Une monographie révisionniste sur Majdanek
À Fred Leuchter, dont j’ai perdu la trace
En juin-juillet 1998 le Suisse Jürgen Graf et l’Italien Carlo Mattogno ont conjointement publié en allemand une monographie sur le camp de concentration de Majdanek-Lublin (Pologne) ; certains chapitres sont de J. Graf et d’autres, de C. Mattogno ; un seul chapitre est de la responsabilité commune des deux auteurs.[1]
Importance négligeable de Majdanek
pour les exterminationnistes
Dans l’arsenal de la propagande exterminationniste, le camp de Majdanek est d’une importance qu’on qualifiera aujourd’hui soit de nulle, soit de tout à fait accessoire. Les deux auteurs de cette monographie auraient dû en prévenir le lecteur.
« Libéré » par les Soviétiques le 23 juillet 1944, le camp de Majdanek ne joue un rôle d’importance dans la propagande alliée (à base de récits d’atrocités) que pendant quelques mois de 1944.[2] Puis, en 1945, Majdanek, de ce point de vue, va être définitivement supplanté par des camps tels que Bergen-Belsen, Dachau, Buchenwald et Auschwitz.
Les deux auteurs auraient dû impérativement signaler les cinq points suivants qu’ils ont passés sous silence :
1) En 1945-1946, au procès de Nuremberg, Majdanek-Lublin est quasiment inexistant. Pour commencer, dans le texte du jugement dont la version française compte pourtant 187 pages imprimées, le nom même du camp n’est mentionné qu’une seule fois, et encore comme celui d’un simple camp « de concentration » et non « d’extermination ». En février 1946, l’avocat général soviétique, le colonel L. N. Smirnov, au cours de ses diatribes délirantes contre les germano-fascistes, ne mentionne pas une seule fois les chambres à gaz dans son énumération des procédés utilisés à Majdanek «pour l’extermination en masse des détenus» (et cela seulement à dix-huit mois de l’été 1944 où la propagande soviétique relayée par ses alliés occidentaux avait lancé à grand fracas le mythe des gazages de Majdanek). L. N. Smirnov se contentera, le 19 février 1946, de lire un extrait du rapport de la Commission d’expertise polono-soviétique dont seul un membre de phrase évoque fugitivement les fusillades massives et les meurtres massifs en chambres à gaz de près de… 1 500 000 hommes ; aucune précision ne sera ajoutée[3];
2) en 1951, pour Léon Poliakov, Majdanek n’est pas un «camp d’extermination» mais un « camp de travail[4]» ;
3) en 1953, pour Gerald Reitlinger, il s’agit d’ « un endroit qui n’avait jamais été spécifiquement un centre d’extermination[5]» ;
4) en 1960 l’historien allemand Martin Broszat ne mentionne tout simplement pas ce camp dans sa fameuse liste des « camps d’extermination massive[6]» ;
5) dès le 8 mai 1950 un tribunal de Berlin avait prononcé qu’à la différence du camp d’Auschwitz celui de Majdanek « ne possédait pas d’installation de gazage[7]».
J. Graf et C. Mattogno auraient pu ajouter, mieux qu’ils ne l’ont fait, que, parmi d’autres ténors de la thèse de l’extermination des juifs, qui, eux, ont affirmé que Majdanek était un «camp d’extermination» doté de chambres à gaz d’exécution, il règne une totale confusion. Cette confusion ne se limite pas à des variations considérables dans le nombre supposé des victimes. Chez ces historiens orthodoxes on note une molle conviction, un grand vague et une belle cacophonie. C’est ce que révèle la lecture respective des écrits de Raul Hilberg (1961 et 1985), d’Olga Wormser-Migot (1968), de Lucy Dawidowicz (1975), de Leni Yahil (1990) et d’autres auteurs de la même école, y compris, en particulier, Adam Rutkowski.[8] Bref, Majdanek n’a guère fait recette chez les exterminationnistes d’Europe de l’Ouest et des États-Unis. En Pologne, Josef Marszalek a publié une monographie sur Majdanek qui a été traduite en anglais et en allemand. En Allemagne, au procès de Düsseldorf, qui commença en 1979, le tribunal admit, sans le prouver, que Majdanek avait été un « camp d’extermination » ; des accusés protestèrent qu’ils ne l’avaient jamais constaté mais on leur fit comprendre qu’il ne s’agissait pas d’insister.
