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Lettre à Ernst Nolte

Cher collègue, 
 
Je vous remercie bien de votre longue lettre du 27 mai. 
 
« Kopf hoch ! » signifiait simplement que les Allemands doivent cesser de tenir la tête basse devant les ignominies dont on les abreuve depuis si longtemps. 
 
Je n’ai formulé aucune opinion sur l’euthanasie. Comme vous parliez de l’emploi du gaz dans le cadre de l’action d’euthanasie, je me suis contenté de vous rappeler qu’il n’existe aucune preuve de cet emploi. 
 
Depuis plusieurs années, nos adversaires battent en retraite sur le sujet des prétendues chambres à gaz hitlériennes et, benoîtement, ont l’impudence de venir nous dire la bouche en cœur : « Chambre à gaz ou pas, quelle importance?». C’est ce que j’ai toujours appelé l’argument essentialiste. Nos adversaires ont raison « par essence » ; plus ils multiplient les concessions, plus ils ont raison sur le fond. Ils ont immuablement raison, une fois pour toutes. C’est ce que j’appelle aussi « le coup de Bellarmin » et qui se résumerait ainsi : «Galilée, que la terre soit plate ou ronde, cela ne change rien ; la question n’est pas là. » Or, la question était bien là. Il en va de même pour les chambres à gaz hitlériennes. Elles étaient tout et elles permettaient tout. Elles étaient l’arme spécifique d’un crime spécifique. Elles sont le pilier central de la religion de l’«Holocauste». Sans elles, tout le grand mensonge s’effondre : le mensonge d’une horreur gigantesque et sans précédent dans l’histoire des hommes ; une horreur prouvant une froide résolution criminelle, à dimension industrielle et permettant des rendements industriels. Les historiens juifs savent que l’antisémitisme est vieux comme le peuple juif et ils répètent à satiété que toutes les mesures prises par Hitler contre les juifs et tous ses discours s’inscrivent dans une longue tradition. Ce qui, à les en croire, aurait été vraiment nouveau et nous aurait fait basculer dans un monde nouveau aurait été l’institution d’une politique de destruction physique des juifs et la création, dans cet esprit, d’une arme nouvelle indispensable à cette politique. Vous pouvez accumuler tous les crimes réels ou supposés d’Adolf Hitler, rien ne peut évidemment approcher de ce crime-là. Ajoutez à cela que tous les autres crimes attribués à Hitler ont leur équivalent, parfois en pis, chez Roosevelt, Churchill, Staline, Tito ou Hiro Hito. Ne soyons pas dupes des habillages verbaux ou théoriques.
 
Les juifs ont si bien conscience de l’importance sans pareille de la chambre à gaz qu’ils poursuivent systématiquement en justice ceux qui « contestent » soit l’existence de cette chambre, soit son rôle dans l’histoire de la seconde guerre mondiale. Prenez garde de ne pas répéter après Jean-Marie Le Pen que les chambres à gaz sont un point de détail de l’histoire de cette guerre ; il pourrait vous en coûter cent vingt millions de francs anciens (un million deux cent mille nouveaux francs). Les juifs ont obtenu une loi spéciale en France pour protéger leur chambre à gaz. Deux jeunes Français de Caen vont passer en justice seulement parce qu’ils ont montré dans un tract qu’ils ne pouvaient pas croire à la magique chambre à gaz.
 
Vous êtes historien. En tant que tel, vous ne pouvez pas ne pas tirer une foule de conséquences du simple fait qu’en plein vingtième siècle on ait pu fabriquer un pareil mensonge et lui donner force de loi. Si, dans l’histoire de la dernière guerre mondiale, on nous a à ce point menti sur cette affaire, sur combien d’autres n’avons-nous pas été abusés !
 
Mes arguments sont très loin d’être seulement physiques et chimiques. Je pense avoir fait état d’une foule d’arguments documentaires et historiques. 
 
