Simon le menteur
En décembre 1945, soit sept mois après sa libération du camp de Mauthausen, Simon Wiesenthal, installé à Linz (Autriche), terminait un livre de quatre-vingt-cinq pages intitulé KZ Mauthausen. Il s’agissait d’un recueil de dessins ou de caricatures de la plus basse qualité artistique. Déjà épris de vengeance, l’auteur avait choisi pour épigraphe la prière suivante : « Seigneur, ne leur pardonnez pas, car ils savaient ce qu’ils faisaient ! » Le petit ouvrage s’ouvrait sur de prétendues « confessions sur son lit de mort » (Totenbettgeständnisse) de Franz Ziereis, commandant du camp de Mauthausen, grièvement blessé par des sentinelles américaines. Juste avant de mourir, F. Ziereis, qu’on avait laissé agoniser pendant six à huit heures au lieu de le soigner, avait, à ce qu’on dit, avalisé une « confession » qui était des plus folles par ses exagérations et ses extravagances. Je ne reviendrai pas sur ces dernières que j’ai déjà signalées dans Bibliographie critique au second rapport Leuchter (Dachau, Mauthausen, Hartheim).[1]
Parmi les dessins du livre de S. Wiesenthal figurait, sous le titre « Der Galgen » (La potence), un dessin représentant trois détenus en tenue rayée aux corps pantelants encore attachés aux poteaux où ils viennent d’être fusillés. Ce dessin était accompagné d’un commentaire où S. Wiesenthal évoquait le plaisir sadique que les bourreaux SS prenaient, paraît-il, à voir et à photographier de telles exécutions.
En 1984 le révisionniste David McCalden consacrait une étude à la supercherie : S. Wiesenthal s’était inspiré d’une photographie parue dans Life du 11 juin 1945, p. 50, et montrant trois soldats allemands fusillés par des soldats américains pour avoir revêtu des uniformes américains durant l’offensive des Ardennes (« the Battle of the Bulge ») en décembre 1944.[2]
Il faut croire que les révisionnistes avaient raison quand ils dénonçaient à la fois cette supercherie et l’emploi fait pas S. Wiesenthal de la prétendue confession de F. Ziereis. L’ouvrage de S. Wiesenthal vient d’être luxueusement réédité. On n’y trouve plus ni la confession de F. Ziereis, ni le dessin des trois internés, prétendument fusillés à Mauthausen par les Allemands.[3]
Un détail à noter : en 1946 S. Wiesenthal se présentait, en page de garde de son livre, comme ingénieur diplômé. Bien des révisionnistes ont contesté qu’il ait jamais possédé cette qualité et ce diplôme. En 1995 S. Wiesenthal n’en fait plus état.
Entre Élie Wiesel et Simon Wiesenthal, qui se détestent cordialement, il est difficile d’opérer un choix et de décider à qui revient la palme du faux témoignage.[4]
2 juillet 1995
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[1] Voy. Écrits révisionnistes (1974-1998), p. 99-100, 110 [dans les chapitres VI et VII du texte Le «Journal» d’Anne Frank est-il authentique ?] sur le document de Nuremberg PS-1515 du 24 mai 1945, ainsi que p. 1073 du même ouvrage (vol. III). Dans cette bibliographie critique, j’écrivais : « Cette séance de torture [subie par F. Ziereis] s’est déroulée en la présence du général américain Seibel, commandant la 11e Division blindée et toujours vivant, en 1989, à Defiance, dans l’Ohio. » La revue autrichienne News (17 avril 1995, p. 43-44), qui consacre un compte rendu élogieux à la réédition en 1995 de l’ouvrage de S. Wiesenthal, publie une photographie de Richard Seibel observant F. Ziereis sur son lit de mort ; il est assis tout près de la tête du lit ; Ziereis, la mine défaite, semble parler à ses interlocuteurs. News décrit cette photographie comme « jusqu’ici inconnue ». Une autre photographie montre S. Wiesenthal et R. Seibel côte à côte en 1995, comme des amis de longue date. R. Seibel, 88 ans, rit à pleines dents. Il est dit « colonel ».
[2] D. McCalden, Simon Wiesenthal exposed, Archives McCalden.
[3] S. Wiesenthal, Denn sie wussten, was sie tun. Zeichnungen und Aufzeichnungen aus dem KZ Mauthausen, Franz Deuticke Verlagsgesellschaft, Vienne 1995.
[4] Voy. M. Weber, Simon Wiesenthal, le faux “chasseur de nazis”, Revue d’histoire révisionniste, n° 5, novembre 1991, p. 180-197.