Simone Jacob, future Simone Veil, sa mère et sa sœur Milou ont vécu plusieurs mois à Auschwitz-Birkenau à “quelques dizaines de mètres” de ce qui aurait été une usine d’extermination des juifs
Et pourtant elles n’ont RIEN soupçonné du gigantesque crime !
Auschwitz-Birkenau passe pour avoir été le plus grand « camp de concentration et d’extermination » du IIIe Reich. Celui même de Birkenau aurait été, pour sa part, le plus grand « camp d’extermination » (ou « extermination camp » : forgée par le War Refugee Board américain en novembre 1944, cette expression a été traduite en allemand au procès de Nuremberg par « Vernichtungslager », un mot ensuite hardiment présenté comme s’il avait été créé par les « Nazis »).
Auschwitz, dit Auschwitz-I, possédait un bâtiment, le Krematorium I, composé d’une salle des fours (avec dépôt de coke, urnes funéraires, etc.) ainsi que d’une pièce qu’on nous présente aujourd’hui comme une chambre à gaz d’exécution massive. Malheureusement pour la thèse exterminationniste, mes découvertes sur place, en 1975 et 1976, ont contraint l’historien orthodoxe Éric Conan à écrire à propos de cette salle et de cette pièce, que l’on présente encore aujourd’hui aux visiteurs comme authentiques : « Tout y est faux » et à préciser : « À la fin des années 1970, Robert Faurisson exploita d’autant mieux ces falsifications que les responsables du musée [d’État d’Auschwitz] rechignaient alors à lui répondre » (Auschwitz : la mémoire du mal, L’Express, 19-25 janvier 1995, p. 54-73 ; p. 68 ; voyez mon article sur Les falsifications d’Auschwitz d’après un dossier de L’Express, 19 janvier 1995).
Birkenau, dit Auschwitz-II, possédait quatre grands bâtiments de crémation en fin de compte numérotés de II à V. Le 19 mars 1976, grâce à une petite ruse, j’ai fini par découvrir les plans de construction des cinq crématoires : celui d’Auschwitz-I comme ceux des quatre crématoires de Birkenau. Depuis la fin de la guerre tous ces plans avaient été soigneusement cachés par les autorités polonaises, par les Alliés occidentaux et par les Soviétiques. Internet n’existant pas encore en 1976, je n’ai pu les rendre publics qu’en 1978 et 1979. Ils ont fait sensation. Ils révélaient qu’aucun des cinq crématoires n’avait possédé de « chambre à gaz » mais en revanche de simples dépositoires, aux dimensions parfaitement caractéristiques et conçus pour y entreposer les cadavres (soit non encore en cercueil, soit déjà en cercueil) en l’attente de leur crémation. Ces dépositoires étaient désignés comme tels. Par exemple, celui d’Auschwitz-I portait le nom de Leichenhalle (halle à cadavres) tandis que les crématoires II et III de Birkenau étaient dotés, pour chacun d’entre eux, d’un Leichenkeller 1 et d’un Leichenkeller 2 (caveaux à cadavres).
Birkenau, réputé avoir été par excellence un « camp d’extermination », était, en réalité, tout au contraire, un camp pourvu de toutes sortes d’installations conçues dans un esprit soucieux d’hygiène et de salubrité. Il comptait un camp de quarantaine, un camp des hommes, un camp des femmes, un camp des familles, un camp des familles tsiganes, un camp pour juifs en transit, un camp de baraquements hospitaliers pour hommes ainsi qu’un autre pour femmes, des bassins de décantation, un vaste Sauna avec douches et chambres de désinfection fonctionnant avec le puissant pesticide Zyklon B dont la composante active était l’acide cyanhydrique (HCN), un entrepôt pour effets surnommé « Kanada » à cause de l’abondance des biens confisqués aux arrivants et enregistrés comme à toute entrée en un lieu de détention, un terrain de volley-ball, un terrain de football contigu au Krematorium III. Comme le Krematorium II, ce crématoire était entouré d’un jardinet aux lignes bien tracées et où les joueurs de football allaient parfois chercher leur ballon égaré. Les photos aériennes prises par les Alliés pendant leurs 32 missions au-dessus du vaste complexe sont là qui en attestent : on ne notait dans le jardinet de chacun de ces deux crématoires aucune de ces foules considérables qui auraient attendu de pénétrer dans les souterrains d’abord pour s’y dévêtir dans une pièce, puis pour y être gazés dans une autre pièce ; on ne relevait également aucune trace de piétinements des deux jardinets par ces milliers de futures victimes en attente ni aucun énorme amoncellement de coke pour la crémation de ces supposées foules.
Bref, si S. Veil, sa mère et sa sœur Milou, descendant du train – qui s’arrêtait tout près de là – n’ont rien noté d’extraordinaire ni d’inquiétant à leur arrivée ni durant leur séjour du 15 avril au début juillet 1944 avant leur transfert au sous-camp de Bobrek, c’est qu’il n’y avait rien à noter de tel. Si elles n’ont jamais compris qu’elles étaient à quelques dizaines de mètres du cœur d’une fantastique usine de mort, c’est qu’une telle monstruosité n’avait aucune existence réelle.
