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L’Histoire au pas de lois !

A propos de l’article de Mathieu Lindon sur L’Histoire au pas de lois (Libération, 21 octobre 2006) je crois utile de rappeler que, cette année, Georges Theil a été condamné à deux reprises en appel (à Limoges et à Lyon) sur le fondement de la loi Fabius-Gayssot pour avoir dit que les chambres à gaz nazies n’ont pas pu exister. Le total des peines infligées et qu’il lui faudra purger si la cour de cassation confirme ces arrêts est de un an de prison ferme (six mois + six mois) et de 130 000 euros.

A la suite de sa condamnation à six mois de prison ferme et à de lourdes peines financières, le 3 janvier, en première instance (à Lyon), il avait envoyé une lettre à 45 personnalités, dont certains membres de l’association Liberté pour l’Histoire, présidée par René Rémond. Joignant à sa lettre une copie du texte du jugement, il avait écrit à chacune de ces personnalités :

J’ai décidé d’interjeter appel de ce jugement. Pouvez-vous me venir en aide par une initiative de votre choix ? Je vous remercie de l’attention que vous voudrez bien porter à ma demande et vous prie de recevoir l’assurance de ma haute considération.

R. Rémond lui a répondu:

Monsieur, […] A la lecture de ce jugement, je constate que vous n’êtes pas historien et que vous ne prétendez d’ailleurs pas avoir effectué quelque recherche historique que ce soit [FAUX: voyez « Un cas d’insoumission. Comment on devient révisionniste », publié en 2002 sous un nom de plume mais revendiqué sous son propre nom depuis 2005 devant le tribunal de Limoges]. Vous vous êtes exprimé dans un lieu public et en tant que Conseiller régional membre d’un parti politique [le Front national]. C’est dans le but de soutenir l’un des chefs de ce parti [Bruno Gollnisch, qui avait simplement émis le désir de voir les historiens se prononcer librement sur tout point d’histoire, y compris celui de l’existence des chambres à gaz nazies] que vous avez, comme le relève le tribunal, nié de manière catégorique la réalité de fait [au singulier] clairement établie [la réalité de l’existence des chambres à gaz nazies]. Je note, en outre, que vous aviez déjà été condamné, en 2001 et 2005 par deux autres tribunaux pour des propos similaires. L’objet de notre Association, «faire mieux connaître la dimension scientifique du travail de l’historien», est opposé en tout à la démarche et au comportement qui sont les vôtres.

[Pas de formule de politesse] René Rémond.

22 octobre 2006