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Réponse à Claude Courouve

Depuis des années, Claude Courouve défend la liberté de recherche et la liberté d’expression des révisionnistes. Je lui en sais gré. Malheureusement, le texte qu’il vient de signer dans Le Libre Journal est décevant. L’exposé, plutôt confus, manque de substance et les erreurs abondent.

C. Courouve se dit d’accord avec Arno Klarsfeld qui me reproche d’avoir porté contre les juifs l’accusation, infamante, d’escroquerie. Il écrit : « L’accusation d’escroquerie portée [par Faurisson] contre les seuls juifs est en effet infamante, et sort inconsidérément du registre historique ; Faurisson a d’ailleurs été condamné pour cela bien avant l’existence de la loi Gayssot (TGI, Paris, 1re chambre civile, 1er juillet 1981 »). Je relève là cinq erreurs :

1° Quand un jugement de tribunal (président Drai) a été, comme c’est ici le cas, suivi d’un arrêt de cour d’appel (président Grégoire), c’est l’arrêt qu’il faut prendre en considération et il se trouve que ledit arrêt, en date du 26 avril 1983, a sensiblement réformé ce jugement ;

2° C. Courouve a confondu ce procès, où il n’a pas été question de ce qu’il dit, avec un autre procès (en appel, président Hennion), qui m’a été intenté pour une phrase de soixante mots résumant la thèse révisionniste ;

3° Dans cette phrase, je parlais d’un « mensonge historique » qui avait ouvert la voie non à une escroquerie des juifs mais, précisément, à une « escroquerie politico-financière » qui avait permis principalement aux sionistes d’obtenir des Nations unies la création d’un État, malgré l’opposition de bien des juifs, et qui avait aussi permis ce que même des juifs dénoncent aujourd’hui sous les termes de « Shoah-Business » ou d’« Industrie de l’Holocauste » ;

4° Ce faisant, je ne sortais pas du champ de la recherche historique puisque, si un auteur pense avoir mis au jour un mensonge historique, il lui faut nécessairement préciser quels ont été, à son avis, les principaux bénéficiaires (ce qui ne veut pas dire : les responsables) et les principales victimes dudit mensonge ; c’est ce que j’ai fait sans mettre en cause « les seuls juifs ». Ce mot de juifs, je l’emploie au sens où C. Courouve parle de «la communauté juive» ou d’« une orthodoxie communautariste ». Pour moi, est « juive » ou « israélite » toute organisation ou personnalité qui se présente comme telle ;

5° C. Courouve n’aurait pas dû exciper d’une décision judiciaire prise à l’encontre d’un révisionniste ; en effet, avant la loi Fabius-Gayssot, des magistrats décidés à noyer un chien révisionniste l’accusaient forcément de la rage ; ils affectaient de poursuivre ou de condamner ce révisionniste non pas pour son opinion (ils s’en défendaient même !) mais pour sa méchanceté supposée, pour le dommage qu’il causait à certains, pour diffamation raciale, pour provocation à la haine, pour propagation de fausses nouvelles, etc.

C. Courouve insinue que je vise « à une exonération du nazisme pour ses crimes » et que je cherche à Hitler une « excuse ». Il ne le prouve pas.

Il tente ce qu’il nomme « un exposé chronologique de la problématique de la loi Gayssot », loi prise le 13 juillet 1990 contre les révisionnistes et qu’il conviendrait, en fait, d’appeler « loi Fabius-Gayssot ». Dans cet exposé disparate, on relève erreurs et lacunes. Par exemple, ce que dit C. Courouve au sujet des quarante-six volumes des archives d’Auschwitz, volumes que, selon lui, on nous cacherait, ne semble puisé qu’aux seules sources journalistiques. En 1995 un ouvrage en trois volumes, d’un total de 2158 pages, publié en polonais, en anglais et en allemand sous l’égide du Musée national d’Auschwitz par un ensemble de huit chercheurs, a révélé avec force chiffres et détails le contenu des cinquante et un, et non quarante-six, volumes des seuls registres mortuaires du camp (State Museum of Auschwitz, Death Books from Auschwitz, K. G. Saur, Munich, New Providence, Londres, Paris). Comme je l’ai noté dans mes écrits, ces chiffres apportent une éclatante confirmation de la justesse des estimations révisionnistes quant au nombre total des morts d’Auschwitz. À ce propos, C. Courouve croit fournir avec les chiffres proposés autrefois par J.-C. Pressac l’estimation la plus basse. Or une estimation encore plus basse a été proposée en mai 2002 par Fritjof Meyer, auteur orthodoxe s’il en fut. C. Courouve semble ignorer cette dernière estimation.

