Le révisionnisme à Lyon
Dans une édition régionale, Le Nouvel Observateur vient de publier un dossier de 14 pages intitulé : « Lyon. L’histoire secrète du négationnisme » (22-28 janvier 2004). Présenté par Laurent Joffrin, cette collection d’articles ne nous n’apprend rien, si ce n’est qu’à Lyon les associations antirévisionnistes n’ont plus de révisionnistes à se mettre sous la dent, exception faite de l’héroïque Jean Plantin qui, malgré le récent prononcé d’une peine de six mois de prison ferme, poursuit son combat. Il ne reste donc aux épurateurs lyonnais qu’à s’entre-déchirer et à se traiter mutuellement de « négationnistes ». C’est précisément ce qu’ils font avec l’ardeur des oisifs. Ils peuvent craindre que, faute de pouvoir mener des campagnes de haine contre des révisionnistes devenus aujourd’hui inexistants, on ne leur retire les subsides que leur distribuaient jusqu’à présent les autorités locales, municipales, régionales ou ministérielles. De son côté, Valérie Igounet, auteur en 2000 d’une Histoire du négationnisme en France, signe dans ce dossier un rapport fantaisiste sur sa rencontre avec R. Faurisson. Elle confesse aussi : « Dix années sur le négationnisme, ça laisse des traces. Je ne parle pas de ces cauchemars où je voyais mes proches dans les chambres à gaz ». Pierre Vidal-Naquet qui, dans le passé, a multiplié les déclarations du type de : « Je hais Faurisson. Si je pouvais, je le tuerais personnellement », semble maintenant faiblir ; dans le présent dossier, il ne préconise plus que le « cassage de gueule ». Il déclare : « Comme le dit mon ami [l’universitaire] Paul Veyne, le cas Faurisson relève avant tout du cassage de gueule. S’il était dans cette pièce, c’est ce que je ferais. »
À Lyon-II comme à Lyon-III, tout le monde est rentré dans le rang, à commencer par Bernard Lugan qui, jusque devant les tribunaux, fait assaut de conformisme antirévisionniste. Il a bénéficié d’une flatteuse promotion universitaire. Comme l’écrit le journaliste Michel Deprost (Le Progrès, 21 janvier 2004, p. 6), Lyon-III « veut tourner la page des dérives qui ont marqué son image ». Le journaliste ajoute : «Pour Guy Lavorel [le nouveau président], les dérives négationnistes et révisionnistes de quelques groupes d’enseignants, sont surmontées : “Nous attendons le rapport de la commission Henry Rousso à la fin du mois de juin, mais je continue à ne pas comprendre pourquoi Lyon-III est seule visée ; Faurisson n’était pas chez nous [mais à Lyon-II]” […]. Guy Lavorel insiste sur sa vigilance. Il a demandé au conseil d’administration d’être vigilant sur tous les révisionnismes, sur tous les négationnismes ».
À la fin de 2003 Lyon-III a signé un protocole d’accord avec l’Université hébraïque de Jérusalem.
Dans la nuit du 12 juin 1999 la bibliothèque inter-universitaire de Lyon-II et Lyon-III avait pris feu. Environ 300 000 ouvrages disparaissaient dans le plus grand incendie de bibliothèque jamais survenu en France depuis 1871. Une rumeur avait circulé selon laquelle cette bibliothèque détenait et cachait des ouvrages ou des thèses révisionnistes. R. Faurisson a révélé comment différentes enquêtes avaient conclu à un incendie de caractère criminel et comment, néanmoins, on avait procédé pour étouffer l’affaire, au grand soulagement sans doute des plus hautes autorités du pays et, notamment, de Jack Lang, ministre de la Culture, et de Claude Allègre, ministre de l’Éducation, qui, l’un comme l’autre, s’étaient terrés dans le silence et s’étaient abstenus de venir à Lyon pour constater les dégâts. Or, dans un ouvrage tout juste paru, Lucien Polastron confirme, en tous points et avec de nouvelles précisions, les données rassemblées par R. Faurisson (Livres en feu. Histoire de la destruction sans fin des bibliothèques, Denoël, Paris 2004, 431 p. ; voy., en particulier, les pages 295, 335, 363, 378).
Il est à craindre que l’ordre de la pensée unique ne règne définitivement à Lyon si jamais, par une décision de la cour de cassation, la peine infligée à J. Plantin devenait exécutoire.
23 janvier 2004