis à mort à Hartheim m’est inconnu, mais le nombre de victimes à Hartheim est d’environ un million – un million et demi en tenant compte des civils qui étaient livrés à Hartheim.

    Simon Wiesenthal, KZ Mauthausen, 1946. De même que pour Mauthausen, l’auteur reproduit le PS-1515 mais avec d’étranges différences.

    Gerald Reitlinger, The Final Solution, 1971 (édition originale en 1953), p. 141:

Des centaines de détenus de Dachau, aryens ou juifs, ont été gazés au Schloss Hartheim au début de 1942, après avoir été jugés uniquement sur leur passé politique. 

    Olga Wormser-Migot, Le Système concentrationnaire nazi, 1933-1945, 1968. L’auteur mentionne Hartheim de manière extrêmement vague en tant que lieu d’« extermination » (p. 154, 538, 540).

    Encyclopedia Judaica, 1971, art. « Mauthausen » : voy. citation ci-dessus.

    Evelyn Le Chêne, Mauthausen, 1971. Voy. ci-dessus doc. PS-2176, pièce à conviction 213. Un plan du rez-de-chaussée de Hartheim, réalisé par l’auteur, se trouve en page 105.

    Pierre-Serge Choumoff, Les Chambres à gaz de Mauthausen, 1972. Voy. ci-dessus doc. PS-2176, pièce à conviction 213. Un plan du rez-de-chaussée de Hartheim se trouve à la page 38. Il est censé provenir d’un détenu de Mauthausen : Bahier. Il est daté « Linz, 6 septembre 1945 » et se trouve dans les dossiers de la Police criminelle de Linz (réf. TGB NRK 2081/85).

    Lucy S. Dawidowicz, The War Against the Jews, 1933-1945, Bantam Books, New York 1975 (langue d’origine : anglais) ; p. 178-179 :

Les malades désignés à la mort […] étaient alors transférés à l’un des six centres d’«euthanasie» (à Bernburg, Brandenburg, Grafeneck, Hadamar, Hartheim et Sonnenstein) [… ]. La procédure était pratique, simple et tout à fait trompeuse. En groupes de vingt à trente, les patients étaient introduits dans une chambre camouflée en salle de douches. C’était une pièce ordinaire, équipée de portes et de fenêtres étanches, dans laquelle on avait posé des conduites de gaz. Le récipient de gaz comprimé et les appareils de réglage étaient situés à l’extérieur. Conduits vers l’intérieur de la chambre sous le prétexte de prendre une douche, les malades étaient gazés par le docteur de service.

Aucune source n’est indiquée pour la description de ce processus.

    Hans Marsalek, Die Geschichte…, 1980, p. 213 :

Dès qu’un groupe se trouvait dans la chambre à gaz, les portes d’acier étaient fermées, le gaz introduit et les victimes tuées. Ensuite la pièce était ventilée à l’aide de ventilateurs. 

L’auteur ne précise pas la nature du gaz employé. Il ajoute que l’Allemand Vincenz Nohel a avoué, avant d’être pendu par les Américains, que trente mille personnes avaient été tuées au Château de Hartheim au cours de l’« Action Euthanasie ».

    Eugen Kogon, Hermann Langbein, Adalbert Rückerl, NS-Massentötungen…, 1983. Dans ce livre, qui est censé passer en revue tous les gazages de masse, Hartheim n’est mentionné que dans le chapitre consacré à l’euthanasie (voy. p. 62, 76-79) ; ni le type de gaz employé (CO ?), ni le nombre total des victimes ne sont clairement précisés.

    Raul Hilberg, The Destruction of the European Jews, 1985, p. 872-873. L’auteur, qui ne mentionne aucune chambre à gaz pour Mauthausen, affirme que Hartheim était l’un des nombreux « instituts d’euthanasie pourvus de chambres à gaz utilisant du monoxyde de carbone pur en bouteille ».

    Pierre-Serge Choumoff, Les Assassinats par gaz…, 1987, ne donne aucune précision sur la chambre à gaz de Hartheim. Il écrit que, d’après les aveux de l’Allemand Vincenz Nohel, huit mille détenus en provenance de Mauthausen et de Gusen ont été gazés au Château de Hartheim.

    Hans Marsalek, Hartheim, Establishment for Euthanasia and Gassing: Accessory Camp to the KZ (Concentration Camp) of Mauthausen(version abrégée pour la Communauté autrichienne du Camp de Mauthausen, traduit en anglais par Peter Reinberg), 4 p. Disponible au château de Hartheim [1989]. Cet opuscule fait état du gazage à Hartheim de 30 000 personnes au moyen de gaz «Zyklon B».

