Note sur le jugement du 6 juin 2017 me déboutant de ma plainte (pour diffamation) contre Ariane Chemin, journaliste du Monde
Pour l’audience d’appel du 8 février 2018
Mes recherches historiques sur « le génocide des juifs » ont spécialement concerné ce que l’historienne Olga Wormser-Migot a appelé «le problème des chambres à gaz». Au terme de ces recherches qui ont débuté au commencement des années 1960 ma conclusion a été que les Allemands n’ont jamais conçu, fabriqué, utilisé de chambres à gaz homicides. Mes arguments étaient principalement d’ordre physique, chimique, topographique, architectural et documentaire.
Ariane Chemin, journaliste du Monde, estimait, dans un article publié le 21 août 2012, que je n’avais abouti à une telle conclusion qu’en développant des arguments qui montrent que je serais 1) « un menteur professionnel », 2) un « falsificateur », 3) un « faussaire de l’histoire » (jugement de la XVIIe chambre correctionnelle de Paris, 6 juin 2017, p. 5, consultable ici). Ces trois graves accusations auraient dû, à chaque fois, être accompagnées au moins d’un exemple, d’une preuve, d’une explication. Elles ne l’étaient nullement. La journaliste se contentait d’affirmer.
Trois accusations sans aucune preuve
Pour ma part, le 9 mai 2017, à l’audience de ma plainte, pour diffamation, contre cette journaliste, j’ai fait observer qu’à partir de 1979 j’ai sans aucun doute encouru bien des condamnations mais que jamais, dans les décisions définitives prises à mon encontre, une juridiction n’est allée jusqu’à me condamner pour être « un menteur professionnel », un « falsificateur » ou un « faussaire de l’histoire ». On m’a condamné pour bien d’autres motifs mais jamais pour ceux-là ; par exemple, j’ai été sanctionné pour avoir enfreint la très spéciale « loi Gayssot » ou « loi Faurisson » qui interdit de contester l’existence, notamment, des prétendues chambres à gaz nazies. À quoi, il m’est répliqué (jugement du 6 juin 2017, p. 10) : « Toutefois, il résulte de l’analyse de ces différentes décisions, et ce quelles que soient les formulations et précautions stylistiques ou méthodologiques retenues par les différentes juridictions s’étant prononcées, que Robert Faurisson a bien été condamné pour avoir occulté et travesti la vérité historique ».
Trois autres accusations sans aucune preuve
En somme, on nous apprend ici que les différentes juridictions n’auraient pas franchement dit ni clairement écrit que j’avais « occulté et travesti la vérité historique ». La concession qu’on me fait là est importante. Toutefois on se demande quelles ont pu bien être 1) ces « formulations [stylistiques] », 2) ces « précautions stylistiques », 3) ces obscures « précautions » qualifiées de « méthodologiques » (!). Or, là encore, on ne fournit aucun exemple, aucune preuve, aucune explication. Une fois de plus, on se contente d’affirmer.
Mais, au fait, pourquoi dans le passé et avec une telle unanimité, pendant 37 ans (de 1979 à environ 2016 ou 2017) les juges auraient-ils pris tant de précautions pour me condamner ? Et comment ces nouveaux juges qui, soudain, le 6 juin 2017, prétendent découvrir les convictions profondes de leurs prédécesseurs ainsi que leurs cachotteries ont-ils pu procéder? En 2017, de quel pouvoir ces derniers juges ont-ils été soudain dotés pour décoder ainsi, à coup sûr, un langage qui se serait embarrassé de toutes sortes de « formulations » et de « précautions » au lieu d’être clair et direct ? Nos nouveaux juges de 2017 seraient-ils plus courageux que leurs prédécesseurs, puisque, aussi bien, ils ne s’embarrassent plus, eux, d’aucune circonlocution ? Une fois encore, on ne daigne pas s’expliquer.
Par le seul fait que je défie la loi Gayssot, je serais… un menteur !
