Un exterminationniste prépare un ouvrage consacré à Roger Garaudy
1) Le 9 mai 2006, je reçois la lettre suivante, datée du 5 mai, d’Adrien Minard, 110, rue de Ménilmontant, 75020 Paris (minard.Adrien@wanadoo.fr) :
Monsieur,
Jeune professeur d’histoire dans un lycée de la banlieue parisienne, je me permets de vous écrire à propos de vos propos et positions révisionnistes. À de multiples reprises déjà, j’ai été amené à en prendre connaissance dans le cadre de l’écriture d’un ouvrage consacré à Roger Garaudy. Ce travail biographique, auquel je consacre une bonne partie de mon temps libre, doit retracer son itinéraire plutôt atypique et, notamment, aborder l’affaire déclenchée par la publication, en 1995-1996, de son ouvrage sur Les Mythes fondateurs de la politique israélienne. J’utilise, pour ce faire, nombre d’informations contenues dans la thèse de Valérie Igounet (à propos de laquelle j’ai aussi lu votre Réponse à Valérie Igounet, rédigée avec Henri Roques et Paul Durand), mais aussi certains de vos propres écrits de l’époque, comme votre article du 1er novembre 1996 intitulé Bilan de l’affaire Garaudy-abbé Pierre (janvier 1996-octobre 1996) ou votre lettre Au commandement militaire du Palais de justice de Paris (3 mars 1998) à la suite des violents incidents survenus lors du verdict de première instance du procès.
Après lecture de ces textes de grand intérêt, plusieurs de mes questions demeurent en suspens. Vous laissez entendre n’avoir jamais rencontré Garaudy, mais j’aimerais, si vous le voulez bien, en avoir confirmation. Par ailleurs, dans une note du 8-9 janvier 1998 (Roger Garaudy au tribunal), vous dites avoir retrouvé dans vos dossiers la copie d’une lettre que vous adressiez le 2 décembre 1982 « à M. Roger Garaudy aux bons soins de Pierre Guillaume » et qui accompagnait un document qu’il vous avait réclamé. Je serais très intéressé de connaître le contenu de ce bref contact épistolaire afin de comprendre comment Roger Garaudy s’est précocement inspiré, pour ne pas dire plus, de vos travaux.
Espérant que ces interrogations ne vous paraîtront pas trop indiscrètes et vous remerciant pour l’aide éventuelle que vous accepterez de m’apporter, je vous adresse, Monsieur, de sincères salutations.
[Pas de signature]
2) Le jour même, je réponds :
Monsieur,
Votre lettre, non signée, du 5 mai vient de me parvenir. Je vous en remercie. Je vous confirme que je n’ai jamais rencontré Roger Garaudy. Je ne lui ai probablement jamais écrit. Je ne lui ai jamais téléphoné. J’ai assisté à son procès en première instance ; Jacques Vergès le défendait; Jean-Yves Monfort présidait ; Madame Garaudy était présente.
J’essaierai de remettre la main sur le double de cette lettre du 2 décembre 1982 et je vous en enverrai copie.
Si vous le souhaitez, nous pouvons nous rencontrer soit à Vichy, où j’habite, soit à Paris, où il m’arrive de séjourner dans le Quartier latin.
Bon courage dans vos activités de professeur et de chercheur !
Robert Faurisson
3) Le même jour, il m’écrit :
Monsieur,
Je vous remercie de votre réponse et vous prie d’accepter mes excuses pour l’absence de signature au bas de ma lettre. Il s’agit d’un oubli.
Je prends bonne note du fait que vous n’avez jamais rencontré Roger Garaudy. Et si vous parvenez à retrouver cette lettre de 1982, n’hésitez à m’en tenir informé.
Il se peut que mes recherches à venir m’amènent à vous solliciter pour un entretien, dans le quartier latin de préférence, car je le fréquente beaucoup. Je vous écrirai alors afin que nous fixions un rendez-vous.
Salutations,
Adrien Minard
4) Le même jour, je lui réponds :
Mon prochain procès se tiendra à la XVIIe chambre correctionnelle du Tribunal de Paris le mardi 11 juillet à 13h30. Je serai donc à Paris aux environs de cette date mais il est fort probable que je m’y rendrai auparavant. Je vous ferai signe.
Bien à vous. RF
P-J : Une pièce qui date du 1er octobre 2005 ; elle porte sur les contestations de «Nuremberg», et donc, de la loi Fabius-Gayssot par les affirmationnistes eux-mêmes; vous y trouverez mention du livre de Valérie Igounet à propos de la capitulation de Jean-Claude Pressac. Je me permets de vous y joindre une fable : Le pêcheur, la carpe et le révisionniste.
