|

Le révisionnisme historique vu par le journal Le Monde (du 12 mai au 9 juillet 1987)

  • 12 mai. En page 9 : « Un tract néo-nazi » (« le désormais fameux tract attribué à un “collectif Lyon-Nancy-Strasbourg”, développant les thèses “révisionnistes” sur le génocide des juifs perpétré par les nazis »).

En page 10 : « Annales d’histoire révisionniste. Une revue met en cause l’extermination des juifs ».

  • 13 mai. En page 13 : «Dans un lycée parisien. Qu’est-ce qu’une chambre à gaz?»
  • 14 mai. En page 12 : « Au tribunal de Paris / Des associations de déportés et la LICRA demandent la saisie des Annales d’histoire révisionniste ».
  • 24-25 mai. En page 10 : « L’A.B.C. “révisionniste” sera révisé ».
  • 27 mai. En page 12 : « Les Annales d’histoire révisionniste interdites à la vente ».
  • 30 mai. En page 13 : « Après la publication de lettres “révisionnistes”. Le rédacteur en chef de Libération a présenté sa démission ».
  • 3 juin. En page 12 : « Les éternels malades de l’insulte anonyme » (à propos du « tract des lycéens » et d’un tract sur Élie Wiesel rédigé par (Robert Faurisson, non nommé) « un professeur révisionniste qui a récemment boxé un cameraman de nos confrères de FR3. Ce grand colérique […] ».

En même page : « Un tract révisionniste provoque une polémique au lycée Voltaire » (à propos du « tract des lycéens »).

En page 48 : « Une “direction extraordinaire de la rédaction” est créée à Libération » (à propos des lettres révisionnistes publiées par ce journal).

  • 16 juin. En page 2 : Pierre Vidal-Naquet (« Les degrés dans le crime ») dénonce « la petite bande abjecte qui s’acharne encore aujourd’hui à nier la réalité du crime de génocide ». Le journal publie son texte à la page « Débats » ; il n’y a pas de débat.
  • 18 juin. En page 2, Jacques Baynac et Nadine Fresco (« Comment s’en débarrasser ? Les révisionnistes nient la réalité qui les excède parce qu’elle excède leur théorie ») dénoncent les révisionnistes. Les mots employés sont les suivants : « Mentez, mentez… Le mensonge… trois mensonges… faux et mensonger… faux et mensonger… mensonge… mensonge… mensongère… pseudo-vérité… mensonge… redresseurs de morts… ». Le journal publie ce texte à la page « Débats » ; il n’y a pas de débat. Le titre de présentation porte en encadré: « Haine et révisionnisme » et parle de « pestilences ».

En page 14 : « Dans la file d’attente devant le palais de justice [de Lyon]. La mémoire et la rancune » (« un service d’ordre et des barrières métalliques qui débordent devant le palais de justice, juste assez sévère pour décourager des manifestants révisionnistes »).

  • 25 juin. En page 33 : dans son compte rendu du procès Barbie, le journaliste rappelle que Me Henri Noguères dénonce « les révisionnistes de l’histoire ».
  • 28-29 juin. En page 17 : une journaliste écrit : « Programmé à la fin du procès Barbie, [Shoah] répond aussi à ceux qui voudraient aujourd’hui “réviser” l’histoire. »

En page 3 : un éditorial consacré au même film porte : « Cinq minutes du film, même prises au hasard, ruinent à elles seules au passage tous les volumes de l’indignité révisionniste ».

  • 2 juillet. En page 8 : « En confiant une mission à M. Hannoun (RPR). M. Malhuret veut relancer l’action contre le racisme et les discriminations ». Cet article contient, en particulier, les deux passages suivants :

Pour M. Malhuret (chargé des droits de l’homme), la loi de 1972 interdisant toute incitation à la discrimination raciale ne suffit plus à la situation actuelle. « Depuis, nous savons que le prix du pétrole a triplé, le chômage s’est installé et les thèses révisionnistes niant l’existence des chambres à gaz se répandent. »

D’autres signes « concomitants » au procès Barbie inquiètent M. Malhuret. Il s’agit des tentatives d’interprétation de l’Histoire touchant à l’existence des chambres à gaz et au génocide juif, de la publication d’annales « tendant à banaliser les actes du génocide ou à comparer le génocide nazi à l’attitude de la France en Algérie », interprétation qu’il qualifie de proche des thèses révisionnistes. Il note également la multiplication des tracts racistes signés notamment « La France propre » ou « Aigle noir ».  

En page 14 : « Cinq millions de Français ont regardé Shoah ». Dans cet article, on peut lire :

Un chiffre qui rend dérisoire la poignée d’irréductibles niant l’holocauste et cherchant à en convaincre les Français. Des tracts révisionnistes circulent en effet, actuellement à Paris, s’ingéniant à remettre en cause l’œuvre de Claude Lanzmann et l’existence des chambres à gaz. La LICRA (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme) « scandalisée » par la diffusion de ces documents « demande aux autorités de prendre d’urgence toute disposition législative afin que les tentatives de falsification de l’holocauste tombent sous le coup de la loi antiraciste de 1972. »

  • 4 juillet. En page 1 : dans son compte rendu du procès Barbie, le journaliste dénonce « le chant des sirènes révisionnistes » et le révisionnisme.
  • 5-6 juillet. En page 7 : « André Frossard : “Le juge silencieux” ». Le journal rapporte un article du Figaro où A. Frossard dit que depuis une vingtaine d’années « toute une jeunesse, remarquablement disposée à accueillir le vrai, n’entendait guère (sur Auschwitz et Treblinka) que le misérable discours du révisionnisme jetant sa pelletée de sarcasmes sur la tombe immense de tant de morts. »

En page 31 Bruno Frappat, rendant compte de Shoah, dénonce « les révisionnistes, les exclueurs de tout poil, les fortes têtes du mensonge et de la falsification, les gangsters de l’histoire ».

  • 9 juillet. En page 10 : « Inculpation du directeur des Annales d’histoire révisionniste. »

9 juillet 1987