Un défi à David Irving
En septembre 1983, lors de notre cinquième congrès révisionniste, j’ai eu le plaisir de faire la connaissance de D. Irving. Malheureusement la rencontre a été trop brève. Nous avons eu une courte conversation privée, puis j’ai écouté sa conférence. À l’issue de la conférence, quelques uns d’entre nous ont pu lui poser des questions ou lui faire part de remarques. Là encore le temps a été trop mesuré pour qu’à mon tour je lui pose des questions ou lui fasse des remarques. Le lendemain, avant de commencer ma propre conférence, j’ai dit à mon auditoire, en quelques mots, quelles auraient été mes questions à David Irving et mes remarques. Je vais les développer ici. On ne s’étonnera pas qu’elles portent sur ce qu’on appelle le problème du génocide et celui des chambres à gaz.
Les « quelque soixante-dix hommes » de Karl Wolff
Dans ma brève conversation, j’ai demandé à D. Irving quels étaient ces « quelque soixante-dix hommes » qui, à son avis, savaient l’existence des camps d’extermination. Je lui ai rappelé le passage suivant de son Hitler’s War, publié en 1977 :
By August 1942 the massacre machinery was gathering momentum – of such refinement and devilish ingenuity that from Himmler down to the ex-lawyers who ran the extermination camps perhaps only seventy men were aware of the truth[1].
D. Irving me dit que c’était le général Karl Wolff, ancien SS-Obergruppenführer, qui avait mentionné ce chiffre d’environ soixante-dix hommes. Il l’avait fait dans une étude qui se trouverait aujourd’hui à l’Institut für Zeitgeschichte de Munich. J’ai alors demandé à D. Irving s’il n’y avait pas là quelque chose d’étrange. En effet, Karl Wolff (chef d’état-major de Himmler et officier de liaison auprès de Hitler) n’avait pendant toute la durée de la guerre jamais eu la révélation d’un quelconque programme d’extermination. C’est seulement en avril 1945 qu’il en avait entendu parler en Suisse, à la radio, au moment des pourparlers en vue de la reddition des troupes allemandes se trouvant en Italie. D. Irving se déclara d’accord avec moi sur ce point. Et notre conversation fut alors interrompue. Les questions que j’aurais eu à lui poser sont les suivantes :
1) Karl Wolff a porté une très grave accusation contre soixante-dix personnes. Quelles sont, une à une, ces soixante-dix personnes ? Karl Wolff a-t-il entrepris une enquête à propos de chaque cas ? Quand et comment ? Possède-t-il des preuves précises à l’appui de ses accusations ? Pouvons-nous contrôler ces preuves ?
2) D. Irving a-t-il examiné ces preuves et les trouve-t-il convaincantes ? Pourquoi l’Institut de Munich ne les a-t-il pas publiées ? K. Wolff, D. Irving et Martin Broszat sont-ils aujourd’hui prêts à publier ce dossier qui a dû être rédigé avant 1977 (date de la publication de Hitler’s War) ?
3) Pour comprendre les mots « with such refinement and devilish ingenuity » («avec un tel raffinement et une ingéniosité si diabolique»), j’ai besoin de précisions concrètes de toutes sortes. Je désire savoir en quoi consistaient d’abord ce refinement (raffinement), puis cette ingenuity (ingéniosité) qui n’était pas ingénue mais devilish (diabolique). Derrière ces mots il y a obligatoirement des réalités matérielles que je veux connaître. De quelle nature étaient ces réalités ? De quelles dimensions ? Localisées où ? Fonctionnant comment ? Qui les a conçues ? Qui en a tracé les plans ? Qui les a fait exécuter ? Avec quelle main-d’œuvre et quels matériaux ? Avec quel budget surtout ? Comment est-on parvenu à cacher la création et le fonctionnement d’une telle machinerie pendant trois ou quatre ans à Hitler et à l’univers entier ? Comment l’ensemble des organismes militaires, policiers, économiques, aurait-il pu ne pas voir que des millions de gens disparaissaient ainsi dans d’horribles abattoirs dont le fonctionnement devait exiger de considérables moyens en matières premières (difficiles à se procurer en temps de guerre totale) et une main-d’œuvre non moins considérable (à une époque où le manque de main-d’œuvre posait précisément à l’Allemagne des problèmes si angoissants) ?
