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Terrorisme, en France, des juifs communistes (1941-1944)

En février 1944, par leur publication de « l’Affiche rouge » dénonçant « l’armée du crime », les autorités d’occupation allemandes avaient voulu appeler l’attention des Français sur le caractère essentiellement communiste, juif et étranger des pratiques terroristes de la Résistance. Ils stigmatisaient ce qu’ils appelaient la « terreur judéo-communiste » (ou : « judéo-bolchevique »).

 

 

Sans l’avoir voulu, les auteurs du film documentaire Des terroristes à la retraite tendent à donner raison à la propagande allemande. Ils font songer à cette foule d’anciens résistants qui, tout aussi involontairement, se trouvent rendre hommage à la perspicacité de la « Gestapo » (en réalité, le Service de sûreté appelé Sicherheitsdienst ou « SD »), puisqu’il est rarissime qu’un ancien détenu des camps de concentration allemands vienne nous dire que c’est à tort que la « Gestapo » l’a arrêté, emprisonné et déporté pour fait de résistance.

Le Monde présente en ces termes le documentaire diffusé par Antenne 2 en 1985 et diffusé à nouveau, après modifications (?), par Arte le 4 juillet 2001 :

Ce film de Mosco Boucault, tiré de témoignages de survivants qui formèrent les Francs-tireurs partisans de la Main-d’œuvre immigrée (FTP-MOI), déclencha la fureur du Parti communiste français lors de sa diffusion par Antenne 2, en 1985. Une bonne raison pour revoir ces paroles de résistants, anonymes et courageux, et se poser à nouveau la question du rôle du PCF dans leur sacrifice.

Empressons-nous de dire que la thèse selon laquelle le PCF aurait livré aux Allemands le groupe de résistants communistes auquel appartenaient l’Arménien Manouchian et ses compagnons juifs ou étrangers ne repose sur aucun document ni aucune preuve mais seulement sur des spéculations. Le plus strident des accusateurs du PCF n’est autre que Philippe Ganier-Raymond, personnage des plus louches, connu pour deux « bidonnages » au moins ; le premier avait consisté à présenter un montage de citations anti-juives tirées d’un ouvrage de Céline antérieur à la guerre comme si celles-ci dataient du temps de l’Occupation tandis que le second «bidonnage» était, en 1978, la prétendue interview sur son lit de mort – interview «inaudible à cause du bruit d’un ventilateur» – de Louis Darquier de Pellepoix, ancien commissaire général aux questions juives.

Répugnance des Français à l’assassinat de soldats allemands

Les premières images du documentaire nous montrent le Français Gilbert Brustlein, qui n’est pas juif (on nous le précise avec soin). Informé pendant l’été 1941 de ce que le Parti communiste français a décidé de pratiquer l’assassinat de soldats allemands (l’ordre vient de Moscou, qui se fera obéir de tous les partis communistes européens), il éprouve de la « répugnance », c’est son mot, à l’idée de devenir un assassin. Mieux : dans le documentaire, on nous dit que cet appel à tuer n’a rencontré « aucun écho chez les ouvriers » et que Benoît Frachon, membre éminent du PCF, était hostile à une telle forme de résistance. À la même époque, le gouvernement français de Londres réprouvait ces attentats.

Brustlein ajoute que, pour l’encourager à pratiquer l’assassinat, Pierre George, dit «Fabien», lui ordonna de l’accompagner le 21 août 1941 à la station de métro Barbès-Rochechouart où ce dernier abattit l’aspirant de marine Möser de deux balles dans le dos.

De ces actions terroristes, le responsable était le juif Abraham Rayski. Au nombre des participants : Jacques Farber, Boris Olban, dit « Olivier », et Louis Gronowski. Un certain Davidovitch, arrêté par les Allemands, livra des noms et des renseignements. « Il y avait des actions trois fois par semaine ». On nous raconte par le détail la filature et l’assassinat en plein Paris de Julius Ritter, dont la mission était de recruter des travailleurs français pour l’Allemagne (travailleurs volontaires et, à défaut, travailleurs forcés). Un juif montre comment, dans sa cuisine, il préparait ses bombes incendiaires. Un autre juif du groupe, dit-on, a été arrêté le 22 avril 1943. S’il fallait en croire ce que l’actuelle propagande colporte sur la politique allemande, voilà un homme dont le compte aurait dû être trois fois bon : juif, communiste et terroriste, il ne pouvait éviter le poteau d’exécution. Or, les Allemands, après l’avoir, dit-il, torturé à la prison de Fresnes, l’internent en Alsace au camp de concentration du Struthof, puis le déportent à Auschwitz. Dans l’enfer de ce « camp d’extermination », il n’a pu, imagine-t-on, qu’être «exterminé». Erreur là encore ! Les Allemands lui laisseront la vie sauve. Il survivra donc. « Par miracle », bien entendu.

