| |

Lettre à Henri Amouroux

Cher Monsieur, 
 
Vous voudrez bien, je vous prie, trouver ci-joint une documentation sur ma condamnation et celle du Choc du mois par la cour d’appel de Paris le 9 décembre 1992. 
 
Dans votre article du Figaro-Magazine (5 mai 1990, p. 81-82) intitulé « La modification de la loi sur la liberté de la presse. Mise en garde à Michel Rocard et à quelques autres…», vous disiez que la loi Fabius-Gayssot était pernicieuse. Vous écriviez : « M. Le Pen, qui me paraît visé […]. » Vous n’aviez fait nulle mention des dispositions de cette loi qui visaient les révisionnistes. Au téléphone, je vous avais exprimé ma surprise et j’avais précisé que, de toute évidence, si certains étaient visés, ce ne pouvait être que les historiens révisionnistes. 
 
Les faits nous ont malheureusement donné raison. Jusqu’à présent, je n’ai pas connaissance d’un seul procès contre Le Pen sur le fondement de cette loi. En revanche, je connais plus de dix procès antirévisionnistes au nom de la loi Fabius-Gayssot. Et la LICRA demande aujourd’hui un « réaménagement » de cette loi pour que les juges nous interdisent, sous peine de « récidive », l’emploi, à la barre et pour notre défense, d’arguments révisionnistes ! 
 
Je vous renouvelle donc ma demande d’intervenir en faveur de la liberté de recherche et d’expression des historiens et des auteurs révisionnistes. 
 
Je profite de l’occasion pour vous signaler que, dans Le Figaro littéraire du 15 mars 1992 (p. 36), dans un article intitulé « Nuremberg vu du côté droit », vous montrez que vous ajoutez foi au témoignage de Hermann Gräbe (« Quelle déposition pathétique que celle d’Hermann Gräbe ! […] »). Or, ce témoignage partout cité est celui d’un homme qui, par la suite, allait se révéler être un faux témoin professionnel. Recherché par la justice allemande, il s’enfuyait aux États-Unis où il est mort à San Francisco à l’âge de quatre-vingt-cinq ans. A l’époque du procès de Nuremberg, il était employé par les Américains à Francfort. Ses fameuses deux déclarations sous serment du 10 novembre 1945 sur les prétendus massacres de juifs à Rowno et à Dubno et sa déclaration complémentaire du 13 novembre 1945 auraient dû automatiquement entraîner sa comparution pour interrogatoire et contre-interrogatoire. Mais, comme dans le cas de Wilhelm Höttl («Eichmann et les six millions» !), les Américains allaient éviter à leur collaborateur cette épreuve qui lui aurait été fatale. Permettez-moi de vous dire que les récits de massacres de Rowno et de Dubno puent le faux témoignage, de toute façon (voyez Der Spiegel du 29 décembre 1965, p. 26-28, sur ce qui a trahi Gräbe auprès de la justice allemande).
 
Je vous demande instamment de réagir à l’abominable répression qui s’abat sur les révisionnistes.
 
22 décembre 1992
 
  [Henri Amouroux a laissé cette demande sans réponse.]