À cette page 10 du jugement, on dénonce le fait que « plusieurs décisions ont cru bon de relever » qu’il « n’appartient pas aux tribunaux de juger de la véridicité des travaux historiques ou de trancher les controverses suscitées par ceux-ci et qui relèvent de la seule appréciation des historiens et du public», mais on ne nous explique pas en quoi ces « décisions » auraient été critiquables. Là encore, on se contente d’affirmer. On ose ajouter avec hauteur et désinvolture que, de toute façon, grâce à la loi Gayssot, les juges n’ont plus à se poser de question, et cela pour le motif – ô surprise ! – que le fait de contester cette loi confère au délinquant non seulement le statut de délinquant mais celui de… menteur ! Que peut bien valoir pareille affirmation qui est de nature absolutiste et qu’on est en droit de tenir pour un oukase de caractère stalinien ?
Non contents de frapper ainsi du poing sur la table, les mêmes juges vont encore aggraver leur cas en dénaturant le texte même ainsi que le sens et la portée d’un très important arrêt de la première chambre civile de la cour d’appel de Paris en date du 26 avril 1983 et qu’ils mentionnent à l’alinéa 2 de la page 10 de leur propre jugement.
On dénature un arrêt de 1983 rendant hommage à mes travaux sur les chambres à gaz
Cet arrêt est essentiellement constitué de deux parties : la première, claire et nette, est pleinement en ma faveur tandis que la seconde partie, passablement confuse et contenant de sérieux escamotages en ce qui concerne le « journal du Dr Johann-Paul Kremer », m’est défavorable mais sans jamais aller jusqu’à suggérer que je serais un menteur professionnel, un falsificateur ou un faussaire de l’histoire.
Cette première partie me rend justice quant à mes recherches et à ma conclusion sur le point capital et central des « chambres à gaz ». Les magistrats de 1983 ont bien su voir que, pour moi, « l’existence des chambres à gaz, telles que décrites habituellement depuis 1945 se heurte à une impossibilité absolue, qui suffirait à elle seule à invalider tous les témoignages existants ou à tout le moins à les frapper de suspicion ». Tel a été leur propre langage. Ils ont estimé que j’étais parvenu à cette conclusion grâce à 1) une « démarche logique », 2) « une argumentation de nature scientifique », 3) une « méthode », 4) des « arguments », 5) de « multiples documents » que j’affirmais, sans qu’on pût là-dessus me convaincre de mensonge, avoir « étudiés pendant plus de quatorze ans », 6) la consultation d’« organismes » auprès desquels j’avais dit, là encore sans qu’on pût m’imputer de mensonge, que j’avais « enquêté » pendant la même longueur de temps. En outre, au début de la seconde partie, les magistrats ont ajouté implicitement 7) que j’avais effectué un «travail critique», 8) que mes assertions avaient un « caractère scientifique », et 9) que je n’étais pas « délibérément sorti du domaine de la recherche historique ». Parlant de « M. Faurisson », ces magistrats ont bien affirmé, en toutes lettres : «personne ne peut en l’état le convaincre de mensonge». Ils ont même précisé que tel était le cas « lorsqu’il [Faurisson] énumère les multiples documents qu’il affirme avoir étudiés et les organismes auprès desquels il aurait enquêté pendant plus de quatorze ans », ce qui pourrait laisser croire à une restriction de leur part ; mais tel n’a pas été le cas : en réalité, ces juges ont simplement voulu fournir des exemples précis et, s’ils avaient détecté ailleurs quelque mensonge, jusqu’ici non trouvable, ils n’auraient pas manqué d’en faire état.
