L’édition critique des Journaux d’Anne Frank
– Rijksinstituut voor Oorlogsdocumentatie, De Dagboeken van Anne Frank, Uitgeverij Bert Bakker, Amsterdam 1986, XX-716 p. + livret de 22 p.
– Niederländisches Staatliches Institut für Kriegsdokumentation, Die Tagebücher der Anne Frank, S. Fischer Verlag, Frankfurt-am-Main 1988, X-792 p. + livret de 30 p.
– Institut national néerlandais pour la documentation de guerre, Les Journaux d’Anne Frank, Calmann-Lévy, Paris 1989, 765 p. (livret intégré).
– The Netherlands State Institute for War Documentation, The Diary of Anne Frank. The Critical Edition, Doubleday, New York 1989, 719 p. (livret intégré).
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Il s’agit d’une entreprise maladroite qui, si l’on y regarde de près, confirme que j’avais raison d’incriminer Otto Frank.[1] Par ailleurs, on ne répond pas à mes arguments physiques et matériels ; d’abord on donne un résumé caricatural de ces arguments; ensuite, on ne reproduit plus aucun plan des lieux ! L’expertise d’écriture du laboratoire de Wiesbaden (traces d’une encre de stylo à bille) n’est ni clairement présentée ni clairement réfutée.
Les trois expertises sur lesquelles se fondait Otto Frank pour déclarer que le journal était authentique sont, cette fois-ci, toutes les trois déclarées sans valeur ! De même pour le livre d’Ernst Schnabel, Spur eines Kindes, publié en 1958 !
Enfin, pour en revenir à l’écriture des manuscrits, on a, depuis la publication de cette « édition critique» (en 1986 dans sa version néerlandaise), découvert des spécimens de l’écriture d’Anne Frank qui sont sans rapport avec les spécimens d’écriture présentés dans cette « édition critique ».
Last, but not least, les responsables de cette «édition critique», pressentant que j’allais m’intéresser à la vie d’Otto Frank avant et après 1945, ont préféré prendre les devants et créer des contre-feux. C’est ainsi qu’ils ont été conduits à faire d’extraordinaires révélations sur les malversations financières, sinon les pures et simples escroqueries financières d’Otto Frank et de son frère (tous deux possédaient une banque bien avant la guerre en Allemagne). Après la guerre, Otto Frank a également eu des ennuis avec la justice néerlandaise pour collaboration économique de son entreprise commerciale avec l’ennemi pendant la guerre.
D’une manière générale, l’image d’Otto Frank qui se dégage de la lecture de certains chapitres initiaux de ce gros livre est plutôt celle d’un malhonnête homme sur le plan de la finance et de l’édition.
Cette « édition critique » ne présente aucun modèle de l’écriture d’Isa Cauvern qui, avant de se suicider en 1947, avait collaboré avec son mari et avec Otto Frank à la confection du Journal d’Anne Frank. Le rôle joué par Miep Gies est tout à fait trouble et celui d’Anneliese Schütz est quasiment passé sous silence.
Le Livre des Contes n’est ni présenté, ni étudié. J’en ai vu le manuscrit à Bâle en 1977. Ce manuscrit est stupéfiant par son écriture d’adulte, sa présentation et… son répertoire : le tout semble l’œuvre d’un vieux comptable et non d’une jeune fille.
Dans l’« édition critique », j’ai noté l’absence, dans les versions néerlandaise, française et anglaise, de la fameuse lettre (20 février 1944) du « tapis brossé toutes fenêtres fermées », qui est présente dans la version allemande. Il est probable qu’une comparaison attentive des quatre versions ferait apparaître d’autres anomalies.
18 mars 1995
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[1] Voy. leur propre « Conclusion », p. 207-208 de l’édition française.
[Publié, en espagnol, dans : Enrique Aynat, El holocausto a debate. Respuesta a César Vidal, Edición Enrique Aynat Eknes, Valence (Espagne), 1995, 189 p. ; voy. Apéndice 4. « La edición crítica del diario de Ana Frank. Un comentario de Robert Faurisson », p. 175-176. Le texte est inédit en français.]