Dans les quarante-deux volumes de Nuremberg, je n’aperçois aucune preuve d’une politique de destruction physique des juifs. Dans les discours d’A. Hitler non plus. Chacun d’entre nous peut tenir des propos violents sur tel ou tel ; cela ne prouve pas que nous soyons capables d’assassiner et cela prouve encore moins que nous ayons effectivement assassiné. La vie enseigne, par ailleurs, que, souvent, plus violents sont les propos et moins les actes suivent. Les paroles sont une sorte de purgatif des passions. Il faut juger aux actes et, de là, éventuellement remonter aux paroles ou aux théories sans oublier que les théories ne sont bien souvent que des habillages. La sagesse populaire dit certes que « qui vole un œuf vole un bœuf » mais, pour moi, « qui vole un œuf ne vole qu’un œuf ». Plus je soupçonne une personne d’être capable de commettre une vilenie ou un crime et plus je me méfie de croire que cette vilenie ou ce crime ont été commis ; je ne veux pas me laisser séduire par les facilités de la spéculation, car c’est ainsi qu’on construit des théories sur des théories : des châteaux de sable en quelque sorte.
 
Qui vous dit que Himmler n’a pas protesté contre les mensonges de « Greuelpropaganda » lors de son interrogatoire, juste avant son suicide ? Pourquoi nous cache-t-on ses déclarations? N’avait-il pas d’ailleurs déjà protesté auprès de Norbert Masur et sans doute d’autres ? Et puis, ne commettons pas ici une faute d’anachronisme ! La chambre à gaz n’avait pas encore en mai 1945 la formidable dimension mythique que nous lui voyons aujourd’hui. Même au procès de Nuremberg, elle n’apparaît qu’en arrière-plan. Rappelez-vous la stupéfaction des Allemands à l’interrogatoire de R. Höss. Songez que, pour les accusateurs de l’Allemagne, le plus grand crime à cette époque du procès était la responsabilité unilatérale du vaincu dans le déclenchement de la guerre : une thèse devenue absurde dès le début des années soixante. Permettez-moi de prendre mon propre cas : il se trouve des gens pour dire que Faurisson se défend mollement ou pas du tout contre certaines accusations ; ils en déduisent que ces accusations sont probablement fondées. La vérité est que je suis accablé de dizaines d’accusations changeantes ; je ne peux pas faire face à toutes et je ne peux pas prévoir quelle sera dans un mois, dans un an ou dans trente ans l’accusation dominante. Il est probable que l’accusation dominante sera alors celle qui, aujourd’hui, me fait hausser les épaules tant elle me paraît folle, dérisoire ou facile à réfuter. J’aurai ainsi laissé s’ouvrir une brèche par laquelle on s’engouffrera.
 
Sur mes conseils, un homme étudie en ce moment le sujet suivant : « La révélation des crimes nazis dans la presse française du 1er janvier au 30 juin 1945. » Cet homme est stupéfait par une constatation qui ne me surprend personnellement pas : la chambre à gaz est quasiment inexistante dans la presse française de cette époque.
 
Et puis, vous savez le redoutable pouvoir de la calomnie : tenter d’y répondre, c’est lui donner corps. Pour un homme politique d’une cinquantaine d’années en 1940-45, cette histoire de chambres à gaz était manifestement un produit de recyclage d’un bobard de la première guerre mondiale. Ce n’étaient plus les Autrichiens ou les Bulgares (avec l’aide des Allemands) qui gazaient les Serbes, c’étaient les Allemands, les Autrichiens et leurs alliés qui gazaient les juifs.
 
Le drame de l’Allemagne a peut-être commencé, non pas avec cette guerre de trente ans (1914-1945) mais avec les jalousies qu’elle a suscitées à la fin du XVIIe siècle et au début du XIXe siècle. Ce grand peuple a réalisé trop de prouesses à la fois dans les domaines de la littérature, de la philosophie, de la musique, des sciences, de la médecine, de la technique et de la vie sociale. Celui qui accumule les succès éveille les soupçons : il a partie liée avec les forces obscures et méchantes ; il a conclu un pacte avec le diable. Dans l’imagination populaire, l’Allemand parfait est devenu le savant chimiste, le « Herr Professor » dans son laboratoire, maîtrisant des forces invisibles et dangereuses. Il est le chimiste, le maître des gaz. On nous a encore resservi ce cliché au moment de la Guerre du Golfe. On nous le resservira dès que nécessaire. Déjà l’homme de Cromagnon raisonnait selon ces schémas ; il faut bien se consoler de la supériorité d’autrui dans tel ou tel domaine.
 
Je me permets de vous envoyer une récente réédition de mon livre sur Rimbaud. C’est seulement pour la préface. 
 
L’agression juive de la Maison des Mines a eu des résultats affreux mais le silence dont s’entoure cette affaire est encore plus affreux.

3 juin 1991