Il y a encore bien mieux : par la suite, les mêmes juges sont allés jusqu’à clairement exprimer leur désaccord avec mes accusateurs. Ces derniers avaient affirmé, sans le prouver, que j’avais « écarté les témoignages » en me rendant coupable 1) de légèreté, 2) de négligence, 3) d’ignorance délibérée, et 4) de mensonge. Or, sur chacun de ces quatre points, les magistrats de la cour d’appel ont répliqué que rien de tel ne pouvait se déceler chez moi et qu’ils n’ont trouvé chez moi aucune trace de légèreté, aucune trace de négligence, aucune trace d’ignorance délibérée ni aucune trace de mensonge. Clairs et logiques jusqu’au bout, ils sont ensuite parvenus à la conclusion que tout le monde devait avoir, donc, le droit de contester, comme je l’avais fait, l’existence des chambres à gaz nazies ! En leur langage, ils ont prononcé que « la valeur des conclusions défendues par M. Faurisson relève donc [je souligne cette conjonction de conséquence] de la seule appréciation des experts, des historiens et du public». Cette conclusion est d’une telle importance que, 34 ans plus tard, le 6 juin 2017, le tribunal présidé par Madame Siredey-Garnier l’escamotera à la page 10 (alinéa 2) et qu’elle récidivera dans l’escamotage à la page 12 (alinéa 1) du jugement. Commis en 2017, ces deux escamotages sont d’une gravité exceptionnelle : ils altèrent le sens non seulement de la première partie de l’arrêt de 1983 mais aussi de ce texte dans son intégralité. Grâce à ce double escamotage, le lecteur ne peut pas voir que les magistrats de 1983, non contents d’approuver à quatre reprises le travail de « M. Faurisson », sont allés jusqu’à conclure que ce travail méritait une récompense : le droit d’être lu et approuvé ou non par tout le monde.
Autres erreurs ou tromperies de mes accusateurs
La seconde partie dudit arrêt de 1983, telle que reprise dans le jugement du 6 juin 2017, tranche sur la première partie. Contre « M. Faurisson », elle porte une accusation, mais sans preuve et sans exemple, en lui reprochant « des assertions d’ordre général qui ne présentent plus aucun caractère scientifique et relèvent de la pure polémique ». Puis, elle fait grief au même « M. Faurisson » d’avoir « résum[é] sa pensée sous forme de slogan [quand] il a proclamé que “les prétendus massacres en chambres à gaz et le prétendu génocide sont un seul et même mensonge” ». Ici, nous avons enfin un exemple sauf que cet exemple n’en est pas un pour la bonne raison que « M. Faurisson » n’a jamais écrit cela : ces 17 mots ne sont que le début, gravement estropié, d’une longue phrase couramment appelée « la phrase de 60 mots de Faurisson ». Le début du véritable texte était le suivant : « Les prétendues chambres à gaz hitlériennes et le prétendu génocide des juifs forment un seul et même mensonge historique… ». J’ai souvent expliqué la différence qui sépare un simple « mensonge » de ce qui s’appelle « un mensonge historique » : le premier implique l’existence d’un ou plusieurs menteurs tandis que le second désigne une croyance fallacieuse qui, au cours du temps et de l’histoire, va progressivement compter un nombre croissant de dupes ou de crédules qui peuvent être d’une parfaite bonne foi. Personnellement, jusqu’en 1960, j’ai, en toute bonne foi, cru aux chambres à gaz nazies ; je n’étais pas pour autant un menteur mais la dupe d’un mensonge historique qui prospérait depuis au moins le grand procès de Nuremberg (1945-1946). Aujourd’hui, bien des cœurs sincères s’imaginent que ces monstrueux abattoirs chimiques ont existé ; ce n’est pas mentir mais croire ; en pareil cas, c’est seulement si l’on use ensuite d’un mensonge pour soutenir sa croyance que l’on devient un menteur. Et, malheureusement, le délire de mentir et de croire s’attrape comme la gale.
Ma phrase de soixante mots
Ma phrase intégrale – on va le constater – n’avait rien d’un « slogan ». Elle était longue non de 17 mots mais de 60 mots. Elle est, comme je viens de le rappeler, couramment dite « la phrase de soixante mots de Faurisson ». Elle était la suivante :
Les prétendues chambres à gaz hitlériennes et le prétendu génocide des juifs forment un seul et même mensonge historique, qui a permis une gigantesque escroquerie politico-financière, dont les principaux bénéficiaires sont l’État d’Israël et le sionisme international et dont les principales victimes sont le peuple allemand – mais non pas ses dirigeants – et le peuple palestinien tout entier.
Il est arrivé qu’on ait vu dans cette phrase une incitation à la haine des juifs. C’était mal me lire ou m’entendre. Je n’ai pas même parlé de « juifs ». Ce n’est pas que j’évite ce mot. Je l’emploie même souvent ; par exemple, quand je nomme telle personne, j’ai à cœur de préciser au plus vite s’il s’agit ou non d’un juif ou d’une juive tout simplement parce que le sujet dont je traite exige que j’apporte cette précision. Je ne confonds pas les individualités juives avec les responsables des organisations qui prétendent représenter « les juifs » et parler en leur nom.