5) Le soir du même jour, consultant Google, je découvre que mon correspondant est un chaud militant anti-Le Pen (Sud Etudiant, Institut d’études politiques de Paris) dont l’activisme est connu jusqu’au Brésil. Sa compagne s’appelle Caroline Mazens. Avec sa barbichette, il a la tête de l’emploi. Je lui écris immédiatement :
Dans le cas d’une rencontre à Paris, Caroline Mazens serait la bienvenue.
D’accord ? Merci de me répondre. Bien à vous. RF
6) Le lendemain, 10 mai, il me répond :
Je vous remercie pour vos textes. Votre surprenante disponibilité m’incite cependant à vous faire part de mes motivations. Je vous considère, permettez-moi de vous le dire, comme un militant. Un militant dont l’engagement a, au moins, le mérite de la constance. Vous semblez déjà vouloir nous convaincre, moi et mes proches, de la justesse de vos idées et de votre vision de l’histoire. Je ne pensais pas, en vous contactant, m’inscrire dans cette optique. On peut étudier le Front national sans pour autant vouloir être introduit dans une controverse sur les chiffres de l’immigration. On peut étudier les communistes sans pour autant vouloir prendre parti dans une polémique sur les profits engrangés par les trusts. C’est avec une telle distance que je m’efforce d’étudier le révisionnisme. D’autant que, en ce qui concerne mes convictions personnelles, j’adhère à ce que vous appelez la « thèse exterminationniste ».
Dans ces conditions, je préfère que nous renoncions, pour l’instant, à l’idée d’une rencontre. Je reste cependant intéressé par tout document me permettant d’affiner le résultat de mes recherches sur Roger Garaudy.
Vous remerciant d’avance pour votre compréhension, je vous adresse mes salutations.
Adrien Minard
P.S. : Je ne fréquente plus la jeune fille à laquelle vous avez fait allusion.
7) Je lui rétorque :
Monsieur,
Je ne suis nullement un militant mais un homme qui, simplement, a en horreur la calomnie.
Quiconque ose prétendre que l’Allemagne a utilisé des « armes de destruction massive » pour une politique de « destruction des juifs d’Europe », se trouve propager, consciemment ou non, ce qui s’est révélé n’être qu’une atroce calomnie. En plus de soixante années, personne n’a été en mesure de fournir la moindre preuve à l’appui des assertions exterminationnistes ou affirmationnistes. Vous devriez le savoir, vous qui enseignez l’histoire. Or non seulement vous accusez sans preuve mais vous refusez à jamais d’entendre la défense. À défaut de preuves, vous possédez ce que vous appelez des « convictions ». Les « convictions », c’est facile, surtout quand elles sont bien vues, qu’elles vous ouvrent les portes au lieu de vous les fermer et qu’elles constituent autant d’assurances-nougat. Je vous prédis un bel avenir. À jamais, devant votre miroir, chaque matin, vous vous rappellerez ce que je vous dis là.
Vous êtes un militant, ce que vous me cachiez en vous présentant comme un simple professeur d’histoire.
Je viens de retrouver le document que vous me réclamiez mais quelle raison, je vous prie, aurais-je désormais de vous l’envoyer ? Vous avez raison de parler de ma disponibilité, qui vous surprend, mais cette disponibilité ne va pas jusqu’à aider un homme qui, tout à la fois, m’a trompé sur sa véritable identité, accuse son prochain sans fournir de preuves et continuera ainsi d’accuser sans preuves.
Recevez mes salutations. Robert Faurisson
[Note d’éclaircissement pour le lecteur de ces trois pages : Lorsque je dis que je n’ai « probablement jamais écrit » à R. Garaudy, il faut comprendre que c’est, bien sûr, à l’exception de la lettre du 2 décembre 1982 que je lui avais envoyée « aux bons soins de Pierre Guillaume »]
Complément du 15 mai 2006
Je ne pensais pas avoir écrit à Roger Garaudy d’autre lettre que celle du 2 décembre 1982. Or je découvre à l’instant que je lui ai également adressé une lettre le mardi 18 janvier 1983. La première lettre était accompagnée d’un document en anglais et la seconde, d’une étude de 16 pages en yiddish.
Je vous souhaite bonne lecture du Bulletin célinien, auquel vous venez de vous abonner pour la raison qu’on sait. Pour ma part, je viens d’en refuser toute réception parce qu’on y montre trop de complaisance à l’endroit du sabir requis pour faire sérieux. Je lis le français et quelques langues étrangères mais je répugne au sabir car il est MALHONNÊTE et dissimule À TOUT COUP, SANS EXCEPTION, l’indigence de la pensée. Nos bas-bleus et nos talons rouges l’ignorent ainsi que nos jeunes directeurs de conscience qui sont destinés à finir au CNRS littéreux, à l’EHSS [École des hautes études en sciences sociales], dans les cabinets ministériels ou dans tel fromage holocaustique ou para-holocaustique.
Pardonnez-moi ces facéties mais vous me faites rire…
RF