Donc, importance négligeable de Majdanek
pour les révisionnistes
Précisément à cause du peu de place occupé par Majdanek dans la panoplie de la thèse exterminationniste ou orthodoxe, les révisionnistes ne se sont guère attardés sur le sujet. Ils ont porté leur attention principalement sur Auschwitz car, comme l’écrivait A. R. Butz, « Auschwitz est la clé de toute l’histoire[9]» et, comme le pensait Wilhelm Stäglich, « c’est avec “l’usine de mort Auschwitz” que la thèse de “l’extermination planifiée des juifs” en tant que telle tient ou s’effondre[10]». Ce n’est pas à dire que les révisionnistes se soient désintéressés de Majdanek et il est regrettable que J. Graf et C. Mattogno n’aient pas cru devoir rappeler les contributions, à ce point de vue, de Ditlieb Felderer et… de Robert Faurisson. Me permettrais-je ici de signaler qu’après ma visite du camp, en avril 1975, j’avais conclu que les chambres à gaz de Majdanek ne pouvaient pas avoir été utilisées pour l’exécution d’êtres humains et que, comme on le verra ci-dessous, elles n’avaient, pour la plupart, été que des chambres à gaz de désinfestation ? Si Fred Leuchter s’est rendu à Majdanek en 1988, c’est à mon instigation et après avoir consulté ma propre documentation, en particulier photographique, sur le camp. Ses conclusions ont confirmé les miennes et J. Graf et C. Mattogno ne font, après tout, qu’entériner ces conclusions-là.
Les deux auteurs n’auraient pas dû, non plus, faire l’impasse sur l’ouvrage de Barbara Kulaszka[11], connu de tous les révisionnistes et où, dans l’index, au mot « Majdanek », ils auraient pu relever ce que d’autres révisionnistes, bien avant eux, avaient soit déclaré sous serment à la barre d’un tribunal de Toronto en 1988, soit publié. À Jürgen Graf il aurait suffi de me demander ce que j’avais personnellement écrit ou déclaré publiquement sur le sujet. La place manque ici pour donner les références de ce que personnellement j’ai écrit çà et là sur Majdanek, évidemment sans trop m’appesantir sur le sujet car « on ne tire pas sur une ambulance » ; dans un ouvrage de plus de 2 000 pages qui vient de paraître sous le titre d’Écrits révisionnistes et qui rassemble des articles, des études ou des recensions allant de 1974 à 1998, on pourra retrouver quelques-unes de ces références ; elles concernent, par exemple, des textes parus dans un ouvrage de Serge Thion (Vérité historique ou vérité politique ? La Vieille Taupe, 1980), dans un texte sur une exposition de la déportation tenue à Paris en 1982 (exposition qui s’est sabordée à cause du contenu de ce texte), dans une interview publiée en espagnol par Cedade (mars 1989) ainsi que dans des études publiées en français ou en anglais (Revue d’histoire révisionniste, Journal of Historical Review, Nouvelle Vision). En 1979, je m’étais mis en rapport avec un avocat allemand, Ludwig Bock, défendant une accusée du « procès de Majdanek » à Düsseldorf et je lui avais suggéré, en pure perte, de réclamer une expertise de « l’arme du crime », indispensable pour un tel procès criminel et bénéfique pour les accusés. J’avais aussi rappelé dans l’un de mes écrits l’importante critique faite par Olga Wormser-Migot quant à « la frénésie muséographique » (ce sont ses propres mots) qui avait conduit les responsables du Musée de Majdanek à maquiller les lieux. Enfin, dès qu’en 1993 l’Holocaust Memorial Museum de Washington a osé montrer une « porte de chambre à gaz de Majdanek », je suis intervenu à plusieurs reprises pour dénoncer la supercherie et rappeler, comme je l’avais toujours fait, que ladite chambre à gaz n’avait pu servir qu’à la désinfestation. J’ai rappelé que ce que les visiteurs du camp de Majdanek se voient honnêtement présenter aujourd’hui comme une salle de douches avait été qualifié juste après la guerre de chambre à gaz d’exécution. Si les Allemands, abandonnant le camp en juillet 1944, en avaient laissé subsister tous les locaux, présentés ensuite par la propagande soviéto-polonaise comme étant des chambres à gaz d’exécution, c’est précisément qu’il ne s’agissait pas de chambres d’exécution mais de désinfestation : des locaux pour assurer la vie et la santé des hommes et non pour s’assurer la mort des juifs.
