Trois lettres au Monde (1978-1979)
Présentation du 8 mai 2000
À la fin de l’année 1978 éclatait en France l’affaire Faurisson, une affaire qui, on peut le dire, couvait depuis 1974 avec la première mise en cause du professeur dans la presse française pour ses opinions révisionnistes. Le 29 décembre 1978 le feu était mis aux poudres par la publication dans Le Monde d’un texte de Robert Faurisson intitulé “Le ‘problème des chambres à gaz’ ou ‘la rumeur d’Auschwitz’”. Le même jour, cette publication s’accompagnait d’articles antirévisionnistes dont l’ensemble formait comme un véritable tir de barrage. La loi française prévoyant un « droit de réponse », le professeur eut la possibilité de répliquer par une lettre, qui fut publiée le 16 janvier 1979. Quelques semaines plus tard, le 21 février, les adversaires du professeur eurent le loisir, offert par Le Monde, de publier d’autres pièces dont une solennelle « déclaration d’historiens » comportant trente-quatre signatures. Le texte en avait été rédigé par Léon Poliakov et Pierre Vidal-Naquet. La conclusion en était troublante. À Faurisson qui avait demandé comment, techniquement, les gazages homicides imputés aux Allemands avaient été possibles, surtout quand on connaît à la fois les difficultés de ventilation du gaz cyanhydrique, la nature du Zyklon B (qui est un pesticide), la configuration des salles présumées avoir servi d’abattoirs chimiques et, enfin, par comparaison, les précautions draconiennes que doit prendre le personnel des pénitenciers américains pour l’exécution d’un seul condamné par le moyen du même gaz cyanhydrique, les trente-quatre historiens répondaient :
Il ne faut pas se demander comment, techniquement, un tel meurtre de masse a été possible. Il a été possible techniquement puisqu’il a eu lieu. Tel est le point de départ obligé de toute enquête historique sur ce sujet. Cette vérité, il nous appartient de la rappeler simplement : il n’y a pas, il ne peut y avoir de débat sur l’existence des chambres à gaz.
Une telle conclusion n’avait-elle pas valeur de capitulation de la part de L. Poliakov, de P. Vidal-Naquet et des autres signataires ?
Toujours est-il que Faurisson, une nouvelle fois gravement pris à partie le 23 février, envoya au journal un texte en droit de réponse que nous intitulons ici : « Une preuve… une seule preuve ». Le Monde, sans doute alarmé par les proportions que prenait l’affaire, se refusa à publier ce texte tout en invitant les adversaires du professeur à poursuivre leur offensive.
Ces trois textes du professeur marquent une date capitale de l’histoire du révisionnisme. Pourtant, bien qu’on en connaisse assurément l’existence à l’étranger, ils ne semblent pas avoir été publiés en d’autres langues que le français sauf en anglais et en allemand, partiellement et non sans de graves fautes de traduction.
Au cours de la vingtaine d’années qui nous séparent de ces brefs écrits de 1978/1979, Faurisson a été conduit à multiplier ses publications historiques dans des ouvrages, des études et des articles publiés en diverses langues. Il va de soi que, sur tel ou tel point, il a pu réviser les trois textes que nous publions ci-dessous. Par exemple, dans le mot de Vergasungskeller, il verrait plutôt aujourd’hui un gassing cellar, c’est-à-dire une cave où s’entrepose le matériel nécessaire au gazage de désinfestation (bien que, fait observer le professeur, on ne puisse encore trancher de la question, et cela aussi longtemps qu’on ne saura pas à quelle pièce du crématoire II d’Auschwitz-Birkenau peut bien correspondre cet endroit précis).
Mais, au-delà de ces points de détail, l’ensemble des trois textes conserve toute sa valeur et, relu à plus de vingt ans de distance, il se présente comme le résumé, condensé à l’extrême, de ce que R. Faurisson et d’autres révisionnistes à sa suite publieront sur le « problème des chambres à gaz » et sur certains aspects essentiels du prétendu « Holocauste » des juifs.
