En prison pour délit de presse
Alain Guionnet, directeur de Revision, a été conduit par les gendarmes au parquet de Nanterre et, de là, à la prison de Bois d’Arcy, où il sera probablement détenu pour une durée d’un mois. Il a 36 ans et il est invalide civil (à 70%). Il est en prison pour délit de presse. Selon toute vraisemblance, il aura à purger ensuite une peine supplémentaire de 21 mois d’emprisonnement pour le même motif.
Le 21 mars 1991, à 13 h 30, le professeur Faurisson comparaîtra devant la XVIIe chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris, présidée par Claude Grellier. Georges Wellers et le substitut Marc Domingo lui font grief d’une interview parue dans Le Choc du mois de septembre 1990 et invoquent la loi Fabius-Gayssot du 13 juillet 1990 qui prévoit une peine d’un mois à un an d’emprisonnement et une amende de deux mille à trois cent mille francs pour celui qui « conteste » l’existence des « crimes contre l’humanité », tels que définis par les vainqueurs de 1945. Une semaine plus tard, le 28 mars, R. Faurisson comparaîtra à nouveau devant la même chambre et le même président pour la même interview, mais, cette fois-ci, sur plainte de Jean Pierre-Bloch et du même substitut Marc Domingo qui, pour le coup, invoqueront la loi antiraciste du 1er juillet 1972.
Pierre Joxe et Sarra Ouaknine ont interdit d’affichage, de publicité et de vente aux mineurs Revision, les Annales d’histoire révisionniste et la Revue d’histoire révisionniste. Dans une récente lettre adressée au Conseil d’État, la « Direction des libertés publiques » du ministère de l’intérieur vient de définir quels sont les droits, les devoirs et les limites de l’historien.[1]
Le 31 octobre 1990, la cour d’appel de Paris a rendu contre Pierre Guillaume, directeur des Annales d’histoire révisionniste, un arrêt fondé rétroactivement sur la loi Fabius-Gayssot ; cette rétroactivité s’exerce sur une période supérieure à deux ans. Des manifestants viennent, de façon chronique, assiéger la librairie de la Vieille Taupe, 12, rue d’Ulm, afin, comme l’a révélé un responsable de la LICRA, de provoquer un trouble de l’ordre public qui conduirait les autorités policières à supprimer la cause de ce trouble.[2]
À Lyon, Bernard Notin, à Caen, Vincent Reynouard et, en d’autres points de France, d’autres révisionnistes subissent de plein fouet une répression approuvée par l’ensemble du monde journalistique, en particulier par Libération et Le Canard enchaîné. Mme Le Foyer de Costil, magistrat, interdit d’écrire : « Moyen Orient : les juifs ont-ils poussé à la guerre ? » (Le Monde, 7 février 1991).
7 février 1991
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[1] 7 janvier 1991, OS/FF/A5184/DLPAJ/CAJ/BCLP. Tél. : 49 27 40 51. C’est à ce dernier numéro de téléphone que l’administrateur civil Jacques Mathieu fournira les directives nécessaires.
[2] Georges Nicod, conférence donnée à Vichy, 13 décembre 1990.