“La rafle du Vél’ d’hiv'” (16-17 juillet 1942)
D’après Serge Klarsfeld, les chiffres seraient les suivants[1] :
28.000 : nombre des fiches retirées du fichier juif de la préfecture de police de Paris en vue de l’opération.
20.000 à 22.000 : nombre des arrestations visées par l’opération.
12.884 : nombre des arrestations après deux jours.
13.152 : nombre des arrestations après trois jours (18 juillet ?).
4.115 : nombre des enfants arrêtés (« Les enfants de deux à quinze ans doivent être confiés à l’Assistance publique, puis à l’Union générale des Israélites de France. Les juifs visés sont apatrides. »).
Par la suite, les enfants seront en fait déportés et cela sur l’insistance des autorités françaises : ne pas disloquer les familles ; Klarsfeld ne révèle pas ce motif.
Klarsfeld dit que « les trois photos » représentent des « collabos ». Il se garde bien de parler de la 4e photo de l’AFP qui, si elle avait été publiée, aurait laissé soupçonner qu’il ne pouvait s’agir de juifs. Je dois cette remarque au livre de Gérard Le Marec, Les Photos truquées. Un siècle de propagande par l’image, p. 124 pour l’« oubli » de Klarsfeld et p. 126 pour la photo n° 2185 de l’AFP.
Klarsfeld ne dit pas combien de personnes ont été parquées au Vél’ d’hiv’ pendant cinq ou six jours avant d’être évacuées sur les camps de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande. Georges Wellers en évalue le nombre à plus de six mille :
…plus de 4.000 jeunes enfants et 2.000 adolescents et adultes […] une foule de plus de 6 000 personnes.
Wellers écrit cela dans l’ouvrage intitulé tendancieusement L’Étoile jaune à l’heure de Vichy[2] ; dans la zone dépendant de « Vichy », les juifs n’ont pas eu à porter d’étoile sur leurs vêtements. Klarsfeld, dans sa page du Monde, parle cependant d’«apposition obligatoire de la mention “juif” sur les titres d’identité et sur la carte d’alimentation» comme de l’une des « mesures de Vichy » ; il faudrait voir ce qu’il en a été dans les faits.
Yann Moncomble m’a fait remarquer que la plaque du Vél’ d’hiv’ parle de TRENTE MILLE juifs parqués le 16 juillet 1942.[3] Il me revient qu’en 1974 G. Wellers m’avait parlé de cet « exemple d’exagération à rectifier ». En portant trente mille au lieu de six mille, la plaque multiplie la réalité des chiffres par cinq. Le chiffre de six millions pourrait être considéré comme le résultat d’une multiplication par cinq de… un million deux cent mille !
14 avril 1986