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Au Zénith, Dieudonné présente Faurisson

 

Voyez d’abord, sur <leblogtvnews.com>, Dieudonné invite sur scène le révisionniste Faurisson… . Le texte est succinct ; la vidéo est souvent coupée au bout de quelques secondes ; le journaliste ne cache pas son désarroi. Il existerait de meilleures vidéos, et complètes.

Dans Le Journal du dimanche, voyez, à la page 5, « Dieudonné dérape encore / L’humoriste a invité le négationniste Robert Faurisson en guest-star de son spectacle, au Zénith de Paris ». Le texte, entaché de quelques erreurs, est intéressant. Il est signé de Mathieu Deslandes et de Marie-Christine Tabet.

La salle était bondée. Des spectateurs étaient assis par terre. Je crois savoir que le nombre des spectateurs a dépassé le chiffre de 5 000.

Quelques erreurs appelant rectification

1. Les journalistes en question écrivent : « Depuis plus de trente ans, Robert Faurisson alimente la chronique judiciaire en niant l’existence de l’Holocauste. L’an dernier la justice l’a débouté : il avait attaqué pour diffamation Robert Badinter qui l’avait qualifié de “faussaire de l’histoire” » .

En réalité, R. Badinter, allant encore plus loin, avait eu l’aplomb d’affirmer qu’en 1981, alors qu’il était avocat et qu’il allait être nommé ministre de la Justice, il m’avait « fait condamner pour être un faussaire de l’histoire ». Lors du procès que je lui ai intenté, il a essayé de prouver la vérité du fait allégué. Mais, selon les juges, il « a échoué en son offre de preuve » (p. 13 du jugement en date du 21 mai 2007). Selon eux, R. Badinter m’a bel et bien diffamé, mais… de bonne foi. Ils m’ont donc débouté et condamné à lui verser 5 000 €. Je n’ai pas interjeté appel et il m’a fallu débourser cette somme. Si je n’ai pas voulu d’un appel, c’est principalement parce que j’avais obtenu satisfaction sur le fond, mais c’est aussi pour d’autres raisons : je n’avais plus d’argent et mon fidèle avocat, Eric Delcroix, devant prendre sa retraite le 31 décembre 2007, je savais qu’il me serait difficile, sinon impossible, de lui trouver un successeur ; de fait, un an plus tard, toutes nos tentatives communes pour lui trouver un successeur ont abouti à des échecs. Le Diable a droit à un avocat mais non Faurisson.

2. Les journalistes affirment que Dieudonné aurait tenu à mon sujet le propos suivant : « Je ne suis pas d’accord avec toutes ses thèses. Il nie par exemple la traite des esclaves organisée depuis l’île de Gorée, au large de Dakar. Mais pour moi, c’est la liberté d’expression qui compte. »

