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La Sursaturation de la Shoah à l’écran

La revue Passages propose le « panorama d’un demi-siècle de représentation cinématographique » de la Shoah (février-mars 1999, p. 16-28) sous quatre signatures juives.

Ce panorama s’étend « de Resnais à Benigni » et « de Lanz­mann à Spielberg ».

Parmi les films les plus connus se trouvent mentionnés :

La Dernière Étape (1947), de Wanda Jakubowska
Ghetto Teresin (1950), d’Alfred Radok
Nuit et Brouillard (1955), d’Alain Resnais
L’Enclos (1961), d’Armand Gatti
Transport au paradis (1962), de Zbynek Brynich
La Passagère (1964), d’Andrej Munk
Sandra (1965), de Luchino Visconti
Le Journal d’Anne Frank (1969), de George Stevens
Le Jardin des Finzi-Contini (1970), de Vittorio De Sica
Le Vieil Homme et l’Enfant (1970), de Claude Berri
Portier de nuit (1972), de Liliana Cavani
Les Guichets du Louvre (1974), de Michel Mitrani
Les Violons du bal (1974), de Michel Drach
Un Sac de billes (1975), de Jacques Doillon
Monsieur Klein (1976), de Joseph Losey
Shoah (1985), de Claude Lanzmann
Au Revoir les enfants (1987), de Louis Malle
La Liste de Schindler (1995), de Steven Spielberg
La Trêve (1996), de Francesco Rosi
La Vie est belle (1998), de Roberto Benigni
Train de vie (1998), de Radu Mihaïleanu

D’autres films sont mentionnés mais ils sont moins connus. Beaucoup d’autres, comme Le Temps du ghetto ou Marathon Man, ne sont pas cités.

En face de ces œuvres cinématographiques inspirées, après 1945, par les souffrances réelles ou fictives de la communauté juive pendant la seconde guerre mondiale, on serait bien en peine d’établir une liste comparable de films propres à nous rappeler les épreuves réelles des autres communautés et, en particulier, des populations civiles allemandes ; par exemple, aucun cinéaste, aucun Spielberg, n’a songé à s’inspirer des « films d’actualités montrant des femmes allemandes surgissant de leurs maisons, la chevelure en flammes et avec, dans leurs bras, leur bébé brûlant vif » (A. N. Wilson, « Pacifism is the only answer… », The Inde­pendent [Londres], 4 avril 1999).

Ce véritable « holocauste », on se garde de l’évoquer, de le ressasser, de l’exploiter jusqu’à sursaturation.

C’est bien simple : on le passe sous silence.

On le nie.

Il est là, le vrai « négationnisme » des faussaires, des menteurs, des bellicistes.

5 avril 1999