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Lettre à H. F. Doeleman

Amsterdam

Monsieur,

De retour d’un voyage, je trouve votre lettre du 4 octobre.

Vous m’adressez une « mise en demeure » et des « sommations » dont m’étonnent à la fois l’imprudence et l’impudence. Plutôt que d’impudence, d’ailleurs, je parlerai de « chutzpah ».

Le Journal d’Anne Franktel que l’avait fait imprimer Otto Heinrich Frank, le père de la malheureuse enfant, est une imposture. En 1986, pour essayer d’en démontrer l’authenticité, on a publié de ce journal une édition faussement savante sous le titre Journaux d’Anne Frank (sic) : De Dagboeken van Anne FrankLes auteurs de cette édition, à la fois par ce qu’ils disent, par ce qu’ils déforment et par ce qu’ils cachent, confirment involontairement l’imposture. Avant de se livrer à cette escroquerie littéraire, O. H. Frank avait eu sa part, semble-t-il, de graves malversations financières ; sa banque avait eu de sérieux ennuis avec la justice ; les journaux en avaient parlé. Toute sa vie, il a aimé et pratiqué les fictions, les stratagèmes et les subterfuges. Le grand public l’ignore.

Nul doute qu’à l’occasion d’un procès (en première instance, en appel, en cassation et peut-être plus), je me ferai un devoir de révéler à ce grand public ce que malheureusement il ne sait pas encore. Par la même occasion, je lui dévoilerai la grande imposture du siècle : celle de la magique chambre à gaz nazie dont personne ne peut nous fournir une représentation matérielle. Bref, comme on dit en bon français : « À bon entendeur, salut ! »

13 octobre 1993