Enfin, soit dit en passant, ceux qui connaissent bien le dossier du révisionnisme pourront constater qu’il est malheureusement arrivé que de prétendues découvertes annoncées dans les années quatre-vingt-dix, à son de trompe, par d’autres révisionnistes se trouvaient déjà en 1978/1979 dans ces trois écrits de Faurisson. On songe ici, en particulier, à une prétendue découverte du jeune révisionniste juif américain David Cole. En 1992, ce dernier allait mener grand tapage à propos du fait qu’une jeune guide polonaise, faisant visiter à des touristes la «chambre à gaz» d’Auschwitz I déclarait celle-ci « as being in its original state » alors que, de son côté, un responsable du musée affirmait que la pièce visitée était « very similar » à la pièce originelle. Or, dans sa lettre publiée le 16 janvier 1979 et, par la suite, diffusée en anglais par un ami de Cole, Faurisson avait déjà noté cette contradiction (voy. le premier alinéa et la première note de sa lettre). Ajoutons, d’ailleurs, que la pièce n’était pas du tout « very similar » mais constituait une totale supercherie ainsi que finiront par l’admettre un certain nombre d’autorités, y compris, en 1994, la sous-directrice du musée (voy. Éric Conan, Auschwitz : la mémoire du mal, L’Express, 19 janvier 1995, p. 68).
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Trois lettres au Monde
– I –
Lettre de Robert Faurisson publiée par le quotidien Le Monde
le 29 décembre 1978
“Le problème des chambres à gaz”[1]
ou “la rumeur d’Auschwitz”
Nul ne conteste l’utilisation de fours crématoires dans certains camps allemands. La fréquence même des épidémies, dans toute l’Europe en guerre, exigeait la crémation, par exemple des cadavres de typhiques (voy. les photos).
C’est l’existence des « chambres à gaz », véritables abattoirs humains, qui est contestée. Depuis 1945, cette contestation va croissant. Les grands moyens d’information ne l’ignorent plus.
En 1945 la science historique officielle affirmait que des « chambres à gaz » avaient fonctionné, aussi bien dans l’ancien Reich qu’en Autriche, aussi bien en Alsace qu’en Pologne. Quinze ans plus tard, en 1960, elle révisait son jugement : il n’avait, «avant tout» (?), fonctionné de « chambres à gaz » qu’en Pologne.[2] Cette révision déchirante de 1960 réduisait à néant mille « témoignages », mille « preuves » de prétendus gazages à Oranienbourg, à Buchenwald, à Bergen-Belsen, à Dachau, à Ravensbrück, à Mauthausen. Devant les appareils judiciaires anglais ou français, les responsables de Ravensbrück (Suhren, Schwarzhuber, Dr Treite) avaient avoué l’existence d’une « chambre à gaz » dont ils avaient même décrit, de façon vague, le fonctionnement. Scénario comparable pour Ziereis, à Mauthausen, ou pour Kramer au Struthof. Après la mort des coupables, on découvrait que ces gazages n’avaient jamais existé. Fragilité des témoignages et des aveux !
Les « chambres à gaz » de Pologne – on finira bien par l’admettre – n’ont pas eu plus de réalité. C’est aux appareils judiciaires polonais et soviétique que nous devons l’essentiel de notre information sur elles (voy., par exemple, l’ébouriffante confession de R. Höss : Commandant à Auschwitz).