Cette formulation, dont j’ignore si elle a été fidèlement rapportée, risque de prêter à confusion. Dieudonné est un esprit subtil et libre. Il y a quelques années, lors d’une conversation, je lui avais cité, parmi bien d’autres mythes, celui de la « Maison des esclaves de l’île de Gorée ». Par la suite, je lui avais envoyé copie d’un article du Monde, intitulé « Le mythe de la Maison des esclaves qui résiste à la réalité » (27 décembre 1996, « Gorée, de notre envoyé spécial, Emmanuel de Roux »). Dans cet article on lisait par exemple : « La Maison des esclaves de l’île de Gorée figure dans tous les guides. Pas un touriste ne manquera la visite de ce monument au sinistre passé. Il sera accueilli dans la cour de ce bâtiment ocre rouge par un cicerone inspiré, Joseph N’Diaye, un ancien sous-officier. Ce dernier raconte avec émotion l’histoire de cette “esclaverie” construite par les Hollandais [sic] au XVIIe siècle [sic], pivot de la traite à Gorée qui vit défiler des centaines de milliers [sic] d’Africains, enchaînés vers le Nouveau Monde. – Les différentes cellules sont détaillées [par le guide] : celles des hommes, celles des femmes et celles des enfants et la porte pour le “voyage sans retour” qui s’ouvre sur l’océan. Un escalier à double révolution conduit aux appartements des négriers. La Fondation France-Liberté, de Danièle Mitterrand, comme en atteste une plaque, a financé une partie de la rénovation de l’édifice. La Maison des esclaves est devenue un élément du patrimoine de l’humanité, surtout depuis que l’Unesco a classé l’ensemble de l’île dans cette rubrique. Le problème, c’est que tout est faux, ou presque, comme l’expliquent Abdoulaye Camara et le Père de Benoist, un jésuite, historien, chercheur à l’IFAN. La maison, parfaitement identifiée, n’a rien de hollandais. Elle a été construite par les Français, en 1783, pour Anna Colas, une signare – riche dame métisse – quand la traite tirait à sa fin. Les pièces du bas ont peut-être servi de logements à des esclaves domestiques mais sûrement pas à la traite. C’étaient essentiellement des entrepôts à marchandises. – L’esclaverie, car elle a existé, se situait non loin du port qui abrite aujourd’hui le Musée historique. Elle a disparu. Gorée n’a jamais été un centre très actif pour la traite (deux cents à cinq cents esclaves par an, si l’on en croit les chiffres du savant jésuite), par rapport aux comptoirs de la Côte des esclaves (l’actuel Bénin), du golfe de Guinée ou de l’Angola. La légende de la Maison aux esclaves doit tout à l’indéniable talent de Joseph N’Diaye qui a mis une douzaine d’années à forger un mythe qui, aujourd’hui, a force de loi. » N. B. : Les trois «[sic]» sont de moi.

En 1997, Jean-François Forges, historien antirévisionniste, dénoncera, à son tour, le mythe de la Maison des esclaves de l’île de Gorée. Il écrira : « C’est un mythe qui dit cependant une vérité fondamentale. Encore faudrait-il en informer les touristes » (Eduquer contre Auschwitz / Histoire et Mémoire, ESF éditeur, 1997, p. 67, n. 33).

Le dimanche 18 avril 1998, entre 9h et 10h, dans une émission de « France-Inter », on évoquera le caractère fallacieux de cette « Maison des esclaves », mais pour conclure que la charge symbolique en est telle qu’il serait indécent d’aller se soucier de la vérité historique.

« Tout y est faux », c’est ce que, pour sa part, l’historien antirévisionniste Eric Conan avait été contraint de reconnaître, en 1995, à propos de la prétendue chambre à gaz homicide d’Auschwitz-I (L’Express, 19-25 janvier 1995, p. 68). Ce camp et sa chambre à gaz emblématique sont également classés par l’Unesco au patrimoine de l’humanité. Ils reçoivent à peu près 500 000 pèlerins par an. Jusqu’à une date récente, l’un des plus importants pourvoyeurs financiers de ces pèlerinages n’était autre que l’escroc Madoff.

3. Le régisseur de ce spectacle m’a remis un trophée. Il portait l’uniforme des internés d’Auschwitz et l’étoile jaune. C’est ce qu’avait exigé son rôle dans un sketch du spectacle. Il n’y avait là nulle provocation. Si, comme à Dieudonné, je lui ai donné l’accolade, c’est que je le connaissais. Par ailleurs, je ne vois pas pourquoi je repousserais un « juif » qui, comme certains autres juifs, croit devoir apprécier mes efforts. Dès la fin des années 1970, j’ai dit que les découvertes de l’école révisionniste constituaient après tout une bonne nouvelle pour la pauvre humanité : l’homme, pourtant capable de toutes les horreurs, n’avait tout de même pas conçu un programme d’extermination physique d’une fraction de ses frères humains et il n’avait pas, pour cela, inventé des armes de destruction massive, c’est-à-dire des abattoirs chimiques appelés « chambres à gaz » ou « camions à gaz ». Le révisionnisme est un humanisme. Il peut libérer les juifs à la fois d’un songe et d’un cauchemar : le songe, creux et calamiteux, du sionisme et le cauchemar, permanent, de la Shoah.

28 décembre 2008