Texte en droit de réponse au Progrès (de Lyon) du 23 juin 2001
Texte en droit de réponse
Dans votre livraison du 23 juin, vous avez annoncé ma condamnation en Suisse à un mois de prison ferme pour révisionnisme historique (sous l’appellation officielle de «discrimination raciale», appellation abusive puisque le révisionnisme n’est pas une idéologie raciale ou autre mais une méthode d’analyse). Vos lecteurs doivent savoir que ma condamnation n’a pas été prononcée par un tribunal mais, dans le secret de son cabinet, par un juge d’instruction qui, comme une loi du canton de Fribourg l’y autorise, ne m’a jamais notifié l’ouverture d’une procédure à mon encontre, Ce juge, dit « d’instruction », ne m’a ni convoqué, ni entendu. Je le dis bien : il n’y a eu ni notification préalable, ni procès, ni tribunal, ni avocat. Il y a eu lettre de cachet ou peu s’en faut.
Certes, ce même magistrat m’a rappelé que je pouvais, dans un délai de trente jours, faire opposition à son « ordonnance pénale » auprès d’un juge d’instruction. Cependant, je lui ai répondu que je m’en abstiendrais et, me tenant à sa disposition en vue de purger ma peine, je lui ai demandé de me préciser aussitôt que possible le lieu et la date de mon incarcération.
Je n’ai ni le temps, ni l’argent, ni la santé nécessaires pour l’un de ces procès qui, en Suisse – plusieurs exemples le prouvent – entraînent inévitablement en première instance, pour un révisionniste convaincu, une peine d’emprisonnement ferme dont la durée minimum va de douze à quinze mois, le maximum prévu par la loi étant de trois ans. Au demeurant, lors de ces procès, le révisionniste se retrouve privé de tout moyen de défense sur le fond. Dès l’ouverture de l’audience, l’inculpé, son avocat et ses témoins sont prévenus par le ministère public que développer pour les besoins de la défense une argumentation révisionniste revient à tomber par récidive sous le coup de l’article 261 bis du code pénal suisse. Cet article de loi réprime la contestation ou même le simple doute à l’endroit de certaines vérités qui, par le fait même, sont ainsi devenues officielles. Ces vérités portent strictement, dans toute l’histoire des hommes, sur certains points bien précis et limités de la seule période 1941-1945. La loi suisse a été rédigée sur le modèle français de la loi Fabius-Gayssot du 13 juillet 1990 ; elle est entrée en vigueur près de cinq ans après la loi française. Devant un tribunal français un révisionniste peut expliquer pourquoi il est révisionniste ; devant un tribunal suisse il n’en a pas le droit. Si bien que, dans ce dernier cas, on pourra décrire et juger ce révisionniste entravé et bâillonné comme un personnage dépourvu du moindre argument rationnel.
Il reste donc aux autorités suisses à prendre leurs responsabilités et à ordonner l’incarcération, dans leur pays, d’un universitaire français âgé de 72 ans qui, sans qu’on l’ait prévenu ni entendu, a été déclaré coupable. Le crime de cet ancien professeur, qui a enseigné à la Sorbonne et dans une université lyonnaise, est d’avoir, en une quarantaine de mots, résumé dans une publication suisse vingt-sept années d’une enquête historique et scientifique qui portait aussi bien sur ce qu’on appelle le programme d’extermination physique des juifs que sur ce qu’on nomme les chambres à gaz nazies (à ne pas confondre avec les fours crématoires).
Par crainte de l’intolérance et de la censure, Voltaire, dans les dernières années de sa vie, s’était établi à Ferney, à proximité de la Suisse ; ainsi, en cas de menace d’arrestation pour ses écrits, pouvait-il d’un pas aller trouver refuge en la libre Helvétie. Les temps ont changé.