Quelque soixante-dix surhommes
Pour reprendre une comparaison de D. Irving, je veux bien croire que Menahem Begin a pu ignorer, sur le moment, le massacre de Sabra et Chatila. Pendant quelques heures, quelques centaines de civils ont été massacrés. Je ne sais pas à quelle heure Begin a eu connaissance de ces massacres, mais je sais que, comme la terre entière, il l’a très vite appris. Cependant, si au lieu de quelques centaines d’hommes, de femmes et d’enfants massacrés en quelques heures, nous avions eu affaire au massacre de quelques millions d’hommes, de femmes et d’enfants pendant trois ou quatre ans au cœur de l’Europe, par quel miracle aurait-on pu dissimuler cette énormité à Hitler, à Staline, à Churchill, à Roosevelt ainsi qu’à l’Allemagne et à l’Europe entière sauf à « peut-être soixante-dix hommes » ? Ces « peut-être soixante-dix hommes » étaient des surhommes. Pour moi qui ai tant étudié ce sujet, je constate, de plus, que ces surhommes, non contents de mener clandestinement un si fantastique massacre, seraient parvenus à effacer toutes les traces de leur forfait. Car nous n’avons, par exemple, aucune preuve de l’existence d’une seule chambre à gaz homicide qui ait pu être fabriquée et utilisée par les Allemands. Il existe, en revanche, une surabondance de prétendues preuves qui, si on leur applique les méthodes de routine de l’enquête historique, se révèlent être fausses. Nous avons des milliers de preuves solides de l’existence dans certains camps allemands d’installations de douche, d’installations de désinfection, d’installations pour conserver les cadavres dans des chambres froides avant de les brûler dans des fours crématoires ; nous savons quand, où, par qui, selon quels plans et avec combien d’argent tout cela a été fait, mais, sur les gigantesques chambres à gaz homicides, nous ne possédons rien. C’est de la magie.
D. Irving a seulement « quelques sentiments » sur
l’histoire de l’extermination
J’en viens maintenant à la conférence de D. Irving.[2]
L’impression de magie persiste là encore. D. Irving a l’honnêteté de nous prévenir qu’en fait il n’a pas étudié cet aspect particulier de l’histoire de la seconde guerre mondiale que constitue ce que certains appelle l’« Holocauste ».
Il répète avec insistance qu’il n’a surtout là-dessus que des feelings (sentiments). Il dit que, dans son esprit, il s’est forgé une certaine représentation de ce qui s’est probablement passé. Pas un instant il n’attaque les auteurs révisionnistes. Il n’agit pas comme ces gens qui prononcent des condamnations d’autant plus fermes du révisionnisme qu’ils n’ont même pas étudié la question.
Cependant, même un D. Irving cède à la tentation, parfois, de tenir des propos que, de son propre aveu, il ne devrait pas tenir puisque, n’est-ce pas, il n’a pas étudié la question. D’ailleurs, les erreurs qu’il commet çà et là prouvent par elles-mêmes que nous devons le croire quand il confesse qu’il est un profane en la matière.
À la page 274, D. Irving emploie les mots suivants :
[….] my suggestion that, if there was any kind of liquidation program going on, then Hitler did not know about it.[3]
Pour ma part, je laisse de côté la question de Hitler lui-même et j’essaie seulement de savoir si, pour notre historien, il y a eu un programme de liquidation physique des juifs, ou non. Les mots que je viens de citer me font voir un historien qui ne répond à ma question ni par oui ni par non ; mais, de ce seul fait, il adopte à mon avis une position courageuse, qui incite ses lecteurs à la réflexion, car il n’est pas ici de ceux qui posent l’extermination comme un fait établi. Il en parle au mode conditionnel. Ce scepticisme ou ce refus de se prononcer se rencontrent ailleurs sur le même sujet dans la même conférence. Voici quelques citations dont je souligne intentionnellement certains mots :
Hitler was completely in the dark about anything that may have been going on.[4]
… whatever happened at the other end (of this transport movement) if anything happened at the other end.[5]
… what crimes may or may not have been going on.[6]
À maintes reprises, D. Irving, au lieu de parler d’une certitude comme celle qu’on peut tirer d’une enquête, préfère parler d’un sentiment (feeling) ou de sentiments (feelings) qu’on peut simplement avoir à l’esprit (mind) :
I would say I am satisfied in my own mind […]. I am quite plain about that in my own mind […]. I’ve got the kind of gut feeling which suggests to me that that is probably accurate.[7]
… my own feelings.[8]
Now, this fits with the image that I have built in my own mind that […].[9]
Je vais maintenant reproduire tout un passage où D. Irving tente de préciser sa position. J’en souligne les mots qui me paraissent dignes d’intérêt, soit parce qu’ils montrent franchement les incertitudes de l’auteur, soit parce qu’ils appellent des précisions qu’on ne voit pas venir ; d’où l’impression générale que D. Irving porte des accusations graves dont il n’est peut-être pas bien sûr lui-même, du moins à ce moment-là.
Il dit en effet :
I would say I am satisfied in my own mind that in various locations, Nazi criminals acting probably without direct orders from above, did carry out liquidation of groups of people including Jews, gypsies, homosexuals, mentally incurable people and the rest. I am quite plain about that in my own mind. I can’t prove it, I haven’t got into that, I haven’t investigated that particular aspect of history but from the documents I have seen, I’ve got the kind of gut feeling which suggests to me that that is probably accurate.[10]
Nous aimerions savoir combien, pour D. Irving il y eut d’emplacements et en quels points géographiques ; combien il y a eu de « criminels nazis » et quelles ont été les responsabilités particulières de chacun ; si ces derniers ont agi « probablement sans ordres directs venant d’en-haut », est-ce à dire qu’ils ont peut-être agi avec des ordres indirects ou peut-être aussi sans ordres du tout ? Que signifie « d’en-haut » ? À quel degré de la hiérarchie D. Irving pense-t-il ici, s’il ne vise pas seulement Adolf Hitler ? Quels étaient les procédés de liquidation physique utilisés ? De quelles dimensions étaient ces groupes de victimes ?