Le visiteur actuel d’Auschwitz ou de Majdanek découvre, en fait de «chambres à gaz», des locaux où tout gazage aurait abouti à une catastrophe pour les gazeurs et leur entourage. Une exécution collective par le gaz, à supposer qu’elle soit praticable, ne pourrait s’identifier à un gazage suicidaire ou accidentel. Pour gazer un seul prisonnier à la fois, pieds et poings liés, les Américains emploient un gaz sophistiqué, et cela dans un espace réduit, d’où le gaz, après usage, est aspiré pour être ensuite neutralisé. Aussi, comment pouvait-on, par exemple à Auschwitz, faire tenir deux mille (et même trois mille) hommes dans un espace de 210 mètres carrés (!), puis déverser (!) sur eux des granulés du banal et violent insecticide appelé Zyklon B; enfin, tout de suite après la mort des victimes, envoyer sans masque à gaz, dans ce local saturé d’acide cyanhydrique, une équipe chargée d’en extraire les cadavres pénétrés de cyanure ? Des documents trop peu connus[3] montrent d’ailleurs : 1° Que ce local, que les Allemands auraient fait sauter avant leur départ, n’était qu’une morgue typique (Leichenkeller), enterrée (pour la protéger de la chaleur) et pourvue d’une seule petite porte d’entrée et de sortie ; 2° Que le Zyklon B ne pouvait pas s’évacuer par une ventilation accélérée et que son évaporation exigeait au moins vingt et une heures. Tandis que sur les crématoires d’Auschwitz on possède des milliers de documents, y compris les factures, au pfennig près, on ne possède sur les «chambres à gaz», qui, paraît-il, flanquaient ces crématoires, ni un ordre de construction, ni une étude, ni une commande, ni un plan, ni une facture, ni une photo. Lors de cent procès (Jérusalem, Francfort, etc.), rien n’a pu être produit.
« J’étais à Auschwitz. Il ne s’y trouvait pas de ‘chambre à gaz’. » À peine écoute-t-on les témoins à décharge qui osent prononcer cette phrase. On les poursuit en justice. Encore en 1978, quiconque en Allemagne porte témoignage en faveur de Thies Christophersen, auteur du Mensonge d’Auschwitz, risque une condamnation pour «outrage à la mémoire des morts».
Après la guerre la Croix-Rouge internationale (qui avait fait son enquête sur « la rumeur d’Auschwitz »[4], le Vatican (qui était si bien renseigné sur la Pologne), les nazis, les collabos, tous déclaraient avec bien d’autres : « Les “chambres à gaz” ? nous ne savions pas. » Mais comment peut-on savoir les choses quand elles n’ont pas existé ?
Le nazisme est mort, et bien mort, avec son Führer. Reste aujourd’hui la vérité. Osons la proclamer. L’inexistence des « chambres à gaz » est une bonne nouvelle pour la pauvre humanité. Une bonne nouvelle qu’on aurait tort de tenir plus longtemps cachée.[5]
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Notes
[1] L’expression est d’Olga Wormser-Migot (Le Système concentrationnaire nazi, thèse P.U.F., Paris 1968).
[2] « Keine Vergasung in Dachau », par le Dr Martin Broszat, directeur de l’Institut d’histoire contemporaine de Munich (Die Zeit, 19 août 1960, p. 16).
[3] D’une part, photos du musée d’Auschwitz (nég. 519 et 6228) ; d’autre part, documents de Nuremberg (NI-9098 et NI-9912).
[4] C.I.C.-R., Documents sur l’activité du Comité international de la Croix-Rouge en faveur des civils détenus dans les camps de concentration en Allemagne (1939-1945), deuxième édition, Genève 1946, série II, n° 1, reproduisant partiellement (j’ai copie du texte intégral confidentiel) le document n° 9925 : Visite au commandant du camp d’Auschwitz d’un délégué du C.I.C.-R. (septembre 1944), p. 91 et 92. Une phrase capitale de ce document a été habilement amputée de trois mots dans le livre de Marc Hillel, Les Archives de l’espoir, Fayard, Paris 1977, p. 257, et la phrase la plus importante (« Les détenus eux-mêmes n’en ont pas parlé ») a été sautée.
[5] Parmi la vingtaine d’auteurs qui nient l’existence des « chambres à gaz », citons Paul Rassinier, ancien déporté (Le Véritable Procès Eichmann, les Sept Couleurs, Paris 1962, distribué par Maurice Bardèche, 5, rue Rataud, Paris 5e) et, surtout, l’Américain Arthur R. Butz pour son remarquable livre sur The Hoax of the 20th Century (La Mystification du XXe siècle), 1976, distribué par Castle Hill Publishers (www.codoh.com).
