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Le droit de rire, la répression de la liberté d’expression et les tabous juifs

Martin LEPRINCE, Fini de rigoler / Peut-on encore se marrer quand on est de gauche ?, Éditions Jacob-Duvernet, 2010, 264 p., 19,90 €.

Particulièrement intéressantes sont les 46 pages du chapitre V de ce livre, lesquelles sont consacrées aux différentes affaires Dieudonné. On y rencontre un Serge Klarsfeld, pourtant grand amateur de chasse aux révisionnistes, passablement désarçonné d’abord par l’affaire du Zénith où, le 26 décembre 2008, je me voyais décerner le prix de l’infréquentabilité, puis par le sketch où, ultérieurement, face à Dieudonné, je campais le personnage de « Simon Krokfield, président de l’association des beaux-frères et belles-sœurs de déportés » (p. 155-156). Philippe Val ne cache pas son désarroi devant l’indéniable succès de l’artiste. Après avoir déclaré : «Dieudonné gagne des partisans à chaque fois que l’unanimité se fait contre lui », il ajoute qu’il a voulu, de son propre côté, organiser une vaste réunion au Zénith pour y défendre une idée qui lui était chère : le combat contre les tests ADN obligatoires pour les immigrés. Il raconte : « Nous avons fait appel à de nombreux artistes et intellectuels. Nous avions surmédiatisé l’événement en en parlant partout. Sur un sujet aussi important, avec entrée gratuite, nous n’avons pas réussi à remplir complètement le Zénith. Lorsque Dieudonné s’est produit dans la même salle, sans aucune affiche, aucune promotion à la télévision et avec des entrées payantes, il se retrouve face à une salle blindée de monde […]. Les gens qui suivent Dieudonné, eux, sont des passionnés. Même s’il s’agit de marginaux, ils sont très nombreux. En plus, Dieudonné incarne quelque chose de particulier. Il vient d’un milieu d’extrême gauche qui a fait sa jonction avec l’extrême droite » (p. 173).

L’auteur rapporte, sans la commenter, la déclaration suivante du chroniqueur et humoriste Didier Porte, partisan de la loi Fabius-Gayssot : « Autant je suis partisan de “sanctuariser” le génocide juif, parce que j’estime que c’est un sujet sur lequel on n’a pas le droit de déconner, autant je trouve qu’il faudrait pouvoir faire de l’humour en totale liberté sur la politique d’Israël. De peur de se faire tomber dessus, les humoristes osent très peu aborder ce sujet. Il existe clairement une autocensure. On ne verra jamais un sketch sur l’attitude de l’armée israélienne dans la bande de Gaza. Si quelqu’un tentait de le faire, je n’ose même pas imaginer la tempête qu’il déclencherait » (p. 204).

Pour sa part, l’auteur lui-même pense que « Rire avec un sujet qui toucherait d’une façon ou d’une autre le judaïsme est devenu dangereux » (p. 197). Hostile à toute police de la pensée, il conclut : « Alors, reprends-toi, camarade de gauche. Cesse d’être ce petit moralisateur à deux balles […]. Car même si tu ne t’en rends pas compte, camarade de gauche, je peux t’assurer qu’en agissant ainsi tu te couvres de ridicule. Et par ricochet, tu me ridiculises aussi » (p. 260-261).

De l’aveu même de nos bons apôtres, il sévit donc dans notre pays une insupportable police de la pensée, et cette police est juive. Le peuple en a conscience et les révisionnistes, en particulier, sont payés pour le savoir mais il fait toujours bon de l’entendre dire et confirmer par ceux qui, faisant profession d’antirévisionnisme, ont libre accès aux médias.

23 mai 2010