Une mirobolante tricherie sur le journal d’un médecin d’Auschwitz
Dans cette seconde partie de l’arrêt du 26 avril 1983, il ne figure qu’une seule accusation qui soit relativement précise contre moi ou qui soit accompagnée d’un exemple relativement précis. La voici : « [M. Faurisson] cherche en toute occasion à atténuer le caractère criminel de la déportation, par exemple en fournissant une explication personnelle mais tout à fait gratuite des “actions spéciales” mentionnées à quinze reprises et avec horreur dans le journal du médecin Kremer… ». Parlons-en de ce journal !
Pour commencer, on remarquera que je n’« atténue » pas vraiment mais que, paraît-il, je « cherche à atténuer ». Je le ferais, paraît-il encore, « en toute occasion », mais ici, ce ne sera qu’en une occasion. Et cette « occasion », comme je vais le démontrer, va tourner à la confusion de magistrats abusés par une mirobolante tricherie, laquelle est imputable soit à Serge Klarsfeld lui-même, soit à quelque autre personne à qui il emprunte la trouvaille.
Johann-Paul Kremer est docteur en médecine et docteur en philosophie. Il est professeur chargé de cours d’anatomie à l’Université de Münster. Le 29 août 1942, il est affecté au camp d’Auschwitz en remplacement d’un médecin tombé malade. Il est logé dans un hôtel situé près de la gare où arrivent les convois de déportés. Il tient un journal où il note chacune de ses actions spécifiques. Dès le lendemain de son affectation il écrit notamment : « Quarantaine au camp à cause de nombreuses maladies infectieuses (typhus exanthématique, malaria, dysenterie) ». Le 30, il signale en particulier : « Climat tropical avec 28 degrés à l’ombre ! Poussière et mouches innombrables. Excellente nourriture au Foyer des Officiers […]. L’eau étant infectée, on boit de l’eau de Seltz […]. Première vaccination contre le typhus exanthématique ». Au 1er septembre il note : « Dans l’après-midi, j’ai assisté à la désinfection d’un block pour le débarrasser des poux au moyen du gaz Zyklon B ». Le lendemain, il écrit : « J’ai assisté pour la première fois à une action spéciale à l’extérieur [draußen] à trois heures du matin. En comparaison, l’Enfer de Dante m’apparaît presque comme une comédie. Ce n’est pas pour rien qu’Auschwitz est appelé le camp de l’anéantissement [das Lager der Vernichtung] ». Le 3 septembre 1942, il signale : « Je suis tombé malade pour la première fois, victime des crises de diarrhée qui affectent tous ceux du camp et qui sont caractérisées par des vomissements et des accès douloureux d’une espèce de colique ». Le 3 octobre 1942, il note : « À Auschwitz [la ville et non le camp], des rues entières sont anéanties par le typhus. Aussi me suis-je fait administrer ce matin la première piqûre de sérum contre le typhus abdominal [en plus des trois vaccinations contre le typhus exanthématique] ». Le journal se poursuit ainsi longuement. Kremer mentionne des maladies et des morts de confrères médecins et d’autres compatriotes. Il fait état de sa participation à un total de 15 actions spéciales à Auschwitz. Ces actions seront interrompues quand le camp subit une quarantaine à cause d’une épidémie. Ce qui le bouleversera, ce sera l’obligation d’assister à l’exécution de condamnés à mort et, en particulier, le 18 octobre, à celle de trois femmes faisant partie d’un convoi en provenance de Hollande : « Ce dimanche matin, par temps pluvieux froid, j’ai assisté à la 11e action spéciale (Hollandais). Scènes horribles avec trois femmes qui suppliaient de leur laisser la vie sauve ». Il quitte Auschwitz le 18 novembre 1942. Dans la suite de son journal, il décrira les effets terrifiants des bombardements anglo-américains de saturation sur la population civile allemande, l’arrivée même des Américains en Allemagne, puis l’arrivée des Russes. C’est aux Américains qu’il livrera spontanément son journal où figurent d’étonnants passages qui montrent son hostilité au national-socialisme. Par exemple, il ne craindra pas d’écrire dans son journal, à la date du 13 janvier 1943 : « Il n’existe pas de science aryenne, négroïde, mongoloïde ou juive, mais seulement une science vraie et une science fausse ». Il dénonce la « science bâillonnée ». Il écrit : « De ce fait, on a asséné le coup de grâce à la science et on l’a bannie hors du pays ! La situation de l’Allemagne n’est donc pas meilleure qu’au temps où Galilée dut se rétracter et où l’on musela la science par la torture et le bûcher. Où cela nous mènera-t-il au XXe siècle ?!! J’ai presque honte d’être Allemand. Je finirai donc mes jours comme une victime de la science et un fanatique de la vérité. » Le 1er mars, il ne fait pas mystère d’avoir lu chez un cordonnier un tract clandestin du Parti socialiste allemand d’où il ressortait « que nous avions déjà liquidé 2 millions de juifs par balles ou par gaz ».