Le court passage où S. Veil confesse qu’avec sa mère et sa sœur elle n’a jamais pu « comprendre » qu’elles se trouvaient toutes trois au cœur d’une usine d’extermination des juifs se situe soit aux pages 65-66 de la première édition d’Une Vie (Stock, 2007), soit aux pages 55-56 d’une édition ultérieure (Stock, Le Livre de Poche, 2014).
S. Veil commence par nous y dire que, sur la rampe d’arrivée du convoi, certaines de ses compagnes de chambrée avaient été séparées de membres de leurs familles et qu’elles s’inquiétaient auprès des kapos du sort de ces disparus. Les kapos, des femmes brutales, leur « montraient par la fenêtre la cheminée des crématoires et la fumée qui s’en échappait ». Autrement dit, elles leur signifiaient par ce geste que les disparus en question avaient tout de suite été tués et brûlés. Mais Simone, sa mère et Milou ne pouvaient comprendre ce geste. «Nous ne comprenions pas ; nous ne pouvions pas comprendre. Ce qui était en train de se produire à quelques dizaines de mètres de nous était si inimaginable que notre esprit était incapable de l’admettre […]. Tout le monde discutait à voix basse en échafaudant des hypothèses sur un sort dont nous ignorions tout. » Et d’ajouter : « Dehors la cheminée des crématoires fumait sans cesse. Une odeur épouvantable se répandait partout. » Il est bien douteux que la cheminée ait ainsi fumé mais laissons ce point de côté. Retenons simplement que, malgré l’avertissement des kapos, les trois femmes ne voyaient rien qui pût confirmer la menace d’un assassinat systématique et immédiat. D’ailleurs, les deux filles n’allaient-elles pas être affectées surtout aux « éternels travaux de terrassement » soit à Birkenau, soit à Bobrek (p. 70 et 79 dans l’édition de 2007, p. 59 et 67 dans l’édition de 2014) ? Dans Le Monde daté du 29 janvier 2015, en page 6, dans un article intitulé À Auschwitz, 70 ans après, l’hommage aux derniers survivants, le journaliste Philippe Ricard ne parlera pas de « quelques dizaines de mètres » mais de « quelques centaines de mètres ».
Dans la suite de son ouvrage, S. Veil mentionnera à quinze reprises les « chambres à gaz » ou les « gazages » mais à aucun moment elle ne nous révèlera quand, comment et par suite de quelle circonstance elle s’est mise à « comprendre » ce que jusqu’alors avec sa sœur et sa mère elle n’avait pas pu « comprendre ». Est-ce après la guerre qu’elle aurait « compris » que, pendant des mois, toutes trois avaient vécu « à quelques dizaines de mètres » d’un abattoir chimique où, jour et nuit, l’on gazait des juifs ? Aurait-elle agi, comme, par exemple, le chauffeur de locomotive de Treblinka ? Dans Shoah, film de Claude Lanzmann, ce chauffeur nous est présenté en témoin privilégié de ce que chaque jour les juifs étaient conduits de Varsovie aux « chambres à gaz » de Treblinka. Mais quand, en 1988, le retrouvant dans sa Pologne natale, je lui ai dit en présence d’un interprète : « Mais alors, chaque jour, vous avez ainsi conduit les juifs à leur mort ? », il avait sursauté et répondu qu’il n’avait appris le « gazage » de ces juifs qu’après la guerre.
Pour les révisionnistes, cet aveu de S. Veil constitue un témoignage d’une valeur exceptionnelle. Il entraîne dans la suite du livre une remarquable conséquence : cette femme, si dure, si sévère dans ses jugements, se refuse à porter contre les Alliés l’accusation d’avoir manqué de bombarder les voies de chemin de fer conduisant à Auschwitz ou encore les camps mêmes d’Auschwitz ou de Birkenau. Je recommande à cet égard le long développement qu’elle consacre au sujet tout au long des pages 96-98 de l’édition de 2007 ou des pages 80-82 de l’édition de 2014. Il faut bien reconnaître qu’elle ne pouvait blâmer les Alliés pour leur ignorance d’une horreur absolue qu’elle n’avait, elle-même – tout comme sa sœur et sa mère – pas su voir alors que toutes trois étaient littéralement sur place.
Cela dit, les Alliés étaient parfaitement renseignés sur les réalités d’Auschwitz et ils se doutaient que les histoires de gazages industriels de détenus pouvaient n’être qu’une rumeur (voyez mon article Pires que Le Pen, les révisionnistes Churchill, Eisenhower et de Gaulle, 20 octobre 1998).
