J’ai consacré deux articles à Céline devant le mensonge des chambres à gaz hitlériennes.[1] Les deux Américains Stanford L. Luce et William K. Buckley viennent de rendre compte de ces deux articles dans leur bibliographie critique.[2]
Ils ont commis des erreurs qui sont dues en partie à une lecture trop rapide et en partie à la nécessité de s’exprimer le plus brièvement possible.
Traduit de l’anglais, leur compte rendu du premier article se lit ainsi :
[Faurisson] qualifie de « mensonge du siècle » l’affirmation selon laquelle il a existé des chambres à gaz en Allemagne. Il parle de Céline en rapport avec ce « mensonge ».
Je pense qu’il aurait été plus exact de dire :
[Faurisson] qualifie de « mensonge du siècle » l’affirmation selon laquelle les Allemands auraient utilisé des chambres à gaz homicides à la fois en Allemagne et hors d’Allemagne. Il relève que Céline a détecté que, soudain (le 19 août 1960), la vérité officielle a opéré discrètement un étonnant repli : pour elle, il n’y avait pas eu de chambres à gaz homicides en Allemagne même : Buchenwald, Dachau, etc.
Le compte rendu du second article se lit ainsi :
[Faurisson] présente des extraits de lettres de Céline à Paraz (1950-1951), où Céline se rend compte que sa vie est mise en danger à cause des « magiques » chambres à gaz des nazis. Faurisson recueille le mot de « magique » [et] se demande si quelque sioniste américain a inventé le concept de génocide. Il suggère (suggests) que les chambres à gaz d’Auschwitz sont des attrapes pour touristes [et] qu’il n’y a pas de preuve réelle de leur existence durant la guerre : elles sont des objets « magiques » tout comme les soucoupes volantes.
Je pense qu’il aurait été plus exact de dire :
[Faurisson] présente des extraits de lettres de Céline à Paraz (1950-1951), où Céline dit que, si on l’assassinait, son meurtrier serait acquitté sous prétexte que lui, Céline, a été du côté de ceux qui ont utilisé les monstrueuses chambres à gaz. Il ne croit plus à « la chambre à gaz ». Il qualifie cette invention de « magique »: «C’était tout, la chambre à gaz ! Ça permettait TOUT!» Faurisson tient cet adjectif pour le plus approprié à une invention sans consistance réelle (avec truquages pour touristes à Auschwitz et ailleurs). On a fabriqué un mot, celui de « génocide », pour qualifier un crime qui n’a pas plus existé que l’arme spécifique de ce crime ; le fabricateur de ce mot est un sioniste américain (Raphaël Lemkin).
Dans mon article je n’avais pas cru nécessaire de nommer Raphaël Lemkin. Rassinier en avait parlé ainsi que de l’ouvrage de ce dernier : Axis Rule in Occupied Europe. Lemkin avait rédigé son ouvrage en 1943 et l’avait publié en 1944. Le Publishers Weekly du 10 novembre-10 décembre 1944 en avait fait le «Livre juif du mois» (Jewish Book of the Month). Je renvoie sur ce sujet à « Raphael Lemkin and the Invention of “Genocide” », par Dr James J. Martin.[3]
Je voudrais éclairer de quelques remarques complémentaires la perspicacité de Céline sur ce sujet.
Il parle de «la chambre à gaz» au singulier. Ce singulier est judicieux. Il implique que nous avons affaire non pas à des réalités physiques et diverses mais à une représentation mentale stéréotypée qui, si on l’analyse en psychologue ou en sociologue, apporte de précieuses informations sur la manière dont se constitue une croyance personnelle ou un mythe collectif. Edgar Morin, sociologue d’origine juive, a fort bien saisi, lui le spécialiste des phénomènes de rumeurs, que les révisionnistes avaient décelé là un type de rumeur. Aussi a-t-il écrit, en utilisant, lui aussi, le singulier : « Il importe à mon avis de re-vérifier la chambre à gaz dans les camps nazis ».[4]
Mme Simone Veil a, bien involontairement, apporté sa contribution à ce que Céline appelait, dès 1950, le caractère magique de la chambre à gaz. Le 26 avril 1983, la première chambre de la cour d’appel de Paris rendait son arrêt sur la plainte pour «dommage par falsification de l’Histoire» qu’avaient déposée contre moi neuf associations de juifs, de résistants, d’anciens déportés parce que je contestais l’existence des chambres à gaz de Hitler. L’arrêt faisait justice des accusations de légèreté, de négligence, d’ignorance délibérée et de mensonge portées contre moi. Contre le vœu le plus cher de ces associations, la cour concluait : « La valeur des conclusions défendues par M. Faurisson relève donc de la seule appréciation des experts, des historiens et du public. »
J’étais néanmoins condamné pour « dommage à autrui », si j’ai bien compris, pour manque de cœur. Deux semaines après cet arrêt, S. Veil, dont l’un des fils avait plaidé pour ces associations, adoptait la position de repli suivante :
Au cours d’un procès intenté à Faurisson pour avoir nié l’existence des chambres à gaz, ceux qui intentent le procès [ont été] contraints d’apporter la preuve formelle de la réalité des chambres à gaz. Or, chacun sait que les nazis ont détruit ces chambres à gaz et supprimé systématiquement tous les témoins.[5]
On peut se demander par quelle magie les Allemands ont réalisé cette prouesse et où sont les preuves de cette nouvelle affirmation de S. Veil. Que doit-on désormais penser des innombrables preuves et témoins qu’on nous présente depuis quarante ans à l’appui de la thèse de l’existence des chambres à gaz ? Enfin, s’il n’y a ni preuve, ni témoin, devant quoi se trouve-t-on, sinon devant une croyance de caractère religieux ?