 

Complément [1990]

    Yad Vashem, Encyclopedia of the HolocaustCette encyclopédie en quatre volumes ne contient pas d’entrée s.v. « Hartheim », mais seulement des mentions qui se rencontrent aux pages 342, 452, 632, 952, 968, 1129 et 1408. Le type de gaz employé à Hartheim aurait été non pas le Zyklon mais l’oxyde de carbone (p. 1129). Les victimes, en plus des malades mentaux, auraient été des internés transférés de Dachau (p. 342) et de sous-camps de Mauthausen comme Gusen (p. 632) ou Melk (p. 968).

 

V – 1988 : Des historiens juifs 
face au problème des chambres à gaz

    Olga Wormser-Migot, Le Système concentrationnaire nazi (1933-1945), Paris 1968 (langue d’origine : français). Une section de cette thèse est intitulée : «Le Problème des Chambres à Gaz» ; elle représente l’équivalent de trois pages (entre les p. 541 et 545). L’auteur ne croit pas à l’existence de chambres à gaz à Dachau ni à Mauthausen.

    Lucy Dawidowicz, The War Against the Jews 1933-1945, Bantam Books, New York 1975 (langue d’origine : anglais). L’auteur ne mentionne pas de chambres à gaz ou de gazages à Dachau ni à Mauthausen.

    Raul Hilberg, The Destruction of the European Jews, édition revue et définitive, Holmes & Meier, New York 1985 (langue d’origine : anglais). Dans cet ouvrage « définitif » en trois volumes et 1.274 pages, Hilberg ne fait nulle part mention de chambres à gaz ou de gazages à Dachau ni à Mauthausen.

    Arno J. Mayer, Why Did the Heavens Not Darken ? – The “Final Solution” in History, Pantheon Books, New York 1988 (langue d’origine : anglais) ; p. 362-363 :

Les sources pour l’étude des chambres à gaz sont à la fois rares et douteuses […]. La plus grande partie de ce que l’on sait est fondée sur les dépositions des officiels et des exécutants nazis lors des procès d’après-guerre et sur le souvenir des survivants et des spectateurs. Ce genre de témoignage est à filtrer avec soin vu qu’il peut être influencé par des facteurs d’une grande complexité. Les journaux intimes sont rares, ainsi que les documents authentiques relatifs à la fabrication, la transmission et la mise à exécution de la politique d’extermination. Mais des preuves nouvelles peuvent encore être mises à jour. Des journaux privés et des papiers officiels sont susceptibles de venir à la surface. Étant donné qu’Auschwitz et Majdanek, tout comme les quatre centres d’extermination totale, ont été libérés par l’Armée rouge, les archives soviétiques peuvent fort bien livrer des indices et des preuves quand elles seront ouvertes. En outre, des fouilles à l’emplacement des lieux d’extermination ainsi que dans leurs environs immédiats peuvent aussi apporter de nouveaux renseignements.

1er mai 1990

[Publié dans la Revue d’histoire révisionniste, n° 1, p. 86-114.]

 

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Notes
[1] TMI, XXXVII, p. 621. Le sigle TMI (Tribunal militaire international) renvoie à la version française des débats et des documents du Procès des grands criminels de guerre allemands (Nuremberg 1945-1946). Le sigle IMT (International Military Tribunal) renvoie à la version américaine, laquelle n’est pas à confondre avec la version britannique.
[2] TMI, XXX, p. 470
[3] TMI, XXXII, p. 62.
[4] TMI, V, p. 198
[5] IMT, V, p. 159. 
[6] TMI, XIX, p. 456.
[7] TMI, XXX, p. 142.
[8] TMI, IV, p. 270.
[9] TMI, II, p. 59.
[10] TMI, XXXIII, p. 230-243.
[11] TMI, XI, p. 332-333. 
[12] Voy. ci-dessus PS-1515. TMI, XXXIII, p. 279-286.
[13] TMI, XI, p. 339-342. 
[14] TMI, XIX, p. 456
[15] A la page 53 de ce même livre, l’auteur reproduit un dessin réalisé par lui et censé montrer trois détenus exécutés par les Allemands à Mauthausen. C’est une invention. Le dessin a été fait à partir d’une photo de trois soldats allemands fusillés comme « espions » par un peloton d’exécution américain et publiée dans Life Magazine, 11 juin 1945, p. 50.
[16] E. Le Chêne, Mauthausen ou la compatibilité de l’horreur, Belfond, Paris 1974, p. 104-107. 
[17] P.-S. Choumoff, Les Chambres à gaz de Mauthausen, Association des anciens détenus de Mauthausen, Paris 1972, p. 40-42.