Une cible : le rapport Leuchter
Au terme de son rapport de 1988, F. Leuchter concluait que, comme je l’avais découvert pour ma part en 1975, il n’avait ni existé ni pu exister de chambres à gaz homicides à Majdanek. Cette conclusion est également celle, en 1998, de J. Graf et de C. Mattogno. On s’étonne dès lors de la virulence des attaques de ces derniers contre un rapport dont ils sont bien obligés, en 1998, d’approuver des conclusions remontant à 1975 (R. Faurisson) et confirmées en 1988 (F. Leuchter).
Pour commencer, C. Mattogno n’expose même pas les arguments de F. Leuchter. Il ne les cite pas mais reproduit la critique qu’en fait J.‑C. Pressac, lequel se présente en adversaire déclaré de F. Leuchter. Et il dit qu’il approuve cette critique (p. 154-155). On eût préféré lire un texte de F. Leuchter lui-même au lieu d’un texte confus où se mêlent à la fois ce que F. Leuchter est censé avoir dit et la critique qu’en fait J.‑C. Pressac. Qui donc consulterait un Guelfe pour savoir l’argumentation d’un Gibelin, ou vice versa ? Pour connaître une thèse scientifique, historique, politique ou religieuse, qui donc ferait confiance à un ennemi acharné de cette thèse ? N’y a-t-il pas là une faute de méthode ? Au lieu de donner deux fois la parole à J.‑C. Pressac, la première fois pour exposer la thèse de F. Leuchter et la seconde fois pour dénoncer les erreurs supposées de cette thèse, n’eût-il pas mieux convenu de donner équitablement la parole d’abord à l’un, puis à l’autre, quitte à trancher par la suite en faveur de l’un ou de l’autre ?
En août 1944 les escrocs et propagandistes de la commission polono-soviétique sur Majdanek avaient rédigé une prétendue expertise. C. Mattogno leur fait l’honneur de les citer longuement, intégralement, sans entrecouper leur texte de critiques ou de remarques (p. 119-128). F. Leuchter, lui, n’a pas le droit à un tel traitement de faveur. Seuls d’infimes fragments de son rapport sont cités, à propos desquels, dans la seule page 156 de son livre, C. Mattogno emploie les mots suivants : « Voilà qui contredit à nouveau les dires mêmes de Leuchter » … « encore des arguments fallacieux » … « techniquement absurde » … « en contradiction avec ses propres dires » … « le premier argument manque de clarté, le second de fondement » … «superficialité et ignorance[12]».
Jusqu’à présent, dans son Italie natale, près de Rome, C. Mattogno semble avoir travaillé en toute tranquillité ; à moins que je ne me trompe, il n’a connu ni procès, ni amendes, ni saisies, ni peines de prison. F. Leuchter, lui, brisé par la prison, par des procès infâmes, par la perte de son emploi, par la ruine de sa santé et de cruelles épreuves personnelles consécutives à ses courageuses et très efficaces prises de position publiques, a dû s’immerger dans une sorte de clandestinité dont il n’est sorti que récemment pour une pathétique interview donnée à un cinéaste juif américain. C. Mattogno savait, quand il a publié, en juin-juillet 1998, ces virulentes critiques de F. Leuchter – sur la valeur desquelles je ne m’attarderai pas car elles portent sur des points minuscules – que l’homme qu’il attaquait ainsi n’était plus en mesure, à l’époque, de lui répliquer. On ne peut que déplorer ce comportement du chercheur italien.