– II –
Lettre de Robert Faurisson publiée par le quotidien Le Monde
le 16 janvier 1979, p. 13
Une lettre de M. Faurisson
Jusqu’en 1960 j’ai cru à la réalité de ces gigantesques massacres en « chambres à gaz ». Puis, à la lecture de Paul Rassinier, ancien déporté résistant et auteur du Mensonge d’Ulysse, j’ai commencé à avoir des doutes. Après quatorze ans de réflexion personnelle, puis quatre ans d’une enquête acharnée, j’ai acquis la certitude, comme vingt autres auteurs révisionnistes, que je me trouvais devant un mensonge historique. J’ai visité et revisité Auschwitz et Birkenau où l’on nous présente une « chambre à gaz reconstituée[1]» et des ruines dites de «crématoires avec chambres à gaz». Au Struthof (Alsace) et à Majdanek (Pologne), j’ai examiné des locaux présentés comme des « chambres à gaz en état d’origine ». J’ai analysé des milliers de documents, en particulier au Centre de documentation juive contemporaine de Paris : archives, sténogrammes, photographies, témoignages écrits. J’ai inlassablement poursuivi de mes questions spécialistes et historiens. J’ai cherché, mais en vain, un seul déporté capable de me prouver qu’il avait réellement vu, de ses propres yeux, une « chambre à gaz ». Je ne voulais surtout pas d’une illusoire abondance de preuves ; j’étais prêt à me contenter d’une preuve, d’une seule preuve. Cette preuve, je ne l’ai jamais trouvée. Ce que j’ai trouvé, en revanche, ce sont beaucoup de fausses preuves, dignes des procès de sorcellerie et déshonorantes pour les magistrats qui s’en étaient accommodés. Et puis j’ai trouvé le silence, la gêne, l’hostilité et, pour terminer, les calomnies, les insultes, les coups.
Les répliques que vient de susciter mon bref article sur « La rumeur d’Auschwitz », je les ai lues plus d’une fois en dix-huit ans de recherches. Je ne mets pas en cause la sincérité de leurs auteurs, mais je dis que ces répliques fourmillent d’erreurs, depuis longtemps signalées par les Rassinier, les Scheidl et les Butz.
Par exemple dans la lettre, qu’on me cite, du 29 janvier 1943 (lettre qui ne porte même pas l’habituelle mention de « Secret »), Vergasung ne signifie pas «gazage», mais « carburation ». Vergasungskeller désigne la pièce, en sous-sol, où se fait le mélange « gazeux » qui alimente le four crématoire. Ces fours, avec leur dispositif d’aération et de ventilation, venaient de la maison Topf & Söhne d’Erfurt (NO-4473).
Begasung désignait le gazage de vêtements en autoclaves. Si le gaz employé était le Zyklon B – préparation de « B[lausäure] », c’est-à-dire d’acide prussique ou cyanhydrique – on parlait de «chambres à gaz bleues». Rien à voir avec les prétendues « chambres à gaz-abattoirs » !
Il faut citer correctement le Journal du médecin Johann Paul Kremer. On verra ainsi que, s’il parle des horreurs d’Auschwitz, c’est par allusion aux horreurs de l’épidémie de typhus de septembre-octobre 1942. Le 3 octobre, il écrira : « À Auschwitz, des rues entières sont anéanties par le typhus. » Lui-même, il contractera ce qu’il appelle « la maladie d’Auschwitz ». Des Allemands en mourront. Le tri des malades et des bien-portants, c’était la « sélection » ou l’une des formes de l’« action spéciale » du médecin. Ce tri se faisait soit à l’intérieur des bâtiments, soit à l’extérieur. Jamais Kremer n’a écrit qu’Auschwitz était un Vernichtungslager, c’est-à-dire, selon une terminologie inventée par les Alliés après la guerre, un «camp d’extermination» (entendez par là : un camp doté d’une «chambre à gaz»). En réalité, il a écrit : «Ce n’est pas pour rien qu’Auschwitz est appelé le camp de l’anéantissement (das Lager der Vernichtung).» Au sens étymologique du mot, le typhus anéantit ceux qu’il frappe. Autre grave erreur de citation : à la date du 2 septembre 1942, le manuscrit de Kremer porte : « Ce matin, à 3 heures, j’ai assisté dehors, pour la première fois, à une action spéciale. » Historiens et magistrats suppriment traditionnellement le mot « dehors » (draussen) pour faire dire à Kremer que cette action se déroulait dans une « chambre à gaz ». Enfin, les scènes atroces devant le « dernier bunker » (il s’agit de la cour du bunker n° 11) sont des exécutions de condamnés à mort, exécutions auxquelles le médecin était obligé d’assister. Parmi les condamnés se trouvent trois femmes arrivées dans un convoi de Hollande : elles sont fusillées.[2]
Les bâtiments des « Kremas » de Birkenau étaient parfaitement visibles[3] de tous. Bien des plans et des photos le prouvent, qui prouvent également l’impossibilité matérielle radicale pour ces « Kremas » d’avoir eu des « chambres à gaz ».