Si, d’une part, D. Irving a l’honnêteté – rare parmi les historiens – de nous dire « je ne puis le prouver, je ne l’ai pas étudié, je n’ai pas examiné cet aspect particulier de l’histoire », la déduction que je peux me permettre est la suivante : D. Irving a étudié des documents qui ne lui permettent pas de prouver qu’il y a eu de telles exterminations et peut-être cela est-il dû précisément au fait qu’il a étudié des documents qui ne sont pas ceux qu’il aurait étudiés si ses recherches avaient porté sur les exterminations. En ce cas, s’il n’a pas porté ses recherches de ce côté-là, il ne peut pas en dire grand-chose. Il peut seulement exprimer des « sentiments ». Quand il déclare à ses auditeurs du cinquième congrès révisionniste, à Los Angeles, en 1983:
I am sure you realise that I take a slightly different line from several people here[11] […]
il ne peut qu’avoir raison, vu que les chercheurs révisionnistes ont mené leur enquête sur un terrain spécifique qui n’était pas celui de D. Irving. En bonne logique, s’il était invité à un congrès de croyance exterminationniste (c’est-à-dire de personnes qui soutiennent la version orthodoxe de l’« Holocauste »), D. Irving serait tenu à la même prudence ; cette prudence est celle du scientifique qui sait qu’on ne peut parler que de ce qu’on croit avoir étudié.
À la p. 277, il prend le risque de donner quelques précisions sur l’histoire, selon lui, de l’extermination. Il est remarquable que sa phrase d’introduction commence ainsi :
I can summarise my own feelings, having read all the documentation, quite simply by saying that.[12] […]
Ici le mot de « documentation » est à prendre au sens de « documentation non spécifique» ou de « documentation ne portant pas spécifiquement sur l’histoire de l’extermination ». Comme la documentation qu’il a étudiée ne lui a pas permis d’aboutir à des preuves (« I can’t prove »), il est normal encore une fois qu’il utilise à nouveau le mot de feelings (sentiments).
Trop de métaphysique, pas assez de matérialisme
C’est dans les pages 277-278 que D. Irving propose son histoire de l’extermination. Voici des extraits de ces pages ; j’ai retiré ce qui me semblait être de l’ordre du commentaire ou de la digression et je souligne intentionnellement certains mots :
[…] whatever happened gained its own momentum deriving from atrocities which the Nazis did commit, for example, the euthanasia programme […], the killing of the mentally incurable, who occupied the hospital beds that wartime Germany needed, this was an operation that was carried out on Hitler’s written instructions. And this generated a certain amount of expertise in killing. – And there is no question in my mind that some of the personnel who were operating in that programme, the T-4 operation, the « Tiergartenstrasse » – the office from which it was conducted, were then automatically injected into the killing operations that a number of local police officials in my view on the Eastern Front in Germany, carried out against Jews and other people who just got in their way[13].
Ce que dit ici D. Irving est conforme au récit des exterminationnistes. À un bout de la chaîne on a le programme d’euthanasie et, à l’autre bout de cette chaîne, on a un programme d’extermination des juifs et d’un peu toutes les catégories de victimes possibles. On veut nous démontrer qu’il y a là une sorte d’évolution logique. C’est difficile à croire. Pour commencer, un programme d’euthanasie est-il une atrocité ou encore un crime ? Je ne crois pas qu’on puisse l’affirmer. Je constate qu’aujourd’hui des gens militent pour l’euthanasie comme d’autres militent pour l’avortement libre. Ce programme d’euthanasie a été daté du jour même (1er septembre 1939) où l’on peut dire qu’éclatait un terrible conflit qui allait provoquer d’abominables blessures physiques. C’est peut-être donc aussi en songeant au spectacle horrible de certains grands mutilés de la première guerre mondiale que Hitler et les siens ont voulu instituer la possibilité de mettre fin chez ces mutilés à des souffrances intolérables ou à des maux incurables. En tout cas, l’affaire était assez grave pour que Hitler signe en personne un tel ordre. Et le secret n’en a, bien sûr, pas pu être gardé. Les Églises ont protesté et le programme a été abandonné sous leur pression et celle de l’opinion publique allemande.
C’est assez dire que, lorsqu’il y avait une décision de ce genre à prendre, Hitler n’en laissait pas la responsabilité à d’autres mais la prenait lui-même. Il signait un document qui servait ensuite de référence à une foule d’ordres et de mesures à prendre en conséquence. J’ajoute que, lorsque la décision était prise, à la suite d’une procédure exigeante, de donner la mort à un incurable, cela se faisait par piqûre (par exemple, de scopolamine). Pour se convaincre qu’il n’y a jamais eu de chambre à gaz homicide dans les hôpitaux allemands, il suffit de se reporter aux «témoignages» (sic) de ceux qui prétendent qu’il y avait de telles chambres à gaz. Les récits, uniformément ineptes, peuvent être lus, par exemple, dans le récent ouvrage de Kogon, Langbein, Rückerl et Cie.[14] Imagine-t-on, d’ailleurs, des grabataires, des moribonds, des gens sans bras ou sans jambes se rassemblant docilement à l’entrée d’une pièce où ils auraient été ensuite abandonnés avec « une serviette chacun et un bout de savon » ?[15] ; la pièce aurait été camouflée en douches, pour les aveugles sans doute.