Un portrait incomplet de J.-C. Pressac
Dans son chapitre VI, consacré aux chambres à gaz, C. Mattogno cite élogieusement Jean-Claude Pressac pour une étude intitulée « Les carences et incohérences du rapport Leuchter », parue en décembre 1988 dans une publication de Serge Klarsfeld, Jour J[uif], et longue de neuf pages. Il en cite de longs extraits. Malheureusement, il ne dit rien des faiblesses de cette étude et, surtout, il ne révèle pas l’étendue des critiques de J.‑C. Pressac à l’endroit de ce qu’il faut bien appeler les mensonges des autorités du Musée de Majdanek. C. Mattogno aurait pu renvoyer son lecteur à l’un de mes écrits sur cet article de J.‑C. Pressac, article paru en 1989 dans une revue révisionniste française et, en 1991, dans une revue révisionniste américaine.[13] Citations à l’appui, j’y concluais : « Sur Majdanek, je ne crois pas exagéré de dire que Pressac ne croit pas à l’existence de chambres à gaz homicides dans ce camp. » Dans les années suivantes, mon impression allait se renforcer, en particulier à la lecture d’un numéro spécial d’Historia dont j’ai alors rendu compte dans un article précisément intitulé : « Un étonnant numéro spécial d’Historia sur “les camps de la mort” (mars-avril 1995). » J’y qualifiais de « dévastateur » l’article de J.‑C. Pressac sur Majdanek et j’y évoquais la dénonciation, par le même, des mensonges du Musée de Majdanek sur le sujet des « chambres à gaz ». C. Mattogno ne mentionne pas cet article de J.‑C. Pressac, si important pour son sujet mais, il est vrai, embarrassant pour qui veut, à tout prix, accabler F. Leuchter.
Bref, en décembre 1988, J.‑C. Pressac, alors lié à S. Klarsfeld et financé par lui, critiquait le rapport Leuchter tout en adoptant certaines de ses conclusions ; par la suite, ne dépendant plus de S. Klarsfeld, il a, avec le temps, tellement évolué sur la question de Majdanek qu’on peut se demander si aujourd’hui, en 1999, ses positions ne seraient pas, dans les faits, toutes proches de celles de F. Leuchter ou de celles de L. Poliakov, G. Reitlinger et M. Broszat. D’ailleurs, quelques mois seulement après avoir publié son article sur « Les carences et incohérences du rapport Leuchter », J.‑C. Pressac, encore sous la coupe de S. Klarsfeld, avait déjà rendu justice à F. Leuchter en reconnaissant que la chambre à gaz emblématique de Majdanek, partout présentée comme homicide, était une chambre à gaz de désinfestation ![14] C. Mattogno ne le dit pas.
Un excès d’érudition
Deux chapitres du livre auraient gagné à plus de concision et de simplicité. C. Mattogno y fait montre d’une érudition dont on n’est pas sûr qu’elle soit utile et nécessaire. Il s’agit du chapitre V sur les crématoires et du chapitre VIII sur les livraisons de Zyklon.
Quand on maîtrise vraiment un sujet on peut, me semble-t-il, atteindre à la simplicité d’expression du savant ou du professionnel. Pour ne m’en tenir qu’à cet exemple, s’il faut démontrer que la capacité attribuée par les exterminationnistes aux fours crématoires des camps de concentration allemands du début des années quarante passe l’entendement, il n’est pas besoin de considérations hautement techniques sur la structure des fours crématoires et sur leur fonctionnement ; on se contentera essentiellement de nous dire quelle est aujourd’hui, après un demi-siècle de progrès techniques, la capacité de crémation de tel crématoire de nos villes. Les chiffres parleront d’eux-mêmes. Au procès Zündel, à Toronto en avril 1988, Ivan Lagacé, directeur d’un crématoire de Calgary, avait ainsi procédé, brièvement, magistralement et avec modestie.[15]
Le mystère – non éclairci – de l’Erntefest
C. Mattogno consacre le chapitre IX de son livre à ce qu’on a pris l’habitude d’appeler «le massacre de l’Erntefest». Ce mot signifie : fête de la moisson, de la cueillette ou de la vendange. Selon la thèse exterminationniste, l’opération désignée sous ce nom aurait consisté à exécuter, les 3 et 4 novembre 1943, plus de 40 000 juifs dans le district dont Lublin-Majdanek est la capitale. Pour des raisons d’ordre notamment matériel, on peut supposer qu’en fait il a dû s’agir d’une opération de police consistant à arrêter des juifs de la région et à les déporter. C. Mattogno consacre de très intéressantes pages au sujet mais, soudain, à la fin, au moment même où on croit qu’il va fournir la clé du mystère, il conclut que « fort probablement » il s’est agi d’une opération de transfert de population (p. 231-232). On reste sur sa faim.