Si, à propos d’Auschwitz, l’on me cite, une fois de plus, des aveux, des mémoires ou des manuscrits – miraculeusement – retrouvés (tous documents que je connais déjà), je veux qu’on me montre en quoi leurs précisions imprécises diffèrent des précisions imprécises de tous les documents qui ont fait dire aux tribunaux militaires des Alliés qu’il y avait des « chambres à gaz » là où, en fin de compte, on a fini par reconnaître qu’il n’y en avait pas eu : par exemple, dans tout l’Ancien Reich !
J’avais cité les documents industriels NI-9098 et 9912. Il faut les lire avant de m’opposer les «témoignages» de Pery Broad et de Rudolf Höss ou, pourquoi pas, les «aveux», après la guerre, de J. P. Kremer. Ces documents établissent que le Zyklon B ne faisait pas partie des gaz qualifiés de ventilables ; ses fabricants sont obligés de convenir qu’il est « difficile à ventiler, vu qu’il adhère aux surfaces ». Dans un local cyanuré par le Zyklon B, on ne peut pénétrer, avec un masque au filtre « J » – le plus sévère des filtres – qu’au bout d’une vingtaine d’heures pour procéder à un test chimique de disparition du gaz.[4] Matelas et couvertures doivent être battus à l’air libre pendant une à deux heures. Or, Höss écrit[5]: « Une demi-heure après avoir lancé le gaz, on ouvrait la porte et on mettait en marche l’appareil de ventilation. On commençait immédiatement à extraire les cadavres. » Immédiatement (sofort) ! Et d’ajouter que l’équipe chargée de manipuler deux mille cadavres cyanurés entrait dans ce local (encore plein de gaz, n’est-ce pas ?) et en tirait les corps « en mangeant et en fumant », c’est-à-dire, si je comprends bien, sans même un masque à gaz. C’est impossible. Tous les témoignages, si vagues ou discordants qu’ils soient sur le reste[6], s’accordent au moins sur ce point : l’équipe ouvrait le local, soit immédiatement, soit « peu après » la mort des victimes. Je dis que ce point, à lui seul, constitue la pierre de touche du faux témoignage.
En Alsace la « chambre à gaz » du Struthof est intéressante à visiter. On y lit sur place la confession de Josef Kramer. C’est par un « trou » (sic) que Kramer versait «une certaine quantité de sels cyanhydriques», puis «une certaine quantité d’eau»: le tout dégageait un gaz qui tuait à peu près en une minute. Le « trou » qu’on voit aujourd’hui a été si grossièrement fait par un coup de burin que quatre carreaux de faïence en ont été brisés. Kramer se servait d’un «entonnoir à robinet». Je ne vois ni comment il pouvait empêcher ce gaz de refluer par ce trou grossier, ni comment il pouvait admettre que le gaz, s’évacuant par la cheminée, aille se répandre sous les fenêtres de sa villa. Qu’on passe dans une pièce voisine et, là, qu’on m’explique cette affaire de cadavres conservés pour le professeur Hirt dans des « cuves à formol », qui ne sont, en fait, que des cuves à choucroute et à pommes de terre, munies de simples abattants de bois sans étanchéité.
