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Vérité historique, vérité humaine

Dans mon article du Monde (29 décembre 1978, p. 8) intitulé Le problème des chambres à gaz” ou “la rumeur d’Auschwitz”, j’écrivais : « L’inexistence des “chambres à gaz” est une bonne nouvelle pour la pauvre humanité. Une bonne nouvelle qu’on aurait tort de tenir plus longtemps cachée. »

C’est avec soulagement et non avec indignation qu’on devrait recevoir la nouvelle que des millions d’êtres humains qu’on croyait avoir été assassinés dans des conditions atroces ont survécu à la guerre. En particulier, beaucoup plus de juifs qu’on ne le croit généralement ou bien ne sont pas allés en camps de concentration ou de travail forcé (c’est le cas pour les trois quarts des juifs de France) ou bien y sont allés mais en sont revenus.

On trouvera ci-dessous l’exemple de trois bonnes nouvelles qui constituent trois révisions de la thèse officielle par des juifs eux-mêmes.

Viennent ensuite deux textes qui sont, pour chacun d’eux, significatifs de leur époque. Le premier date de 1946. Il montre qu’une littérature prétendument antinazie ne fait que reproduire et illustrer les mécanismes mentaux et les fantasmes de la pire propagande antisémite. Ces mécanismes sont toujours à l’œuvre ; seuls le sujet et l’objet en ont été intervertis. Le dernier texte date de 1980. Il donne à espérer que le délire d’une époque touche à sa fin et que nous serons peut-être un jour débarrassés d’un nazisme fantasmatique qui infecte toute la pensée contemporaine. Paradoxalement le délire antinazi alimente un certain goût pour les idées nazies.

Ce délire n’est pas spécifique aux juifs, il est universel. Il n’a pas été produit plus particulièrement par les juifs. Il se trouve simplement qu’au lendemain de la guerre effroyable de 1939-1945, les appareils judiciaires américain, britannique, français et soviétique ont authentifié ce qui n’était probablement à l’origine qu’une rumeur obsidionale reprise par la propagande de guerre. Après le cataclysme de la guerre, il fallait réinventer le Diable ; il s’agissait là d’un besoin général, commun à la société des vainqueurs. Il serait d’autant plus absurde de reprocher aux juifs d’y avoir cru que tout le monde y a cru, y compris le peuple allemand dans son ensemble, et la grande majorité des ex-dirigeants nazis.

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Il ne faut pas jouer avec les chiffres. Ils ont leur importance. Il ne faut ni grossir, ni minimiser le nombre des morts de la seconde guerre mondiale. Le chiffre des six millions de morts juives ne repose sur rien de sérieux. Le nombre exact des morts juives peut très bien être déterminé. Il se trouve simplement que trente-cinq ans après la guerre, on n’a toujours pas déterminé ce nombre. Il y a déjà quinze ans, on pouvait lire dans le supplément du Patriote Résistant (Histoire d’un crime. L’impossible oubli. Pourquoi) cette remarque qui garde aujourd’hui toute sa valeur (p. 98) :

Lorsque les générations nouvelles qui ne manquent pas déjà, et ne manqueront pas demain, de s’interroger sur l’effroyable tragédie, poseront la question de savoir combien d’êtres humains ont été déportés, combien sont morts, il serait dérisoire de devoir leur répondre qu’à l’époque des ordinateurs électroniques, au moment où la statistique est en train de devenir une science exacte, personne n’a été capable de dresser un bilan de quelque valeur.