Une première dans l’histoire du révisionnisme
En quatrième de couverture, ce livre sur Majdanek est décrit comme une première. Les deux auteurs auraient fait une « stupéfiante découverte » ainsi résumée : il n’existe pour ainsi dire aucun travail sérieux sur Majdanek dans la littérature exterminationniste de l’Ouest ; quant à celle de l’Est, elle est à prendre avec les précautions d’usage puisque entachée de propagande soviéto-polonaise. Ce livre comblerait un vide et nos deux auteurs – qui se trouvent être révisionnistes – seraient les premiers à consacrer un « ouvrage de référence » (Standardwerk), en ce sens-là, au camp de Majdanek.
Il y a maldonne.
Si les deux auteurs avaient fait état de l’opinion des exterminationnistes sur le rôle vraiment secondaire de Majdanek dans l’histoire de « l’extermination des juifs », ils n’auraient pas pu nous parler d’une « stupéfiante découverte ». En effet, dès lors qu’un sujet est tenu pour vraiment secondaire ou négligeable, on négligera de lui consacrer de véritables efforts, et c’est ce qui s’est passé : les exterminationnistes n’ont pas insisté sur Majdanek. Par ailleurs, si les deux auteurs avaient pris le soin de mentionner scrupuleusement ce que les révisionnistes, à commencer par D. Felderer, R. Faurisson et F. Leuchter, ont pu écrire, çà et là, sur le sujet, ils auraient rendu évident que ces révisionnistes avaient, arguments et enquêtes matérielles à l’appui, très vite réglé le « problème des chambres à gaz de Majdanek ». Si, en plus de tout, J. Graf et C. Mattogno avaient complètement rendu compte de la position de J.‑C. Pressac en 1988 et, par la suite, de son évolution progressive vers un profond scepticisme, il leur aurait fallu admettre qu’il n’y a effectivement plus de « problème des chambres à gaz de Majdanek ». Dès le début des années cinquante, il n’y avait – je viens de le rappeler – aucun problème de ce genre pour un Léon Poliakov. Pourquoi ne l’avoir pas dit dans un ouvrage qui se présente comme « de référence » ?
Si cet ouvrage constitue une première, je crains que ce ne soit pas dans le sens où nos deux auteurs l’entendent. C’est plutôt en ce sens que, pour la première fois, me semble-t-il, dans l’historiographie de la révision de l’« Holocauste », des révisionnistes s’en prennent avec virulence, sur la place publique, à d’autres révisionnistes. Il pouvait, certes, y avoir des conflits plus ou moins feutrés entre révisionnistes mais ces conflits-là ne sortaient guère de leur cercle ou bien le ton en était civil. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. J. Graf et C. Mattogno s’en sont pris à F. Leuchter sans vraiment exposer les arguments de ce dernier et en sachant que leur victime n’était plus en état, à l’époque, de leur répliquer. Ce faisant, ils ont pris une responsabilité qui les expose à se voir à leur tour critiqués pour un ouvrage dénué de la valeur qu’ils aimeraient lui voir accorder. Ils ressemblent aujourd’hui à ceux qui sont bien obligés d’admettre que Galilée avait raison mais qui trouvent, comme peut-être la Sainte Inquisition, que Galilée sur d’infimes points de détail s’était trompé.
En publiant un tel livre, les deux auteurs ont-ils cru pouvoir se justifier auprès de ceux qui avaient commandité leur expédition à l’Est, en Pologne, aux pays Baltes ou en Russie, une entreprise dont les résultats n’allaient pas être à la hauteur de leurs espérances et des nôtres ? Je me le demande. Espérons que la nouvelle expédition, celle de 1999, sera plus fructueuse et qu’elle sera suivie de la publication d’un ouvrage sur un sujet qui fasse vraiment problème et qu’il faudra traiter dans tous ses aspects essentiels sans en omettre aucun pour quelque motif que ce soit. Espérons aussi que ce nouvel ouvrage sera dénué de faciles attaques personnelles contre un adversaire sans défense.
Certes, les révisionnistes doivent savoir se critiquer mutuellement. Cette critique est même indispensable. Mais, dans leur travail proprement dit, dans leurs enquêtes, ils doivent, d’abord et avant tout, rechercher la difficulté, cultiver la probité et s’en prendre aux mensonges des puissants du jour.
