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Mesures de répression contre le révisionnisme historique

En 1948, Maurice Bardèche publiait Nuremberg ou la Terre promise, livre qui allait lui valoir une condamnation à un an de prison et cinquante mille francs d’amende. A partir de 1950 Paul Rassinier allait, à son tour, connaître la répression pour ses écrits. Cette répression s’est ensuite exercée sans interruption sur un nombre croissant de révisionnistes dans un nombre croissant de pays : Afrique du Sud, États-Unis, Canada, Australie, France, Suède, Belgique, Suisse, Autriche et surtout en RFA. Elle a connu toutes sortes de formes : condamnation judiciaire, assassinat, incendie criminel, destitution, renvoi, démission forcée, attentat contre la personne ou les biens…
 
Déjà en 1960, la police allemande intervenait pour protéger le mythe du génocide et des chambres à gaz. Paul Rassinier avait voulu, en mars 1960, donner une conférence à Hambourg. Dans un article très hostile à l’auteur du Mensonge d’Ulysse, le journal La Libre Belgique rapportait :
 
Rassinier n’ayant pas reçu l’autorisation de pénétrer sur le territoire de Hambourg, c’est l’éditeur Priester, de Wiesbaden, qui lut le manuscrit à sa place. Lorsqu’il en fut arrivé au passage qui affirme que les exécutions dans les chambres à gaz sont des mensonges, la police fit évacuer la salle.[1]
 
Il serait fastidieux d’établir une liste des actions menées en RFA contre le révisionnisme par les autorités judiciaires et policières, parfois conjointement avec les autorités universitaires. Pour ne prendre qu’un exemple récent, un ancien magistrat, Wilhelm Stäglich, qui avait publié Der Auschwitz-Mythos en 1979, a d’abord été condamné pour la publication de cet ouvrage (lequel est interdit et a été saisi, y compris les plombs de composition qui ont été détruits) ; puis, l’université de Göttingen, qui lui avait attribué en 1951 le grade de docteur en droit, a demandé le retrait de ce grade en vertu d’une loi du temps de Hitler et a obtenu ce retrait en première instance judiciaire (sous appel actuellement). En décembre 1985, lors d’une perquisition à son domicile, la police a saisi le seul exemplaire que possédait l’auteur d’une nouvelle édition imprimée en Grande-Bretagne. Le 8 avril, la police est revenue à son domicile pour essayer d’y trouver le vidéo-film de R. Faurisson : « Le Problème des chambres à gaz ». W. Stäglich, qui ne possède pas de lecteur de cassette, ne possédait pas d’exemplaire de ce vidéo-film ; la police s’est rabattue sur des copies de plans des crématoires d’Auschwitz que R. Faurisson avait remis à W. Stäglich en 1976 et les lui a confisqués. Le 28 janvier, sur ordre du parquet de Munich, la police avait saisi chez le général Otto-Ernst Remer un exemplaire de cette vidéo-cassette. Le même parquet a obtenu du parquet de Bruxelles une enquête chez un couple belge, en date du 13 mars. Le 25 mars, Ernst Römer, de Hambourg, a été perquisitionné. La police lui a demandé compte d’une commande de dix exemplaires de la brochure Es gab keine Gaskammern (« Il n’a pas existé de chambres à gaz »). Cette brochure de R. Faurisson avait été publiée en 1978 et avait été mise à l’index (Indizierung) en 1980. Comme E. Römer ne se souvenait pas de pareille commande, la police lui a mis sous les yeux une carte de commande qu’il avait rédigée en 1978 auprès d’un libraire de Homberg (à ne pas confondre avec Hambourg). On peut donc supposer que la police allemande avait aussi perquisitionné dans cette librairie jusqu’à retrouver une commande de 1978. Les deux exemplaires qui restaient chez Ernst Römer ont été saisis ainsi qu’un tract de la Vieille Taupe (ce dernier point sous réserve de confirmation). Un enseignant de Coblence – Rudolf Koch – passe en ce moment en justice pour avoir « nié l’Holocauste ». Depuis 1979, il est interdit en Allemagne de nier l’Holocauste ou de mettre en doute l’existence des chambres à gaz sous peine de poursuites judiciaires. 
 
Il va de soi que Römer, Remer, Stäglich et probablement bien d’autres personnes sont l’objet de poursuites pour la simple détention soit du vidéo-film, soit de la brochure. La police allemande est allée jusqu’à déclencher en un seul et même jour des perquisitions dans sept cents foyers à la fois pour une affaire identique.
 
Cette répression va, selon toute vraisemblance, gagner en fréquence mais perdre en efficacité. Contrairement à ce qu’on pouvait constater jusqu’à ces dernières années, les victimes commencent à se rebiffer. Ce changement d’attitude peut être dû à l’excès même de la répression judiciaire. Il est devenu graduellement clair qu’il est difficile de répondre par des arguments aux arguments révisionnistes. A ce point de vue, le procès Zündel à Toronto (Canada), qui a duré sept semaines (janvier-mars 1985), a été important : les médias canadiens n’ont pu dissimuler le désarroi et la déroute soit des témoins, soit des spécialistes sur lesquels l’accusation comptait pour prouver l’existence d’un plan d’extermination des juifs et l’existence de chambres à gaz homicides dans les camps de concentration allemands. Les médias européens ont, dans l’ensemble, entièrement passé sous silence cet étonnant procès mais Zündel est allemand et, au moins en Allemagne et en Autriche, la rumeur a filtré : dans beaucoup de milieux on a appris à la fois que Zündel avait été condamné pour divulgation de littérature révisionniste et que, paradoxalement, les historiens et les témoins de l’accusation avaient subi un cuisant échec. Pour éviter le renouvellement d’une telle épreuve une revue juridique canadienne préconise le huis-clos pour des procès de ce genre abusivement dénommés « procès pour haine raciale ».[2]
 
Dans les milieux scientifiques officiels, la crise s’était déjà ouverte en 1982 au colloque de la Sorbonne (29 juin-2 juillet 1982) et elle s’était aggravée avec le colloque de Stuttgart (3-5 mai 1984). Deux écoles d’historiens se sont formées : celle des « intentionnalistes » et celle des «fonctionnalistes». En l’absence de toute preuve d’une intention ou d’un ordre de Hitler d’exterminer les juifs, les premiers pensent néanmoins qu’il a dû exister un tel ordre tandis que les seconds estiment que l’extermination des juifs (posée par eux en principe acquis) a dû se produire sans l’intervention de Hitler et résulter d’un ensemble d’initiatives locales et individuelles. Quand des historiens en sont ainsi à verser dans des querelles théologiques, c’est le signe d’un profond malaise.

16 avril 1986

 

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[1] « La “fable” des camps de concentration nazis », 28 mars 1960.
[2] Saskatchewan Law Review, vol. 49, p. 312.