L’arme la plus banale, si elle est soupçonnée d’avoir tué ou blessé, fait l’objet d’une expertise judiciaire. On constate avec surprise que ces prodigieuses armes du crime que sont les «chambres à gaz» n’ont, elles, jamais fait l’objet d’une expertise officielle (judiciaire, scientifique ou archéologique) dont on puisse examiner le rapport.[7]
Si par malheur les Allemands avaient gagné la guerre, je suppose que leurs camps de concentration nous auraient été présentés comme des camps de rééducation. Contestant cette présentation des faits, j’aurais été sans doute accusé de faire objectivement le jeu du « judéo-marxisme ». Ni objectivement, ni subjectivement je ne suis judéo-marxiste ou néo-nazi. J’éprouve de l’admiration pour les Français qui ont courageusement lutté contre le nazisme. Ils défendaient la bonne cause. Aujourd’hui, si j’affirme que les « chambres à gaz » n’ont pas existé, c’est que le difficile devoir d’être vrai m’oblige à le dire.
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Notes
[1] Présentée aux touristes comme étant d’origine.
[2] Auschwitz vu par les SS, éd. du musée d’Oswiecim, 1974, p. 238, n. 85.
[3] Un terrain de football « se trouvait contre les crématoires de Birkenau » (Tadeus Borowski, d’après H. Langbein, Hommes et femmes à Auschwitz, Fayard, Paris 1975, p. 129).
[4] La réglementation française concernant l’emploi de l’acide cyanhydrique est aussi draconienne que l’allemande : voir décret 50-1290 du 18 octobre 1950, ministère de la Santé publique.
[5] Kommandant in Auschwitz, Deutsche Verlagsanstalt, Stuttgart 1958, p. 126 et 166.
[6] Justiz und NS-Verbrechen, University Press Amsterdam, t. XIII (1975), p. 134 et 135.
[7] La crédulité générale se contente de peu : qu’on nous montre une porte munie d’un œilleton et de verrous à bascule (système espagnolette) et nous voilà devant… une « chambre à gaz » !
[Conformément à la loi du 29 juillet 1881, nous (Le Monde) publions le texte de M. Faurisson. Toute réplique le mettant en cause ouvrirait à son profit un nouveau droit de réponse. Nous n’en considérons pas pour autant comme clos le dossier ouvert par les déclarations de Darquier de Pellepoix.]
– III –
26 février 1979
Droit de réponse au Monde du 21 février 1979, p. 23,
et au Monde du 23 février 1979, p. 40.
Une preuve… une seule preuve
Dans une longue déclaration, trente-quatre historiens français viennent de nous faire savoir qu’il est certes « naturel » de se poser toutes sortes de questions sur la Seconde Guerre mondiale, mais que, néanmoins, « il n’y a pas, il ne peut y avoir de débat sur l’existence des chambres à gaz ».
Pour ma part, je constate qu’il y a un débat sur l’existence ou non des « chambres à gaz » et je crois que ce débat est légitime. Longtemps, il a opposé quelques spécialistes de l’école des historiens révisionnistes à quelques spécialistes de l’histoire officielle. Ce débat s’est en quelque sorte ouvert en 1960 quand le Dr Martin Broszat, représentant du très officiel Institut d’histoire contemporaine de Munich, a dû faire une énorme concession au révisionniste Paul Rassinier : il lui a fallu admettre qu’en dépit d’une prétendue surabondance de preuves, de documents, de témoignages et d’aveux, tous dignes de foi, il n’avait pourtant jamais existé une seule « chambre à gaz » dans tous les camps de concentration de l’Ancien Reich. En 1968, la discussion avait été relancée, du côté officiel, par Olga Wormser-Migot qui, affrontant une véritable tempête de protestations, osait parler dans sa thèse de ce qu’elle nommait alors « le problème des chambres à gaz ». Depuis 1974, ce débat est peu à peu devenu public en Europe occidentale et dans tout le monde anglo-saxon (y compris, tout récemment, en Australie !). La presse française ne peut plus l’ignorer, sous peine de pratiquer une forme de censure.