 

Un homme qui disparaît laisse derrière lui des traces de son existence. Ces traces sont nombreuses dans le cas des juifs ou des déportés. Il faut un cataclysme comme celui de Dresde, bombardée par les Anglo-américains, pour que le nombre exact des victimes en un lieu donné devienne très difficile à établir. Encore les victimes de Dresde peuvent-elles, dans les statistiques, se retrouver sur la liste des « personnes disparues » vers février 1945. Je prétends que nous possédons depuis longtemps tous les moyens désirables pour établir le nombre exact, ou à peu près exact, des juifs morts par tous faits de guerre de 1939 à 1945. Même s’il existe dans la communauté juive des individus qui se sont détachés d’elle, il n’empêche que cette communauté tisse de forts liens entre ceux qui la compose, ou la composait autrefois, et cela d’un pays à l’autre, d’un continent à l’autre et aussi d’un bloc politique à l’autre, entre l’Est et l’Ouest. Le document qu’on va lire prouve qu’une simple enquête menée par des particuliers, avec toutes les imperfections et les difficultés d’une entreprise conduite par des profanes et non des professionnels de la recherche officielle, peut donner d’excellents résultats. Ce document est une dépêche de l’Associated Press de novembre 1978. Le State-Timesde Baton Rouge (Louisiane), l’a publiée le 24 novembre 1978, p. 8, dans sa version intégrale, que nous reproduisons ici, tandis que le San Francisco Chronicle en a donné une version tronquée de sa fin, dans son numéro du 25 novembre 1978, p. 6 (partie mise ci-dessous entre crochets) :

Des survivants des camps de la mort de Hitler tiennent
une réunion à Los Angeles

Los Angeles (Associated Press). – Autrefois les Steinberg florissaient dans un petit village juif de Pologne. C’était avant les camps de la mort de Hitler. Voici qu’un vaste groupe de plus de deux cents survivants et leurs descendants sont ici réunis pour participer ensemble à une célébration spéciale de quatre jours qui a opportunément commencé le jour d’Action de Grâce (Thanksgiving Day). Des parents sont venus jeudi du Canada, de France, d’Angleterre, d’Argentine, de Colombie, d’Israël et d’au moins treize villes des États-Unis. «C’est fabuleux», a dit Iris Krasnow, de Chicago, « Il y a ici cinq générations qui vont de trois mois à quatre-vingt-cinq ans. Les gens pleurent et passent un merveilleux moment. C’est presque comme une réunion de réfugiés de la seconde guerre mondiale. » Sam Klaparda de Tel Aviv était stupéfait par un vaste arbre généalogique installé dans le salon de l’hôtel Marriott de l’aéroport international de Los Angeles. «C’est fantastique… ce que je peux avoir de parents», dit-il. L’idée du pèlerinage provenait de Joe et Gladys Steinberg de Los Angeles. Ils s’étaient assuré l’aide de plusieurs parents, dont une belle-fille, Elaine Steinberg, pour leur recherche des membres de la famille. « Ce qui nous a d’abord incités à la recherche des gens de la famille, c’est d’avoir vu Racines (Roots) », dit Mme Steinberg. Ce feuilleton de télévision reconstituait l’histoire de la famille de l’écrivain Alex Haley, retracée, en remontant dans le temps, de l’époque de l’esclavage aux États-Unis jusqu’en Afrique. « Puis, après Holocaust (autre feuilleton de télévision), nous y sommes vraiment allés à fond », dit-elle. La branche de la famille vivant à Los Angeles a recherché des informations auprès des cousins et par des annonces dans des journaux juifs à travers le monde. Trouver des membres de la famille n’a pas été facile. « Des centaines, a dit Mme Steinberg, ont été anéantis dans l’holocauste de Hitler. » Les racines des Steinberg se trouvaient dans le village de Skarseika-Kamiena, en Pologne, avant la seconde guerre mondiale. « Il en reste très peu là-bas maintenant, dit Joe Steinberg. Pour certains, c’est réellement tout à fait extraordinaire parce qu’ils ne pensaient pas qu’il leur restait de la famille. » Tel était le cas d’Arthur Steinberg, architecte à Houston, et de sa sœur Rosslyn, de New York. Ni l’un, ni l’autre ne pensait qu’aucun membre de leur famille avait survécu au fléau d’Hitler. Les Steinberg ont ingurgité vingt-trois dindes à leur dîner de Thanksgiving, puis ils ont commencé un week-end de vacances qui allait comprendre visite de la ville, tournois de ping-pong, de backgammon et de bridge, un dîner dansant le samedi soir, ainsi que des séminaires consacrés à des films d’amateurs, aux questions de santé, aux affaires de crédit, de biens immobiliers, de planning financier et de travaux d’artisanat.