Je ne vois pas comment le fait d’administrer une piqûre à de telles personnes aurait pu « entraîner une certaine somme d’expertise dans la mise à mort ». Je ne vois pas comment l’existence d’un ordre de Hitler dans le cas de l’euthanasie expliquerait l’absence d’un ordre du même Hitler dans le cas d’une gigantesque entreprise d’assassinats collectifs. Je ne vois pas comment Hitler, reculant devant les conséquences de son geste auprès des Églises et de l’opinion publique allemande, aurait pu se lancer dans une entreprise follement criminelle et propre à lui aliéner toutes les Églises et tous les peuples de la terre. Et, dans le cas de la thèse de D. Irving (l’immense crime a été perpétré sans que Hitler en sût rien), je comprends encore moins comment il aurait pu se trouver des Allemands pour se croire mille fois, dix mille fois plus forts que leur Führer pour accomplir la prouesse suivante : servir le Führer à l’insu de ce dernier et de sa police, à l’insu de toutes les opinions publiques, à commencer par celle de ces civils en armes qu’on appelle les militaires, à l’insu de leurs supérieurs hiérarchiques dans leur ensemble, pour se lancer dans la plus démente des entreprises humaines qu’on ait jamais pu imaginer ; là où Hitler avait renoncé, eux, ils triompheraient sur tous les plans ! D. Irving a-t-il fait une enquête pour dire que « certains membres du personnel [de l’action euthanasie] furent ensuite automatiquement injectés dans les actions de mise à mort […] sur le front de l’Est en Allemagne » ? Que veut dire « automatiquement injectés » ? Y a-t-il une preuve, un document de service montrant cette « injection automatique » ? Que veut dire « certains membres » : s’agit-il d’un nombre significatif ? Quels mots portaient les ordres de mission de ces gens-là ? En quel endroit exact chacun d’entre ces gens est-il allé sur ce front de l’Est où allaient, d’ailleurs, à peu près tous les Allemands en âge de servir l’armée ou l’administration allemandes ? Comment la compétence dans le maniement de la seringue donnerait-il la compétence dans le maniement des gaz homicides : un maniement que redoutent aux États-Unis même les spécialistes qui disposent, pour tuer un seul condamné à la fois, d’installations spéciales très élaborées ? D. Irving ferait-il allusion au Kriminaloberkommissar Christian Wirth et aux ahurissantes confessions de Kurt Gerstein? Il est trop sagace, je pense, pour accorder foi, ne fût-ce qu’une minute, au contenu de pareilles confessions.
À la page 278, D. Irving tente de nous expliquer la fin de sa phrase : « […] contre les juifs et d’autres gens qui simplement les gênaient ». Il doit sentir que ce morceau est l’un des plus difficiles à faire passer. Nous étions déjà dans le vague de l’immanence avec des phrases comme: « […] ce qui arriva, – quoi que fût ce qui arriva – prit toute son extension » ou « ceci entraîna une certaine somme de […] » ou « automatiquement injectés ».[16]
Dans ces phrases, il me semble voir le dieu de Spinoza en action. En effet, l’extermination est présente comme un phénomène qui doit résulter du cours naturel des événements et se manifester un jour ou l’autre ! Ici, la rencontre des juifs et des autres avec leurs propres bourreaux et avec leur mort atroce semble de caractère immanent. Soit dit en passant – cela ne concerne pas D. Irving – je suis frappé par la place qu’occupent dans la thèse exterminationniste des choses comme la métaphysique, le goût de l’immatériel, le caractère abstrait des représentation, le récit mythique stéréotypé, et une sainte horreur des sciences exactes.
Les juifs envoyés à l’Est
D. Irving dit que Berlin envoyait les juifs à l’Est sans trop se préoccuper de leur sort. Ainsi les Allemands qui les recevaient en surnombre ne savaient-ils que faire de tant de juifs. Ainsi a-t-il dû germer dans l’esprit de certains Allemands l’idée de procéder à une liquidation de ces juifs sur une grande échelle. À l’appui de cette thèse, D. Irving cite une lettre écrite à Adolf Eichmann dès le 16 juillet 1941. L’auteur de la lettre dit qu’à Posen (Poznan en polonais) les autorités allemandes se plaignent de cet afflux de juifs et se demandent comment les nourrir tous. La lettre comporterait en particulier les phrases suivantes :
We seriously ought to consider whether it is not, whether it would not be the most humane solution, to finish off the Jews, insofar as we can’t make use of them as labour, by some kind of fast working method, means which implies some kind of chemical. In any case, it would be far more pleasant than to allow them just to starve to death.[17]
Personnellement, je ne peux pas porter de jugement sur cette lettre aussi longtemps que je ne l’ai pas relue en allemand. Je dis « relue » parce qu’il me semble bien l’avoir lue quelque part. Supposons que cette lettre est authentique et qu’elle est correctement traduite (le membre de phrase « un moyen impliquant un produit chimique quelconque » n’aurait-il pas été intercalé dans la paraphrase ?). Je ne vois dans ces phrases que la réaction d’un homme débordé par un grave problème qui était déjà celui de la Pologne avant 1939 et qui allait devenir le problème de toute une Europe en guerre qui souffrait d’un blocus progressif. Cet homme et ceux qui sont avec lui pestent contre Berlin. Pour eux, Berlin envoie ces juifs sans se soucier des difficultés de santé, d’hébergement et de ravitaillement que cela va causer pour tout le monde, à commencer par ces juifs eux-mêmes. Il serait plus humain de les tuer, ces juifs, par n’importe quel moyen : par une méthode expéditive ou par un poison chimique quelconque. Si cette réflexion prouve quelque chose, c’est bien précisément qu’un telle méthode n’existait apparemment pas le 16 juillet 1941 à la connaissance de ce correspondant d’Eichmann. Cette méthode a-t-elle existé plus tard ? Eh bien, il faut chercher à le savoir. Ce peut être le point de départ d’une enquête historique ; ce ne saurait être le point d’arrivée ou une conclusion.
