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En France aussi la répression du révisionnisme s’aggrave

Pour avoir envoyé, en avril-juin 2004, à un tout petit nombre de personnes de la région de Limoges un écrit révisionniste dont il était l’auteur, Georges Theil, 65 ans, ingénieur retraité d’une compagnie de télécommunications, s’était déjà vu condamner par la cour d’appel de Limoges, le 3 mars 2006, à une peine de six mois de prison ferme, à une amende de 30 000 euros et au versement de 9 300 euros de dommages-intérêts, sans compter d’autres peines encore.

Le 17 mai 2006, pour avoir fait, à Lyon, le 14 octobre 2004, devant la caméra d’un journaliste une brève déclaration révisionniste, le même G. Theil vient d’être condamné par la cour d’appel de Lyon à une nouvelle peine de six mois de prison ferme, à une amende de 10 000 euros, au versement de 40 500 euros de dommages-intérêts et à une publication judiciaire dans deux journaux (coût probable: 8 000 euros).

Dans le premier cas, le condamné s’est pourvu en cassation. Dans le second cas, il va se pourvoir en cassation. S’il échoue, il devra, en principe, aller en prison. Dans le premier cas, il a déjà versé 39 300 euros, et même un peu plus. Dans le second cas, il va devoir verser 50 500 euros sans compter le prix des publications judiciaires. Des organisations ont réagi avec la vitesse de l’éclair : par des fax envoyés à l’avocat de G. Theil dès le lendemain matin de la condamnation, elles ont réclamé leur livre de chair.

À ces sanctions financières, il convient d’ajouter, pour les six instances (première instance, appel, cassation), les frais d’avocat et d’autres frais au montant substantiel.[1]  

Quant aux médias français, ou bien ils passent ces condamnations sous silence ou bien ils s’en félicitent.

Le 15 janvier 2006, G. Theil avait lancé un appel en direction des 45 intellectuels français qui, de manière ostentatoire, réclamaient, au nom de la liberté de recherche historique et de la liberté d’expression, l’abrogation des lois entravant ces libertés. Seuls deux intellectuels lui ont répondu : l’un, Edgar Morin, qui est juif, lui a dit qu’il ne pouvait l’aider en rien parce qu’il avait été lui-même condamné pour « diffamation raciale » (il avait, au gré de la cour d’appel de Paris, trop critiqué la politique israélienne !) ; l’autre, le professeur René Rémond, un catholique doublé d’un shabbat-goy, lui a exprimé vertement son refus de lui venir en aide.[2]  [3]  [4]  [5]

18 mai 2006

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[1] Si on y ajoute une condamnation antérieure aux deux condamnations susmentionnées, on peut évaluer à 130 000 euros le montant total de ses peines financières et de ses frais. Son adresse : BP 50-38, 38037 Grenoble Cedex 2.
[2] Edgar Morin a répondu, le 2 février 2006 :

  Cher Monsieur,
Ayant été moi-même condamné en appel pour soi-disant “diffamation raciale”, je ne peux intervenir dans votre cas.
Avec mes regrets, Edgar Morin

[E-mail envoyé par Catherine Loridant, son assistante à L’École des hautes études en sciences sociales. Le 4 juin 2002, dans Le Monde, E. Morin avait signé un article intitulé : “Israël-Palestine : le cancer”. Avaient déposé plainte pour diffamation raciale la Ligue des droits de l’homme, la section toulonnaise de cette même ligue, “France-Israël”, “Avocats sans frontières”. À Paris, en première instance, les plaignants avaient été déboutés. À Versailles, en appel, la cour avait jugé que la critique de l’État d’Israël par E. Morin équivalait bel et bien au délit de diffamation raciale.]

Le même jour, R. Rémond avait répondu :

Monsieur,
Vous avez transmis à certains membres de l’association “Liberté pour l’histoire”, que je préside, le jugement du 3 janvier 2006 par lequel le tribunal correctionnel de Lyon vous a condamné à 6 mois de prison.
À la lecture de ce jugement, je constate que vous n’êtes pas historien et que vous ne prétendez pas d’ailleurs avoir effectué quelque recherche historique que ce soit. Vous vous êtes exprimé dans un lieu public et en tant que Conseiller régional membre d’un parti politique [le Front national]. C’est dans le but de soutenir l’un des chefs de ce parti [Bruno Gollnisch] que vous avez, comme le relève le tribunal, nié de manière catégorique la réalité de fait clairement établie [sic]. Je note, en outre, que vous avez été déjà condamné, en 2001 et 2005, par deux autres tribunaux pour des propos similaires.
L’objet de notre Association, “faire mieux connaître la dimension scientifique du travail de l’historien”, est opposé en tout à la démarche et au comportement qui sont les vôtres. René Rémond

[Pas de formule de politesse. Enveloppe à en-tête et affranchie aux frais de l’Institut des sciences politiques de Paris].

R. Rémond vient de publier un petit ouvrage : Quand l’État se mêle de l’Histoire, Entretiens avec François Azouvi, Stock, 111 p. Il s’y prononce clairement et avec insistance pour la répression légale du révisionnisme, qu’il appelle “négationnisme”. Il écrit : “Le négationnisme m’a toujours laissé perplexe sur ses motivations, ses quelques porte-parole me paraissant relever de la pathologie : les rares contacts personnels avec Robert Faurisson m’ont donné le sentiment d’avoir affaire à un illuminé en proie à une obsession” (p. 14).
Je compte publier en juin une recension de cet ouvrage. En attendant, on pourra se reporter à ce que j’ai dit dans mes Écrits révisionnistes (1974-1998) soit de l’absence de toute mention des “chambres à gaz nazies” dans les travaux que R. Rémond a consacrés à la deuxième guerre mondiale, soit de mes trois rencontres avec lui, notamment dans son bureau de l’Institut des sciences politiques, Rue Saint-Guillaume, à Paris.
En 1992, R. Rémond a publié, à l’instigation du cardinal Albert Decourtray, ami affiché des juifs, Paul Touvier et l’Église (Fayard). C’est de cette époque que date sa vocation de shabbat-goy, rôle dont avait fini par se fatiguer son collègue Emmanuel Le Roy Ladurie.
[3] Mon propre procès aura lieu le mardi 11 juillet à la XVIIe chambre du tribunal correctionnel de Paris (2-4, Boulevard du Palais, Métro : Cité), à 13h30. Je suis accusé d’avoir accordé une interview de nature révisionniste à la station de radio-télévision iranienne Sahar, sur appel téléphonique d’un journaliste de Téhéran. Les émissions de la chaîne satellitaire Sahar étant captées en France, notre Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), dirigé par Dominique Baudis, a porté plainte auprès du procureur de Paris.
[4] On notera que la répression de la liberté d’expression en France (comme en Allemagne et en Autriche) inquiète les Italiens. Ainsi, le 8 février 2006, le député italien Serena (depuis réélu) a interpellé le ministre italien de la justice en séance de la Chambre des députés (séance n° 747) à propos de la condamnation de première instance à Limoges de Georges Theil. Après avoir présenté l’affaire de G. Theil, le député a demandé « si le ministre de la justice, qui s’est déjà battu contre l’introduction en Europe de lois et normes contraires à la liberté d’expression, n’entend pas protester auprès des instances européennes contre les condamnations prononcées en France, en Autriche et en Allemagne contre des historiens et chercheurs non alignés sur l’historiographie officielle ».