Auschwitz. Documentaire télévisuel

La Mort en face (2) : La machine [du meurtre de masse].

Deuxième d’un ensemble de trois émissions, apparemment d’une heure chacune, sur Auschwitz. Documentaire de William Karen et Blanche Finger (1995) avec la collaboration de Philippe Alfonsi. Télévision câblée « Planète » ; émission probablement du 31 mai 1995. Voix de Jean-Claude Dauphin.

Le personnage central est le « témoin », survivant d’un Sonderkommando, Henryk Mandelbaum.

Or, par inadvertance, les auteurs du documentaire discréditent par avance ce témoin. Au début, on entend, en effet, Franciszek Piper, responsable du musée d’Auschwitz, déclarer que le nombre des victimes d’Auschwitz se situe entre 1 million et 1,1 million et que le chiffre de 4 millions a été donné par les Soviétiques qui se sont fondés sur des témoignages et, en particulier, celui de H. Mandelbaum ! Donc, ce témoin présente l’inconvénient d’avoir multiplié les chiffres par près de quatre.

Le récit entraîne légendes et ragots habituels sur les 1) Allemands) qui ont tout détruit des traces de leurs crimes, 2) sur le « langage codé » à décoder pour comprendre ce que les nazis voulaient dire, 3) sur l’ordre de Himmler d’arrêter les gazages, sur les enfants jetés vivants dans les flammes des bûchers ou des fours crématoires.

On recourt aux photos de lAlbum d’Auschwitz qui, en fait, plaident toutes contre la thèse de l’extermination et des chambres à gaz.

On utilise les grotesques dessins de David Olère (qui souffrait, d’après Pressac lui-même, de « Krematorium delirium »).

On ne nous épargne même pas les trois photos constamment citées comme preuves: femmes nues ainsi que cadavres sur le sol avec fumée claire dans le fond.

Un comble : nous avons droit aux bûchers près desquels on recueillait la graisse coulant des cadavres ! On récupérait cette graisse et on la reversait sur les bûchers !

Des vues de Mauthausen, de Majdanek, d’une évacuation de Dachau, etc. nous sont montrées comme s’il s’agissait d’Auschwitz.

Aucune représentation physique de l’arme du crime.

Le Krema-I et sa chambre à gaz nous sont présentés comme s’ils étaient authentiques alors que « tout y est faux[1] ». On se garde bien de nous montrer les deux petites portes de bois de la chambre à gaz. La procédure prétendument utilisée est vaguement décrite sans qu’à aucun moment on ne nous montre les lieux (orifices d’introduction, emplacement de la salle de déshabillage, de la chambre à gaz, place pour entreposer les cadavres en attente d’incinération). Mandelbaum dit qu’ils travaillaient, lui et ses collègues, sans masque à gaz dans la chambre à gaz où s’amoncelaient les cadavres. « Il y avait encore une odeur de gaz. » « Il en restait certainement » mais « nous devions le faire [ce travail] » !

Un témoin parle des « trois fenêtres » par lesquelles les SS versaient trois boîtes de Zyklon.

Les Allemands avaient planté des arbres de sorte qu’on ne pouvait pas voir le lieu du crime !

Au sujet de la connaissance que les internés pouvaient avoir des « gazages », on nous dit indifféremment soit : « Personne ne savait », soit : «Tout le monde savait». Pour sa part, l’ingénieur Igor Trochanski déclare qu’il savait tout.

Le charpentier Wladislaw Foltyn raconte une histoire impossible, vue la configuration réelle des lieux : il parle d’une chambre à gaz de Birkenau comme si celle-ci était à la surface du sol et comme si, la porte s’ouvrant, les cadavres étaient visibles.

On nous débite les histoires habituelles sur Vergasungskeller (le mot n’est pas prononcé), sur les testeurs de gaz, sur les extravagantes prouesses des fours, sur Topf et sur Prüfer. On nous annonce qu’un SS a avoué ; en fait, il a simplement vu, un jour, des cadavres.

La musique, le son, la voix du commentateur, les images, tout est à l’aune de ce contenu où l’on note pléthore de clichés vagues, vides, émotionnels.

1er juillet 1995

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[1] Éric Conan rapportant les propos des autorités d’Auschwitz dans L’Express du 19 janvier 1995, p. 68.