D. Irving rapproche cette lettre de la transcription littérale d’une conférence de presse tenue à la fin de 1941 par Hans Frank, gouverneur de Pologne où l’un des chefs de la police locale se plaint de Berlin dans les mêmes termes :
They are sending trainloads of people to us. Does Berlin imagine that we are housing them in neat housing estates along the Baltic somewhere ? We just can’t do that. We’re just bumping them off as and when they arrive.[18]
La bonne foi d’Hans Frank, confronté à la propagande d’atrocités
D. Irving me permettra de lui citer ici un passage des comptes rendus des séances du Tribunal militaire international de Nuremberg à propos de l’accusé Hans Frank. Pour commencer, je lui citerai le document PS–2223. Il s’agit d’extraits du journal de Hans Frank. Ce journal, dans sa version complète, serait de dix mille à douze mille pages. Pour le tribunal de Nuremberg, les extraits ne représentent que deux cent soixante-neuf pages imprimées. On peut faire confiance à ceux qui ont choisi les extraits. Ils on choisi tout ce qui pouvait accabler Frank. Or, dans cette montagne de papiers divers, ils n’ont pas découvert une seule page en faveur de l’extermination et des chambres à gaz. La page numérotée 503 dans le tome XXIX des documents de Nuremberg est la plus violente contre les juifs. Elle contient ces mots :
Wir müssen die Juden vernichten, wo immer wir sie treffen […].[19]
Or, si nous replaçons ces mots dans leur contexte et à l’époque où ils ont été prononcés (Cracovie, 16 décembre 1941), nous nous apercevons qu’ils font partie de ce pathos guerrier qu’on rencontre chez tous les hommes politiques d’un pays en guerre. Dans sa propre conférence, D. Irving a bien montré comment il fallait replacer les mots de Hitler dans leur contexte. Il en va de même pour Hans Frank. Et quand un homme politique se voit remettre sous les yeux telle ou telle parole qu’il a prononcée à tel moment de grande tension nationale ou internationale, il peut en toute justice répondre ce que Frank a répondu à ses accusateurs le 18 avril 1946 :
Il faut considérer mon journal dans son ensemble. Vous ne pouvez pas prendre les quarante-trois volumes, en choisir des phrases séparées, et les interpréter en dehors de leur contexte. Je veux déclarer que je n’ai pas l’intention de jouer sur le sens des mots. Ce fut une période sauvage et orageuse, remplie de passions et lorsqu’un pays est en feu et livre un combat à mort, on peut facilement utiliser de pareilles expressions. – Quelques-unes sont effroyables et je dois dire que j’ai été moi-même bouleversé par certains mots que j’avais pu employer.[20]
La sincérité de Hans Frank ne peut faire de doute, je pense, pour personne. Il a d’abord plaidé « non coupable ». Puis, il s’est mis subitement à croire aux pires inventions de la propagande de guerre alliées sur les chambres à gaz et le reste. Il en a été atterré. Il s’est accusé d’aveuglement. Il a pensé que Hitler l’avait odieusement trompé. Il s’est effondré dans la repentance chrétienne. Pendant la guerre, sur la foi de rumeurs d’atrocités à Belzec, il s’était immédiatement rendu dans ce camp. Il avait rencontré le général Globocnik[21] et il avait simplement vu des juifs du Reich et de France construisant un immense fossé comme clôture de protection ; il avait parlé à quelques-uns d’entre eux et son enquête s’était close là. Au procès, l’avocat Seidl avait fini par lui demander, le 18 avril 1946 :
N’avez-vous jamais participé à l’extermination des juifs ?