[Pour la mère d’Iris Krasnow, Hélène, qui avait quitté la Pologne pour la France, puis pour les États-Unis, c’était un joyeux événement. « Je pleure, dit-elle, je ne peux croire que tant de personnes ont survécu à l’holocauste. Il y a ici tant de vie – une autre génération. C’est magnifique. » « Si Hitler apprenait cela, il se retournerait dans sa tombe ». dit-elle.]

 

L’enfant du ghetto de Varsovie : symbole du « génocide »

S’il faut en croire le Jewish Chronicle[1], cet enfant a survécu à la guerre et, devenu aujourd’hui un homme très riche, il vit dans la banlieue de Londres avec son père, sa mère et quatre enfants. Un jour de 1941, à Varsovie, il avait été arrêté avec tout un groupe de juifs portant des ballots ; l’armée allemande avait procédé ce jour-là à des fouilles et à des contrôles en prévision de l’arrivée dans la capitale polonaise d’une importante personnalité allemande. L’enfant avait été amené au poste de police. Sa mère qui, elle, n’avait pas été arrêtée, s’inquiétant de l’absence de son enfant, était allée en informer le poste de police et c’est ainsi que son fils lui avait été rendu. La seconde photo est censée représenter le même enfant, photographié quelques années plus tard en URSS, où il était allé se réfugier. « L’enfant du ghetto » est assez souvent présenté dans les légendes photographiques comme un enfant pris par les Allemands en avril-mai 1943, lors de l’insurrection du ghetto de Varsovie, et amené vers Treblinka et asphyxié dans une « chambre à gaz ».

Simone Veil

Le CDJC (Centre de documentation juive contemporaine) de Paris affirme, comme tous les autres centres de recherches du même genre, que le fait de ne découvrir dans les énormes archives du camp d’Auschwitz aucune trace d’un détenu signifie que ce détenu a été gazé dès son arrivée. C’est ainsi que le CDJC a établi de longues listes de juifs de France (français, étrangers ou apatrides) qui sont censés avoir été gazés à Auschwitz. Prenons, par exemple, le convoi n° 71, lequel est arrivé à Auschwitz le 16 avril 1944. Toutes les femmes de ce convoi ont été, nous dit-on, gazées le jour même de leur arrivée. Parmi elles figurait le nom d’une certaine Simone Jacob, née le 13 juillet 1927 à Nice. Or, cette jeune fille est bel et bien revenue vivante en France ; par son mariage elle est devenue Simone Veil et elle préside aujourd’hui le parlement européen. Bien d’autres femmes de ce convoi, comptabilisées de la même façon comme « gazées », ont survécu à la déportation. Serge Klarsfeld s’est récemment avisé des formidables erreurs de comptabilité (et, surtout, dirons-nous, de méthode) commises par le CDJC ; il les signale honnêtement dans son Mémorial de la déportation des juifs de France (1978), du moins pour quelques milliers de cas. Pour vérifier ce que je dis là du cas de Simone Veil, il faut consulter deux sources : 1° pour le sort du convoi n° 71, la livraison n° 7 (1964) des Hefte von Auschwitz, à la page 88 ; 2° pour la présence de Simone Jacob dans ce convoi, la colonne de gauche de la page 519 du Mémorial.

Antinazisme de sex-shop (1946)

Voici une page caractéristique de l’antinazisme de sex-shop. Elle date de 1946. Aujourd’hui encore, même des ouvrages universitaires réputés sérieux sont infectés par ce type d’incitation à la haine et ce genre de fabulation.