N.B. : Peu de révisionnistes connaissent dans son intégralité le rapport Leuchter sur Auschwitz, Birkenau et Majdanek. Toutes les éditions censées le reproduire – elles sont nombreuses – ne donnent malheureusement qu’une idée approximative de la richesse des 193 pages remises au tribunal de Toronto en avril 1988. Par exemple, l’édition publiée par David Irving en juin 1989 (Focal Point Publications) est incomplète et contient des éléments qui ne figurent pas dans l’original. Pour avoir une édition complète et fidèle, il convient de s’adresser à Ernst Zündel (Toronto) pour lui commander un ouvrage de 196 pages à couverture dorée et portant en quatrième de couverture l’avertissement suivant :
This is a reproduction of the original Leuchter Report I, as it was presented to the court in Toronto, except for the foreword by Dr Robert Faurisson and the letter by Fred Leuchter to Ernst Zündel regarding the roof vents in his drawings, reproduced on page 42 of this version.
On n’insistera jamais assez sur l’importance de cette lettre « concernant les ouvertures dans le toit » et reproduite en p. 42. À part ce premier « rapport Leuchter », il en existe trois autres. Le rapport no 2 porte sur Dachau, Mauthausen et Hartheim ; le rapport n° 3 concerne la chambre à gaz d’exécution du pénitencier de Parchmann (Mississipi) et le rapport n° 4 constitue une critique du livre de J.‑C. Pressac, Auschwitz : Technique and Operation of the Gas Chambers (1989), op. cit.
5 mars 1999
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[1] Jürgen Graf et Carlo Mattogno, KL Majdanek, Eine historische und technische Studie, Castle Hill Publishers, Hastings [Grande-Bretagne] 1998, 319 p.
[2] « Lublin remained the propaganda’s leading extermination camp well into the autumn of 1944 » (Arthur R. Butz, The Hoax of the Twentieth Century, Historical Review Press, Richmond [Grande-Bretagne] 1976, p. 171).
[3] TMI, VII, p. 456-457, 590 ; IMG, VII, p. 497-499, 648.
[4] Léon Poliakov, Bréviaire de la haine, Livre de Poche, Paris 1974 [1951], p. 289.
[5] Gerald Reitlinger, The Final Solution, Aronson, Londres 1987 [1953], p. 450, 452.
[6] Martin Broszat, Keine Vergasung in Dachau, Die Zeit, 19 août 1960, p. 16.
[7] C. F. Rüter, Justiz und NS-Verbrechen, Amsterdam University Press, vol. VI, [1971], p. 547.
[8] Adam Rutkowski in NS-Massentötungen durch Giftgas, S. Fischer, Francfort 1983, p. 241-245 ; Les Chambres à gaz, secret d’État, Éditions de Minuit, Paris 1984, p. 218-222. Dans les années 1960-1970, j’ai à maintes reprises rencontré A. Rutkowski au Centre de documentation juive contemporaine de Paris et, dans nos fréquentes conversations, j’ai pu noter son embarras croissant sur le sujet des chambres à gaz nazies ; cet embarras est sensible dans les quelques pages qu’il consacre ici à Majdanek.
[9] « Auschwitz is the key of the whole story », The Hoax…, op. cit., p. 35.
[10] « Mit der “Todesfabrik Auschwitz” die These von der “planmäßigen Judenvernichtung” als solche steht oder fällt », Der Auschwitz-Mythos/Legende oder Wirklichkeit ?, Grabert-Verlag, Tübingen 1979, p. xi.
[11] Barbara Kulaszka, Did Six Million Really Die? Report of the Evidence in the Canadian “False News” Trial of Ernst Zündel, 1988, Samisdat Publishers, Toronto, 1992, VIII-564 p.
[12] « Dies wiederum widerspricht Leuchters eigener Aussage » … « noch trügerische Argumente » … «Dies ist technisch gesehen unsinnig» … « Im Widerspruch zu seinen eigenen Aussagen » … « Das erste Argument ist unklar, das zweite unfundiert » … « Oberflächlichkeit und Unkenntnis » …
[13] « Pressac devant le rapport Leuchter », Revue d’histoire révisionniste, no 3, novembre-décembre 1990 – janvier 1991, p. 145-146 ; «Pressac versus the Leuchter Report», Journal of Historical Review, vol. 11, no 2, été 1991, p. 164-166.
[14] Jean-Claude Pressac, Auschwitz : Technique and Operation of the Gas Chambers, Beate Klarsfeld Foundation, New York 1989, p. 557.
[15] Voir Barbara Kulaszka, op. cit., p. 267-271.