Voici la réponse de Hans Frank. Elle est pathétique tant elle prouve la bonne foi de cet homme et le caractère infâme de la propagande qui l’avait conduit à une telle auto-accusation :
Je réponds « oui ». Car, ayant vécu les cinq mois de ce procès, et surtout après avoir entendu la déposition du témoin Höss [trois jours auparavant], il me semble que ma conscience ne m’autorise pas à laisser retomber la responsabilité sur les seules personnes qui n’avaient qu’une influence de second ordre […]. Mille ans passeront sans que soit effacée cette responsabilité de l’Allemagne.[22]
Ainsi Frank avait-il été dupé par le faux témoignage de Rudolf Höss, l’un des anciens commandants d’Auschwitz, qui avait signé sa déposition écrite sans même savoir ce qu’elle contenait, tant il avait été battu par ses gardiens britanniques.[23]
D. Irving n’est pas certain
À la page 280, D. Irving nous rappelle que, jusque dans ses conversations privées, prises en sténographie, Hitler tenait sur les juifs des propos qui prouvent que le Führer ignorait tout d’un programme d’extermination des juifs. Et D. Irving dit que ces propos étaient tenus devant des gens comme Martin Bormann, Reinhard Heydrich ou Heinrich Himmler qui, eux, savaient « certainement » qu’il y avait un tel programme et une telle extermination ! Il dit :
[Hitler] is saying this to the people who are actually doing the dirty deed. Or who certainly know it’s going on.
([Hitler] dit ceci aux gens qui, en fait, sont en train de faire la sale besogne. Ou qui certainement savent qu’il est en train de se faire.)
Je me permets ici une suggestion. Quand D. Irving dit « certainement », c’est qu’il n’est pas certain. Ce genre d’adverbe est souvent employé pour donner du poids à ce que l’on n’est pas certain de pouvoir démontrer. Pour Hans Frank et d’autres condamnés du procès de Nuremberg, Hitler jouait un double jeu. En réalité, ce double jeu n’a jamais existé. Ni les uns, ni les autres ne se cachaient un horrible secret : celui d’un programme d’extermination des juifs. Ce programme n’a tout simplement pas existé.
D’où D. Irving tient-il que les Tsiganes ont été exterminés ?
À la page 282, D. Irving présente la liquidation physique des Tsiganes comme un fait avéré. Je ne vois pas sur quelle preuve il s’appuie. Certes, des Tsiganes ont été placés dans des camps de concentration, mais il y avait encore des troupes de Tsiganes qui donnaient des représentations de cirque jusque dans l’Allemagne de l’apocalypse. Et je n’ai pas l’impression que les Tsiganes soient une race disparue d’Europe continentale, ou qu’ils aient été, à la fin de la guerre, une race en voie d’extinction.
Une erreur au sujet de Majdanek
À la page 718 de son Hitler’s War D. Irving parle de «Majdanek près de Treblinka». En fait, à vol d’oiseau, environ cent quatre-vingts kilomètres séparent Majdanek, qui est dans la banlieue de Lublin, et Treblinka qui se situe à l’est de Varsovie. Je vais mentionner ci-dessous Majdanek comme un des six emplacements où les exterminationnistes persistent à dire qu’il y avait des chambres à gaz homicides, bien que Martin Broszat, de l’Institut für Zeitgeschichte de Munich, ne mentionne pas ce camp dans sa fameuse lettre publiée dans Die Zeit le 19 août 1960 et bien que Gerald Reitlinger ne paraisse pas croire à l’existence de telles chambres à gaz dans ce camp où, écrit-il, « il n’y avait pas d’usine de mort dans le style d’Auschwitz[24]. »
D. Irving pourrait-il trouver ces plans ?
À la page 49, D. Irving fait, en passant, une remarque sur Posen (Poznan). Il dit :
Poznan was the area where several of the major concentration camps which were involved were located.[25]
S’il veut dire « impliqués dans l’extermination », il commet une erreur. L’histoire officielle a progressivement réduit à six le nombre des camps dits d’extermination : il s’agit d’Auschwitz qui est dans l’extrême sud de l’actuelle Pologne, puis de Treblinka, Sobibor, Majdanek et Belzec situés à l’est, vers la frontière russe. Reste Chelmno-sur-Ner, situé environ à cent quatre-vingts kilomètres à l’est de Poznan dans le département de Konin. La légende fait état de la présence à Chelmno de quelques Stationierte Gaswagen, c’est-à-dire de quelques « camions à gaz stationnés là » : des camions immatériels et magiques dont on se garde bien de nous montrer, autrement que par des dessins d’enfant, à quoi ils pouvaient ressembler. Je serais reconnaissant à l’excellent investigateur qu’est D. Irving s’il pouvait me trouver un plan de construction de l’un de ces camions gazeurs et, par la même occasion, un plan de Treblinka, un plan de Sobibor et un plan de Belzec ; je dis bien : un plan et non pas une quelconque « reconstitution par la mémoire » d’un témoin à charge, où, ingénument, pour nous faire croire à l’existence de chambres à gaz homicides dans ces camps, le dessinateur a dessiné un minuscule rectangle baptisé non moins ingénument « emplacement de la (des) chambre(s) à gaz ». Car, le grand public l’ignore, on a monté de toutes pièces des procès contre des Allemands de ces camps en se contentant de représentations imaginaires des lieux du crime. Des «historiens» comme Gitta Sereny-Honeyman et Adalbert Rückerl ont l’aplomb de publier des ouvrages sur ces camps parfois sans nous montrer aucun plan, parfois en nous montrant des plans « reconstitués d’après la mémoire d’un témoin » de l’accusation. Germaine Tillion a fait mieux pour Ravensbrück. Elle donne un plan mais elle s’abstient discrètement de nous mentionner l’emplacement de la chambre à gaz homicide. Ces chambres à gaz sont décidément magiques.
