Du danger d’être révisionniste et de l’utilité de se montrer antirévisionniste

Des antirévisionnistes en conviennent parfois : il ne fait pas bon être révisionniste ou, comme ils disent, « négationniste ».

Le révisionniste, ils le savent, encourt l’ostracisme ; il est mis au ban des médias ; il risque l’interdiction professionnelle, les coups et blessures, la perquisition, la saisie de son matériel de travail, le procès, l’amende, la prison, l’exil. Mais, pour Le Monde, journal oblique du courbe et moite Jean-Marie Colombani, tout cela est bel et bon.

Le révisionniste n’a pas le droit de se plaindre. S’il ne peut réprimer un cri, un soupir, s’il élève une protestation, s’il invoque un droit, les journalistes du Monde prononceront dévotement que ledit révisionniste se présente en victime, qu’il joue les persécutés et qu’il cherche à exploiter la situation à son profit ; en somme, le bourreau est à plaindre, non la victime. Comme en Palestine.

Le révisionnisme porte atteinte au plus redoutable interdit de nos sociétés. Enfreindre le tabou des tabous, c’est-à-dire la version casher de l’histoire de la seconde guerre mondiale, c’est, d’évidence, s’exposer à connaître la mort civile. Céline le disait déjà dans l’une de ses satires, le mot d’ordre est « juivre ou mourir ».

Dans ses « actualités du mois d’octobre 2002 », le plus connu des sites révisionnistes de langue française (aaargh.vho.org) rapporte, çà ou là, quelques propos de trois personnes qui, dans leurs déclarations publiques ou dans leurs conversations privées, ne font généralement pas mystère de leur répugnance – réelle ou affichée – pour ce qu’elles appellent, avec ou sans guillemets, le négationnisme. Ces personnes, ainsi qu’on va le constater, savent trouver les mots qui conviennent pour décrire la situation faite aux révisionnistes.

Au sujet de Noam Chomsky, Pierre Carle, auteur de films documentaires, déclare : «Or, une fois qu’on te traite de négationniste, c’est terminé, tu n’existes plus, tu es considéré comme un pestiféré, tu es mort médiatiquement parlant, on ne parle plus avec toi ». Au sujet de l’affaire Chomsky, le même ajoute : « C’est surtout le journal Le Monde qui a eu un comportement scandaleux dans cette affaire […]. Le Monde a été vraiment crapuleux ».

A propos du lynchage médiatique subi par l’Université Lyon III à laquelle il appartient, Bernard Lugan, qui nourrit à la fois des sympathies pour l’extrême droite et une exaspération aussi voyante que payante à l’égard du révisionnisme, en vient à déclarer : « Dans un premier temps, l’ennemi a utilisé le “négationnisme” afin de paralyser toute résistance à Lyon III, tant la symbolique attachée à ce concept est incapacitante. Dans un second temps, il s’en est servi pour traquer tous ceux qui n’étaient pas dans la norme ».

A l’occasion du scandale en réduction provoqué par la sortie du roman intitulé Rose bonbon, Pierre Assouline déclarait, ce 6 septembre, sur France-Inter : « En France, il y a deux façons de tuer quelqu’un, le traiter de négationniste ou le traiter de pédophile. Si on joint les deux, vous êtes mort et enterré ». En la circonstance, le romancier n’est que pédophile et, tout comme Pierre Assouline, il est d’origine juive. Tué, il ressuscitera donc et saura tirer profit de son statut d’ancien persécuté.

Un centième colloque vient de se tenir contre le révisionnisme. Il a eu lieu à la Sorbonne pendant quatre longues journées (16-19 septembre). Il a été encore plus vide et plus consternant que tous ceux qui l’ont précédé. Les intervenants y ont manifesté leur découragement face à l’hydre du « négationnisme ». S. Thion se pose la question de savoir quelle peut bien être le motif de ces colloques à répétition, dont même les participants semblent comprendre l’inanité. Il a une réponse que ne manqueront pas de trouver judicieuse tous ceux qui, nourris dans le sérail universitaire, en connaissent les détours. Laissons-lui la parole : « Ces colloques ne servent strictement à rien, [les organisateurs et les intervenants] ne les publient même plus. Ils n’osent pas mettre leurs immortelles contributions sur le net, ce qui nous prive de rigolades après tout bien méritées. Ce sont des colloques intimes, où on se dit des choses entre quatre murs. Le vrai sens, la vraie utilité de ces colloques – nous pouvons bien cracher le morceau – c’est de figurer sur le CV. Comment faire carrière, comment briguer une promotion dans l’université si on n’a pas tenu ou organisé un petit colloque sur le négationnisme ? Tous ceux qui n’en ont pas organisé se dépêchent car ils ont la trouille de voir les promotions ou les nominations leur filer sous le nez. C’est pourquoi on trouve toujours là des personnes de statut indécis, porteurs d’aptitudes indéfinies, de fonction secondaire, d’avenir incertain. C’est un monde impitoyable. Dénoncer les révisionnistes ne suffit plus, il faut carrément colloquer ».

Le comble de l’arrivisme dans le monde de l’université, des médias, des affaires et de l’Eglise est de faire carrière dans la chasse au cerf. Le courage est de refuser de joindre sa voix à celle de la meute. Ce courage-là se fait rare.

3 octobre 2002