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Trois illustrations de Konk

La première illustration (1986) consiste en une suite de dix dessins, lesquels montrent que Robert Faurisson, auquel il convient de reconnaître une « démarche logique », a peut-être bien eu raison de conclure de ses recherches que « l’existence des chambres à gaz [nazies] telles que décrites habituellement depuis 1945, se heurte à une impossibilité absolue, qui suffirait à elle seule à invalider tous les témoignages existants ou à tout le moins à les frapper de suspicion » (arrêt Grégoire, 1ère chambre de la cour d’appel civile de Paris, section A, 26 avril 1983).

 

La deuxième illustration (années 1990) se réduit à un seul dessin, qui montre qu’un juge d’instruction (institution française) peut, en son cabinet, faire ce qu’il lui plaît du rouleau de la loi dès lors, en particulier, qu’il lui faut protéger un interdit ou un tabou; plus que jamais alors, le droit se fait changeant et l’application de la loi, fluctuante.

La troisième illustration (2001) tient en deux dessins, qui montrent un juge dont l’outrecuidance lui permet de prétendre qu’en France on bénéficie d’une «merveilleuse liberté d’expression». Les Français ont effectivement le droit de dire que les chambres à air ou les chambres à coucher n’ont jamais existé mais la vérité implicite est que, si l’on remplace les mots inoffensifs et rassurants de « air » ou de « coucher » par celui de « gaz », tout explose, tout s’effondre du bel édifice mensonger.

 


On notera à propos de cette troisième illustration le caractère classique du talent de Konk. Par le minimum d’effets (au pluriel) l’artiste est parvenu au maximum d’effet (au singulier). Non content d’avoir usé du sous-entendu (il n’a pas mentionné expressément les chambres à gaz), c’est en deux temps et trois mouvements qu’il a ici exécuté son petit chef-d’œuvre ou, si l’on veut, exécuté son triste juge. En deux temps, puisqu’il lui a suffi de deux dessins. Et en trois mouvements puisque, aussi bien, le second dessin ne se distingue du premier que par trois menues différences, aussi discrètes que parlantes. Sentencieux, le juge commence par proférer, avec un regard aussi droit que vide et impersonnel, une fort belle ânerie. Puis, en un second temps, il reste aussi sentencieux mais, cette fois-ci, 1) le regard cherche le sol, 2) les sourcils apparaissent et 3) la tête penche. Ces trois signes suffisent à cerner le faux derche et à le montrer. Daumier et Caran d’Ache ne faisaient pas mieux.

25 septembre 2002