La palme revient au camp de Treblinka. En 1945-1946, au grand procès de Nuremberg, la vérité officielle était que ce camp possédait des steam chambers au nombre de treize. On y exterminait les juifs avec de la vapeur d’eau.[26] À une époque que je ne saurais déterminer, ces chambres à vapeur sont devenues, et elles sont officiellement restées, des chambres à gaz.
Il est temps pour D. Irving de commencer par le commencement
J’en arrive à une phrase de conclusion de la conférence de D. Irving. À la page 279, après avoir cité le correspondant d’Eichmann du 16 juillet 1941 et une réflexion de Hans Frank, il s’adresse aux historiens révisionnistes. D’un mot que je trouve pertinent, il les appelle les historiens « dissidents ». Il dit :
[…] it’s sufficient to make me suspect that there was some kind of major crime going on at the initiative of the local criminals on the spot. This I think is the line that dissident historians should take.[27]
Ma réponse à D. Irving est la suivante :
Vous avez raison d’être soupçonneux. Dans l’investigation historique, le soupçon est le commencement de la sagesse. Mais, ce que vous considérez comme une ligne, en quelque sorte, d’arrivée, une ligne à laquelle il faudrait se tenir pour continuer l’enquête, je le considère comme une ligne de départ. Partez de ce soupçon, si vous le voulez, mais ne vous en tenez pas là. Que ce soupçon soit un stimulant pour l’investigateur que vous êtes. N’hésitez pas à le remettre en cause au besoin. Vous dites vous-même franchement que vous n’avez « pas examiné cet aspect particulier de l’histoire ». Vous dites même que « […] vous ne l’avez pas étudié ». Permettez à quelqu’un qui est entré dans ce sujet il y a de longues années et qui y a mené des investigations d’un caractère aussi matérialiste que possible de vous dire que le moment est venu pour un historien de votre valeur d’entrer dans le sujet et de l’étudier à votre façon à vous.
D. Irving devrait étendre son offre de mille dollars
J’aurais aussi quelques autres choses à dire à D. Irving, par exemple celles-ci :
Je vous félicite des termes vigoureux que vous avez employés contre les persécuteurs de la libre recherche. J’ai dans ce domaine malheureusement une certaine avance sur vous. S’il y a une leçon que je retire de mon expérience du combat contre cette intolérance, c’est qu’il faut être inflexible. Il ne faut jamais craindre de se tenir bien droit face à un pareil ennemi. Il faut le provoquer. Il faut le débusquer. Il faut l’obliger au combat. Vous l’avez habilement provoqué en disant publiquement que vous étiez prêt à offrir telle somme si l’on vous apportait la preuve, par exemple, que Hitler savait quelque chose d’une extermination des juifs. Je vous dis : “Étendez votre offre au-delà de Hitler. Englobez les autres membres la hiérarchie et de l’administration nazie, en allant aussi haut ou aussi bas que vous voudrez : Himmler, Goering, Goebbels, Bormann, Ribbentrop, Rosenberg, Frank, Heydrich, Kaltenbrunner, Heinrich Müller, Oswald Pohl, Eichmann, Richard Glücks et d’autres. Ne craignez rien. Vous ne perdrez pas vos mille dollars.”
R. Hilberg lui-même pourrait indiquer à D. Irving la voie à suivre
Depuis longtemps un Raul Hilberg, ce pape de l’exterminationnisme, le seul pour lequel j’ai une sorte d’estime intellectuelle (car que valent de tristes sires comme Kogon ou Wiesenthal, Rückerl ou Martin Gray, Broszat ou Filip Müller, Wellers ou Poliakov?), est allé beaucoup plus loin que vous.
Son désarroi n’est pas celui d’un minable tricheur pris la main dans le sac. Son désarroi ressemble à celui d’un homme qui aurait accumulé une énorme somme de travail pour découvrir, en fin de compte, qu’il n’avait pas vu ce qu’un enfant est capable de voir : avant de se lancer dans des théories, il faut se soucier d’établir la matérialité des faits. « Que s’est-il concrètement passé ? » Telle est la première question à laquelle l’historien doit s’efforcer de répondre. La vérité n’est pas facile à trouver, soit, mais la vérité des faits, voilà déjà quelque chose de plus délimité, de plus précis, de plus accessible. Et puis, si beaucoup ne savent pas ce qu’est la vérité, du moins beaucoup savent-ils ce qu’est un mensonge. Chercher à débusquer le mensonge, c’est aider à l’apparition de la vérité des faits. R. Hilberg s’est aperçu sur le tard qu’il n’avait pas commencé par le commencement et qu’il avait été trop cérébral et insuffisamment matérialiste. Je vous conseille de lire la longue interview qu’il a accordée à Guy Sitbon, correspondant permanent du Nouvel Observateur aux États-Unis et qui a été publiée dans Le Nouvel Observateur du 3 au 9 juillet 1982. Mais peut-être vous sera-t-il plus aisé de vous reporter à un article de George DeWan paru dans Newsday (Long Island, New York) du 23 février 1983 (p. II, 3) et intitulé « The Holocaust in Perspective ». Voici un échantillon de ce que R. Hilberg a déclaré à propos de ce qu’il appelle « The Destruction of the European Jews » :