Ce qui est étrange dans le cas de S. Veil, c’est qu’au fil du temps elle a fini par se plier aux usages de sa « communauté » et par servir la cause de la propagande holocaustique. En 1983 elle ne croyait pas aux « témoins » des gazages. Elle déclarait alors : « Au cours d’un procès intenté à Faurisson pour avoir nié l’existence des chambres à gaz, ceux qui intentent le procès [ont été] contraints d’apporter la preuve formelle de l’existence des chambres à gaz. Or, chacun sait que les nazis ont détruit ces chambres à gaz et supprimé systématiquement tous les témoins (France-Soir Magazine, 7 mai 1983, p. 47). Or, en 2007, elle préfacera le grotesque « témoignage » du fier survivant des Sonderkommandos Shlomo Venezia (en collaboration avec cinq personnes), Sonderkommando / Dans l’enfer des chambres à gaz (Albin Michel, Paris 2007, 269 p.). La même année, le 27 janvier, devant l’Assemblée générale des Nations unies, elle déclarera : « Ce qui nous hante avant tout, c’est le souvenir de ceux dont nous avons été brutalement séparés et dont nous avons appris par les kapos, dans les heures suivantes, qu’ils avaient été directement conduits à la chambre à gaz » […] « Pour nous qui les voyions et savions ce qui les attendait, c’était une vision d’horreur. J’ai encore en mémoire ces visages, ces femmes portant leurs jeunes enfants, ces foules ignorantes de leur destin qui marchaient vers les chambres à gaz. J’étais dans un bloc tout proche de la rampe où arrivaient les trains. C’est ce que j’ai vu de pire » (édition de 2007, p. 390-392 ; édition de 2014, p. 336-338). Tout cela vient en contradiction avec le passage cité plus haut et commençant par : « Nous ne comprenions pas ; nous ne pouvions pas comprendre » (édition de 2007, p. 65-66 ; édition de 2014, p. 55-56). Son bloc décrit comme « tout proche de la rampe » d’arrivée des trains était donc, par le fait, tout proche soit du Krematorium II, soit du Krematorium III et ce dernier était contigu au terrain de football (Sportplatz), dont elle ne mentionne pas l’existence, non plus, d’ailleurs, que du terrain de volley-ball ou des baraquements hospitaliers réservés aux détenus. Elle fait grand cas de l’arrivée massive des Hongrois qui, pour la plupart, auraient été immédiatement exterminés (édition de 2007, p. 73-74 ; édition de 2014, p. 62). Or, comme un savant lecteur me l’a rappelé, un autre célèbre « survivant » d’Auschwitz, le chimiste et romancier Primo Levi, a parlé tout autrement de ces nouveaux arrivants en écrivant à leur propos : « Les Hongrois arrivèrent parmi nous non par petits groupes mais en masse. En l’espace de deux mois ils envahirent le camp […]. Toutes les baraques et toutes les équipes de travail furent submergés de Hongrois » (Lilit e altri racconti, Einaudi, Turin 1981, p. 25 ; traduction française : Lilith et autres nouvelles, Liana Levi, Paris 1989, p. 27). Et P. Levi ne parle alors ni de la disparition, ni de l’extermination de ces Hongrois.
Étonnante destinée que celle de S. Veil qui, pour commencer, a été enregistrée comme « gazée à Auschwitz » (sic) et qui, pour finir, aura tardivement apporté, dans son autobiographie, un candide témoignage qui donne à penser qu’il n’a existé à Auschwitz aucune chambre à gaz homicide. Notre témoin vedette, nous l’avons vu, avait pourtant vécu tout près de la scène du crime. Pendant plusieurs mois. Avec sa mère et sa sœur Milou à proximité d’un crématoire en action. Or, aucune d’entre ces trois femmes n’avait rien remarqué du spectacle proprement dantesque qui, paraît-il, se déroulait jour et nuit avec des fournées d’au moins deux mille juifs, hommes, femmes et enfants, s’engouffrant, en file indienne, par un petit escalier dans un crématoire pour s’y déshabiller dans une première pièce et pour y mourir dans une seconde pièce en poussant des cris sous l’effet d’un pesticide déversé, à ce qu’on dit, par des SS dans quatre ouvertures aménagées dans le toit, lui aussi visible de loin ! Pendant tant de jours et tant de nuits, les trois femmes n’ont apparemment RIEN vu, RIEN entendu, RIEN compris, de la tragédie qui se serait déroulée pour ainsi dire sous leurs yeux et à portée d’oreille. Elles constataient que dans ce crématoire on brûlait normalement des cadavres mais elles n’imaginaient pas qu’on y assassinait systématiquement par le gaz des foules de juifs.
Élie Wiesel et Simone Veil sont deux extraordinaires témoins d’Auschwitz. Tous deux sont d’accord pour affirmer qu’on y exterminait les juifs. Mais, pour le premier, cette extermination se faisait par le feu et non par le gaz : les Allemands précipitaient leurs victimes dans des fournaises, en plein air. Quant à la seconde, elle dit, du moins dans son autobiographie, avoir vécu à Auschwitz-Birkenau pendant plusieurs mois à proximité d’un crématoire mais sans comprendre qu’on y gazait des foules de juifs de manière systématique.
Tous deux ont un point commun : ils bénéficient d’une estime, d’un prestige et d’une gloire inégalés. Pour combien de temps encore ?
20 mars 2015