Contrairement à ce que soutiendront certains auteurs défendant la thèse de l’existence des chambres à gaz nazies, il est faux que les « aveux » de Kremer, notamment en 1947, au fameux « procès de Cracovie », corroborent la thèse officielle. Ses « aveux » sont surtout remarquablement vagues, à en juger par ce qu’il en est rapporté dans Auschwitz vu par les SS, Édition du Musée d’État à Oswiecim (le nom polonais d’Auschwitz), en 1974, dont je viens de citer toutes ces traductions en français. Dans ces « aveux » on ne trouve rien sur les cinq bâtiments de crémation où auraient existé des chambres à gaz pour la mise à mort de millions de victimes (après la guerre, le premier chiffre officiel des morts d’Auschwitz sera de quatre millions, chiffre qui, non moins officiellement, deviendra un million et demi pour se stabiliser à environ un million, puis décroître à nouveau). Selon la « confession » de Kremer aux communistes polonais, en 1947, les gazages auraient eu lieu dans une ferme polonaise transformée en « bunker » !
En revanche, ce qui n’a rien de vague est la manière fallacieuse dont certains, dont Serge Klarsfeld lui-même ou une personne à laquelle il se fie, ont traduit le passage où Kremer rapporte qu’il a, pour la première fois, assisté à une action spéciale, le 2 septembre 1942. Kremer précise que cette action s’est déroulée « dehors » ou « au-dehors » (draußen) et tout donne à penser qu’il s’agit de la réception d’un convoi (avec, il faut le dire, des scènes probablement déchirantes de séparations forcées lors de sélections des individus soit pour « le camp des hommes », soit pour « le camp des femmes », soit, on l’oublie trop souvent, pour « le camp des familles »). Faisant sauter le mot de « dehors » ou « au-dehors », S. Klarsfeld écrit : « À 3 heures du matin, j’ai assisté pour la première fois à “une action spéciale” (on nommait ainsi la sélection et l’assassinat dans les chambres à gaz) ». Ce faisant, il a escamoté le mot de « dehors » ou « au-dehors » pour glisser à titre de précision les cinq mots « dans les chambres à gaz ». En outre, là où le texte allemand porte : « Ce n’est pas sans raison qu’on appelle Auschwitz le camp de l’anéantissement », S. Klarsfeld écrit : « Ce n’est pas sans raison qu’on appelle Auschwitz un camp d’extermination ». Or, l’ensemble de ces quatre derniers mots se serait dit en allemand « ein Vernichtungslager » et non pas « das Lager der Vernichtung ». Là, S. Klarsfeld (ou la personne à laquelle il se fie) a escamoté l’article « das », puis l’article « der » dans l’intention de nous faire croire que, dès 1942, étaient attestés l’existence et le fonctionnement à Auschwitz d’un « camp d’extermination ». Voyez : Serge Klarsfeld, Le Mémorial de la déportation des Juifs de France, 1978, Édité et publié par Beate et Serge Klarsfeld, p. [245], juste à la fin de la « Liste du Convoi N° 27 » [reproduite ci-dessous – éd.].
