Pour un vrai débat sur les “chambres à gaz”
M. Georges Wellers, qui me traite de « romancier », a éludé mes arguments et, en particulier, ceux qui touchent aux impossibilités matérielles du gazage. Employé dans cette prétendue « chambre à gaz » de deux cent dix mètres carrés (en réalité : une simple morgue), le Zyklon B aurait adhéré au plafond, au plancher et aux quatre murs. Il aurait pénétré les corps des victimes et leurs muqueuses (comme, dans la réalité, il pénétrait les matelas et les couvertures à désinfecter, qu’il fallait battre pendant une heure à l’air libre pour en chasser le gaz). L’équipe chargée de vider la «chambre à gaz» de ses deux mille cadavres aurait été asphyxiée à son tour. Il lui aurait fallu, sans même un masque à gaz, s’engouffrer dans un bain de vapeurs d’acide cyanhydrique et y manipuler des corps encore tout imprégnés des restes d’un gaz mortel. On me dit bien que le commandant Rudolf Höss ne se souciait pas de la santé des membres de cette équipe. Soit ! Mais comme ces hommes n’auraient pu faire leur travail, je ne vois pas qui aurait évacué la « chambre à gaz » pour laisser la place à de nouvelles fournées. Quant au « dispositif d’aération et de ventilation », je répète qu’il est celui des fours, ainsi que l’atteste le document NO-4473. D’ailleurs le Zyklon B est « difficile à ventiler » dans un vaste local et, de plus, il est explosible : on n’emploie pas d’acide cyanhydrique à proximité d’un four !
Quand Kremer et ses juges parlent de trois femmes fusillées à Auschwitz, ils ne disent rien d’invraisemblable. En revanche, quand le même Kremer dit à ses juges qu’il a assisté à un gazage mais de loin, assis dans sa voiture, je ne le crois plus. Il précise en effet que la réouverture de la «chambre à gaz» s’opérait « un moment » après la mort des victimes.[a] Il y a là une impossibilité matérielle flagrante sur laquelle je ne reviendrai pas. Et puis, je constate que, pour tenter de nous expliquer une « confession », celle de Kremer, on s’appuie sur une autre «confession», celle, comme par hasard, de Höss. Le point troublant est que ces deux confessions s’infirment plus qu’elles ne se confirment. Voyez de près la description à la fois des victimes, du cadre, des exécutants et du mode d’exécution.
On trouve plaisant que je réclame une expertise de ces « armes du crime » qu’auraient été les «chambres à gaz». On me fait remarquer qu’une chambre à gaz pourrait s’improviser en une minute dans un simple appartement. C’est une erreur. Une chambre à coucher ne peut devenir une chambre à gaz. Une asphyxie suicidaire ou accidentelle ne peut avoir de rapport avec une exécution par le gaz. Quand on veut tuer toute une foule de victimes avec un gaz quelconque et surtout avec de l’acide cyanhydrique, sans risquer soi-même d’être tué, de provoquer une explosion, etc., il doit falloir mettre au point une machinerie extraordinairement compliquée. Il devient de plus en plus difficile de croire à l’existence de ces abattoirs humains qu’auraient été les « chambres à gaz ». Tout récemment, les photos aériennes d’Auschwitz et de Birkenau (documents des Américains Dino A. Brugioni et Robert G. Poirier en dix-neuf pages et quatorze photos publiés sous le titre The Holocaust revisited : a retrospective analysis of the Auschwitz-Birkenau extermination complex) pourraient bien avoir porté le coup de grâce à la légende de l’extermination. On possédait déjà d’assez nombreuses photos « terrestres » des « Kremas » d’Auschwitz et de Birkenau, sans compter les plans. La nature des bâtiments et leur emplacement semblaient exclure toute possibilité d’un usage criminel. Les photos aériennes confirment cette impression. En 1944, même au plus fort de ce qu’ils appellent « la période de l’extermination », les Américains confessent leur surprise de ne pas voir ces fumées et ces flammes qui, dit-on, « jaillissaient continuellement des cheminées des crématoires et se voyaient à la distance de plusieurs miles ». Cette remarque, ils la font à propos de la photo du 25 août 1944 – lendemain de l’arrivée de cinq convois « à exterminer »[b] –, mais il semble bien qu’elle s’applique aussi aux autres photos: celles du 4 avril, du 26 juin, du 26 juillet et du 13 septembre 1944. En 1976, l’historien révisionniste Arthur R. Butz avait fait une remarque prémonitoire.[c] Il avait écrit que, vu les recherches industrielles avancées que les Allemands menaient dans le complexe d’Auschwitz, les Alliés possédaient certainement dans leurs archives des photos aériennes du camp. Il ajoutait que, si on ne s’empressait pas de nous révéler l’existence de ces photos, c’est que probablement celles-ci ne fournissaient pas de preuves à l’appui des accusations portées contre les Allemands.
Des historiens français viennent de condamner sorboniquement ceux qui se permettent de mettre en doute l’existence des « chambres à gaz » homicides. Depuis quatre mois je ne peux plus donner de cours à mon université. La LICA m’assigne en justice pour « falsification de l’histoire » et demande aux autorités de « suspendre [m]es enseignements […] aussi longtemps que la justice n’aura pas statué. »[d] Mais personne, à ce que je vois, n’ose affronter à armes totalement égales le débat que je propose. Ma proposition est pourtant simple à satisfaire. Toute accusation devant se prouver, je demande qu’on soumette à l’épreuve d’une analyse historique de routine une preuve, une seule preuve précise, de l’accusation portée contre l’Allemagne sur le chapitre des « chambres à gaz ». Par exemple, parmi toutes les «chambres à gaz» qu’on fait visiter aux pèlerins et aux touristes, que les accusateurs m’en désignent une qui, à leurs yeux, ait vraiment servi à tuer des hommes à un moment quelconque.
En attendant, je remercie le nombre croissant de ceux qui, surtout parmi les jeunes, m’apportent leur soutien. Jean-Gabriel Cohn-Bendit écrit : « Battons-nous donc pour qu’on détruise ces chambres à gaz que l’on montre aux touristes dans les camps où l’on sait maintenant qu’il n’y en eut point. »[e] Il a raison. Finissons-en avec la propagande de guerre. Les horreurs réelles suffisent. Il est inutile d’en rajouter.
[e] Libération, 5 mars 1979, p. 4.
[Lettre en droit de réponse adressée au Droit de vivre, publication de la LICRA, qui n’en a publié que de brefs extraits. Publiée dans Serge Thion, Vérité historique ou Vérité politique ?, La Vieille Taupe, Paris 1980, p. 112-113]