Ce débat est déjà riche d’enseignements. Un lecteur attentif du Monde aura beaucoup appris de la seule lecture de son journal, le 21 février 1979, où toute une page est exclusivement consacrée à un exposé des thèses de l’histoire officielle. Pour commencer, le lecteur aura appris que, dans certains camps, on présente «aux pèlerins ou aux touristes» de fausses « chambres à gaz » (il est seulement dommage qu’on ne lui nomme pas ces camps). Puis, il aura appris que le chiffre de trois millions de morts pour Auschwitz est « certainement exagéré », ce qui le surprendra s’il se rappelle que le chiffre officiel est de quatre millions. Il aura constaté que, là où les archives allemandes sont déclarées « muettes »[1], on tend à les interpréter. Il aura vu que, là où les documents du IIIe Reich sont «apparemment anodins», on les interprète au point, par exemple, de dire que «traiter en conséquence» signifie… « gazer ». Il aura noté que les ordres de Himmler, soit de construire, soit de détruire les «chambres à gaz», ne font l’objet d’aucune précision ; c’est qu’en fait de tels ordres n’ont apparemment jamais existé. Il aura appris que le « document » de l’ingénieur SS Gerstein est jugé «indiscutable», non pas dans sa totalité mais seulement « sur l’essentiel ». Avec un peu d’attention encore, il aura remarqué que, dans ce qu’on veut bien lui citer de ce document, il est question de 700 à 800 personnes dans une « chambre à gaz » de 25 m2 de surface et d’une hauteur de 1,80 m : ce qui donne 28 à 32 personnes debout dans un espace d’un mètre sur un mètre ! Dans la liste des trente-quatre historiens il aura peut-être remarqué qu’il ne figure qu’un seul spécialiste de l’histoire des camps. Dans la liste bibliographique il aura deux fois rencontré le nom d’Olga Wormser-Migot pour des ouvrages secondaires mais non pour sa thèse, sans doute jugée dangereuse ; et il n’aura trouvé aucun livre ni aucun article consacré aux « chambres à gaz » pour la bonne raison qu’il n’en existe, du côté officiel, ni en français, ni en aucune langue étrangère (attention, ici, à certains titres trompeurs!).
Au lecteur du Monde on parle d’un exposé sur «la solution finale du problème juif» en date du 20 janvier 1942. On se demande vraiment pourquoi le texte de cet exposé n’est pas appelé, comme on le fait d’habitude, par son nom de « Protocole de Wannsee ». Je note que, depuis quelque temps, on semble s’être aperçu que cet étrange procès-verbal (car le mot de « Protocole » est un faux sens) est plein de bizarreries et qu’il est dénué de toute garantie d’authenticité. Il a été dactylographié sur du papier ordinaire, sans indication de lieu ni de date de rédaction, sans indication de provenance, sans en-tête officiel, sans référence, sans signature. Cela dit, je pense que la réunion du 20 janvier 1942 a bien eu lieu et qu’elle concernait «la solution, enfin, du problème juif», c’est-à-dire que, leur émigration vers Madagascar étant rendue impossible par la guerre, on décidait le refoulement des populations juives vers l’Est européen.
