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A Pierre Marais et à Maître Éric Delcroix pour valoir ce que de droit

Attestation concernant le Struthof

Je, soussigné, Robert Faurisson, professeur d’université, demeurant à l’adresse indiquée ci-dessus, atteste ce qui suit :

En 1979, la LIC(R)A et huit associations juives ou d’anciens déportés m’intentaient un procès pour « dommage à autrui par falsification de l’histoire » (sic). Ces organisations prétendaient détenir la preuve de l’existence de chambres à gaz homicides dans les camps de concentration du IIIe Reich. Constatant qu’elles n’en possédaient pas, elles étaient conduites à solliciter l’accès aux archives de l’instruction du « procès du Struthof », archives détenues à Meaux par la Direction de la gendarmerie et de la justice militaire. Elles espéraient y trouver la preuve de l’existence d’une telle chambre à gaz au camp du Struthof (Natzweiler).

La consultation de ces archives, transportées au palais de justice de Paris, leur était accordée ainsi qu’à moi-même.

Du 27 mars au 5 juin 1980, lors d’un ensemble de huit séances, nous avons pu, Me Éric Delcroix, M. Pierre Guillaume, M. Jean-Claude Pressac et moi-même, consulter ces archives et prendre des notes manuscrites de leur contenu.

Il ressort de ces archives qu’en 1945 une expertise avait été demandée au professeur René Fabre, doyen de la faculté de pharmacie de Paris, afin de déterminer si une chambre à gaz homicide avait existé et fonctionné au Struthof.

Le texte de cette expertise a disparu.

Mais, par le contenu d’un rapport d’expertise de MM. les professeurs et docteurs Simonin (de Strasbourg), Piédelièvre (de Paris) et Fourcade (de Strasbourg), il est possible d’affirmer ce qui suit :

– Le rapport d’expertise du professeur René Fabre était daté du 1er décembre 1945 ;
– Il devait répondre à deux questions : le local suspecté d’être une chambre à gaz homicide fonctionnant à l’acide cyanhydrique avait-il pu fonctionner à cet usage et les cadavres d’anciens détenus du Struthof, cadavres conservés dans le formol à l’hôpital civil de Strasbourg, étaient-ils, comme on l’affirmait, ceux de personnes tuées avec de l’acide cyanhydrique ?
– Pour répondre à ces deux questions, le professeur Fabre avait, notamment, recueilli des produits de raclage et des plâtras de la « chambre à gaz » et il avait procédé à l’autopsie des cadavres ;
– Dans les deux cas, les conclusions du rapport d’expertise étaient négatives.

MM. Simonin, Piédelièvre et Fourcade rapportaient ces conclusions pour les contester.

Tout cela peut se vérifier en consultant, dans le premier carton d’archives, la pièce 96 B :

– à la page 52, pour l’analyse des bocaux W (produit de raclage du mur extérieur de la chambre à gaz autour de la cheminée) et des bocaux X (plâtras provenant de la cheminée extérieure de la chambre à gaz au moment de son enlèvement) ;
– à la page 61, pour les recherches toxicologiques, les prélèvements de sang, de viscères faits au cours des autopsies (« Dans les viscères conservés dans le liquide conservateur (alcool + formol) et remis aux fins d’analyse, il n’a pas été décelé de liquides volatils, et particulièrement d’acide cyanhydrique ») ;
– à la page 67, pour les «conclusions du rapport d’expertise du professeur Fabre»: MM. Simonin, Piédelièvre et Fourcade affirment : « Les conclusions négatives du rapport d’expertise du professeur Fabre ne s’inscrivent pas en faux contre la possibilité et même la grande probabilité de l’intoxication par l’acide cyanhydrique».

Je possède, par ailleurs, toute une série de documents ou d’informations, en provenance de ces archives ou d’autres sources, qui permettent de conclure que la prétendue chambre à gaz homicide du Struthof a été, en un premier temps, une chambre froide, puis, en un second temps, une chambre à gaz pour l’entraînement des recrues au port du masque à gaz (on utilise dans ce cas un gaz qui est très loin de posséder la toxicité du gaz cyanhydrique et qui, à la différence de ce dernier, n’adhère pas aux surfaces, s’évacue facilement et ne nécessite pas des précautions draconiennes d’étanchéité : d’où le caractère rudimentaire de l’installation).

Enfin, au procès dit du Struthof, soit en première instance (Metz, 1952), soit en appel (Lyon, 1954), il n’a plus été question de l’existence et du fonctionnement d’une chambre à gaz homicide au camp du Struthof.

28 octobre 1993