Mon respect pour les vraies souffrances des vraies victimes
La cour s’est trompée en affirmant que je n’avais jamais su trouver un mot pour marquer mon respect aux victimes. Dans le numéro du Matin de Paris du 16 novembre 1978, pièce versée au procès, j’avais écrit : « J’éprouve du respect et de l’admiration pour tous ceux que leurs idées ont conduits en camp de concentration ». Dans le film vidéoscopique conçu spécialement pour la cour mais que celle-ci n’avait pas cru devoir se faire projeter, je déclarais : « Ce qui a vraiment existé, ce sont les persécutions contre les Juifs et contre d’autres : cela, c’est la vérité. Ce qui est vrai, c’est qu’une partie des Juifs européens ont été déportés vers les camps. C’est vrai en particulier pour les Juifs qui étaient établis en France : le quart d’entre eux ont été déportés, les trois-quarts des Juifs installés en France n’ont pas été déportés. Il est également vrai qu’il a existé des camps de travail forcé et des camps de concentration. Il est vrai que certains de ces camps ne différaient guère des bagnes. – Je dois dire que, pour tous ceux qui ont eu à subir ces souffrances, j’ai du respect et de la compassion, et je vous demande de me croire ». Dans nos conclusions écrites, mon avocat, Me Éric Delcroix, avait spécifié : « Le Professeur Faurisson tient à rappeler une fois de plus que dans cette affaire [du mythe des chambres à gaz et du génocide] on compte en définitive très peu de menteurs et une masse considérable de victimes d’un grand mensonge ».
Mes adversaires avaient fort bien compris la signification de l’arrêt de 1983
Mes adversaires les plus résolus ne se sont pas trompés sur le sens à donner à l’arrêt du 26 avril 1983 : pour eux, il s’est agi d’une défaite pour leur propre cause et, pour le révisionnisme, d’une victoire. Pierre Vidal-Naquet a écrit : « La répression judiciaire est une arme dangereuse et qui peut se retourner contre ceux qui la manient. Le procès qui a été intenté en 1978 [en fait, en 1979] à Faurisson par diverses associations antiracistes a abouti à un arrêt de la cour d’appel de Paris en date du 26 avril 1983, qui a reconnu le sérieux du travail de Faurisson, ce qui est un comble et ne l’a, en somme, condamné que pour avoir agi avec malveillance en résumant ses thèses en slogans » (Les Assassins de la mémoire, Éditions de la Découverte, 1987, p. 182). Georges Wellers, lui, a écrit : « [Faurisson] a été jugé deux fois. Mais, en France, le tribunal n’est pas qualifié pour se prononcer sur l’existence des chambres à gaz. Cependant il peut se prononcer sur la façon dont les choses sont présentées [par Faurisson]. En appel, la cour a reconnu qu’il s’était bien documenté. Ce qui est faux. C’est étonnant que la cour ait marché » (Le Droit de vivre, juin/juillet 1983, p. 47).
L’échec en 2007 de Robert Badinter, mon diffamateur « de bonne foi »
Au bas de la page 11 du jugement du 6 juin 2017 on invoque le jugement rendu le 21 mai 2007 à mon encontre dans une affaire m’opposant à Robert Badinter. Ce dernier avait eu l’audace de prétendre, sur la chaîne ARTE, qu’en 1981, du temps où il était avocat, il m’avait « fait condamner pour être un faussaire de l’histoire ». Une pure fanfaronnade ! En page 13 du jugement, on lit :
Tous ces documents et témoignages [20 pièces et 7 témoins (en réalité 8), invoqués par R. Badinter], pour hautement significatifs qu’ils soient, ne sont cependant pas aptes à prouver la vérité du fait diffamatoire tel qu’il a été défini ci-dessus, en référence à une condamnation précise, obtenue par une partie assistée par Robert BADINTER contre Robert FAURISSON pour être un faussaire de l’histoire. – Il convient, en conséquence, de constater que le défendeur [Robert Badinter] a échoué en son offre de preuve.