C. Courouve dresse une liste de personnalités qui ont eu le courage, à un moment, de dénoncer la loi antirévisionniste. Implicitement sa liste se présente comme complète. Elle ne l’est pas du tout et certaines absences surprennent. Mais surtout elle est trompeuse. C. Courouve y nomme, par exemple, Jacques Toubon, dont il cite une belle envolée, et Pierre Vidal-Naquet. Or le premier s’est par la suite déjugé au point que, dans sa nouvelle fonction de ministre de la Justice, il est allé jusqu’à préconiser une loi antirévisionniste encore plus draconienne que la loi Fabius-Gayssot dont il avait pourtant, quelques années auparavant, condamné le caractère totalitaire et stalinien. Le second, pour éviter de perdre définitivement un procès que lui intentait le révisionniste Henri Roques et qu’il avait perdu en première instance, a décidé, en seconde instance, d’en appeler à la loi Fabius-Gayssot, ce qui lui a permis de gagner miraculeusement en cause d’appel. Enfin, C. Courouve omet de dire que lesdites déclarations n’ont été qu’un déjeuner de soleil : leurs auteurs se sont ensuite murés dans le silence quand cette loi s’est trouvée effectivement appliquée à tel ou tel révisionniste. Il convenait d’en faire la remarque car le phénomène en dit long sur la peur qu’inspire en France « l’orthodoxie communautariste ». Encore récemment, quand Jean Plantin, « auteur-éditeur » et donc confrère de C. Courouve, a été condamné à six mois de prison ferme, Robert Ménard mis à part, personne, dans la liste présentée, n’a eu le courage de protester.

C. Courouve accuse le Parti communiste et lui seul d’être « à l’origine » de la « loi Gayssot ». C’est méconnaître l’histoire de cette loi liberticide. C’est ignorer les faits que mentionne Éric Delcroix dans La Police de la pensée contre le révisionnisme historique, ouvrage publié en 1994. Les initiateurs de la loi antirévisionniste ont été, dès le mois de mai 1986, des personnalités principalement juives réunies autour du grand rabbin Sirat. Puis, en 1987-1988, le Parti socialiste a pris l’affaire en main avec, en particulier, les initiatives de Georges Sarre, de Michel Sapin et surtout de Laurent Fabius, président de l’Assemblée nationale. Le 23 mai 1989, lors d’une réunion organisée par l’Union des étudiants juifs de France et l’association Klarsfeld des Enfants de la Mémoire, L. Fabius a déclaré : « J’ai personnellement proposé une loi contre les négateurs ». Il a prévenu que le Parlement devait agir au rebours de ce qu’avait ordonné Henri IV lorsque ce dernier, désireux d’apaiser les querelles civiles, avait proclamé par l’édit de Nantes qu’il ne devait plus en être question dans le royaume. « Le Parlement devra se faire mémoire », a lancé L. Fabius. La salle, debout, lui a fait une ovation. À son origine, la proposition Gayssot ne visait, elle, qu’à renforcer la répression du racisme. Encore au début de mai 1990, elle n’était, a-t-on dit, qu’«une coquille vide» (Hervé Algalarrondo, « Racisme, histoire d’un ratage », Le Nouvel Observateur, 10 mai 1990, p. 77). L. Fabius et ses amis socialistes ont rempli cette coquille avec une disposition antirévisionniste, appelée par Jacques Julliard « l’amendement anti-Faurisson », et ils ont gracieusement permis aux communistes de présenter cette loi. Sans l’exploitation par L. Fabius et Pierre Joxe de la violation de sépultures juives dans le cimetière de Carpentras, il est probable que cette loi aurait fait l’objet d’un recours devant le conseil constitutionnel.

En somme, pour être exact et plus efficace, l’article de C. Courouve aurait besoin d’un travail de révision.

13 février 2003