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Comment, en 1656, le Grand Arnauld perdit son titre de docteur

En matière de lâcheté et d’intolérance, la réputation de l’université française n’est plus à faire. Récemment, à l’occasion de l’affaire Plantin, les universités Lyon II et Lyon III se sont surpassées en la matière. L’une et l’autre, cédant à la pression d’organisations juives, ont supprimé à tour de rôle les grades universitaires qu’elles avaient accordés à Jean Plantin au début des années 1990. Aujourd’hui, des groupes de pression sous influence juive surveillent l’université comme autrefois la puissante Compagnie de Jésus régentait plus ou moins la Sorbonne.

L’une des victimes des jésuites fut le théologien Antoine Arnauld (Paris, 1612 – Bruxelles, 1694), dit le Grand Arnauld.

En 1656, la Sorbonne le condamna et lui retira son titre de docteur.

Le pape avait jugé répréhensible l’Augustinus, œuvre posthume de Corneille Jansen, dit Jansénius (1585-1638), et il avait condamné l’ouvrage pour cinq de ses propositions. Or Arnauld, relisant l’ouvrage (en bon révisionniste d’avant la lettre ?), s’aperçut que celui-ci ne contenait aucune des propositions incriminées. Il eut la témérité de le dire.

La Sorbonne improvisa une sorte de tribunal sur mesure où eurent voix au chapitre aussi bien des érudits que de pauvres hères appartenant aux ordres mendiants. Ces derniers étaient prêts à contresigner, les yeux fermés, sans rien lire de la thèse d’Arnauld, toute condamnation requise par leur mère nourricière. Les juges ainsi choisis furent au nombre de 206 ! Le verdict de condamnation fut prononcé par 120 voix. Les juges, refusant d’examiner si la thèse était vraie ou fausse, en condamnèrent l’auteur pour sa témérité !

Pascal intervint.

En 1656-1657, dans ses Lettres provinciales, sous un nom d’emprunt, il prit fait et cause pour Arnauld. En foi de quoi, Les Provinciales furent condamnées par le Parlement de Provence et, de son côté, le Conseil d’Etat fit brûler la traduction latine de l’ouvrage.

Mais, parmi ses contemporains, Bossuet et Racine prirent la défense de Pascal. Au XVIIIe siècle, Voltaire et, au XIXe siècle, Chateaubriand, lui rendirent hommage à leur tour pour un si beau combat.

Mieux : il est aujourd’hui généralement admis que, si les jésuites allaient avoir à souffrir d’une fâcheuse réputation de casuistes, ce fut en grande partie à cause de leur persécution des jansénistes, en général, et de leurs procédés à l’égard d’Antoine Arnauld, en particulier.

Contre le faible qui avait raison, les censeurs en avaient appelé à l’autorité des puissants et ils s’étaient assuré l’obéissance des pleutres. Ils n’avaient ni travaillé, ni cherché à savoir. Ils avaient triché. Il arrive que cela se paie.

24 août 2001