Mais, le tribunal a attribué à l’ancien ministre de la Justice le bénéfice de la « bonne foi ». J’ai donc été débouté et condamné à payer 5 000 euros à celui qui avait échoué à prouver qu’il m’avait réellement « fait condamner pour être un faussaire de l’histoire ». J’ai également dû payer les dépens. Mon avocat prenant sa retraite, il m’a fallu, faute de pouvoir lui trouver au plus vite un remplaçant, renoncer à interjeter appel.
Un cynique escamotage pour finir
À la page 12 de ce jugement de 2017 on dénature une fois de plus l’arrêt du 26 avril 1983 en escamotant la conclusion à laquelle sont parvenus les magistrats au vu des qualités qu’ils ont reconnues à mes travaux sur les prétendues chambres à gaz nazies. Je rappelle à nouveau les termes de cette conclusion : « La valeur des conclusions défendues par M. Faurisson [sur les chambres à gaz] relève donc de la seule appréciation des experts, des historiens et du public ».
Conclusion : le droit à une libre recherche, sans peur et sans haine
Je rappelle que la loi Gayssot est censée laisser cours à la libre recherche en histoire, à condition que le chercheur se montre loyal, honnête et sans haine. Je prétends que, dans mes propres recherches sur « l’Holocauste des juifs », qui se sont étendues sur plus d’un demi-siècle, je me suis comporté en universitaire loyal, honnête et sans haine. Et cela à telle enseigne que les plus acharnés de mes adversaires se sont révélés incapables de prouver le contraire. Les seules et rares « preuves » qu’ils aient pu avancer pour soutenir leur propre cause étaient frelatées. À près de 90 ans, au terme d’une existence ravagée par une police de la pensée qui s’est permis ou qui a justifié tant d’abominations à l’égard de ma personne, de ma famille, comme à l’égard de si nombreux révisionnistes en France ou à l’étranger, je demande que justice soit enfin faite. Dans le monde occidental et même ailleurs, le révisionnisme accumule des victoires qui rendent inéluctable, à plus ou moins long terme, son ultime victoire, celle de l’exactitude scientifique sur le mensonge historique et l’erreur. Il convient que prenne fin une imposture qui n’a que trop duré et qui doit maintenant laisser place à la libre recherche, sans peur et sans haine.
Addition du 10 février 2018 sur le journal du médecin d’Auschwitz
Dans la version allemande du journal de Kremer (KL Auschwitz in den Augen der SS, Verlag des Staatlichen Auschwitz-Museums, 1973), à la page 215 on lit bien: «das Lager der Vernichtung» et non pas « Vernichtungslager » ; aussi, ai-je ici substitué la traduction « Ce n’est pas pour rien qu’Auschwitz est appelé le camp de l’anéantissement ! » à la traduction fautive et tendancieuse de « Ce n’est pas pour rien qu’Auschwitz est appelé camp d’extermination ! ». Le typhus conduit à la consomption ; le mot grec d’où provient le mot français de « typhus » désigne d’abord la vapeur, la fumée, puis la torpeur, la stupeur, une sorte de léthargie. La personne atteinte du typhus prend l’apparence d’un mort vivant, d’un fantôme. Elle est « consumée » par une sorte de fièvre mortelle.
***
Ci-après, accompagné d’annotations manuscrites, un extrait de l’ouvrage susmentionné de Me Serge Klarsfeld, livre non paginé de 656 grandes pages. Là où le médecin Johann-Paul Kremer a écrit, à la date du 2 septembre 1942, qu’il venait d’assister « dehors » (ou « au-dehors ») à une action spéciale, S. Klarsfeld a escamoté « dehors » (ou « au-dehors ») et il a écrit au sujet de cette action spéciale: « on nommait ainsi la sélection et le gazage dans les chambres à gaz ». Le mot de « Sonderaktion » est d’un usage courant et peut parfaitement s’appliquer à la mission spéciale qui consiste pour un médecin à trier les arrivants selon leur âge, leur état de santé apparent, leur aptitude au travail physique, etc. Tout cela dans un camp où règnent le typhus abdominal, le typhus exanthématique, la malaria, la dysenterie au milieu des mouches et dans une chaleur tropicale. « Nous nous trouvions à l’anus mundi (au fondement du monde) » (5 septembre 1942). Infernal !