Un échange avec Noam Chomsky sur l’exterminationnisme et le sionisme
RF, le 18 août
Cher Monsieur,
Je me propose de vous envoyer, par ailleurs, trois articles qui vous intéresseront peut-être.
Il me semble que, depuis la fin des années 1970, la position exterminationniste aussi bien que la position sioniste sont devenues de plus en plus insoutenables sinon, bien sûr, par l’artifice et la violence.
Puis-je vous demander ce que vous en pensez de votre côté?
Bien à vous.
NC, le 19 août
Thanks for sending. [Merci pour l’envoi.]
It’s true that the Zionist position has become less defensible, but I never thought that the «exterminationist» position was in doubt. [Il est vrai que la position sioniste est devenue moins défendable, mais je n’ai jamais pensé que la position «exterminationniste» était en doute.]
RF, le 19 août
Merci de m’avoir répondu.
Je dis bien, pour ma part, qu’« il me semble que, depuis la fin des années 1970, la position exterminationniste est devenue de plus en plus insoutenable ». Je me permets de vous envoyer en attachement mon texte sur «Les victoires du révisionnisme». Vous y constaterez que les ténors de la thèse exterminationniste, tout en osant maintenir la véracité de leur thèse, ont manifesté des difficultés croissantes à la soutenir par des arguments logiques. Le retournement de Hilberg a été frappant: là où, en 1961, il soutenait que Hitler avait émis deux ordres de détruire les juifs, il a, dans les années 1980, donné acte à Faurisson et à d’autres de la qualité de certaines de leurs «questions», puis il a sérieusement révisé sa propre position: il n’a plus parlé d’ordres mais … de transmission de pensée spontanée au sein de la vaste bureaucratie allemande! Hilberg n’apporte, bien sûr, aucune preuve à l’appui d’une thèse aussi fumeuse. Nous ne sommes décidément plus, là, dans le domaine scientifique. Là où Michel de Boüard soutenait que les révisionnistes étaient des êtres méprisables, il a fini, en 1986, par faire amende honorable, par qualifier le dossier exterminationniste de « pourri » et par rendre hommage aux « études critiques très serrées » des révisionnistes. Là où l’on soutenait que les sources pour l’étude des chambres à gaz étaient nombreuses et solides, Arno Mayer, en 1988, a fini par écrire que celles-ci étaient « à la fois rares et douteuses ».
Là où Klarsfeld et Pressac soutenaient qu’il existait tant de preuves, Pressac a fini par juger que le dossier tout entier de la thèse exterminationniste était « pourri » et tout juste bon pour les «poubelles de l’histoire». Je pourrais multiplier les exemples. Dans le milieu scientifique ou prétendu tel la gêne est patente. C’est pour cette raison que la répression du révisionnisme s’aggrave. «Quand on a l’argument, l’on n’a pas besoin du bâton. Si l’on use du bâton, c’est qu’on n’a pas l’argument.» C’est aussi pour cette raison que se déploie sous des formes aberrantes et dans des proportions commerciales et religieuses sans précédent une propagande assourdissante en faveur d’une thèse qui, au fil des années, est devenue de plus en plus insoutenable. Vous avez, je pense, noté ma discrétion à votre égard. Si je me suis décidé à rompre un silence de près de trente ans et si je vous ai enfin écrit hier, c’est parce que j’ai pensé que, face à une telle déroute de la raison dans la recherche historique, il me fallait avoir sur le sujet l’opinion d’un homme de votre calibre.
Je vous remercie de votre attention. Bien à vous.
NC, le 20 août
To repeat, I do not think there is serious doubt about the basic character of the Nazi Judeocide, though unlike French mimics of Zhdanov and Goebbels, I strongly oppose granting the state the right to determine Historical Truth and to punish deviation from its pronouncements. [Pour me répéter, je ne pense pas qu’il y ait de doute sérieux sur le caractère fondamental du judéocide nazi, bien que, à la différence des imitateurs français de Jdanov et Goebbels, je m’oppose fortement à ce qu’on accorde à l’État le droit de déterminer la Vérité historique et de punir qui s’écarte de ses décrets.]
