Note de lecture Dachau : l’heure du vengeur

Howard A. Buechner, Dachau. The Hour of the Avenger. An Eyewitness Account. (Dachau. L’heure du vengeur, compte rendu d’un témoin oculaire), Thunderbird Press (300 Cuddihy Drive, Metairie, Louisiane 70005, USA), 1986, XL-160 p., tirage limité à 500 exemplaires, broché : 13 dollars, relié : 16 dollars + frais de port.

L’armée américaine a libéré le camp de Dachau le 29 avril 1945, soit la veille du jour où Hitler s’est suicidé. Howard A. Buechner dit qu’il a été l’un des tout premiers Américains à pénétrer dans le camp et à en découvrir l’horreur. Il était officier de santé. Il raconte comment certains de ses compatriotes, bouleversés et indignés par leur découverte, ont procédé avec l’aide de certains détenus à l’assassinat de 520 soldats et officiers allemands désarmés. Il publie des photos  à l’appui. A la page 99, il résume ainsi ce qu’il appelle « le destin de la garnison allemande de Dachau » :

Abattus sur place :                                                     122 
Tués par des détenus :                                               40 
Exécutés à la mitrailleuse par « Birdeye » :        12 
Idem par le lieutenant Bushyhead :                    346 
Total des exécutions :                                              520 
Tués au combat :                                                          30 
Évadés (temporairement) :                                      10 
                                                                                           ___
                                                               T o t a l :          560

 

Le principal « vengeur » aurait été Jack Bushyhead.

L’auteur ne cache pas son estime pour la figure de ce lieutenant, un Indien cherokee né en 1919 dans l’Oklahoma et mort en 1977.

Certains Allemands ont été tués à coups de pelles, de bâtons ou de crosses de fusil.

Le général George Patton serait personnellement intervenu pour interrompre la procédure judiciaire entamée contre les Américains responsables de ces assassinats et pour détruire certaines pièces du dossier rassemblé par le conseil de guerre.[1]

Ces assassinats ne paraissent pas faire de doute ; les photos sont accablantes. En revanche, la détermination du nombre des victimes peut paraître contestable.

Le paradoxe veut que la plupart de ces victimes n’aient pas été à proprement parler des gardiens du camp, mais des hommes appartenant à une unité allemande venue relever les gardiens d’origine.

L’auteur croit, comme beaucoup d’Américains, aux gazages homicides de Dachau. Il ignore que, depuis plus de vingt ans, il est admis par les historiens qu’il n’y a eu en fait à Dachau aucun gazage homicide. La pièce qualifiée de « chambre à gaz » n’était probablement qu’une simple salle de douches.[2]

A la page 87, on voit l’auteur, peu après la tuerie, demander au lieutenant Bushyhead les raisons exactes d’un acte qui lui semble peut-être contestable. Étonné de cette question, le lieutenant répond notamment à celui qu’il appelle « Doc » (Docteur) :

Doc, have you been to the crematorium ? Have you seen the gas chamber ?[3]

Un détail en passant: l’auteur fait d’intéressantes remarques sur le caractère raciste de l’armée américaine pendant la dernière guerre.[4] Sur le chapitre du racisme, les Américains étaient malvenus à faire la leçon aux Allemands.

Les autorités de l’actuel musée de Dachau et celles du Comité international de Dachau (sis à Bruxelles) ne pourront pas passer sous silence les révélations de ce livre. Elles chercheront à les contester. Il sera intéressant de voir avec quels arguments. Leur situation devient critique. Elles sont déjà assaillies de questions sur le local dont elles prétendent qu’il est une chambre à gaz qui « ne fut jamais utilisée » ; elles ne parviennent pas à dire de quel droit elles affirment, sans aucune expertise technique à l’appui, qu’il s’agit d’une chambre à gaz. Si maintenant on vient leur demander compte de massacres qu’elles ont toujours passés sous silence, que vont-elles faire ?

D’une manière plus générale, il serait intéressant que tous les musées de tous les camps soient mis dans l’obligation de rappeler les horreurs survenues dans chacun de ces camps lorsque, libérés des malheureux qui s’y trouvaient, on y a concentré des Allemands ou des « collabos ». En particulier, il y aurait beaucoup à dire de ce point de vue sur le Struthof, Dachau, Buchenwald et Oranienburg-Sachsenhausen.

On notera qu’à aucun moment l’auteur n’est effleuré par l’idée que la situation sanitaire catastrophique des déportés à la libération, due à la famine et aux épidémies, pouvait en partie résulter du chaos de la débâcle allemande et ne pas refléter la situation permanente du camp.

On remarquera surtout que l’évocation des atrocités commises par l’ennemi (en l’espèce la prétendue chambre à gaz), loin de servir à éviter que de pareilles atrocités ne se reproduisent, sert au contraire à justifier de nouvelles atrocités, commises en toute bonne conscience.

1er juillet 1987

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[1] H. A. Buechner, Dachau. The Hour of the Avenger, p. 119.
[2] Voy. R. Faurisson, Mémoire en défense contre ceux qui m’accusent de falsifier l’histoire, La Vieille Taupe, Paris 1980, p. 200-222.
[3] « Docteur, avez-vous été au crématoire ? Avez-vous vu la chambre à gaz ? », H. A. Buechner, op. cit., p. 87.
[4] Id., p. 45.