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Mauthausen vu par Le Guide du Routard pour l’Autriche (2008)

Le Guide du Routard poursuit sa course holocaustique. Dans le passé, on l’avait déjà vu saisir toute occasion de s’en prendre au révisionnisme. Il vient de récidiver dans son guide de l’Autriche (Hachette Tourisme, mars 2008, p. 408-410). S’y attardant longuement sur « Le camp de concentration de Mauthausen », il s’emploie à susciter chez le bon lecteur haine et indignation.

Quand [en particulier] on se retrouve dans la carrière, au pied de l’escalier de la Mort, c’est un moment très dur. Particulièrement émouvant. Mais peut-on seulement parler d’émotion ? On serre aussi les poings de colère. Il faudrait y amener tous les révisionnistes, tous les négationnistes, tous les Faurisson, Haider, lepénistes et mégrétistes de tout poil, tous ceux qui trafiquent l’histoire, tous ceux qui font de la haine de l’autre leur fonds de commerce électoral…

Le Guide du Routard nous la baille belle. Quel est son fonds de commerce ? La haine ? L’appel aux bas instincts ? Le pathos visant à faire pleurer Margot ?

Mais, au fait, lui qu’on voit si ardent à dénoncer le révisionnisme, ne tombe-t-il pas dans l’hérésie révisionniste sous sa forme la plus grave ? Il passe entièrement sous silence le clou de la mise en scène locale ; il ne souffle mot de… la chambre à gaz.

J’ai visité deux fois le camp de Mauthausen : une première fois, tout seul, en juillet 1979 et, la seconde fois, en avril 1989 en la compagnie, notamment, des Américains Fred Leuchter et Mark Weber. Dès ma première visite, j’avais instantanément relevé les impossibilités physiques d’une éventuelle opération de gazage ainsi que la variété saugrenue des explications fournies par les inscriptions sur place et par le guide autrichien : selon les cas, le gaz arrivait par les pommes de douche, par un appareil situé à droite ou par une conduite située à gauche. J’avais demandé pourquoi, parmi les cartes postales mises en vente et détaillant toutes les horreurs du camp, ne figurait aucune carte nous montrant l’horreur des horreurs : la chambre à gaz aux apparences de petite salle de douche. On m’avait répondu : « C’est trop horrible ! »

J’ai écrit sur Mauthausen et F. Leuchter, à son tour, a écrit sur le sujet.

Pourquoi Le Guide du Routard, tellement soucieux de marcher dans les clous et de « suivre la route que tout le monde suit », n’a-t-il rien dit de la chambre à gaz ? Pourquoi n’a-t-il pas rapporté que, selon la confession du commandant Franz Ziereis (avec trois balles dans le corps et en train de mourir dans d’atroces souffrances), le nombre des gazés de Hartheim, sous-camp de Mauthausen, a été d’« environ 4 millions à l’oxyde de carbone » (Simon Wiensenthal, KZ Mauthausen, Ibis Verlag, Linz-Vienne 1946, p. 12) ?

Je vous suggère d’écrire au Guide du Routard et de lui poser ces questions (www.routard.com/contact). Adresse postale : Guide du Routard, Hachette Tourisme, 43, Quai de Grenelle, 75905 Paris Cedex 15.

31 juillet 2008