Les révisionnistes sont difficiles à réfuter
Sous la direction de Françoise Cibiel, neuf auteurs principaux au nombre desquels figurent Elie Barnavi, actuel ambassadeur d’Israël en France, et l’historien Jean Loignon publient un Journal de la France et des Français, Chronologie politique, culturelle et religieuse de Clovis à 2000 (Quarto Gallimard, février 2001). Dans un article du Nouvel Observateur (21-27 juin 2001), Anne Crignon révèle que le choix des noms à retenir pour figurer dans l’ouvrage a parfois suscité chez ces dix personnes des disputes, empoignades ou débats plus ou moins «complexes». Elle en vient à écrire :
D’autres débats furent plus complexes. Faurisson par exemple. Le révisionnisme méritait-il une notice ? Françoise Cibiel pensait que non. Loignon était pour. L’historien, finalement, a gagné : Faurisson y est (p. 116).
Effectivement, le nom de Faurisson, avec les noms de Paul Rassinier, Maurice Bardèche, Henri Roques, Pierre Guillaume et Roger Garaudy, figure aux pages 2341-2342 du livre[1] et donne lieu à un développement sur ce qui, d’un néologisme barbare, malsonnant et inapproprié, est baptisé « négationnisme ». Du « petit monde d’individus » qui se sont illustrés dans le « négationnisme », on écrit que :
Manipulant le mensonge à un degré extrême, ils sont difficiles à réfuter avec les arguments logiques.
L’accusation est devenue banale.[2] Une fois de plus, les révisionnistes sont jugés difficiles à réfuter avec des arguments logiques. Mais, heureusement pour la partie adverse, les révisionnistes sont faciles à réfuter par des arguments étrangers à la logique : par exemple, l’argument ad hominem, l’argument du bâton ou encore les arguments qui empruntent au matraquage de la propagande, à l’incantation du rabbin, à l’exhibition lacrymatoire et à l’amphigouri d’Élie Wiesel quand ce n’est pas à la force injuste de lois tout à fait spéciales, qui peuvent amener ces odieux révisionnistes à connaître la révocation de diplômes et de titres universitaires, l’interdiction professionnelle, la ruine, la prison ou le suicide.
Si, dans cette éphéméride, on a la curiosité de se reporter, par comparaison, aux noms de Marthe Hanau, d’Oustric, de Stavisky et de Joanovici, quatre personnages qui, par leur virtuosité dans le mensonge et l’escroquerie, ont défrayé l’histoire de France dans les années 1930-1940, on constatera que rien n’y donne à penser que, dans cet autre « petit monde d’individus », on a « manipul[é] le mensonge à un degré extrême ». Ce petit monde-là est épargné. Est-ce parce qu’avec Françoise Cibiel et Élie Barnavi, ces quatre imposteurs avaient pour point commun d’être des enfants d’Israël ? De Marthe Hanau, présentée comme une simple «femme d’affaires», et d’Oustric, on s’abstient de nous rappeler qu’ils étaient juifs ; de Stavisky on veut bien glisser discrètement qu’il était « d’une famille juive naturalisée»; quant au célèbre Joanovici (alias Joinovici ou Monsieur Joseph), on ne trouve, dans le Journal de la France et des Français, aucune trace de l’existence de ce Bessarabien qui fut un prodige du crime, de l’escroquerie et du double jeu au temps de la Collaboration juive, de la Résistance crapuleuse et de la Quatrième République naissante.
C’est assez dire que, pour la maison Gallimard et les intellectuels en poste, les révisionnistes, non contents de « manipul[er] le mensonge à un degré extrême », sont évidemment pires que les escrocs et les criminels de haut vol.
Considérant d’où viennent ces accusations, les révisionnistes ont la faiblesse de s’en trouver flattés et d’y découvrir un motif supplémentaire de poursuivre leur tâche.
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[1] Il conviendrait d’ajouter la page 2343 où, à la date choisie du 21 février 1979, on lit : «Mobilisation de la communauté historienne (Fernand Braudel, Pierre Vidal-Naquet, Pierre Chaunu, Philippe Ariès, Léon Poliakov…) contre les négationnistes : il ne saurait y avoir de débat sur l’existence des chambres à gaz et les négationnistes ne sont pas des historiens ».
[2] Pour ne prendre qu’un exemple, Florent Brayard, dans un ouvrage dirigé par Jacques Julliard et Michel Winock, lance cette accusation à la rubrique « Négationnisme » (Dictionnaire des intellectuels français, Les personnes, les lieux, les moments, Seuil, 1996, p. 829-830).