Le terrorisme « judéo-communiste »

P. Ganier-Raymond ainsi que la veuve de Manouchian et leurs comparses prêtent à la trahison de Jacques Duclos et des dirigeants du PCF le motif suivant : selon eux, l’heure de la Libération approchant, le PCF craignait que les Français de souche ne découvrent que la Résistance active contre les forces d’occupation avait été, en fin de compte, essentiellement le fait de juifs et d’étrangers. L’image de la Résistance tout entière en eût été ternie ! Dans le documentaire, on va jusqu’à prononcer la phrase suivante : « Cela [aurait justifié] la propagande allemande sur les judéo-communistes ».

Le dilemme des Allemands face au terrorisme

Le comportement des Allemands à l’endroit des étrangers, des juifs, des communistes et surtout des juifs qui se trouvaient être tout à la fois étrangers et communistes s’inspirait notamment de leur crainte de voir se développer une forme de terrorisme particulièrement dangereuse pour le soldat allemand et pour la politique de collaboration. Tirer dans le dos d’un soldat ou jeter une bombe avant de prendre la fuite ne nécessite pas un grand courage ; il y faut même une dose de lâcheté quand on a conscience de ce que de tels attentats aboutiront le plus souvent, en temps de guerre, à des prises d’otages et à l’exécution d’innocents. Les Allemands se trouvèrent rapidement devant un dilemme : ou bien ils décidaient de faire application des lois de la guerre telles que définies par les conventions internationales et chaque attentat dont les auteurs n’étaient pas découverts entraînerait alors des représailles, lesquelles compromettraient la politique de collaboration, ou bien, pour éviter cet enchaînement tragique, ils se contentaient de déporter les coupables ou les suspects et alors la propagande ennemie leur ferait grief de ces déportations. Dans le documentaire, on nous explique pourquoi des minorités juives et étrangères, non fondues dans la population française, n’éprouvaient guère de scrupules devant des actes que le Français de souche, lui, réprouvait, soit parce qu’il jugeait ces actes indignes ou lâches, soit parce qu’il en craignait les répercussions sur ses compatriotes. Ajoutons – ce qui n’est évidemment pas rappelé dans ce documentaire – que, chez les juifs, la tradition du sicaire et de l’assassinat politique remonte aux temps les plus reculés. Dans une époque récente, les troupes britanniques occupant la Palestine jusqu’à l’avènement de l’État d’Israël l’ont appris à leurs dépens ; quant à la plupart des dirigeants israéliens, ils ont fait leurs premières armes dans le terrorisme contre les Nations Unies, la Grande-Bretagne et les peuples palestiniens et arabes ou parfois même entre factions juives rivales. Aujourd’hui, Ariel Sharon, plébiscité par son peuple, est assez représentatif de ces juifs qu’agite une perpétuelle fièvre de châtier le goy par les moyens les plus violents et les plus contraires aux « lois de la guerre ».

Dans la même livraison du Monde figure une lettre au sujet des FTP-MOI de Lyon et de Grenoble. Là encore, le « conseil militaire » en question était dirigé par deux juifs communistes : Georges Filip, dit « Lefort », et Henri Krischer, dit « Lamiral ». Dans la région de Toulouse et en bien d’autres régions de la province, beaucoup de juifs jouèrent un rôle primordial au sein de la Résistance et dans les massacres et autres crimes de l’Épuration. Les juifs incendiaires n’ont pas manqué non plus parmi les dirigeants politiques et les responsables de la propagande gaulliste, à Londres comme à Alger.

 

N.B. : Le Dauphiné libéré (31 janvier 2000, p. 2) consacre un article dithyrambique à Imre Boc, ancien membre des FTP-MOI de la section de Grenoble. Ce juif hongrois, « compagnon d’armes de Nicolas Aizenberg », raconte, entre autres prouesses, l’assassinat, à la fin d’un cours, du professeur Gallet, enseignant à la faculté de droit et responsable doriotiste (c’est-à-dire anticommuniste). L’exécutant s’appelait Etienne Golberger. Il rappelle aussi de quelle manière il a personnellement abattu un officier allemand du nom de Hoffman, chargé d’une besogne bureaucratique : la censure de la presse locale, et qui, tous les soirs, dînait dans le modeste restaurant d’une petite rue de Grenoble. Cette « exécution », dit-il, conduira à une rafle en plein centre de la ville et à l’arrestation, puis à la déportation d’une centaine de personnes. Boc n’en manifeste aucun remords. Il est revenu en Hongrie et « c’est avec une immense fierté qu’il arbore à la boutonnière le ruban rouge de la Légion d’honneur ».

C’est à la lecture de telles pièces journalistiques qu’aujourd’hui se raconte l’histoire et que se forge la mentalité des écoliers en cours d’instruction civique sur le chapitre sans doute du «courage citoyen», de « l’engagement civique », du « sens des responsabilités » et de « l’honneur ».

4 juillet 2001