RF, le 20 août
Pour me répéter, moi aussi, je pense que les grands prêtres de l’exterminationnisme ou du «Judéocide» ressemblent aux prêtres catholiques qui persistent, bien entendu, à débiter les articles de leur FOI mais qui, de facto, ne font plus appel à la RAISON.
Il y a encore cinquante ans, les prêtres apprenaient à leurs fidèles que l’existence de Dieu était affaire de RAISON et de FOI et, par exemple, au catéchisme, les enfants apprenaient les quatre PREUVES de l’existence de Dieu, la première de ces preuves étant l’ordre du monde (« Il ne peut y avoir d’horloge sans un grand horloger »). Aujourd’hui, les prêtres catholiques posent en principe que Dieu existe et ils ne font plus appel à la RAISON et aux PREUVES. Pourquoi sinon parce que leurs preuves ne les convainquent plus eux-mêmes?
Aujourd’hui, les grands prêtres de l’exterminationnisme ou du « Judéocide » ne se donnent plus la peine de recourir aux PREUVES. Ils récitent leur catéchisme de base mais ils n’apportent plus une seule PREUVE de l’existence d’un ordre d’exterminer les juifs, une seule PREUVE de l’existence d’un plan d’extermination, une seule PREUVE de l’existence d’une instruction, d’un contrôle, d’un budget et ils sont incapables de nous montrer à quoi pouvait ressembler et comment pouvait fonctionner l’arme du crime par excellence.
Quand on leur demande : « Montrez-nous ou dessinez-nous une chambre à gaz homicide d’Auschwitz », ils n’essaient plus de répondre. Quand on leur dit : «Donnez-nous le nom d’une seule personne qui ait été tuée dans une chambre à gaz d’Auschwitz », ils ne répondent plus. Or rappelez-vous qu’autrefois on nous montrait, on nous dessinait, on nous donnait des noms (celui de Simone Jacob, par exemple, qui allait se révéler être Simone Veil). Pourquoi ce changement profond sinon parce que « there is a serious doubt about the basic character of the Nazi Judeocide », c’est-à-dire un doute à propos d’une volonté d’extermination physique des juifs, à propos de la magique chambre à gaz et à propos des six ou autres millions de victimes? À la base (votre «basic») du mystère du « Judéocide », il y a cette sainte trinité-là.
Pouvez-vous m’expliquer cela? Pouvez-vous m’apporter ce que vous, vous appelleriez une PREUVE? Pouvez-vous me dire pourquoi il y a eu tant de MENSONGES patents chez mes adversaires, tant de manipulations de textes, de faits et de chiffres tandis que, chez votre serviteur par exemple, on n’a pu trouver trace sur le problème essentiel des chambres à gaz 1) ni de légèreté, 2) ni de négligence, 3) ni d’ignorance délibérée, 4) ni de mensonge ?
Vous dites que vous vous opposez résolument à ce que l’État se voie accorder le droit de déterminer la Vérité historique et punisse les déviations. Soit ; comment se fait-il que l’État se soit vu accorder ces droits ? Ce n’est pas par un caprice de l’histoire. C’est par une sorte de nécessité vitale que, même dans des pays qui ne possèdent pas de loi spécifique contre les révisionnistes, l’État réprime de fait le révisionnisme ; voyez le cas, ignoble, des États-Unis et du Canada dans les affaires Ernst Zündel ou Germar Rudolf. En France, qui a mené avec succès une campagne acharnée pour obtenir de l’État qu’il exerce ces droits exorbitants sinon, à partir de 1986, le Grand Rabbin René-Samuel Sirat, Pierre Vidal-Naquet, Georges Wellers et Laurent Fabius? Ces gens-là sont partis d’un mauvais pas: ils ont posé, menace à l’appui, que deux et deux font six (ou six millions ?) et, par conséquent, le mensonge ne pouvant se soutenir que par encore plus de mensonges, ils se sont enfoncés dans un abîme de mensonges. Pour ma part, je n’ai pas eu besoin de mentir.
Qu’en pensez-vous? Bien à vous.
NC, le 21 août
I understand your position, but do not agree. [Je comprends votre position mais je ne suis pas d’accord.]
FIN