« PAPA, ENCORE UNE FOIS, JE T’EN PRIE ! » 

Un rapport de la Commission d’État extraordinaire, chargée d’enquêter sur les crimes commis par les nazis, les fascistes et leurs complices à Lwow, en Ukraine soviétique, déclare que les Allemands majeurs massacraient les habitants juifs majeurs, tandis qu’ils livraient les enfants et les nourrissons aux Jeunesses hitlériennes. Les assassins étaient eux-mêmes des enfants et portaient encore des shorts. Aussi se sentaient-ils très obligés envers leurs aînés qui leur abandonnaient les petites victimes et les laissaient jouer au football avec les nourrissons juifs avant de les achever, ou bien les jeter en l’air pour les viser comme dans un tir aux pigeons. 

Wilhaus, le commandant du camp de concentration de Yanowska, à Lemberg, avait une fillette trop jeune pour faire partie du Jungvolk ; elle avait neuf ans. Elle ne pouvait encore ni jouer à football, ni tirer, mais elle aimait déjà à voir couler le sang. Son père l’adorait et ne manquait aucune occasion de lui faire plaisir. Comme le commandant habitait une maison dont le balcon donnait sur le camp, il avait l’habitude de tirer sur les détenus qui passaient à portée de son fusil. L’enfant assistait à ces scènes et comptait les coups. Le rapport cité plus haut dit que Wilhaus se fit apporter un jour deux enfants de quatre ans pour les précipiter de son balcon et les tirer en l’air. L’enfant applaudissait en criant : « Encore une fois, papa, je t’en prie, encore une fois ! »

À ce moment-là, il y avait encore des enfants à Lwow. Les petits hitlériens pouvaient à loisir assouvir leur besoin de spectacles sadiques.

(J. Gottfarstein, L’École du meurtre) 

 

Apologue révisionniste (1979) 

J’ai conté à mes élèves des anecdotes de la guerre, en les déformant à notre avantage. J’ai stimulé leur propension à ne retenir que le pire, leur tendance à généraliser et leur humaine paresse à tout critiquer. J’ai polarisé sur l’Allemand seul leur potentiel de haine et de cruauté.

Pédagogue, j’ai collaboré à la rédaction du dernier chapitre de l’histoire de France : je n’y ai retenu que ce qui pouvait charger le vaincu et glorifier le vainqueur, en masquant le rôle parfois douteux, de certains Alliés.

Je dois dire que non seulement l’Université ne m’a jamais reproché mes violentes inexactitudes, mais, au contraire, m’a manifesté sa haute satisfaction en me décorant et en me donnant l’avancement que dix ans de dévouement et de conscience professionnelle n’avaient jamais réussi à me valoir.

Ethnologue, j’ai soutenu des thèses inacceptables et j’ai poussé le ridicule en portant le divorce fondamental franco-allemand sur le plan biologique : j’ai même imaginé pour des revues de vulgarisation scientifique (?), le témoignage du DWoybosczek (un nom qui me vint comme ça) qui, pour avoir disséqué trois mille cinq cents cadavres de soldats allemands, aurait été en mesure d’affirmer que le déséquilibre thyroïde-surrénales était énorme chez ces sujets, alors qu’il était infime chez les Français. Or tout le monde sait que le déséquilibre thyroïde-surrénales est la cause de la férocité chez les animaux.

Ainsi la cruauté teutonne se trouvait étalée sur le marbre des morgues, irréfutablement.

Oui, j’ai fait cela, Walther.

Et je dois dire, à ma grande confusion, que tout cela a très bien pris auprès du peuple qui se dit le plus intelligent de la terre et que vous aimez tant. Oui, les Français m’ont cru. J’en suis décontenancé. […] 

(Henri Vincenot, Walther, ce boche mon ami) 

 

Il s’agit là d’un personnage de roman.

Toute ressemblance avec des universitaires ayant réellement existé serait fortuite.

15 novembre 1980

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[1] 11 août 1978, p. 1-2.