Voici une autre remarque sur la perspicacité de Céline. Grâce à la magique chambre à gaz, tout est permis, y compris la persécution, le vitriolage et l’assassinat.
En Allemagne, la persécution se fait de plus en plus cynique contre les auteurs révisionnistes. Je ne pourrais plus dire le nombre de gens soit rétrogradés dans leur fonction, soit exclus de leur profession, soit jetés en prison, soit condamnés à de lourdes amendes pour avoir osé dire que les chambres à gaz de Hitler n’ont pas existé. Parmi tous ces cas, je prendrai celui du Dr Wilhelm Stäglich. Ce magistrat de Hambourg s’est vu contraindre à prendre une retraite anticipée (avec privation d’un cinquième de sa retraite pendant cinq ans) et son titre de docteur en droit lui a été retiré par l’université de Göttingen de qui il l’avait obtenu en 1951 ! Son gros ouvrage (Der Auschwitz-Mythos. Legende oder Wirklichkeit ?) a été saisi ainsi que les plombs de composition. En Allemagne, des ouvrages de ce genre, quand ils ne sont pas saisis, sont mis à l’index officiel (Indizierung).
En France, Michel Caignet, en février 1981, a été atrocement vitriolé par un Yves Aziza dont le nom a été connu dans l’heure mais qui n’a été arrêté ni à ce moment-là, ni plus tard et, en février 1984, la malheureuse victime ne parvient toujours pas à obtenir de l’appareil judiciaire que ce dernier s’occupe vraiment de son affaire.
En Allemagne, une étudiante juive vient d’assassiner à Cologne le professeur Hermann Greive. Cela s’est passé le 25 janvier 1984. Pas un mot dans la presse française. À une exception près qui vaut la peine d’être citée pour la manière, le ton et le contexte. Il s’agit d’un article de Jean-Paul Picaper, envoyé spécial du Figaro en Israël, publié sous le titre : « Kohl-Shamir : le courant est passé ».[6] On notera que le professeur H. Greive, loin d’être un révisionniste, avait seulement le tort d’être allemand et d’enseigner la théologie judaïque. Sous l’intertitre « Rassurer », on pouvait lire ces lignes, dont je souligne intentionnellement quelques mots :
Cependant la journée [de visite de Kohl à Shamir] a été endeuillée par le drame de l’Institut Martin Buber de l’université de Cologne : une étudiante en théologie judaïque, qui a fait feu sur des professeurs d’origine non-juive, a tué l’un des grands spécialistes allemands du judaïsme, le professeur Hermann Greive. Ce dernier avait découvert les trois lettres inédites de Théodore Herzl que M. Kohl a offertes aujourd’hui au mémorial dédié au souvenir du fondateur du mouvement sioniste. L’étudiante, auteur de l’attentat, aurait été fanatisée, apprend-on ici [en Israël], par un séjour dans une communauté juive orthodoxe de Jérusalem. Ce malheur ne semble pas devoir ébranler la confiance – bien au contraire – que le chancelier a tenté de communiquer à ses hôtes [israéliens]. Il les a rassurés en leur expliquant que les Allemands n’avaient nullement l’intention de se soustraire à leur responsabilité historique [etc.]
Les céliniens ont droit à ce type d’information pour mieux mesurer ce qu’il y avait chez Céline d’aigu, de pénétrant et de prophétique. Son antithèse : le philosophe Jean-Paul Sartre, ni «dansant» ni « flûtant » à coup sûr, ni clairvoyant le moins du monde.
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Notes
[1] Le Bulletin célinien, n° 3, p. 4-8, et n° 4, p. 5-6.
[2] Luce et Buckley, A Half-Century of Céline. An Annotated Biography, 1932-1982, Garland, New York & Londres 1983, p. 124, aux cotes 737 et 739.
[3] James J. Martin a ensuite publié une étude sous forme de livre, The Man who invented “Genocide”. The Public Career and Consequences of Rafael Lemkin, Institute for Historical Review, Torrance (Californie) 1986. [NdÉ]
[4] Edgar Morin, Pour sortir du XXe siècle, Fernand Nathan, Paris 1981, p. 192.
[5] France-Soir Magazine, 7 mai 1983, p. 47.
[6] Le Figaro, 26 janvier 1984, p. 4.