But what began in 1941 was a process of destruction not planned in advance, not organised centrally by any agency. There was no blueprint and there was no budget for destructive measures. They were taken step by step, one step at a time. Thus came about not so much a plan being carried out, but an incredible meeting of minds, a consensus-mind reading by a far-flung bureaucracy.[28]
L’un de nos conférenciers, le Dr Robert John, avait assisté à cette conférence donnée par R. Hilberg à Avery Fisher Hall dans le Lincoln Center à New York. Il m’a confirmé que ces propos avaient bien été tenus et qu’il en avait été surpris. Pour ma part, ces propos ne me surprennent pas. R. Hilberg sait bien que, si demain D. Irving étudiait le cas de Himmler, de Heydrich, de Bormann, de Frank, de Globocnik pour descendre jusqu’au cas de l’adjudant-chef Otto Moll, responsable des crématoires de Birkenau, il aboutirait aux mêmes conclusions que pour Hitler. Aussi Hilberg, lié par les nécessités d’une thèse qu’il soutient depuis plus de vingt ans, est-il, en désespoir de cause, obligé de chercher une explication d’ordre magique : la transmission de pensée bureaucratique. Mais D. Irving, lui, est plus libre. Son hypothèse, celle qu’il a exposée au cinquième congrès révisionniste, a des ressemblances de forme avec celle de R. Hilberg. Mais ce dernier a déjà accompli toutes les investigations que D. Irving pourrait se proposer de faire maintenant. Et on en voit le résultat : une explication quasi-métaphysique de la prétendue extermination physique des juifs.
J’invite donc D. Irving à constater dans quelle impasse conduit la thèse de l’extermination des juifs et, dans un second temps, je l’invite à élargir son offre. On n’a jamais été capable de lui fournir une seule preuve que Hitler était au courant de l’extermination des juifs et de l’existence des chambres à gaz homicides. Je suis bien tranquille qu’il en sera de même pour tous les nazis du plus grand au plus petit. Personne ne pourra trouver dans ce domaine ce que R. Hilberg lui-même n’a jamais pu trouver. Le tome XLII et dernier du TMI contient un « Affidavit Politische Leiter–54 » en date du 30 juillet 1946. Cette pièce résume l’examen de 26.674 déclarations d’anciens dirigeants politiques allemands placés par les Alliés dans des camps d’internement, concernant leur conduite et leur activité, à propos de la question juive. À l’unanimité, les 26.674 personnes ont répondu que « sie von einer Vernichtung von Juden in sog. Vernichtungslagern erst nach der Kapitulation im Mai 1945 Kenntnis erhielten. » (Ils n’avaient pris connaissance d’une extermination des juifs dans ce qu’on appelle camps d’extermination qu’après la capitulation en mai 1945.) Cette unanimité aurait-elle été possible si cette Vernichtung (extermination) avait existé ?
Mon offre personnelle de mille dollars à D. Irving
Tout au long de son Hitler’s War, D. Irving s’abstient trop souvent d’indiquer les sources exactes de ses allégations en ce qui concerne « l’extermination ». Quand il s’agit d’un potin, sans doute intéressant mais sans grande portée, sur Hitler ou son entourage, il se fera un scrupule d’indiquer sa source et, parfois même, il fournira des explications détaillées sur cette source. Mais pour une assertion des plus graves quant à « l’extermination », c’est-à-dire pour une assertion au sujet d’un événement qui aurait affecté des millions d’êtres humains au cours de l’un des plus grands drames de l’histoire et qui doit certainement affecter le cœur même de l’entière conception que se fait D. Irving des dirigeants nazis et de l’État nazi, on ne trouve trop souvent rien. Par exemple, à la page 718 de son livre il écrit : « En octobre 1944, Himmler donna l’ordre d’arrêter l’extermination des juifs. »
Je défie D. Irving de m’indiquer précisément le jour d’octobre 1944 où Himmler a donné cet ordre et de m’apporter la preuve de l’existence de cet ordre. S’il le fait, je lui verserai mille dollars.
D. Irving acceptera-t-il de relever mon défi ?
31 décembre 1983
[NdÉ : Ce texte est inédit en français. La version anglaise en est parue dans le Journal of Historical Review, sous une forme abusivement écourtée par Willis Carto, dans le désir de ménager D. Irving. La conférence prononcée par ce dernier figure aux pages 251-288 (On Contemporary History and Historiography) et le commentaire de R. Faurisson aux pages 289-305 (A Challenge to D. Irving), hiver 1984 ; voyez également la livraison du printemps 1985 aux pages p. 8 et 122 (« Dr Faurisson’s Comments »).]
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Notes
[1] « En août 1942, la machinerie du massacre prenait de la vitesse – avec un tel raffinement et une ingéniosité si diabolique qu’en partant de Himmler et en descendant jusqu’aux anciens hommes de loi qui dirigeaient les camps d’extermination il se trouvait peut-être seulement soixante-dix hommes pour savoir la vérité », D. Irving, Hitler’s War, Viking Press, New York 1977, p. 393.
[25] « Poznan était le secteur où étaient établis plusieurs des grands camps de concentration impliqués ici », D. Irving, Hitler’s War, p. 49.