Simon Wiesenthal (Lettre au Point)
Dans une interview de Georges Suffert que publie votre livraison du 24-30 mai 1982, M. Simon Wiesenthal me met en cause (p. 179) en raison de la visite que je lui ai rendue à Vienne le 27 juin 1978. Je ne lui ai pas « débité [ma] petite histoire [sur les chambres à gaz] » car je me suis essentiellement entretenu avec lui du sujet sur lequel nous avions eu un échange de correspondance : l’histoire d’Anne Frank et de son arrestateur. Je n’ai pas non plus été « flanqué dehors avec énergie ». Au terme d’un entretien cordial, j’avais été raccompagné à sa porte avec une politesse toute viennoise, et nous nous étions serré la main. Si j’ai prononcé quelques mots en passant sur les chambres à gaz, j’ai pu me rendre compte que M. Simon Wiesenthal ne connaissait rien à cette époque de mon opinion sur le sujet.
Je déplore par ailleurs que vous ayez publié ma photo, alors que je fais défense à quiconque de publier une photo de moi. La légende qui accompagne cette photo, à côté de celles de Skorzeny et de Mengele, fait de moi un adepte de la violence. Je vous rappelle que, depuis le 16 novembre 1978, je suis au contraire une victime de la violence sous toutes ses formes, y compris sa forme physique.
[Publié dans Le Point, n° 508, 14 juin 1982, p. 173.]