Quiconque fonde quelque accusation que ce soit sur le « document » Gerstein (PS-1553) fait, par là même, la preuve de son incapacité à trouver un argument solide en faveur de l’existence des « chambres à gaz ». Même le Tribunal militaire international de Nuremberg n’avait pas voulu exploiter ce texte sorti de ses archives. D’autres tribunaux, il est vrai, s’en sont contentés. La confession de R. Höss n’a pas plus de valeur. Je ne reviendrai pas sur cet « aveu » rédigé sous la surveillance de ses geôliers polonais et staliniens. Le moindre effort d’analyse en montre le caractère fabriqué; je renvoie là-dessus aux ouvrages de Paul Rassinier et, en particulier, à son étude sur Le Procès Eichmann. Quant au Journal de Kremer, écrit pendant la guerre, il est authentique mais on en sollicite abusivement quelques passages ou bien l’on en déforme le texte pour nous faire croire que Kremer parle des horreurs des « chambres à gaz » là où, en réalité, il décrit les horreurs d’une épidémie de typhus. Après la guerre, Kremer a, bien entendu, avoué ce qu’on voulait lui faire avouer selon tous les stéréotypes des spécialistes de l’aveu. On me reproche d’avoir caché ce point. Je ne l’ai pas caché. J’ai expressément mentionné l’existence de ces « aveux ». Je n’en ai pas analysé le texte tout simplement parce qu’on s’était heureusement abstenu de me le présenter comme une preuve de l’existence de «chambres à gaz» à Auschwitz ! Quand Kremer parle de trois femmes fusillées, je veux bien l’en croire. Il pouvait arriver, je pense, qu’un convoi de mille sept cent dix personnes comprenne trois personnes à fusiller sur place, à Auschwitz. Mais quand Kremer, après la guerre, nous dit qu’il s’agissait de femmes refusant d’entrer dans la « chambre à gaz », je n’en crois rien. Je n’ai qu’à me reporter à ce qu’il prétend avoir vu d’une prétendue opération de gazage, observée de sa voiture. Kremer fait partie de ces gens selon qui la réouverture de la « chambre à gaz » se faisait «un moment» après la mort des victimes.[2] J’ai déjà montré qu’il y avait là une impossibilité matérielle. Et puis, je constate que, pour tenter d’expliquer une confession, celle de Kremer, on s’appuie sur une autre confession, celle, comme par hasard, de Höss. Le point troublant est que ces deux confessions, toutes deux obtenues par la justice militaire polonaise, se contredisent beaucoup plus qu’elles ne se confirment. Voyez de près la description et des victimes, et du cadre, et des exécutants et du mode d’exécution.
Je ne comprends pas la réponse qui m’est faite concernant le Zyklon B. Employé dans une «chambre à gaz», il aurait adhéré au plafond, au plancher, aux quatre murs et il aurait pénétré les corps des victimes et leurs muqueuses pendant vingt heures au moins. Les membres du Sonderkommando (en fait, le kommando du crématoire) chargés, dit-on, d’aller retirer les cadavres de la « chambre à gaz » une demi-heure après le déversement (?) du Zyklon B auraient été instantanément asphyxiés. Et, de cela, les Allemands n’auraient pu se moquer, puisque le travail n’aurait pas été fait et qu’aucune nouvelle fournée de victimes n’aurait pu être amenée.
Il ne faut pas confondre une asphyxie suicidaire ou accidentelle avec une exécution par le gaz. Dans le cas d’une exécution, l’exécutant et son entourage ne doivent pas courir le moindre risque. Aussi les Américains, pour asphyxier un seul détenu à la fois, emploient-ils un processus compliqué dans un espace réduit et hermétiquement clos où toute manœuvre se déclenche de l’extérieur. Le prisonnier a les pieds et les poings liés et la tête immobilisée. Après sa mort, on aspire et on neutralise le gaz et les gardiens doivent attendre plus d’une heure pour pénétrer dans le petit local. Une « chambre à gaz » n’est pas une chambre à coucher.
Depuis quatre ans je souhaite un débat public avec qui l’on voudra sur « le problème des chambres à gaz ». On me répond par des assignations en justice. Mais les procès de sorcellerie, tout comme la chasse aux sorcières, n’ont jamais rien prouvé. Je connais un moyen de faire progresser le débat. Au lieu de répéter à satiété qu’il existe une surabondance de preuves attestant de l’existence des «chambres à gaz» (rappelons-nous la valeur de cette prétendue surabondance pour les « chambres à gaz » – mythiques – de l’Ancien Reich), je suggère que, pour commencer par le commencement, on me fournisse une preuve, une seule preuve précise de l’existence réelle d’une « chambre à gaz », d’une seule «chambre à gaz». Cette preuve, nous l’examinerons ensemble, en public.
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Notes
[2] Justiz und NS-Verbrechen, University Press Amsterdam, t. XVII (1977), p. 20.